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Les villes d’eau dans les Pays tchèques : de la cure à la culture et au multiculturalisme

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Academic year: 2021

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Les villes d’eau dans les Pays tchèques : de la cure à la culture et au multiculturalisme

Lenka Froulikova

To cite this version:

Lenka Froulikova. Les villes d’eau dans les Pays tchèques : de la cure à la culture et au multicultur-

alisme. Culture des villes d’eau, 2008, Nancy, France. pp.61-67. �hal-02107256�

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L es viLLes deau

dans Les P ays tchèques  :

de La cure à La cuLture et au muLticuLturaLisme

Dans mon étude, qu’il me soit permis d’aborder la problématique de la culture des villes d’eau tchèques d’abord par le regard sur leur rôle dans le contexte national, ensuite sur la délimitation de leur espace culturel multinational, et enfin sur la tension dialectique entre la culture tchèque et le caractère multiculturel de leur milieu. En esquissant l’image historique et l’image contemporaine surtout des trois villes balnéaires les plus célèbres – Karlovy Vary [Karlsbad], Mariánské Lázně [Marienbad]

et Františkovy Lázně [Franzensbad], connues comme le « Triangle balnéaire » de la Bohême – je vais tenter d’éclaircir leur rôle dans le fonctionnement du transfert culturel à travers le thermalisme dans les Pays tchèques.

q ueLques images historiques et cuLtureLLes nationaLes

Au seuil de la culture humaine, dans le climat austère des pays de

l’Europe centrale, les eaux tièdes ou chaudes ont attiré depuis toujours

l’attention de l’homme. En hiver, elles ne gelaient pas et elles produisaient

des vapeurs, même de la lumière, grâce au gaz carbonique et au méthane.

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L es viLLes d ’ eau dans Les pays tchèques

Il n’est pas étonnant qu’on attribue très tôt à ces eaux un caractère surnaturel. Dans la chronique de Cosmas, on lit un témoignage sur le culte des sources chez les Slaves. Cosmas y dit que « les uns vénèrent les sources ou les feux, les autres s’inclinent devant les forêts, les arbres ou les pierres »

1

. De la mythologie slave il est resté une coutume dans les Pays tchèques : celle du nettoyage des sources (minérales aussi) et des fontaines au printemps. Elle a inspiré, entre autre, au compositeur Bohuslav Martinů une cantate sublime : Otvírání studánek [La clé des sources].

L’abondance de légendes plus ou moins romantiques décrivant la découverte des sources et la fondation des villes d’eaux dans leurs environs prouve également l’importance des eaux curatives. En Bohême- Moravie, la légende la plus répandue et la plus populaire est celle de la naissance de Karlsbad. Ce récit raconte que les sources thermales ont été découvertes en 1358 par Charles IV de Luxembourg, Roi de Bohême et Empereur romain, lors d’une partie de chasse. Le cerf poursuivi par les chiens du roi s’est sauvé en sautant d’un rocher dans la vallée, et sous ses petits sabots un geyser chaud a jailli. Près du geyser, dans la vallée de la rivière Teplá [Chaude], Charles IV a fait construire un pavillon de chasse sous lequel est né bientôt un hameau à l’origine de la ville d’eau de Karlsbad.

La culture baroque liée en Bohême-Moravie à la contre-réforme, a apporté avec sa piété ardente un nouveau culte : la construction des chapelles, des églises de pèlerinage près des sources, ce culte étant souvent renforcé par des légendes sur des guérissons mystérieuses.

Božena Němcová dans son roman Babička [Grand’mère]

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décrit un lieu de pèlerinage en Bohême : les pèlerins ont prié près de la source, ont bu de son eau miraculeuse, sont allés dans l’église et, ensuite, ils ont pris un bain dans la source. C’est seulement après qu’ils se sont amusés à la kermesse.

Dès le XVI

e

siècle, on peut déjà parler d’une tradition hydrothérapique. À Karlsbad, on recommande les bains d’eau chaude du geyser, pris dans de petites baignoires en bois installées dans des maisons spécialisées, donc des thermes. Enfin, l’eau thermale est amenée par un système de rigoles en bois longeant la rivière Teplá jusque dans les salles

de bain des maisons de la ville ; au XVII

e

siècle, il y en avait environ 150.

Au XIX

e

siècle, les bains curatifs en eaux minérales ont été enrichis de gaz ou de bains en eaux gazeuses. C’est le cas, par exemple, de Marienbad et de Franzensbad.

L’hydrothérapie, à la différence de la balnéothérapie, utilisait l’eau sous forme de douches, jets, enveloppements, liés aussi aux massages.

Plus tard, l’application de l’eau s’est complétée par une boisson d’eau minérale en grande quantité. Dans ce contexte, un nom ne peut pas être omis en Pays tchèques, celui de Vincent Priessnitz

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, lié à Gräfenberg, aujourd’hui ville d’eau Jeseník.

En ce qui concerne les procédures de massage, un document iconographique les illustre dès le XV

e

siècle : la Bible du roi Venceslas IV, fils de Charles IV. Le roi, assis sur une chaise, est massé par deux jolies baigneuses. Ces charmantes baigneuses requièrent encore un peu notre attention : une baigneuse est devenue, dans le contexte tchèque, légendaire. Elle s’appelait Zuzana [Suzanne] et elle exerçait son métier aux Thermes de Charles à Prague. Elle est entrée dans l’histoire grâce à Václav Hájek de Libočany et sa chronique

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. On y décrit comment Zuzana a libéré, en 1393, le rois Venceslas IV capturé par la noblesse et l’a mis en lieu sûr à Malá Strana, sur l’autre rive de la Vltava. La Bible de Venceslas IV est d’ailleurs décorée des dizaines de belles miniatures, où – à côté des bordures, initiales et drôleries – il y a toute une série de baigneuses bien attirantes, dotées de leurs attributs : par exemple, baquet, verge, foulard roulé ou martin-pêcheur. Elles lavent les cheveux du roi ou le massent.

Le XVIII

e

siècle, siècle des Lumières, a d’abord apporté aux Pays tchèques plusieurs analyses des eaux minérales qui sourdent sur leur territoire (professeur Scrinici à Marienbad, docteur David Becher à Karlsbad) ; par ailleurs, en 1763, Marie-Thérèse, impératrice régnant sur un territoire dont les Pays tchèques faisaient partie, a fait élaborer par son ministre de la santé une liste des eaux minérales et médicinales de tout son empire. Cette mission a été confiée au professeur viennois von Crantz qui décrit 656 sources homologuées

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.

Le véritable essor des villes d’eau tchèques, surtout en Bohême

de l’Ouest, a commencé au début du XIX

e

siècle. Les sources thermales

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sont protégées, avec des zones bien délimitées, par exemple pour Karlsbad en 1859, pour Marienbad en 1866. D’une part, on souligne la nécessité de boire de l’eau minérale à la source, avec, bien entendu, l’intention collatérale de retenir des curistes dans les villes d’eau, d’autre part, on exporte de l’eau minérale dans l’espoir qu’elle deviendra célèbre et donnera naissance à une ville d’eau, ce qui fut le cas, par exemple, de Franzensbad. Si la ville de Karlsbad n’autorise l’exportation des eaux de ses sources qu’en 1843, elle donne aux Pays tchèques le plus grand exportateur d’eaux minérales : Henri Mattoni

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. Il a donné son nom à l’eau minérale gazeuse la plus appréciée et la plus populaire chez les Tchèques (« matonka »). Dans le même contexte, il ne faut pas oublier la publicité propagée pour Karlsbad par des almanachs français, parus entre 1831 et 1856, œuvre du docteur Jean de Carro, originaire de Genève et installé à Karlsbad.

Enfin, les listes de curistes, établies dès le XVII

e

siècle avec les noms des curistes, les dates de leurs arrivées et souvent les dates de leurs départs, nous font savoir que l’âge d’or de Karlsbad, de Marienbad et de Franzensbad se situe avant la Première guerre mondiale. Comme disaient souvent de grands connaisseurs de ce passé illustre, le grand monde des villes d’eau s’est terminé pour toujours avec le premier coup de Sarajevo.

Un nouvel élan s’observe vers 1923 ; le « Triangle balnéaire » faisait partie de la jeune République tchécoslovaque. Cette nouvelle ère de prospérité a duré jusqu’au début des années 1930. La montée du fascisme vers 1935, les tragiques Accords de Munich, la Deuxième guerre mondiale, dont la fin a été liée au départ de la majorité de la population allemande de cette région, ainsi que le coup d’Etat communiste de 1948 avec la nationalisation qui s’ensuivit, ont changé sensiblement la vie de ces trois perles du thermalisme tchèque.

L’ esPace muLtinationaL des viLLes d ’ eau

La société qui se réunissait dans les villes d’eau tchèques, notamment à Karlsbad, Marienbad et Franzensbad, devint, à partir du XVIII

e

siècle, de plus en plus internationale. Des dizaines de monuments,

plaques commémoratives, livres, récits et légendes rappellent jusqu’à nos jours les plus illustres visiteurs.

Si Karlsbad compte comme son premier visiteur Charles IV de Luxembourg, le tsar russe Pierre I

er

le Grand était également un curiste des plus illustres. En 1711 et 1712, il y a traité ses problèmes de santé.

Sur la rive droite de la rivière Teplá se dresse la Maison Pierre et la plaque commémorative placée dans le couloir de cette maison rappelle les séjours du tsar qui a gagné le cœur des habitants. Johann Wolfgang Goethe a visité la ville douze fois entre 1785 et 1823. À Teplice, il a rencontré pour la première fois Ludwig van Beethoven et à Marienbad l’éveilleur tchèque, linguiste et slaviste Josef Dobrovský. Le buste de l’écrivain allemand se trouve sur le sentier Goethe et le belvédère de Karlsbad porte aussi son nom.

Les villes d’eau tchèques faisaient le plus grand cas de la visite des personnalités du monde de la culture, parce qu’elles accentuaient, par leur présence, le prestige du lieu. Depuis longtemps, les historiens de la littérature et de l’art ont étudié les influences supposées des séjours balnéaires sur leurs œuvres.

Le nom de Karlsbad est ainsi associé à celui de Johann Sebastian Bach

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; de son séjour sont nés les Concertos brandebourgeois. Les deux auteurs de l’Hymne à la joie eux aussi ont visité Karlsbad : Friedrich Schiller et Ludwig van Beethoven

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. Ce dernier y a même donné quelques concerts, au profit de Baden près de Vienne, ravagé par un incendie.

Ajoutons encore quelques noms illustres parmi les visiteurs de Karlsbad : l’écrivain français François René de Chateaubriand, l’écrivain russe N. V. Gogol, le compositeur et chef d’orchestre allemand Richard Strauss et l’écrivain russe Alexis Tolstoï. Et pour rappeler la France dans l’imaginaire tchèque, encore un nom du domaine de la politique : Georges Clemenceau y est venu 22 fois. Dès 1900, il a reconnu la vocation des Tchèques à l’indépendance.

Prenons l’histoire de Marienbad : En 1528, le roi Ferdinand I

er

de Habsbourg a demandé à l’abbé Antoine du couvent des prémontrés

de Teplá un spécimen de l’eau de sa source salée. Il envisageait d’en

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L es viLLes d ’ eau dans Les pays tchèques

extraire du sel ordinaire. Son projet n’a pas abouti, mais … en 1788, une construction faite de poutres est apparue près de la source, autour de laquelle d’autres petites sources jaillissaient. Dans la construction, il y avait quatre salles de bain qu’on a appelées Marienbad, selon un tableau marial et une source liée à la Vierge Marie, vénérée ici depuis toujours

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. L’établissement grandissait et peu à peu, il s’est transformé en une station estivale recherchée.

Dans la deuxième moitié du XIX

e

et au XX

e

siècles, beaucoup de représentants de la vie politique et de la vie culturelle s’y sont rencontrés.

Edouard VII, roi de Grande Bretagne et Empereur indien, a visité la ville d’eau neuf fois et il a contribué à son prestige, car c’est ici qu’il a organisé les rencontres avec d’autres monarques européens. Il a séjourné régulièrement à l’hôtel Weimar lequel a plus tard changé de nom pour devenir l’hôtel King of England, en sa mémoire. Ces visites royales sont rappelées par la plaque commémorative sur l’hôtel, à l’intérieur de l’église anglicane et sur le terrain de golf.

À Marienbad, en 1822, Goethe a fait la connaissance de Ulrike von Lewetzov, âgée de 19 ans. Il lui a demandé sa main, mais il a été éconduit. Touché par cette histoire, Goethe a écrit les Elegies de Marienbad. Fréderic Chopin fait également partie des illustres visiteurs de la ville. Il y a souvent donné des concerts. En reconnaissant hommage, on y organise tous les ans le festival de musique Chopin et le concours de piano Chopin. Mentionnons encore les écrivains russes Gontcharov, Gogol et Tourgueniev. Et puis Richard Wagner, Mark Twain, Thomas Alva Edison – la liste des personnalités marquantes de la vie culturelle de Marienbad serait trop longue à développer ici.

La troisième image concerne Franzensbad. La ville d’eau a été fondée en 1793

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et elle porte le nom de François I

er

de Habsbourg, Empereur d’Autriche. Le monarque a fait dessiner les plans de la construction de la ville – il a prescrit, lui même, la hauteur, la couleur et l’aspect des édifices – dont le résultat est un complexe architectonique harmonieux.

Parmi les visiteurs réguliers de la ville, on peut trouver le nom de Goethe qui a pris goût à la source thermale František [François]

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. Parmi

les curistes célèbres séjournant à Franzensbad citons encore les musiciens Ludwig van Beethoven, Johann Strauss, Chopin, Paganini, Brahms, Wagner et Liszt, ensuite les philosophes Herder et Schopenhauer, les écrivains Mickiewicz, Gogol, Tourgueniev, Kafka, ainsi que les savants Joachin Barrande, Sigmund Freud et Heinrich Schliemann.

L a tchéquité et Le caractère muLticuLtureL des viLLes d ’ eau autrefois et aujourdhui

Aujourd’hui, Karlsbad est visité chaque année par 70 000 curistes, 250 000 touristes et 2 millions de passagers originaires de 70 pays du monde. Il n’est pas étonnant que les cultures étrangères aient profondément marqué le visage de cette ville d’eau, depuis longtemps fréquentée par la clientèle mondaine. Si l’architecture de Karlsbad a évolué à travers les siècles, épousant tour à tour des styles autochtones, elle présente cependant une unité dont on prend mieux conscience grâce à son contraste avec l’église orthodoxe russe, dont la construction fut financée par les curistes russes et grecs en 1897. Le XIX

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siècle a donné à Karlsbad une vingtaine d’établissements à caractère autrichien, réalisés selon les plans de deux architectes viennois, Ferdinand Fellner et Hermann Helmer. Les promenades dans les forêts entourant la ville ont été embellies, dans l’esprit de la découverte romantique de la beauté du paysage vers 1800, par James Ogilvie Earl of Findalter and Sealfield, lord écossais, qui y est venu dans les années 1794-1810. Pour les curistes anglais, la ville d’eau a été d’ailleurs dotée de courts de tennis, d’un terrain de golf et d’un steeple-chase. Enfin, les chapelles dans les forêts sur les hauteurs de Karlsbad, dons des curistes reconnaissants, témoignent de l’art allemand, autrichien, italien, etc.

De nos jours, rareté des plus recherchées, un vaste jardin japonais a été réalisé en 1999 près du Parc-Hôtel Richmond par les maîtres de l’art horticole japonais, pour accueillir la méditation dans l’esprit du boudhisme zen.

Marienbad, plus jeune, au style architectural plus harmonieux et

influencé surtout par le classicisme, les styles « historicisants » du XIX

e

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Podělaný šohaj [Un gars qui a fait dans sa culotte], carte postale, collection privée de Petr Vašát.

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L es viLLes d ’ eau dans Les pays tchèques

siècle et l’Art Nouveau du début du XX

e

siècle, est entouré de parcs à l’anglaise. Dans le centre de la ville, on trouve pourtant l’église orthodoxe Saint-Vladimir de 1902, construite par l’aristocratie russe et une église anglicane de 1879, appréciée par le roi anglais Edouard VII. Celui-ci a fait installer à Marienbad aussi un terrain de golf.

La troisième ville d’eau du « Triangle balnéaire » a été construite selon un plan urbanistique réfléchi au début du XIX

e

siècle. Si les influences étrangères ne se voient pas sur l’image architectonique, des traces des cultures européennes sont perceptibles dans d’autres domaines.

Les sources ont été étudiées et analysées par le médecin suisse Paracelse, le chimiste suédois Berzelius et le médecin bavarois Bergzabern.

L’écrivaine allemande, Marie von Ebner-Eschenbach y a écrit ses essais Aus Franzensbad, Goethe s’y est consacré à l’investigation géologique du volcan des marais Komorní hůrka, sur lequel il a écrit une étude. Ludwig van Beethoven y a travaillé la composition de sa Huitième symphonie.

Mais n’oublions pas de rappeler que, inversement, des influences tchèques ont marqué la culture des villes d’eau étrangères.

Les musiciens de la Bohême de l’Ouest originaires de Bečov nad Teplou, comme le compositeur et chef d’orchestre Josef Labický

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,ont renforcé les orchestres des villes d’eau allemandes et autrichiennes.

Alphonse Mucha, artiste plasticien tchèque, a créé des affiches publicitaires pour les villes balnéaires Bagnères-de-Luchon et Lamalou-les-Bains, et le tableau très populaire dans les Pays tchèques du peintre morave Joža Uprka, inspiré par les effets de l’eau minérale (laxative) Šaratica et intitulé expressivement et avec humour Podělaný šohaj [Un gars qui a fait dans sa culotte], a figuré sur cartes postales avec des textes en allemand, anglais, français, espagnols et portugais.

c oncLusion

Du point de vue médical et culturel, le « Triangle balnéaire », fort de sa renommée internationale dès le XIX

e

siècle, n’a cessé et ne cesse d’être recherché par la clientèle étrangère. Et ce n’est pas non plus un hasard si le thermalisme est devenu une discipline enseignée, pour la première fois indépendamment, à l’université de Prague, grâce à Josef Löschner, médecin d’expression allemande

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.

Si les villes d’eau tchèques se réjouissent de leur réputation de sites à la fois curatifs et culturels, c’est certainement grâce à leur position géographiquement favorable au cœur de l’Europe. On peut supposer que dans la vie culturelle cette zone, de passage et de contact depuis toujours, étant exposée aux courants multinationaux, proposait et propose une atmosphère d’ouverture et de non-conflictualité entre la culture tchèque et les cultures étrangères, dans un jeu d’équilibre entre les horizons culturels proche et lointain.

Il ne reste qu’à souhaiter que les villes d’eau tchèques continuent, d’une part, à être un lieu de passage multiculturel et de réception des valeurs transportées à partir des couches les plus variées de la culture mondiale, et d’autre part, qu’elles restent un lieu de condensation de ces valeurs qui s’enrichissent par un apport culturel proprement tchèque, ce qui suppose qu’elles ne perdent pas leur identité nationale

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.

LenKa frouLiKova

u niversité n ancy 2

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1. Cosmas, Chronica Boëmorum [Chronique de Bohême], environ 1119-1125, in Fontes rerum bohemorum, II, Prague, 1874.

2. Božena Němcová, femme écrivain du Renouveau national tchèque. Son roman Babička [Grand’mère] est un des canons de la littérature nationale du XIX

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siècle, publié à Prague, en 1855. La scène décrite se passe à Svatoňovice.

3. Vincent Priessnitz (1799-1852), un campagnard silésien, laïc, doté d’une grande intuition et d’un sens prati- que : il combinait des enveloppements, douches et boisson d’eau froide et des promenades et travail manuel en plein air.

4. Václav Hájek z Libočan, Kronika česká [Chronique tchèque], 1541, ČSAV, V. Flajšhanc, Prague, 1918-1929.

5. H.J. von Crantz, Gesundbrunnen der Österreichischen Monarchie, Wien, 1777.

6. Jindřich Mattoni (1830-1910), entrepreneur et commerçant. Il ne néglige pas la publicité – une des grandes attractions de l’Exposition tchéco-morave de 1891 a été le ballon captif arborant le nom de l’eau minérale Kysibelka-Giesshübel. Mattoni a sponsorisé la recherche dans le domaine de la balnéothérapie et il a été anobli par François Joseph Ier.

7. J.S.Bach a visité la ville en 1718.

8. F.Schiller en 1791, L.van Beethoven en 1812.

9. L’église du couvent de Teplá a été consacrée à l’Annonciation de la Vierge Marie.

10. La première source mentionnée sur le territoire de l’actuelle ville d’eau date de 1406.

11. « Mon cocher transporte toujours deux boîtes, chacune contenant une vingtaine de bouteilles de cette eau de Cheb, parce qu’elle est toujours fraîche, elle a un goût extraordinaire et son action est salutaire. »

12. J. Labický (1802-1881) est appelé souvent le « Strauss tchèque » à cause de ses valses.

13. J.Löschner a été nommé professeur de thermalisme à l’Université Charles-Ferdinand en 1841.

14. Ouvrages à consulter : Stanislav Burachovič et Stanislav Wieser, Encyklopedie lázní a léčivých pramenů v Čechách,

na Moravě a ve Slezsku [Encyclopédie des villes d’eau et des sources médicinales en Bohême, Moravie et Silésie], naklada-

telství LIBRI, Praha 2001. Vladimír Křížek, Obrazy z dějin lázeňství [Images de l’histoire du thermalisme], Nakla-

datelství LIBRI, Praha 2002.

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