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Le devenir des mâchefers d'incinération d'ordures ménagères : Partie 1 : caractérisation des mâchefers

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Academic year: 2022

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ménagères

Ahcéne Amokrane, Jean-Marie Blanchard, Hervé Billard, Lise Chatelet-Snidaro, Thierry Delineau, Christophe Bourdier

To cite this version:

Ahcéne Amokrane, Jean-Marie Blanchard, Hervé Billard, Lise Chatelet-Snidaro, Thierry Delineau,

et al.. Le devenir des mâchefers d’incinération d’ordures ménagères : Partie 1 : caractérisation des

mâchefers. Environnement, Ingénierie & Développement, Episciences, 1998, N°10 - 2ème Trimestre

1998, pp.15-27. �10.4267/dechets-sciences-techniques.870�. �hal-03181999�

(2)

D'ORDURES MÉNAGÈRES

PARTIE 1 : CARACTÉRISATION DES MÂCHEFERS

Ahcéne Amokrane*, Jean-Marie Blanchard*, Hervé Billard**, Lise Chatelet-Snidaro***, Thierry Delineau*** & Christophe Bourdier***

* lnsa-Lyon, Laepsi, ** France-Déchets, *** Cered France-Déchets

Le présent travail a porté sur la caractérisation physico­

chimique (analyse élémentaire et comportement à la lixi­

viation) de quatre mâchefers d'origines différentes. Par ailleurs, il a concerné l'étude de la répartition du poten­

tiel polluant dans différentes fractions granulométriques.

Il a été possible de constater que les fractions granulo­

métriques les plus fines montrent le potentiel polluant (potentiel risque) et la charge chimique (potentiel danger) les plus élevés. Toutefois, en tenant compte de la distri­

bution granulométrique d'un mâchefer et donc du pour­

centage massique des fractions granulométriques, il res­

sort que le potentiel polluant comme la charge chimique sont répartis en moyenne à raison de 10, 30, 50 et 70 % res­

pectivement entre les fractions 0-0,08 ; 0-1 ; 0-2 et 0-4 mm.

Le tamisage d'un mâchefer à 4 mm (enlèvement de la fraction 0-4 mm) permettrait d'atténuer le potentiel pol­

luant ou la charge chimique d'environ 30 à 60 %. Aussi, ce mode de traitement pourrait constituer une étape com­

plémentaire à la maturation lorsque celle-ci ne permet pas d'obtenir directement des mâchefers de classe V. Dans ce

cas, les mâchefers ont toutes les chances de devenir de clas­

se V.

The present work has focused on physico-chemical characterisation (elementary analysis and leaching behaviour) of four bottom ashes originated from dif­

ferent incinerators. ln other hand, we have studied the distribution of polluting potential in various grain­

size fractions. lt has been possible to show that the finest grain-size fractions are the most loaded in pol­

lution (danger potential and risk potential).

Nevertheless, by accounting the grain-size distribu­

tion and therefore the weight percent of each grain-size fraction, it emerges that the pollution is distributed at the rate of 10, 30, 50 and 70 % between the fractions of 0-0,08 ; 0-1 ; 0-2 and 0-4 mm. The sifting of bottom ashes by removal of the 0-4 mm fraction would allow to reduce the polluting potential by 30-60 %. On other hand, this treatment can constitute a complementa­

ry step to the maturation treatment when the former does not allow to obtain bottom ashes of V-class. ln these conditions, bottom ashes have all chance to become V-class materials.

DÉCHETS

-

SCIENCES ET TECHNIQUES

-

N° 10- 2- trimestre 1998

-

Reproduction Interdite

INTRODUCTION

En France, plus de

40

% des ordures ménagères sont élimi­

nées par incinération avec ou sans récupération de chaleur, ce qui correspond

à

la production annuelle de

2 à 3

millions

de tonnes de MIOM (mâchefers d'incinération d'ordures ménagères). Les mâchefers représentent en moyenne

25 à 30

% en poids des ordures incinérées et

10

% de leur volu­

me.

Au regard de la loi n °

92-646

du

13

juillet

1992

limitant les déchets admissibles en décharge aux seuls résidus ultimes et au vu de la circulaire du

9

mai

1994

encourageant la valo­

risation des MIOM, il ressort l'importance de bien connaître les mâchefers pour les valoriser ou

à

défaut les éliminer dans les meilleures conditions.

La valorisation des mâchefers (production annuelle françai­

se estimée

à 2-3

millions de tonnes) s'avère intéressante, d'au­

tant plus que d'une part les granulats naturels sont chers ou rares dans certaines régions (notamment lie-de-France et Aquitaine), et que d'autre part le pri)(du mâchefer est, après maturation,

20

% environ plus bas que le prix des granulats naturels.

La circulaire du

9

mai

1994

répertorie les mâchefers en trois catégories : V, M et S. Si les MIOM de catégorie V

(30 à 40

% du tonnage total) sont susceptibles d'être valorisés en techniques routières, les MIOM de catégorie M

(40 à 60

% du tonnage total) doivent être traités avant d'être éventuellement valorisés. Quant aux MIOM S

( 10 à 20

% du

tonnage total), ils sont destinés

à

être déposés en centre de stockage.

Afin de connaître, de manière la plus approfondie possible, la qualité des mâchefers de France, nous avons au préalable collecté auprès des gérants de

43

usines d'incinération et par l'intermédiaire d'articles scientifiques un nombre non négli­

geable d'analyses physico-chimiques.

L'exploitation de ces analyses (imbrûlés, COT, fraction soluble, Cl", SOl, Pb, Cd, Cr, Hg et As) a permis de faire ressortir que les mâchefers de France se répartissent, au sens de la circulaire du

9

mai

1994

et pour

43

usines de forte capa­

cité

(

>

3

t/h), en

40

% de mâchefers V (Valorisables),

50

%

de mâchefers M (Maturables) et

10

% de mâchefers S

15

(3)

(Stockables). Le déclassement des mâchefers en catégorie M ou S est principalement lié à des taux élevés en imbrûlés et à de grandes teneurs lixivées en plomb, COT et fraction soluble.

Nous avons voulu dans un premier temps (partie 1) appro­

fondir davantage la caractérisation des mâchefers en nous intéressant à la répartition des imbrûlés et du potentiel pol­

luant (comportement à la lixiviation via le test Afnor X3 l - 2 I 0) dans différentes fractions granulométriques.

Grâce à l'établissement de bilans de matière, il a été possible de simuler l'effet du tamisage (enlèvement de la fraction fine) sur la qualité des mâchefers.

Dans le cadre de développement de procédés de traite­

ment des mâchefers, nous avons simulé à l'échelle du labo­

ratoire (partie 2) l'influence de divers modes de traitement (maturation, tamisage, déferraillage et lavage à l'eau) sur la qualité environnementale des mâchefers (comportement à la lixiviation XJ 1-210). Il serait ainsi possible de définir le meilleur mode de traitement ou la meilleure chaîne de trai­

tement qui conduirait à un mâchefer de qualité environne­

mentale plus satisfaisante que le mâchefer brut.

A priori, la maturation est censée améliorer la qualité envi­

ronnementale des mâchefers en raison des réactions phy­

sico-chimiques pouvant avoir lieu au cours du temps (oxy­

dation lente et ménagée des imbrûlés, oxydation du fer, carbonatation ... ). Le lavage à l'eau pourrait permettre d'éli­

miner la fraction soluble, qui renferme majoritairement les chlorures et les sulfates. L'opération de tamisage vise essen­

tiellement à éliminer la fraction fine, qui est potentiellement polluante (plus de 50

%

du potentiel polluant se trouvent concentrés dans la fraction granulométrique inférieure à 2 mm). L'étude du déferraillage est intéressante, puisque ce traitement conduirait à une modification de la porosité des mâchefers (influence sur le transfert d'oxygène et l'effet thermique).

MÂCHEFERS ÉTUDIÉS

Nous avons réalisé l'étude sur 3 MIOM provenant de pro­

vince dénommés A, B et C, et un MIOM noté D, issu d'Ile­

de-France. Tous les mâchefers proviennent d'usines d'inci­

nération de capacité supérieure à 6 t/h. Le MIOM A d'ori­

gine Rhône-Alpine est réputé généralement de catégorie V en sortie d'usine. Le MIOM B, également d'origine Rhône­

Alpine, provient d'une usine où les déchets sont triés en amont de l'incinération. Quant au MIOM C d'origine Alsacienne, il est généralement en sortie d'usine de catégorie M ou S, comme c'est le cas du MIOM D.

Prélèvements des mâchefers

Afin d'obtenir des échantillons frais n'ayant pas séjourné à l'usine d'incinération, le prélèvement des mâchefers a été réa­

lisé en fin de chaîne de traitement (extinction à l'eau, défer­

raillage, criblage), c'est-à-dire au niveau de la jetée du trans­

porteur à bandes.

La procédure d'échantillonnage adoptée a consisté en la

16

collecte d'une quantité de mâchefers correspondant à une semaine de fonctionnement de l'usine. Nous avons donc prélevé 7 échantillons journaliers dont chacun est le mélan­

ge de 4 prises élémentaires dont deux effectuées le matin et deux autres l'après-midi.

L'échantillon final (échantillon hebdomadaire) d'environ 300 kg a été reconstitué au laboratoire par le mélange des différents prélèvements journaliers.

Méthodes

Des échantillons de 6 kg environ, séchés préalablement à l'air libre (jusqu'à l'obtention d'une humidité résiduelle d'environ 3

%),

ont permis après pelletages alternés de préparer les fractions granulométriques 0-0,08 ; 0,08-1 ; 1-2 ; 2-4 et

> 4 mm (4-6 et� > 6 mm dans le cas du MIOM D).

Pour chacune de ces fractions et pour le mâchefer lui-même (reconstitué à partir des différentes fractions au prorata de leur pourcentage massique), nous avons préparé par pelle­

tage alterné 1 OO g d'échantillon, qui ont été soumis selon la norme X3 l -2 I 0 à trois lixiviations.

Il a été suivi sur l'ensemble des lixiviats XJ 1-210(Lix1, Lix1 et Lix3) le pH, la conductivité ainsi que le potentiel polluant (COT, fraction soluble, G, SO/, Pb, Cd, Cr, Hg et As).

La fraction soluble a été estimée selon la norme XJ 1-21 O.

Le COT a été mesuré selon la norme NF T 90. I 02. Les chlorures et sulfates ont été analysés par chromatographie ionique. Le plomb, le cadmium et le chrome ont été dosés par absorption atomique. Le mercure et l'arsenic ont été ana­

lysés par ICP-AES (lnductively Coupled Plasma Atomic Emission Spectroscopy).

En plus du suivi des lixiviats XJ 1-210, nous avons détermi­

né sur solide (les différentes fractions granulométriques et les mâchefers eux-mêmes) le taux d'imbrûlés et les teneurs en chaux libre, calcium, plomb, cadmium et chrome. Le taux d'imbrûlés (perte au feu à 550 °C pendant 4 heures) a été estimé sur des échantillons séchés à l'étuve à 105 °C pen­

dant 24 h. L'analyse sur solide du calcium, plomb, cadmium et chrome a été réalisée par absorption atomique après mise en solution des échantillons en milieu acide HF/HNOJ (norme NF X3 l - I 51 ). La teneur en chaux libre (chaux car­

bonatée) a été déterminée par titrage complexométrique du calcium à l'EDT A, après mise en solution par extraction préférentielle à l'éthylène glycol à 110 °C pendant 1 heure.

RÉSULTATS

Comportement à la lixiviation pH

Les pH des lixiviats sont basiques (pH de 9,5 à 12,2) pour tous les échantillons (figure 1 ). Les pH les plus élevés sont obtenus à partir du MIOM C et notamment du MIOM D, qui sont les plus chargés en chaux totale comme en chaux libre.

Les pH obtenus à partir de la fraction 0-0,08 mm sont les plus faibles comparés à ceux des autres fractions granulo­

métriques, alors que cette fraction renferme beaucoup de

DÉCHETS -SCIENCES ET TECHNIQUES -N° 10- 2- trimestre 1998 -Reproduction Interdite

(4)

13 ,0 • < 0,08 El 0,08 à 1 • 1à2 111112 à4 • >4 • >6 • MIOM

"' 12,5

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] 12,0

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1 1,5 1 1,0 10,5 10,0 9,5

9,0 Lix 1 Lix2 Lix3 Lixl Lix2 Lix3 Lix 1 Lix2 Lix3 Lix 1 Lix2 Lix3

Figure 1 : pH des lixiviats (la légende> 4 se réfère à� 4-6 mm dans le cas de D)

< 0,08 m 0.00 à 1 • 1 à2 11111 2 à 4 • >4 • >6 • MIOM

5,0

Ê 4,5 MIOMA MIOMB MIOM-C MIOMD

I

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Lixl Lix2 Lix3 Lixl Lix2 Lix3 Lixl Lix2 Lix3 Lixl Lix2 Lix3

Figure 2 : Conductivité des lixiviats (la légende > 4 se réfère à� 4-6 mm dans le cas de D)

• • 11111 • • •

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6

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A B c D

Figure 3 : Fraction soluble (la légende > 4 se réfère à � 4-6 mm dans le cas de D)

DÉCHETS - SCIENCES ET TECHNIQUES - N° 10- 2...,. trimestre 1998 - Rep,.oductlon inte,.dite 17

(5)

12

• < 0,08 m 0.08 à 1 • là2 11111 2à4 Il> 4 Il > 6 • MIOM

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A B c D

Figure 4 : Teneur en chaux libre (la légende > 4 se réfère à$ 4-6 mm dans le cas de D)

• < 0,08 Il 0,08 à 1 • là2 lllD 2à4 • >4 • >6 • MIOM

-;;o 18

0 16

0 Classe S > 5 %

::§ 14 Classe M > 5 %

Classe V< 5 %

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12

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A B c D

Figure 5 : Taux d'imbrûlés (la légende> 4 se réfère à$ 4-6 mm dans le cas de D)

4000 • < 0,08 • 0,08 à 1 • là2 lllD 2à4 • >4 • > 6 • MIOM

3500

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2500

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1500

1000 500 0

A B c D

Figure 6 : COT lixivié (la légende > 4 se réfère à $ 4-6 mm dans le cas de D)

18 DÉCHETS - SCIENCES ET TECHNIQUES - N° 10 - 2""'" trimestre 1998 - Reproduction interdite

(6)

]'

18000 • < 0,08 Il::! 0,08 à 1 • 1à2 m 2à4 • >4 • >6 • MIOM O:o 16000

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6000 4000 2000 0

A B c D

Figure 7 : Chlorures lixiviés (la légende > 4 se réfère à $ 4-6 mm dans le cas de D)

< 0,08 Il 0,08 à 1 • 1 à2 Ul!I 2 à 4 • >4 • >6 • MIOM

17500 ]' O:o _§_

15000

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(/)

7500 5000 2500

0

A B c D

Figure 8 : Sulfates lixiviés (la légende > 4 se réfère à$ 4-6 mm dans le cas de D)

DÉCHETS - SCIENCES ET TECHNIQUES - N° 10 · 2...,. trimestre 1998 - Reproduction interdite 19

(7)

2,5 • < 0,08 li! 0,08 à 1 • 1 à2 11111 2à4 Il > 4 • >6 • MIOM

Classe 5

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A B c D

Figure 10 : Cadmium lixivié (la légende> 4 se réfère à<!> 4-6 mm dans le cas de D)

bO 5,0 • < 0,08 Il 0,08 à 1 1111 1 à 2 1111 2à4 • >4 • >6 • MIOM

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2,5 2,0 1,5 1,0 0,5

0,0 A B c D

Figure 1 1 : Chrome lixivié (la légende > 4 se réfère à<!> 4-6 mm dans le cas de D)

0,20 • < 0,08 ml 0,08 à 1 • 1à2 11111 2 à 4 Il > 4 Ill > 6 1111 MIOM

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> 0,16 Classe S > 0,4 mg/kg

] 0,14 0,2 < Classe M < 0,4 mg/kg

"' Classe V < 0,2 mg/kg

ê

0,12

"' :L 0,10

0,80 0,60 0,40 0,20 0,00

A B c D

Figure 12 : Mercure lixivié (la légende > 4 se réfère à<!> 4-6 mm dans le cas de D)

20 DÉCHETS - SCIENCES ET TECHNIQUES - N° 10 - 2""'• trimestre 1998 - Reproduction interdite

(8)

0,45 • < 0,08 • 0,08 à 1 • 1 à2 Il 2 à 4 • >4 • >6 • MIOM bi>

0,40

_$

. ., 0,35

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u 0,30 Classe S > 4

mg/kg

ï:: :!: 0,25 2 < Classe M < 4

mg/kg

Classe V < 2

mg/kg

0,20 0,15 0,10 0,05 0,00

A B c D

Figure 13 : Arsenic lixivié (la légende > 4 se réfère à

<I>

4-6 mm dans le cas de

D)

calcium total comme de chaux libre. Il n'est donc pas pos­

sible d'expliquer les variations du pH d'une fraction granu­

lométrique à une autre en se basant uniquement sur la teneur en chaux libre ou en calcium total.

Conductivité

Tous les MIOM (notamment le MIOM C) conduisent à des lixiviats dont la conductivité et la fraction soluble sont rela­

tivement élevées ( 1 à 5 mS/cm pour la conductivité et 1,5 à 6,5 g/I

OO

g pour la fraction soluble).

Dans tous les cas, les fractions fines (en particulier la frac­

tion 0-0,08 mm) conduisent aux lixiviats de conductivité et de fraction soluble les plus élevées (figures 2 et 3).

Chaux libre

Les teneurs en chaux libre de tous les mâchefers et de toutes les fractions granulométriques varient entre 1 et 10 g Ca/kg, soit

O,

I et 1 g Ca/ 1

OO

g (figure 4).

Ces teneurs sont très faibles au regard des valeurs com­

munément admises dans la littérature ( 10 à 15 g Ca/ 1

OO

g).

Pour expliquer cette grande différence, on peut incriminer la nature de la chaux rapportée dans la littérature. Il s'agit vraisemblablement du calcium total et non de la chaux libre.

On vérifiera ci-après qu'en effet les teneurs en calcium total de nos échantillons sont de l'ordre de 5 à 10 g/ 1

OO

g pour les mâchefers et de 2 à 30 g/ 100 g pour les fractions gra­

nulométriques (cf. figure 14 analyse élémentaire du cal­

cium).

Quoi qu'il en soit, la chaux libre semble de manière géné­

rale être plus concentrée dans les fractions fines que les fractions grossières, mis à part quelques exceptions (frac­

tions 0-0,08 mm du MIOM

A.

0,08-1 mm du MIOM

B

et 1- 2 mm du MIOM C).

Les autres paramètres

Pour les autres paramètres analytiques (imbrûlés, COT, chlorures, sulfates, plomb, cadmium, chrome, mercure et arsenic), on peut de manière générale établir la règle sui­

vante : les fractions fines conduisent à des lixiviats plus char-

DÉCHETS - SCIENCES ET TECHNIQUES. N° 10 - 2- trimestre 1998 - Reproduction interdite

gés que ceux issus des fractions grossières (figures 5 à 13).

Cependant, le mercure ne semble pas vérifier cette règle pour les fractions 1-2, 2-4 et <I>

>

4 mm du MIOM

A,

0,08- 1 et 1-2 mm du MIOM

B

et toutes les fractions du MIOM D. On peut expliquer ces

«

anomalies

»

par le fait que pour ces fractions la teneur lixiviée en mercure est inférieure à la limite de détection (0,5 µg/1).

On observe le même résultat pour le cadmium dont la teneur est inférieure à la limite de détection (0, 1 mg/1) pour

·toutes les fractions du MIOM D.

Néanmoins, le plomb a montré deux

«

anomalies

»

dans le cas du MIOM D, sans pour autant que sa teneur soit proche ou inférieure à la limite de détection. En effet, sa teneur lixiviée semble être, dans le cas du MIOM D, la plus faible pour la fraction la plus fine <I>

<

0,08 mm et la plus élevée pour la fraction

«

intermédiaire

»

1-2 mm.

En se basant sur les prescriptions de la circulaire du 9 mai 1994, qui répertorie les mâchefers en trois classes

V,

M et S, nous avons fait ressortir dans le tableau 1 les fractions gra­

nulométriques qui sont déclassées en catégorie M ou S.

La fraction fine (<!>

<

0,08 mm) semble être, dans la majori-

Tableau 1 : Classification des MIOM (fi et f2 sont les fractions 0-0,08 et 0,08-1 mm)

Classification des MIOM B. C et D

Aucune fraction

* mg/kg sauf pour la fraction soluble (g/ 1 OO &) et les imbrQlés (g/ 1 OO g)

21

(9)

• < 0,08 • 0,08 à 1 • 1à2 Il 2 à 4 • >4 • >6 '@; 35

0 0

:§ 30 E ::i

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A B c

Figure 14 : Teneurs en calcium (la légende> 4 se réfère à <j> 4-6 mm dans le cas de D)

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Il 0,08 à 1 • 1à2 111112à4 • >4 • >6

B c

Figure 15 : Teneurs en plomb (la légende > 4 se réfère à <j> 4-6 mm dans le cas de D)

:§; 35 B< 0,08 Il 0,08 à 1 1 à2 111112 à 4 • >4 • >6

OO

_$ E 30 ï::: ::i -c "' u 25

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., c: ., 1-

15 10 5

0 A B c

Figure 16 : Teneurs en cadmium (la légende> 4 se réfère à <j> 4-6 mm dans le cas de D)

BMIOM

D

B MIOM

D

BMIOM

D

22 DÉCHETS -SCIENCES ET TECHNIQUES -N° 10 -2- trimestre 1998 -Reproduction interdite

(10)

•< 0,08 0,08 à 1 •1 à2 Il 2 à 4 .>4 . >6 •MIOM

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1-

150 100 50

0 A B c D

Figure

17 :

Teneurs en chrome (la légende>

4

se réfère

à

<j>

4-6

mm dans le cas de D)

té des cas, déclassée en catégorie M. Son déclassement en catégorie S est dû au COT dans le cas du MIOM D et aux sulfates dans le cas des MIOM C et D. Toutefois, presque toutes les fractions granulométriques sont déclassées en catégorie S par les imbrûlés.

On peut remarquer que le mercure et l'arsenic ne déclas­

sent aucune fraction granulométrique (qui sont toutes de catégorie

V).

Analyse élémentaire

Mis

à

part le chrome, les teneurs en calcium, plomb ou cad­

mium sont plus élevées dans les fractions fines que dans les fractions grossières (figures

14 à 17).

Dans le cas du chrome, on ne retrouve plus la distribution décroissante de sa teneur en fonction de la taille granulo­

métrique. La teneur en chrome semble augmenter lorsque la taille des grains passe de

0,08 à 4

mm pour les MIOM A.

B et C. Dans le cas du MIOM D, elle est plutôt la plus éle­

vée dans la fraction la plus fine

(0-0,08

mm) et la plus faible dans la fraction

0,08-1

mm. Elle semble toutefois augmen­

ter lorsque la taille des grains passe de

1 à 4

mm.

En faisant abstraction de quelques cas rares et surtout du chrome, on peut dire que la teneur totale ou lixiviée des pol­

luants est d'autant plus importante que la taille des grains est faible.

Taux de lixiviation

Sur la base des teneurs déterminées par analyse élémentaire et des teneurs lixiviées (test

X3

l -2 I

0),

il est possible de déterminer le taux de lixiviation (pourcentage de la teneur lixiviée du MIOM), ce qui permet d'apprécier dans quelle mesure la lixiviation extrait les éléments étudiés (plomb, cadmium et chrome, tableaux 2 et

3).

Les taux de lixiviation du plomb et du chrome sont très faibles, ne dépassant pas

1 %.

En revanche, ils son plus éle­

vés dans le cas du cadmium

( 1 à

5

%

pour les MIOM B, C et D et

7 à 10 %

pour le MIOM A).

Le calcium libre (chaux libre) ne représente que

1 à

S

%

de

DÉCHETS -SCIENCES ET TECHNIQUES· N° 10 2.,... trimestre 1998 -Reproduction interdite

Tableau

2

: Taux de lixiviation (MIOM A et

B)

Fraction MIOMA MIOMB

(mm)

Ca Pb Cd Cr Ca Pb Cd

$ < 0,08 1,5 0,3 7,2 2,3 2,7 0,2 2,2

0,08-1 3,7 0,2 9,8 0,5 2,5 0,1 2,0

1-2 2,4 0,2 7,3 0,2 4,6 0,09 2,6

2-4 2,3 0,3 9,5 0,09 5,5 0,1 3,9

$ >4 2,8 0,5 9,6 0,06 7,0 0,08 7,0

MIOM 3,2 0,2 8,8 0,2 3,8 0,1 2,9

Tableau 3 : Taux de lixiviation (MIOM C et

D)

(

l

a légende

<j>

> 4 se réfère à

l

a fraction 4-6 mm

dans le cas du MIOM

D)

Fraction MIOMC MIOMO

(mm)

Ca Pb Cd Cr Ca Pb Cd

$ < 0,08 5,4 1,1 3,2 1,6 3,6 0.1 . 0,5

0,08- 1 3,7 0,6 3,6 0,3 5,7 0,2 0,7

1 - 2 2,2 0,3 3,1 0,2 3,5 0,5 0,8

2-4 5,2 0,3 3,7 0,2 4,7 0,4 1,6

$>4 2,5 0,4 4.9 0,09 4,6 0,3 1,4

$>6 2,4 0,7 2,9

MIOM 3,5 0,5 3,7 0,2 3,8 0,4 1,9 Cr

3,7 0,9 0,6 0,1 0,2 0,3

Cr 0,8 0,7 0,3 0,2 0,1 0,05 0,2

la teneur totale en calcium. Il est possible que la majeure par­

tie de la chaux libre se soit carbonatée pendant le temps qui s'est écoulé (environ 2 semaines) entre l'analyse et le pré­

lèvement des mâchefers

à

l'usine d'incinération. Il faut sou­

ligner que la teneur totale .en calcium concerne non seule­

ment le calcium combiné sous forme de chaux libre mais éga­

lement le calcium combiné sous d'autres formes éventuellement présentes dans les mâchefers (calcite CaCOi, anhydrite CaS04, ettringite Ca6Ah (S04)i (OH)12.2SH20, gehlenite Ca2AhSi01, akermanite Ca2MgSii02, wollastonite b-Ca2SiOi, etc.).

23

(11)

BILANS MASSIQUES

La détermination de la contribution des différentes frac­

tions granulométriques dans le potentiel polluant global implique l'établissement de bilans massiques mettant en jeu les quantités massiques lixiviées (et non pas seulement les concentrations lixiviées). Pour ce faire, nous avons défini le pourcentage de contribution (%contribution), déterminé par la relation suivante :

% C ·b · 100 Cco;

o

ontn ut1on;

=

- C--

MIOM

avec:

CM10M : concentration dans le mâchefer lui-même.

C : concentration dans la fraction granulométrique Fi.

coi : pourcentage massique de la fraction granulométrique Fi.

100 ' . .A.

î

"' 90 • li

E --

80

70

60 ••

50

40 1

30 20 10 0

mm 100,0 10,0

. 1

•• IJ

Tableau

5 :

Pourcentages de contribution (MIOM B)

q,>

0,08 0,08-1 1·2

2-4

q,> 4

Fraction soluble 2.3 33,I 20,8 18,9 24,9

Chlorures 4.2 46,3 19.7 13,3 16,4

Sulfates 2,8 27,5 15,2 15,6 38,8

cor 2,7 26,8 20,8 19,4 20.2

Plomb 2,9 43,6 18,6 17,5 17,4

Cadmium 2.8 36,9 20,9 17,3 21,9

Chrome 6,3 42,2 20,3 12,9 18,2

Mercure 1,9 7,4 S,7 64,8 20.2

Arsenic 1,8 . 36,4 14,I 15,0 32.7

lmbrOlés 3,4 42,0 24,5 17,2 13,0

Chaux libre 2,2 27,6 28,I 19,2 22,9

• MIOMA O MIOMC

• MIOMB e MIOMO

1

1,0 0,1 0,0

Figure 18 : Courbes granulométriques des quatre mâchefers

Les pourcentages massiques coi sont déterminés par analy­

se granulométrique (figure 18). Quant aux pourcentages de contribution, ils sont indiqués dans les tableaux

4 à 6.

Bien qu'elle soit la plus concentrée, la fraction 0-0,08 mm ne contribue qu'à raison de 0,5 à 10 % dans le potentiel polluant global des mâchefers ( 16 et 20 % respectivement pour le mer­

cure et le chrome dans le cas de A). Ces faibles pourcen­

tages de contribution sont dus au fait que la fraction la plus

Tableau

4:

Pourcentages de contribution (MIOM A) q,> 0,08 0,08-1

1-2 2-4 cp>4

Fraction soluble 6,3 33,I 16,6 16,3 27,6

Chlorures 10,7 46,I 16,2 13,7 13,3

Sulfates 11,5 39,6 13,6 11,2 24,I

cor 5,5 31,0 1'4,8 18.1 30,6

Plomb 8,1 38,I 17,4. 16,7 19,6

Cadmium 7,7 '4-4,9 18,6 1'4,1 1'4,6 Chrome 20,0 36.S 16,9 13,0 13,7

Mercure IM 28.2 12,2 1'4,9 28,3

Arsenic '4,9 29,3 1'4,4 20.1 31,3

lmbrOlés 9,8 49,8 15,9 1'4,8 9,8

Chaux libre 3,9 52,I 17,3 11,5 15,2

24

Tableau

6:

Pourcentages de contribution (MIOM C) q,(mm) q,>0,08 0,08-1 1·2 2-4 q,>4

Fraction soluble '4,4 27,5 20.0 19,I 29,0

Chlorures 6,0 29,9 20,0 19,9 24,2

Sulfates '4.0 23,4 18,7 18,8 35,0

cor 5,0 29,8 18,2 17,5 29,5

Plomb 8,4 45,5 18,6 11,9 15,6

Cadmium 6,1 34,6 19,2 15,0 25,I

Chrome 11,0 27,8 21,2 18,6 21,3

Mercure 8,1 31,8 22,8 14,0 23.2

Arsenic 5,0 29,8 18,2 17.S 29,5

lmbrOlés 5,7 32,7 19,6 19,7 22,4

Chaux libre 6,4 38,6 15,8 23,9 15,2

fine (0-0,08 mm) représente au plus 5 % du poids global du mâchefer.

Contribuant à raison de 25 à 50 % au potentiel polluant global, la fraction 0,08-1 mm semble être la fraction la plus polluante dans le cas des MIOM A, B et C. On peut corré-

Ier ce résultat au fait que cette fraction est fortement concen- trée (bien que moins concentrée que la fraction 0-0,08 mm) et est présente à un taux massique relativement élevé (20

DÉCHETS· SCIENCES ET TECHNIQUES -N° 10- 2...,. trimestre 1998 - Reproduction interdite

(12)

à 25

%

du poids global de ces mâchefers).

Dans le cas du MIOM D, la fraction la plus polluante semble être plutôt la fraction

<j>

> 6 mm (20 à 60

%

de contribution).

Les fractions 1-2 et 2-4 mm semblent contribuer de maniè­

re assez équitable dans le potentiel polluant global ( 10 à 15

%

pour A, 15 à 25

%

pour B et 15 à 20

%

pour C). Seul le mercure ne vérifie pas ce résultat dans le cas de B (5

%

de contribution par la fraction 1-2 mm et 65

%

de contri­

bution par la fraction 2-4 mm). De la même manière, les frac­

tions 1-2, 2-4 et 4-6 mm du MIOM D présentent des pour­

centages de contribution assez identiques (de l'ordre de 10 à 15

%).

Bien qu'elle soit en général la moins concentrée, la fraction la plus grossière

<j>

> 4 ou 6 mm contribue énormément au potentiel polluant global ( 15 à 35

%)

En adoptant un raisonnement identique à celui utilisé dans l'établissement de bilans matières sur le potentiel polluant,

Tableau 7 : Pourcentages de contribution (MIOM

D)

ljl(mm) ljl> 0,08 0,08-1 1-2 2-4 4-6 ljl>6 Fraction soluble 3,3 18,2 11,7 9,0 11,2 46,6 Chlorures 5,9 31.5 13,3 10,I 10,9 28,4 Sulfates 4,5 25,5 10,12 9,4 11,7 38,7

lmbrùlés 4,2 26,0 13.0 11,I 8,1 37,6

COT 4,7 29,3 12,5 9,4 9,6 34,5

Chaux libre 3,1 30,5 18,0 14,5 10,8 23.0

Plomb 0,5 13,7 12.7 11,I 9,4 52,6

Cadmium 1,0 9,7 6,5 10,7 8,0 64,I Chrome 7,6 34,3 15,4 11,2 9,7 21,8

Mercure 1,0 11,0 8,7 9,3 10,7 59,2

Arsenic 2,6 20,I 15,3 12,3 8,7 41,0

lmbrùlés 4.2 26,0 13,0 11,I 8,1 37,6

Chaux libre 3,1 30,5 18.0 14.5 10.8 23,0

Tableau 8: Analyse élémentaire. Pourcentages de contribution (MIOM A et

B)

Fraction MIOMA MIOMB

(mm) Ca Pb Cd Cr Ca Pb Cd Cr

q, < 0,08 7,3 5.7 9,6 1.6 3,3 1,8 3,7 0,6

0.08 - 1 41,I 51,7 40,9 12,5 44,3 33,7 51.6 17,2 1 - 2 21,3 22,5 22.7 20,I 25.0 23.5 23.1 13,8 2-4 14,4 11,6 13.2 25.8 14,0 16.0 12,6 9,0 q, > 4 15,9 8,5 13,6 39,9 13,3 25.1 9,0 30,9

Tableau 9 : Analyse élémentaire. Pourcentages de contribution (MIOM Cet

D)

(la légende<)>> 4 se réfère à la fraction 4-6 mm dans le cas du MIOMO)

Fraction MIOMC MIOMO

(mm) Ca Pb Cd Cr Ca Pb Cd Cr

q, < 0,08 4.0 3,4 7.0 1,2 3.2 1,8 3,7 1,4

0.08- 1 35,0 33,3 36,0 17,0 20,2 26,9 23,5 7,4 1 - 2 24,3 25.8 22,9 21.4 19,5 12.0 13,9 8.2 2 - 4 15,8 20.8 15,0 17,9 11,7 11,7 11,5 10,5

q, >4 20,8 16.6 19,0 42,5 8,9 14,3 9,5 11,0

q, > 6 36,S 33,4 37,8 61,5

DÉCHETS -SCIENCES ET TECHNIQUES 10 -2-trimestre 1998 · Reproduction Interdite

nous avons évalué la contribution de chaque fraction gra­

nulométrique à la « charge chimique » globale des mâche­

fers (tableaux 8 et

9).

De manière générale, la fraction fine

(4>

< 0,08 mm) ne semble contribuer qu'à raison de 1 à 10

%

à la charge glo­

bale des mâchefers. En conséquence, le tamisage des mâche­

fers réalisé à 0,08 mm ne permettrait de réduire la charge globale des mâchefers que de 1 à 5

%.

Dans le cas des autres fractions granulométriques

(f > 0,08 mm), la charge chimique est majoritairement répar­

tie soit dans la fraction

<j>

> 6 mm (cas du MIOM D). soit encore dans la fraction 0,08-1 mm (cas de A. B ou C).

Quoi qu'il en soit, 30 à 50

%

de la charge chimique des mâchefers est contenue dans la fraction 0-1 mm. Ce pour­

centage de contribution peut atteindre 60 à 80

%

pour la frac­

tion 0-2 mm et 70 à

90 %

pour les fractions 0-4 ou 0-6 mm.

Le tamisage réalisé à 1, 2 ou 4 mm pourrait diminuer la charge chimique des mâchefers de respectivement 30 à 50

%,

50 à 70

%,

60 à

90 %.

Ainsi, le tamisage permettrait d'une part de réduire le potentiel polluant des mâchefers comme il a été montré auparavant, et d'autre part d'entra­

ver la prise hydraulique puisque la charge chimique en cal­

cium comme en chaux est sensiblement diminuée par tami­

sage.

EFFET DU TAMISAGE

Afin d'estimer dans quelle mesure le tamisage diminue ou augmente le potentiel polluant des mâchefers, nous avons introduit la notion de

%

d'atténuation.

Le potentiel polluant de la fraction

4>

> dk après tamisage du mâchefer à dk (enlèvement de la fraction 0-dk) se définit par la relation :

1 i = k CMIOM - --

I. c

CO;

100;=1 (Pot)

i

amisat = ---i

= k 100-I,co;

i = 1

Le pourcentage d'atténuation du potentiel polluant du mâche­

fer se définit par la relation : Tamisat

%

Att = 1 OO CM10M - (Pot) k CMIOM

Les pourcentages d'atténuation ainsi calculés sont consi­

gnés dans les tableaux 10 à 13. A partir de ces résultats, il est possible de remarquer que le tamisage des mâchefers à 0,08 mm ne diminue que très faiblement leur potentiel pol­

luant global. Les pourcentages d'atténuation sont d'au plus de 10

%

pour l'ensemble des paramètres analytiques.

En revanche, le pourcentage d'atténuation devient intéres­

sant lorsqu'il s'agit de tamiser les mâchefers à des diamètres supérieurs à 0,08 mm, notamment aux diamètres les plus éle­

vés tels que 2, 4 ou 6 mm. A ce titre, le tamisage permet­

trait de diminuer le potentiel polluant de 10 à 30

%

(tami­

sage à 1 mm), 20 à 45

%

(tamisage à 2 mm) et 25 à 60

%

(tamisage à 4 ou 6 mm).

25

(13)

Tableau 10: Effet du tamisage.% d'atténuation (MIOM

A)

Tamisage à Fraction soluble Chlorures Sulfates COT Plomb Cadmium Chrome Mercure Arsenic lmbrOlés Chaux libre

0,08mm 1 mm

3,3 17.5

7,9 41,3

8,8 33,6

2,6 13,7

5,3 4,9 17,5 13,8 1,9 7,0 0,9

26,9 35,6 40,7 24,7 10,5 45,0 40,2

2mm 23.3 53,0 38,6 15,I 36,8 50,0 53,5 24,7 10,4 57,I 53,S

4mm 26,4 64,S 35,9 18,6 47,9 61,I 63,S 24,7 16,6 74,0 59,5

Tableau 11 : Effet du tamisage.% d'atténuation (MIOM B)

Tamisage à Fraction soluble Chlorures Sulfates COT

Plomb Cadmium

Chrome Mercure Arsenic Imbrûlés Chaux libre

0,08mm 1 mm

1,1 13,I

3,0 33,3

1,6 6,1

1.5 18,5

1.7 27,9

1,6 18,8

5,1 30,6

0,7 -22.2

0,5 16,7

2.1 26,3

1,0 5,4

2mm 20,8 46,I 1.4 28.3 36,9 28,9 43,6 -53,9 13.6 45,4 23,8

4mm 26,0 51.2 - 15.4 40.0 48,3 34,8 45,8 40,0 2,7 61,3 32,0

Tableau 12 : Effet du tamisage.% d'atténuation (MIOM

C)

Tamisage à Fraction soluble Chlorures Sulfates COT Plomb Cadmium Chrome Mercure Arsenic lmbrfllés Chaux libre

0,08mm 1 mm

2,7 14,6

4.3 19,6

2.3 8,9

3,9 16,0

6,7 42,I

4,4 25,6

9,4 23,2

6,4 24,6

3,3 18,2

4,0 22,6

4,8 31.I

2mm 23,0 29,4 13,8 25,I 55,9 35,8 36,I 40,4 24,8 32,7 37,3

4mm 31.9 43,I 17,7 35,8 63,3 41,0 49,9 45,4 30,7 47,3 64,2

De manière générale, on peut dire que le pourcentage d'at­

ténuation est d'autant plus important que le diamètre de tami­

sage est élevé.

Néanmoins, il semble dans certains cas que le tamisage conduise à des pourcentages d'atténuation négatifs. Ce qui correspondrait à une augmentation du potentiel polluant.

C'est le cas des sulfates {tamisage de

B

à 4 mm), du mercure (tamisage de

B

à 1 ou 2 mm ou de D à 1, 2, 4 ou 6 mm). du

26

Tableau 13 : Effet du tamisage.% d'atténuation (MIOM D)

Tamisage à 0,08mm 1 mm 2mm 4mm 6mm

Fraction soluble 2,2 Chlorures 4,9

10,7 28,8 20,5 24,9

15,6 17,3 21,3

37,7 43.8 52, 1

Sulfates COT Plomb Cadmium Chrome Mercure Arsenic Imbrûlés

Chaux libre 3,5 3,7 -0,5 2,10"

6,7 - 6.10-•

1,6 3,2 2,1

2.4 -1,5 34,0 - 7.10�

12,I 20,6 24,5

24,5 27,9 34,7

32,4 36,8 41,7

7,7 -4.5 46,2 - 1.10·' 21,8 28.3 39,0

11,2 -3,1 55,0 - 2.10-J 29,0 34,6 51,6

I l, 1 -8,2 63,2 -4,10"' 30,8 36,5 61,I

Tableau 14 : Pourcentages d'atténuation de la charge chimique (MIOM

A

et B)

Mâchefer MIOMA MIOMB

<!>(mm) 0-0,08 0-1 0-2 0-4 0-0,08 0-1 0-2 0-4 Calcium 4,4 29,8 47,2 57,7 2.1 29,4 50,5 60,5 Sulfates 5, I 27,0 40,3 54,7 1,7 16,9 24,6 27,2 Plomb 2.8 42,I 65,0 77,4 0,5 13,0 25.6 25,4 Cadmium 6,8 32,7 53,3 63,7 2,5 39,9 61,0 73.4 Chrome -1.4 -16,7 - 14,6 -6,3 -0,6 -10,6 - 23,6 8,2

Tableau 15 : Pourcentages d'atténuation de la charge chimique (MIOM

C

et D

Mâchefer MIOMC

<!> (mm) 0 - 0,08 0 -1 Calcium 2.3 23,5 Sulfates 4,8 22,2 Plomb 1,6 Cadmium 5,4 Chrome -0,6

20,6 28,5 -2,7

0 -2 0 -4 0 -0,08 0 -1 41,5 51.2 2,2 12.9 34,5 47,2 4,9 33,3 40,0 60,9 0,8 18,9 45,5 55,3 2.7 17,2 3,2 0.1 0,4 -3.7

MIOMO 0-2

27,9 49,5 25.1 25,7 -4,7

0-4 0-6 35,0 38,3 57,7 65,8 31,8 43,6 32.3 36.1 -3,7 -3,9

plomb (tamisage de D à 0,08 mm) et du cadmium (tamisa­

ge de D à 1, 2, 4 ou 6 mm).

Par ailleurs, on peut observer dans d'autres cas que le pour­

centage d'atténuation diminue lorsque le diamètre de tami­

sage augmente. C'est le cas du cadmium

(MIOM D),

des sul­

fates

(MIOM

A et

B),

de l'arsenic et du mercure

(MIOM B).

Afin de mieux prévoir l'effet du tamisage dans l'atténuation du potentiel polluant d'un mâchefer, il faut connaître non seu­

lement la distribution du potentiel polluant dans les fractions granulométriques, mais aussi la distribution granulométrique (analyse granulométrique). Cette détermination permet d'établir des bilans de matière qui tiennent compte simul­

tanément de ces deux facteurs.

Quoi qu'il en soit, le tamisage pourrait constituer un moyen efficace pour entraver la prise en masse des mâchefers dans le temps. puisqu'il permettrait de diminuer la teneur initia­

le des mâchefers en chaux libre de 1 à 5 % (tamisage à 0,08 mm) jusqu'à 30-40 % (tamisage à 1 ou 2 mm), voir 50-

DÉCHET$ -SCIENCES ET TECHNIQUES -N° 10 -2""'0 trimestre 1998 -Reproduction interdite

(14)

60

% (tamisage à

4

ou

6

mm). On rappelle que la chaux est reconnue par son aptitude à se carbonater, si bien qu'elle contribue fortement à la prise en masse des mâchefers.

Les pourcentages d'atténuation de la charge chimique sus­

ceptibles d'être obtenus par tamisage sont calculés en adop­

tant le même raisonnement que pour les pourcentages d'at­

ténuation du potentiel polluant. Les pourcentages ainsi cal­

culés sont consignés dans les tableaux

14

et

15.

Comme dans le cas du potentiel polluant, le tamisage des mâchefers à

0,08

mm ne diminue que très faiblement la charge chimique

( 1

à

7

% d'atténuation). Dans le cas où le tamisage est réalisé à des diamètres supérieurs à

0,08

mm,

notamment à

2, 4

ou

6

mm, l'atténuation de la charge chi­

mique devient importante. En effet, le tamisage pourrait diminuer la charge chimique des MIOM de

10

à

40

% (tami­

sage à

1

mm), ou de

25

à

60

% (tamisage à

2

mm), voire de

30

à

70

% (tamisage à

4

ou

6

mm).

Cependant, la charge chimique du chrome semble aug­

menter à la suite du tamisage des mâchefers (les pourcen­

tages d'atténuation de la charge chimique sont en effet néga­

tifs).

En conclusion, en faisant abstraction de quelques cas rares, le tamisage permettrait d'améliorer la qualité environne­

mentale des mâchefers en réduisant aussi bien leur poten­

tiel danger (potentiel polluant) que leur potentiel risque (charge chimique).

CONCLUSION

Afin de mieux connaître la qualité environnementale des mâchefers, nous avons évalué, pour quatre mâchefers d'ori­

gines différentes, la distribution de la charge chimique (analy­

se élémentaire) et du potentiel polluant (comportement à la lixiviation

X3

l

-2

I

0)

dans différentes fractions granulomé­

triques.

De manière générale, les fractions fines (notamment la frac­

tion

0-0,08

mm) montrent des teneurs en éléments pol­

luants plus élevées que les fractions grossières. Toutefois, en tenant compte de l'analyse granulométrique des mâchefers, il ressort que la fraction la plus fine

(0-0,08

mm) ne contri­

bue qu'à raison de

1

à

10

% dans le potentiel polluant global des mâchefers comme dans leur charge chimique globale.

En revanche, la fraction contribuant le plus au potentiel pol­

luant global ou à la charge chimique globale semble être <jl

>

6

mm dans le cas du MIOM D et

0,08-1

mm dans le cas

des MIOM A, B et C. Cette différence semble s'expliquer par le fait que le MIOM D n'est pas criblé en sortie d'usine d'incinération contrairement aux trois autres MIOM. De ce fait, la fraction <jl >

6

mm du MIOM D représente un pour­

centage massique suffisamment élevé pour contribuer majo­

ritairement au potentiel polluant global comme à la charge chimique globale.

Quoi qu'il en soit, le potentiel danger (charge chimique) comme le potentiel risque (potentiel polluant) sont répar­

tis en moyenne à raison de

30-50, 50-70

et

60-90

% res­

pectivement entre les fractions

0-1, 0-2

et

0-4

mm.

DÉCHETS -SCIENCES ET TECHNIQUES -N° 10 -2- trimestre 1998 -Reproduction interdite

Le tamisage des mâchefers à

2

ou

4

mm permettrait donc de réduire le potentiel polluant global de

20

à

60

% selon

l'indicateur de pollution.

Par ailleurs, il pourrait contribuer à entraver la prise hydrau­

lique des mâchefers lorsqu'il sont mis en stockage, puisque la teneur totale en calcium ou celle en chaux libre sont sensi­

blement diminuées par tamisage. Dans ce cas, les mâchefers peuvent être repris plus aisément après leur maturation (sans tamisage, les mâchefers durcissent davantage au cours de leur maturation qui se produit naturellement pendant le stockage).

La simulation expérimentale de l'effet du tamisage sur la qualité des MIOM a été étudiée sur divers tas de mâchefers et sera discutée dans une seconde partie.

En tout état de cause, pour pouvoir prévoir l'effet du tami­

sage dans l'amélioration de la qualité environnementale d'un mâchefer, il faudrait connaître de manière assez précise la répartition granulométrique du potentiel polluant de ce mâchefer. Ce qui suppose la connaissance à la fois du com­

portement à la lixiviation de diverses fractions granulomé­

triques et de la courbe granulométrique du mâchefer. Il serait finalement possible de fixer le diamètre de tamisage

(2, 4

ou

6

mm) qui permettrait les meilleures performances en terme de réduction du potentiel polluant et d'entrave de la prise hydraulique.

Ahcéne Amokrane*, Jean-Marie Blanchard*, lnsa-Lyon, Laepsi - 20 avenue Albert Einstein - Bâtiment 404 - 69621 Villeurbanne cedex

Hervé Billard**,

France-Déchets - Avenue Jean Jaurès - BP 29 - 78440 Gargenville Lise Chatelet-Snidaro***, Thierry Delineau***, Christophe Bourdier***,

Cered France-Déchets - Route de la Chapelle Réanville - BP 2265 - 27950 Saint-Marcel

Les auteurs précisent que ce travail s'inscrit dans la cadre d'un programme de recherche réalisé au Cered avec le soutien financier de l'Ademe.

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Amokrane A & Blanchard J.-M. Éla­

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