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A la recherche du temps présent: le paradoxe du Bénoni en hébreu

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A la recherche du temps présent: le paradoxe du Bénoni en hébreu

SHLONSKY, Ur

SHLONSKY, Ur. A la recherche du temps présent: le paradoxe du Bénoni en hébreu. In:

Rouveret, A. "Être" et "Avoir" . Saint-Denis : Presses universitaires de Vincennes, 1998. p.

227-253

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:83487

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1 / 1

(2)

Ur Shlonsky

À LA RECHERCHE DU TEMPS PRÉSENT : LE PARADOXE DU BÉNONI EN HÉBREU

1

1. Introduction

La forme verbale figurant dans les phrases au temps présent en hébreu (appelée le Bénoni ou « intermédiaire ») est particulière, puisqu'elle fonctionne à la fois comme participe présent, actif ou passif (voir la et J c) et comme verbe conjugué (voir 1 b et 1 d) 2.

( 1) a. Dani haya kotev si purim.

Dani être-Passé-3MSg écrire-Bénoni-MSg histoires

<< Dani écrivait des histoires. >>

b. Dani kotev sipurim. Dani écrire-Bénoni-MSg histoires

<< Dani écrit des histoires. »

c. ha-'lugot sam hay-u

les-gateaux là être-Passé-3MSg

mugas-ot 'lai yedei robotim

servir-Bénoni-Passif-FPI par robots

<< Ces gâteaux-là étaient servis par des robots. »

cl. ha-'lugot sam mugas-ot 'lai yeclei robotim.

les-gateaux là servir-Bénoni-Passif-FPI par robots

<< Ces gâteaux-là sont servis par des robots. »

En (1 a), la forme kotev suit 1' auxiliaire sur lequel est réalisée la spécification du temps, à savoir [+passé]. En (1 b), par contre, la même forme apparaît sans

(3)

228 Études sur « être » et << avoir >>

auxiliaire, et la spécification de temps est celle de présent. Les phrases (le, d) illustrent le même caractère hybride du Bénoni à la voix passive 3

Bien qu'il soit évident que le Bénoni est ambigu, il reste à déterminer en quoi exactement réside cette ambiguïté et comment la formaliser 4

Dans un premier temps je soutiendrai l'hypothèse la plus simple, c'est- à-dire que le Bénoni est toujours un participe et donc une forme non ambiguë.

Je tenterai d'expliquer son comportement comme verbe conjugué en faisant appel à un trou dans le paradigme de l'auxiliaire<< être>>. À la suite de Berman (1978), je supposerai qu'un auxiliaire phonétiquement nul apparaît en (1 b, d). Dans cette optique, il n'y aurait aucune différence syntaxique entre les phrases en (la, c) et celles en (lb, d) : les quatre seraient des phrases à temps composé où le Bénoni apparaît comme participe.

Ayant établi que le Bénoni est un participe, je m'intéresserai à son comportement comme verbe au temps présent et tenterai de répondre à la question principale de cet article : comment le Bénoni peut-il être à la fois un participe et un verbe spécifié pour le temps ?

Remarquons que seul le Bénoni peut apparaître enchâssé sous l'auxiliaire<< être>>. Comparons (la) ci-dessus avec les phrases en (2) 5.

(2) a. *Daniela

Daniela

hay ta

être-Passé-3FSg

katv-a sipurim.

écrire-Passé-3FSg histoires

<<Daniela écrivait/était en train d'écrire des histoires. >>

b. *Daniela hayta ti-xtov sipurim.

Daniela être-Passé-3FSg 3FSg-Fut-écrire histoires

<<Daniela écrivait/était en train d'écrire des histoires. >>

Selon une idée largement répandue, un participe est un verbe qui ne possède pas de spécification temporelle. En termes configurationnels, on peut interpréter cette idée en supposant que ce qui caractérise le participe est que ses traits morphologiques et sémantiques sont tous légitimés au-dessous de la projection T(emps)P.

Il est généralement admis que toute proposition complète doit obligatoirement contenir un TP. Il s'ensuit donc que le participe ne peut pas être le seul verbe dans une telle proposition, puisqu'il n'est pas associé à T6.

En revanche, un verbe complet est un verbe spécifié pour le temps, à savoir, un verbe doté d'un trait de temps et donc associé à T par le biais de Déplacer a. J'admets que les éléments lexicaux sont associés à des traits morphologiques d'accord, de temps, etc., dans le lexique et que ces traits doivent être vérifiés par les têtes fonctionnelles portant les mêmes traits lors de la dérivation syntaxique. Il existe deux configurations de vérification : Spec-tête pour les traits nominaux et tête-tête (ou incorporation) pour les traits

(4)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 229

verbaux (pour plus d'informations, voir Chomsky (1993) et la littérature émergeant dans Je cadre du programme minimaliste).

Lorsqu'il fonctionne comme le verbe thématique d'une proposition à temps composé, le participe est relégué dans la partie basse de la phrase, au dessous de TP. Prenons l'exemple d'un participe passé en français (voir, en particulier, Belletti, 1990; Kayne, 1989a).

(3) Marie est entrée.

Le domaine accessible au mouvement du participe passé entrée est délimité par l'arc en (4) ci-dessous. Ce schéma sert également à rendre explicite la hiérarchie des projections fonctionnelles admise dans ce travail 7

(4) AgrsP

Le participe en (4) peut, en principe, monter jusqu'à Agrpart, soit dans la syntaxe audible, soit en Forme Logique (désormais FL) [le choix résulte d'une option paramétrique spécifiée pour chaque langue]. L'auxiliaire ou le verbe supérieur est actif dans le domaine supérieur de la proposition. Il monte jusqu'à Tet Agrs.

La constatation que les participes sont dépourvus de spécification temporelle pourrait alors être réduite à une interaction entre la morphologie et la syntaxe. Un participe n'a pas de traits morphologiques de temps et n'a donc pas besoin de vérifier ces traits en se déplaçant à T. Les traits de T, en revanche, sont vérifiés par l'auxiliaire, qui constitue un verbe qui porte des traits de temps morphologiques.

Considérons le fait que le paradigme flexionnel du Bénoni est nettement appauvri si on le compare avec les formes canoniques des temps passé et futur. Comparons (5) et (6) ci-dessous. Les formes du futur et du passé manifestent les traits de personne, nombré et genre, tandis que le Bénoni ne manifeste que les traits de nombre et de genre.

(5)

230 Études sur « être » et « avoir »

(5) FUTUR PASSÉ

singulier pluriel singulier pluriel

1 ?e-xtov ni-xtov kata v-ti katav-nu

2m ti-xtov ti-xtev-u kata v-ta katav-tem

2f ti-xtev-i katav-t

3m yi-xtov yi-xtev-u kata v katv-u

3f ti-xtov ka tv-a

(6) BÉNONI

singulier pluriel Masc. kotev kotv-im Fém. kotev-et kotv-ot

Admettons que la morphologie d'accord manifestée sur le Bénoni, l'accord participial, constitue le faisceau de traits du nœud Agrpart, engendré au- dessous de TP, comme en (4).

L'accord parti ci pi al est une relation d'accord entre le sujet et le participe. Dans une construction à temps composé en hébreu, le sujet s'accorde deux fois, une fois avec le participe et une fois avec l'auxiliaire. Ces deux réalisations de l'accord sont liées à la présence de deux projections d'accord sujet dans une proposition à temps composé, à savoir AgrsP et AgrpartP. Les traits d'accord y sont vérifiés dans une configuration Spec-tête entre le sujet et la tête d'accord.

Étant intrinsèquement non spécifiés pour les traits de temps, les participes jouent le rôle de prédicat dans diverses propositions réduites, soit en position complément (par exemple, le complément propositionnel des verbes de perception), soit en position d'adjoint à des niveaux différents d'attachement. (7) fournit des exemples tirés de trois langues relativement bien étudiées (je fais abstraction des différences entre participes présents et participes passés ainsi que des différences entre gérondifs et participes).

(7) a. J'ai vu Marie courant dans la rue.

b. Conosciuta Maria, Gianni e partito.

c. John entered the room chewing gum.

français italien anglais

Je supposerai que les propositions réduites compléments constituent des unités propositionnelles d'une certaine taille, bien qu'elles ne contiennent pas la projection TP. Autrement dit, la structure de [Marie courant dans la rue] en (7a) est au moins un VP et contient probablement une ou plusieurs projections fonctionnelles telles que AgrpartP (voir, en particulier, Cardinaletti & Guasti, 1991). Elle n'inclut toutefois pas de projection TP. J'admettrai qu'une structure semblable caractérise également les petites propositions adjointes et les gérondifs.

(6)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 231

2. Le Bénoni comme participe

Trois réalisations typiques du Bénoni participial sont illustrées en (8).

En (8a), le Bénoni est enchâssé sous un auxiliaire, tout comme dans les exemples discutés auparavant. En (8b), il est le verbe principal d'une proposition réduite, le complément propositionnel d'un verbe de perception.

Finalement, le Bénoni en (8c) joue le rôle d'un gérondif adjoint.

(8) a. ha-yladim hay-u kotvim sipurim.

les-enfants être-Passé-3MPI écrire-Bénoni-MPI histoires

<< Les enfants écrivaient des histoires. »

b. ra?i-ti ?et ha-yladim kotvim

voir-Passé-! Sg Ace les-enfants écrire-Bénoni-MPI

<<J'ai vu les enfants écrire des histoires.>>

c. ha-yladim yasv-u ba-xeder les-enfants assesoir-Passé-3pl dans-la-salle

lo1asim mastik.

mâcher-Bénoni-MPI chewing-gum

si purim.

histoires

<< Les enfants étaient assis dans la salle, mâchant du chewing-gum. >>

2.1. Le Bénoni participial aux temps composés

Considérons d'abord le Bénoni aux temps composés. À côté de (8a), spécifié comme [passé], nous avons (9), où apparaît la forme du futur du verbe << être >>. Cependant, la forme du participe reste inchangée.

(9) ha-yladim y-hy-u kotvim sipurim.

les-enfants 3MPI-Fut-être écrire-Bénoni-MPI histoires

<< Les enfants écriront/seront en train d'écrire des histoires. >>

La distribution des adverbes temporels étaye l'affirmation que le participe est dépourvu de temps. Lorsqu'un auxiliaire au passé apparaît dans la phrase, seul un adverbe faisant référence au passé y est légitime, comme le montre la comparaison de (lüa) et (lOb).

( 1 0) a. ha-ylaclim ha y-u kotvim si purim ?etmol.

les-enfants être-Passé-3MPI écrire-Bénoni-MPI histoires hier

<< Les enfants écrivaient des histoires hier. >>

b. *ha-yladim hay-u kotvim sipurim

les-enfants être. passé-3MPI écrire-Bénoni-MPI histoires maxar/1axsav.

demain/maintenant

<< Les enfants écrivaient des histoires demain/maintenant. >>

(7)

232 Études sur << être » et « avoir »

Admettons que la référence temporelle d'un adverbe doive être légitimée par (ou ancrée dans) une spécification appropriée de traits de temps sur T (sans préciser ici la manière d'effectuer cette légitimation). Le participe lui-même est dissocié de T et n'est donc pas en mesure de légitimer un adverbe temporel.

Peut-on fournir une caractérisation plus précise de la position du participe en (8a) ou (9) ? Remarquons que les adverbiaux n'y sont pas contraints à se manifester à la fin de la proposition, comme en (10). De façon cruciale, ces adverbiaux peuvent aussi occuper une position intercalée entre le participe et le complément d'objet direct. Ceci est exemplifié en (11).

(Il) ha-yladim ha y-u kotv-im b-idey-hem si purim.

les-enfants être-Passé-3MPI écrire-Bénoni-MPI avec-mains-Pl histoires

« Les enfants écrivaient des histoires avec leurs mains. »

L'apparition d'un élément adverbial entre l'objet direct et le verbe démontre que ces derniers ne sont pas sœurs en S-structure, car s'ils 1' étaient - voir (12a) -, il n'y aurait aucune position disponible pour l'adverbe. (11) pourrait être considéré comme une évidence en faveur d'une structure telle que (12b), où le verbe monte par-dessus l'adverbe vers une tête fonctionnelle supérieure.

Il en résulte l'ordre des mots verbe"adverbe"objet direct. À la suite de Friedemann & Siloni (1993), j'admettrai que Agrpart est la position d'arrivée du verbe en (11) (ce genre d'argumentation est identique à celui développé par Emonds (1978) et Pollock (1989), afin de diagnostiquer le mouvement du verbe français.)

(12) a.

V'

~~ dire't

b. X .(=Agrpart0)

~ ~

/ V'~

tverbe objet direct

(8)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 233

Un autre diagnostic standard pour le mouvement du verbe fait appel à la distribution des quantificateurs sujets flottants (voir Sportiche, 1988). La présence du quantificateur flottant kulam en (13), intercalé entre le participe et l'objet direct, indique que le verbe est monté au-delà de la position thématique du sujet, à l'intérieur du VP 8. J'admettrai que le participe Bénoni s'incorpore à Agrpart avant la Forme Phonétique (désormais FP) 9.

( 13) ha-yladim hay-u kotv-im ku l-am sipurim.

les enfants être-Passé-3MPI écrire-Bénoni-MPI tous-MPI histoires

<< Les enfants écrivaient tous des histoires. >>

Considérons le fait que la particule de négation précède l'auxiliaire et ne peut pas le suivre 10.

( 14) a. ha-yladim lo- ha yu kotv-im si purim.

les enfants Neg- être-Passé-MPI écrire-Bénoni-MPI histoires

<< Les enfants n'écrivaient pas d'histoires.>>

b. *ha-yladim hayu lo- kotv-im sipurim.

les enfants être-Passé-MPI Neg-écrire-Bénoni-MPI histoires

<<Les enfants n'écrivaient pas d'histoires. >>

Admettons, avec entre autres Belletti (1990), que la projection NegP domine TP, et que lo soit la tête du NegP. L'agrammaticalité de (14b) découlerait du fait que le participe ne peut ni accéder à NegP ni traverser NegP, car il se borne à ne pas traverser TP.

Le verbe peut précéder le sujet en hébreu, sous certaines conditions étudiées dans Shlonsky & Doron (1992) et Shlonsky ( 1997). Supposons que l'inversion du verbe et du sujet résulte du mouvement du verbe hors de IP, vers une position quelconque en CP. Le sujet, il faut le préciser, reste en SpecAgrsP.

( 15) a. ?etmol ha-yladim katv-u sipurim.

hier les-enfants écrire-Passé-3PI histoires

<< Hier, les enfants écrivaient des histoires. >>

b. ?etmol katv-u ha-yladim sipurim.

hier écrire-Passé-3PI les enfants histoires

<< Hier, les enfants écrivaient des histoires. >>

Considérons maintenant le fait que dans une construction à temps composé, seul l'auxiliaire peut précéder le sujet, comme en (16). Ce contraste est attendu précisément parce que le participe ne peut pas monter en C, à travers le sujet en SpecAgrsP; sa trajectoire est circonscrite par l'arc en (4).

(9)

234 Études sur « être » et « avoir >>

( 16) a. ?etmol hay a Dani kotev sipurim.

hier être-Passé-3MSg Dani écrire-Bénoni-MSg histoires

<< Hier, Dani écrivait des histoires. >>

b. *?etmol haya kotev Dani sipurim.

hier être-Passé-3MSg écrire-Bénoni-MSg Dani histoires

« Hier, Dani écrivait des histoires. >>

Trois propriétés caractérisent donc le Bénoni participial :

• il n'est pas capable de légitimer les adverbiaux temporels ;

• il se trouve plus bas que la négation ;

• il ne peut pas monter en C.

On verra dans les sections suivantes que ces trois propriétés caractérisent le Bénoni dans d'autres constructions.

2.2. Le Bénoni dans les compléments phrastiques

Considérons tout d'abord le comportement du Bénoni comme prédicat dans une proposition réduite complément d'un verbe de perception.

Les exemples ( 17) montrent que les adverbes de temps sont sensibles à la spécification temporelle du verbe principal et non pas à celle du prédicat à l'intérieur de la proposition réduite. Un adverbial comme« hier>> est donc possible quand« voir» est au passé. Un adverbial comme« demain >> ne l'est pas. Le Bénoni prédicat en (17) n'a pas d'incidence sur la légitimation des adverbes.

( 17) a. ra?i-ti ?et ha-yladim kotv-im

voir-Passé-1 Sg Ace les-enfants écrire-Bénoni-MPI sipurim ?etmol.

histoires hier

«J'ai vu les enfants écrire des histoires hier.>>

b. *ra?i-ti ?et ha-yladim kotv-im

voir-Passé-1 Sg Ace les-enfants écrire-Bénoni-MPI sipurim maxar.

histoires demain

«J'ai vu les enfants écrire des histoires demain. >>

À la suite de Siloni ( 1997), admettons que les propositions réduites dont le prédicat est un verbe au Bénoni, constituent des projections d' Agprpart. Étant donné qu'un PP adverbial tel que b-idey-hem « avec leurs mains >> peut apparaître intercalé entre le verbe et l'objet direct (voir 18), on est amené à proposer (19) comme schéma de dérivation. En (19), le Bénoni monte jusqu'à Agrpart et le sujet de la proposition réduite monte dans SpecAgrpart.

(10)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu

( 18) ra?i-ti ?et ha-yladim kotv-im

voir-Passé-! Sg Ace les-enfants écrire-Bénoni-MPI b-idey-hem sipurim.

( 19)

avec-mains-3PI histoires

<<J'ai vu les enfants écrire des histoires avec leurs mains.>>

AgrpartP

DP/ ~grpart'

/ /~

235

sujet

/ grparto ~

T

V +Agcpoct"

~ /~P

tverbe

Une conséquence immédiate de cette analyse est que l'inversion du sujet ne devrait pas être possible dans les compléments phrastiques des verbes de perception. La proposition réduite enchâssée ayant la taille d'un AgrpartP, il n'y a forcément pas de position à l'intérieur de cette proposition réduite capable d'accueillir un verbe déplacé au dessus du sujet. L'agrammatical ité de (20) est donc attendue dans le cadre de cette analyse 11

(20) *ra7i-ti kotv-im ?et ha-yladim sipurim.

voir-Passé-! Sg écrire-Bénoni-MPI Ace les-enfants histoires

<<J'ai vu les enfants écrire des histoires.>>

2.3. Le Bénoni participial dans les petites propositions adjointes Penchons-nous maintenant sur (8c), répété ci-dessous.

(8) c. ha-yladim yasv-u ba-xeder les-enfants assesoir-Passé-3pl dans-la-salle

lo'lasim mastik.

mâcher-Bénoni-MPI chewing-gum

<< Les enfants étaient assis dans la salle, mâchant du chewing-gum. >>

(11)

236 Études sur « être >> et « avoir »

Le Bénoni gérondif, tout comme le Bénoni figurant dans des petites propositions compléments discuté plus haut, est dépourvu de spécification temporelle intrinsèque. Le choix des adverbes temporels est déterminé par le verbe principal. Considérons (21).

(21) ?etmol ha-yladim yasv-u ba-xeder hier les-enfants asseoir-Passé-3PI dans-la-salle

lo1asim mastik

mâcher-Bénoni-MPI chewing-gum

<<Hier, les enfants étaient assis dans la salle, mâchant du chewing-gum. »

Je supposerai que (21) est dépourvu d'une projection TP interne au syntagme gérondif. Bref, j'admettrai que (8c) a la même structure qu'une proposition réduite en position complément, à savoir qu'elle est un AgrpartP. Toutefois, cette proposition réduite se trouve en position d'adjoint et non pas de complément.

Le sujet du Bénoni prédicat d'une proposition réduite complément porte le cas accusatif (attesté par la présence du marqueur accusatif let qui précède le sujet, voir 8b). Par contre, le sujet de la proposition réduite adjointe en (8c) est phonétiquement nul. Quelle sorte de catégorie vide faut-il postuler dans cette position ?

Nous savons depuis Borer (1980) [voir aussi Borer, 1983, 1986, 1989;

Ritter, 1995 ; Shlonsky, 1990, 1997, parmi d'autres] qu'un sujet nul référentiel, un pro, n'est pas admis comme sujet d'un verbe au Bénoni, car ses traits de personne ne sont pas identifiables par cette forme, morpholo- giquement appauvrie. Par conséquent, le sujet en (8c) n'est pas un pro.

Peut-il être un PRO? Selon l'approche de Chomsky (1981), PRO ne peut apparaître que dans une position non gouvernée. Supposons que PRO occupe la position spécificateur du AgrpartP en (8c). L'adjoint ne contenant ni projection TP, ni projection CP, il s'avère que le spécificateur de AgrpartP en (8c) n'est pas une position gouvernée. En outre, le sujet de la proposition réduite adjointe n'est pas accessible au gouvernement par une tête extérieure à l'adjoint. On en conclut donc que la catégorie nulle sujet de (8c) est un PRO.

2.4. Le Bénoni participial dans les semi-relatives

Les semi-relatives constituent un type de syntagme relatif, discuté dans Siloni (1995), (1997), et illustré par (22).

(22) hine ?is ha-xosev 1al kesef.

voilà homme le penser-Bénoni-MSg sur argent

<<Voilà l'homme qui pense à l'argent. »

(12)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 237

Ce type de relative est caractérisé par un certain nombre de traits saillants :

• il peut uniquement être utilisé dans un syntagme relatif portant sur le sujet ;

• le complémenteur relatif et le déterminant défini sont homophones ;

• le verbe à 1' intérieur du syntagme relatif doit obligatoirement être un Bénoni.

Ces trois propriétés distinguent les semi-relatives des relatives pleines, exemplifiées en (23) ci-dessous, où un objet direct est relativisé, le complémenteur relatif est

se (

« que ») et le verbe est au passé.

(23) hine ha-?is voilà le-homme

se Dan ra?a.

que Dan voir-Passé-3MSg

<<Voilà l'homme que Dan a vu. >>

Siloni postule que le complémenteur relatif ha-, tout comme le déterminant défini, est un élément D et que le syntagme relatif constitue donc un DP. La sœur de D est un AgrpartP qui contient un verbe au Bénoni. La structure et l'analyse proposées par Siloni pour (22) sont schématisées en (24).

(24)

hine ?is voilà l'homme

DP

~ D'

SPEC ~

D AgrpartP

Op, ha

le

DP

/~

Agrpart'

A,L. h

t, xosev t, !al kesev

penser(Bénoni)-ms sur argent

La tête relative est engendrée à l'extérieur du DP constituant le syntagme relatif. Étendant 1' analyse standard des syntagmes relatifs pleins, admettons que le syntagme relatif soit adjoint à sa tête, le deux formant un DP élargi.

N'incluant qu'une projection AgrpartP, les DPs semi-relatifs sont forcément dépourvus d'une projection TP et le Bénoni apparaît donc dans une structure réduite apparentée à celle des constructions considérées ci-dessus.

L'absence de modification par des adverbiaux temporels, l'impossibilité

(13)

240 Études sur « être » et « avoir »

d. hu haya sam en.

il être-Passé-3MSg gros

<< Il était gros. >>

e. hu y-hye sam en.

il 3MSg-Fut-être gros

<< Il sera gros. >>

f. hu sa men.

il gros

<< Il est gros. >>

À la suite de Berman (1978), j'admettrai que « être » en (30c) et (30f) est défectif morphologiquement tout en étant parfaitement régulier d'un point de vue syntaxique. Adoptant sa règle de Copula deletion, je supposerai que la forme du présent du verbe« être» n'est pas phonétiquement réalisée mais est syntaxiquement représentée. Je propose que cette forme soit engendrée avec des traits de temps présent. Dans cette optique, (30c) serait représenté comme en (32), où

0

symbolise la séquence« être-Prés-lSg ».

(32) ?ani 0 samen.

je être-Prés-! Sg gros

<< Je suis gros. »

Revenons maintenant aux exemples de phrases aux temps composés, constitués de l'auxiliaire « être » et d'un prédicat au Bénoni (voir 2.1 ci- dessus). Supposons que les propositions au présent soient formées exactement de la même façon, à savoir, qu'elles soient composées d'un participe au Bénoni précédé par une forme phonétiquement nulle du verbe « être ». (28) donc doit être représenté comme en (33).

(33) ha-yladim 0 kotv-im sipurim.

les-enfants être-Prés-3FSg écrire-Bénoni-MPI histoires

<<Les enfants écrivent des histoires. >>

Je continuerai à admettre que Je Bénoni est dépourvu d'une spécification temporelle et ne monte pas à T. Or Test constitué de traits morphosyntaxiques qui nécessitent une vérification. Je postule que l'auxiliaire, qu'il soit réalisé (dans les exemples de phrases aux temps passé et futur) ou phonétiquement nul, est un verbe entièrement fléchi, doté de traits de temps (ainsi que d'accord sujet). La nécessité de vérifier ces traits oblige l'auxiliaire à monter à T (et à Agrs).

La solution offerte pour le paradoxe du Bénoni consiste à analyser la construction du présent simple en hébreu comme une construction composée

(14)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 241

où le verbe principal, le Bénoni, est uniquement un participe. Quoique l'hébreu possède des constructions simples et composées pour le passé et le futur, il ne possède que la forme composée pour le présent 12

Il serait utile, à ce point, de revenir aux constructions examinées dans les sections précédentes afin de montrer que chacune possède une ou plusieurs variantes où l'auxiliaire nul est activé. On montrera que ces formes manifestent une ambiguïté systématique entre des structures possédant un participe au Bénoni mais sans auxiliaire (et qui constituent donc des propositions réduites dépourvues des couches structurelles supérieures TP et AgrsP) et des structures phonétiquement identiques où le Bénoni est précédé par un auxiliaire nul, formant ainsi un IP complet.

On a montré que les propositions réduites adjointes ainsi que les semi- relatives sont dotées d'une structure phrasale restreinte, ne contenant pas les couches supérieures TP et AgrsP. On a vu que le Bénoni est le seul verbe qui peut apparaître dans ces constructions, car précisément le Bénoni est la seule forme verbale qui n'a pas accès à TP. En 3.1.1, 3.1.2, 3.1.3, respectivement, on montrera que le Bénoni peut aussi se manifester dans les adjoints propositionnels, dans des syntagmes relatifs complets et peut se trouver dans la portée de la négation propositionelle. Dans ces constructions, on le verra, le Bénoni est toujours un participe, bien qu'il soit enchâssé sous un auxiliaire nul légitimant un IP complet.

3.1 .1. Les adjoints propositionnels et participiaux

(8c), repeté ci-dessous en (34a), est structurellement distinct de sa variante presque synonyme (34b).

(34) a. ha-yladim yasv-u ba-xeder les-enfants assesoir-Passé-3pl dans-la-salle

lo1asim mastik.

mâcher-Bénoni-MPl chewing-gum

<< Les enfants étaient assis dans la salle, mâchant du chewing-gum. >>

b. ha-yladim yasv-u ba-xeder les enfants asseoir-Passé-3Pl dans-la-chambre k-se hem lo1as-im mastik.

pendant-que ils mâcher-Bénoni-MPl chewing-gum

<< Les enfants étaient assis dans la chambre mâchant du chewing-gum. >>

La première différence à noter entre (34a) et (34b) est indiquée par la présence de la séquence k-se sur la marge gauche du syntagme adjoint. Cette séquence est composée d'une préposition, k-, suivie du complémenteur fini se.

Un complémenteur est présent dans la plupart des propositions adjointes en hébreu, voir (35).

(15)

242

(35)

Études sur « être » et « avoir »

lifney-se, ?axarey-se, mipney-se, biglai-se, avant que, après que, puisque, parce que,

lamrot-se bien que

La réalisation du complémenteur

se

atteste la présence d'un CP et celle de la préposition suggère que le CP est enchâssé sous un nœud PP. Une structure plausible pour une proposition adjointe de ce genre est donc celle qui est représentée en (36).

(36)

Admettons également que le syntagme qui suit le complémenteur ne peut pas être une proposition réduite, dépourvue de temps, car C sélectionne forcément un TP (voir également note 6). Le syntagme qui suit C doit être au moins un TP. Or la présence d'un TP impose la génération d'un auxiliaire puisque un verbe au Bénoni n'a pas accès à T, comme on l'a déjà remarqué.

Une deuxième différence entre les propositions en (34a) et (34b) est que le sujet en (34b) ne peut pas être nul, tandis qu'il l'est obligatoirement en (34a). Comparons (34b) et (37).

(37) *ha-yladim les enfants

lo~as-im

yasv-u ba-xeder k-se

asseoir-Passé-3Pl dans-la-chambre pendant-que mastik.

mâcher-Bénoni-MPl chewing-gum

«Les enfants étaient assis dans la chambre mâchant du chewing-gum. »

Le sujet nul dans la proposition réduite adjointe en (34a) est un PRO, légitimé, comme on l'a constaté plus haut, en SpecAgrpartP. Or, PRO n'est pas légitime en (34b), car il est Je sujet d'une proposition complète ayant une spécification temporelle finie. Pro, d'autre part, ne peut apparaître ni en (34a) ni en (34b).

Pour être légitime, il devrait être identifié par un nœud d'accord manifestant explicitement le trait de personne (voir par exemple Rizzi, 1986). Bien que 1' auxiliaire nul qui apparaît ex hypothesi en (34b) puisse être doté de ce trait,

(16)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 243

sa réalisation n'est pas morphologiquement explicite, car phonétiquement nulle, et ne peut donc pas du tout servir à identifier un sujet nul. Si PRO et pro sont tous les deux exclus, la proposition en (34b) n'est grammaticale que si un pronom phonétiquement réalisé occupe la position sujet.

3.1.2. Les syntagmes relatifs

À côte de semi-relatives (voir 2.4.) qui requièrent la présence d'un verbe au Bénoni, la langue dispose de syntagmes relatifs complets, qui n'imposent aucune restriction sur la classe de leurs verbes. En particulier, un verbe au Bénoni peut tout à fait y apparaître, indiquant que le temps du syntagme est le présent. En (38), le complémenteur relatif

se

prend un

complément IP.

(38) a. ha-xulca se [IP Dani ta far] ...

la-chemise que Dani coudre-Passé-3MSg

« La chemise que Dani cous ut. .. >>

b. ha-xulca se [IP Dani yi-tfor] ...

la-chemise que Dani 3MSg-coudre-Fut

<< La chemise que Dani coudra ... ,;

c. ha-xulca se [IP Dani tofer] .. .

la-chemise que Dani coudre-Bénoni-MSg

<<La chemise que Dani coud ... »

(38c) contient, outre le verbe au Bénoni, un auxiliaire nul. Une caractérisation plus précise de (38c) est proposée en (39).

(39) ha-xulca se [IP Dani 0 [Agq".rtP".. tofer. .. ]]

la-chemise que Dani être-Prés-3MSg coudre-Bénoni-MSg

<< La chemise que Dani coud ... »

3.1.3. La négation avec lo dans les propositions au temps présent

Considérons, finalement, le fait que les propositions au temps présent peuvent être niées par la particule de négation lo, comme le montre (40). En d'autres termes, cette proposition devrait contenir la projection NegP, dont la présence implique celle du TP.

(40) Daniela lo tofer-et smalot.

Daniela Neg coudre-Bénoni-FSg robes

<< Daniela ne coud pas de robes. »

(17)

244 Études sur « être » et « avoir >>

4. Recapitulation

En résumé, la solution offerte dans les sections précédentes pour résoudre le paradoxe du Bénoni consiste en deux hypothèses. Premièrement, le Bénoni est toujours un participe et deuxièmement, l'hébreu possède un auxiliaire nul au temps présent. La première hypothèse explique pourquoi le Bénoni peut apparaître dans des structures « réduites >> oü les verbes au passé et au futur ne sont pas admis. La deuxième hypothèse rend compte de la présence du Bénoni dans des structures ayant une spécification temporelle. En d'autres termes, on a proposé que les propositions au temps présent en hébreu sont composées, et jamais simples.

5. La syntaxe du participe

Dans cette section, je me penche sur quelques propriétés intattendues du Bénoni participe. La discussion s'ouvre par la présentation de certains problèmes sérieux pour l'analyse esquissée dans les sections précédentes. En particulier, on verra que le Bénoni peut monter plus haut qu'on ne l'attend d'un vrai participe. Afin de résoudre ces difficultés, je reviendrai sur certains aspects de l'analyse présentée dans les sections précédentes et je tenterai de montrer que le participe monte à T.

5.1. La montée du Bénoni à Comp

Considérons d'abord le fait qu'un Bénoni peut monter jusqu'à Comp et apparaître à la gauche du sujet. (41a) exemplifie l'ordre non marqué du sujet et du verbe. (41b) est un exemple d'inversion qu'on a supposé être due à la montée du verbe en Comp à travers le sujet [voir la discussion autour des exemples (15) et (16)].

(41) a. 1axsav Daniela toferet smalot.

maintenant Daniela coudre-Bénoni-FSg robes

« Maintenant, Daniela coud des robes. >>

b. 1axsav tofer-et Daniela smalot.

maintenant coudre-Bénoni-FSg Daniela robes

<< Maintenant, Daniela coud des robes. >>

Cette option semble remettre en cause 1' analyse présentée plus haut selon laquelle le Bénoni est uniquement un participe et n'a donc pas accès aux couches supérieures de la phrase. Le problème posé par (4lb) devient encore plus évident lorsqu'on considère l'inversion dans des propositions oü un auxiliaire est phonétiquement réalisé. Dans ce cas, c'est l'auxiliaire et non pas

(18)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 245

le Bénoni qui monte à gauche du sujet, comme on peut le constater en comparant (42a) et (42b).

(42) a. ?etmol hayt-a Daniela tofer-et smalot.

hier être-Passé-FSg Daniela coudre-Bénoni-FSg robes

<< Hier, Daniela a cousu des robes. >>

b. *?etmol hayt-a tofer-et Daniela smalot.

hier être-Passé-FSg coudre-Bénoni-FSg Daniela robes

<< Hier, Daniela cousait des robes. >>

5.2. L'inversion de la copule

Considérons ensuite le phénomène que Borer ( 1995) appelle l'inversion de la copule (IC). Alors que l'ordre de l'auxiliaire et du participe est canonique en (43a), il est interverti en (43b). Les deux options sont manifestement en variation libre, bien que (43b) appartienne à un registre plus élevé.

(43) a. Dani hay a tofer smalot.

Da ni être-Passé-3MSg coudre-Bénoni-MSg robes

<< Dani cousait des robes >>

b. Dani tofer hay a smalot.

Da ni coudre-Bénoni-MSg être-Passé-3MSg robes

<< Dani cousait des robes. >>

Borer (op. cit.) étaye par de bons arguments l'hypothèse que le partiCipe s'incorpore à l'auxiliaire, et que les deux forment une séquence inséparable 13.

Parmi ses arguments en faveur d'une analyse de (43b) en termes d'incorporation, on relève le suivant. En (44a), un adverbe ou une expression paranthétique est intercalé entre l'auxiliaire et le participe, et l'ordre de l'auxiliaire et du participe est canonique. Une telle intervention rend la phrase agrammaticale quand l'ordre est interverti, comme le montre (44b). Si le participe est adjoint à l'auxiliaire en (44b), l'impossibilité d'intercaler quoi que ce soit entre les deux reçoit une explication naturelle.

(44) a. Dan haya tamid/ld-da'lat-i tofer smalot.

Dan être-Passé-3MSg toujours/à-avis-! Sg coudre-Bénoni-MSg robes

<< Dan cousait toujours/à mon avis des robes. >>

b. *Dan tofer tamid/ld-da'lat-i haya smalot

Dan coudre-Bénoni-MSg toujours/à-avis-! Sg être-Passé-3MSg robes

<< Dan cousait toujours/à mon avis des robes. >>

(19)

246 Études sur « être » et « avoir »

Remarquons maintenant que la séquence formée par IC peut aussi monter à Comp et apparaître à gauche du sujet.

(45) ba-yaldut-o tofer haya Dani smalot.

dans-jeunesse-3MSg coudre-Bénoni-MSg être-Passé-3MSg Dani robes

<< Dans sa jeunesse, Dani cousait des robes. >>

Puisque IC est un sous-cas d'incorporation, on s'attend à ce que le participe ne puisse pas monter en Comp tout seul, en laissant derrière lui l'auxiliaire.

(46) *ba-yaldut-o tofer Dani haya robes.

dans-jeunesse-3MSg coudre-Bénoni-MSg Dani être-Passé-3MSg smalot.

<< Dans sa jeunesse, Dani cousait des robes. >>

On est en mesure maintenant de résoudre le problème posé par (41b) et d'expliquer comment le Bénoni, un participe, arrive à se trouver en Comp.

Pour ce faire, il nous faut intégrer l'hypothèse de l'auxiliaire nul dans l'analyse de cet exemple.

Admettons alors que IC peut s'appliquer non seulement quand l'auxiliaire «être» est phonétiquement réalisé, mais aussi lorsqu'il est nul.

Autrement dit, une proposition au présent en hébreu est structurellement ambiguë : elle peut être représentée comme (47a), en suivant notre analyse précédente, mais aussi comme (47b), qui serait le produit de IC (mais voir 6.2 où on montre que seul 47b est une représentation valide).

(47) a. Daniela 0 tofer-et smalot.

Daniela être-Prés-lSg coudre-Bénoni-FSg robes

<< Daniela coud des robes. >>

b. Daniela [Aux tofer-et + 0 ] smalot.

Daniela coudre-Bénoni-FSg + être-Prés-1 Sg robes

<< Daniela coud des robes. »

Il est aisé de voir maintenant comment le Bénoni dans les propositions au présent est capable de monter en Comp. Il effectue ce mouvement en s'incorporant d'abord à l'auxiliaire nul (tout comme en 47b) et c'est cet auxiliaire, transformé par 1' incorporation en une tête complexe accueillant le participe qui lui est adjoint, qui monte en Comp. Le Bénoni arrive, pour ainsi dire, à y monter sur le dos de l'auxiliaire. La dérivation de (4lb) est donc parallèle à celle de (45).

(20)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 247

6. Pourquoi le participe monte-t-il

?

La discussion qui suit est destinée à éclaircir la raison d'être de IC et à généraliser cette incorporation. Je propose d'examiner ce phénomène par le biais de deux questions clés.

(48) a. Quelle propriété de l'auxiliaire lui permet d'incorporer le participe?

b. Quelle propriété du participe lui permet de monter et de s'adjoindre à l'auxiliaire?

6.1. Auxiliaires faibles et forts

Remarquons d'abord que l'auxiliaire perd son accent lorsqu'il incorpore le participe. Ce fait se prête à deux interprétations. Soit la perte d'accent est une conséquence de IC, soit IC est la conséquence de la perte d'accent. Poursuivant la deuxième piste, supposons que l'auxiliaire dépourvu d'accent est une forme faible, un clitique, dont l'absence d'accent est une caractéristique saillante. Il y a donc deux types d'auxiliaires dans le lexique de l'hébreu, des formes indépendantes, ou fortes, et des formes dépendantes, ou faibles.

Dans cette hypothèse, IC ou la montée du participe est le processus par lequel un auxiliaire clitique est morphologiquement ou lexicalement soutenu.

Une conséquence immédiate s'ensuit : IC n'est pas un processus facultatif.

Tout au contraire, il s'applique obligatoirement chaque fois qu'un auxiliaire faible est sélectionné dans le lexique. En revanche, le choix lexical est facultatif.

6.2. Le participe et T

Essayons maintenant de répondre à la question (48b). Un certain nombre de chercheurs soutiennent l'idée que le participe entretient une relation privilégiée avec l'auxiliaire ou, plus précisément, avec le domaine des couches fonctionnelles supérieures de la phrase. Guéron & Hoekstra ( 1988, 1992), par exemple, prétendent que les participes et certains auxiliaires forment une chaîne temporelle, que ces participes « combine with the T morpheme of the ir complement ta form a camp/ex tense morpheme » ou bien

« assign a T( ense) role ta the ir VP complement» (Guéron & Hoekstra, 1988 : 88).

Grimshaw (1991) propose que les têtes fonctionnelles telles queT ne sélectionnent pas leurs compléments, mais qu'elles sont légitimées comme maillons dans la projection étendue d'une tête lexicale. IP, selon cette analyse, serait la projection étendue de V, DP la projection étendue de N, etc. Un

(21)

248 Études sur « être » et « avoir >>

participe dans une proposition à temps composé fonctionne comme la queue ou le nœud d'ancrage d'une projection qui s'étend jusqu'à l. Les membres d'une projection étendue sont transparents, selon Grimshaw, et permettent la circulation de traits de la racine jusqu'à la tête de la projection.

Quoique distinctes, ces deux propositions partagent un noyau commun. En effet, elles tentent de formaliser et d'établir théoriquement la dépendance que l'on observe entre participes, auxiliaires, temps et accord, une dépendance que le formalisme de la théorie de X-barre et le module thématique n'arrivent pas à saisir.

J'aimerais proposer une variante de ces approches, qui intègre comme composante principale le dispositif formel de Déplacer a. Supposons d'abord que le Bénoni porte un trait [F], avec lequel il est engendré. Ce trait doit être vérifié lors de la dérivation de la phrase. Supposons ensuite que cette vérifi- cation s'effectue en T. Il s'ensuit clone que le participe qui porte [F] doit mon- ter à T. Habituellement, la montée du participe (ou, plus précisément, de la tête Agrpart qui le contient) vers Test bloquée par la présence de l'auxiliaire.

Un déplacement croisant l'auxiliaire constituerait une violation flagrante de la contrainte sur le déplacement des têtes, comme on le voit en (49) :

(49)

TP

~ VP

T

0

/~

VA0 AgrpartP

ux /

Agrpart0

_)

Toutefois, l'adjonction du participe à l'auxiliaire et la montée ultérieure de celui-ci à T ne viole aucun principe. Comparons (49) et (50) :

(50)

(22)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 249

Vu ainsi, le parttctpe n'a aucun besoin intrinsèque de monter et de s'incorporer à l'auxiliaire, mais doit s'incorporer uniquement à T. Pourtant, la présence d'un auxiliaire faible nécessitant un support lexical, crée une situation où le participe monte et arrive à vérifier ses traits en Tavant FP.

J'ai proposé d'abord qu'un choix lexical entre un auxiliaire fort et faible se trouve à la base de la nature facultative de IC. J'ai supposé ensuite que le participe est intrinsèquement attiré par T, car il porte un trait dont la vérification s'effectue dans une configuration tête-tête en T. Cette conjecture implique que les participes dans les propositions à temps composé montent toujours à T. Ce qui rend particulier le cas de l'hébreu est la présence d'auxiliaires faibles permettant la montée du participe déjà avant FP. On peut donc admettre que la montée du participe est normalement repoussée dans la Forme Logique sauf si elle doit s'effectuer avant FP.

Dans les termes de la théorie de la vérification (Chomsky, 1993), on peut dire que les traits de tête (traits verbaux) de T sont forts et doivent être vérifiés, avant l'épellation (Spell-Out), par une tête verbale. Lorsqu'un auxiliaire fort apparaît dans la structure, il est obligé de monter à T. Le participe le suit en FL. Cependant, lorsqu'un auxiliaire faible est engendré, deux conditions indépendantes doivent être satisfaites. L'auxiliaire doit avoir un hôte et les traits de T doivent être vérifiés. L'incorporation du participe à l'auxiliaire sert à satisfaire la première condition et la montée de l'auxiliaire satisfait la deuxième. Bref, la montée du participe en FL constitue le cas par défaut. Un tel déplacement effectué avant l'épellation n'est qu'un effet secondaire de IC 14

Reconsidérons maintenant l'hypothèse selon laquelle le Bénoni peut s'incorporer à 1' auxiliaire nul au temps présent. Il est naturel de supposer que cet auxiliaire appartient à la classe des auxiliaires faibles et déclenche toujours IC. Si cette conclusion est valide, il suit que dans les propositions au temps présent en hébreu, l'application de IC est obligatoire. (47b) constitue une dérivation valide pour une proposition au temps présent.

6.3. La nature de [F]

Il reste à expliciter la nature de [F], le trait que porte le participe et qui l'oblige à monter à T. Dans cette section finale, j'aimerais soutenir, quoique d'une manière assez spéculative, une des possibilités qui viennent à l'esprit.

Considérons d'abord le fait que IC s'applique seulement quand le prédicat est un participe. Les exemples ci-dessous montrent que lorsque le prédicat est prépositionnel ou nominal, IC est bloqué.

(23)

250 Études sur << être » et << avoir »

(51) a. Dani hay a lai ha-gag.

le-toit Dani être-Passé-3MSg sur

<< Dani était sur le toit. >>

b. *Dani lai ha-gag Dani sur le-toit

<< Dani était sur le toit. >>

hay a.

être-Passé-3 MS g (52) a. Dani haya more.

Dani être-Passé-3MSg enseignant-MSg

<< Dani était enseignant. >>

b. *Dani more haya.

Dani enseignant-MSg être-Passé-3MSg

<< Dani était enseignant. >>

[F] est évidemment un trait associé uniquement aux participes. Supposons que [F] représente un faisceau de traits aspectuels. La stativité ou la dynamicité, par exemple, sont des propriétés des prédicats verbaux et n'ont pas de place dans les prédicats prépositionnels ou nominaux. Les propriétés aspectuelles (ou event types de Dowty, 1979) sont toutes interprétables en relation avec la spécification temporelle de la phrase. Comme l'énonce Pustejovsky (1988),

<< white temporal relationships are important for constructing larger leve! rep

resentations of narratives or texts, aspect looks at the finer details of the temp oral landscape inside each event >> (1988 : 20). Il est assez naturel de proposer, à ce stade, que 1' interprétation temporelle de 1' aspect s'appuie sur Je dispositif syntaxique ou morphosyntaxique. Concrètement, supposons que certains traits aspectuels sont représentés par des traits morphologiques, nécessitant une vérification syntaxique.

Posons donc que les traits aspectuels constituent une (ou plusieurs) tête aspectuelle, Asp, engendrée entre AgrpartP et VP (voir Belletti 1990, parmi d'autres). Les traits aspectuels sur.le verbe ou le participe sont vérifiés quand ce dernier s'incorpore à Asp. Cependant, Asp porte des traits temporels et doit donc s'incorporer à T. La relation étroite entre 1' aspect et le temps est, dans cette approche, réalisée par l'incorporation syntaxique.

Or, le déplacement du participe à T est la conséquence de son incorporation précédente à la tête aspectuelle. L'impossibilité de IC en (5lb) et (52b) dérive de l'absence d'une tête aspectuelle dans ces propositions. Lorsque cette tête est absente, il n'y a aucune motivation pour que le prédicat monte. La seule dérivation légitime de ces phrases consiste à engendrer la variante forte de l'auxiliaire, puisque la variante faible aurait besoin de support et le prédicat n'aurait aucune motivation indépendante pour le fournir 15

(24)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 251

7. Conclusion

Dans cet article, nous avons constaté que la forme du Bénoni de J'hébreu est ambiguë entre un participe et un verbe fléchi pour le temps. Le parcours initial de J'analyse a consisté à démontrer que Je Bénoni est, en fait, non ambigu, et que c'est toujours un participe. Quand il apparaît comme J'unique verbe de la phrase, il est précédé par un auxiliaire phonétiquement nul.

Or, il est apparu que le Bénoni dans les propositions au temps présent est également caractérisé par un comportement atypique pour un participe, puisqu'il est capable de monter jusqu'aux couches les plus hautes de la phrase. Pour expliquer ce comportement, nous avons dû, en quelque sorte, réviser J'analyse conventionnelle des participes. L'hypothèse que nous avons tenté d'étayer est que les participes sont associés à une tête aspectuelle et que cette tête possède des traits temporels qui l'obligent à monter à T. L'hébreu possède, d'ailleurs, une série d'auxiliaires faibles qui incorporent le participe (et donc, la tête Asp) et rendent possible sa montée à Tavant FP.

Notes

l. J'aimerais remercier L. Haegeman, C. Laenzlinger, L. Rizzi, 1. Roberts, T. Siloni pour leurs apports à l'élaboration de ce travail, les universités de Londres (SOAS), Paris VIII et Venise pour m'avoir invité à présenter cette recherche et les participants à mes cours sur la syntaxe sémitique à Genève. Merci, finalement à A. Rouveret pour ses commentaires pointus et ses suggestions éditoriales. Cet article est basé sur Shlonsky (1997), chapitres 2 et 3.

2. Une proposition constituée du verbe « être >> et d'un participe présent exprime aussi l'antécédent contrefactif d'une locution conditionnelle, comme en (i).

(i) 'li lu Dani hay a kotev si purim ...

si Dani être-Passé-3MSg écrire-Bénoni-MSg histoires

« Si Dani avait écrit des histoires ... »

Il faut également préciser que l'hébreu, comme les autres langues sémitiques, ne possède pas d'auxiliaire« avoir».

3. Le Bénoni peut également fonctionner comme un nom (agentif) et un adjectif modificateur. Je m'intéresserai uniquement au Bénoni prédicatif dans le présent travail.

4. Remarquons que ce problème ne se pose pas dans les langues indo-européennes les mieux étudiées, telles que l'anglais qui distingue les participes présents des verbes conjugués pour le temps d'une manière morphologiquement nette.

(i) a. Daniela was writing stories.

b. Daniela writes stories.

5. Les phrases arabes comparables à celles de (2) sont parfaitement acceptables.

Comparons (2b) et (i) :

(25)

252 Études sur « être >> et « avoir >>

(i) kaanat Daniela être-Pass-3FSg Daniela

takatub-u qissasan.

écrire-Parfait-3FSg histoires

«Daniela écrivait/était en train d'écrire des histoires. >>

Voir Fassi-Fehri ( 1993) sur les temps composés en arabe, ainsi que Shlonsky ( 1997) pour une analyse comparative.

6. La différence majeure entre une proposition réduite, ou << petite proposition >>

(.~mali clause) et une proposition complète est donc la présence de TP. Je supposerai également que TP est sélectionné parC. Il s'ensuit alors qu'une proposition complète constitue un CP. Voir Stowell ( 1981) entre autres.

7. L'existence d'une projection d'accord participial est implicite dans l'article de Ka y ne cité ci-dessus. Chomsky ( 1991) l'identifie avec la projection d'accord abject.

Cette identification est mise en cause par Friedemann & Siloni ( 1993), qui proposent de distinguer AgroP d' AgrpartP. Dans le travail présent, je suivrai la proposition de Friedemann & Siloni ( 1993).

8. Voir Shlonsky ( 1991) pour une étude des quantificateurs flottants en hébreu.

9. En français, aussi bien qu'en anglais, seul l'ordre participe11objet direct11quantificateur flottant est admis. L'italien, par contre, manifeste l'ordre hébraïque. Pour une discussion de cette variation au sein des langues romanes, voir Belletti ( 1990).

10. (14b) est acceptable sous une lecture contrastive de la négation, dans laquelle la particule négative est une espèce de négation de constituant. Comparons (14b) et (i).

(i) ha-yladim hayu lo- kotv-im sipurim

les enfants être-Passé-MPl Neg- écrire-Bénoni-MPl histoires 'i'ela yasenim.

mais donnir-Bénoni-MPl

«Les enfants n'écrivaient pas d'histoires, mais ils dormaient. >>

11. L'inacceptabilité de l'inversion en (20) est également compatible avec une autre analyse, à savoir une analyse qui pose que le verbe principal voir doit être adjacent au sujet de la proposition réduite (soit parce qu'il lui assigne un cas (Stowell, 1981), soit parce qu'il est réanalysé avec le prédicat principal (Stowell, 1991 ). Voir également Rizzi (1982). L'inversion interromprait cette adjacence, d'où l'agrammaticalité de (20). Or il est intéressant de contraster (20) avec (i), qui montre qu'un adverbe peut intervenir entre voir et le sujet de la proposition réduite.

(i) ra'i'i-ti 'i'etmol 'let ha-ydladim kotv-im sipurim.

voir-Passé-! Sg hier Ace les-enfants écrire-Bénoni-MPl histoires

«Hier, j'ai vu les enfants écrire des histoires.>>

On peut expliquer ce contraste comme suit: en (i), le verbe de la matrice, ra f iti «(Je)

vis>> sort du VP et monte en croisant l'adverbe qui est positionné sur la marge gauche

du VP matrice. La trace verbale, mais pas le verbe lui-même, est adjacente au sujet de la proposition réduite. En (20), par contre, le prédicat de la proposition réduite occupe une position entre la trace verbale et le sujet, interrompant ainsi l'adjacence linéaire du verbe et du sujet. Évidemment, si l'on suppose que le cas du sujet de la proposition réduite doit être vérifié en FL, en déplaçant le sujet dans le SpecAgroP de la matrice, comme le propose Chomsky (1991), la condition d'adjacence ne peut pas être directement associée au module casuel et doit être reconsidérée.

(26)

Le paradoxe du Bénoni en hébreu 253

12. À titre de comparaison, on peut considérer le fait que le français populaire ne possède pas de passé simple.

13. Borer ( 1995) présente en outre une série d'arguments censés montrer que l'auxiliaire peut aussi descendre en s'adjoignant à droite du participe. Par manque d'espace, je ne discute pas cette option (voir Shlonsky, 1997, pour une discussion plus étendue).

14. Deux conséquences méritent mention à ce stade. D'abord, dans la mesure oü cette caractérisation du participe est universelle, elle nous amène à proposer que le participe monte à T même dans les langues romanes, mais qu'il effectue ce déplacement en FL, compte tenu de l'absence d'auxiliaires clitiques dans ces langues.

Ensuite, l'interprétation de la relation entre un auxiliaire et un participe en termes de Déplacer a, suggère qu'il s'agit d'un genre de restructuration, beaucoup plus général que la restructuration entre un modal principal et un verbe à l'infinitif. Voir la discussion dans Shlonsky ( 1997 : chapitre 3).

15. Il reste à expliquer la grammaticalité des variantes (i) et (ii) de (51) et (52) au temps présent.

(i) Dani Da ni

'lai sur

ha-gag.

le-toit

<< Dani est sur le toit. >>

(ii) Dani more. Dani enseignant-MS

<< Dani est enseignant. >>

Un auxiliaire nul et donc faible ne peut pas être légitimé en (i) et (ii), puisque l'absence d'une tête aspectuelle dans ces phrases rend IC impossible (contrairement aux auxiliaires nuls dans les phrases au temps présent ayant un Bénoni pour prédicat). Une possibilité serait d'analyser (i) et (ii) comme propositions réduites, dépourvue des couches TP et AgrsP. Cette hypothèse est élaborée dans Rapoport ( 1987). Voir aussi Shlonsky ( 1997 : chapitre 5).

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