Conference Presentation
Reference
Diversité des institutions de recherche en Suisse et rapports à l'expertise professionnelle : fonctionnement, pratiques et légitimité
NAEF, Patrick James, SIMON, Gaberell
NAEF, Patrick James, SIMON, Gaberell. Diversité des institutions de recherche en Suisse et rapports à l'expertise professionnelle : fonctionnement, pratiques et légitimité. In: La
collaboration transdisciplinaire au prisme du développement urbain durable, Geneva (Switzerland), 20 juin 2019, 2019
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:120095
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
1 / 1
Diversité des institutions de recherche en Suisse et rapports à l’expertise professionnelle :
fonctionnement, pratiques et légitimité
P. Naef, Collaborateur scientifique, Université de Genève – patrick.naef@unige.ch
S. Gaberell, Professeur, Haute école de travail social de Genève - simon.gaberell@hesge.ch Mots-clés : Inter- et transdisciplinarité ; recherche ; académique et non-académique ; développement urbain ; hautes écoles, universités.
Objectifs
Questionner le statut du ‘chercheur’ dans les universités et les hautes écoles suisses (hautes écoles spécialisées) en mettant à l’épreuve la dichotomie supposée entre acteurs ‘académiques’ et ‘non-académiques’.
Mettre en lumière les critères différenciés associés à la recherche entre les universités et les hautes écoles suisses.
Explorer les rôles et statuts de divers chercheurs et praticiens agissant dans
les territoires et mettre en lumière les moyens mis-en-œuvre pour développer
leurs pratiques et construire leur légitimité.
Etudes de cas
Etude de cas 1 – Projet de recherche CLEAR
Analyse des pratiques d’enseignement et de recherche inter- et transdisciplinaires dans le domaine du développement urbain durable.
Etude de cas 2 – Evaluation du Centre de recherches sociales (CERES)
Fondé en 1968 et basé sur des recherches mettent en lien intervention sociale, enjeux de société, recherche appliquée et développement (Ra&D).
Etude de cas 3 – Plateforme de développement urbain HES-SO Genève
Centre de compétences interdisciplinaire impliquant six hautes écoles (HEPIA, HEG, HEAD, HETS, HEdS, HEM) et leurs filières.
Des critères pour définir un acteur académique ?
Financement
Différentes sources et différents mécanismes de financement pour le recherche entre les université et les hautes écoles suisses.
Plan de carrière
Importantes différences dans le attentes en matière de carrière entre les collaborateurs des université et des hautes écoles suisses.
Des critères pour définir un acteur académique ?
Image
Représentations associées au statut de chercheur entre les universités et les hautes écoles suisses.
Intérêt
Influence liée à des intérêts (privés, politiques) dans la recherche.
Terrain
Différentes définitions et visions du ‘terrain’ (« terrain de recherche », « expérience de terrain »…)
Financement: un chiffre d’affaires en constante augmentation
Encore très dépendant des fonds HES-SO
Un accès limité aux fonds FNS tous domaines confondus
Plan de carrière
Une différence d’attentes ancrée dans la loi: les hautes écoles spécialisées doivent ainsi exercer « des activités dans le domaine de la recherche appliquée et du développement et assurent ainsi le lien avec les milieux scientifiques et de la pratique.»
(loi sur la HES-SO Genève, 2014)
« Je suis, sans faire beaucoup d’efforts, alimenté… Toujours au top du savoir sur le thème sur lequel je travaille. Et cela c’est quelque chose de très difficile à récupérer.
Certes une figure peut le faire… A la HETS (…) Tu peux - comme figure à la HETS - (…) exister et faire ta vie dedans… Mais ce n’est pas à cause de la HETS qu’ils sont forts, c’est parce qu’ils sont Mr X ou Mr Y. Alors qu’ici [à l’université], même le plus idiot des profs, on le pousse à aller plus loin. Il y a une pression d’écrire, de lire, de suivre des thèses. »
(Professeur, Université, 2017)
Exigence du double profil
Un socle dédié à la recherche de 20%
Justification des heures : feuille de charges
« On doit accomplir 1900 heures par année. On doit détailler dans un système les heures... sauf l'enseignement... plus besoin... […]
Mais pour la recherche... [on détaille]
au quart d'heure près ce que l’on fait.
Je ne me gêne pas à noter chaque quart d'heure…. Aussi les emails….
Tout ! J’ai eu le culot de demander.
‘Mais je mets ou le temps que je passe à saisir les heures dans le système ? »
(Professeur, HES, 2017)
Intérêt: les mandats représentent près d’1/3 du volume de la
recherche
Un appel à projet de recherche en partenariat avec une
administration publique : conception, financement et
évaluation conjointe
« Ça c’est pour moi la différence entre le monde académique et le monde privé…
C’est que finalement la recherche est désintéressée à l’université. Ce qui permet de critiquer les choses. Pour expliquer la différence entre un mandat et un subside de recherche… Un mandat tu as une obligation de résultats, alors qu’un subside tu as une obligation de moyens. Un universitaire va tout mettre en œuvre pour que ce ça se passe… Ton projet… Mais t’en sais rien… Peut-être que tu n’auras pas de résultat, mais ‘pas de résultat’… c’est déjà un résultat… Ça un mandant, il n’arrivera jamais à entendre »
(Soutien à la recherche, Université, 2017)
Une recherche désintéressée?
Différentes définitions et visions du ‘terrain’
« Le terrain… le lieu où on récolte des données. Pour un anthropologue, c’est une espace ou une société, mais pour un statisticien c’est son tableau Excel. »
(Soutien à la recherche, Université, 2017)
« C’est multiforme… ça peut être un terrain dans le cadre d’une formation. On va mettre des participants à une formation continue sur un terrain où ils doivent répondre à une problématique. Ça peut être un terrain d'étude dans le cadre d’une recherche… Plutôt une recherche avec une dimension spatiale. Mais si tu vas voir un prof en ingénierie à l’HEPIA qui bosse dans les microtechniques, le ‘terrain’ ça ne va pas lui parler. […] Souvent j’ai remarqué que ce terme pouvait être problématique. »
(Adjoint scientifique, HES, 2017)
« Il y a quand même une hiérarchie. Quand tu es à l’université, tu as l’impression d’être au-dessus des Hautes Ecoles et d’avoir un niveau de savoir plus élevé. Du coup ça se ressent dans les collaborations. Il y a une hiérarchie entre les savoirs académiques et savoirs non-académiques… Entre savoirs fondamentaux et savoirs pratiques. Il y a aussi un sentiment d’infériorité du côté des HES, un ressenti que l’on est un peu une deuxième zone… Ou au contraire une affirmation beaucoup plus forte de l’aspect ‘proximité du terrain’ des Hautes Ecoles et on se revendique par rapport à cela. »
(Adjoint scientifique, HES, 2017)
« J’ai organisé un colloque où l’Université était impliquée. Le deuxième jour c’était à la HES et aucun collègue n’est venu. Ils m’ont : ‘Ce sont des académiciens, nous on est des gens de la pratique…’ Il y avait un réel dénigrement. J’ai trouvé affligeant comment il rejetait d’un revers de main tout ce qui était académique. »
(Professeur, HES, 2017)
L’image de l’Homo Academicus
« De manière générale. je suis étonné… Je vois des sociologues asociaux, des géographes désorientés, des économistes incapables de gérer des budgets, des politologues inconscients des relations de pouvoir… Mais ça marche car ils sont profs…. Ils ont une position.»
(Soutien à la recherche, Université, 2017)
L’image de l’Homo Academicus
Evolution du statut des institutions de recherche en Suisse
Ø Différences de fonctionnement, de financement, de statuts et d’image entre les institutions de recherche (Universités, hautes-écoles, Ecole
polytechniques fédérales)
§ Image
§ Ressources (temporelles et financières)
§ Statuts et plans de carrière
§ Intérêt
§ «Terrain»
Ø Savoir académique et savoir professionnel
§ Conserver sa spécificité ou devenir une université de seconde zone?
§ Collaborations et tensions