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Le patrimoine paysager helvétique (1970-2010) : sites, nature et nouveaux monuments

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Le patrimoine paysager helvétique (1970-2010) : sites, nature et nouveaux monuments

EL-WAKIL, Leïla, NEMEC-PIGUET, Sabine

Abstract

Les auteures se penchent sur l'évolution de la protection du patrimoine en Suisse durant ces quarante dernières années. Elles remarquent que la spécificité suisse en matière de protection du patrimoine se situe au niveau de la protection des paysages naturels ou urbains. Un important dispositif légal est progressivement mis en place tant dans la Loi sur l'Aménagement du territoire (LAT) que dans la Loi sur la Protection de la Nature (LPN); cette dernière repose sur des inventaires fédéraux du paysage. La protection paysagère pour ainsi dire holistique est encore renforcée par les dispositifs de la démocratie semi-directe, par des lois fédérales ad hoc ainsi que la protection d'activités et d'usages.

EL-WAKIL, Leïla, NEMEC-PIGUET, Sabine. Le patrimoine paysager helvétique (1970-2010) : sites, nature et nouveaux monuments. In: L. el-Wakil. Matériel/Immatériel 40 ans de patrimoine, 1970-2010. Gollion : Infolio, 2015. p. 64-75

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:75019

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Le patrimoine paysager helvétique (1970-2010) : sites, nature et nouveaux monuments

Leïla el-Wakil et Sabine Nemec-Piguet

Introduction

Notre propos est de questionner l’évolution de la notion de patrimoine en Suisse durant ces quarante dernières années. En quoi la scène patrimoniale helvétique se distingue-t-elle du reste de l’Europe et du monde ? Quels sont les événements qui ont marqué ce développement particulier ?

L’évolution de la conscience patrimoniale en Suisse a pour part suivi le même cours qu’en Europe. Ici comme ailleurs, spécialistes et public ont vu s’additionner en quarante ans plusieurs couches patrimoniales successives : au patrimoine monumental se sont ajoutés l’architecture mineure et les ensembles architecturaux et urbains, le patrimoine industriel, le patrimoine architectural du XXe siècle, les voies de communication historiques et enfin le patrimoine immatériel. Ici comme ailleurs, l’enseignement du patrimoine, balbutiant dans les années 1970, s’est depuis taillé une part belle dans les universités et les hautes écoles, tant par des cycles de sensibilisation et de formation pratique que par des approches théoriques développées par les architectes, les historiens de l’art, les anthropologues.

Cependant, il existe un domaine dans lequel la Suisse semble avoir développé une approche patrimoniale particulière. Ce petit pays n’a cessé, durant ces quarante dernières années, d’édifier et de renforcer, avec le soutien explicite de la population, tout un arsenal d’associations et de lois pour mettre en œuvre un système efficace de protection de ses paysages, qu’ils soient naturels ou urbains.

La prégnance du paysage

D’un pays qui n’existe pas (ainsi que l’artiste Ben qualifiait le Suisse à l’Exposition universelle de Séville (1992)) à la Suisse mythique, pays de montagnes et d’alpages (telle que l’ont identifiée les auteurs du pavillon suisse de Shangaï, ARGE Buchner Bründler Architekten et Element Design GmbH, l’une des attractions les plus courues de l’Exposition universelle de 2010), la Suisse s’incarne essentiellement dans ses montagnes – quand bien même le discours politique helvétique est toujours marqué par l’inextricable clivage entre

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villes et campagnes, nature et technique. Urbaine, industrieuse et moderne, la Suisse contemporaine demeure très attachée au mythe de la nature, comme l’a relevé l’historien Jean-François Bergier en évoquant ces « deux scènes que […] les hommes ont sans cesse confondues : la scène du réel, de la confrontation quotidienne, des contraintes ; et le plateau de l’imaginaire, des émotions, des idylles, des rêves de conquête ou d’évasion »1. Les façades high tech du pavillon de Shangaï cachaient ainsi des projections percutantes sur écran géant du film IMAX « The Alps » ainsi qu’un télésiège qui amenait les visiteurs sur un toit paysager végétalisé, résumé onirique des attraits d’une campagne helvétique idyllique.

La représentation que la Suisse donne d’elle-même en 2010 nous renvoie encore à cet imaginaire collectif, qui est aux origines mêmes de la protection du patrimoine et de la nature helvétiques à travers les principes du Heimatschutz2, association nationale pour la protection du patrimoine (très exactement, en français, Ligue pour la conservation de la Suisse pittoresque) créée en 1905 et devenue Patrimoine Suisse. Comme le relève le Dictionnaire historique de la Suisse, « La nature et tout particulièrement les Alpes, avec leur fonction identitaire, occuperont en Suisse une place beaucoup plus centrale que dans les autres pays »

3. La Ligue suisse pour la protection de la nature (Naturschutz), créée en 1909 et devenue Pro Natura, confortera la mise en œuvre de la protection des paysages suisses. Elle est à l’origine du Parc National suisse créé en 1914, qui vise à préserver un morceau de nature vierge, une réserve naturelle totale : c’est le premier parc national d’Europe. Le concept fera école par la suite, ce que l’un des fondateurs, Steivan Brunies commente en ces termes : « […] ce n’est qu’avec un projet d’une telle envergure qu’on peut espérer sauver dans une région déterminée la faune et la flore originelles de notre pays »4.

Dès l’immédiat après-guerre (1946), Pro Natura et le Heimatschutz mettent sur pied une action conjointe de sensibilisation pédagogique autour de la protection du paysage et du patrimoine. Le projet de « l’Ecu d’Or » mobilise les enfants des écoles entre 10 et 12 ans (4e- 6e primaire) chargés de vendre cet écu en chocolat, emballé dans son papier doré, afin de

1 François Walter, Les Suisses et l’environnement, une histoire du rapport à la nature du 18e siècle à nos jours, Genève : Zoé, 1990, préface de Jean-François Bergier.

2 François Walter, Les Suisses et l’environnement, une histoire du rapport à la nature du 18e siècle à nos jours, Genève : Zoé, 1990 ; Diana Le Dinh, Le Heimatschutz, une ligue pour la beauté : esthétique et conscience culturelle au début du siècle en Suisse, Lausanne : Université de Lausanne, 1992 ; Préserver et créer : 100 ans de Patrimoine suisse, éd. par Madlaina Bundi, Lausanne : Payot, 2005.

3 Stefan Bachmann, Heimatschutz (Dictionnaire Historique de la Suisse), <http://www.hls-dhsdss.ch/textes/f /F16450.php>, « accès le 28 juin 2014 ».

4 s.n., Fondation et développement, <http://www.nationalpark.ch/go/fr/about/a-propos-de-nous/fondation-et- developpement/>, « accès le 28 juin 2014 ». A l’époque, la grande faune était dans une situation catastrophique:

il ne restait dans la région plus que 9 cerfs ; pire, bouquetin, ours, lynx, loup et même le gypaète barbu avaient complètement disparu …

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financer les plans de sauvegarde. La première vente va au profit du lac de Sils Maria, en Engadine, qu’une centrale hydroélectrique devait dénaturer – un des projets liés à la surexploitation énergétique des années 1950 à l’origine du premier Inventaire des paysages et des sites naturels d’importance nationale qui méritent protection (CPN)5.

L’Alpe domine ce pays de carte postale dont le pâtre est le héros. L'idéalisation de la vie rurale et de l'agriculture traditionnelle est idéologiquement associée aux valeurs de simplicité, de pureté, d'authenticité. Dans la mythologie helvétique, même les valeurs de tradition et de démocratie directe s’ancrent dans la ruralité et l’économie de montagne. « Nous n’avons pas en Suisse rien que de grandes scènes alpestres, nous avons une histoire aussi, fière, grande, simple, comme ces Alpes qui en furent le théâtre […] » écrit Rodolphe Toepffer dans le Fédéral, célébrant l’œuvre du peintre Lugardon6.

Du Grand Tour aux guides Baedeker, la Suisse sublime, pays touristique par excellence, s’incarne dans ce que Madame de Sévigné qualifiait au XVIIe siècle d’« espouvantables montagnes ». Durant ces quarante dernières années les sommets alpestres, les lacs pittoresques, les torrents et cascades, représentés par les plus grands paysagistes suisses et européens dès la fin du XVIIIe siècle, en un mot, le paysage suisse, a fait l’objet d’importantes expositions : Les Alpes dans la peinture suisse, organisée par Pro Helvetia pour le Japon (1977), fut suivie de La Suisse sublime vue par les peintres voyageurs, 1770-1914 (1991) montrée à la Villa Favorita à Lugano ainsi qu’aux Musées d’Art et d’Histoire de Genève, puis de La peinture suisse entre réalisme et idéal (1848-1906) en 1998, pour commémorer la première constitution helvétique de 1848 (une exposition montée par le Kunsthaus de Zurich et le Musée d’art et d’histoire de Genève). (Fig. 1)

Les paysages suisses reçoivent également des hommages dans le cinéma national. Le cinéaste zurichois Daniel Schmid exalte ainsi la montagne et son hôtellerie dans Hors Saison (1992), où il fait revivre l’hôtel de son enfance, le Schweizerhof de Flims-Waldhaus, ainsi que dans le percutant ouvrage richement illustré de lacs alpins, de pics rocheux et leurs palaces, intitulé L’invention du paradis (1983). Spécialiste de reportages ethnographiques pour la société des arts populaires entre 1974 et 1979, Yves Yersin réalise quant à lui Les petites fugues, un film qui nous montre le héros Pipe, retraité, s’acheter un vélomoteur pour parcourir le Gros de Vaud. Les vues de paysage, absolument lyriques, nous donnent à voir sous une lumière dorée

5 Cf. infra

6 Auguste Blondel, Paul Mirabaud, Rodolphe Töpffer: l'écrivain, l'artiste et l'homme, Genève : Slatkine, 1998, p. 163.

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les coteaux vallonnés du Plateau suisse dont les Alpes forment le fond de scène. Yersin fait de l’opulence rurale du Pays de Vaud la vedette d’un film à la gloire du paysage suisse romand.

Dans la perspective touristique actuelle, si l’on en juge par la consultation du site web MySwitzerland.com, l’invention de nouveaux patrimoines, dans un pays qui en compte déjà tant, repose toujours sur le culte du mythe alpestre renouvelé. Pour satisfaire le tourisme (principalement nippon) est ainsi né en 1989 « Heidyland », le pays de l’héroïne des romans de Johanna Spiry7, dans la région de Sargans.

Le dilemme suisse : aménager le territoire / protéger le paysage

Le paysage est par nature un environnement en mutation ; il l’est d’autant plus en période de forte croissance. Au cours des 40 dernières années, la population helvétique est passée de quelques 6 millions d’habitants à plus de 8 millions ; en marge de cette croissance démographique, en réponse à des aspirations de confort, la surface habitable par habitant a augmenté de près de 30% ; et dans notre société de loisirs où les sports de plein air et le tourisme occupent une part croissante de nos activités, la mobilité s’est accrue de manière considérable. Toutes les infrastructures de déplacement (routes, autoroutes, trains), de communication (notamment antennes de téléphonie mobile), de productions d’énergie (barrages hydroélectriques, lignes à haute tension, éoliennes) marquent aujourd’hui notre environnement de leur empreinte.

Les mutations du paysage sont, de fait, le reflet le plus manifeste des transformations de notre société. Dans son programme d’observation du paysage, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) estime, en 2010, qu’au cours des dernières décennies notre gestion du paysage a été

« négligente »8 : « Négligente, voilà bien l’adjectif pour qualifier notre gestion de cette ressource précieuse qu’est le paysage au cours des dernières décennies en Suisse. Et cette remarque vaut encore aujourd’hui. Comment l’expliquer? […] » et Willy Geiger, sous- directeur de l’OFEV et auteur de l’avant-propos du rapport, de se demander si le « prix du paysage » est trop bas. A l’appui de ce constat pessimiste, les rapporteurs mentionnent l’emprise continue de l’urbanisation sur des terrains naturels9 et la diminution de la zone agricole. Et pourtant, grâce aux inventaires fédéraux, la surface des sites protégés au plan national a considérablement augmenté ces quarante dernières années, passant de moins de 1%

7 Heidiland, <http://www.myswitzerland.com/fr-ch/heidiland-1.html> , « accès le 5 juillet 2014 ».

8 Ulrich Roth, Christian Schwick, Florian Spichtig, L’état du paysage en Suisse, Rapport intermédiaire du programme Observation du paysage suisse (OPS), Berne : Office fédéral de l'environnement OFEV, 2010, p. 7.

9 Ibid., p. 31.

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du territoire national à près de 20%10. Les surfaces forestières extensives se sont étendues ; de nombreux cours d’eau canalisés ont retrouvé leur cours naturel.

Dans le système fédéral helvétique, la gestion du paysage et sa protection relèvent d’un appareil légal très complet, dont les compétences cadres appartiennent à la Confédération et dont l’application est de la responsabilité des cantons. Les règles générales d’aménagement du territoire et de protection du patrimoine bâti, naturel et paysager sont inscrites dans la Constitution. Au niveau cantonal, chacun des 26 cantons bénéficie d’une très large souveraineté et dispose non seulement de sa propre Constitution, mais également d’un gouvernement, d’un parlement et de lois ad hoc en matière d’aménagement et de protection du patrimoine.

Au plan fédéral, les dispositions relatives au paysage se retrouvent principalement dans deux grandes lois cadres qui sont : 1) la Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) du 22 juin 1979 et 2) la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN) du 1er juillet 1966. La LAT définit les grands principes d’aménagement du territoire, qui, comme le prescrit la Constitution, doivent servir « une utilisation judicieuse et mesurée du sol et une occupation rationnelle du territoire »11. Dans le premier article de l’introduction, la loi précise : « La Confédération, les cantons et les communes veillent à une utilisation mesurée du sol et à la séparation entre les parties constructibles et non constructibles du territoire. Ils coordonnent celles de leurs activités qui ont des effets sur l’organisation du territoire et ils s’emploient à réaliser une occupation du territoire propre à garantir un développement harmonieux de l’ensemble du pays. Dans l’accomplissement de leurs tâches, ils tiennent compte des données naturelles ainsi que des besoins de la population et de l’économie »12. Une division du territoire en diverses zones d’affectations résultant du principe fonctionnaliste du zonage consacre une séparation claire entre les zones à bâtir et les autres zones.

Conformément à ce principe constitutionnel, un contrôle strict de la zone agricole est mis en place lors de la révision de la LAT de 1987. Cette zone est inconstructible, si ce n’est à des fins agricoles, ce qui a pour effet de limiter la dispersion des constructions et de ralentir ce

10 http://www.bafu.admin.ch/bln/index.html?lang=fr, « accès le 5 juillet 2014 ».

11 Les autorités fédérales de la Confédération suisse, Constitution fédérale de la Confédération suisse, du 18 avril 1999 : Art.75, Aménagement du territoire, <http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19995395 /index.html#a75> « accès le 28 juin 2014 » : « La Confédération fixe les principes applicables à l'aménagement du territoire. Celui-ci incombe aux cantons et sert une utilisation judicieuse et mesurée du sol et une occupation rationnelle du territoire ».

12 Les autorités fédérales de la Confédération suisse, Loi fédérale sur l’aménagement du territoire,

<http://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19790171/201405010000/700.pdf>, « accès le 28 juin 2014 ».

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qu’on appelle le « mitage du territoire ». Cette disposition de la législation fédérale contribue largement à la réussite de la préservation des paysages de campagne et de montagne.

La LPN, quant à elle, est la base légale des trois inventaires fédéraux du paysage : 1) l’Inventaire fédéral des paysages, sites et monuments naturels d’importance nationale (IFP), émanant de l’Inventaire des paysages et des sites naturels d’importance nationale qui méritent protection (Inventaire CPN), élaboré entre 1959 et 1988 sur mandat de la Ligue suisse pour la protection de la nature, du Heimatschutz et du Club Alpin Suisse ; 2) l’Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse (ISOS) ; et 3) l’Inventaire fédéral des voies de communication historiques de la Suisse (IVS) que le Conseil fédéral a pour tâche d’établir. (Fig. 2

A ces trois inventaires s’ajoutent les inventaires des biotopes d'importance nationale qui concernent les zones alluviales, marais, sites de reproduction de batraciens, sites marécageux et prairies sèches et permettent de préserver la biodiversité. Ces mesures de protection des espèces animales et végétales et de leur biotope concourent indirectement à la préservation du paysage, puisque lesdits biotopes doivent être, au sens où l’entend la Confédération, des espaces vitaux suffisamment étendus.

Si le Parc National suisse, créé dans les Grisons en 1914 pour préserver la nature montagnarde face à l’industrialisation galopante, résulte de l’initiative privée des fondateurs de la Ligue suisse pour la protection de la nature13, la LPN a été complétée en 2007 par la notion de « parcs suisses d’importance nationale ». Si aucun nouveau parc national n’a vu le jour depuis celui de l’Engadine, les conditions, celles d’ « un vaste territoire qui offre un milieu naturel préservé à la faune et à la flore indigènes et qui favorise l'évolution naturelle du paysage » ne pouvant être facilement réunies dans un petit pays comme la Suisse14, la loi prévoit désormais la création de parcs naturels régionaux et de parcs naturels péri-urbains (Fig. 3 . Le parc naturel régional se définit au sens de la loi comme « un vaste territoire à faible densité d'occupation qui se distingue par un riche patrimoine naturel et culturel et où constructions et installations s'intègrent dans le paysage rural et dans la physionomie des localités »15. La Suisse possède à l’heure actuelle (2014) quatorze parcs régionaux. La Confédération se réserve le droit d’octroyer le label « Parc » aux cantons qui en font la demande. Corollairement « les organes responsables d'un parc labellisé attribuent, sur

13 Les fondateurs de la Ligue et du parc national sont Fritz et Paul Sarasin, Carl Schröter, Steivan Brunies.

14 Deux parcs sont toutefois candidats, le parc Adula et le parco del Locarnese, cf. Projets candidats : Office fédéral de l'environnement OFEV, Répertoire des parcs suisses, <http://www.bafu.admin.ch /paerke/06579/index.html?lang=fr>, « accès le 28 juin 2014 ».

15 Ibid.

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demande, un label « Produit » aux personnes et entreprises qui produisent des biens ou fournissent des services dans le parc selon les principes du développement durable »16. (Fig.

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La particularité suisse des droits populaires d’initiative et de référendum

Les droits politiques garantis aux citoyens suisses dans le système de démocratie directe leur permettent d’émettre directement des propositions. Piliers du système politique suisse, le droit d’initiative et de référendum offrent au peuple la possibilité de se prononcer par votation sur les lois qui régissent le pays et d’en proposer de nouvelles, y compris en matière de conservation du patrimoine et des paysages. En outre, les associations de protection du patrimoine et de l’environnement (notamment Pro Natura et Patrimoine suisse, mais aussi le WWF, ou à Genève Patrimoine vivant), auxquelles les Suisses sont très attachés, bénéficient d’un droit de recours contre les autorisations délivrées par les autorités. Ce droit leur permet d’exercer un contrôle sur les constructions et installations qui, par exemple, porteraient atteinte à l’esthétique du paysage. En 2008, le peuple suisse a vivement soutenu, à la double majorité des cantons et de la population, ce droit de recours des associations de protection de l’environnement, établi depuis 1967 et menacé par une initiative soumise à votation pour le limiter. Sous l’intitulé « Droit de recours des organisations : Assez d'obstructionnisme - Plus de croissance pour la Suisse ! »17, les initiants espéraient limiter des recours en matière d’environnement ou d’aménagement du territoire qu’ils considéraient préjudiciables à l’économie du pays, contre le préavis du Parlement et du Conseil fédéral.

Plusieurs initiatives fédérales visant de façon directe ou indirecte à protéger le paysage ont abouti après avoir recueilli les 100’000 signatures exigées. L’initiative populaire fédérale

« Pour la protection des marais » dite initiative de Rothenturm (Fig. 4 et 5 ) a été déposée officiellement en 1983 dans le but de protéger des biotopes menacés. Cette initiative visait à empêcher l'agrandissement de la place d'armes de Rothenturm, située à cheval sur les cantons de Schwyz et de Zoug. Le projet du département militaire prévoyait en effet la construction d'une caserne et de deux terrains d'exercices dont l'un aurait empiété partiellement sur une zone marécageuse. L’initiative Rothenturm remporta, en 1987, une large adhésion des cantons et 57% des voix de la population, ce qui permit la création d’une base juridique pour protéger

16 Les autorités fédérales, Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage, <http://www.admin.ch /opc/fr/classified-compilation/19660144/index.html> « accès le 28 juin 2014 », chapitre3b8 ; Parcs d’importance nationale, Art. 23g.

17 Votation populaire du 30 novembre 2008. Explications du Conseil fédéral, pp. 22-28, Berne : Chancellerie fédérale, 27 août 2008.

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le haut marais de Rothenturm – puis d’autres paysages marécageux en Suisse. L’intérêt pour le paysage, on le voit, rejoint l’intérêt pour la nature, la biodiversité, la flore et la faune : cette région de marais constitue un biotope pour nombre d’espèces animales menacées d’extinction, comme la caille, le pipit farlouse et le tarier des prés. On peut également y admirer des plantes protégées comme la linaigrette, le lychnis ou diverses orchidées.

Dans cette perspective de protection du paysage helvétique, une Initiative pour le paysage fut lancée en 2007 par un comité auquel participaient des représentants de plusieurs associations comme Pro Natura, WWF, Patrimoine suisse, l’Association suisse pour la défense des petits et moyens paysans (VKMB), la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP). Pour s’opposer au gaspillage des terres agricoles et préconiser un aménagement durable du sol suisse, elle proposait de geler pour 20 ans l’extension des zones à bâtir. Après plus de deux ans de discussions, le Parlement suisse rédigea un contre-projet de révision de la loi sur l'aménagement du territoire (LAT) de nature à « permettre d'endiguer l'urbanisation désordonnée de la Suisse » (Fig. 7). Il adopta cette contre-proposition en juin 2012, en contrepartie de quoi l’initiative fut retirée. Cette modification de la LAT visant à freiner le gaspillage du sol et la spéculation foncière fut toutefois contestée par une partie des milieux économiques qui lancèrent un référendum; elle fut finalement adoptée par le peuple en 2013.

L’initiative et le référendum existent aussi au plan cantonal. Là aussi, tout citoyen, s’il réussit à fédérer ses concitoyens autour d’une cause, peut saisir les autorités politiques. Ces outils de démocratie directe ont souvent été utilisés par les partisans de la sauvegarde du patrimoine ou de l’environnement. A Genève, plusieurs référendums ont marqué l’histoire de la protection du patrimoine dès la fin des années 1970 : on peut citer notamment le référendum pour le sauvetage de l’Hôtel Métropole (1977), un hôtel néo-classique faisant partie du paysage urbain de la rade, que les autorités entendaient démolir et remplacer par un bâtiment moderne, celui contre la transformation lourde du Musée Ariana (1981) ou encore celui contre la démolition des Bains des Pâquis (1988).

Parallèlement aux votations induites par les initiatives et les référendums fédéraux ou cantonaux, les quarante dernières années ont vu se multiplier en Suisse les mobilisations de groupements engagées soit pour leur cadre de vie, soit pour des préoccupations patrimoniales et/ou environnementales. Des mouvements de quartiers pour lutter contre la démolition dans les centres villes ont fleuri, à l’exemple du sauvetage de la Rote Fabrik, à Zurich. Cette ancienne usine de soieries, promise à la démolition, fut l’objet d’un référendum lancé par le parti démocrate-social en 1973, au terme duquel les Zurichois acceptèrent quatre ans plus tard la transformation en un centre culturel. A Genève une association, l’Association populaire aux

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Grottes (APAG), se constitua autour du sauvetage du quartier des Grottes situé derrière la Gare Cornavin qui était dans les années 1970 promis à la démolition.

La Suisse devait également permettre le surgissement d’initiatives individuelles de quelques prophètes éclairés ou Neinsager, comme Franz Weber. D’un militantisme extrême reposant sur des convictions inaliénables, volontiers qualifié d’écologiste, issu du journalisme, Franz Weber est une figure emblématique de la sauvegarde des paysages suisses, mais aussi internationaux. Sa première campagne remonte à 1965, lorsqu’il se mobilisa pour sauver le village de Surlej en Engadine, dans lequel Nietzsche écrivit son Zarathoustra. Le village risquait alors d’être défiguré par un parking et de grands projets immobiliers – ce que Weber parvint à lui éviter. Il milita ensuite en faveur de la sauvegarde des Baux de Provence, du site de Delphes, des bébés-phoques avec Brigitte Bardot, de la forêt alluviale du Danube, des éléphants du Togo, des chevaux sauvages d'Australie, des îles du Lac Saimaa en Finlande que reluquent les anciens occupants russes pour y construire des datchas de parvenus. Mais c’est surtout autour du site Lavaux que Franz Weber s’est à plusieurs reprises mobilisé (1977, 2005, 2008, la dernière fois en 2014, où l'initiative "Sauvez Lavaux 3" fut refusée par le peuple vaudois). Si « le plus beau paysage du monde » pour Weber, qui n’a pas peur d’employer les superlatifs, est maintenant classé au Patrimoine mondial depuis le 28 juin 2007, c’est sans doute grâce au travail de ce vaillant défenseur de la beauté du paysage face aux intérêts des usagers qui veulent bâtir.

La Fondation Franz Weber (FFW), fondation d’utilité publique financée uniquement pas des dons et des legs, est créée en 1975 pour protéger « le bien-être des animaux, de la nature et des êtres humains »18 partout dans le monde. Sa filiale, Helvetia Nostra, qui bénéficie du droit de recours, a été créée pour lancer de nombreuses initiatives et référendums contre la destruction des paysages suisses et des sites historiques. Le 12 mars 2012, une initiative visant à limiter les résidences secondaires à 20% des logements totaux, afin d’éviter la construction de logements voués à demeurer vides, est acceptée par la population et les cantons. Pour l’heure, son application demeure difficile dans certains cantons, notamment celui du Valais.

Les lois fédérales pour protéger les paysages (Lex von Moos)

18 Fondation Franz Weber, <http://www.zweitwohnungsinitiative.ch/fondation-franz-weber-61.html> « accès le 30 juin 2014 ».

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Parmi les nombreux mécanismes visant à garder intacts les paysages helvétiques, en sus des droit inhérents à la démocratie directe et des lois cadres sur l’aménagement du territoire ou sur la protection du paysage, des lois ponctuelles ont été édictées.

Mise en place en 1961 pour contrer le bradage du sol national, la Lex von Moos fut motivée par la flambée du développement de l’immobilier dans les régions touristiques ; elle interdisait aux étrangers ou à des personnes résidant à l’étranger d’acheter des immeubles ou parties d’immeubles en Suisse. Elle entendait préserver la Suisse pour les Suisses : le législateur souhaitait prévenir « le risque d'une emprise étrangère excessive sur le sol suisse ».

Cette loi, qui visait à préserver les paysages helvétiques, en particulier les paysages de montagne, avait pour but d’éviter le bétonnage tout en restreignant l’afflux de population étrangère ; elle a été reconduite et durcie par différents conseillers fédéraux et s’est appelée successivement Lex Celio, Furgler (1972), Friedrich (1985).

La situation s’assouplit en 1997 avec l’adoption de la Lex Koller puis l’adoption des accords bilatéraux avec l’Union européenne en 2002. Le Conseil National refusera toutefois la proposition d’abrogation de cette loi en 2008, date à laquelle elle a été considérablement assouplie. De nos jours, la Lex Koller n'est plus un obstacle infranchissable, même si Patrimoine suisse rejettera son abolition aussi longtemps que la législation sur l’aménagement du territoire ne prescrira pas des mesures plus incisives contre la prolifération de nouvelles résidences secondaires.

Ainsi, le projet du financier égyptien Samih Sawiris de construire un centre de vacances de 1,1 milliard de francs sur le site de l'ancienne zone militaire d'Andermatt dans le canton d’Uri a reçu une autorisation exceptionnelle de la part du Conseil fédéral. La Lex Koller fut purement et simplement levée, ce qui souleva un tollé de la part de Patrimoine Suisse ; la Cheffe du Département Fédéral de Justice et Police, Evelyn Widmer-Schlumpf, déclara que cette exception devait rester exceptionnelle, arguant qu’« Il est improbable qu’une entreprise étrangère veuille jamais créer un projet analogue, et de plus dans une région présentant les mêmes conditions qu’Andermatt »19.

Plusieurs autres projets de résidences de luxe fleurissent néanmoins dans les Alpes suisses. A Aminona (VS), le Russe Sergei Polonski espérait compléter les tours locatives des années 1960 par cinq tours supplémentaires, 220 appartements et un complexe hôtelier de 500 chambres…

L’histoire et les attentes autour de cette loi restrictive quant à l’accès à la propriété illustrent une situation qui est peut-être propre à la Suisse : protection du paysage et du patrimoine s’y

19 Lettre d’Evelyne Widmer-Schlumpf à Patrimoine Suisse du 18 avril 2008.

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teintent souvent d’accents xénophobes qui peuvent s’expliquer par la tension entre l’exiguïté du pays et son pouvoir d’attraction touristique. Il faut rappeler qu’à l’origine de la fondation du Heimatschutz figurait déjà en bonne place la construction des palaces lémaniques – aujourd’hui monuments historiques dignes de protection –, perçus alors comme des atteintes graves aux paysages célébrés par Jean-Jacques Rousseau dans la Nouvelle Héloïse (1762).

Entre Poya et Fête des Vignerons : le patrimoine immatériel de la Suisse

La Suisse a emboîté le pas de la conservation du patrimoine immatériel20 en adhérant le 16 octobre 2008 à la Convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel. Elle a depuis dressé une Liste des traditions vivantes en Suisse, qui en dénombre 167 à l’heure actuelle.

Cette liste est gérée avec le soutien des services culturels cantonaux, et constitue un préalable à d’éventuels classements UNESCO sur la Liste du patrimoine mondial immatériel.

Une majorité d’activités, événements, rituels inscrits sur cette liste ressortissent de/ou célèbrent l’activité traditionnelle rurale ou alpestre de la Suisse, inséparables du paysage grandiose des montagnes. Citons les fêtes et jeux paysans, comme la fête des armaillis (Alplenchibli) du canton d’Unterwald, la Fête des Vignerons qui chaque vingt-cinq ans célèbre en grandes pompes Bacchus à Vevey, les Dimanches d’automne de Hallau (Schaffhouse), cortège célébrant les vendanges, les montées à l’alpage et les désalpes des vaches dans les cantons d’Appenzell, du Toggenburg et de Fribourg (la Poya et la Bénichon) (Fig. 7), la prière sur l’Alpe de Suisse centrale, sorte de chant grégorien des armaillis qui résonnent de sommets en sommets, l’élevage du cheval des Franches-Montagnes ou des vaches du Val d’Hérens et leurs combats (la reine des reines étant choisies dans les arènes d’Aproz). Les activités artisanales des paysans figurent aussi sur la liste : ainsi le bois sculpté de Brienz, la céramique paysanne bernoise, les peintures paysannes de la région du Säntis, les découpages du Pays d’En Haut (Fribourg).

En regard de tout ce patrimoine immatériel lié à la culture paysanne alpine, rares sont les mirabilia émanant de la civilisation des villes suisses.

Conclusion

Ainsi s’avère-t-il que la protection du paysage au titre de monument est une réalité particulièrement présente en Suisse, peut-être originellement inspirée des Etats-Unis. Les promoteurs du parc National Suisse avaient sans doute à l’esprit l’exemple de la création des

20 Office fédéral de la culture OFC, Liste des traditions vivantes en Suisse, <http://www.bak.admin.ch/

kulturerbe/04335/04341/04342/index.html?lang=fr>, « accès le 2 juillet 2014 ».

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Grands Parcs américains, de Yellowstone (classé en 1879), puis de Yosemite et Sequoia (1890). Plus récemment, le paysage alpin, reconnu pour son caractère grandiose, de même que le patrimoine rural helvétique et le folklore qu’il a généré sont la colonne vertébrale autour de laquelle se matérialise le phénomène de patrimonialisation de ces quarante dernières années.

L’identification helvétique au monde rural éveille une attention pionnière, si on l’évalue à l’aune de l’actuelle question environnementale, aux espèces botaniques en voie de disparition comme l’edelweiss ou la gentiane. Les espèces comestibles font aussi l’objet d’études. Si la création des Stations fédérales de recherche agronomique remonte à la loi sur l’agriculture de 1893, les préoccupations environnementales et éthiques datent des années 1980 : « Sous l'effet combiné des modifications structurelles de l'agriculture et des préoccupations écologiques, on s'attacha dès 1988 à obtenir des rendements plus élevés à moindre coût, tout en veillant à améliorer la qualité et à respecter l'environnement et les droits des animaux »21. Par ailleurs,

« un conservatoire in vitro a été créé en 2003 à l’Agroscope RAC Changins, en accord avec la Commission suisse pour la conservation des plantes cultivées (CPC), afin de garantir la préservation et l’utilisation durable des ressources génétiques des pommes de terre et des petits fruits en Suisse »22. Il en résulte un Conservatoire des collections de génotypes de plantes cultivées. Cette idée de conserver les espèces vivantes s’incarne aussi dans la Fondation ProSpecieRara (Fondation Suisse pour la diversité patrimoniale et génétique liée aux végétaux et aux animaux), instituée en 1982, pour préserver les races d’animaux de rente et les plantes de culture menacées d’extinction : la chèvre du Simplon, la poule appenzelloise huppée, le mouton miroir, le porc laineux, l’arroche rouge des jardins, le pommier api étoilé, etc.

Bien que le phénomène des Appellations d’origine contrôlée ou Appellations d’origine protégée se généralisent en Europe dès les années 1980, la Suisse se distingue ici aussi par la labellisation des produits typiquement suisses, en particulier les produits laitiers qui fondent la mythologie du pâtre helvétique. La dispute entre Français et Suisses autour du Gruyère est encore dans les mémoires. Elle se conclut par la reconnaissance par l’Europe du label AOC puis AOP au fromage suisse produit dans la région de Gruyère, puis par extension dans les

21 Hans Sticher, Stations fédérales de recherches agronomiques (Dictionnaire Historique de la Suisse),

<http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F13852.php>, « accès le 2 juillet 2014 ».

22 Cong-Linh Lê, C. Julmi, L. Nowbuth, M. Manière, D. Thomas, J.-P. de Joffrey et F. Tschuy, Agroscope RAC Changins, 25 ans de culture in vitro, <http://www.google.ch/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source

=web&cd=1&ved=0CB4QFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.agroscope.admin.ch%2Fpublikationen%2Feinzel publikation%2Findex.html%3Fpubdownload%3DNHzLpZeg7t%2Clnp6I0NTU042l2Z6ln1ae2IZn4Z2rZpnG3s2 Rodelnqh1dYR6gGym162dpYbj08%2CGpd6emq2OnZudnYau4w--&ei=Wja0U4GjF6Se7Aa2jICgAQ&usg=A FQjCNFR3nUWXA-aQp8pBLWsjyaoKJC3-w&bvm=bv.70138588,d.ZGU>, « accès le 2 juillet 2014 ».

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cantons de Fribourg, Vaud, Neuchâtel, Jura et Berne, selon une même recette traditionnelle depuis 1115. Roi des fromages suisses, le Gruyère induit toute une culture, qui a façonné le territoire, des pâturages aux fermes d'alpage : il est parfois même livré au ciseau du sculpteur qui transforme la roue en œuvre d’art ornée de guirlandes de fleurs.

L’accent récent mis sur la notion du paysage comme ensemble esthétique, culturel, environnemental et de biodiversité fait en Suisse écho et opposition à la fois à la notion d’ensemble urbain riche de la diversité de ses composantes architecturale, sociales, et d’activités. Pour célébrer cette idée de l’ensemble paysager urbain harmonieux, Patrimoine Suisse crée en 1972 le Prix Wakker qui récompense tant un environnement bâti que les intégrations nouvelles qui s’y font. En raison de sa multiculturalité traditionnelle, de sa densité urbaine et de son rapport à la nature, la Suisse peut ainsi apparaître comme le laboratoire d’une approche globale de la diversité locale. Mise en œuvre ces quarante dernières années grâce à l’aide d’un important dispositif légal et aux mécanismes de la démocratie directe, l’idée d’une conservation paysagère holistique (que le paysage soit naturel, culturel ou urbain) est sans doute en Suisse le plus palpable déplacement de la conscience du problème de la conservation.

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Bibliographie

- « 100 Jahre Denkmalpflege der Eidgenossenschaft », dans Nos Monuments d’Art et d‘Histoire, 38, cahier spécial 1, 1987.

- Beautés naturelles de la Suisse, 100 merveilleux paysages protégés, Sélection du Reader’s Digest en collaboration avec la Ligue suisse pour la protection de la nature, Zurich-Paris, 1991.

- Peter Christian Bener, Daniel Schmid, L’invention du paradis, Glattbrugg : Lausanne, 1984.

- Auguste Blondel, Paul Mirabaud, Rodolphe Töpffer: l'écrivain, l'artiste et l'homme, Genève : Slatkine, 1998, p. 163.

- Commission fédérale des monuments historiques (CFMH), Principes pour la conservation du patrimoine culturel bâti en Suisse, 2007.

- Diana Le Dinh, Le Heimatschutz, une ligue pour la beauté : esthétique et conscience culturelle au début du siècle en Suisse, Lausanne : Université de Lausanne, 1992.

- Albert Knoepfli, Schweizerische Denkmalpflege: Geschichte und Doktrinen, Zürich : Schweizerisches Institut für Kunstwissenschaft, 1972.

- Musée Rath, La peinture suisse entre réalisme et idéal (1848-1906), Genève : Musées d’art et d’histoire, 1998.

- Patrimoine genevois : état des lieux, textes réunis par Leïla el-Wakil, Gollion, Infolio, 2007.

- Préserver et créer : 100 ans de Patrimoine suisse, éd. par Madlaina Bundi, Lausanne : Payot, 2005.

- Ulrich Roth, Christian Schwick, Florian Spichtig, L’état du paysage en Suisse, Rapport intermédiaire du programme Observation du paysage suisse (OPS), Berne : Office fédéral de l'environnement OFEV, 2010.

- François Walter, Les Suisses et l’environnement, une histoire du rapport à la nature du 18e siècle à nos jours, Genève : Zoé, 1990.

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