• Aucun résultat trouvé

COMMENT LIRE LA PRISE DE SANG

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "COMMENT LIRE LA PRISE DE SANG"

Copied!
19
0
0

Texte intégral

(1)

COMMENT LIRE

LA PRISE DE SANG DE SON CHIEN ?

Il y a peu de temps, j’ai dû faire faire une prise de sang à mon vieux chien qui présentait des masses cutanées ulcérées, ce qui laissait malheureusement suspecter un cancer... Quelques jours plus tard, c’est donc fébrilement que je consultais les résultats de cet examen sanguin : une succession d’initiales et de chiffres, une espèce de “charabia” pour les maîtres non initiés, ce qui ajoute du stress au diagnostic.

C’est suite à cet événement que j’ai décidé d’écrire un article expliquant comment lire une prise de sang pour aider les maîtres confrontés à cette situation angoissante.

Dans cet article, vous trouverez les raisons qui doivent pousser à demander une analyse de sang pour son animal, son déroulement, la liste non exhaustive des biomarqueurs qu’on retrouve le plus fréquemment, ainsi que leurs valeurs usuelles et leurs interprétations, tout en sachant que cela peut varier d’un laboratoire à un autre. Dans tous les cas, consulter son vétérinaire reste indispensable, car lui seul peut interpréter ces valeurs en prenant en compte l’historique médical de l’animal.

n°31 - Septembre 2021

La Revue

Chien Vie et Santé

S o m m a i r e

Prise de sang :

Comment lire la prise de sang de son chien ?

(p.1)

Le “Empowerment” :

Redonner du libre arbitre à son chien

(p.7

)

La communication animale :

Science-fiction ou réalité encore méconnue ?

(p.13

)

Quel avenir pour les chiens handicapés ?

(p.16)

Article d’Audrey Dulieux, comportementaliste et naturopathe canin. Audrey a suivi diverses formations en naturopathie et phytothérapie, notamment à l’École des Plantes de Bailleul. Dernièrement, elle a été formée par Pauline Arnt, pionnière du massage canin en France, au Centre de Formation Agréé Chien-Zen, à Paris reconnu par l’IAAMB-ACWT (organisme international de référence en massage pour animaux). Aujourd’hui, Audrey conseille les propriétaires de chiens sur les soins naturels qu’ils peuvent apporter à leur animal au quotidien.

(2)

sang permet de rechercher et d’identifier de nombreux dysfonctionnements de l’organisme de nos compagnons. La recherche est en constante évolution afin de repérer de nouveaux marqueurs de maladies, notamment parce que la prise de sang est finalement un examen peu invasif, bien moins qu’un scanner par exemple qui nécessite l’anesthésie de l’animal.

Comment se déroule l’examen ?

Une prise de sang se réalise chez le vétérinaire. L’examen consiste à récolter du sang en introduisant une aiguille dans une veine après avoir pratiqué une compression de la veine. Chez le chien, la prise de sang se fait généralement à la veine d’une patte avant ou à la veine jugulaire, située au niveau du cou.

L’animal n’a pas besoin d’être sédaté, sauf s’il est stressé ou agité. En fonction de ce qui est analysé, le chien doit être à jeun, mais ceci est en principe précisé par votre vétérinaire en amont de l’examen. Une fois la prise de sang réalisé, un pansement est placé sur l’endroit de la ponction pour éviter les saignements. Il peut être retiré dans l’heure qui suit.

Le résultat est souvent disponible immédiatement après chez le vétérinaire.

Dans les autres cas, les prélèvements sont confiés à des laboratoires d’analyse. La durée de traitement des prélèvements est variable en fonction de l’analyse demandée, il faut ainsi compter quelques jours par

Quel est l’intérêt de faire une prise de sang à son chien ?

Une prise de sang permet d’analyser q u a n t i t a t i v e m e n t et qualitativement la morphologie des cellules et de repérer d ’ é v e n t u e l l e s anomalies par le biais de certains marqueurs (fonction rénale, fonction

pancréatique, protéines, graisses, sucres, etc.).

Une augmentation ou une baisse d’un paramètre biochimique indique une anomalie de fonctionnement de l’organe visé. Si on note par exemple une augmentation des transaminases, des enzymes présentes en particulier au niveau du foie, cela peut laisser supposer que la fonction hépatique est atteinte, de même pour la fonction rénale si on observe des valeurs anormales en créatinine et en urée.

Un problème au niveau des plaquettes peut indiquer par ailleurs un trouble de la coagulation sanguine, tandis que des anomalies endocrinologiques (= relatives aux hormones) pourront révéler un problème hormonal (hypothyroïdie, insuline, cortisol, etc.).

La prise de sang est également à privilégier en cas de suspicion d’intoxication. Par exemple, un empoisonnement à la mort aux rats provoque un déficit en vitamine K (ce qui empêche le sang de coaguler) qui sera visible sur le résultat de l’analyse.

La recherche de maladies infectieuses (sérologie, virologie, bactériologie) peut également se faire par le biais d’une prise de sang. Elle consistera à rechercher le virus ou la bactérie dans le sang. Le diagnostic se fait le plus souvent par PCR. Lors de maladies auto-immunes, le dosage des anticorps spécifiques d’allergènes dans le sang (IgE) pourra poser le diagnostic.

Comme on peut le constater, l’analyse de

(3)

Schéma 1

(4)

Exemple de prise de sang : les rectangles noirs correspondent à des valeurs normales, les rectangles verts à des valeurs basses et les rectangles rouges à des valeurs élevées.

Exemples d’anomalies : Schéma 1 :

• Une diminution des GR (Globules Rouges), de l’HCT (Hématocrite) et de l’HGB (Hémoglobine) tendent à indiquer une anémie.

Schéma 2 :

• Une diminution du taux de Chlore (Cl.) peut indiquer, entre autres, une insuffisance rénale ou une acidocétose diabétique.

• Une augmentation des PAL (phosphatases alcalines) peut indiquer une atteinte du foie, un problème au niveau de la fonction biliaire, ou encore, une maladie de Cushing.

Interpréter les résultats de la prise de sang de son chien

Le résultat d’une prise de sang se décompose en plusieurs parties :

• l’hémogramme, qui apporte des informations relatives au sang (plaquettes, globules rouges, globules blancs, etc.) et permet de détecter d’éventuelles anomalies du système sanguin (anémie, coagulation, système immunitaire, etc.)

• la biochimie sanguine qui permet d’évaluer le fonctionnement d’un organe, mais aussi l’équilibre des électrolytes et l’équilibre hormonal. Il est utile par exemple de réaliser une biochimie sanguine chez les animaux âgés afin d’évaluer leur état de santé.

• l’ionogramme qui analyse la concentration en électrolytes d’un liquide organique. Ces électrolytes sont des sels, acides, ou bases, capables de se dissocier en solution pour former des ions.

Ce sont les 3 principaux éléments analysés lors d’une prise de sang. Les valeurs, ainsi que leur interprétation, sont données à titre indicatif : il est impératif de se rapprocher de son vétérinaire pour avoir le diagnostic.

L’hémogramme Globules rouges

HTE ou HCT (hématocrite) = volume occupé par les globules rouges circulant dans le sang,

exprimé en pourcentage

Valeurs normales comprises entre 37 et 55%

• valeur basse : suspicion d’anémie

• valeur haute : état de déshydratation ou maladie probable

HB (Hémoglobine) : pigments qui transportent l’oxygène dans les globules rouges

Valeurs normales comprises entre 12 et 18 fl

• Valeur basse : suspicion d’anémie

• Valeur haute : état de déshydratation ou maladie probable

VGM (volume globulaire moyen) : taille moyenne des globules rouges

Valeurs normales comprises entre 60 et 77 g/dl

• Valeur basse : suspicion d’anémie

• Valeur haute : état de déshydratation ou maladie probable

RETIC (réticulocytes) : globules rouges immatures

Valeurs normales comprises entre 0 et 127 g/dl

• Valeur basse : suspicion d’une anémie non régénérative (anomalie de la moelle osseuse, carences, infections)

• Valeur haute : suspicion d’une anémie régénérative causée par une hémorragie, une infestation parasitaire, une hémolyse, etc.

Globules blancs

Mesure du nombre de globules blancs, aussi appelés leucocytes (cellules immunitaires de l’organisme).

(5)

Valeurs normales comprises entre 6 et 17 ×109/l

• Valeur basse : suspicion d’une anomalie de la moelle osseuse

• Valeur haute : infection virale, bactérienne ou parasitaire, inflammation chronique, d’un processus cancéreux ou d’un désordre immunitaire

NEU (neutrophiles) : globules blancs qui détruisent les microbes et les bactéries

Valeurs normales comprises entre 60 et 75%

• Valeur basse : infection virale, intoxication, anémie, hyperthyroïdie, aplasie médullaire (atteinte de la moelle osseuse), leucémie

• Valeur haute : infection bactérienne, inflammation ou dans des cas plus graves, envahissement du sang par des cellules tumorales

LYM (lymphocytes) : globules blancs jouant un rôle central dans le système immunitaire

Valeurs normales comprises entre 12 et 30%

• Valeur basse : infections virales ou parasitaires (leishmaniose, toxoplasmose, etc.)

• Valeur haute : infections chroniques, inflammations, cancers

MONO (monocytes) : globules blancs qui combattent certaines infections et aident d’autres globules blancs à éliminer les tissus endommagés ou morts, à détruire les cellules cancéreuses et à réguler la réponse immunitaire contre les substances étrangères.

Valeurs normales comprises entre 3 et 10%

• Valeur basse : infection du sang, chimiothérapie ou trouble de la moelle osseuse.

• Valeur haute : infection, tumeur, leucémie EOS (éosinophiles) : globules blancs dont la fonction est de s’attaquer aux parasites de l’organisme

Valeurs normales comprises entre 2 et 6%

• Valeur basse : infection et inflammation aiguë

• Valeur haute : phénomène parasitaire, lors de tumeurs ou lors de maladie à médiation immune.

BASO (basophiles) : globules blancs dont la fonction est de neutraliser les inflammations, les allergies et les infections

Valeurs normales comprises entre 0 et 1%

• Valeur basse : stress aigu, maladie de Cushing, prise de certains médicaments (corticoïdes, ACTH ou estroprogestatifs), choc allergique ou anaphylactique, hyperthyroïdie ou infection.

• Valeur haute : états allergiques ou

inflammatoires (dermatoses, asthme, etc.), ou hypothyroïdie, et diverses maladies endocrines.

Plaquettes (PLT et PCT) : mesure des cellules qui forment les caillots

Valeurs normales comprises entre 200.000 et 400.000/mm3

• Valeur basse : dysfonctionnement du système immunitaire, inflammation, infection, troubles de la coagulation

• Valeur haute : hyper coagulation La Biochimie

BUN (urée) : déchet provenant de la dégradation des protéines éliminé par l’urine

Valeurs normales comprises entre 6 et 25 mg/d

• Valeur basse : fonction hépatique altérée, hyper hydratation

• Valeur haute : diminution de la fonction rénale, pathologie cardiaque, choc ou obstruction urinaire

CREA (créatinine) : dégradation de créatine éliminée par les urines

Valeurs normales comprises entre 0,5 et 1,6 mg/

dl• Valeur basse : diminution de la masse musculaire

• Valeur haute : dysfonctionnement du rein, pathologie rénale, pathologie cardiaque, choc ou obstruction urinaire

PHOS (phosphore)

Valeurs normales comprises entre 2,5 et 6,0 mg/

dl• Valeur basse : malabsorption, déficit en vitamine D

• Valeur haute : insuffisance rénale, ingestion de toxiques

Ca+ (calcium)

Valeurs normales comprises entre 8,9 et 11,4 mg/dl

• Valeur basse : éclampsie, pancréatite, insuffisance rénale aiguë et chronique, intoxication à l’antigel, hypoparathyroïdie

• Valeur haute : tumeurs, pathologies rénales, hyperparathyroïdie

ALAT (alanine amino-transférase) : enzyme du foieValeurs normales comprises entre 5 et 107 u/l

• Valeur basse : non significatif

• Valeur haute : problèmes hépatiques

(6)

Vous avez maintenant toutes les clefs pour comprendre l’examen non invasif qu’est la prise de sang. Elle vous permettra de récolter, et surtout de comprendre, des informations précieuses afin d’établir un diagnostic avec votre vétérinaire, et ensemble, de mettre en place les traitements appropriés.

ASAT (aspartate amino transferase) : enzymes présentes dans les cellules

Valeurs normales comprises entre 5 et 107 u/l

• Valeur basse : non significatif

• Valeur haute : lésion du foie, nécrose musculaire, hémolyse

ALKP ou PAL (phosphatases alcalines) : enzymes présentes surtout dans le foie, les voies biliaires et les os

Valeurs normales comprises entre 10 et 150 u/l

• Valeur basse : non significatif

• Valeur haute : atteinte du foie, un problème au niveau de la fonction biliaire, ou encore, une maladie de Cushing.

GGT (gamma glutamyl transférase) : enzymes qui permettent de transférer les acides aminés entre les cellules.

Valeurs normales comprises entre 0 et 14 u/l

• Valeur basse : non significatif

• Valeur haute : pancréatite, cirrhose, problèmes hépatiques

ALB (albumine) : protéine servant de transport Valeurs normales comprises entre 2,7 et 4,4 g/l

• Valeur basse : pathologies du foie, triade féline, pancréatite chronique, parasitisme, pathologies rénales

• Valeur haute : déshydratation AMYL (amylase) : enzyme digestive

Valeurs normales comprises entre 290 et 1125 u/l

• Valeur basse : non significatif

• Valeur haute : pancréatite, insuffisance rénale, déshydratation, tumeur

Protéines (TP) : concentration de protéines dans le plasma sanguin

Valeurs normales comprises entre 5 et 7,4 g/l

• Valeur basse : malabsorption, problèmes rénaux, insuffisance hépatique

• Valeur haute : inflammations, tumeur, leishmaniose

GLU (glucose) : concentration de sucres dans le sang

Valeurs normales comprises entre 80 et 150 mg/

dl• Valeur basse : pathologies pancréatiques, maladie d’Addison, insuffisance hépatique, tumeur hépatique

• Valeur haute : diabète, pancréatite

CHOL (cholesterol) : concentration de graisses dans le sang

Valeurs normales comprises entre 92 et 324 mg/

dl• Valeur basse : insuffisance pancréatique

• Valeur haute : diabète, hypothyroïdie, pancréatite, maladies hépatiques

Cortisol : hormone stéroïde sécrétée par les glandes surrénales

Valeurs normales comprises entre 40 et 200 nmol/l

• Valeur basse : maladie d’Addison

• Valeur haute : maladie de Cushing T4 (thyroxine) : hormone thyroïdienne

Valeurs normales comprises entre 15 et 35 nmol/L

• Valeur basse : hypothyroïdie (se manifestant notamment par de l’agressivité)

• Valeur haute : hyperthyroïdie (rare chez le chien)

L’ionogramme Na+ (sodium)

Valeurs normales comprises entre 139 et 154 nmol/L

• Valeur basse : maladie d’Addison, pathologie rénale

• Valeur haute : déshydratation K+ (potassium)

Valeurs normales comprises entre 139 et 154 nmol/L

• Valeur basse : perte due à des vomissements et diarrhées, insuffisance rénale

• Valeur haute : déshydratation, obstruction urétrale

Cl- (chlore)

Valeurs normales comprises entre 102 et 120 nmol/L

• Valeur basse : insuffisance rénale ou acidocétose diabétique

• Valeur haute : pathologie rénale, intoxication à l’antigel

(7)

LE “EMPOWERMENT”

REDONNER DU LIBRE-ARBITRE À SON CHIEN

Pendant de nombreuses années, nous avons pensé qu’il fallait contrôler le chien, ne pas le laisser décider, sinon il prendrait le « pouvoir » dans la maison. Combien de fois n’avez-vous pas entendu qu’il ne fallait pas donner de l’attention à votre chien quand il en demandait ? Qu’il ne devait pas choisir la direction pendant les balades  ? Qu’il ne pouvait pas choisir où dormir ? Avec le temps, nous avons appris à mieux communiquer avec nos chiens et à mieux les comprendre. Nous savons aujourd’hui que donner du pouvoir à son chien apporte plus d’avantages que de désavantages.

Empowerment : qu’est-ce que c’est ?

Vous avez peut-être déjà entendu ce terme, utilisé en France depuis les années 2000. Ce terme anglo-saxon n’a pas de réelle traduction en français.

L’empowerment articule deux dimensions, celle du pouvoir, qui constitue la racine du mot, et celle du processus d’apprentissage pour y accéder. L’empowerment est donc le processus par lequel un individu, une communauté, une association, etc. prend le contrôle des événements qui le ou la concernent. Ce terme difficile à traduire est apparu dans le monde anglo-saxon à une époque de changements sociaux, dans une société hiérarchisée où certains groupes d’individus dominaient d’autres groupes, sans leur laisser ni « pouvoir », ni prise de décision en ce qui les concernait.

L’empowerment a permis à ces groupes qui

subissaient une discrimination sociale de reprendre leurs droits et d’estomper cette

« hiérarchie » établie.

Je ne rentrerai pas plus dans les détails sur l’origine du mot, mais ce concept est important à comprendre : aujourd’hui, l’empowerment peut également être appliqué au quotidien avec nos chiens.

De l’éducation traditionnelle à l’éducation moderne

Tout comme son apparition dans notre société, l’empowerment appliqué chez nos chiens indique un changement de la place du chien dans nos familles. Traditionnellement, notre relation avec le chien était hiérarchique et celui- ci était tout en bas de l’échelle. Toute prise de décision à l’initiative du chien était perçue comme de la domination et un moyen pour le chien de « prendre le pouvoir » sur le foyer.

Qui n’a jamais entendu qu’un chien ne devait jamais manger avant nous ? Passer une porte sans notre autorisation ? Monter sur le canapé ou le lit ? Même un chien qui vient chercher de Article de Sara Garcia Galan,

comportementaliste et éducatrice canine diplômée en Cynologie, formée à l’école du Dr Vétérinaire Joël Dehasse. Elle exerce depuis plusieurs années en éducation bienveillante, et a permis à des centaines de personnes d’éduquer leur chien avec respect et complicité.

(8)

l’attention était vu comme une tentative de nous dominer. Le chien n’avait donc aucun pouvoir et n’avait surtout pas le droit de prendre des initiatives, au risque d’être catégorisé comme un chien « mal éduqué ».

Heureusement, nos connaissances sur le chien et les mécanismes d’apprentissages nous ont appris que cette organisation hiérarchique chez le chien, en plus d’être inutile, n’existe que parce que l’humain la met en place. Sans nous en rendre compte, notre vision de la relation homme-chien est biaisée par nos propres croyances. Si vous pensez qu’une hiérarchie existe, alors vous interprèterez chaque action du chien dans cette optique.

En réalité, il n’y a pas besoin de dominer son chien ou de le priver de tout pouvoir pour avoir une relation équilibrée avec lui. L’éducation moderne (ou positive) est elle-même basée sur le principe d’empowerment : elle redonne au chien la possibilité de faire des choix et d’avoir plus d’emprise sur les évènements qui lui arrivent. Le chien peut à nouveau prendre des initiatives ou montrer que quelque chose ne lui plait pas.

Donner du pouvoir à son chien ne le rendra pas mal élevé. Cela ne signifie pas non plus qu’il sera « le roi » de la maison. En tant qu’humain, nous avons souvent peur de ne pas contrôler quelque chose, et cela est également valable avec nos chiens. Pourtant, leur laisser un libre arbitre apporte à la relation homme-chien bien

plus de bénéfices que de contraintes : c’est une tout autre dimension de la relation qui s’offre à vous et à votre compagnon à quatre pattes.

Un chien plus heureux

Chaque chien a sa propre personnalité : certains individus seront plus timides, tandis que d’autres seront plus affirmés. Quel que soit le tempérament de votre chien, lui laisser la possibilité d’être pleinement lui l’aidera à se révéler. Un chien qui a le choix est un chien qui sera plus serein, plus sûr de lui. J’ai toujours pratiqué en laissant un maximum de possibilités aux chiens, et au fil des années, j’ai pu en voir tous les avantages.

Il y a quelques semaines, j’ai rencontré en séance une petite chihuahua de cinq mois absolument adorable, mais extrêmement peureuse. Son attitude m’a beaucoup marquée : lorsque je suis rentrée, elle a tout de suite exprimée beaucoup de joie et d’envie d’interagir avec moi, mais en même temps, elle ne pouvait pas s’approcher à moins de trois mètres. Je me suis donc assise par terre avec elle et, pendant que je discutais avec son propriétaire, j’ai récompensé chaque petite initiative de sa part. Au bout de quinze minutes, elle est venue me toucher la main et s’est laissé caresser. À aucun moment, je ne l’ai forcée à venir vers moi. Elle avait le choix de s’avancer et de reculer à sa guise. Les friandises étaient toujours lancées loin de moi afin d’éviter de la forcer à s’approcher. Durant ces quinze minutes, son attitude corporelle a totalement changé. Les mouvements de recul ont diminués.

Le corps était plus « droit et ancré », alors qu’au

(9)

départ, il était fuyant. Les pattes arrière restaient collée au sol, alors qu’elle s’étendait pour me sentir, prête à détaler au moindre geste de ma part.

En parlant avec son propriétaire, je me suis rendue compte que, comme c’était un petit chien, on ne lui laissait que peu le choix de dire « je ne veux pas ». Lorsqu’un invité arrivait, ses propriétaires la prenaient et la mettaient directement dans les bras des invités : elle n’avait pas d’échappatoire. Comme elle apprécie beaucoup le contact, ses propriétaires ne voyaient pas de problème à la forcer un peu.

Mais au fil des mois, son attitude générale avait changé, et elle commençait déjà à montrer de la réactivité face aux humains en extérieur. En apprenant à ses propriétaires à comprendre les signaux qu’elle envoyait et surtout à les respecter, nous avons changé son attitude globale, en à peine un mois. Lui avoir donné plus de pouvoir a permis à cette petite chienne de gagner en assurance et en confiance dans son environnement.

Les petits chiens sont souvent bien mal lotis, car leur taille nous permet de facilement les contraindre à faire quelque chose qu’ils ne veulent pas. Si cette petite chihuahua avait été un Saint-Bernard, ses propriétaires n’auraient pas pu la forcer au contact.

Je suis intervenue récemment pour un jeune épagneul breton plein de vie, mais qui ne se laissait absolument pas mettre le harnais. Par manque d’outils et de connaissances,

il a quotidiennement été forcé et contraint à enfiler le harnais afin d’être baladé. Au fil des jours, sa réaction était de plus en plus virulente, allant jusqu’à mordre les mains lorsqu’on s’approchait pour le toucher.

Comme pour la petite chihuahua, je me suis armée d’un renforçateur qui avait beaucoup de valeur pour lui : la nourriture. J’ai commencé par renforcer chaque moment de calme, car il était très agité. Progressivement j’ai approché une main, puis deux. J’ai continué à le récompenser quand il était calme et je me reculais lorsqu’il me montrait que ma main le gênait.

En une dizaine de minutes, j’ai pu lui enfiler le harnais sans contrainte et avec tout son consentement, et ce, en une seule cession. En lui laissant le choix d’être ou ne pas être touché,

j’ai gagné sa confiance et il s’est apaisé.

Il n’est pas toujours évident pour nous de prendre le temps et d’accepter qu’on ne va peut-être pas réussir à atteindre notre objectif en une seule session. Mais si vous persévérez, vous verrez qu’à terme, vos apprentissages seront plus solides et plus fiables dans le temps.

Votre chien, quant à lui, acceptera des choses qu’il n’acceptait pas avant, simplement parce que vous lui avez laissé le choix de vous dire

« non je n’ai pas envie ».

Les avantages sont donc incontestables.

L’empowerment permet d’avoir un chien :

• Plus calme et plus serein au quotidien : diminution de l’agressivité, de l’irritabilité et de l’impulsivité.

• Plus sûr de lui et plus en confiance dans son environnement : diminution des peurs et de l’anxiété.

BON À SAVOIR

L’empowerment n’est pas seulement bénéfique pour les chiens craintifs : il peut également être indispensable chez les chiens

« à fort caractère », qui n’ont pas peur de dire quand quelque chose ne leur plaît pas et qui sont peu

« dociles ».

(10)

• Qui vous fait confiance : votre lien sera plus fort et plus durable dans le temps.

• Plus joyeux et expressif.

• Un chien simplement plus heureux de pouvoir s’exprimer et être compris !

Comment redonner du pouvoir à son chien ?

Certains se demanderont alors s’ils sont obligés de laisser leur chien faire tout ce qu’il veut pour qu’il soit heureux. Heureusement pour nous, la réponse est non. Car, même si on le voulait, dans notre société, il existe des contraintes et des obligations qui ne permettent pas à nos chiens de vivre totalement libres de toute règle humaine. Mais rassurez-vous, vous pouvez redonner du pouvoir à votre chien sans que ce soit le chaos total chez vous.

Voici quelques processus simples à mettre en place pour pratiquer l’Empowerment avec votre chien :

• Avant toute chose, vous devez vous assurer que tous les besoins physiques de votre chien soient comblés : une bonne alimentation, des soins médicaux, des activités, du jeu, etc.

• Assurez-vous d’avoir un haut taux de renforcement, c’est-à-dire de récompenser plus souvent et avec de meilleurs renforçateurs en général.

• Faites en sorte que la conséquence d’un comportement reste constante, surtout dans les premières étapes. Cela veut dire que, lorsque votre chien produit un comportement, ce qui découle de ce comportement doit être cohérent. Par exemple, si votre chiot cherche de l’attention en vous sautant dessus, vous ne devez pas le caresser certaines fois et vous énerver d’autres fois. La conséquence du saut serait alors parfois positive, parfois négatives, ce qui risquerait de créer de la confusion chez le chien.

• Assurez-vous de toujours mettre votre chien en situation de réussite lorsque vous l’entrainez. Aménagez l’environnement pour que les comportements indésirables ne puissent pas apparaître, mais surtout pour que les comportements désirés soient plus susceptibles de se produire : ainsi, vous pourrez les renforcer.

• Évitez à tout prix les stimulations aversives (punitions) surtout lors des premiers mois de vie. Lorsque le contact avec une

stimulation aversive est inévitable (comme une manipulation médicale), associez un maximum cette stimulation avec un renforçateur afin de le désensibiliser quand c’est possible.

• Instaurez des activités qui vont stimuler la curiosité et la prise d’initiative de votre chien.

Quelques exercices et jeux

La balade autonome

Lorsque vous promenez votre chien, avez-vous déjà une idée de l’itinéraire que vous allez emprunter ? La plupart du temps, lorsque nous sortons notre chien, nous avons la route déjà bien tracée dans notre tête. Mais avez-vous déjà laissé votre chien choisir son chemin et regardé où ça vous mène ? Si la réponse est non, alors il est temps d’essayer.

Choisissez un lieu nouveau afin que votre chien ne soit pas simplement guidé par son habitude et suivez-le. Restez toujours derrière lui afin de ne pas l’influencer dans la direction à prendre (les chiens sont très doués pour comprendre nos intentions !). Certains chiens craintifs ont beaucoup de mal avec cet exercice, car ils ont tendance à compter sur leur humain pour les guider. Si votre chien s’arrête, alors arrêtez- vous. S’il veut revenir en arrière, revenez. À la fin de la balade, vous constaterez que la communication de nos chiens est très riche et qu’il suffit parfois de prendre le temps de les écouter pour s’en rendre compte.

Le free-shaping

Munissez-vous de récompenses et d’un clicker. Placez un objet quelconque entre votre chien et vous. Dès que celui-ci s’intéresse à l’objet, cliquez et récompensez. Répétez sans attendre que votre chien propose un autre comportement au départ. Toute interaction doit être récompensée, que votre chien pose brièvement les yeux sur l’objet ou qu’il le touche. Progressivement, vous verrez que votre chien répètera volontairement certains comportements. À partir de là, commencez à cibler les comportements qui vous intéressent et laissez votre chien vous en proposer d’autres.

Toucher l’objet avec le museau ; avec la patte ; tourner autour ; lui aboyer dessus… Ici, aucun objectif précis n’est attendu : tout ce que nous voulons, c’est que notre chien propose des

(11)

Quand on fait du Shaping, il faut avoir un objectif de comportements final et un plan afin de récompenser les comportements qui mèneront à cet objectif final. À l’inverse, en free-shaping, on laisse le chien libre de proposer. Cette dernière est plus simple à mettre en place avec un chien et un propriétaire novice.

“C’est ton choix” : le principe des auto- contrôles

Laisser son chien choisir ne veut pas dire que nous lui laissons toutes les possibilités de réponses. Lorsqu’on vit avec un chien, on ne veut normalement pas qu’il saute sur la table basse pour manger tous les gâteaux apéros…

Donc comment faire pour lui laisser choisir un comportement et que celui-ci nous soit acceptable ?

Afin d’y parvenir, nous devons, dans un premier temps, identifier la motivation de notre chien et son objectif. Gardons l’idée de l’apéro sur la table. Si le chien saute sur la table, son objectif est de pouvoir attraper et manger la nourriture

disponible. Pour cet exercice, nous allons donc laisser le chien obtenir de la nourriture, mais uniquement s’il ne saute pas sur la table.

Afin de mettre le chien dans une situation de réussite et de ne pas renforcer le mauvais comportement, je vous invite à, soit mettre une laisse à votre chien, soit mettre une barrière pour empêcher l’accès à la table. Une fois l’environnement géré, vous devrez récompenser le(s) comportement(s) qui vous paraissent acceptables. Par exemple, si votre chien se couche, détourne la tête de la table, va dans son panier, etc., vous pouvez le récompenser immédiatement en lui donnant de la nourriture.

Dans cet exercice, nous ne disons absolument rien au chien. Nous ne lui demandons pas de s’asseoir ou de laisser, nous attendons simplement qu’il propose les comportements voulus pour pouvoir les récompenser.

Cet exercice peut être appliqué à de nombreuses situations de votre quotidien, le but étant qu’il comprenne par lui-même, et sans aide de l’humain, quels sont les comportements qui ont des conséquences positives pour lui.

Pour vous donner un autre exemple :

Votre chien est très chasseur et adore courir derrière les oiseaux. Lorsque vous croisez un oiseau en balade, il se fige, fixe, et tire pour aller le voir. Mettez-vous au départ assez loin, et lorsqu’il remarque l’oiseau, ne bougez plus. Attendez qu’il vous propose un autre comportement, comme se détourner ou vous regarder sans que vous ne l’appeliez.

Lorsqu’il propose un de ces comportements, récompensez-le en le laissant courser l’oiseau.

Il va donc apprendre que se tourner/vous regarder est un comportement plus efficace pour courir derrière l’oiseau de que s’énerver et tirer.

Le « bucket game »

Voilà un exercice de medical training que j’adore et qui illustre parfaitement l’empowerment du chien. Ce jeu est mis en place dans le but de pouvoir prodiguer des soins au chien tout en lui demandant son consentement. Dans cet exercice, on définit un comportement qui sera le signal que nous pouvons manipuler le chien. Par exemple, nous apprenons au chien à regarder le pot de friandises et à éventuellement poser sa tête pour nous indiquer son consentement.

Lorsque celui-ci arrête de regarder le pot ou lève la tête, les manipulations s’arrêtent

(12)

L’empowerment est un concept qui fait partie intégrante de l’éducation bienveillante et moderne de nos chiens, parfois déjà pratiqué au quotidien sans même s’en rendre compte. N’ayez donc plus peur de donner du pouvoir à vos chiens, de les laisser faire des choix et de leur demander leur consentement. Vous n’en ferez pas un chien roi, mais un chien sûr de lui, qui appréciera partager chaque instant avec vous. Vous découvrirez une nouvelle facette de sa personnalité et serez sans doute bien surpris des changements positifs que cela vous apportera.

immédiatement.

Cet exercice est particulièrement intéressant avec les chiens qui ne se laissent pas facilement manipuler ou qui montre des comportements agressifs lors des manipulations vétérinaires. En apprenant au chien qu’il peut dire stop quand c’est trop pour lui, nous diminuons nettement son anxiété lors des manipulations. Le chien se laisse de plus en plus faire au fil du temps et à ne pas surréagir.

Pour mettre en place ce jeu :

1. Commencez par apprendre à votre chien la position de départ. Mettez le pot de friandise face à lui et récompensez-le pour regarder le pot sans y toucher. Répétez jusqu’à ce qu’il fixe le pot de plus en plus longtemps.

2. Lorsque votre chien fixe bien le pot, approchez doucement votre main sans le toucher. Récompensez aussitôt s’il n’a pas détourné le regard. S’il s’est détourné, enlevez votre main, mais ne le récompensez pas. Refaite la même chose, mais en faisant un mouvement de main moins invasif ou très léger.

3. Répétez en avançant

progressivement la main vers une zone pas trop sensible jusqu’à pouvoir le toucher. Répétez

ces étapes en travaillant différentes zones du corps.

4. Placez une deuxième main et répétez les étapes précédentes.

5. Lorsque votre chien se laisse toucher, essayez de soulever une patte, toucher les oreilles, les babines, etc. Répétez tant que votre chien vous donne son consentement.

6. Rajoutez des produits/ustensiles à la session et répétez toutes les étapes.

(13)

Communication animale : de la science-fiction ?

La communication animale est une méthode de connexion télépathique dans laquelle la distance importe peu. Elle permet, à partir d’une photo ou d’un nom, d’entrer en connexion avec l’animal afin de pouvoir explorer son ressenti, son point de vue et de dialoguer avec lui. Lorsque j’ai entendu parler de communication animale pour la première fois, j’étais très partagée. Une part de moi avait bien évidemment envie d’y

LA COMMUNICATION

ANIMALE

SCIENCE-FICTION OU RÉALITÉ ENCORE MÉCONNUE ?

Avez-vous déjà remarqué que votre animal semble parfois vous comprendre, ou s’adresser à vous au-delà des mots ? Que, même à distance, vous pouviez parfois sentir sa présence ? Qu’il ou elle semble savoir avant vous quand quelqu’un arrive, particulièrement un proche ? Vous avez sûrement déjà entendu parler de ces histoires où un animal parvient à retrouver son gardien après s’être perdu dans un déménagement, même à plusieurs centaines de kilomètres et dans un endroit qu’il ne connaissait pas.

Ou encore de ceux qui hurlent à la maison au moment où leur gardien meurt à l’hôpital…

Mais où s’arrêtent ces capacités ? Peut-on réellement communiquer avec nos animaux en plus des simples échanges du quotidien ? Et en quoi consiste la communication animale, quelles en sont les bases scientifiques et les limites ?

croire. Ce serait tellement magique de pouvoir communiquer avec eux, les comprendre et les entendre… Cependant, mon esprit scientifique avait besoin de le voir pour le croire, et de comprendre comment cela pouvait fonctionner.

C’est le livre « Les Pouvoirs inexpliqués des animaux » de Rupert Sheldrake qui a commencé à me mettre sur la piste des voix animales. Dans ce livre, l’auteur a conduit de multiples expériences en double aveugle, permettant de mettre en évidence l’existence de ce lien télépathique entre l’homme et l’animal. Une accumulation de données impressionnante qui m’a donné envie d’aller plus loin dans l’exploration de ce lien.

Première rencontre avec la communication animale

Rien de tel pour se faire une idée, que d’expérimenter la chose par soi-même. Une de mes chattes, Laïla, qui partage notre maison avec sa maman Sirka et la petite dernière Blue, était malpropre depuis deux ans. Malgré mes multiples efforts dans toutes les thérapies complémentaires imaginables, je n’arrivais pas à mettre le doigt Article de Sylvia Morand, titulaire du

diplôme de médecine vétérinaire et du DIE d’ostéopathie vétérinaire.

Formée à l’acupuncture, la phytothérapie, l’aromathérapie, et à l’éthologie animale, elle est également la présidente de l’AMCV (Association des Médecines Complémentaires Vétérinaires). Elle pratique une médecine holistique qui prend en compte l’animal dans sa globalité en tant qu’être conscient.

(14)

sur ce qui n’allait pas pour elle, ni à la soulager.

Certains essais marchaient 15 jours maximum, mais rien n’y faisait : les pipis revenaient d’une régularité métronomique, tous les matins devant la porte d’entrée. En désespoir de cause et sur conseil d’une consœur, je me résolvais à la communication animale - n’ayant pas grand-chose à perdre. Afin de pousser l’expérience jusqu’au bout (en bonne scientifique), je sélectionnais une vétérinaire à l’autre bout de la France que je ne connaissais absolument pas.

Le jour de la consultation venu, elle me dit au téléphone qu’elle allait commencer par me décrire ce qu’elle percevait de l’environnement de Laïla, afin de vérifier qu’elle était bien connectée au bon animal… Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’elle se mit à me décrire l’intérieur de ma maison, de la disposition des pièces, aux matériaux du sol et jusqu’aux meubles dans les pièces. J’avoue que mon premier réflexe a été de vérifier les photos que je lui avais envoyées et de taper mon nom sur internet pour être sûre qu’on ne voyait pas de photos de ma maison sur internet… Chou blanc…

Bousculée dans mes certitudes, je l’écoutais me raconter la façon dont Laïla était perturbée par le rejet de sa mère, que la fois où elle avait disparu 15 jours (chose que je ne lui avais pas dite non plus !), c’était Sirka qui l’avait mise à la porte, et me passer des messages personnels.

Je lui demandais que faire pour que les choses s’arrangent et elle me répondit qu’il n’y avait rien à faire que maintenant que c’était entendu, les choses allaient bouger d’elles-mêmes. Dans un état un peu second, entre l’envie d’y croire et le scepticisme, je raccrochais en ayant le sentiment d’avoir ouvert une porte sur l’inconnu.

Une fois rentrée à la maison, je trouvais Laïla sur le pas de la porte qui m’attendait de patte ferme.

Prise par l’inspiration du moment, je lui expliquais que sa mère n’avait pas son mot à dire et qu’elle aurait toujours sa place parmi nous, qu’elle était chez elle. Je la remerciais aussi de ce qu’elle avait dit pour moi et lui ai promis que j’allais y prêter attention. Elle me fixa tranquillement de ses beaux yeux verts et cligna doucement des yeux en ronronnant un peu comme savent si bien faire les chats pour nous communiquer leur accord.

Du jour au lendemain, les pipis systématiques du matin depuis 2 ans, disparurent… Ma perception du monde et de l’animal venait de s’élargir considérablement.

Immédiatement, mon esprit se mit à tourner à plein régime... Comment ça marche ? Et bien sûr, est-ce que je peux le faire ?

Et là se trouve la bonne nouvelle : son explication la rend accessible à tous ceux qui ont la volonté de développer cette faculté, car elle est innée à l’intérieur de nous, de par la structure et le fonctionnement de notre corps.

Les bases scientifiques de la communication animale

Pour comprendre comment fonctionne la communication animale, je vous propose de repasser par la biologie et la physique du quotidien.

Prenons l’exemple de votre téléphone. Lorsque vous composez un numéro, vous captez uniquement la fréquence de cette ligne et non pas de toutes celles qui sont ouvertes à ce moment- là. Le signal émis monte jusqu’aux satellites en orbite autour de la Terre avant de redescendre à l’endroit où se trouve votre correspondant : il y a donc une énorme distance de plusieurs milliers de kilomètres. Et pourtant, la communication vous paraît instantanée. Cela est permis par le phénomène de résonance qui permet de s’affranchir des distances à l’échelle de la Terre.

Vous allez me dire, très bien, mais je ne peux pas appeler mon animal et si cela explique le fait que la communication soit faisable à distance, ça n’explique pas comment je me connecte à lui. Comment je compose le bon numéro et comment je reçois les informations ?

Les cellules du corps humain contiennent toutes de l’ADN, la molécule porteuse de notre information génétique et de multiples informations communes avec l’ensemble du vivant. Mais la particularité de l’ADN qui nous intéresse ici est sa capacité à servir

(15)

d’antenne réceptrice et émettrice dans le corps.

Vous l’aurez compris, votre ADN est l’antenne réceptrice capable d’amplifier les signaux de votre téléphone intérieur. Des chercheurs sont d’ailleurs en train de tenter de mettre au point de nouvelles micro-antennes à partir d’ADN.

Il nous reste à voir comment composer le bon numéro ? Chaque organisme possède une fréquence qui lui est propre. En effet, nous sommes tous composés d’atomes et de particules qui, malgré une base commune, nous donnent une signature bioélectronique et donc une fréquence unique (comme une empreinte digitale). Tout notre système nerveux fonctionne de façon électromagnétique et le cerveau enregistre en permanence ces signaux électriques et les interprète, afin que nous puissions savoir comment nous nous sentons et ce dont nous avons besoin.

Des études récentes ont démontré que cette communication entre le corps et le cerveau ne se fait pas comme nous l’imaginions, par de la biochimie avec les hormones et les neurotransmetteurs, mais par biorésonance et donc par fréquence. Il nous suffit alors de « brancher » notre cerveau sur une autre fréquence que la nôtre pour pouvoir avoir accès aux informations venant de l’autre : animal ou humain. Bien sûr, vous ne coupez jamais complètement la communication avec vous et la difficulté vient de là : il faudra faire le tri entre ce qui vous appartient et ce qui appartient à l’animal que vous contactez.

C’est en réalité quelque chose que vous faites intuitivement en permanence. Lorsque vous vous sentez malade parce que vous voyez quelqu’un de malade ; lorsque vous rentrez dans une pièce

et que vous sentez les tensions avant même de regarder les gens ; lorsque vous pensez à un ami et qu’il vous appelle dans la foulée ; lorsque vous ne savez pas pourquoi vous allez à la porte, mais qu’une fois que vous y êtes, vous apercevez votre chien derrière qui demande à rentrer… Toutes ces petites choses du quotidien qui passent inaperçues et qui sont déjà de la communication intuitive. L’exemple le plus fort peut être celui de l’instinct maternel, où une maman peut sentir immédiatement à distance si son enfant va bien ou non.

La principale difficulté de la communication animale est de retranscrire une communication qui est non verbale à la base, en conversation compréhensible pour l’humain qui la demande.

Cela demande notamment de mettre des mots sur ce que l’on ressent (alors que la plupart d’entre nous ont tendance à fuir leurs émotions), mais également de rester neutre et de ne pas projeter sur l’animal nos propres références. Je me souviendrai toujours de ce chien battu que j’ai rencontré au cours d’une communication animale. J’étais déjà partie à le plaindre et à m’énerver contre la cruauté des gens, mais le chien m’a calmée tout de suite, en me faisant comprendre que c’était le passé, que si j’avais envie de rester là-dessus grand bien me fasse, mais que lui voulait juste profiter de son présent.

Si par contre, au passage, je pouvais le soulager simplement sur les douleurs dorsales qu’il avait, cela lui suffisait amplement… Et que s’il reculait en voyant une main, ce n’était pas par peur des coups, mais à cause de son mal de dos… Et en effet, une fois traité, il ne reculait plus devant les caresses, mais allait chercher le contact. Alors bien sûr, c’est un chien en particulier, ce ne sera pas valable pour tous. C’est cela le propre de la communication animale aussi : garder en tête que chacun est différent et que chacun peut vivre un événement de manière différente. Plus vous serez ouvert d’esprit et prêt à considérer tous les points de vue, même ceux qui peuvent parfois vous paraître illogiques, meilleur interprète vous serez.

La communication animale demande en réalité de savoir se mettre à la place de l’autre, sans jugement. De vous plonger complètement dans le monde de votre ressenti. Et ce, en étant parfaitement explicable sur un plan scientifique par les phénomènes de résonance qui unissent l’univers du vivant.

(16)

Bonjour Stéphanie, merci de nous accorder cette interview.

Pour commencer : pourquoi avoir choisi de créer une association sur le handicap animal ?

On ne peut pas vraiment dire que ce soit un choix à proprement parler. C’est plus une évidence. Mes parents ont toujours eu des animaux handicapés. Ma perspective de vie a toujours été de prendre soin de ces animaux aux pathologies lourdes, dont personne ne veut. Personnellement, je voulais pouvoir apporter du bonheur à ses animaux, et leur permettre d’acquérir une certaine indépendance, une autonomie, malgré leur handicap.

Je ne me voyais pas faire autre chose.

J’avais beau adorer mon travail en clinique vétérinaire, il ne m’était pas concevable de voir autant d’animaux se faire euthanasier pour des situations qui auraient pu être gérées. Il y a un grand manque d’information sur ce qui peut être fait. Aussi bien dans les cliniques, que chez les particuliers…

Quels sont les objectifs de votre association ?

Notre structure est pensée pour répondre à tous les besoins. Une clinique vétérinaire est d’ailleurs en train d’être construite en interne, pour répondre encore au mieux à

hebdomadaires.

On est également en train de bâtir un centre de rééducation, qui sera ouvert aux particuliers pour pouvoir leur offrir cette possibilité à moindre coût. Nous avons également un pôle pour les ostéopathes, les prothésistes, de la location de chariot…

Le but, c’est de centraliser tout ce que les gens ne connaissent pas sur notre site. On reçoit des personnes qui ne savent pas comment agir avec leurs chiens handicapés par exemple. Certains vétérinaires nous envoient même leurs clients pour des soins postopératoires (par exemple pour les

QUEL AVENIR POUR LES CHIENS

HANDICAPÉS ?

Stéphanie Lisicki est la fondatrice de l’association Suzi Handicap Animal.

Après avoir travaillé plusieurs années en clinique vétérinaire, et possédant depuis très jeune des animaux handicapés, elle a décidé de monter son association, dédiée au handicap animal.

(17)

de les aider et de leur redonner une vie.

Comment trouvez-vous les fonds pour financer vos projets ?

L’investissement personnel, les prêts bancaires et les dons des particuliers.

Nous ne recevons aucune aide ni subvention.

Cette situation est assez difficile, nous avons un budget d’environ 500 000 € par an, et nous dépensons aux alentours de 25 000€ de frais vétérinaires par mois - en sachant que la gestion postopératoire (perfusion, prise de sang…), je peux la faire moi-même. Sinon, il nous faudrait un vétérinaire jour et nuit ici.

Devez-vous remettre sur pied des animaux pour les rendre à leur famille plus tard ?

La plupart des animaux qui arrivent ici sont saisis pour maltraitance. Si un particulier nous confie son chien, il doit signer des documents d’abandon. Cela signifie qu’il ne le récupérera pas.

Les animaux qui arrivent ici sont au bout du rouleau : certains diraient qu’ils devraient être euthanasiés (pour cause de cancer avancé, maladie de rein, cardiaque...).

Nous nous demandons parfois comment ils pourront survivre. Mais pour autant, nous mettons tout en place pour les soigner. On a énormément de miracles !

Ce sont des animaux qui ne pourraient pas vivre dans une famille normale. Il leur faut des soins médicaux particuliers tous les jours (perfusion, vidange de vessie…).

Leur famille se trouve dans notre refuge : ils ne sont pas en box, ils vivent en liberté, ils ont un jardin, des copains avec qui jouer…

La bande de copains qu’ils forment fait qu’ils sont bien dans leur tête. Ils trouvent, ensemble, leur équilibre. Par exemple, les chiens en chariot apprennent aux nouveaux à comment se déplacer : ils progressent ensemble.

Est-ce qu’il y a des problèmes d’entente entre les animaux ?

C’est très surprenant, car ils ont beau être une cinquantaine, ils s’entendent tous très

bien. Ils ont tous une histoire lourde et je pense que c’est ce qui les amène à être plus conciliants vis-à- vis des autres. Ils forment des superbes groupes.

Quand ils rencontrent des gens qu’ils ne connaissent pas, on les accompagne au mieux, on reste avec eux et on les rassure autant que nous pouvons. On évite le stress au maximum.

Les chiens handicapés se font-ils plus abandonner ?

Honnêtement oui, et cela ne va pas en s’améliorant. Notre refuge n’est ouvert que depuis 8 ans, mais cela ne fait qu’augmenter : que ce soit au niveau des cas de maltraitance, de mutilation…

Par exemple, cet été, nous avons recueilli une quinzaine de chatons trouvés dans des poubelles, avec des pattes coupées, des yeux crevés, laissés dans des sacs-poubelles dans des conteneurs. Avec le Coronavirus, on n’a jamais vu autant de cas d’abandons et de maltraitances.

Alors, est-ce que notre association est de plus en plus connue et de ce fait on nous

(18)

rapporte plus de cas, ou bien est-ce que le nombre de cas augmentent réellement ? Je ne sais pas…

Comment savoir si le chien souffre de son handicap et comment agir ?

Je vis avec eux 24 h/24, donc je les connais par cœur : leur trait de caractère, leur comportement... Je sais reconnaître si ça ne va pas par leur façon d’agir.

On arrive à gérer les pathologies pour faire en sorte qu’ils ne souffrent pas. Pour les douleurs des membres fantômes, de l’ostéopathie est mise en place, ainsi que de la rééducation.

On pose des équipements pour les soulager, des traitements pour les douleurs physiques ou neurologiques. On s’adapte pour qu’ils aient le meilleur confort de vie possible.

Aujourd’hui, aucun d’entre eux ne souffre vraiment. On ne fait pas d’acharnement. S’il y a une souffrance qui n’est pas gérable, on ne va pas garder l’animal en vie… Par contre, ces cas-là se comptent sur les doigts d’une main : on arrive presque toujours à les soulager.

Handicapés oui, mais avec un confort de vie ! Quelques-uns de nos chiens sont amputés des 4 pattes, et pour autant ils vivent très bien. Certains diraient : “mais pourquoi ne pas euthanasier pour s’occuper d’un chien valide ?”, mais nous, c’est vraiment notre objectif : prendre soin des chiens dont personne ne veut.

Peut-on adopter vos protégés ?

Oui, quelques-uns de nos protégés sont proposés en contrat bon père / bonne mère de famille. Cela signifie que, légalement, l’association reste propriétaire de l’animal : il est identifié à l’Icad au nom de l’association.

Il y a un contrat de soin obligatoire : la famille doit aller chez le vétérinaire au moins une fois tous les 6 mois, et nous envoyer un compte rendu justifiant de leur consultation. Ils sont également obligés de suivre les examens : analyse d’urine régulière, prise de sang, etc.

C’est un engagement très important, autant sur le plan financier que sur le plan moral.

à des personnes de confiance, et restons toujours à leur disposition si besoin.

D’où proviennent les animaux de votre association ?

Les trois quarts de nos animaux proviennent de saisies. Des vétérinaires, la gendarmerie ou les pompiers nous contactent pour des prises en charge. Les associations françaises ou étrangères nous sollicitent quand ils récupèrent des animaux qu’elles ne peuvent pas gérer…

Il y a aussi des particuliers ou des éleveurs qui nous confient leurs animaux. Pour les particuliers par exemple, il arrive qu’ils ne peuvent pas s’occuper financièrement du handicap de leur chien. Ils choisissent alors de nous les confier pour éviter l’euthanasie…

Comment se passe une journée type ?

Il faut savoir qu’une journée classique commence vers 8 heures du matin, et se termine aux alentours de 4 heures du matin…

Pendant la journée, nous avons plusieurs tâches :

(19)

• Les soins et l’administration des médicaments ;

• Le ménage - on a beaucoup de locaux, cela nous prend énormément de temps ;

• La gestion médicale - aller aux rendez-vous en clinique ou suivre les consultations qui ont lieu sur place ;

• La réalisation des examens - par exemple, la pesée du chien : c’est très important. Un chien valide, s’il prend 100 grammes, c’est bénin, on ne s’en inquiète pas. Alors que pour nos chiens, chaque prise ou perte de poids est à surveiller, car cela à un impact direct sur leurs pathologies.

• L’organisation des balades ;

• Les visites - car nous faisons visiter nos locaux pour sensibiliser au handicap animal ;

• De l’aménagement et des travaux.

Il y a toujours quelque chose à faire, on n’a pas une minute de répit !

L’histoire d’un chien qui vous a le plus marquée ?

Buzuka, une chienne de 8 ans qui nous vient de Roumanie, a reçu un coup de hache sur le museau. Nous l’avons récupérée dans un état catastrophique, en 2015. Il fallait l’opérer, enlever les tissus nécrosés… Il y avait un gros risque d’infection généralisée ou de septicémie. Mais elle a réussi à gérer tout ça, et elle s’en est sortie. Ses cavités nasales et ses dents ont été refaites, ce qui lui permet de manger et de respirer normalement.

Le problème, c’est que les gens la regardent comme si c’était un monstre, alors que pas du tout, elle est très belle !

Ce week-end encore, nous avons fait une promenade à la mer, et bien on se prend beaucoup de réflexions, beaucoup de méchanceté, des gens qui s’écartent dès qu’ils la voient… Le dégoût que beaucoup de personnes ont sur elle est difficile, et j’ai du mal à comprendre… Sa seule différence, c’est qu’elle n’a pas de mâchoire !

Elle a vraiment un moral d’acier. La vie de famille qu’on lui propose, le fait qu’elle soit tout le temps entourée de ses copains, qu’elle s’amuse… Tout ça lui permet d’aller bien.

Le mot de la fin ?

J’aimerais vraiment que tout le monde puisse passer outre la barrière du handicap.

Il ne faut pas s’arrêter au physique. Certes, physiquements ils sont peut-être différents, mais ce sont des animaux comme les autres, avec autant d’amour et de gentillesse que n’importe quel autre animal.

Suzi Handicap Animal se situe en Normandie.

C’est une grande famille composée de 50 chiens, 100 chats, 42 chevaux et ânes, une trentaine de NAC et une vingtaine de cochons, moutons… Si vous souhaitez les soutenir dans leurs projets, vous pouvez contribuer par des dons, par chèque ou via le site internet www.suzihandicapanimal.

net

Références

Documents relatifs

Ainsi, il nous appartient de traiter – plus que jamais – nos collections avec égards, conscients qu’elles seront demain les témoignages des écosystèmes du passé

non, je prends aussi du lait, s’il vous plaît 14?. voilà mademoiselle, et

med mycket pommes-frites tack je peux avoir de l’eau s’il vous plaît.. jag har ingen gaffel on peut avoir deux assiettes

on peut aller à la piscine, on peut jouer au minigolf, on peut aller en ville, on peut jouer au bowling ou on peut aller au centre commercial et faire du

[r]

[r]

Bousculé, apostrophé, harcelé, l'auditeur ne sait plus si le bulletin météorologique qui annonce la neige a trait à la journée d'hier ou à celle de demain ; et il se retrouve en

Pour repérer la thèse défendue, il convient tout d'abord de trouver le thème du texte.. On peut ensuite chercher le jugement ou le sentiment du locuteur à propos de