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Hobsbawm E.J. (1994), L’Age des Extrêmes - Histoire du court XXe siècle, Editions Complexe.

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Hobsbawm E.J. (1994), L’Age des Extrêmes - Histoire du court XXe siècle, Editions Complexe.

Première partie : L’Ere des Catastrophes

Chapitre 1 : L’Age de la Guerre Totale , Fiche réalisée par Alexandre LASRY Chapitre 2 : La Révolution mondiale , Fiche réalisée par Hélène MORVAN.

Chapitre 3 : Au fond du gouffre économique , Fiche réalisée par Hélène MORVAN.

Chapitre 4 La Chute du Libéralisme, Fiche réalisée par Alexandre LASRY.

Deuxième partie : L’Age d’or

Chapitre 8 : Guerre froide , Fiche réalisée par Anne-Claire NAIN et Zoé VILLAIN.

Chapitre 9 : L’Age d’or , Fiche réalisée par Anne-Claire NAIN et Zoé VILLAIN.

Chapitre 10 : La révolution sociale, 1945-1990 , Fiche réalisée par Anne-Claire NAIN et Zoé VILLAIN.

Chapitre 11 : La révolution culturelle , Fiche réalisée par Anne-Claire NAIN et Zoé VILLAIN.

Troisième partie : La Débâcle.

Chapitre 1 : L’Age de la Guerre Totale,

Fiche réalisée par Alexandre LASRY

« Ce siècle fut marqué par la guerre, même lorsque les armes se taisaient et que les bombes n’explosaient pas. Le grand édifice de la civilisation du XIXème s’est écroulé dans les flammes de la guerre mondiale. »

Avec la guerre de 1914-18 débute un« court XXème siècle », constitué de 31 années de guerre, où toutes les grandes puissances sont impliquées, alors que le monde avant 1914 aura presque connu un siècle sans guerre.

A ses débuts, la 1ère guerre mondiale est une guerre européenne, une confrontation entre la triple entente (les « alliés » — France, Grande Bretagne et Russie) et la triple alliance (les « puissances centrales » — Allemagne- Autriche- Hongrie, rejoints par la suite par l’Italie).

Serbie, Belgique, Turquie, Bulgarie, Grèce, Roumanie, Portugal et enfin le Japon (entre autres) se trouveront également entraînés, et les USA, enfin, à partir de 1917

Le plan allemand est de mettre rapidement la France hors de combat, puis d’en faire autant avec la Russie. Mais les 2 camps improvisent des lignes parallèles de tranchées défensives et de fortification, des milliers d’hommes

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vivront, pendant 3 ans et demi, dans des conditions épouvantables, sous des tirs incessants. Tandis qu’une bonne partie de l’Est de la France et de la Belgique se trouve sous occupation allemande.

Le front occidental devient « une machine à massacre » d’un genre inédit dans l’histoire de la guerre avec des batailles meurtrières (Verdun, Bataille de la Somme…) et développera chez les combattants de 1914-18, une haine farouche de la guerre expliquant la victoire de l’Allemagne en 1940, contre une France qui ne voulait plus combattre et qui capitule « sans condition » de façon aussi rapide que ridicule, acceptant la subordination à Hitler à cause des souffrances engendrées par la guerre de 1914. La Grande Bretagne est très soucieuse aussi d’éviter à sa population les mêmes massacres.

Les batailles sont d’autant plus meurtrières que les 2 camps usent de technologies modernes (notamment les gaz toxiques) ce qui conduira à la convention de Genève de 1925 et au non recours à l’arme chimique (pas d’utilisation pendant la 2ème Guerre mondiale).

Jusqu’à 1914, avant le déclenchement de la guerre, aucune idéologie ne sépare les belligérants, aucun compromis n’a alors à être recherché : cette guerre est menée à des « fins illimitées ». D’autre part, l’Allemagne désire une position politique et maritime mondiale comme la Grande Bretagne (mais finira par se trouver reléguée à un statut inférieur).

En 1900, à l’apogée de l’ère impériale et impérialiste, l’Allemagne a une position unique dans le monde (alors qu’en 1945 elle n’aura plus aucune prétention militariste, compte tenu de sa position de « deux fois défaite »).

France et Grande Bretagne sont également des grandes puissances dans le monde « eurocentré ». C’est ainsi que les deux camps formulent dès le début des hostilités, des buts de guerre mégalomaniaque ; une « victoire totale avec une capitulation sans condition de l’ennemi ».

A la fin de la guerre, le traité de Versailles de janvier 1919 tiendra compte de l’effondrement de nombreux régimes en Europe et de l’émergence d’un nouveau régime en Russie, tout en préservant le monde du bolchevisme, car il s’agissait de contrôler une Allemagne qui avait failli battre à elle seule toute la coalition alliée et redessiner l’Europe tout en remplissant les espaces vides de manière à affaiblir l’Allemagne.

La paix-sanction justifiée avec la notion d’« Etat-coupable » est ainsi imposée à l’Allemagne, considérée comme responsable de la guerre et

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de ses conséquences, pour la maintenir dans un état de faiblesse durable et l’amputer d’une partie de son territoire.

De ce fait, c’est en créant la Société des Nations (SDN) chargée de régler pacifiquement et démocratiquement les problèmes avant qu’ils ne dégénèrent par des négociations publiques que la puissance victorieuse tente d’empêcher toute nouvelle guerre mondiale. Mais le fiasco sera presque total avec le refus des Etats-Unis de la rejoindre, elle fut d’emblée privée de toute véritable signification (avec le recul, on réalise finalement que la paix avait alors peu de chances de s’éterniser…).

Plus tard, au milieu des années 1920, l’économie mondiale se plonge dans la crise la plus grave depuis la révolution industrielle. C’est ainsi qu’en Allemagne et au Japon, les forces politiques d’extrême droite gagnent progressivement le pouvoir alors que le fascisme a déjà gagné l’Italie : une nouvelle guerre se dessine.

De même qu’avant le déclenchement de la seconde guerre mondiale, une série d’attaques a lieu sans provoquer de réaction de la part de la SDN. (1931 - Attaque par le Japon de la Mandchourie, 1935- Invasion de l’Ethiopie par l’Italie, 1936- Intervention allemande et italienne dans la guerre civile d’Espagne, 1938- Annexion de l’Autriche et dépècement de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne 1939- Occupation Allemande de la Tchécoslovaquie),

Hitler souhaite la guerre mais il est le seul parmi tous les agresseurs.

L’Allemagne ne peut cependant se permettre une guerre longue, n’y étant pas préparée, la guerre doit être rapide. Et tout le début de la guerre fonctionnera selon ses plans : elle débute en 1939 (suite à l’invasion polonaise) et reste européenne. C’est ensuite au tour de la Norvège, du Danemark, des Pays-Bas, de la Belgique et de la France d’être envahis en l’espace de quelques mois (et cette fois, la blitzkrieg réussit).

La Grande-Bretagne reste donc seule pour affronter l’Allemagne.

L’Italie quitte sa neutralité pour rejoindre les forces de l’axe. En Europe, la guerre est déjà « terminée ».

Le 22 Juin 1941, l’invasion par l’Allemagne de la Russie la relance. Les armées du Reich s’enfoncent dans le Caucase et la vallée de la Volga pour finir encerclés à Stalingrad (été 42 à mars 43). Le conflit devient mondial avec

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l’attaque du Japon, à Pearl Harbour, le 7 décembre 1941 et la déclaration de guerre par l’Allemagne aux Etats-Unis qui marquera un tournant décisif.

1945 est une victoire de reddition totale, sans condition, suivie de négociations pour se partager les dépouilles de la victoire et établir le cadre de relations politiques et économiques entre les Etats. La 2ème guerre mondiale aura été un combat à mort, une escalade qui passa de conflit de masse à guerre totale, avec le sort des juifs, dont le monde incrédule et horrifié découvrit l’extermination. D’autre part, les pertes totales sont incalculables, comparée à celle de 1914 la guerre de 1939-45 qui tua civils et militaires en fit près de 6 fois plus de victimes (10 millions de morts pour la 1ère GM contre 54 millions pour la 2ème)

Ces 2 guerres sont l’expression d’un carnage sans précédent, le début du cauchemar technologique (gaz toxiques en 1914-18, bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki en 1945), la montée de la barbarie après 1914, la torture supprimée en 1914, est utilisée à nouveau depuis 1945.

Le massacre de populations, les cruautés et exterminations à échelle astronomique sont faites dans la routine par des bureaucrates qui exécutent des ordres et ne sont impliqués personnellement à aucun moment.

Avec 1914, les guerres sont devenues des guerres de masse. Les conflits ont viré en guerre populaire et les civils devenus les cibles de la stratégie de l’adversaire, lequel est diabolisé et rendu haïssable.

Pour mener ces guerres, il aura fallu tenir compte des coûts, organiser, planifier sa production et l’économie toute entière. La guerre totale a révolutionné le management, la technologie a avancé. La guerre et sa préparation ont accéléré le progrès technique et l’impact sur l’organisation industrielle a été majeur.

En résumé l’auteur souligne que si la 1ère guerre mondiale n’a rien résolu, la seconde a produit des solutions, en parallèle à l’âge d’or économique en Occident, et les problèmes sociaux et économiques du capitalisme ont disparus.

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Chapitre 2 : La Révolution mondiale,

Fiche réalisée par Hélène MORVAN Les Etats et les peuples impliqués (à part les Etats-Unis) dans la 1ère guerre mondiale en sont sortis bouleversés et affaiblis. L’humanité attendait alors une alternative pour remplacer le capitalisme par le socialisme. Le signal fut lancé par la révolution russe, ou plus précisément, la révolution bolchevique d’Octobre 1917, qui s’étendit mondialement, renforcée ensuite par l’influence de l’URSS dans le monde jusqu’en 1945.

La politique internationale du Court XXe siècle à partir de la révolution d’Octobre est un duel entre deux systèmes sociaux : les forces de l’ordre ancien (capitalisme) et celles de la révolution sociale, dont le communisme soviétique – prétendu être un système alternatif et supérieur au capitalisme – en est l’incarnation. Cet affrontement s’explique par la volonté bolchevique (sous Lénine) de promouvoir la révolution prolétarienne dans le monde.

Avant 1917, la Russie tsariste connue un essor industriel qui aggrava les difficultés des plus pauvres, qui tentèrent une 1ère révolution contre le tsar en 1905. Mais la monarchie russe ne fut renversée qu’avec la révolution de mars 1917, suite à une grande grève générale.

Succède alors au tsar un « gouvernement provisoire » libéral d’un côté, et de l’autre, une multitude de « conseils » (soviets) détenant la réalité du pouvoir, et formant la base d’un nouveau gouvernement, selon les espérances de Lénine qui souhaite un pouvoir bolchevique.

Or à cette époque la Russie n’était prête ni pour une « révolution bourgeoise » libérale ni pour une révolution socialiste prolétarienne (prônée par Marx). Cependant la réalité montra que le libéralisme n’avait aucune chance de triompher en Russie, face au désir apparent d’une révolution sociale née avec la rébellion contre la guerre dès 1917, et le désir de paix qui en découle. En effet des slogans « du pain, la paix et des terres » qui naissaient dans les villes permirent aux bolcheviks de Lénine d’augmenter leurs soutiens. Mais l’heure n’était pas pour autant encore mûre pour la chute immédiate du gouvernement provisoire, malgré l’accélération de la radicalisation en faveur du parti révolutionnaire bolchevik qui, étant le seul parti à être vraiment prêt à envisager une quelconque responsabilité, finit par prendre le pouvoir à Petrograd et à Moscou.

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Lénine avait deux principaux objectifs : atteler le nouveau gouvernement des soviets à la « transformation socialiste de la République russe », en vue d’une révolution mondiale ou, tout au moins, européenne, sur le modèle de la révolution russe ; mais avant tout de conserver le pouvoir, ce qu’il fit, en plus de l’étendre.

La révolution russe a survécu pour au moins trois grandes raisons : elle possède un parti communiste centralisé et discipliné, c’est le seul gouvernement capable et désireux d’assurer la cohésion de la Russie en tant qu’Etat, et enfin elle permit à la paysannerie de prendre possession de la terre.

Seulement cette révolution socialiste mondiale n’eut pas lieu tout de suite et isola la Russie dans l’appauvrissement et l’arriération. Mais Lénine avait raison d’y croire : deux ans après la révolution d’octobre, une vague révolutionnaire menée par des mouvements ouvriers et socialistes conquit la planète, de Cuba à Pékin, en passant par l’Espagne et l’Amérique Latine. Marx et Lénine devinrent alors de vrais icônes, qui influencèrent les conversions massives au communisme. Les évènements de Russie devaient inspirer non seulement des révolutionnaires, mais principalement des révolutions.

Mais en 1918, la révolution qui se propageait était avant tout une révolte contre la guerre suite à un appel international de Lénine réclamant la paix.

C’est alors que le président américain Wilson appela au « barrage du virus rouge », qui réduisit le champ de la révolution bolchevique.

Puis l’Allemagne connut à son tour une révolution en 1918 (alors que tout bouleversement était inattendu), qui redonna espoir aux bolcheviks russes.

Une République soviétique – aussitôt écrasée – fut mise en place à Munich, qui entraîna en 1920 la formation du 1er Parti communiste hors de l’Union Soviétique.

A cette même date, les bolcheviks divisèrent le mouvement ouvrier international, en faveur de leur nouveau mouvement communiste international, un corps de militants entièrement dévoué et discipliné.

Alors que la révolution n’était toujours pas à l’ordre du jour à l’Ouest, elle se déplaçait considérablement à l’Est, en Asie, où suivit une révolution chinoise formant un Parti communiste chinois.

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C’est à partir de 1921 que la révolution commença à reculer en Russie, avec le retour des mouvements sociaux-démocrates anticommunistes. La révolution mondiale appartenait désormais à la rhétorique du passé, bien que l’Union Soviétique demeura quelque chose de plus qu’une grande puissance parmi d’autres, L’URSS avait appris que l’humanité ne serait pas transformée par une révolution mondiale inspirée par Moscou.

La seconde vague de révolution sociale mondiale est née de la seconde guerre mondiale, comme la première était née de la Grande Guerre, bien que de manière totalement différente. Cette fois, ce fut la participation au conflit et non son rejet, qui porta la révolution au pouvoir.

La nécessité de résister à l’occupation de la majeure partie de l’Europe continentale, y compris de larges portions de l’Union soviétique européenne, par les armées de l’Allemagne hitlérienne et ses alliés, mobilisa les divers mouvements communistes. Des régimes sociaux- révolutionnaires sous la coupe des communistes prirent alors le pouvoir, ou essayèrent de le faire, dans divers pays où la résistance communiste avait été la plus efficace. C’est une douzaine d’Etats qui avaient émergé ou qui émergeaient de cette seconde vague de révolution mondiale, celle-ci encore renforcée par la décolonisation des anciennes possessions impérialistes d’outre-mer qui étaient en plein essor.

Aujourd’hui les révolutions réelles accomplies au nom du communisme se sont épuisées, même si les chinois, un cinquième de l’espèce humaine, continuent à vivre sous un gouvernement communiste…

L’après révolution russe a alors permis d’amorcer le processus d’émancipation coloniale et de décolonisation. Enfin, elle fut notamment paradoxalement le sauveur du capitalisme, l’incitant à se réformer.

Chapitre 3 : Au fond du gouffre économique,

Fiche réalisée par Hélène MORVAN

Durant l’entre-deux guerre, le monde fut témoin d’une grande crise qui faillit être la cause de l’écroulement de l’économie capitaliste mondiale.

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L’économie classique est défini par une succession de récession et d’expansion, ou « cycle économique », universellement connu plus tard sous le nom de Kondratiev, qui discerna un modèle économique de « cycles longs » (50 à 60 ans). L’économie était donc prédestinée à continuer à croître et à progresser comme elle l’avait fait depuis un siècle, mis à part les catastrophes soudaines et éphémères des récessions cycliques. Cependant après la 1ère guerre mondiale, et pour la 1ère fois dans l’histoire du capitalisme, ses fluctuations semblèrent mettre en danger le système.

Depuis la révolution industrielle, l’histoire de l’économie mondiale avait été faite d’accélération du progrès technique, de croissance économique continue (mais inégale), et de « mondialisation ». Or dans l’entre-deux guerre tous les indicateurs montrent que l’intégration de l’économie mondiale stagna ou régressa. Il en fut de même du flux international des capitaux : les crédits internationaux chutèrent de plus de 90%.

Plusieurs raisons à cette stagnation, dont la 1ère est la tendance à l’autosuffisance de certains pays, dont les Etats-Unis, en vue de protéger leur économie des menaces extérieures à cause des grandes difficultés de l’économie mondiale.

De nombreux pays (de l’Allemagne de l’Ouest jusqu’à la Russie soviétique à l’Est) connurent un spectaculaire effondrement du système monétaire. La monnaie allemande perdit par exemple pratiquement toute sa valeur en 1923.

Ce que personne ne put prédire, c’est bien le krach de la Bourse de New York le 29 octobre 1929, qui marqua l’universalité et la profondeur de la crise qui s’en trouva littéralement mondialisée. On fut alors tout près de l’effondrement de l’économie capitaliste mondiale. La crise toucha aussi la production primaire, ce qui fit fléchir les prix. Alors les paysans s’efforcèrent de compenser cette chute des prix en produisant et en vendant plus, ce qui ne fit qu’accélérer l’effondrement des cours.

L’autre part de la population, les salariés, c'est-à-dire ceux qui n’avaient ni accès ni contrôle sur les moyens de production, furent touchés par un chômage d’une ampleur inimaginable, sans précédent, et plus durable qu’on ne l’avait jamais prévu.

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La situation était d’autant plus dramatique que la protection sociale, dont l’aide aux chômeurs, était soit inexistante, comme aux Etats-Unis, soit extrêmement maigre. En fait les mots même de Welfare State ou d’Etat- providence ne devaient pas s’imposer avant les années 1940.

La grande crise a détruit le libéralisme économique pour un demi- siècle : alors que le commerce mondial chuta de 60%, les Etats dressèrent des barrières toujours plus hautes afin de protéger leurs marchés nationaux et leurs devises contre les ouragans économiques mondiaux.

Cependant tandis que le reste du monde, ou tout du moins le capitalisme libéral occidental, stagnait, l’URSS, avec ses nouveaux plans quinquennaux, était engagée dans une industrialisation massive et ultra rapide, et qui plus est, il n’y avait pas de chômage. De même que le seul Etat occidental qui ait réussi à éliminer le chômage fut l’Allemagne nazie, entre 1933 et 1938…

La situation des Etats-Unis est un élément central de toute réponse à cet échec de l’économie capitaliste entre les deux guerres. En effet contrairement aux autres pays belligérants, la 1ère guerre mondiale, comme la 2nde leur profita de manière spéculaire. En 1929, il assurait plus de 42% de la production mondiale totale. Ils sont à cette époque la 1ère nation exportatrice du monde et, après la Grande- Bretagne, le 1er importateur. Il devint aussi le principal créancier international. C’est pourquoi ils devinrent aussi la principale victime de la crise : par exemple, les exportations américaines s’effondrèrent de presque 50%.

Les anciens pays alliés et l’Allemagne (car les réparations allemandes furent financées par des prêts américains massifs) devaient des dettes faramineuses aux Etats-Unis. Ces pays (principalement la France et l’Allemagne) furent alors éminemment sensibles au déclin des crédits américains suite à la crise de Wall Street de 1929.

Mais d’autres raisons – économiques – peuvent expliquer ce désordre : Tout d’abord l’économie internationale était déjà à la base déséquilibrée dû à l’asymétrie du développement entre les Etats-Unis et le reste du monde ; les Etats-Unis n’avaient guerre besoin des autres, et se mirent en

« retrait ».

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Ensuite la seconde perspective sur la crise se focalise sur l’incapacité de l’économie mondiale à engendrer une demande suffisante pour assurer une expansion durable. Les salaires étaient à la traîne alors que les profits augmentaient de façon disproportionnée, du coup la demande ne pouvait suivre la croissance rapide de la productivité du système industriel à l’apogée de Henry Ford, il y eut alors à la fois surproduction et spéculation, ce qui déclencha l’effondrement.

Au Etats-Unis, cet effondrement eut pour effet la hausse du crédit à la consommation. Mais les banques furent par la suite criblées de dettes après le Grand Krach, et refusèrent d’accorder de nouveaux prêts ou de refinancer les crédits existants. Le « New Deal », politique de relance économique du président américain Roosevelt, fut médiocre.

Aux yeux de certains économistes, le capitalisme était à son apogée et était alors désormais voué à la stagnation. Cependant l’entre-deux guerre connut une percée majeure dans le domaine du divertissement. En effet, les chômeurs en masse avaient du temps à tuer…

L’absence de toute solution dans le cadre de l’ancienne économie libérale rendit dramatique la situation des décideurs économiques. Alors certains finirent par conseiller simplement de laisser l’économie suivre son cours, suivant la « loi de Say », tandis que les gouvernements préfèrent s’en tenir à l’orthodoxie financière, à l’équilibre des budgets et à la réduction des coûts. Mais aucune de ces deux solutions n’améliora la situation et la crise persistait.

Les effets de la Grande Crise sur la vie politique ont été dramatiques et immédiates. En effet, au milieu des années 1930, rares étaient les Etats dont la vie politique n’avait pas très profondément changée par rapport à ce qu’elle était avant le krach. Les portes de la 2nde guerre mondiale se sont d’ailleurs ouvertes en 1931, suite à la victoire de régimes nationalistes, belliqueux et agressivement nationalistes dans deux grandes puissances militaires qui sont le Japon (1931) et l’Allemagne (1933). Mais d’un côté, le renforcement de l’extrême droite participa au déclin de la gauche au moins en Europe. En effet la Crise réduisit le mouvement communiste international, hors de l’URSS, à un état de faiblesse sans précédent.

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Cependant hors de l’Europe la situation était différente : la partie nord des Amériques glissait très nettement à gauche, de même de nombreux Etats d’Amérique latine (le Chili avec le général Pinochet, au Pérou, en Colombie…)

L’entre-deux guerre vu également naître un malaise politique et social indigène anti-impérialiste, en partie en raison de l’effondrement des prix des produits de base dont dépendaient les économies coloniales, et en partie aussi parce que la métropole s’empressa de protéger son agriculture et ses emplois, sans se soucier des effets de cette politique sur les colonies.

Trois options s’imposèrent alors comme solution : l’instauration d’un régime communiste marxiste (rappelons que l’URSS semblait immunisée contre la catastrophe) ; ou un capitalisme dépouillé de sa croyance ; ou encore le fascisme, qui se transforma en un mouvement mondial et, surtout, en un danger mondial.

Chapitre 4 La Chute du Libéralisme

, Fiche réalisée par Alexandre LASRY.

Entre les 2 Guerres mondiales, il y a des virages à droite ou à gauche, et le libéralisme politique connaît un recul général, la tendance mondiale apparaissant claire :

En 1920 – on compte 35 gouvernements constitutionnels et élus En 1938– on n’en compte plus que 17

En 1944 – sur 64 états, seuls 12 sont démocratiques

A part la Russie, après 1914-18, tous les régimes sont parlementaires, élus et représentatifs dans la plupart des Etats, un tiers des Etats vit sous domination coloniale, bien que quelques Etats (Mongolie, Ethiopie, Guatemala, Paraguay, Yémen, Afghanistan) ne connaissent pas d’élections.

L’idée de la politique libérale et de la démocratie semble cependant progresser.

La vraie menace pour les institutions libérales provient de la droite car après la révolution d’Octobre (et pendant toute la période 1945-1989), la seule menace ne pouvait être que communiste bien que la révolution sociale promue par les dirigeants léninistes cessa de se propager. Les mouvements sociaux – démocrates (marxistes) deviennent des piliers de l’Etat et non plus des forces subversives.

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Des coups d’Etat militaires latino-américains installent des dictatures hostiles à la révolution sociale et aux institutions politiques libérales en interdisant certains partis politiques, et en favorisant l’essor de l’armée et de la police qui tendent vers le nationalisme.

L’amiral Horthy (Finlande), le Maréchal Pilsudski (Pologne) et Franco (Espagne) constituent ainsi des chefs conservateurs et anticommunistes, sans programme idéologique particulier avec les préjugés traditionnels de leur classe.

Ils s’allièrent avec Hitler et à d’autres mouvements fascistes au cours de l’entre- deux- guerre de façon naturelle.

L’étatisme organique de Salazar (Portugal), régime conservateur, autre courant de droite agit en défenseur de l’ordre traditionnel – Etat corporatiste, au fascisme clérical affichant la haine du communisme athée.

Le 1er fascisme fut celui de Mussolini qui, sans le succès d’Hitler en 1933, ne serait pas devenu un mouvement aussi général.

Les fascistes représentent « les révolutionnaires de la contre révolution ».

Hostiles au monde des lumières et à l’héritage de la révolution française, ils ne croient ni au progrès, ni au modernisme, dénonçant l’émancipation libérale, (les femmes restent à la maison et font des enfants), affichant intolérance, racisme, antisémitisme. Les nouveaux mouvements d’extrême droite trouvent par la même occasion un écho dans les couches inférieures et moyennes des sociétés européennes. La bourgeoisie elle aussi se rallie à ces mouvements quand ses espérances se trouvent compromises.

Le ressentiment des « petits» écrasés par le capitalisme et les mouvements ouvriers de masse, dès le dernier quart du XIXème siècle, va s’exprimer par le racisme et la xénophobie face aux mouvements migratoires et par l’antisémitisme. L’aversion des juifs gagne progressivement le monde occidental.

L’essor de l’extrême droite a été une réponse à la réalité de la révolution sociale et de la puissance ouvrière, à la révolution d’Octobre et au Léninisme. Sans eux, il n’y aurait pas eu de fascisme, mais, on trouve d’autres causes :

- les jeunes gens issus de la bourgeoisie et soldats frustrés dans leurs ambitions héroïques après 1918 et la brutalité vécue au cours de la guerre en font des recrues naturelles,

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- les menaces du monde du travail avec ses revendications sociales représentaient un vrai danger pour les conservateurs.

Avant 1914, il existait des nationalismes idéalisant la guerre, la violence, la xénophobie, l’antilibéralisme, avec l’effondrement des anciens régimes au lendemain de la 1ère guerre mondiale, qui purent avoir une influence directe dans la société.

Les conditions optimales de triomphe de la droite ultra fanatique étaient : - un vieil Etat dont les mécanismes de gouvernement ne fonctionne plus,

- des citoyens mécontents et frustrés,

- la rancœur nationaliste des traités de paix de 1918-20.

Les « libéraux » italiens se tournent vers Mussolini en 1920-22 comme les

« conservateurs » allemands vers les nationaux-socialistes et Hitler en 1932-33.

Le fascisme accède au pouvoir de façon constitutionnelle, et c’est pourquoi on ne peut pas parler de révolution fasciste.

Sans la grande crise économique, le fascisme aurait-il eu une telle importance ?

C’est en Amérique latine que son influence est la plus grande : Colombie (Jorge Eliezer Gaïtan) - Argentine (Juan Domingo Perón) – Brésil (Gelulio Vargas).

Le fascisme apparaît comme la réussite : en Bolivie, soldats et hommes politiques admirent l’Allemagne et retiennent surtout la déification de chef populiste.

Le libéralisme a cependant reculé entre les 2 guerres : en Occident, radicaux, socialistes et communistes assimilent la crise mondiale à la fin du système capitaliste. Face aux problèmes économiques, la bourgeoisie se tourne vers le fascisme car la peur de la révolution reste forte. Cette même peur causera le naufrage de la démocratie autrichienne en 1930-34. La démocratie espagnole s’effondre pour les mêmes raisons en 1930. La République de Weimar sombre avec le grand marasme et le chômage massif.

La Grande-Bretagne, quant à elle passe d’un gouvernement travailliste à un gouvernement national-conservateur.

A l’inverse, après la guerre, la stabilité des régimes démocratiques repose sur des miracles économiques : quand les gouvernements peuvent satisfaire les

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revendications et permettre une progression du niveau de vie, la démocratie politique prospère.

L’ère des catastrophes ne peut néanmoins garantir les conditions de la viabilité d’un système libéral qui apparaît vulnérable et manquant d’efficacité.

Plusieurs conditions sont nécessaires pour permettre le libre exercice de la démocratie :

- La démocratie repose sur le consentement général et la légitimité.

Jusqu’à l’aube du XXème siècle la démocratie n’était installée de façon stable qu’aux Etats-Unis et en France, ailleurs c’était exceptionnel.

- Le degré de compatibilité doit être suffisant entre les diverses composantes du peuple dont le vote souverain doit déterminer le gouvernement commun.

- Les parlements doivent pouvoir contrôler le pouvoir des gouvernants.

- Richesse et prospérité sont présentes.

C’est ainsi que les démocraties des années 1920 se disloquèrent sous la pression des révolutions et des contre-révolutions (Hongrie, Italie, Portugal), de conflits nationaux (Pologne) ou de l’absence de cohésion nationale (Tchécoslovaquie en 1930).

La démocratie ne pouvait apaiser les divisions entre des groupes inconciliables. En temps de crise, la tentation est forte pour choisir une autre majorité parlementaire. Le recul apparaissait inévitable.

Les mêmes incertitudes entourent la démocratie politique et il se pourrait, hélas qu’avec le nouveau millénaire, ses avantages ne paraissent plus aussi évidents qu’entre 1950 et 1990.

Chapitre 8 : Guerre froide,

Fiche réalisée par Anne-Claire NAIN et Zoé VILLAIN.

En 1945, un rapport de force inégal mais au fond incontesté s’établit entre les Etats-Unis et l’URSS. Aucune des puissances n’intervient réellement dans la zone d’influence de l’autre. Elles ne se disputent que les Etats postcoloniaux, globalement anticommunistes dans leur politique intérieure et non alignés au niveau international, d’où une relative stabilité jusqu’à la moitié des années 70.

En effet, malgré les tensions exacerbées des années 1947-1951, entre la doctrine Truman et le renvoi du général MacArthur pendant la guerre de Corée, la fin du

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monopole nucléaire américain fait admettre des deux côtés l’hypothèse d’une véritable possibilité de coexistence pacifique. La rhétorique et l’idéologie de guerre froide sont indéniables mais ne s’appliquent pas dans les faits.

Après la Seconde guerre mondiale, les occidentaux s’attendaient à une grave crise, parallèlement à celle qui suivit la guerre de 14-18, et redoutaient que la misère favorise le communisme. Pourtant, l’URSS n’était pas expansionniste.

Elle devait faire face à une économie en ruines, et se préoccupait surtout de ses affaires intérieures. La propagande anti-américaine était également moins forte en URSS que l’anticommunisme aux Etats-Unis, les dirigeants soviétiques ne connaissant pas le problème des élections.

La guerre froide trouve certes des fondements dans la montée de la peur mutuelle mais son ton apocalyptique a été donné par les Etats-Unis, seul pays où des Présidents se firent élire sur leur seul rejet du communisme.

Les Etats-Unis aidèrent l’Europe à se construire tout en maintenant leur domination sur le plan international : la seule intervention indépendante de pays européens, qui mena à la crise de Suez en 1956 ; fut arrêtée par la pression américaine.

Cette domination militaire n’empêchait pas un affaiblissement progressif de la prédominance économique américaine, tandis que le poids de l’économie mondiale se déplaçait vers l’Europe et le Japon. L’affaiblissement du dollar mit fin à sa convertibilité en or en 1971.

Après la détente des années 60, les années 70 marquèrent le début de la « seconde guerre froide ». Le Vietnam divisa les américains et montra leur isolement, répété durant la guerre du Kippour : aucune armée européenne ne vint les soutenir.

C’est cette défaite publique ainsi que la 3e vague de révolutions mondiales qui amorce la seconde guerre froide, marquée par un mélange de guerres locales dans le Tiers Monde et une accélération de la course nucléaire.

Malgré l’hystérie qui secouait Washington, les Etats-Unis demeuraient incontestablement supérieurs à L’URSS sur les plans économiques et techniques.

La production soviétique augmentait fortement mais dans des domaines obsolètes, comme l’industrie lourde. La politique de Reagan démontre une volonté de réaffirmer le prestige, la suprématie et l’invulnérabilité de son pays.

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Ainsi, la guerre du Golfe peut s’interpréter comme une compensation tardive des épreuves de 1973 et 1979.

Le relâchement des tensions est dû au fait que Gorbatchev réussit à convaincre les autorités américaines qu’il voulait, comme Reagan, la fin de la menace nucléaire constante. De plus, après les années 1960, le socialisme ne cessait de prendre du retard et n’était plus compétitif. Son ouverture à l’économie mondiale capitaliste déclencha le début de sa chute.

Chapitre 9 : L’Age d’or,

Fiche réalisée par Anne-Claire NAIN et Zoé VILLAIN.

Des années 30 aux années 60, la production augmente plus vite que la population dans tous les pays, grâce à une nette amélioration de la productivité.

C’est une grande période d’industrialisation. Le commerce mondial de produits manufacturés décuple entre 1950 et 1970 et le plein emploi se généralise.

Mais cette croissance est également synonyme de pollution et de dégradation de l’environnement, phénomène qui attire peu l’attention à l’époque, tandis que la consommation de combustibles fossiles profite d’un coût très faible (moins de deux dollars le baril de pétrole).

L’explosion économique fut d’abord perçue comme une mondialisation de la situation économique des Etats-Unis d’avant 1945, avec la diffusion de la civilisation automobile et de la société d’abondance. La nouveauté est devenue le principal argument de vente, et la recherche et développement un enjeu central de la croissance économique.

Les technologies nouvelles se caractérisent par une forte intensité de capital, qui permet une économie de main d’œuvre. Cependant, le dynamisme économique crée des emplois, provoquant l’exode rural et encourageant le développement du travail féminin.

Néanmoins, l’idéal auquel aspirait l’âge d’or était la production de biens et services sans êtres humains, réduits au rôle de consommation.

L’âge d’or voit l’émergence d’une économie mixte, qui permit aux Etats de planifier et de gérer plus facilement la modernisation de l’économie. Le capitalisme d’après-guerre repose sur une sorte de mariage entre libéralisme économique et démocratie sociale. La grande crise était en effet née d’un effondrement du système commercial international, d’un échec du marché de

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concurrence sans restriction et du problème du chômage auxquels il fallait remédier.

L’économie des Trente Glorieuses s’appuie aussi sur une division mondiale du travail plus élaborée, et moins transnationale qu’internationale. Les multinationales ignorent en effet de plus en plus les frontières et leurs intérêts se détachent de ceux de leur pays d’origine. On assiste à un essor du financement offshore, qui consiste à domicilier le siège social des entreprises dans quelques territoires souvent petits et fiscalement avantageux. Le développement du commerce interne favorise la concentration du capital. La nouvelle DIT consiste à la fois en une exploitation des marchés locaux et en un processus transnational de fabrication : les entreprises s’aperçoivent qu’il y a à l’étranger une main d’œuvre qualifiée et moins chère.

Ainsi, le Tiers Monde se mit à exporter à grande échelle des produits manufacturés alors que les exportations traditionnelles de produits de base perdaient du terrain. Toutes ces transformations se sont basées sur la révolution des moyens de transports et de communication.

La vie politique des économies de marché développées paraissait alors tranquille : le radicalisme estudiantin de mai 1968 fut une vraie surprise.

L’équilibre de l’âge d’or ne pouvait pas durer. Il dépendait de la coordination entre la croissance de la productivité et des salaires de manière à maintenir la stabilité des profits. Les salaires devaient augmenter assez vite pour soutenir le marché mais ne pas non plus étrangler les bénéfices. Or, à une époque de pénurie de main d’œuvre et de forte demande, il était difficile de contenir la croissance des salaires et l’inflation.

La révolte estudiantine se déroula en marge de la vie politique et économique, sa signification est bien plus culturelle. Elle incarne une faille dans la confiance en l’économie du consensus social organisé. La crise de 1974 fut elle aussi imprévue, le PNB diminuait mais les gens pensaient encore les crises économiques à partir de celle de 1929 et ne réagirent pas immédiatement.

Chapitre 10 : La révolution sociale, 1945-1990,

Fiche réalisée par Anne- Claire NAIN et Zoé VILLAIN.

Sur la majeure partie du globe, il y eut de grands bouleversements. Pour 80% de l’humanité, le « Moyen-âge » s’arrête dans les années 1950. Ces

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changements se traduisent par la « mort de la paysannerie » dans le monde, excepté en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et du Sud-est et en Chine. Cela ne s’explique qu’en partie par le progrès agricole, on privilégie l’agriculture à forte intensité de capital même dans les régions pauvres (Inde) pour nourrir la population. De plus, l’urbanisation augmente dans le Tiers-monde comme aux USA, formant de grandes agglomérations urbaines.

Cet abandon de la paysannerie s’explique par l’augmentation des ouvriers dans les années 1960 et 1980 dans les Etats développés. Par exemple, au Japon, ils représentent la part la plus importante de la population active. Néanmoins, il s’opère un déplacement des activités ouvrières dans les années 1980 : on délaisse les mines, la sidérurgie, pour aller vers le textile. Les chaînes de production se spécialisent, comme à Turin avec l’industrie automobile. Si bien que l’on peut dire qu’en 1980 la classe ouvrière est victime des technologies nouvelles, on passe à l’ère de l’automatisation. Apparaît alors en Europe le chômage de masse. Les ouvriers représentent un quart de l’emploi total, principalement dans les manufactures.

On assiste à une fissure entre les différentes sections des classes ouvrières (cols bleus et cols blancs). Les pressions du néo-libéralisme sur les systèmes de protection sociale en Grande Bretagne creusent un véritable fossé entre les ouvriers qualifiés et les ouvriers non qualifiés. Il faut ajouter aux oppositions des ouvriers les conflits racistes et ethniques qui pouvaient exister avec les travailleurs immigrés. Les mouvements de partis ouvriers sont désaffectés, ils ne sont plus unis par le même sort.

La révolution sociale s’explique également par l’accroissement du rôle des femmes. Plus de la moitié d’entre elles travaillent, essentiellement dans le secteur tertiaire dans les pays développés, mais aussi dans le Tiers-monde, dans les manufactures. A cela s’ajoute l’augmentation de l’accès aux études supérieures, notamment dans les années 1980 aux USA, canada, et pays socialistes.

Par conséquent, il y a un regain impressionnant du mouvement féministe.

En 1970 et 1980, il y a une véritable forme de conscience féministe politique et idéologique, non seulement parmi les femmes éduquées mais aussi chez les classes ouvrières. Néanmoins, cette accession au travail n’est pas toujours liée à une vision de la place sociale de la femme et de ses droits mais surtout à un besoin de main d’œuvre, à cause de la pauvreté (URSS) ou de

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l’émigration des hommes (Afrique). On note que les pays islamistes et orientaux rendent plus dur la libération de la femme à cause des conventions et traditions auxquelles même les femmes de l’élite doivent se plier. Dans le monde socialiste, même si le communisme revendique l’égalité et la liberté des femmes, dans les faits elles n’ont aucun poste de direction. C’est chez les classes moyennes que le rôle de la femme relance les mouvements féministes, surtout aux USA. En effet, le travail des enfants ayant presque disparu, ce sont maintenant les mères qui travaillent pour leur permettre de faire des études, cela devient une obligation et non plus juste une déclaration d’indépendance. L’auto-affirmation des femmes engendre des bouleversements sociaux, et donc une véritable révolution morale et culturelle.

Chapitre 11 : La révolution culturelle,

Fiche réalisée par Anne-Claire Nain et Zoé Villain.

La révolution culturelle passe par la famille et le ménage, et plus exactement par la structure des relations entre les sexes et les générations. La famille nucléaire était devenue aux XIXe et XXe siècle le modèle standard. Mais dans la seconde moitié du XXe siècle dans les pays occidentaux développés comme la Grande-Bretagne, on observe l’augmentation du nombre de divorces et de personnes isolées. La crise de la famille est liée à de grands changements des normes publiques par rapport au divorce, à l’homosexualité, la procréation, l’avortement et la contraception. Ces changements sont devenus admissibles par la loi, la religion et la morale.

Les rapports entre les sexes évoluent mais aussi entre les générations avec l’essor d’une culture juvénile. On assiste au développement d’une véritable

« autonomie » de la jeunesse en tant que couche sociale et aussi à l’émergence de l’adolescent en tant qu’acteur social. Cette « jeunesse » est née par la reconnaissance de son existence par les fabricants de biens, c’est-à-dire dans la société de consommation. En particulier, la « culture jeune » connaît un internationalisme grâce à la télévision, la production cinématographique internationale, et la mode. Cette culture mondiale de la jeunesse est née grâce au pouvoir d’achat des jeunes qui ont pu s’approprier des symboles d’identité matériels et culturels. Ce qui permet franchement de distinguer cette identité

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nouvelle est l’écart historique entre ceux qui ont connu la crise de 1929 et les générations nées après 1950, qui connaissent le plein-emploi.

La « culture jeune » entraîne la révolution culturelle par l’adoption d’un nouveau langage et mode de vie. Les jeunes des classes moyennes et supérieures acceptent mieux les modèles des classes inférieures en termes de musique (rhythm&blues), de mode (le jean). Mais la « culture jeune » vise aussi l’abolition des lois répressives, comme en 1968 où on assiste à une rébellion de masse. La libéralisation des mœurs (sexe et drogues) est un acte de défi et d’affirmation.

La révolution culturelle se traduit par le triomphe de l’individu sur la société, chacun poursuit son désir. L’économie néoclassique est pour beaucoup dans la naissance de l’ultra-individualisme, que Margaret Thatcher illustre en déclarant : « Il n’y a pas de société, il n’y a que des individus ». La révolution culturelle a entamé les atouts du capitalisme en mettant à jour ses insuffisances (chômage de masse, baisse de la solidarité organique).

Naturellement, la révolution culturelle a beaucoup plus touché « les économies de marché industrielles », mais elle a également transformé ce qu’on appelle aujourd’hui le Tiers-monde.

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