A NNALES DE L ’I. H. P.
B. C ABRERA
Magnétisme atomique
Annales de l’I. H. P., tome 2, n
o2 (1932), p. 93-142
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Magnétisme atomique
PAR
B. CABRERA Traduit par R. CHEVALLIER
Professeur à la Faculté des Sciences de Nancy
I. - Le magnétisme des corps constitués par des molécules libres 1. - L’ensemble des faits que nous connaissons sur la
Physique
de l’atome démontre que chacun d’eux est un
système
deprotons
et
d’électrons,
dontl’organisation
n’est pas accessible à laMécanique classique.
Celle-ciasuffi, cependant,
pour découvrir l’existence du noyauatomique,
mesurer sacharge électrique (+
Ze, où Zdésigne
le nombreatomique)
et sa masse, de même que pour prouver la validité de la loi de Coulomb dansl’espace
où se trouvent distribués les Z électronsqui compensent
lacharge
du noyau. Mais elle est évidem-ment
incapable
de construire uneconfiguration
stable dusystème complet,
bien que la preuve directe de l’existence de cetteconfigu-
ration stable soit fournie par l’immuabilité des éléments
chimiques.
En face de cette difficulté la science
physique
n’a rien pu faired’autre que de la reconnaître comme un fait
d’expérience.
Ceciest la vraie
signification
dupremier postulat
deBohr,
suivantlequel chaque
atomepeut
exister dans une série deconfigurations d’équi- libre,
caractérisées par les valeurs de leurénergie,
Et. Pour lesatomes du
type
H, constitués par le noyau avec un seulélectron,
les valeurs admissibles de Ei sont données en fonction des nombres
quantiques
n,l, f,
m et déterminent une suite discrète d’orbites dans l’infinité de cellesqui
sontcompatibles
avec lamécanique
de Newton. Pour le cas
plus fréquent,
où le nombre d’électrons estplus grand
quel’unité,
ladescription
de l’atome est inabordablepar les méthodes de cette
science,
à cause del’importance
des per- turbationsproduites
par les actions mutuelles desélectrons ;
maisnous avons
appris
en étudiant lesspectres
lumineux et lesspectres
de rayons Xqu’il ]est possible d’assigner
àchaque
électron unensemble de nombres
(n, l, /’, m)
suffisant pour l’identifier dans l’atome.L’interprétation plus simple
de ce fait consiste à admettre que lecomportement dynamique
del’électron,
est le même quepour
laconfiguration correspondante
de l’atome dutype H,
bien que, sansdoute,
la réalités’éloigne beaucoup
de ce schéma.Au
fond,
leproblème
de laconfiguration
del’atome,
au moinsen ce
qui
intéresse la radiation émise ou absorbée parlui,
se réduit à obtenir la distribution des Z électronsparmi
les groupespossibles
des nombres
quantiques (n, l, f).
. En attribuant laplus grande
stabi-lité à la
configuration
dontl’énergie potentielle
estminimum,
et ensupposant qu’il n’y
aqu’un
seul électron pourchaque
ensemble de nombres(n, l, f, m) (principe
d’exclusion dePauli),
on arrive à unedescription
dechaque
atomequi reproduit
les traits essentiels de la classificationpériodique,
tellequ’on pourrait
laprévoir
si lagéné-
ration des éléments était
produite
par l’addition d’un nouvel électronau groupe
incomplet superficiel.
Lesfamilles de
transition(celles
dufer,
du
palladium,
duplatine
et des terresrares)
font seulesexception
àcette
règle,
parce que dans ces atomes l’addition du nouvel électronse
produit
dans un niveauénergétique
nonsuperficiel,
niveauqui
est restéapparemment
saturédepuis
un certain élément denombre
atomique plus
bas. Cet arrêtprovisoire
dans leremplissage de
certains groupesélectroniques
estl’origine
des différences entre la classificationpériodique
et la structuregénérale
d’un atome lourd.2. -
Cependant,
la formeprimitive
de la théoriequantique
n’apas la
prétention
d’être définitive. Ce furent L. de BROGLIE et HEI-SENBERG
qui commencèrent, indépendamment
et depoints
de vuedifférents,
la constructionrigoureuse
de la nouvellemécanique,
àl’aide de
laquelle
on obtientl’interprétation
desphénomènes
ato-miques,
maisqui est,
dans sa formeactuelle,
encoreincapable
de lesexpliquer
tous et enparticulier
ceux relatifs auxpropriétés magné- tiques
de la matière.La
pensée
deHEISENBERG, plus près
de la manièred’agir
de laPhysique expérimentale,
a dû tenircompte
de l’incertitude essentielle95
des mesures. Celle-ci ne
provient
passimplement
desimperfections,
des
instruments,
comme on l’apensé pendant longtemps,
mais elleest la
conséquence
de notre intervention dans lephénomène
mesuré.Pourtant nous pouvons être sûrs que l’atome est un
système
d’élec-trons en mouvement autour du noyau, mais nous
ignorerons toujours
leurs orbites
respectives,
ainsi que laposition
et la vitesse dechaque
électron à un instant déterminé. Au lieu de cette connaissance
précise
la
Physique
doit se contenter tout auplus
d’une fonctionqui
donnela
probabilité
pourqu’un
électron soit dans un domaine élémentaire défini du volumeatomique.
Cette
fonction, 03C8,
est définie parl’équation
deSchrôdinger (2, I) 039403C8 + 803C02m0 h2(E - V)03C8 = 0,
où E est
l’énergie
dusystème,
V la fonctionpotentielle
duchamp
deforces où se trouve
l’électron,
nlo la masse d’inertie de cedernier,
et h laconstante de Planck. A cause de son
interprétation physique
la fonc-tion ~
doit êtrefinie, continue,
uniforme et nulle àl’infini,
conditionsremplies
seulement pour certaines valeurs deE, qu’on appelle
valeurs
p~o~res,
et à chacunedesquelles ~z, correspondra
unefonction propre, 03C8i.
La série des valeurs propres,Ei,
introduit les nombresquantiques
n,l,
me, d’unefaçon
tout à faitlogique.
La
probabilité
deprésence
de l’électron est donnée par~.~~,~*,
commeBoRN l’a fait
voir,
si~* désigne
lacomplexe conjuguée
det.
Entenant
compte
de ce que laprobabilité
enquestion
est une fonctiondu
temps,
on arrive à définir une densité de courant moyennantl’expression
s = e
- h-. (03C8 grad 03C8*
-03C8* grad 03C8).
mo 4~i ’ " ’ ’ ° "
A cause de notre
ignorance
de l’orbite de l’électron nous devons traiter les atomes dutype
H comme dessystèmes
soumis à des forces centrales que nousrapporteront
à des coordonnéessphériques.
Onarrive sans difficulté aux valeurs des
composantes
dess,. =- 50 == o,
(2, 2)
s03C6 = - e m0h 203C0 ml(03C803C8*) r sin 0,
mais le choix du
système
de coordonnées reste arbitraire tant96
qu’un champ
extérieur ne fixe pas laposition
de l’axepolaire
z,champ
dont lagrandeur peut
être aussipetite
que l’on veut. Ici ~~a~est un entier
compris
entre - l et +l,
et l le nombrequantique qui
détermine le moment
d’orbite.
Le sens
physique de §
nous fait considérer s, comme le courantélectrique
autour de z, et unesimple intégration
dans toutl’espace
donne pour le moment
magnétique
suivant H,
3)
u - _ e.__~
)ni,m0 403C0c
puisque
la fonction~~
doit être normalisée := I.
a
Cette
équation (2, 3) correspond
à laquantification
dansl’espace
deS ommerfeld.
(2, 3)
met en évidence une unité naturelle des momentsmagnétiques, qu’on appelle magnéton
de Bohr _ - e-dont
la valeur laplus probable
serait(0,9I347
+0,00I3)
X I0-20 erg. gauss -_1ou
(0,92I6
+0,00I6)
X Zo’‘-’° »suivant
qu’on
utilise pour -e la valeur déduite des o mesures .spectros-
copiques
ou celle donnée par la méthode de déviation des rayonscathodiques
sous l’action d’unchamp électromagnétique.
3. - Si l’atome contient Z
électrons,
dont les actions mutuellespeuvent
êtrenégligées,
la fonctionpropre §
de3Z
+ mariables estdécomposable
en Zfonctions, 03C8i,
relatives aux Zélectrons,
chacune définie par uneéquation (2,1).
On voit tout de suite que le courant desprobabilités
seras
= 03A3si,
i
et, par
conséquent
97
Au
degré d’approximation
actuel nous devons traiter l’atomecomme un
système
indéformable sous l’action duchamp
H, de sorte que chacun des groupes d’électronscorrespondant
aux mêmes valeursde n,
l,
s’il contient les2l + I
électronsqu’il peut recevoir, n’apporte
aucune contribution au moment
atomique, puisque 03A3mli
= o. En~
d’autres termes, le moment des atomes
paramagnétiques
estproduit
par les groupes
électroniques
non saturés. Nous avonsdéjà
vu( § r)
’
que cela
peut
être le cas pour le groupesuperficiel,
ou pour les groupes immédiatement inférieurs dans les familles de transition.Mais nous devons observer que
(3,1)
ne donne pas le moment ato-mique
total : c’estsimplement l’apport
des mouvements orbitaires.Il reste encore le moment
produit
par la rotation des électrons. Ce n’est pas difficile d’en tenircompte
car l’étude desspectres
a révélé quegénéralement
les liaisons dusystème
sont telles que les momentsdynamiques partiels
Pl = 03A3 Pli et Ps = 03A3Psi,
i i
correspondant
aux mouvements orbitaires et auxrotations, peuvent
se calculer
indépendamment
et le moment total estP = Pl + Ps.
D’autre
part,
entre les momentsdynamiques
etmagnétiques
corres-pondants
existent lesrapports
l = e PL et = Ps, de sorte que
~3~ ?) ;~. _ 2moc ~Pr + 2Psl~
>d’où l’on obtient pour la
projection
du momentmagnétique
suivantla direction de H
(3. 3)
= mg B.ni est l’un des termes de la série -
f,
-(f
-I),...
+(f
-I), + f,
où j
est, lui-même l’un des termes de la série98
g
représente
le facteur de Landeg ~ I
~ +
I) ~ -i- -E-I ~ - l~l
-+- I) Î" - l + .
2j(j
fiI)
°
La formule
(3, 3) donne H
pourchaque
atomeisolé,
et commenous n’avons pas de méthodes d’observation
capables
de le mesurerdirectement,
il faut nous contenter des effets que l’on obtient par accumulation. Engénéral
ce seront des valeurs moyennes surlesquelles
nous
reviendrons,
mais GERLACH et STERN ont trouvé lafaçon
de trierles atomes suivants la valeur de N~g en leur faisant traverser un
champ
non uniforme. Les rayons
atomiques,
comme ilss’appellent,
se divisenten différents faisceaux
homogènes (de
mêmep"u) qui produisent
deseffets
sensibles, proportionnels
à ~~~$. Parconséquent,
si l’on déter-mine,
pour le même élément des valeurs de na et g, au moyen desspectres,
et si l’on calcule(3, 3),
on aura une excellente méthode pourconfirmer
la théorieprécédente.
Dans le cas del’Ag,
où lesmesures ont été faites avec
beaucoup
desoin,
la valeurthéorique
de doit être un
magnéton
Bohr c’est-à-dire o,92 x~0-2°,
tandisqu’empiriquement
on obtient(0,95
+0.02) X
To-2o.Les éléments de la
première
colonne donnent le même nombreavec une
plus grande
incertitude : ceux de la deuxième colonne avec uneprécision comparable
donnent H = o, commecorrespondant
à~g = o, et de la même
façon,
l’accord sepoursuit
pour les colonnessuccessives,
bien que la certitude diminue à mesurequ’augmente
la
complexité
de laconfiguration électronique
de l’atome. Sans aucundoute la confiance que nous avons actuellement dans la théorie vient surtout des faits
spectroscopiques.
Ceux que nous allons considérer àprésent
nepeuvent
nous donner que la conviction que la vérité dans cet ordre dephénomènes
estproche
de ce que la théorieprévoit.
4. - Plus
simple
que lesexpériences
dutype
de celles de STERX etGERLACH est la mesure du moment
magnétique,
M, d’une masse degaz ;
c’est-à-dire,
d’un ensemble de moléculesqui peuvent
être animéesde translations ou de rotations sous l’action des forces
extérieures,
mouvements
uniquement perturbés
par les chocs etl’agitation
ther-mique. Désormais,
nous nousrapporterons toujours
à la molécule- gramme,composée
de N molécules réelles(N
nombred’Avogadro, égal
à
6,064
XI023~ .
Chacune de celles-ci se caractérise par la valeur deson
énergie, ui
et contribue à l’état de lamolécule-gramme
propor- tionnellement à sonpoids statistique, fi.
En introduisant une fonction de distribution
’ ui
5 _-_.~ ?ie kT ,
’i
où T est la
température
absolue et k la constante deBoltzmann,
on
peut
calculer les diverses fonctionsthermodynamiques
dusystème
et en
particulier,
lepotentiel thermodynamique
donné parl’expression générale
~~ = U - TS - NkT
log cr,
où U est
l’énergie interne,
Sl’entropie
etMH
le moment totalprojeté
sur H. Un raisonnement bien connu conduit à écrire
(4, I)
MH = - ~03A6 ~H= NkTI 03C3 ~03C3 ~H.
~ est fonction de H par l’intermédiaire de ui. Dans
l’hypothèse
dela
rigidité parfaite
de laconfiguration électronique
de lamolécule,
nous pouvons
séparer
dans ui : lapartie
uoi,indépendante
deH, l’énergie potentielle magnétique,
- = -mg BH,
etl’énergie cinétique correspondante
à laprécession
de Larmor. En somme(4,
2) ui = u0i - gm BH +03B8 8m0c2
H2,où
03B8
= 03A3e2(x2l + y2l), et dui dH
= - gm B +03B8 4m0c2H.
Alors
(4,1)
donne :(4, 3) MH = NkTI 03C3 ~03C3 ~H = E N03A3gm03C1ie-ui kT 03A303C1ie-ui kT
- H 4m0c2 N03A303B803C1ie-ui kT 03A303C1ie-ui kT
dont le
premier
termecorrespond
à unepolarisation
du gaz dans le sens de H, conditioncaractéristique
duparamagnétisme,
tandisque le dernier
représente
unepolarisation opposée
auchamp,
et serapporte
audiamagnétisme.
5. -
Puisque
6 est trèspetit
oupeut remplacer
Mi par uoi dans le dernier terme, de sorte que03B803C1ie-03C1ie - = e2(x2k+y2k);
c’est-à-dire la moyenne de la
projection
sur(xy)
du rayon vecteur des diversélectrons,
en tenantcompte
de toutes lesconfigurations possibles
si lechamp
H est nul.Représentant
par R2 la moyenne dece rayon on
peut
aussi écrire pour cetteprojection 2 3 R2,
de sorte quele terme en
question
se réduit à-
Ne2R2 6m0e2H,
formule que nous avons
employée (1)
pour établir unrapport
entreR2 et la
susceptibilité diamagnétique :
Za = - Ne2 6m0e2 R3.
Cette idée a été
développée
par nous même(2)
et par d’autresphysi-
ciens
parmi lesquels
il fautsignaler Joos (3) .
Nous renvoyons aux mé- moiresoriginaux,
et aux discussionsqui
ont suivi sur cettequestion.
Nous remarquerons seulement que ces résultats se
rapportent
à dessystèmes électroniques qui peuvent
être animés d’un mouvement deprécession
autour de H.6. - Pour le terme
paramagnétique,
lepremier
de(4,3),
on doitprendre
les deuxpremiers
termes de(4,2)
et,partant,
écrire03A3gm03C1ie -
03A3e - 03A3gam03C1ie
gm BH kT03A3gm03C1ie-ui kT 03A303C1ie-ui kT
= 03A3e-u0i kT03A3gm03C1iegmBH kT 03A3e-u0i kT03A303C1iegmBH kT
.
(1) An. Soc. Esp. Fis. Quim., 13 (1915), p. 291. - Journ. Chim. pkys., 16 (I9I8), p. 442.
(2)
J. de Phys. et le Radirm, 6 (I925), p. 241 .(3) Zeitschr. Î. Phys., 19 (I923), p. 347, 32 (r925), p. 835.
Les indices inférieurs
(n, j) comprennent
tous les nombresquantiques qui
définissent laconfiguration,
abstraction faite duchamp,
tandisque m donne la
position
de l’atome relativement à H. La valeur du momentparamagnétique
de lamolécule-gramme, Mp
s’obtient enmultipliant
par le facteurN B.
La
complexité
de cetteexpression empêche
del’employer
dans descas concrets. Seulement
Si 1
?’ l et si a2 =( BH kT)2 est pratiquement
nul,
onpeut
écrire(6, I) Mp
=Ngj B[coth jg B - I
,expression
très semblable à la formule obtenue par LANGEVIN àpartir
de la
mécanique statistique classique. Et,
eneffet,
lacondition j
~~ lest
équivalente
àl’hypothèse
de la continuité de n2 admise dans sonraisonnement.
Enfin,
si « -» o on arrive à la formuleplus simple (6, 2)
M p = N g2j(j+ I) 3k 2B
H Tcorrespondant
à la loi trouvéeempiriquement
par P.CURIE,
~pT =
Cm,puisque ~p = Mp H.
La constante deCurie, C»., sera
donnée par Cm = Ng2j(j
+I) 2B
.~""~
3k
.Nous verrons
plus
tard quel’expérience
est d’accord avec desexpressions
des formes(6,1)
et(6,2),
mais nous ne devons pas inter-préter
ce fait comme unargument
favorable aux raisonnementspré-
cédents mais comme une
simple
coïncidence formelle. Laissant de côté d’autres raisons surlesquelles
nousreviendrons, l’hypothèse j ~
lest
incompatible
avec la structure des molécules et atomes normauxpour
lesquels j
n’estjamais plus grand
que 3 ou 4.Mais,
en toutcas, si nous
l’acceptions, l’énergie
des étatsatomiques correspondants
serait assez faible pour
permettre
une déformation facile sous l’action duchamp,
contrairement à ce que nous avons admis.7. - Ce cas des atomes déformables a été traité par Van VLECK
(i) d’après
les méthodes de la nouvellemécanique,
dont la théorie desperturbations permet
d’écrire le momentperturbé
sous la formeH(n, j,
m ; n, j, m,) =0H(njm ; njm)
- 2H h 03A3’| H(njm ; n’j’m’)|2 v(njm ; n’j’m’)
>où 03A3’
représente
la sommation relative aux nombresquantiques
accen-tués,
en excluant le cas, n,f,
ni =n’, j’,
m’. Poursimplifier
les rai-sonnements il ne traite que le cas où « est très
petit, correspondant
à la loi de Curie. C’est avec cette
approximation qu’est développé
le calcul de la valeur moyenne de
~r~~g
pour les différentesconfigurations
de la molécule. A telle fin les termes de basse et de haute
fréquence,
sont
]séparés.
Dans lespremiers
interviennent des niveauxd’énergie qui
ont le même n, et diffèrent seulement parles ;
où les 1n tandis que pour les seconds onpeut négliger
les différencesprovenants de j
etnl par
rapport
à cellesproduites
pour lechangement
de n. Ainsiceux-ci conduisent à :
M ’ __ t~ "
2HI~T ~ ~ ~,~(n, n’
.(~/~)"’
_ .n , .
Pour les basses
fréquences
on doitdistinguer
deux cas. Dans le pre- mier lesconfigurations
définiespar /
ont des différencesd’énergies plus grandes
quekT,
de sorte quel’agitation thermique
ne suffit pas àproduire
le passage de l’une à l’autre. Parconséquent,
nous sommesdans des conditions
qui
ont été admises pour obtenirl’équation (6,2) qui
sera doncapplicable.
Un deuxième cas est celui où les différences
d’énergie
pour lesconfigurations
enquestion
sontpetites,
defaçon
quel’agitation thermique puisse
la fairechanger.
Il est commode dans ce casd’éliminer
f,
cequi
est facilepuisque
le momentdynamique
corres-pondant
est la résultante de P; et Ps’, que nous supposons invariables.On remarquera que dans la valeur moyenne de P2 le terme rec-
tangle (Pi P s)
estnul,
et que parconséquent
2
= e2 4m20c2 [P2l + xi
=e2h2 I6m20c203C02 [l(l
+I)
--/1S(S
-+-i)],
(1) Pjlys. Rev., 29 (1927) p. 727 ; 31 (1928), p. 587.
puisque
P2l = l(l + I)h2 403C02
etP2s = s(s + I)h2 403C02.
En définitive
Mp
= +1)
+4s(s
+I)] B,
qui permet
de déduire lasusceptibilité /p
=~’-
On
peut
résumer tout ce que nous donne la théorie dumagnétisme
des gaz dans
l’équation
(7, 1)
/ == +//
- /~.Les deux derniers termes sont
indépendants
de latempérature
et la
plupart
dutemps négligeables
devant lepremier. Quant
à Cmil est défini par
(7.2)
dans tous les cas où la molécule est un
système
suffisammentrigide
pour rester la même,
après
les chocs et,naturellement,
sous l’action duchamp.
Si la différenced’énergie
desconfigurations
voisines estassez
petite
pour que les chocspuissent produire
lechangement
del’une à
l’autre,
on aura pour Cm(7.3) C.=~[~+i) +4~-~ i)]:~.
8. - Il a que les gaz
0~
et NOqui permettent
la ’vérification de cette théorie. Dans cette classe de corps, ce sont les seuls dont le para-magnétisme
est assez fort pourpermettre
des mesures suffisammentprécises.
Si l’on connaissait la structure de ces molécules avec les détails nécessaires pour fixer les nombresquantiques,
les formulesprécédentes permettraient
de calculer des coefficientsmagnétiques qui pourraient
être
comparés
avec les donnéesexpérimentales.
Une telle connaissancepeut
s’obtenir enprincipe moyennant
l’étude duspectre,
et en effet c’est le cas pour leNO ;
mais lespectre
deOg
n’était pas assez bien connu àl’époque
où Van Vi.ECK apublié
son mémoire. Enconséquence
il a attribué à la moléculeOg
uneconfiguration
accep- table à cepoint
de vue etcapable
de conduire à une valeur de Z dontl’écart avec les données
empiriques
soit dans les limites des erreursprobables.
Cetteconfiguration
est caractériséepar l
= o, s = l etl’existence de doublets étroits. Plus tard MULLIKEN
(1)
est arrivé aumême résultat par le voie
spectrale.
Parsuite,
la valeur de Cm doitse calculer au moyen de
(7, 3)
et l’on obtient= 8N B
I =I.002 I.
°ou pour un gramme, C =
0,03126.
La valeur de / à latempérature
de 20° C sera
Z293
= 0,142 X 1 o’s.Les
résultats empiriques
relatifs à ce coefficient sontbeaucoup plus’
précis
que la réalité de la loi deCurie,
que nous discuterons tout de suite. BAUER et PICCARD(2)
sont arrivés à~~2s3
=(0,1434
+0,004) lo--s,
très voisine de la valeur
théorique précédente,
bien que la différence soitplus grande que
cellecompatible
avec les erreursprobables. Mais,
on ne doit pas oublier que la valeur
expérimentale
serapporte
à la
susceptibilité totale,
tandis que la valeurthéorique correspond
à lapartie
variable avec T.Les
premières expériences
sur la forme de Z =f (T)
ont étépubliées
par P. CURIE dans son mémoire
classique (3)
et elles furent exécutéessur deux
ampoules
contenant du gaz à 5 et 18atmosphères,
dansles intervalles T =
298°
K à T = 618° K, et T =293°5
K à T =725°
K,respectivement.
Dans les limites des erreurs de mesures, les résultats sont d’accord avec la loi de Curieavec la même constante C -
0,0338.
Plustard,
K. ONNES etOOSTERHUIS
(4)
ont fait une nouvelle séried’expériences
où lapression
du gaz a été de 100
atmosphères
et l’intervalle detempérature
T =
146°6
K à T =289°9
K etqu’ils
ontinterprétée par
la loi deCurie avec C === 0,0302.
Cependant WOLTJER
a discuté récemmentces
expériences qui
se trouvent mieuxreprésentées
au moyen d’uneéquation
de la forme~(T+r~~=C,
(i) Phys. Rev., 32 (1928), p. 213.
(2) Jour. de Phys. et le Radium,1 (I92o), p. 97.
(3) 0152uvres, p. 202.
(4) Comm. Lab. Leiden,134, d (I9I3).
avec
0394 = 5,4 et C = 0,03I0.
WOLTJER
a été conduit à cetteinterprétation
en considérant les ré- sultats obtenus par PERRIER et K. ONNES(1)
relativement aux mé-langes liquides
deO2
etN2.
Bien que ces substances ne soient pas des gaz, il est tout à faitlogique
de penser que les moléculesO2
sontdans ce cas aussi libres que pour l’état gazeux, et
peuvent
s’orientersous l’action du
champ
H, conditionqui
a paru nécessaire et suffi- sante pour uneapplication
correcte de la théorie. On aopéré
defaçon
à obtenir une
densité .,5
constante de02, malgré
la dilatationthermique
desmélanges.
Dans tous les cas la loiexpérimentale
obtenuea été
/(T
+0394)
- 0,03I52,avec des valeurs de A
qui changent avec ~~
dans laproportion
indi-quée
par le tableau suivant? ’0801
’1380
.2304 .40I0.7458
~ 2,2 4,5 9,5
I6,3
29,5Par une méthode
graphique
on voit immédiatement que d estune fonction presque linéaire
de 03C1,
telleque 0394 ~
osi ,5 - »
o. D’autrepart
P. WEISS avait trouvé antérieurement(2)
uneinterprétation
brillante du
ferromagnétisme
en admettant que les actions inter- moléculaires des atomesparamagnétiques
déterminent unchamp moléculaire, lequel
pour l’étatparamagnétique qui
suit l’état ferroma-gnétique après
sadisparition
aupoint
de Curie~, change
la loi de Curie en une autre de la formeZ(T
._fi)
- C,qui s’appelle
loi de Curie-Weiss. Il est tout naturel d’identifier; à -
6, hypothèse
dont laconséquence
laplus
intéressante pour le moment est desuggérer que A
estproduit
par une certaine action mutuelle entre les moléculesd’02.
Mais dans une tellehypothèse
l’effet doit se
produire
de la mêmefaçon
pourl’02
gazeux si la densité arrive aux valeurs du tableauprécédent,
comme c’est le caspour
l’oxJgène
à 100atmosphères
de K. ONNES et OOSTERHUIS. C’est (1) Comm. Lab. Leiden, 189 c, d, (l9Iç).(2) Jour. de Phys., 6 (i9o~), p. 661 .
ce que
WOLTJER
a pu confirmer par la discussion mentionnéeplus
haut.
Tout récemment
WOITJER,
C. W.COPPOOLSE
et E. C. WIERSMA(1)
ont voulu trouver une confirmation
plus complète,
par l’étude directe du gaz02,
pour des densitéscomprises
dans l’intervalle du tableaupré-
cédent. Ils ont choisi pour la série des valeurs
de fi
0,152 ; 0,320 ;0,443, et
o,428, qui
devaientcorrespondre
aux valeurs de 03946,4 ;
13,2 ;
18,0
et 17,5. Les résultats desexpériences
sont certainementopposés
à une telleprévision.
Si elle était vraie~0 ~ -
T T0= 0394 T0 - 0394 T20T,
de sorte que le
premier
membre devrait être une fonction linéaire deT,
dont le coefficientangulaire
seraitproportionnel
à 1. La courbeFig. I.
de la
figure
l extraite du mémoire cité démontrequ’il
est loin d’enêtre ainsi.
Dans une
comparaison
de cesexpériences
avec celles de Perrieret K. ONNES, on ne
peut
pas oublierqu’elles correspondent
à un in-tervalle de
température,
T =155°K
à T =293°K, beaucoup plus grand
que celui réalisé pour lesmélanges liquides (
T =64°3
K ày Comm. Lab. Leiden, 201 a (1929).
I07
T =
77°5 K).
Aussi doit-on attribuer auxpremières expériences
unpoids plus grand qu’à
cesdernières,
mais il est tout de même diffi- cile de renoncer à la loi de Curie-Weiss.L’interprétation
de cettecontradiction
apparente
par l’existence d’un terme constant en Za été
analysée,
mais elle ne semble pasacceptable,
parce que la courbe2014 ~
=/(T)
est sensiblementindépendante
de~.
L’ensemble de ces résultats montre que si la théorie n’est pas loin de la
réalité,
comme lesuggère
levoisinage
des valeursempiriques
et
théoriques
de il existe encore des différences essentielles misesen évidence par la
présence
de A. D’autrepart
une telle constante n’est pasinterprétable
par unchamp
moléculaire del’espèce
intro-duite par WEISS,
puisque
les gaz et lesmélanges O2
-N2,
avec lamême densité de
Og
n’ont pas le même A.9. - Nous avons
déjà
dit que pour le NO lespectre
de bandesa donné la
configuration
normale de lamolécule, correspondant
à~ = i et s
=- ,
et constituée de doublets dont l’intervalle de fré- quence est 120,gcm-1 ;
parconséquent,
même à latempérature
ambiante
pp
del’ordre de 0,6.
Nous devons considérer le gaz comme unmélange
des deuxconfigurations avec ~’ == et j == ,
dont laproportion
est fonction de latempérature.
Van VMCK a fait unediscussion détaillée de la théorie pour ce cas,
d’après laquelle
il estarrivé à
l’expression
~ =
N03B82 3kT
avec
03B82 = 4 2B I
- e-x + xe-x x + xe-x,
x = h0394v kT _ 173.2
,
Ainsi,
la loi de Curie n’est passatisfaite, puisque
/T= ~
estune fonction de T.
Les seules données
empiriques
àl’époque
où Van VLECK apublié
son
mémoire,
étaient les résultats de BAUER et PICCARD(~)
et(I) Loc. cit.
de SONÉ
(1).
A 20° et76
cm. depression
lespremiers
avaient obtenu Z =o,o6o9
x 10-6 et le second0,0610
xI0 6,
tandis que la for- mule donne / =0,0600
X To-s. Plustard,
F. BITTER(2)
etindépen-
damment
J.
AKARONI et P. SCHERRER(3)
ont étudié la variation ther-mique
de Z encomparant
5’2 à deuxtempératures
connues. Ils ontobtenu ainsi les résultats résumés ci-dessous :
F. Bitter
(~i~~-
= 1,08 valeurthéorique
1,07,Akaroni et Scherrer
03B82290°2 03B82194°7
= 1,12 » 1,05. .I,a confirmation de la théorie est donc
plus parfaite
que pour02,
bien que l’erreur soitplus grande
à cause de lacomplexité
dela
fonction
prévue.
II. - Variation thermique des corps à l’état condensé
10. -
L’ensemble
des résultatsauxquels
serapportent
les deuxparagraphes précédents peut
être considéré comme une preuve satis- faisante de la théorie duparamagnétisme
dérivée de la nouvelle méca-nique.
Les différencespourront peut-être s’expliquer
en tenant comptede ce que les calculs ont été faits en
partant d’hypothèses
concrètesrelatives à la
rigidité atomique, hypothèses
dont l’exactitude nepeut
êtrejugée
que par les résultats. Il convient desynthétiser
icile contenu des dites
hypothèses,
surtout pour cellesqui
conduisentau terme le
plus important
del’expression (y, i)
de/,
à savoir~*
Ce terme
provient
des niveaux inférieursd’énergie. Quand
l’atomeest
parfaitement rigide,
et que l’influence duchamp
se réduit uni-quement
à laperturbation
des rotationsmoléculaires,
nous avons vuque
C = Ng2j(j + I) 3k 2B,
(i) Tohoku Univ. Se Req., 11 (1922), p. 139.
(2) Nat. Acad. Sci. Proc., 15 (1929). p. 638.
(3) Z5. f. Phys., 58 (I929)~ p. 749.
I09
tandis que dans
l’hypothèse
de lamultiplicité
desniveaux,
dont les différencesénergétiques
sontpetites
parrapport
àkT,
laperturba-
tion que le
champ
provoque estplus profonde :
C = N~‘B[l(t +-1) + q.s(s + 1)].
Il reste encore la contribution des niveaux
supérieurs qui engendrent
le terme constant
Xp’
et laprécession
de I~armororigine
du termediamagnétique
- Xd.L’ensemble des
propriétés physiques
des solutions conduit à penser que, la même liberté de rotation des molécules existe aussi bien dans lesliquides,
que dans les gaz, d’où dérive lapossibilité
de leurappliquer
la théorie
précédente
duparamagnétisme.
Nous l’admettonsimplici-
tement
quand
nous nousreportons
ci-dessus( § 8)
aux résultats obtenusdans les
mélanges
02 -N2 par
K. ONNES etPERRIER, expériences qui
démontrent la nécessité de modifier la loi de Curie en la transformant
en
~(T
+A)
= C.Sans entrer pour le moment dans le détail de
l’interprétation
de ceterme, on
peut
voir en lui le reflet des actions intermoléculairesspéci- fiques
de l’étatliquide. Mais,
deplus,
la diminution de A avec la concentration de 02 peuts’interprèter
enimaginant
que, dans le casqui
nousintéresse,
les actions s’exercent entre les molécules parama-gnétiques
et s’annullent par suitequand
la dilution estgrande,
de sorteque la loi de Curie est la limite vers
laquelle
tend une autre loi dite de Curie-Weiss.Ainsi,
pour des solutionsliquides
peuconcentrées,
la pre- mière loi devras’appliquer.
Enfait,
on l’asupposé
dans les nombreusesmesures effectuées sur les solutions des sels de la famille du
fer,
leplus
souvent à unetempérature unique.
Mais une telle
hypothèse
n’est pas conforme aux faits. G.Foëx (1)
dans une série intéressante de mesures sur les dissolutions de sels de Co++ et Fe++ trouva une loi de la forme
Curie-Weiss,
etplus
tardCABRERA-DuPERIER (2)
sur des sels de Mn++, comme CHATILLON(~)
surdes sels de
Co++,
l’ontconfirmé,
trouvant deplus
que la valeur de il estindépendante
de la concentration et de la nature de l’anion.(I) Ann. de Physique, 16, 147 (I92I).
(2) Journ, de Ph. et le Rad., 6, I2I (1925).
(3) Ann. de Ph., 9, 187 (1928).