R OCHE
Arithmétique appliquée. Théorie élémentaire de la sommation des piles de boulets
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 18 (1827-1828), p. 19-25
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I9
ARITHMÉTIQUE APPLIQUÉE.
Théorie élémentaire de la sommation des piles
de boulets ;
Par M. ROCHE, professeur de inathéi-natiqiies , de physique
et
de chimie à l’école royale d’artillerie de la marine de Toulon.
ON présente
ordinairement la sommationd~s piles
de boulets comme uneapplication
de la théorie des suites dont le termegénéral
estune fonction rationnelle et entière de
l’indice ,
et ceproblème
esttrès-propre ,
ene~’et ,
à fairecomprendre
Futilité de cettethéorie.
Mais elle n’est
guère
accessible aux sous-officiers et soldats d’artil-lerie,
1 dont l’instruction estgénéralelnent
bornée àl’arithmétique
ettout au
plus
àquelques
notions très-élémentaires degéométrie ;
etpourtant le problème
de lasommation
despiles
de boulets sepré-
sente continuellement à leurs recherches. On
pourrait bien ,
J à la vé-rité,
se borner à leur faireapprendre
les énoncés desrègles pra-
tiques
et les exercer à en fairel’application ; mais ,
outrequ’il
estpénible ,
pour des êtres douésd’intelligence d’employer
desprocé-
dés dont ils ne savent pas se rendre
compte,
il est souvent à crain-dre,
dans ce cas , y que , par FeSol d’un défaut d’exerciceplus
oumoins
long,
lespréceptes
venant à sebroliiller ,
dans leurmémoire
y ils n’en viennent àappliquer
à un cas larègle qui
convient à un autre. Cedanger
estbeaucoup
moins à craindrelorsque
celuiqui opère
sait se rendrecompte
à lui-même des motifs de sesprocédés.
~ou~
croyons
donc ne pas faire une chosedépourvue d’utilité,
en20
PILES
essayant Ici
de ramener leproblème
de la sommation des diversessortes de
piles
de boulets aux notionsd’arithniétique
lesplus
élé-mentaires. Nous
emploîrons
pourabréger
lessignes algébriques ,
mais on verra aisément que leur
emploi
n’est pasindispensable.
Avant de nous occuper de la sommation des
piles
deboulets ,
occupons-nous d’abord de la sommation des
boulets,
des facesqui
les terminent. Ces faces peuvent être des
rectangles ,
desquarrés
des
trapèzes
ou destriangles.
i. Si m et n sont les nombres de boulets de deux côtés d’une face
rectangulaire ,
il est nianifeste que le nombre des boulets decette face sera mn ; et il en serait encore de même
si ,
par l’effetd’une construction
vicieuse,
leparallélogramme
étaitobliquan~le ,
au lieu d’être
rectangle.
~. Si le
rectangle
devenait unquarré
dontchaque
côté fut formé par nboulets,
le nombre des boulets de cequarré
seraitdonc n~ ~
et il en serait encore de même
si ,
par l’eflet d’une constructionviciense,
lequarré dégénerait
en un rhombe.3.
Supposons qu’il
en soitainsi ,
y et qne lapetite diagonale
durhombe soit
égale
à chacun de sescôtés ,
ce rhombeéquivaudra
alors à deux
triangles équilatéraux ayant
base commune ; de sorteq~~e 9 si l’on voulait en former deux
triangles équilatéraux
isolés 1 un del’autre,
il faudrait introduire une nouvelle base de n boulets.Ainsi,
pour former deuxfaces triangulaires ayant
chacune des cô- tés de nboulets ,
il est nécessaired’employer n’+n
ou/x(/2-t-i)
boulets ;
donc le nombre des boulets contenus dans une seule face. 1. . d lA,. . b
7ï(~+ï)
trlangu aIre, dont
les côtés contiennent nboulets,
estnt~ .
, 4.
Soit enfin une facefigurée
entrapèze ;
et soit n le nombre -des boulets de l’un des côtés non
parallèles
et m le nombre de ceuxde la
petite base ,
comme il y a à sasuite ,
etparallèlement
à sa di-rection,
/z2013irangées
deboulets,
croissant constamment d’un bou-let d’une
rangée à i’ailtre,
il- s’ensuit que le nombre desboulets
de lagrande
base dutrapèze
seray72-}-/22013ï.
Ce
trapèze
sera évidemmentcomposé
d’unparallélogramme ayant
n boulets dans un sens et in dans
l’autre,
et d’untriangle ayant
tous ses côtés de n
boulets ;
ces deuxfigures ayant
un côté com-mun de n boulets. Si on veut les isoler l’une de
l’autre,
il fau-dra introduire dans l’une les n boulets du côté commun enlevés par l’autre. Le nombre total des boulets du
triangle
et du pa-rallélogramme
g seraainsi (t) et C~ (3) ~) 2013201320132013-{-~/~;
2 -donc
le nombre~ ~ ~ ï ~ ~
K(~-t-l) .
7!(2~4-M-l) des boulets dutrapèze
’ est seulement2013201320132013
2 +mn--n=’~~~m+~~~) .
2On
pourrait
encore considérer letrapèze
comme la différence.
entre deux
triangles,
dont leplus grand
aurait à tous ses côtés~
772-}-~2013~ boulets,
tandis que le côtés de l’autre n’enauraient
seule-ment que ~722013ï ; on trouverait
d’après
cela(3) ,
pour le nombre des h 1 d ’(~ï-~-M2013ï)(~-t-7ï)
(m*2013i)~ n(2~ï-t-n2013ï) boulets dutrapèze
"2013201320132013201320132013201320132013
~ -a
s =n(2m-f-n-t)
.& ’ comme ci-dessus.5 On
peut
résumer ces diverses formulesdans
çeprincipe
uni-.
que : Le nombre des
boulets d’une face
enirdpé~e , parallélogramme
ou
triangle
s’obtient enmultipliant
un côté par la demi-somme des arêtesparallèles qui s’y terminent ;
pourvu que, dansl’appli-
cation,
on serappelle
que l’une des arêtesparallèles,
pour la facetriangulaire
n’aqu’un
boulet seulement.6.
Passons au nombre des boulets despiles.
On ne saurait for-mer des
piles
en forme deparallélipipède rectangle qu’en
les en-caissant. Si les trois arêtes d’un même
angle
d’une tellepile
étaientm,
n, p, le
nombre des bouletsde la pile
serait évidemment mnpet il en irait exactement de
même
si leparallélipipède
était obli-quangle.
,7. Si le
parallélipipède
avait pour base unquarré
ou un rhombedont chaque
côté fut de nboulets ,
et que ses arêtes se terminant22 PILES
à cette base fussent de m
boulets,
le nombre total des boulets duparalléiipipéde
serait alors77?~ ~
soit que ses arêtes latérales fussentperpendiculaires
à cette base ouqu’elles
lui fussentobliques.
8. Et si le
parallélipipède
se réduisait à lit] cube dontchaqne
arête contient n
boulets,
le nombre total des boulets du cube se-rait
n3 ;
et il en irait encoreainsi,
si lapile ,
au lieu d’être cubi- que était unparallélipipède obtiquangle
terminé par six rhombes.g Considérons de nouveau la
pile qui
a pour base unrhombe
dont les côtés contiennent n boulets chacun et dont les arêtes la- térales contiennent m
boulets ;
cettepile
contiendra(~ ~
rrtn2 bou. lets.
Supposons
qne lapetite diagonale
du rhombe soitégale
à sescôtés ;
leparallélipipède
sera formé de deuxprismes triangulaires ,
,à base
équiiatérale ~ ayant
une face rhombe communequi
con-tiendra ma boulets. Pour isoler ces deux
piles
l’une del’autre 3
ildeviendra nécessaire de rétablir pour l’une d’elles ces mn
bou têts
enkvés parl’autre;
les deuxprismes triangulaires
contiendront doncentre eux
mna-~-mn
oum n(n~-~) boulets ;
d’où il suit que lenOln-./
.
" n (n~. y
bre des boulets de chacun d’eux sera
/72. 2013201320132013.
2
10. Dans le cas
particulier
où il yaurait ,
dans les arêtes laté- rales autant de boulets que dans les côtés de labase,
le nombre "des boulets
de 1pile prismatique triangulaire devïendrait n2~~ . z
.r 1.
Supposons qu’il
en -soitainsi ;
leprisme
seracomposé
de trois té-traèdres tels que l’un d’entre eux aura une face commune avec chacun des deux antres et que toutes leurs arêtes auront n boulets. Si l’on veut
isoler ces tétraèdres les uns des autres, il faudra
retablir,
pour deux d’entre eux , la face commune enlevée par letroisième ,
cequi
con-sommera
(3) n(n+i)
nouveauxboulets;
le nombre total des bouletsd ’ ~ ~ sera
.. -
~("+~ . / , ~
"(~-i)(~+~) des trois tétraèdres sera ainsi --f/?(/?-}-ï)== 2013-2013201320132013’ ~
d’où il suit que le nombre des boulets de l’un d’eux ou de la
pile
té-, . , ...
> Sera n Cn-i- ) ~ ‘~’ ~
1
traedre, improprement
-a~ppelée pile triangulaire,
.sera201320132013,-201320132013 .
. 1.
12.
Supposons
que , par l’effet de la mauvaiseconformation
decette
pile ,
sa base soit untriangle rectangle isocèle,
et que sa faceadjacente
àl’hypothénl1se
de cette basesoit perpendiculaire
àson
plan.
Si l’on construit deuxpareilles piles ,
on pourra les réu-’
nir de manière à en former une
pile pyramidale quadrangulaire
timproprement appelée pile quarrée ;
mais il sera nécessaire pour cela! 1 f !
’
n(n"~"I~ · . d’enlever à l’une d’elles les
2
boulets de la facequi
doit lui de-2 *
venir commune avec l’autre. Le nombre des boulets de la
pile qua~rée
sera donc aiiis, , 2.
~+ï)(M+2)
ncn+J) = M(7ï+ï)(.2~+t)sera donc ainsi ~20132013201320132013201320132013 2013201320132013 ==: 201320132013-201320132013- ..
. 6 2 1 6
ï3. Il ne sera pas
difficile , d’après cela ,
d’obtenir le nombre desboulets de ce
qu’on appelle pile oblongue , c’est-à-dire,
d’unepile
dont la base est un
rectangle
etqui
setermine ,
à lapartie
su-périeure,
par une arêteunique, parallèle
auxlongs
côtés de sabase. Soient m le nombre des boulets de cette
arête,
et n le nom-bre de ceux de l’un des
petits
côtés de labase ;
il est aisé de voir(4)
que le nombre des boulets deslongs
côtés de cette base sera~722013/z-}-i.
La
pile
pourra être considérée comme formée de deux autres, l’unequarrée ayant
n boulets à ses arêtes et l’autreprismatique
trian-gulaire ayant
aussi n boulets aux côtés de ses bases et m à ses arê-tes
latérales ;
ces deuxpiles ayant
une facetriangulaire
commune.Si l’on veut les isoler l’une de
l’autre ,
il faudrarétablir,
pour-
l’une
d’elles, la
face commune enlevée parl’autre,
et on aura’
alors pour le nombre total des boulets des
deux piles (g)
et(iï)
m.
n(n+i) _
n(r~.°~i~(2n-~-i)"..
que le nombre~es
bou-772. 2013201320132013-~ 6
d où il suit que le nombre des bou-2 6
. . ~(~+!)
y2(M+ï)(2M+ï)
lets de la
pile oblongue
sera seulement m.+ 6
~t(n~-t~
n~n-~-1)~~m-~-2n~2)
~-~20132013==20132013201320132013~20132013201320132013.
~
2
°°°~
6
"
En
rapprochant
toutes ces formules on s’assurera que pour avoir d~ nombre des boulets d’~r~epile triangulaire quarrée
ou~~lc~n~t~~
24
PILES DE BOULETS.~
il
faut
constammentmultiplier
le nombre des boulets de l’une desfaces triangulaires
par le tiers de la somme des trois arétes pa- rallèlesqui s’y terrrainent ,
en observantqu’une
de cesarêtes,
pour lapile quarrée 3
etdeux,
pour lapile triangulaire
se réduisent àun boulet. ’
Une
pile peut
n’être pasterminée , c’est-à-dire, qu’on peut
avoirà évaluer le nombre des boulets dans des
piles tronquées triangu- laires, quadrangulaires
ouoblongues;
c’est une chosefacile , d’après
ce
qui précède.
1 If
Soient m le nombre des boulets des côtés de la basesupé-
rieure d’un tronc de
pile triangulaire
et n le nombre des boulets des arêteslatérales ;
le nombre des boulets des côtés de la basein-
férieure sera(4) /72+/22013t.
On pourra ainsi considérer le tronc, comme la différence entre deuxpiles triangulaires
dont laplus
grande
auraitm+n-i
et laplus petite
m-i boulets àcha-
que arête. Le nombre des boulets du tronc sera donc
(11)
. 15. Soient m le nombre des boulets des côtés de la base
supé-
rieure d’un tronc de
pile quarrée
et n le nombre des boulets desarêtes
latérales ;
le nombre des boulets des côtés de la base in- férieure sera encore ici(4) ~-}-/x2013i.
On pourra alors consi- dérer le tronc comme la différence entre deuxpiles quarrées
dontla
plus grande
auraitm+n-i
et laplus petite
7722013i bouletsà
chaque
arête. Le nombre des boulets du tronc sera donc16. Soient enfin m et n les nombres de boulets des deux côtés de la base
supérieure
d’un tronc depile oblongue
et p le nom- bre des boulets des arêteslatérales ,
les nombres de bouletsdes
deux côtés de la base inférieure serontrespectivement ~4~ ~-t-y?2013’ï
et
n+p-i.
Ensupposant, m ~ n ,
on pourraconsidérer
le troncQUESTIONS HESOLUES.
comme la différence entre deux
piles oblongues qui
auroient l’une etl’autre
m-n-~-~
i boulets à l’are-tesupérieure
et danslesq-,i,-I’ies
lepetit
côté de la base aurait
n~~----~ ~
boulets pour laplus grande,
et n.~zpour la
plus petite.
Le nombre des boulets du tronc sera donc(13)
ou
bien,
eudéveloppant
et réduisant. r
formule
symétrique
en m et n , comme cela doitêtre,
etqui
ren-ferme 3
comme casparticuliers ,
ceux dela pile oblongue
et de lapile quarrée ;
lepremier
s’en déduisant si l’on fait n= 1 , etl’au-
tre si l’on fait en outre m=r.
QUESTIONS RÉSOLUES.
Démonstration des quatre théorèmes de géo-
métrie proposés à la page 255 du précédent volume ;
Par M. BOBILLIER, professeur à l’Ecole royale des
arts etmétiers de Châlol1s-sur-Marne.
THÉORÈME
I. Troislignes
du m.ième ordre étant tracées dans
un même
plan ;
onpeut toujours,
d’une
infinité
de manièresdiffé-
rentes, en construire trois autres
qui, ayant
entre elles les mêmes m2points d’intersection,
soientTom. XVIII.
TIIÉORÈME
I. Troislignes
du mieme ordre étant tracées sur un même
plan ;
onpeut
tou-jours,
d’uneinfinité
de manièresdifférentes,
en construire troisautres
qui, ayant
entre elles lesmêmes m2