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15h30 au sommet : récit d'une nuit au Goûter

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15h30 au sommet : récit d’une nuit au Goûter

Mathilde Dassonville

To cite this version:

Mathilde Dassonville. 15h30 au sommet : récit d’une nuit au Goûter. Architecture, aménagement de l’espace. 2016. �dumas-01388622�

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L’origine des refuges

Le Club Alpin Français aménage les Alpes 1. À l’origine

L’alpinisme et l’accès au mont Blanc La voie normale, par l’Aiguille du Goûter 2. La normalisation

La géologie et les risques L’implantation du refuge 3. Sur l’arête

La forme architecturale

La mission de Charpente Concept La structure

4. L’ovoïde Préface

Les effets de l’altitude Le chantier 8. L’aventure humaine Le programme La spatialité 7. Le réconfort La composition de l’enveloppe L’autonomie 6. l’abri autonome 5. Le sommet 7 - 25 29 - 52 2 - 3 57 - 73 77 - 95 101 - 107 111 - 132 137 - 156 161 - 183

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à Julie et Alain, mes compagnons de cordée

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Préface

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Les paysages de montagne m’ont toujours fascinés. C’est un milieu familier que je pratique été comme hiver, randonnées itinérantes, ski de piste ... Il y a deux ans, je pars en excursion avec le club alpin et découvre l’alpinisme. Nous passons quelques nuits en refuge et je m’intéresse à ces lieux singuliers qui habitent la montagne, à la fois collectif, minimaliste et autonome. Les membres du club parlent de l’ouverture d’un nouveau refuge sur les pentes du mont Blanc, le refuge du Goûter. Ce projet initié par le CAF (Club Alpin Français), se trouve à 3835 mètres d’altitude sur la voie normale d’ascension, empruntée chaque année par des milliers d’alpinistes. Construit à deux cent mètres de l’ancien refuge vétuste et à fort impact environnemental, sur une aiguille rocheuse battue par le vent et la neige, il est destiné à canaliser les flux d’alpinistes et à réduire l’empreinte humaine sur ce site de haute-montagne emblématique. Cet ovoïde de bois recouvert de métal répond aux enjeux énergétiques, technologiques et environnementaux pour l’accueil de 120 personnes. Il est le fruit d’un travail collectif entre ingénieurs, architectes, scientifiques et alpinistes. Après des années d’étude et quelques mois de construction, il ouvre au début de l’été 2013.

Sensible au rapport entre l’architecture et le paysage, je me consacre à l’étude de ce projet d’abord à distance. J’aborde les notions de matérialité et de mise en oeuvre. Une première question se dégage : en quoi la conception et la technicité de cette architecture répond-elle aux enjeux de la haute-montagne ? Et plus largement, en quoi est-elle un modèle face aux enjeux environnementaux actuels ? Pour approfondir ma réflexion, une visite physique du refuge devient indispensable à l’appréhension de son architecture : l’insertion dans le paysage, l’implantation, la forme, la spatialité et les usages. Je commence l’entrainement en novembre 2014 et trouve mes compagnons de cordée, les cafistes Alain Saunier et Julie Derré. En avril 2015, je réserve une nuit au Goûter pour une ascension fin août. Sa forte fréquentation m’oblige à prévoir largement en avance, bien que la météo reste imprévisible jusqu’à la veille du départ. Par chance, je vise juste et le 26 août nous voilà tous les trois au départ de la voie normale. L’expérience dure trois jours et bouleverse ma perception du refuge. Je me plonge alors dans l’histoire de l’alpinisme et de la montagne pour replacer mon étude dans son contexte. Une deuxième question se dégage : à une époque où nous cherchons à redéfinir notre rapport à la nature, quelles valeurs portent le refuge du Goûter ? Entre anthropisation et goût du risque. En octobre 2015, je rencontre Bernard Benoit et Aurélien Durand de l’entreprise d’ingénierie de la construction bois Charpente Concept, pilote de l’opération.

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Mon mémoire rassemble toutes les informations collectées avant et après l’ascension en les confrontant au récit de mon expérience. Depuis le départ du Fayet jusqu’à la nuit au refuge du Goûter, je retrace l’évolution de l’architecture des refuges, la normalisation de la voie, puis j’analyse son implantation, sa forme et sa structure, les moyens techniques le définissant comme un abri autonome, sa spatialité et son rapport à l’extérieur, enfin les difficultés de sa construction et l’aventure humaine qu’il a représenté.

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À l’origine

chapitre 1

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Je charge la voiture, embrasse mes parents et quitte Tournus à 07h30. Je passe chercher Alain qui m’attend devant chez lui. À Mâcon, nous prenons l’A40 qui file jusqu’au Fayet. Nous discutons un moment de nos dernières sorties en montagne. Je lui raconte le tour des Combins en famille, le glacier de Corbassière, la vallée d’Aoste, le col du Grand Saint Bernard. Et le tour du mont Rose avec le club, le glacier Teodulo, les passages du col Turlo et du col Moro. Un périple de deux semaines couronné par l’ascension de la Pyramide Vincent. Une course glacière facile mais très crevassée cette année. Les montagnes du Jura apparaissent. À Bellegarde, Julie nous attend à la gare. Notre cordée de cafistes est au complet et nous poursuivons ensemble notre route en Haute Savoie. Le temps est radieux. Nous descendons vers Genève pour remonter la vallée de l’Arve, qui se resserre petit à petit. À gauche le massif du Chablais et à droite celui des Aravis. Enfin à Sallanches le profil déchiqueté de la chaîne du Mont-Blanc surgit. Un théâtre de pics, monts, aiguilles, dômes et glaciers. Déjà j’aperçois la petite capsule de métal sur l’aiguille. Le refuge du Goûter scintille au soleil.

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Mont Blanc 4810 Mont Maudit 4465 Le Tacul 4248 Aig. du Midi 3842 Aig. du Plan 3673

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Dôme du Goûter 4304 Aig. du Goûter 3863 Aig. de Bionnassay 4052 Dômes de Miage 3673

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L’ORIGINE DES REFUGES

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/ Les prémices

Pendant des siècles, les montagnes des Alpes ne sont ni parcourues, ni habitées en permanence. Quelques audacieux bergers, chasseurs de chamois ou chercheurs de cristaux se risquent dans ce monde inconnu au-dessus des forêts. Ils se protègent dans des abris naturels ou de rudimentaires cabanes de pierres sèches. Seuls les grands axes de communication, par les cols les plus accessibles, sont aménagés dès l’Antiquité. Des fortifications et des abris de secours sont mis en place, puis des monastères et des hospices sont édifiés au Moyen-Âge. Les hospices accueillent les pélerins et les voyageurs, leurs offrent nourriture et hébergement à toute heure et en toutes circonstances. Elles sont les ancêtres des refuges.

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Les hospices du Grand-Saint-Bernard

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// Le « Temple de la nature » et la conquête du mont Blanc

C’est au XVIIIe siècle, dans le massif du Mont-Blanc que se produit l’élan décisif qui aboutira en deux siècles à un véritable aménagement de la montagne. À cette époque, « les cimes immaculées éveillent la curiosité des élites

éclairés » (4). En 1741, les anglais William Windham et Richard Pococke, en visite

à Chamonix, découvrent le glacier du Montenvers. Les séracs énormes ressemblent

aux vagues figées de la mer. Leurs écrits attirent de nombreux visiteurs et en 1776,

Charles Blair édifie le premier refuge aux pieds de la « Mer de Glace ». Exigü, il est remplacé quelques années plus tard par une bâtisse de pierre orthogonale. On y trouve des lits, un miroir, une cheminée et une table. Sur son fronton est écrit, « à la nature, pour un ami de la liberté ». Le refuge n’est plus seulement une nécessité, mais un moyen d’évasion et de contemplation de la nature.

Parallélèment, le naturaliste et géologue suisse Horace Bénédict de Saussure mène diverses recherches et expériences scientifiques dans le massif du Mont-Blanc. En 1760, il souhaite atteindre le sommet de la plus haute montagne pour en mesurer l’altitude. Après plusieurs tentatives infructeuses, il offre une récompense à qui trouvera un chemin d’accès. Les prétendants sont nombreux, mais tous se heurtent aux difficultés du site. Finalement les Chamoniards Jacques Balmat et Michel Paccard atteignent le sommet du mont Blanc par les Grands Mulets, après une nuit en bivouac, le 8 août 1786. Sans corde, ni crampons, ni piolets. L’année suivante, Balmat conduit De Saussure avec l’aide de dix-sept autres guides et un domestique. Cet évènement marque la naissance de l’alpinisme. Les montagnes ne sont plus vues comme de redoutables obstacles, mais comme le terrain d’exploits sportifs et architecturaux.

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Le « Temple de la nature » du Montenvers

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/// La création des clubs alpins

Le succès grandissant du massif du Mont-Blanc entraine la création de sociétés alpines, la Compagnie des Guides en 1823, puis les clubs alpins à partir de 1860, anglais, allemands, suisses, autrichiens, italiens et pour finir français en 1874. Les adhérents, issus de la haute société, ont pour mission « de définir des

usages en matière d’excursion, d’organiser les compagnies de guides, de construire des refuges, d’améliorer la qualité des hébergements, de rédiger des notices scientifiques, d’inventer une littérature de voyage et de réussir ainsi à promouvoir, auprès de leurs contemporains, une forme de tourisme alpin à la fois cultivé et mondain » (5). Plus

largement, la vocation des clubs est de faciliter et d’encourager la découverte de la montagne ... Au sein d’un groupe de privilégiés. Leur grande action consiste à la construction de refuges, des lieux communs pour se rassembler et atteindre les sommets par des voies parfois longues et exposées. Les abris des pionniers prenaient la forme de simples bivouacs prévus pour s’abriter durant la nuit. Puis le désir de confort permettant la contemplation et l’attrait touristique a fait de ces abris des refuges solides et bien bâtis, constituant un patrimoine pour les clubs. C’est au début du XXe siècle que la construction des refuges prend son essor dans tout l’arc alpin, l’alpinisme perd son caractère élitiste et l’accès à la montagne se démocratise.

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La statue d’Horace Bénédict de Saussure et Jacques Balmat à Chamonix

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LE CLUB ALPIN FRANÇAIS AMÉNAGE LES ALPES

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/ Les références

Dans un premier temps, le CAF s’inspire des abris naturels utilisés par les chasseurs de chamoix, avec le modèle de la grotte-abri, un mur érigé à l’entrée d’une grotte naturelle, ou celui des abris-sous-roche, de simples caves dégagées sous les plus gros éléments de pierriers. Ces abris sont efficaces, mais la mauvaise circulation de l’air et l’humidité les rendent invivables et le procédé est rapidement abandonné. Le CAF décide alors d’encourager l’aménagement d’habitations pastorales, lieux de vie des bergers, mais souvent loin des sommets, elles ne conviennent pas aux alpinistes les plus engagés.

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Le refuge du Couvercle, dans le massif du Mont-Blanc

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// Les premières réflexions architecturales

Rapidement le CAF entreprend la conception de ses propres refuges. Ils prennent la forme de simples cabanes. Une unique pièce pour cuisiner, manger et se reposer. Le bois est privilégié pour sa facilité d’acheminement bien que la pierre soit une alternative plus fiable, mais plus rare. Certaines cabanes disparaissent d’une saison à l’autre emportées par une avalanche ou un éboulement, balayées par le vent et la neige. Ces expériences malheureuses permettent au CAF d’établir des règles de construction à la fin du XIXe siècle, selon les contraintes imposées par la montagne. Acheminement, résistance au vent et au froid, dimensionnement selon des usages définis sont le point de départ d’une réflexion architecturale. L’enjeu est de coupler la résitance de la pierre à la facilité d’utilisation du bois, tout en augmentant la rapidité d’exécution sur site. Le concept « révolutionnaire » de la préfabrication est lancé, le refuge n’est plus bâti sur place mais simplement assemblé. Le CAF socillite l’atelier de l’ingénieur Ledeuil à Paris pour le développement de refuges en bois préfabriqués. Il conçoit des pièces de bois goudronnées pour résister aux conditions hivernales et les dimensionnent pour être transportées à dos d’hommes ou de mulets. La morphologie du refuge reste la-même, toit double-pente et bois apparent, l’architecture reste purement fonctionnelle.

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/// La standardisation, le confort et l’autonomie

Après-guerre, un nouvelle pensée architecturale apparait, de nombreuses recherches sont en cours pour reconstruire l’Europe de manière rapide et économique. Les architectes parlent de standardisation. L’industrie et les matériaux se perfectionnent. La notion de confort devient prépondérante dans la société moderne. De 1950 à 1970, le CAF produit des refuges en série et achève de compléter son réseau sur l’ensemble des Alpes, grâce au développement de structure métallique légère et à l’apparition de l’hélicoptère, utilisé dès 1957. La tradition est abandonnée au profit de la rationnalisation à l’extrême de la construction. Les refuges sont confortables et répondent parfaitement aux contraintes du site, mais leur intégration est négligée. La rupture formelle brutale est fortement contestée.

En 1974, la crise pétrolière relance les recherches sur l’autonomie énergétique, qui devient l’élément central de la conception architecturale. Les refuges du CAF ne se développent plus quantitativement, mais qualitativement, leurs toitures se couvrent de panneaux solaires. Dans les années 80, la fréquentation de la montagne s’intensifie et les refuges s’agrandissent, soit par l’ajout d’une annexe, soit par leurs rénovations complètes. Enfin, au début des années 2000, le CAF met l’accent sur le maintient et la rénovation de l’existant.

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La normalisation

chapitre 2

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À 11h00 nous arrivons au Fayet, une petite ville thermale au pied de Saint-Gervais, point de départ de la voie normale. Le parking de la gare est plein. Je m’éloigne et trouve une place de l’autre côté de la voie ferrée. Il est temps de s’équiper. J’ouvre le coffre et éparpille nos affaires sur le bitume. Alain fait un dernier inventaire. Corde, cordelettes, casques, piolets, bâtons, crampons, mousquetons, descendeurs, broches à glace et tout le reste. Environs quinze kilos de matériel chacun. Habillés et chaussés, nous pique-niquons rapidement avant de rejoindre la gare. Nous prenons nos billets au guichet d’un petit chalet bleu aussi pittoresque que le train à quai. Prochain départ à 13h30. Il fait une chaleur terrible et nous patientons au café en face, autour d’une boisson fraiche. « Si la météo se maintient, nous serons au sommet du mont Blanc demain ». Nous finissons nos verres et il est l’heure de partir. La cloche de La Marie sonne. Promeneurs et alpinistes embarquent pour un voyage de trois quarts d’heure à travers la montagne. Le tramway traverse Saint-Gervais passant à proximité de châlets et d’hôtels luxueux, puis s’enfonce dans la forêt vers Motivon et le col de Voza. À Bellevue le paysage s’ouvre sur les alpages. La petite capsule de métal apparait à nouveau attirant l’attention de tous les voyageurs. Le train à crémaillère s’arrête au bout de douze kilomètres à la gare du Nid d’Aigle à 2300 mètres d’altitude.

Tout le monde descend et se dirige soit vers la vallée, soit vers le col des Rognes. Ce dernier mène à Tête Rousse où nous passerons la nuit. Le sentier monte en lacets serrés dans la combe aride du désert de Pierre Ronde. Le passage est encombré. Une vague d’ascensionnistes encore emmitouflés déferle, fatigués et pressés de rejoindre la gare. Certains descendent en ligne droite dans la pente raide et caillouteuse. Ils parlent anglais, italien, allemand, slave ... quelques-uns français. La foule se dissipe après le passage du col. Sur le replat de la cabane des Rognes, les pentes enneigées de l’Aiguille du Goûter semblent maintenant toutes proches. Nous faisons une pause à côté de bouquetins se prélassant au soleil. Puis nous reprenons la marche tranquillement pour franchir la dernière arête et basculer sur le glacier de Tête Rousse. Une mince croûte de glace que nous traversons pour rejoindre le refuge et l’aire de bivouac à ses pieds. Une vingtaine de tentes sont installées sur les rochers. À 3200 mètres la nuit est fraiche, mais courte pour les prétendants au sommet du mont Blanc.

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Page précédente : L’Aiguille du Goûter vue depuis la cabane des Rognes le 26 août 2015,

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L’ALPINISME ET L’ACCÈS AU MONT BLANC

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/ L’alpinisme, de 1786 à aujourd’hui

Après l’exploit de Balmat et Paccard en 1786, la course du mont Blanc devient incontournable. De nombreux itinéraires sont ouverts. L’Aiguille du Goûter en 1861, puis les Trois Monts en 1863. Parallèlement, une cartographie spécifique de la haute montagne est réalisée et la conquête des sommets des Alpes s’achèvent avec l’ascension tragique du Cervin, le 14 juillet 1865. Le même jour les anglais Horace Walker, Adolphus Moore et le guide Melchior Anderegg découvrent un nouvel itinéraire vers le mont Blanc par l’éperon de la Brenva sur le versant italien. Moore écrit : « Je crains que la route de la Brenva

ne présente que peu d’avantages sur celle du mont Blanc du Tacul. Mais elle a le mérite qui manque à cette dernière, d’être directe. Elle est aussi incomparablement plus intéressante et excitante ». L’alpinisme devient alors une discipline sportive.

Les sommets sont gravis par des faces, des parois, des arêtes plus techniques. Le mont Blanc est atteint par l’abrupte versant italien des Aiguilles Grises en 1890. Les premières spectaculaires se multiplient et le matériel est réinventé au début du XXe siècle. Piolet, crampons, corde en nylon, baudrier, etc. La pratique du ski apparait avec l’organisation des premiers jeux olympiques d’hiver à Chamonix en 1924. L’accès à la montagne se démocratise avec l’aménagement de routes, voies ferrées, trains à crémaillère, téléphériques, etc. Après-guerre, les regards des plus grands alpinistes se tournent au loin sur les montagnes de l’Himalaya et une nouvelle génération s’épanouit dans les Alpes. En décembre 1956, la vallée de Chamonix est marquée par un drame à l’origine de la structuration des secours en montagne. Galvanisés par les exploits de leurs modèles, deux étudiants et alpinistes amateurs, Jean Vincendon et François Henry partent gravir le mont Blanc par l’éperon de la Brenva. Les mauvaises conditions les retiennent en haut, à plus de 4000 mètres d’altitude. Les tentatives pour les secourir échouent et après dix jours, ils succombent au froid et à l’épuisement. Le GSHM (Groupe Spécialisé de Haute Montagne) est créé pour sécuriser la montagne en 1958. Il devient plus tard le PGHM (Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne).

Aujourd’hui, l’alpinisme se définit comme une pratique sportive d’ascension en haute montagne qui repose sur différentes techniques de progression : la marche, l’escalade, la cascade de glace ou le ski. Elle se décompose en trois étapes : la marche d’approche, en principe facile ou peu difficile, le parcours de la voie elle-même où se concentrent les difficultés et la descente.

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« L’alpinisme est un exercice qui vaut pour lui-même, une activité gratuite et ludique dans laquelle l’homme se confronte à la nature (...) Il est fondé sur les difficultés morales et physiques à vaincre pour progresser (...) Beaucoup seront rebutés par l’austérité de la discipline. Mais certains y trouveront une excitation si intense qu’elle leur fera oublier toute leur fatigue et tous leurs doutes. » (6)

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// Les voies d’accès au mont Blanc

Aujourd’hui, l’Aiguille du Goûter, les Trois Monts, les Grands Mulets et les Aiguilles Grises sont des itinéraires d’ascension du mont Blanc largement empruntés. Ils sont appelés « voies classiques » et côtés « peu difficile ». Ils existent de nombreux itinéraires plus techniques. Par ordre croissant de difficulté et d’engagement : la traversée Miage-Bionnassay, l’éperon de la Tournette, l’arête du Brouillard, l’éperon de la Brenva, l’arête de l’Innominata, la traversée de l’Aiguille Blanche et de l’arête de Peuterey, la Sentinelle Rouge et la voie Major par le versant de la Brenva, le pilier Gervasutti du Frêney et le pilier central du Frêney. Chaque été 20.000 à 30.000 personnes tentent l’ascension jusqu’au sommet, ce qui représente 350 à 400 départs chaque jour sur l’ensemble des itinéraires dont l’échec est estimé entre 40% et 100%. Environs 100 interventions par an sont réalisées par le PGHM, dont 80% pour épuisement (mauvaise préparation physique, manque d’acclimatation). La voie par l’Aiguille du Goûter reste de loin la plus emprunter avec 17.000 tentatives par an. Elle est appelée « voie normale ».

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Versant italien du mont Blanc

vue sur l’éperon de la Brenva, le Grand Pilier d’Angle et l’arête de Peuterey

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frontière

A40 - tunnel du Mont-Blanc voies ferrées - lignes de téléphérique

voies d’ascension classiques leurs refuges

quelques sommets

leurs stations

cotation : Peu Difficile ouverture : 1861 accès : Saint-Gervais dénivelé : +2450 Le Goûter, voie normale

cotation : Peu Difficile ouverture : 1863 accès : Chamonix dénivelé : +1300 Les Trois Monts

cotation : Peu Difficile + ouverture : 1786 accès : Chamonix dénivelé : +2550 Les Grands Mulets

cotation : Peu Difficile + ouverture : 1890 accès : Courmayeur Les Aiguilles Grises

2. 3. 1. 4. Le Fayet Saint-Gervais Les « voies classiques » vers le mont Blanc

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Chamonix Dômes de Miage Aig. de Bionnassay Aig. du Goûter Dôme du Goûter Mont Blanc Le Tacul Mont Maudit Aig. du Midi Aig. du Plan Le Nid d’Aigle Le Montenvers Les Cosmiques Les Grands Mulets

Le Goûter Vallot Tête Rousse Gonella 4. 3. 2. 1. Courmayeur

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LA VOIE NORMALE, PAR L’AIGUILLE DU GOÛTER

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/ Les phases d’aménagement

Depuis le milieu du XIXe siècle, avant même sa première ascension, la voie par l’Aiguille du Goûter n’a pas cessé d’être aménagée, d’abord en altitude puis dans les alpages et les plaines, de ce fait elle devient rapidement la plus populaire. Le premier abri est installé au sommet de l’aiguille en 1854. Six autres constructions vont se succéder sur cet emplacement vertigineux, toute rivalisant de modernité. Le refuge du Goûter appartient aujourd’hui au CAF et accueille 120 personnes depuis les années 60. Au pied de l’arête des Bosses, le scientifique Joseph Vallot construit un refuge-observatoire en 1898. Le CAF reconstruit le refuge indépendamment de l’observatoire en 1938 et le définit comme un abri de secours non gardé, pouvant accueillir 30 personnes. Bien qu’il soit dépourvu de confort, non entretenu et non chauffé, les visiteurs sont nombreux et salissent l’endroit à leur passage. Le refuge est entièrement rénové en 2006. L’observatoire quant à lui appartient au Laboratoire de Glaciologie et Géophysique de l’Environnement depuis 1975. Diverses expériences scientifiques y sont menées, notamment l’étude de la pollution de l’air, le Mal Aïgu des Montagnes ...

En 1892, une coulée de boue, entrainée par la rupture d’une poche d’eau du glacier de Tête Rousse, détruit Saint-Gervais et fait plus de 200 victimes. La préfecture place le glacier sous surveillance et la RTM (service de Restauration des Terrains en Montagne), aménage le sentier des Rognes pour en faciliter l’accès et ajoute une petite cabane pouvant accueillir deux personnes. Le sentier est rapidement emprunté par les alpinistes. En 1912, avec la mise en service du tramway du Mont-Blanc, une grande partie du sentier tombe en désuétude. Le tramway va de la gare du Fayet au Nid d’Aigle où se trouve un gîte du même nom initialement construit en 1933 par Georges Orset et rénové en 2012. Le gîte est utilisé par les promeneurs qui redescendent ensuite dans la vallée, parfois par des alpinistes de retour du sommet ayant manqués le dernier train.

Pour finir, le CAF construit le refuge de Tête Rousse en 1924. Le jumeau du refuge du Goûter, pour répondre à la fréquentation croissante de la voie. Il est rénové en 2005 et accueille 74 personnes. Une aire de bivouac, d’une cinquantaine de place, est également aménagée pour éviter l’installation de campements sauvages sur le glacier du mont Blanc.

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Affiche dessinée par l’illustrateur Georges Dorival en 1928

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Bellevue 1794 Col de Voza 1653 Motivon 1368 Saint-Gervais 850 Le Fayet 580 du Mont-Blanc tramway 1912 des Rognes sentier fin XIX

La « voie normale » vers le mont Blanc

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Mont Blanc 4810 Vallot 4365 refuge et observatoire Goûter 3835 refuge du Tête Rousse 3228 refuge de Rognes 2768 cabane des Dôme du Goûter 4304 Aig. du Goûter 4304 Nid d’Aigle 2372 Aig. de Bionnassay 4052 1898 1854 1924 fin XIXe 1933 gîte du

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Nid d’Aigle gîte du du Mont-Blanc tramway Rognes cabane des 2 places

Les aménagements de la « voie normale »

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Vallot refuge et observatoire Goûter refuge du Tête Rousse refuge de

CAF CAF CAF

30 places 120 places 74 places

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// Le refuge du Goûter, de 1854 à 2004

La première construction sur l’arête du Goûter date de 1854. C’est une simple hutte de pierre que le docteur Charles Loiseau fait construire pour son usage personnel. En 1858, la hutte laisse place à une cabane de bois construite par les guides de Saint-Gervais, qui effectuent plus de soixante voyages. Elle ne peut abriter que quatre ou cinq personnes. « On y trouve généralement pour parquet

une couche de glace de un ou deux pieds d’épaisseur et les plus belles stalagtites du monde pendent après son toit » (7). Malmenée par les éléments, la cabane est

restaurée en 1882. Très fréquentée elle s’avère vite trop petite. Le CAF décide d’édifier un refuge en 1906 tout près de la cabane en bois. Il est tout petit (4,20 sur 3,20 mètres et 1,80 mètres de hauteur) et n’offre qu’un lit de camp pour sept personnes. Dans la revue La Montagne, le CAF écrit : « Il est vraisemblable que

le nouveau refuge, mieux étudié et mieux établi, ne connaitra pas les inconvénients de l’ancienne cabane toujours remplie de glace. Il contribuera également à rendre plus fréquente l’ascension du mont Blanc ». En 1936, l’affluence sur la voie

normale convainc un guide de Saint-Gervais, Georges Orset, de construire sur l’emplacement de la vieille cabane de 1858 un refuge en bois pouvant accueillir 30 personnes. En 1942, il est racheté par le CAF et réaménagé, mais déjà la surfréquentation pose problème.

En 1957, le CAF engage les travaux d’agrandissement. Trois saisons sont nécessaires pour construire un refuge de 76 places. Une véritable structure habitable conçue par les architectes Lederlin et Kadinsky. Ils font le « choix

d’un bâtiment préfabriqué en matériaux légers, transportés par hélicoptère, et assez compact pour offrir peu de prise au vent. Il est entièrement doublé de bois, l’éclairage est au propane et le chauffage se fait par circulation d’air chaud fourni par deux calorifères à fuel domestique. Le plus moderne des refuges d’Europe est inauguré en grande pompe en 1962. » (8) Il contient une salle commune, deux

dortoirs pour les clients, un pour les guides et un pour l’équipe de gardiennage, une cuisine et des annexes techniques pour les réserves d’eau et de nourriture. Les toilettes sont à l’extérieur. En 1990, une annexe en préfabriqué dessinée par l’architecte Jeanvoine remplace le refuge de 1906. Elle contient un grand dortoir, un vestiaire et des toilettes. Une plateforme exiguë la relie au refuge. Cent-vingt

(7) - (8) Le refuge du Goûter, Eliane PARTIARCA, 2012

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places sont désormais disponibles juste au-dessous de l’Aiguille du Goûter. Plus de 8000 nuitées sont enregistrées chaque saison.

Pendant cinquante ans le refuge connait une fréquentation intensive et les conditions climatiques très rudes l’endommagent de manière irréversible. Une perte d’étanchéité des façades et de la toiture entraine une infiltration d’eau dans la structure et de multiple problèmes techniques. Pannes d’électricité, rupture des tuyaux gelés ... L’enveloppe amiantée devient inefficace et il en résulte une sensation de froid inconfortable dans certains espaces. Pourtant le refuge est régulièrement saturé. Les alpinistes s’entassent dans la salle du réfectoire, passent

la nuit par terre ou sur les tables (9). D’autres campent sur l’Aiguille du Goûter

plutôt qu’à Tête Rousse laissant sur le glacier poubelles et toilettes improvisées

(10). Les dérives continuent malgré la mise en place d’un système de réservation

obligatoire. En 2004, le CAF organise une concertation pour la rénovation du refuge du Goûter.

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Sur l’arête

chapitre 3

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Chaussures, corde et piolet sont laissés au vestiaire. La gardienne vérifie notre réservation. « À quelle heure prenez-vous votre petit-déjeuner ? Une heure du matin ? Cinq ou sept heures ? - Cinq heure. » Nous nous offrons une tasse de thé et descendons nos sacs au dortoir pour nous changer. Dehors la vue sur la face ouest de l’Aiguille du Goûter est imprenable. À sa droite, le glacier de Bionnassay plonge vers la vallée. Alain nous montre le « redoutable » passage du couloir. Une fine saignée dans l’immense paroi rocheuse. Infranchissable durant cet été caniculaire. Mi-juillet la fonte du glacier a libéré des roches instables, créant un éboulement continu et meurtrier dans le couloir. La préfecture a fait fermer le refuge du Goûter et posté des gendarmes à Tête Rousse pour dissuader les ascensionnistes d’emprunter la voie normale. Une baisse des températures a finalement ralenti le phénomène quelques jours avant notre départ, permettant la réouverture du refuge. Nous restons un moment assis à contempler la voie. À table, nous faisons la connaissance d’une cordée de trois anglais. Ils partent à minuit pour le sommet et redescendent directement à Saint-Gervais. « Et vous ? - Peut-être demain. Tout dépendra des conditions. » Le repas terminé, les anglais partent se coucher. Nous attendons que les lumières de la salle commune s’éteignent pour descendre à notre tour. Je ne trouve pas le sommeil de toute la nuit.

J’avale mon petit-déjeuner sans appétit. Certaines cordées se préparent déjà à partir. Nous sommes les derniers à nous équiper. Casques, gants et baudriers seront nécessaires pour cette première étape. À 06h30, nous quittons le refuge encordés, Alain en tête. La nuit commence à s’éclaircir. Loin au-dessus de nous, les frontales brillent encore. Le ciel dégagé annonce une belle journée. Nous remontons le glacier de Tête Rousse pour atteindre la rive droite du couloir. Puis un sentier nous mène rapidement jusqu’au passage. Un sillon dans la poussière, juste assez large pour poser un pied devant l’autre. Arrivés au bord, tout est silencieux. « Rien à signaler ! » D’un pas rapide, nous traversons la pente abrupte et rejoignons l’autre rive sans difficulté. Quel soulagement ! Sur un replat moins exposé, nous prenons le temps de regarder le soleil se lever sur la montagne. L’ascension se poursuit par l’escalade de l’éperon rocheux équipé de câbles. Nous franchissons une succession de ressauts et d’éboulis dans un ballet synchronisé. Alain grimpe, m’assure, je grimpe et assure Julie. L’ovoïde se rapproche petit à petit et bientôt nous pouvons voir ses pattes métalliques scellées dans la roche. La pente s’accentue et enfin nous nous hissons sur la plateforme de l’ancien refuge battue par le vent. Les mains engourdies par le froid, nous fixons nos crampons et sortons nos piolets pour atteindre la crête

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LA GÉOLOGIE ET LES RISQUES

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/ La formation des Alpes et les dangers du réchauffement climatique

Les Alpes se sont formées il y a trente millions d’années, résultant de la collision entre l’Afrique et l’Europe. Le plancher océanique entre ces deux continents s’est soulevé et les couches sédimentaires se sont supperposées. La hauteur originelle des montagnes est estimée à 8000 mètres, mais petit à petit elles se sont écroulées sur elles-mêmes. Le paysage alpin tel que nous le connaissons aujourd’hui s’est dessiné bien plus tard il y a seulement deux millions d’années. Après plusieurs période glaciaire, les Alpes étaient enfouies sous la neige. Seul dépassaient les pics les plus élevés. La glace en se déplaçant a taillé et modelé des versants abruptes et des pics gigantesques. Par sa force phénoménale elle a façonné le paysage. Aujourd’hui, plus de 1000 glaciers s’épanchent dans les vallées alpines, mais le réchauffement climatique accélère dangeureusement leur disparition. Les montagnes sont renforcées par les glaciers qui agissent comme un ciment, leurs retraits exposent les roches instables et fragilisent l’ensemble de l’édifice naturel. Les Alpes s’effondrent alors de plus en plus vite et des millions de tonnes de roche se détachent des parois. On estime que les glaciers auront disparus d’ici la fin du XXIe siècle, cela aura pour conséquence de hâter l’effondrement des grands pics et d’exposer les villages et stations de haute altitude à des glissements de terrains catastrophiques.

La montagne est en transformation constante. Que ce soit par l’action de l’homme ou par le processus naturel, les Alpes telles que nous les connaissons vont disparaître. Les montagnes vont s’erronder jusqu’à ne plus faire que la moitié de leur hauteur actuelle soit moins de 2000 mètres d’altitude. Plus aucun glacier ne recouvrira ces sommets, ni n’alimentera les grands fleuves d’Europe.

« La montagne se refuse à toute normalisation, à tout contrôle. » (11)

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(12) - (13) L’euphorie des cimes, Anne Laure Boche, 2004

// Le délitement de l’Aiguille du Goûter

« Le rapport à la nature indomptée est au centre de l’alpinisme. » (12)

Le couloir du Goûter est le passage le plus dangeureux de la voie normale. On compte une dizaine de mort et une vingtaine de blessé par an. Le phénomène d’éboulement qui se produit pendant la période estivale est naturel mais amplifié par le réchauffement climatique. En 2012, la fondation Petzl réalise une étude pour un projet de sécurisation du couloir. La surfréquentation de la voie normale engendre un processus d’élimination du risque contradictoire avec la philosophie de l’alpinisme. Sans risque les valeurs de bon sens, de simplicité, de capacité à s’adapter, d’aventure, ... disparaissent.

« La crainte de la banalisation est une étrange particularité de l’alpinisme (...) C’est que le milieu naturel, support de l’alpinisme, n’est pas seulement hostile, il est aussi fragile. » (13)

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L’IMPLANTATION DU REFUGE

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/ Études préalables

« On ne peut pas aller sur de l’extrême de haute montagne sans se préoccuper de l’infrastructure au sol (...) En 2006, 2007 et 2008, des géologues ont fait des campagnes de reconnaissance du sol de façon à définir un emplacement. »

(14)

« Une reconstruction sur le même site est d’abord envisagée mais les assises s’avèrent insuffisament stables. On construira donc à 200 mètres au sud-est de l’ancien refuge, au bord de l’arête rocheuse de l’aiguille du Goûter (...) Pour éviter les dommages que la poussée du glacier a infligés au vieux refuge construit à flanc de paroi, la nacelle du nouveau gîte surplombera 1500 mètres de vide. » (15)

(14) extrait de l’interview de Bernard Benoit, architecte-ingénieur chez Charpente Concept (Fr) (15) Le refuge du Goûter, Eliane PARTIARCA, 2012

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// Technique d’accroche

À 3835 mètres d’altitude, la gélifraction altère la roche en surface et provoque un délitement de l’aiguille. Le refuge est implanté sur un éperon naturel, un gneiss, très compact et résistant à l’érosion. Le rocher est débarassé de sa couche superficielle et aplani. La roche et la glace dégagées libèrent deux plateformes d’une surface d’environ 200m2 dans lesquelles sont enfouies les fondations.

« Pour arrimer efficacement le bâtiment, face aux exceptionnelles charges de torsion générées par le vent à cette altitude, il a d’abord fallu forer jusqu’à 14 mètres dans le permafrost, et planter des pieux autour desquels couler le béton (...) Les fondations sont composées de 69 pieux ancrés dans le rocher à environ huit mètres de profondeur, afin d’atteindre une zone constamment gelée (...) Le béton est coulé autour des pieux pour consolider l’ensemble et combler tous les vides dans lesquels l’eau aurait pu stagner et geler. Il faut des adjuvants dans le béton pour qu’il prenne malgré le manque d’oxygène. Au total, moins de 10m3 de béton ont été utilisés pour l’ensemble des fondations. » (16)

(16) Le refuge du Goûter, Eliane PARTIARCA, 2012

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L’ovoïde

chapitre 4

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À l’est, la vallée verdoyante et ensoleillée s’étend à perte de vue. À l’ouest, les pentes immaculées s’élèvent vers le dôme du Goûter. Le vent fait tourbillonner la neige autour de nous. À deux cent mètres, l’ovoïde se tient au bord de ce monde de glace, froid et hostile. Nous suivons la trace sur la ligne de crête et, arrivés au-dessus du refuge, descendons sur une étroite terrasse à ses pieds. Il parait tout à coup immense. Un renfoncement dans la carapace signale l’entrée. À l’intérieur, le refuge est vide. Il est 10h00 et les premiers ascensionnistes ne sont pas encore rentrés. La gardienne vérifie notre réservation. « Vous dormez à Tête Rousse, au troisième étage. - Quelles sont les prévisions météos pour cette après-midi ? ». Elle consulte son ordinateur. « Beau. Entre 50 et 70 km/h de vent. Ça se gâte demain. - Départ pour le sommet dans une heure », annonce Alain. Nous faisons une pause avant de préparer cette étape décisive. Julie hésite à nous accompagner, mais j’insiste. « Le plus dur est derrière nous ». Nous nous habillons chaudement, allégeons nos sacs et à 11h00 nous remontons sur la crête.

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LA FORME ARCHITECTURALE

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Aujourd’hui les refuges de montagne ne sont plus issus d’une forme unique acceptée comme telle, mais le reflet d’une connaissance multiple et variée de la construction et de l’environnement en général. Les solutions architecturales et formelles sont multiples. Elles répondent à une vision diversifiée du refuge et de la symbolique qu’il représente. En un siècle, l’abri sommaire à un ou deux pans de toiture laisse place à une liberté formelle presque totale. La position hors de l’environnement construit libère les architectes de toutes références. La montagne est un véritable territoire d’expérimentation.

« Tout le débat était de savoir quelle était la forme la plus adaptée à la montagne. » (17)

Le massif du Mont-Blanc est un site protégé, d’intérêt européen et construire sur sa voie normale est un acte symbolique. En 2007, trois architectes, Paul Parizet, Christophe de Laage et Michèle Avanzini dessinent une forme futuriste, une « ellipsoïde de révolution » pour la rénovation du refuge du Goûter. Une forme architecturale unique et une ultime incarnation de la modernité. Sa radicalité balaye l’image traditionnelle de la cabane. La géométrie pure traduit la considération de la montagne comme un environnement hostile mais aussi un paysage à regarder. L’intention est de s’affirmer comme une construction humaine et un objet d’architecture. La nature qui l’entoure est un cadre auquel elle s’oppose, mais par son écriture géométrique simple elle s’intègre à la fois au paysage.

« La construction en altitude est une problématique passionnante dont l’issue amène à contrer la force des éléments avec légèreté et effacement. Parce que la puissance d’un glacier en formation est impérieuse, parce que les vents soufflent si fort qu’ils sculptent les reliefs, il serait vain de vouloir s’y opposer. » (18)

(17) extrait de l’interview de Bernard Benoit, architecte-ingénieur chez Charpente Concept (Fr) (18) extrait d’un article sur exemagazine.fr, Groupe H et Deca-Laage, Nadège MEVEL, 2014

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Esquisse des architectes Paul Parizet, Christophe de Laage et Michèle Avanzini

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LA MISSION DE CHARPENTE CONCEPT

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/ Leur philosophie

« On ne peut pas vraiment dire que j’ai été recruté. C’est ce qu’on appelle le réseau (...) En 2007, il y a eu un premier élan graphique par un groupe d’architecte volontaire, sans mandat d’étude. Je connaissais l’un d’entre eux (...) Ils avaient raisonné en métal. Quand j’ai vu du métal à 4000 j’ai dit stop ! Ou on le fait en bois, ou on ne le fait pas ensemble. » (19)

Le CAF intègre la société d’ingénieurs du bois Charpente Concept au projet. En 2009, les architectes Paul Parizet et Michèle Avenzini quittent la mission de conception. Les conflits sont nombreux et inévitables, financier, technique, idéologique, ect. Le Groupe H, partenaire de Charpente Concept sur d’autres projets, rentre alors dans la maîtrise d’oeuvre. Ensemble, ils fixent un nouveau cahier des charges avec une ambition affirmée de réaliser l’un des refuges les plus innovants en matière de technologie verte, une construction bois qui serait un modèle en terme d’empreinte écologique. Le CAF approuve ce défi et Charpente Concept pilote le projet de la conception à la réalisation sur site. « Le bâtiment est de loin l’industrie la plus polluante en France. Aujourd’hui, la construction subit une mutation et le bois apporte la solution, car c’est un matériau éco-bio dont on dispose en grande quantité en France (...) Charpente Concept cherche à développer de nouvelles techniques de construction en bois, à concevoir des bâtiments exceptionnels (...) Le bois doit trouver une place là où les autres matériaux ne peuvent pas l’avoir. » (20)

« En France, la mission d’ingénieur est parfois plus restreinte qu’en Suisse (...) On a amené cette façon de travailler : faire une mission globale et précise. » (21)

(19) - (20) extrait de l’interview de Bernard Benoit, architecte-ingénieur chez Charpente Concept (Fr) (21) extrait de l’interview d’Aurélien Durand, ingénieur chez Charpente Concept (Ch)

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// Le bois, retour d’un matériau innovant en France

Le bois est un matériau traditionnel universel depuis des siècles et ces dernières années il retrouve une place de choix notamment grâce aux défis écologiques. Architectes et ingénieurs lui reconnaissent de nombreuses qualités, la viabilité, la polyvalence, la rentabilité et la beauté.

C’est l’ère industrielle (XVII - XIX) qui porte un premier coup d’arrêt à la construction bois. Il est coupé sans compter et la déforestation est très importante en France. En 1889, l’exposition universelle de Paris est marquée par la construction d’une tour conçue par l’ingénieur Gustave Eiffel. Le bois est ringardisé et c’est le début d’une culture du métal. En 1910, le charpentier allemand Otto Hetzer invente le bois lamellé-collé et signe une révolution technique. Les limites dimensionnelles imposées par la croissance naturelle de l’arbre sont dépassées. Des éléments longs, voire courbes, de grandes envergures, deviennent réalisables. La créativité et la haute technicité dimensionnent alors les ouvrages de bois. Mais à la fin de la Première Guerre mondiale la France est dépossédée de centaines de milliers d’artisans et d’ouvriers et le savoir-faire en construction bois se perd. Le charpentier devient un sous-traitant assurant seulement la charpente et les menuiseries.

En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement défini la notion de « Développement Durable », un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. À l’heure actuelle l’un des dangers primaires de la planète est un désastre écologique, dont la première cause est l’émission des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Dans le bâtiment l’utilisation du béton et de l’acier contribuent considérablement à ces émissions. En 1995 de nouvelles formulations du bois se développent autour du collage. Les profils duo ou trio, la technique de l’aboutage, les dalles bois, les panneaux, l’association d’essence. C’est en 2000 que le bois fait son retour en France porté par des architectes qui trouvent une nouvelle inspiration, une écriture architecturale inspirées de nos voisins suisses, allemands et autrichiens.

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Aujourd’hui la production du bois et son emploi en architecture sont définitivement entrés dans des processus industrialisés. Une nouvelle série de structures en bois apparait. Les qualités naturelles du bois sont amplifiées en utilisant une haute technologie pour la production, qui n’a plus besoin de grande section. Le bois lamellé-collé se fait à partir du bois de petites dimensions, sélectionné et coupé automatiquement. Ce type de produit est économique, a de bonne résistance physique et le travail du bois est minimisé, ce qui assure sa durabilité.

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