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Vertes campagnes. Egogéographie socioculturelle.

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Vertes campagnes. Egogéographie socioculturelle.

Revue Géographie et cultures, n° 89/90, mai 2015, p.43-57

yves.raibaud@cnrs.fr

J‟aurais pu évoquer une égogéographie enfantine, mes premiers émois à la lecture d‟aventures exotiques, un père collectionneur de cartes Michelin ou des odeurs de cuisine, chez ma grand-mère, à Aix-en-Provence... J‟ai choisi de raconter mon entrée douce dans la géographie, par le biais d‟une vie professionnelle qui m‟a fait cheminer vers une thèse tardive. A la différence de la plupart de mes collègues, je ne suis arrivé à la géographie que tard, après un parcours professionnel varié dans le domaine de la culture (musicien, directeur d'un centre culturel puis d'une école municipale de musique et de danse) et du travail social (responsable d'un centre de formation, d'aide à l‟emploi et d'insertion par l'économique). Mes objets de recherche sont donc apparus dans ma vie longtemps avant la géographie. Cela ne veut pas dire que je n'utilisais pas déjà, avec mes collègues engagés dans la vie locale, des références empruntées çà et là au langage de la géographie humaine, de l'aménagement du territoire ou de l'analyse spatiale. Comment ne pas parler de géographie lorsqu'on explique la musique irlandaise à un.e élève violoniste ou le chant gospel à une chorale ? Lorsqu'on essaie de convaincre les élu.e.s de l'intérêt d'un projet de pays en réinventant l'histoire régionale? Lorsqu'on travaille sur la mobilité de jeunes du milieu rural en les envoyant faire des stages professionnels à l'étranger grâce à des programmes européens?

Le décalage observé entre cette géographie "spontanée" et les représentations cartographiques sont toujours spectaculaires: la principale réalité géographique proposée pour l'Entre-deux-Mers bordelais où j'habitais n'était-elle pas un terroir viticole entre deux fleuves?... Au coeur d'une région Aquitaine partagée entre ruralité, tourisme et industrie de pointe ?... Dans une France tempérée, de culture majoritairement catholique ?... Au sein d'une Europe historique, s'arrêtant pile au Bosphore mais aux frontières floues du côté des plaines ukrainiennes ? Comment rendre compte d'un autre "réel" géographique, celui des associations et des petites entreprises, des migrant.e.s, des bals et des fêtes, de la violence sur les terrains de foot, de la démocratie locale auquel nous nous confrontions tous les jours ? Tel Google Earth, fondant sur son objectif par le miracle d'un clic de souris, la toute puissance du "géographieur" est parfois accablante pour le "géographié", qui peut avoir le sentiment qu'on lui dénie la capacité de connaître "réellement" son environnement. Plus qu'une autre façon de représenter l'espace, c'est donc d'une autre manière de faire la géographie qu'il s'agit. Peut-être cela commence-t-il par un soupçon: à qui profite la géographie ? Le monde qu'elle prétend décrire ne serait-il pas le monde qu'elle entend construire ? De ma verte campagne de l‟Entre-deux-Mers où j‟écris ces lignes, à la demande de Francine, Anne, Yann et mes ami.e.s de Géographie et cultures qui m‟ont prié, avec quelques collègues, de me soumettre à cet exercice, je vous propose ces quelques paragraphes pour une « égogéographie socioculturelle ».

De la chorale au développement rural

Lorsque j‟étais étudiant, dans un IUT qui préparait aux carrières sociales, mon premier travail de recherche portait sur les chorales de Bordeaux. J‟y associais une enquête sociologique sur le public des choristes amateurs et une étude historique, à partir d‟un fond d‟archives de la ville. L‟enquête faisait apparaître, derrière l‟apparente homogénéité de groupes organisés en fédérations et mouvements, une grande diversité de pratiques culturelles et la complexité sociale qui les caractérise : chorales d‟étudiants, chorales populaires, chorale laïques ou religieuses, chorales de centre ville ou de la périphérie… Mon mémoire analysait également les interactions entre

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membres du groupe : séparations des pupitres entre hommes et femmes, eux-mêmes séparés entre voix hautes (soprano et ténor) et voix basses (alto et basse) dans une organisation hiérarchique traditionnelle, c'est-à-dire sous la direction d‟un ou une chef de musique, secondé.e par une organisation associative. L‟aspect à la fois mixte et fortement sexué du groupe participait, d‟après mon analyse, à sa dynamique particulière. Dans leurs formes les plus urbaines et les plus élaborées (chœurs de centre ville et de haut niveau technique), les chorales que j‟ai connues plus tard comme chef ou simple chanteur étaient un des rares lieux accueillants et tolérants pour des personnes qui ne cachaient pas des orientations sexuelles minoritaires, gais ou lesbiennes.

Le monde des chorales appartenait globalement à la mouvance de l‟éducation populaire par sa capacité à créer des parcours promotionnels pour musiciens amateurs. Il était possible d‟y entrer même en « chantant faux » et la plupart des choristes ne « savaient pas » le solfège. Les cursus proposés par le mouvement A Chœur Joie, sous forme de stages, semaines chantantes et rassemblements, étaient variés. On y faisait progresser sa mémoire. Certains choristes, à l‟aide de cassettes enregistrées, apprenaient par cœur leur partie du Magnificat de Bach ou du Requiem de Fauré, ce qui revient à transformer la musique classique en musique de tradition orale. D‟autres accédaient à la lecture des notes par des méthodes d‟éducation active du solfège (méthodes Martenot, Orff, Willems). Je leur dois mes débuts d‟animateur musical et d‟enseignant.

Outre le microcosme qui se créait de façon formelle tous les mardis et jeudis soirs grâce au rituel très organisé de la répétition, les dimensions spatiales de la chorale m‟apparurent lorsque je me trouvai au bureau de la fédération régionale A Chœur Joie : chorales d‟enfants de Pau, Marmande, Biscarosse, choeurs d‟adultes de Tonneins, Ribérac, Morcenx, stages décentralisés à Bayonne, Dax, Bergerac me firent connaître les organisations culturelles régionales et leurs flux, repérables par les accents, les modes de vie (pique-niques, repas et fêtes). Ces différences s‟affirmaient par des répertoires « bis » tirés du folklore local, transformant la troisième mi-temps d‟un rassemblement consacré à une œuvre classique en joute entre chorales basques, landaises ou périgourdines.

J‟y croisai aussi les organisations qui favorisaient le développement de ces pratiques : ministère de la Jeunesse et des Sports, ministère de la Culture, régions et départements qui mettaient en place les organismes décentralisés chargés du développement culturel. J‟assistai à la naissance du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne dont je fus un temps attaché comme animateur musical.

Cette expérience d‟animation culturelle à partir des pratiques musicales est à l‟origine de mon premier emploi fixe en Gironde dans les écoles rurales du canton de Fronsac, puis d‟enseignant en chant choral, solfège et violon. Devenu directeur d‟école de musique, puis directeur d‟un centre culturel en milieu rural, je collaborai avec les harmonies, les batteries fanfares et les écoles de musique qui y sont associées dans de grandes fédérations nationales et régionales. Mon expérience des chorales me permit de les approcher avec curiosité, comme des constructions symétriques et contemporaines des chorales, mais qui présentaient de fortes singularités : plus masculines, plus centrées sur l‟apprentissage des techniques instrumentales, plus soutenues par les pouvoirs politiques locaux, plus institutionnelles. Je pus ainsi observer les attaches fortes qui existaient entre les écoles, les orchestres, les élus locaux et le tissu associatif le plus ancien. L‟harmonie municipale et la fanfare faisaient partie du décor de la « République au village », au même titre que l‟école primaire, la mairie et un peu plus tard le monument aux morts au pied duquel, avec une constance sans faille, la musique célébrait la République. Cent cinquante ans après les associations culturelles et artistiques nées du mouvement orphéoniste sont toujours présentes : fanfares ouvrières ou rurales, sociétés philharmoniques, majorettes et twirling baton, écoles de musique adhérentes à la confédération musicale de France (CMF), orchestres de « bandas ». Toutes ces formes issues de l‟impulsion initiale apparaissent comme des marques de la permanence d‟un espace musical public et républicain, adapté à la diversité des territoires.

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L‟association culturelle que je dirigeais depuis 1982 à Saint Quentin-de-Baron (33), le Centre Rural d‟Animation Culturelle de l‟Entre-deux-Mers (CRAC), s‟occupait essentiellement d‟éducation artistique et d‟action culturelle. Elle prit au milieu des années 1980 un tournant inattendu. Une nouvelle ère s‟était ouverte au Ministère de la Culture et le ministre Jack Lang était venu dans notre village prêcher l‟idée que culture et développement local étaient les deux mamelles du progrès social. La montée du chômage des jeunes dans notre milieu encore rural, la création des premiers dispositifs territorialisés de la ville voisine (Mission Locale pour l‟Emploi des Jeunes de Libourne) amenèrent l‟association à diversifier les actions pour répondre à la demande : formation pour jeunes en difficulté, intérim social, chantiers d‟insertion et de qualification en direction des bénéficiaires du revenu minimum d‟insertion… Seul opérateur local en capacité d‟assurer ces actions, le CRAC de l‟Entre-deux-Mers élabora progressivement un discours légitimant des choix liés à la question sociale. Ce discours d‟action mettait en avant l‟importance de la culture : derrière ce terme vague qui fonctionnait comme un mot d‟ordre, nous supposions que les individus étaient capables de dépasser le seul calcul des coûts et des avantages pour s‟engager dans la réalisation d‟actions collectives.

Je prolongeai ce travail par deux années d‟études en formation continue, concrétisées par un mémoire de maîtrise intitulé «Le rural recomposé, culture et développement local ». J‟y comparais plusieurs exemples de développement local dans des micro-régions de tradition rurale du Sud-Ouest : la vallée de la Soule (Pyrénées -Atlantiques), le parc naturel des Landes de Gascogne (Gironde), la vallée de Gavaudun (Lot-et-Garonne). Ces territoires, me semblait-il, intégraient la notion de développement culturel dans leur projet économique local. La géographie sociale de Guy Di Méo apportait un étayage théorique à ces monographies. Le rôle des contradictions sociales dans la constitution des territoires, les disputes entre groupes résidents, la création de nouveaux imaginaires collectifs, tout cela collait à merveille avec ma vie quotidienne dans la campagne girondine. Cependant les exemples que j‟avais mobilisés pour ma maîtrise ou ceux étudiés par Guy Di Méo (le Vic-Bilh ou la vallée d‟Aspe dans les Pyrénées Atlantiques) correspondaient de moins en moins à l‟Entre-deux-Mers où je travaillais. La recomposition des espaces ruraux dont nous étions les opérateurs (et dont nous avions imaginé que nous pouvions recréer l‟identité à travers des colloques historiques, des publications, un jumelage avec l‟île de Crète) n‟apparaissait plus comme le résultat du jeu des acteurs dans un département modifié en profondeur par l‟expansion de l‟agglomération de Bordeaux. Les échelles territoriales, que le CRAC avait mobilisées de façon stratégique pendant dix ans après les premières lois de décentralisation, redevenaient des enjeux pour la reconstitution de petits fiefs locaux. Dans les dernières années de mon engagement professionnel dans l‟Entre-deux-Mers, la pression de la ville centre se joignit aux effets des lois sur l‟intercommunalité et l‟aménagement durable du territoire pour découper les paysages que nous avions imaginés dans des logiques étrangères à la volonté du tissu culturel et associatif local. En 2000 je démissionnai du CRAC, lequel devait disparaître deux ans plus tard laissant la place à une mosaïque d‟associations locales dispersées sur les communes de l‟Entre-deux-Mers. J‟en ai encore un grand chagrin. Il a fallu huit ans pour que j‟écrive, à la demande de mon ami géographe Dominique Crozat, un texte sur cette aventure de vingt ans qui avait mobilisé quelques centaines de bénévoles et jusqu‟à cinquante salariés à son apogée, en 19971.

Fêtes et festivals

L‟interrogation sur ces territoires de tradition rurale et leurs productions culturelles m‟amenèrent à un autre sujet de recherche. Violoniste dans plusieurs groupes professionnels pour qui je « cachetonnais » régulièrement, j‟avais eu l‟occasion d‟observer de l‟intérieur les très

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nombreuses fêtes musicales ou festivals de musique qui animent, dès qu‟arrive la belle saison, le Sud Ouest aquitain. J‟en fis le sujet d‟un DEA de sociologie de l‟Université de Bordeaux. La recherche portait sur trois festivals musicaux de renommée nationale ou internationale dans des villages du Sud de la Gironde (Monségur, Uzeste, Langon). Elle décrivait et comparait les formes d‟expression artistique, les minorités actives, les partenaires publics et privés de chaque festival. Une partie de l‟étude s‟attachait aux lieux et à leur mise en scène : la bastide de Monségur et ses trois enceintes, à l‟intérieur desquelles se déroule une sorte de marché musical ; le village d‟Uzeste et sa forêt, réanimés quelques jours par an par une fiction de société, moitié moderne, moitié gasconne ; le parc des vergers à Langon, un peu à l‟écart de la ville, avec sa curieuse mosquée de ciment héritée de l‟époque coloniale. La description des espaces dévolus aux festivals et celle des territoires avec lesquels ils interagissent avait, dans ce travail, autant d‟importance que l‟étude des organisations ou l‟approche, par la sociologie de l‟Art et de la culture, des choix esthétiques de la programmation. Pour les acteurs locaux que j‟interrogeais dans mon enquête, l‟important était de restaurer et prolonger la légitimité des sociétés rurales. La priorité donnée à l‟argument territorial montrait, dans tous les cas, l‟importance accordée par les organisateurs à la singularité des lieux dans leurs efforts de revitalisation des espaces sociaux.

Je ressentais le glissement qui s‟opérait peu à peu, par l‟intermédiaire de ces événements culturels, entre une société rurale que j‟avais côtoyée (lorsque je m‟étais installé en communauté dans un hameau reculé de l‟Entre-deux-Mers, où vivaient encore deux familles d‟agriculteurs) et sa représentation spectaculaire quelques jours ou quelques semaines par an dans des petites villes patrimoniales. Les festivals mettaient en scène une fiction de territoire qui finissait par être « plus réelle que le réel », substituant à l‟économie agricole une économie de la culture et du loisir. Cette transition se faisait harmonieusement pour peu que la démocratie locale se perpétue, en s‟appuyant sur les habitants permanents (mobilisés dans les associations, en particulier les plus anciennes) et sur le patrimoine monumental, environnemental et culturel, preuves de cette continuité. La transformation de ces paysages par une mise en scène culturelle devenait alors une nouvelle version de la modernisation du monde rural, servie par de nouveaux acteurs, suppléant à la quasi-disparition du monde agricole. Les artistes ne seraient-ils pas ces nouveaux métiers nécessaires au monde rural ? Nous refaisions le monde, tard dans la nuit, avec mes amis musiciens, sous les tilleuls d‟une place médiévale. Le sens caché de ces transformations n‟apparaissait pas d‟emblée tant les paysages semblaient immuables. Il fallait observer les flux et les modes de vie des habitants pour comprendre ce que nous savions déjà : le monde rural ainsi préservé et mis en scène faisait partie à présent de l‟univers urbain, non plus partiellement, comme dans la deuxième moitié du XXème siècle, mais complètement, et avec une si faible autonomie !

Le sexe du Rock

Le sujet des musiques amplifiées s‟inscrit dans le droit fil de ces travaux, ces actions, ces lectures. Suite à mes études (et tout en continuant à travailler), je fus recruté comme chargé de cours dans des formations professionnelles ou universitaires d‟animateurs socioculturels. Dans cette fonction il me fallut lire ou diriger des mémoires consacrés aux pratiques culturelles des jeunes, en particulier aux « musiques amplifiées » (rock, rap, techno, reggae…). La régularité avec laquelle les étudiants posaient d‟entrée le postulat selon lequel les musiques amplifiées représentent l‟expression des jeunes et des quartiers fragiles me mettait mal à l‟aise. La reconnaissance des musiques amplifiées comme une catégorie de politique publique de la culture, les subventions accordées à des salles, locaux de répétition et réseaux de diffusion de ces musiques s‟accompagnaient d‟une production importante d‟articles, thèses et ouvrages commentant la créativité des rappeurs, l‟aspect prophétique d‟un peuple de rockers décrit comme un mouvement social, l‟émergence de nouvelles cultures issues de l‟espace des banlieues, etc. Quelle était donc cette nouvelle politique publique, appuyée sur les musiques préférées des jeunes

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et sur les nouveaux dispositifs territorialisés ? Les musiques amplifiées faisaient-elles partie de ces « cultures urbaines » caractéristiques des nouveaux espaces issus de l‟expansion des villes ? Dans ce cas, existait t-il encore des territoires et des cultures « non urbains » ? Si tel était le cas, étaient-ils appelés à disparaître ?

L‟entrée par la sociologie dans cette réflexion sur les musiques amplifiées se présentait comme un labyrinthe : fallait-il prendre comme point de départ les pratiques culturelles des jeunes, comme l‟avaient fait déjà de nombreux auteurs ? Mais alors on était sommé de participer au débat sur la jeunesse, « peuple adolescent » ou « cible de la société de consommation » ou bien encore « passagers de la galère », au risque de retourner l‟équation et de définir la jeunesse comme un groupe social caractérisé par ses pratiques culturelles ! Le concept de « musiques amplifiées », que le sociologue Marc Touché définit comme « ensemble de musiques et de pratiques sociales qui utilisent

l’électricité et l’amplification sonore comme éléments majeurs, entre autres, des créations musicales et des modes de vie » (M. Touché, 1993, p.3) proposait une entrée organisée sur ce sujet aux contours flous. Il

permettait de réunir un ensemble culturel hétéroclite fait de styles de musique (reggae, techno, hip-hop, hard-rock, chanson française…) et « sociostyles » (rockers, rapeurs, punks, rastas, teufers, gothiques…) extraordinairement différents. Le parti pris anthropologique et sociologique de mettre en avant un mode de vie, de production et de consommation commun à tous ces musiciens (locaux de répétition, matériels électriques, amplification, scènes équipées) relativisait la question culturelle et fonctionnait à merveille pour discuter pratiquement avec les partenaires administratifs et politiques. Cela permettait en 1998 (le phénomène rock avait 25 ans en France, et nombre d‟anciens rockers étaient déjà « installés » dans la vie sociale, économique et politique du pays) de construire une rhétorique efficace et facilement transmissible, à partir d‟une pensée sociologique et politique partagée et consensuelle : les musiques amplifiées étaient les musiques des jeunes, en particulier ceux des quartiers populaires. Il fallait donc permettre à ces nouveaux musiciens de s‟exprimer, ce qu‟ils ne pouvaient pas faire dans les équipements culturels existants.

Je prolongeai un travail de recherche en sociologie par une thèse en Aménagement de l‟espace et Urbanisme, avec l‟idée (soufflée par mon directeur de thèse le géographe Jean-Pierre Augustin) que ces nouveaux équipements musicaux destinés aux loisirs des jeunes matérialisaient l‟émergence de nouvelles cultures urbaines. Dans cette thèse je montrais comment les musiques amplifiées avaient puisé dans les contre cultures et subcultures anglophones l‟univers de la rue, le rock rebelle, les « tanières » et les friches des musiques alternatives et, avec eux, les preuves de leur authenticité et de leur efficacité sociale. Cela leur permettait d‟émerger ainsi dans un espace politique où se jouait la relève entre deux générations qui avaient eu vingt ans avant et après mai 1968. Dans les années 1990 les leaders du rock pouvaient ainsi se présenter comme porte-paroles des jeunes et des quartiers fragiles et suivre pas à pas la mise en place des dispositifs déployés pour corriger les inégalités des territoires urbains. La connivence générationnelle entre musiciens et étudiants des années « rock » (devenus chercheurs, enseignants, animateurs, architectes ou cadres des collectivités territoriales et de l‟Etat) étaient patente. Les colloques, rencontres et publications consacrées aux musiques actuelles, puis, montant en généralité, aux « cultures urbaines » (danse hip-hop, graff, sports urbains) forgeaient les nouveaux experts, bientôt sollicités pour décrypter les réalités sociospatiales et apporter des solutions inventives aux problèmes posés par la gestion urbaine. La construction d‟équipements spécialisés dans les musiques actuelles (scènes de musiques actuelles et zéniths, centres et écoles de musiques amplifiées), puis dans les sports urbains (skate parcs, citystades) devenait la preuve matérielle de ce phénomène, amplifiant sa visibilité et son existence.

Vêtu d‟un jean et d‟un blouson, des bouchons dans les oreilles, je fréquentais les salles enfumées, tremplins rocks de province, battles de hip-hop ou concerts de groupes réputés, pour m‟imprégner de l‟ambiance des lieux, compter les spectateurs, observer les consommations, les bastons, le pogo du devant de scène et les outrances convenues des artistes.

Le fait que les musiques amplifiées soient un phénomène masculin m‟était d‟abord apparu comme secondaire : ce n‟était qu‟un chiffre (80 à 90 % de « garçons ») qu‟il ne fallait pas oublier ;

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mais n‟était-ce pas le reflet du monde ambiant ? Cependant ces chiffres ne se retrouvaient pas dans toutes les autres pratiques musicales amateurs (chorales, bandas, batucadas, écoles de musique) que j‟avais étudiées auparavant. L‟hypothèse que cette « exception » pouvait être prise comme une variable centrale des musiques amplifiées m‟apparut un peu plus tard en faisant une monographie d‟un local de répétition où se succédaient chaque semaine vingt-quatre groupes musicaux représentant quatre-vingt-douze musiciens et quatre musiciennes. Les textes écrits par les jeunes musiciens, ce qu‟ils disaient eux-mêmes de leur mode de vie collectif, montraient que ces activités musicales étaient massivement des pratiques masculines ; elles montraient aussi que leur non mixité favorisait l‟expression de la masculinité et de ses avatars, le virilisme, le sexisme et l‟homophobie.

Face à ce constat quantitatif et qualitatif on m‟opposa rapidement que cela valait pour la plupart des loisirs sportifs ; que les filles avaient également leurs lieux de loisirs non-mixtes (la danse) ; qu‟il y avait des « rockeuses » et des artistes trans ou gais dans le monde des musiques actuelles. Aucune explication ne me fut donnée sur les chiffres et la production artistique du monde des musiques amplifiées, révélatrice d‟une culture masculine transversale à tous les courants artistiques de ces musiques. Un chapitre très mesuré de ma thèse consacré à ce sujet (cherchant dans la sociologie du genre des explications théoriques à cette absence de références) apparaissait dans mon premier ouvrage. Lorsque le livre fut présenté en 2005 au public, ce fut cette facette des musiques amplifiées qui souleva les discussions les plus virulentes. Je fus chahuté, contesté, verbalement agressé puis boycotté par les rockers institutionnels et leurs amis : mes chiffres étaient faux, j‟étais étranger au monde du rock, j‟avais des a priori… Une rockeuse énervée me demanda lors d‟une présentation publique pourquoi je considérais que les filles qui aimaient le rock étaient des connes. Un autre musicien m‟expliqua que je n‟y comprenais rien parce que je n‟avais pas connu l‟univers de la rue. Un troisième avait annoté consciencieusement les trois cents pages de mon livre à la recherche d‟erreurs statistiques ou de références, inventant des coquilles imaginaires avant de demander par courrier recommandé à mon éditeur (la Maison des Sciences de l‟Homme d‟Aquitaine) de produire un erratum…

Je suis devenu, depuis cette publication, persona non grata dans le milieu des musiques actuelles française où je jouis d‟une réputation de mauvais chercheur et d‟ennemi du rock. Et pourtant j‟avais aimé ces soirées musicales et l‟énergie qui s‟en dégageaient, même si je jetais en rentrant mes habits empestant le tabac dans la machine à laver et me couchais pour des nuits agitées, hantées par le battement-par-minutes (BPM) de sonos démentes… Dure vie que celle de géographe, même à l‟abri des insectes, dysenteries et autres démangeaisons tropicales !

Cette impossibilité à penser la question du genre (pourtant tellement évidente !) m‟apparut, à la lumière de ces incidents, comme une clé pour comprendre les musiques actuelles et les cultures urbaines. Le débat qui avait eu lieu et sa virulence indiquait la marche à suivre : observer, décrire et comprendre à travers ces cultures émergentes quels étaient leurs enjeux sous l‟angle des rapports sociaux de sexe et de la construction des identités de genre.

La réaction des acteurs du rock était identique, un degré au dessous, lorsqu‟il s‟agissait de la question de l‟immigration, autrement formulée par la question de l‟intégration, jamais formulée par la question du passé colonial ou de la „race‟. Dans les textes et arguments développés par les promoteurs des musiques amplifiées les jeunes des quartiers étaient fétichisés comme « issus de l‟immigration », «de cultures étrangères » alors que la plupart étaient français, certains depuis deux ou trois générations. L‟aspect médiatique d‟opérations telles que « rap dans les cités », « cités musiques », « musiques dans les cités » mettaient en scène ces jeunes non pas à l‟université mais dans le cadre qui les stigmatise : univers de banlieue, immeubles taggués, grillages, centre sociaux avec leur minibus. La rhétorique républicaine de l‟intégration pouvait jouer son rôle en encourageant le développement de cultures urbaines censées canaliser la violence des jeunes dans des activités positives. Cependant, tandis que les actions réalisées dans les cités de la rive droite de Bordeaux par les opérateurs des musiques actuelles se référaient explicitement aux musiques du monde (en particulier les musiques noires des ghettos urbains des grandes mégapoles) et les

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proposaient comme modèles aux jeunes « issus de l‟immigration », le rock des centres et écoles de musiques amplifiées subventionnés, installés au centre ville à Bordeaux ou dans les communes de la rive gauche résidentielle, captait essentiellement une clientèle de lycéens et étudiants blancs issus des classes moyennes et supérieures.

Géographie du genre

Je décidai d‟explorer ces hypothèses. Je me mis à étudier, à la lumière d‟autres rapports de domination tels que le genre, l‟ethnicité, puis la „race‟, les politiques culturelles, les cultures qu‟elles promeuvent et qu‟elles produisent. Des travaux collectifs que je dirigeais sur la géographie de la musique, les musiques noires me permirent de cerner cette situation particulière du mélomane blanc, masculin, issus des classes moyennes et supérieures des pays du Nord et sa capacité à produire un discours globalisant autour du thème de la « World Music » comme une nouvelle utopie2. Le soupçon ou la dénonciation ont parfois, dans la recherche en sciences sociales, montré leurs limites. Mais l‟agression et l‟exclusion dont j‟avais été l‟objet de la part des rockers institutionnels me firent poser l‟hypothèse d‟une intentionnalité des politiques publiques dans le domaine de l‟hétéronormativité comme dans le domaine de la ségrégation ethnique. Cette position de contre attaque eut un effet de prolepse. Elle renversait la discussion en renvoyant au contradicteur le soin de réfuter l‟argument : puisqu‟il existait des politiques publiques de la culture en direction des jeunes des quartiers classés en politique de la ville, était-il possible de les évaluer sur les critères du genre et des différences ethniques ? Etaient-elles justes selon ces critères ? Comment se définissaient-elles par rapport à ces différences ? Quelles idéologies mettent-elles en œuvre pour parler des inégalités, des discriminations ?

La sociologie du genre appliquée aux musiques amplifiées n‟étant pas le sujet central de ma thèse, je m‟étais jusqu‟ici contenté d‟ouvrir quelques pistes de réflexion, suffisantes pour ne pas ignorer la problématique dans le cadre de l‟émergence des cultures nouvelles. Ces pistes prirent de l‟ampleur. Le caractère masculin des « cultures urbaines » m‟apparut peu à peu comme une de leurs composantes majeures. La description de ces lieux fermés, et de ce qu‟ils produisaient, suggérait qu‟ils étaient un des endroits où se reconstituait la « maison des hommes » (Godelier, 1988) comme « lieu où se pratique une compétition permanente entre hommes, dont l’enjeu est la

production et la consolidation de l’identité masculine et des privilèges qui lui sont attachés » (Welzer-Lang, 2004,

p.305). L‟étude de ces « lieux construits par le genre » (les lieux de répétitions de musiques amplifiées mais aussi par extension d‟autres lieux de loisirs consacrés aux « cultures urbaines ») me fit chercher d‟autres outils théoriques et méthodologiques dans la littérature anglosaxonne (Masculinities, Postcolonial, Critical Race Studies etc.). En mars 2010 à Québec je présentais mes recherches dans un colloque international sur les masculinités. Cela me permit d‟entamer une réflexion introspective sur la fragilité de ma position d‟individu masculin de „race‟ blanche et sur le caractère intrinsèquement francophone de mon écriture et de ma pensée. Dans le même temps le caractère « régional » de mes recherches (que le géographe Louis Dupont avait gentiment raillé lors de mon jury d‟HDR en 2009) intéressait mes collègues québécois et d‟autres, brésiliens et chiliens avec qui je travaille, qui s‟appuient aujourd‟hui sur mon travail comme je m‟appuie sur le leur.

Dans mes recherches je montrais que les dispositifs publics qui organisent en France les loisirs des jeunes, bien que se pensant neutres, pouvaient être des éléments de la construction des identités sexuées, de la reproduction des rapports sociaux de sexe et des inégalités qui les accompagnaient. Ces premiers constats furent à l‟origine d‟un enseignement progressivement mis en place à l‟IUT Michel de Montaigne de Bordeaux sous l‟intitulé « Genre et loisirs des jeunes », puis « Sexe, genre et animation ». Cette introduction ne se fit pas sans résistance. Un partage disciplinaire incrusté dans les modules d‟enseignement attribuait plutôt ces thèmes aux

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enseignantes de psychologie. La prise en compte de la variable sexe à partir des études de genre, qui plus est venant d‟un homme géographe, déconstruisait les cadres de connaissance familiers du travail social et de l‟animation, et perturbait le couplage routinier des outils conceptuels avec des situations professionnelles repérées (enfance maltraitée = psychologie, délinquance = sociologie, monde rural ou Afrique = géographie…) Cependant l‟effet du colloque et les premiers modules d‟enseignement permirent progressivement que des étudiant.e.s s‟impliquent, plus nombreux.ses qu‟auparavant, dans des stages et des actions militantes. Entre 2006 et 2011 je dirigeai entre 6 et 8 mémoires professionnels chaque année consacrés à des sujets tels que l‟éducation à la sexualité, la mixité, l‟homoparentalité, le renouveau du féminisme, les associations lesbiennes-gais-bi-trans (lgbt), le sexisme dans les quartiers, la prostitution étudiante etc. Ces mémoires, étaient souvent précédés de stages dans les associations professionnelles en charge de ces thèmes (Maison des Femmes, Planning Familial, Ni Putes Ni Soumises, associations d‟homoparents, associations lgbt, Centre d‟Information et d‟Education à la Sexualité…) A l‟occasion de visites de stage, j‟initiai progressivement une coordination que nous prîmes le parti de nommer « Réseau Mixité, Parité, Genre » et dont le but était de mutualiser les savoirs et les actions dans ces domaines.

Résidant à la campagne et peu connu de la plupart de mes collègues de l‟IUT (je n‟y étais maître de conférences que depuis 2006), je pus mesurer la disqualification des chercheur.e.s dont les objets ne sont pas conformes. Ainsi il paraissait normal depuis des lustres dans cet établissement que les chefs soient des hommes et qu‟ils enseignent la sociologie, l‟économie, la gestion, le droit, les femmes ayant en dot la psychologie, les arts et la culture, les lettres. Par mes sujets de recherche, je transgressais les règles implicites. J‟eus plusieurs occasions, notamment lors de soutenances de mémoire sur des sujets tels que violences homophobes ou éducation à la diversité sexuelle de découvrir les limites de certains de mes collègues, qui « pétaient les plombs » devant des étudiant.e.s. engagé.e.s dans des associations lgbt : l‟idée qu‟on pût confier des enfants à de futurs animateurs et animatrices homosexuel.le.s leur paraissait insoutenable. J‟eus une fois de plus le sentiment qu‟on me mettait à l‟écart, alors que l‟enthousiasme des étudiant.e.s pour de nouvelles approches professionnelles ne se démentaient pas.

Ma géographie d‟aujourd‟hui est définitivement marquée par ces incidents. Je les ai rapprochés d‟événements dramatiques que j‟avais connus de près : violences familiales commises par un collègue de travail, découverte qu‟une part importante de mes amies et collègues femmes avaient été au moins une fois dans leur vie agressées dans la rue, frappées par leur compagnon ou harcelées par leur hiérarchie (en particulier dans le monde universitaire dont le climat est à peine plus tempéré, dans ce domaine, que celui des zones urbaines sensibles), souvenirs d‟humiliations et de bizutages sexuels au lycée de garçon de mon enfance… Des événements que j‟avais refoulés, relativisés ou ignorés prenaient soudain de l‟importance, tandis que s‟imprimaient en filigrane sur les cartes qui sont la fierté de notre discipline de nouvelles frontières invisibles : celles des peurs urbaines, des ghettos masculins, des agressions homophobes, de la prostitution. Ces quartiers de plaisirs qui font l‟attrait des villes occidentales ou des paradis insulaires et drainent des millions de touristes, qu‟étaient-ils pour les êtres humains dont la traite excite le désir ou la curiosité des visiteurs ?

J‟éprouvai le besoin d‟inventer ou de découvrir des antimondes, des utopies où le bonheur et le plaisir ne soit pas synonyme d‟anxiété, de violence ou d‟esclavage. J‟écrivis un texte sur une plage de Gironde et cartographiai un lieu sauvage (bien que fort fréquenté) où « s‟assouplissait la norme »3. Plage textile, plage naturiste et plage gaie s‟y côtoyaient sans règles formelles ni conflits d‟usage. Le stationnement comme la déambulation y étaient possible pour les deux sexes et tous les genres, le seul danger réel étant la violence meurtrière des courants de baïne. Cette utopie me servit de mesure pour observer les contraintes de genre qui pèsent sur les usages de la ville, dès qu‟on dépasse certaines frontières ou à la tombée du jour. Je me mis à marcher la nuit dans Bordeaux, vers le quartier des boîtes à Paludate. Je m‟imaginais être une de ces étudiantes que j‟avais interrogées, cachant leur jupe courte sous un maxi pour dissimuler leurs

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formes, la main crispée sur une bombe lacrymo, marchant ni trop lentement pour qu‟on ne croit pas qu‟elle cherche, ni trop vite pour ne pas montrer la peur. Devant le Shine, je regardais la file inquiète des gais attendant à l‟entrée de leur boîte préférée, dans la crainte d‟un raid de skinheads homophobes.

Drôle de géographie que celle qui ignore ces peurs et ces frontières et dessine les contours parfaits d‟une ville destinée à des citoyens sans couleur et sans sexe ! Je montrai dans un article comment sur les quais rénovés de Bordeaux, ouverts à tous les publics, l‟architecte avait conçu des équipements spécifiques pour des garçons : skatepark pour les garçons blancs, citystade pour les garçons de couleur, sans que personne n‟y voient autre chose que « des jeunes » !

Chorales, milieu rural, rock, homophobie, quelle logique ? … La géographie n‟aurait-elle pas été pour moi, au final, l‟affirmation d‟un géographe autocréateur des situations qu‟il traverse, au hasard des rencontres ? Chaque nouvelle situation émotionnelle que je vis, aujourd‟hui que j‟ai été pris par la manie de « géographier » tout ce que je vois, écoute, sens ou ressens, porte probablement, une fois dépliée, des significations spatiales perceptibles par d‟autres, au risque de générer de la rupture, du dévoilement, du conflit, de la guerre. Bien sûr, et pour être complet, il m‟aurait fallu parler d‟autres voyages et d‟autres travaux, en Guyane, au Brésil ou dans l‟Europe méditerranéenne, à la recherche des concordances entre les cultures et les territoires ou des résonances musicales du Black Atlantic de Paul Gilroy… Mais qu‟emporte-t-on dans ses bagages pour regarder le monde ? Quelles sont les valeurs relatives « du loin et du près » en géographie ?

Je conclue par une paraphrase de Michel Foucault : « Il y a longtemps qu’on sait que le rôle de la [géographie] n’est pas de découvrir ce qui est caché, (...) mais de faire apparaître ce qui est si proche, ce qui est

immédiat, ce qui est si intimement lié à nous-mêmes qu’à cause de cela nous ne l’apercevons pas » ? Voilà ma

géographie, que j‟ai qualifiée de socioculturelle. Elle témoigne d‟une géographie qui n‟est pas surdimensionnée. Pour l‟ego, c‟est une autre histoire que nous partageons tous.tes et chacun.e, comme « forme entière de l’humaine condition ».

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