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La politique européenne des prix et les problèmes agricoles régionaux français

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La politique européenne des prix et les problèmes

agricoles régionaux français

Francois Bonnieux, Louis Pascal Mahe, Pierre Rainelli

To cite this version:

Francois Bonnieux, Louis Pascal Mahe, Pierre Rainelli. La politique européenne des prix et les

prob-lèmes agricoles régionaux français. Revue du Marche Commun, 1989, pp.248-255. �hal-01594073�

(2)

Ul.iU.

·1îENI'iES

26MAI1989

ECONOMIE RURALE

...BIIl!

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REVUE

DU

MARCHE

COMMUN

N° 326 AVRIL 1989

LA POLITIQUE

.

EUROPEENNE

DES PRIX

,

ET LES PROBLEMES

AGRICOLES

REGIONAUX

FRANCAIS

F. BONNIEUX, L. MAHÉ

et

P. RAINELLI

Directeurs de recherche

à l'INRA (Station d'économie

de Rennes)

:T,vlfll.

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1'4.,:-41

Résumé

La notion de taux de protection nominale permet de

définir pour chacune des régions françaises, le soutien dont l'agriculture bénéficie du fait de la politique commu·

nauraire des prix. Ainsi voit-on J'opposition entre la France

des grandes cultures et les zones laitières, dom les pro-ductions som fortement soutenues, et la France méditer-ranéenne avec des spéculations peu protégées. La mise en œuvre d'un modèle de statique comparative montre

comment serait touchée chaque région par un alignement

progressif des prix européenssurles cours mondiaux. Ce sont évidemment les régions qui profitent le plus du système de prix européen qui seraient les plus rouchées .

Pour renforcer sa cohésion économique et sociale, la Communauté propose dans l'Acte unique européen, une réforme des fonds structurels. Elle a, entre autres, pour objectifs, l'adaptation des structures de production agri-cole et un «( développement rural conforme au modèle européen de société dans la perspective de la réforme de la politique agricole commune », Delors, 1987, p. 14.

Ainsi, â travers les préoccupations structurelles, et la prise en compte d'un meilleur équilibre des marchés agri-coles, les mesures en faveur des régions de montagne ou des zones défavorisées sont clairement associées. Pour schématiser, il s'agit d'une part d'augmenter l'efficacité des fonds et instruments financiers permettant d'interve-nir au niveau régional, et d'autre part de ted'interve-nir compte des nouvelles conditions de la production et des échanges. En ce Qui concerne le rôle du principal fonds structurel traitant des problèmes agricoles, le FEOGA-orientation, l'Acte unique traduit une certaine ambiguïté, Dele~s, 1987, p. 16. En effet, comme l'indique Gabdin. 1988, p. 73, l'analyse met en évidence une pluralité de conceptions communautaÎres du développement régional. Et l'on ne sait pas trop si c'est le point de vue sectoriel, où le rôle de la politique agricole est privilégié, ou celui horizontal, visant â la complémentarité des interventions (dans le développement régional). qui est retenu.

Au-delà de ce débat, 011 peut s'interroger sur l'impact du système de garantie de prix européen et pas seulement de manière globale sur l'ensemble de l'agriculture, mais aussi au plan régional. Pour cela, on peut aborder le pro-blème sous deux angles complémentaires.

II Comment varie d'une région à l'autre le soutien apporté par la Politique Agricole Commune IPAC)àla pro-duction locale compte tenu de la composition du produit, et des niveaux différents d'aide et de protection accor-dés aux diverses spéculations?

21 Comment les baisses de prix réels â la production prévisibles, dans la perspective d'une rigueur budgétai-res accrue, vont·elles se manifester Sur le niveau de pro-duction, et le revenu des régions?

Pour répondre à ces deux interrogations nous propo-sons une application limitée au cas de la France divisée en 22 régions de programme. Cet essai, dont on doit sou-ligner le caractère exploratoire, utilise MISS (Modèle Inter-national Simplifié de Simulation) mis au point pour étu-dier les variations des prix mondiauxàla suite d'un

chan-IH\,lJ( Ut)

(3)

gement de protection ou de prix intervenu aux Êtats-Unis, dans la CEE, l'Europe de l'Est, ou le reste du Monde, Mahé et Tavera, 1988. Incluant les céréales, les tourteaux, les

substituts des céréales, la viande bovine, le porc et les

volailles, le lait et le sucre, MISS fonctionne en statique

comparative.

I. -

La protection nominale régionale

L'aide par l'intermédiaire des prix dans une région,

résulte du soutien propreàchacun des produits compo-sant la production. La notion même de soutien et de taux de protection nominale nécessite quelques précisions. En

second lieu, il convient de relier ce taux de protection

à

la spécialisation des régions. 1. Soutien et taux de protection

On sait que pour l'essentiel la gestion de l'agriculture

passe par les Organisations Communes de Marché, ou

OCM, qui couvrent aujourd'hui la plupart des produits. Pour cela il existe un ensemble de mesures visantà main-tenir les prix communautairesà un niveau supérieur aux prix mondiaux. D'autre part, en organisant le marché euro-péen aux frontières, ces OCM l'isolent, le déconnectant des fluctuations internationales. Dans ces conditions, une OCM donnée apporte un soutien plus ou moins impor-tant qui peut être apprécié par le taux de protection. Huit grands types de production correspondant

à

ces différen-ces de soutien ont été retenus:

- ensemble des productions céréalières, - betteraves industrielles,

oléagineux et protéagineux (essentiellement colza, tournesol, soja, féverole et pois fourragerl,

légumes frais et fruits, vins courants,

viande bovine (gros bovins et veaux), production avicole et porcine, lait et produits laitiers.

Pour l'année 1985 qui sert de base pour les estimations, J'ensemble des produits retenus couvre 83,7 %de la duction agricole finale nationale totale 175 % pour la pro-duction végétale et 93 % pour les propro-ductions animales. Dans le solde se trouvent des biens pour lesquels il n'y a pas d'OCM, tels les vins de qualité, mais aussi des pro-duits couverts par une OCM, comme le houblon, le tabac. ou la viande ovine.

Sur un plan conceptuel, la notion de protection nomi· nale, ou apparente, est simple

à

appréhender puisqu'il s'agit d'un rapport reflétant l'écart entre prix intérieurs per-çus par les agriculteurs (aides basées sur les prix inclu-sesl et prix mondial observéilla frontière Iprix CA FI 111. Par contre, sa mise en œuvre soulève des difficultés, notamment pour ce qui est du prix mondial, ne serait-ce qu'en raison de l'absence de marchéàl'échelle de la pla-nète pour certains produits. Pour pallier cette difficulté, on a recours

à

une approche relevant de la comptabilité publique, à partir des dépenses de soutien engagées par le FEOGA

(11SI P d(;!>,ync lepll~IntCrleur el P leDrl~mondial. lE:lau~de protec lionrnOIl(ktl~.esl égalà 100 (P p~,r

p..,.

REVUl DU

MARCHË COMMUN, n' 37fi. Avrrl 1989

MARCHE

COMMUN

Schématiquement, on a trois cas de figure auxquels correspondent des modalités de calcul différentes: les biens excédentaires dont on finance l'exportation, les biens déficitaires importés sans taxe dont on encourage la production, et les biens excédentaires dont on soutient le cours grâce à des mécanismes de retrait.

Pour la première catégorie, dont l'exemple-type est celui des céréales, le calcul du taux de protection est faitàpartir du total des dépenses de restitution, rapporté aux quan-tités exportées. Il en résulte une subvention unitaire qui, déduite du prix perçu par les producteurs, permet d'avoir le prix frontière. Pour le lait et les produits laitiers, l'esti· mation est plus délicate car il faut tenir compte des diver-ses aidesàl'exportation,àla consommation humaine, ou

à

l'incorporation de poudre de lait écrémé dans l'alimen· tation animûle, ce qui conduit

à

raisonner en termes d'équivalent-lait (2).

En ce qui concerne le deuxième type de produits, tels les oléagineux et protéagineux, on procède

à

partir des subventionsàla tonne accordée par le FEOGA. Connais-sant le prix perçu par les producteurs,ilest alors possible de déterminer un prix mondial implicite et de là le taux de protection. Il y a de grandes différences de tauxà l'inté-rieur du groupe des oléo-protéagineux comme le montre un calcul par produit. Le tau\ retenu en définitive

corres-pond à une moyenne pondérée du taux par produit.

Enfin, pour les biens sans véritable marché mondial, comme les fruits frais et légumes, ou les vins courants, où l'on a des excédents structurels ou passagers, le mode de protection fait peu appel aux restitutions. Il passe essentiellement par des mesures de retrait (stockage ou destruction pure et simple) et de transformation (trans-formation élaborée dans le cas des fruits et légumes,dis~

tillation dans le cas du vinl. L'ensemble de ces mesures a été considéré et on a procédé comme dans le premier cas. Mais il s'agit là d'une approximation.

Le problème de comparabilité des mesures dans la défi· nition des taux de protection soulève d'autres questions liées

à

la présence de barrières non tarifaires, qui doivent en toute rigueur faire l'objet d'une appréciation en termes monétaires. De toutes facons, il faudrait encore aller au-delà et inclure tous éléments touchant directement ou indi· rectement la production de chaque bien (recherche, déve-loppement, aides fiscales ... ). A terme, on aboutit à

« l'équivalent subvention aux producteurs », servant de base aux comparaisons de l'OCDE. Mais le cadre de cette étude ne justifie pas ce type de développement.

D'un point de vue pratique les calculs peuvent être conduits au niveau européen en partant des données détaillées du FEOGA. Il suffit ensuite de corriger les chif-fres obtenus des montants compensatoires monétaires propres au pays concerné. Ou bien on peut faire directe-ment les évaluations à partir des fonds du FEOGA tels qu'on peut les appréhender dans les comptes des divers offices spécialisés 10NIC, ONILAIT, ONIFLHOR ... ). Le

121 Pour le!> betleraves. qlll apparemmen1~('Irouven1 dan:, Ct"lIè calégorie de IJIt'ns.Il!sr.héma esttoUIautre en raison dere~istcncedes quotas d'impor 1iIlion de!> pays ACP. Oan~ces condlll0ns. faPlJfoche hucl!lét<lut'IlCconvienl

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249

(4)

TABLEAU2 :Les taux de protection ex post {19851 en% du prix à la frontière

, TABLEAU 1 : Les taux de protection nominale ex ante (1985) en % du prix à la frontière

tableau nO 1 résume ces résultats en rangeant les taux par ordre décroissant.

Le recours au modèle MISS permet plus prècisément de déterminer l'impact sur les cours mondiaux d'une sup-pression totale de protection au niveau européen, et d'inté!;Jrer les effets en retour qu'ils soient directs ou croi· sés. Ainsi il devient possible de voir les diHérences en ter-mes de variation de prix lorsqu'on supprime toute protec·

tion selon que "on se situe dans l'hypothèse

«

petit pays» Itaux ex antel ou selon que l'on abandonne cette hypo-thèse (taux ex post). Cela permet de calculer les nouveaux taux de protection qui figurent dans le tableau nO 2 selon une hiérarchie décroissante.

TABLEAU3 :Taux de protection régionaux en 1985 len%1

Par rapport au tableau 1 on voit qu'en milieu de tableau l'ordre des produits s'est modifié, les céréales venant à

présent avant le lait, qui est lui-même dépassé par la viande bovine. Notons que pour les fruits frais et légu· mes, tout comme pour les vins courants on a fait l'hypo-thèse d'une différence non significative des taux ex ante et ex post.

2. Taux de protection et spécialisation des régions Les taux apparents fixés, on peut, connaissant la struc· ture de la production agricole finale régionale, évaluer un taux moyen de protection du secteur agricole pour cha-que unité géographicha-que. Le tableau 3 donne ces chiffres en distinguant la protection ex ante et la protection ex post.

Les taux ex post sont sensiblement inférieurs aux taux ex ante, en moyenne nationale on passe ainsi de 43 %

à

34 % avec des variations plus ou moins importantes selon lesré~ions. Dans les deux cas de figure les régions méditerraneennes (Provence-Côte d'Azur, Corse et Languedoc-Roussillonl bénéficient du soutien le plus fai-ble. Bien que le classement des régions soit sensiblement le mème dans les deux cas, il faut noter quelques modifi-cations significatives dans la hiérarchie. Lorsqu'on passe du taux ex ante au taux ex post la Haute-Normandie glisse de la 4' placeàla 2', le Centre de la 7' à la 3'. Corrélative-ment la Franche-Comté régresse de la 1,eàla 4eet l'Auver·

gne de la 6' à la 10'. ex ante ex post lle-de-France 46 40 Champagne· Ardennes 41! 40 Picardie 67 54 Haute·Normandie 61 45 Centre 52 44 Basse-Normandie 65 42 Bourgogne 45 36 Nord-Pas de Calais 47 37 Lorraine 60 42 Alsace 35 27 Franche Comté 67 42 Pays-de ta LOire 47 33 Bretagne 42 32 Poitou-Charentes 41! 40 Aquitaine 30 24 Midi·Pyrénées 43 35 limousin 44 32 Rhône Alpes 33 25 Auvergne 56 39 Languedoc· Roussillon 21 20 Provence-Côte d· Azur 10 9 Corse 19 t8 France entière 43 34

La situation respective des diverses régions en termes de soutien global communautaire s'explique évidemment par leur spécialisation. Nous avons appréCié celle-ci en

éla-170 95 94 78 75 30 20 05 163 108 64 49 47 30 23 5 Betleraves industrielles Oréo·protéaglneux Lail el produits laitiers Céréales

Viande bovine Vins courants

Production porcine et avicole Légumes frais et frUits

Betteraves industrielles Oléo-protéagineux Céréales

Viande bOVine Lait et produits lalliers Vins courants

Production porcine et avicole Légumes frais et frurts

La hiérarchie des taux fait clairement ressortir un groupe de produits fortement soutenus: betteraves, oléo· protéagineux et lait qui s'opposent aux productions dites

«

méditerranéennes )) : légumes frais et fruits, vins cou-rants. Il est

à

noter que la production porcine et avicole s'apparente à ces dernières en termes de taux de protection.

Tous ces résultats reposent en fait sur J'hypothèse assez forte duHpetit pays », c'est-à-dire du pays dont le poids

serait suffisamment faible pour qu'une suppression de toute protection f1e perturbe pas les cours mondiaux. Or la Communauté Economique Européenne intervient pour une part non nél;Jligeable dans le commerce international des produits agricoles et l'hypothèseHpetit pays »n'est pas acceptable.

Ainsi l'alignement du prix européen des céréales sur les prix mondiaux se traduirait par une baisse de l'offre euro· péenne, d'où en retour une meilleure tenue des cours internationaux. Mais il y aurait d'autres effets en chaîne car, les céréales baissant, l'industrie de l'alimentation ani-male en incorporerait de plus grandes quantités au détri-ment des oléo·protéagineux. La demande de ces ingré· dients diminuant, il en résulterait une baisse des cours. En bout de chaine la production porcine et avicole serait également affectée avec une légère diminution des prix. Quant au lait et à la viande bovine, et dans une très faible mesure le sucre, la suppression de la protection aurait pour conséquence le même phénomène que les céréales (baisse del'oHre européenne, remontée des cours

mondiaux et donc taux de protection plus faible) mais sans effets induits comparables.

(5)

borant unetypolo~iebasée sur la composition de la PAF, proche de celle utilisée au niveau départemental in Bon-nieux et al., 1987. Cette typologie repose sur une décom-position du produit en 9 catégories de biens: les huit pos-tes pour lesquels on a calculé un taux de soutien, plus le solde. La cartenO 1 donne une indication de l'orienta-tion la plus caractéristique de chacune des 22 régions,

orientation qui peut être simple ou composite. Il s'agit

d'une caractérisation relative faisant ressortir en quoi une unité géographique se distingue par rapport

à

la moyenne nationale.

Carte 1 : Typologie des régions françaises en fonction de la structure de leur production agricole finale en 1985

MARëH~

COMMUN

Pour résumer, il existe une liaison manifeste entre l'orientation productive et le rapport terre·hommes. Là où ce dernier est favorable, notamment dans le quart nord· est de ta France, prévaut l'association betteraves-céréales, ou bien on a une forte prédominance des seules céréa-les, comme dans le cas du Centre. Les oléo-proléagineux sont également présents, mais associés au lait. A ces régions correspond un soutien communautaire important. Une protection élevée s'observeé~alementdans les zones laitières de l'ouest et de l'est ou l'on a des structures moyennes.

Carte 2 : Structures agraires des régions en 1985

2a. Importance du. noabre

d'exploita-tions de la ha et 1301n5 Expl01t.t10os

'*'

10 ha

!!Il!Iiil

48 ,

El

.

," 38 • <48 %

U

30 • .(.38 %

t

' . '

.

Cl

~ 30 ,

2b. IlI?Ortanee du nombre

d'exploita-tion. de )0 ha et plus

_ production ~vlcoleet porcine

~ betteraves industrielles

~ ciriales

ITIJ]JJ]

fruits frais et lle umes

~ vinl courants ~1a1[ ~ viande bovine Exploitationa

m

~

L'.:,·J

18'

Cl

10'

1

1

~

En fait, les spécialisations régionales sont dépendan-tes des structures agraires existandépendan-tes, même si le rôle des conditions naturelles est déterminant dans la localisation de certaines spéculations. Aussi doit-on analyser la carte 1illa lumière des cartes 2a et 2b indiquant l'importance relative respectivement des petites exploitations (celles inférieures il 10 ha) et des grandes 150 ha et plusl.

REVUE DU

MARCHË COMMUN, nO326, AVIli 1989

A l'inverse, les régionsil rapport terre-homme. défa-vorable sont spécialisées dans des spéculations faiblement soutenues. Ce phénomène est évident pour toute la zone méditerranéenne où dominent les vins courants ainsi que les fruits frais et les légumes. Aquitaine et Rhône-Alpes sont dans une situation très proche, même si les expiai· tations sont d'une taille un peu supérieure. La Bretagne

(6)

,

1.

MARCHË

COMMUN

TABLEAU 5 Effets sur la production d'une rêduction de la protection en 1985

Variation en % Parts régionales (en %1

diminution

volume prix valeur PF

PF PF PF inItIale volume valeur

PF PF 1.Ile de France - 2.2 - 4.9 - 7.0 2.7 4,2 3,6 2. C,",ampagne - 2.2 - 4.9 - 7,0 5.5 8,8 7,4 3. Plcaretle - 3,2

-

6,0 - 9,1 5,2 12,2 9,0 4. Haute Normandie - 2,4 - 4,9 - 7,1 2,8 4,8 3,8 5. Centre - 2,2 - 5,0 - 7, l 7,2 11,4 9,8 6. Basse Normandie

-

2,3 - 4,4 - 6,6 4,2 7,1 5,4 7. Bourgogne - 1,6 - 4,2 - 5,7 4,5 5,3 5,0 8 Nord - 1.7 - 4,2 - 5,9 4,2 5,3 4,7 9 Lorraine - 2.3

-

4,6 .- 6,8 2,6 4,3 3,3 10. Alsace - 0,8 - 3,2 - 4,0 1,7 1,0 1,3 11. Franche Comté - 2,4 - 4,5 - 6,7 1,7 2,9 2,2 12. Pays de Loire - 1,2 - 3,6 - 4,8 9,6 8,4 8,7 13. Bretagne - 0,2 - 3,3 - 3,5 12,1 1.7 8,1 14 POilouCharentes - 1.8 - 4,5 - 6,2 5,2 6,7 6,2 15 Aquitaine - 0.5 - 3,0 - 3,4 6,2 2,3 4,1 16 Midi Pyrénées - 1,5 - 4.1 - 5,5 6,3 6,9 6,7 17. limousin - 1,0 - 3.5 - 4.5 1,4 1,1 1,2 18. Rhône·Alpes - 0,6 - 3,0 - 3,5 5,7 2,5 3,8 19. Auvergne - 1,8 - 4,2 - 5,9 2,7 3,. 3,0 20 Languedoc - 0,2 - 2,3 - 2,5 .,2 0,7 2,0

21 Provo Côte d'Alur 0.3 - 1,1 - 0,8 4,1 - 0,9 0,6

22. Corse

-

0.1 - 2.0 - 2,1 0,2 0,0 0,1

Total France

-

1.• 3,9 5,2 100 100 100

la production réalisée en 1985 et évaluée au prix de cette méme année. Les parts régionales permettent d'évaluer ce qui est supporté par chaque région dans la baisse natio-nale de production induite par la réduction de la protec-tion. La zone la plus touchée correspond

à

l'ensemble du Bassin Parisien. Ainsi, les cinq premières régions du tableau supportent 41,4 % du recul en volume et 33,6 % en valeur alors qu'elles ne représentent que 23,4 % de la production finale. Avec une contributionà la produc-tion naproduc-tionale comparable (21,7 %) la Bretagne et les Pays-de-Ia-Loire ne représentent ensemble que 10,1 % du recul en volume et 16,8 % du recul en valeur. L'ensem· ble des trois régions méditerranéennes apparaît relative-ment épargné, puisque le volume de production reste sta-ble et qu'il ne supporte que 2,7 % de la perte en valeur alors qu'il représente 8,5 % de la production totale. 2. Les effets en termes de revenu

Connaissant le niveau théorique atteint par la PAF régio-nale lorsque les prix diminuent, le problème posé est celui du calcul du nouveau revenu. Celui-ci est saisi

à

travers la valeur ajoutée brute. Cela revientàchercheràévaluer le niveau de la production finale diminuée des achats cou-rants. Or, parmi ces derniers, se trouvent des biens d'ori-gine agricole dont le coût a baissé du fait de la diminu-tion des prix envisagée. Ce sont surtout les aliments du bétail Qui sont dans cette situation.

En premier lieu, on va calculeràquel niveau d'utilisa-tion se trouvent les achats courants, compte tenu de la diminution de production prévue. Pour ce faire, on va

uti-REVUE DU

MARCH~ COMMUN, nO326. AVril 1989

liser la relation existant entre les composantes de la PAF régionale et le niveau des consommations intermédiaires en volume, car on sait que l'utilisation de celles-ci dépend très étroitement de la nature des spéculations mises en œuvre. La relation s'avérant statistiquement bonne, il est possible de calculer comme première approximation, un nouveau volume de consommations intermédiaires. Ainsi,

à la diminution au niveau national de 1,4 % du volume de la production correspond une baisse de 1,3 % du volume des consommations intermédiaires, avec évidem-ment des écarts régionaux importants.

En second lieu, il convient d'intégrer dans le calcul, la baisse du prix des consommations intermédiaires provo-quée par la diminution de prix des denrées agricoles entrant dans les achats courants, essentiellement, les ali-ments du bétail. Au niveau national, le prix des consom-mations intermédiaires est ainsi réduit de 1,1 %. Ce sont évidemment les régions d'élevage, et principalement cel-les où dominent le porc et l'aviculture forts consomma-teurs d'aliments du bétail, qui en bénéficient le plus. La Bretagne voit par exemple son prix des consommations intermédiaires baisser de 2,3 %. Par contre, cette baisse est inférieure

à

un demi pour cent dans leszones médi-terranéennes et dans les régions spécialisées dans les gran-des cultures. La vE;leur ajoutée est enfin obtenue dans le nouveau système de prix en faisant le solde du compte de production simulé.

Dans le tableau 6 figurent les principaux résultats obte-nus par application de cette démarche. L'évolution de la valeur ajoutée régionale correspond doncàune

(7)

TABLEAU 4 : Variations de prix 56100 les productions (en%l

Il. -

Les effets régionaux d'une baisse

de prix

13) Pour les bettefdves Indusllie1les une baisse de 100",du soutien équi·

'oIaul:.~nSllJlemenl àuot! 1)<lIsse de 8 % du soulien du Quota A, c·est·à·dire

àune baIsse de priX de 13% Comptetenude récarl par rapport au prIXà la frontière. lesllu3ruitè'5ne réagissenl pas {elfet volume mlll mais la rente des producteurs (hmlllue(ellet prix nétJallll.

Dans un premier paragraphe on s'interrogera sur les effets régionaux de cette baisse différenciée des prix en

termes de production. Dans un second paragraphe on ten·

tera d'en cerner les conséquences en termes de revenu. 1. Les effets en termes de production

Ainsi qu'il a été noté dans l'analyse relative à l'aban-don de l'hypothèse

«

petits pays», il y a interdépendance entre les biens dans la réponse aux variations de prix de l'un d'entre eux. De ce fait on ne peut pas se contenter

des élasticités d'oHre propres à chaque produit. Il convient de faire appel à un système complet enregistrant les eHets croisés dusà la modification du prix sur les réponses de chacun des autres produits. Cet ensemble d'élasticités croisées est celui mis au point pour MISS, auxquelles ont été rajoutées les élasticités concernant les légumes frais et fruits, et les vins courants. Ces deux catégories de pro· duits ne figurent pas dans le modèle initial du fait de leur faible poids dans les échanges mondiaux. Le recours à des paramètres élaborés pour l'étude des échanges agri-coles internationaux, dans une perspective régionale, s'avère une approximation.

Au niveau d'une région, la ~amme des subsitutions entre productions est plus limitee qu'au niveau national. Aussi, pour les régions les plus spécialisées, risque-t-on de surévaluer les effets directs et les effets croisés d'une baisse de prix. Ces deux effets se contrariant, il est diffi· cile d'estimer l'erreur qui en résulte quantà leurs combi-naisons qui seule importe en fin de compte. Il est évident que la disponibilité de paramètres plus pertinents passe par des travaux spécifiques basés sur des résultats régio-naux. Mais il s'agit là d'un travail relativement lourd à entreprendre.

Si la production nationale diminue assez faiblement en volume, - 1,4 %,on observe des écarts importants selon les productions. Ils traduisent d'une part la plus ou moins grande sensibilité des diverses spéculationsàune baisse des prix, qu'il s'agisse d'eHets directs ou indirects, d'autre part l'ampleur de cette baisse de prix, proportionnelle à la protection et qui va de - 13,0 % à 0 % (tableau 41. Le recul exprimé en volume touche tout d'abord les gran-des cultures avec - 3,1 % pour les céréales et - 6,6% pour les oléo-protéagineux. On trouve ensuite le lait - 3,3 % et la viande bovine - 2,5 %.La production de vins courants, de légumes frais et de fruits reste stable (- 0,4 %1, tandis que les productions porcine et avicole ainsi que l'agrégat formé par les autres produits augmen-tent, avec une croissance en volume de 2,8 %et de 2,0 %

respectÎvement.

Ces écarts ont une traduction géographique qui s'expli-que par la spécialisation régionale. Le recul le plus impor-tant concerne la Picardie avec - 3,2 % en volume alors qu'à l'inverse la production de Provence-Alpes-Côte d'Azur s'accroît très légèrement avec

+

0,3 % (tableau 5), Lesré~ionsde grandes cultures du Bassin Parisien ainsi que les regions à vocation laitière (Basse-Normandie et Franche-Comté) apparaissent évidemment comme les plus touchées. A l'inverse, la baisse de production est modeste dans les zones méditerranéennes et plus géné· ralement là où les cultures permanentes, qu'il s'agisse de la vigne ou de l'arboriculture, occupent une place importante.

La variation en valeur de la production finale tient compte à la fois de la diminution du volume de produc-tion entraînée par la baisse réelle des prix et de cette baisse elle-méme (effet prixl. La valeur de la production dimi-nue très sensiblement - 5,2 % au niveau national puis-que la baisse moyenne des prix - 3,9 % se cumule avec le recul en volume de la production. Les variations en pourcentage de la valeur de la production se situent entre - 5,1 % pour la Picardie et - 0,8 % pour Provence-Alpes-Côte d'Azur. L'échelle régionale décrite précédem-ment reste donc valable.

Le tableau 5 fournit aussi la répartition régionale de la production finale et de sa diminution en volume aÎnsi qu'en valeur. La base Qui sert de référence est constituée par - 6.4 - 13,0 - 10.8 - 0.5 - 3.0 - 4.9 - 2,3 - 4,7 - 0,0 Céréales Betteraves industrielles Oléo-protéagineux Légumes frais et fruits Vins courants Viande bovine

Production porcine et avicole Lait

Autres productions

est également dans ce cas à la diHérence près que l'orien-tation est de type animal, avec porc et aVÎculture.

Globalement se dégage l'image schématique d'une opposition entre des régions septentrionalesàstructures favorables, ou moyennes, produisant des produits forte-ment soutenus par la Communauté, et des régions méri-dionales cumulant faibles surfaces et produits peu proté-gés. Toutefois, des nuances doivent être introduites. Ainsi, certaines spéculations ne bénéficiant d'aucune

OeM, mais rentables, comme les vins de qualité, se ren-contrent aussi bien en Aquitaine et Rhône-Alpes, qu'en Bourgogne et en Alsace. Le cas de la Bretagne, région peu protégée au nord de la Loire, vient aussi nuancer ce schéma.

Afin d'examiner les eHets possibles d'une baisse des prix réels à la production, nous considérons l'hypothèse d'une suppression complète de la protection communau-taire étalée dans le temps. Pour fixer les idées, on retient une période de dix ans à l'issue de laquelle le taux de pro-tection devient nul pour chacun des produits concernés par une OCM.

Pour illustrer notre propos, on va donc calculer l'impact d'une baisse des prix égale à

10

% du taux ex post observé en 1985 (tableau 21. Les variations de prix retenues diffè-rent donc sensiblement selon les produits 1311tableau 41.

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REVUE DU

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l

~

L

1

1

1

,

croissance annuelle de la valeur ajoutée par tête, egaie

il 7,6 %,chiffre qui doit être rapproché de la diminution de 8,1 % induite par une baisse de 10% de la

protec-tion.Ilest toutefois évident que ces résultats sontà

modu-ler au niveau régional où de grands écarts existent dans l'évolution du nombre d'actifs par exemple (de - 1,1 %

par an en Champagneil - 5,9 % en lIe-de-France, ou même - 8,8 % en Corse). De même les gains de ductivité varient sensiblement selon les orientations pro-ductives et donc les régions. Enfin, pour apprécier l'ensemble des effets régionaux de la PAC il conviendrait de tenir compte de son insertion dans l'économie régio-nale, et donc de l'importance des effets induits localement.

En conclusion si on se fie aux seuls taux de protection

apparente,ilapparaît assez clairement que le système des prix communautaires est favorable aux régions bénéficiant d'un bon rapport terre-hommes où le système«

céréales-grandes cultures» a pu se développer. A un moindre degré, les régionsàstructures moyennes, où le système bovin-lait a prospéré, ont bénéficié du soutien commu-nautaire. Les zones caractérisées par des systèmes inten-sifs du point de vue de l'utilisation dusol, qu'il s'agisse

de productions végétales ou animales sont moins bien traitées.

Malgrè des réponses d'offres variables selon les pro-duits, une réduction de prix proportionnelle au taux de protection serait davantage subie par les régions qui ont le plus bénéficié du soutien communautaire. Mais en ter· mes de revenu agricole, l'ensemble du territoire serait tou-ché, puisque seuls les produits non couverts par une OCM

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MARCHl: COMMUN, nO 326. Avrl) 1989

MARCHË COMMUN

et dans une moindre mesure, les cultures permanentes ainsi que les productions animales hors-sol résisteraient bien aux baisses de soutien. Ces résultats sont étroitement dépendants de l'hypothèse de baisse des prix envisagée. L'hypothèse retenue donne simplement des effets propor-tionnelsàceux résultant d'une suppression de la protee· tian communautaire, c'est-à-direàl'instauration du libre échange. Par rapportàcette situation, on doit enfin remar-quer que la PAC a renforcé sensiblement les disparités régionales. Toutefois il faut bien se garder de conclure que le démantèlement de la PAC entraînerait la fin de ces déséquilibres régionaux.

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