.t
.
x[ -
EDTTToNSET
CONTREFAÇONSPH|LOSOPHI-QUES
3LES BASSOMPIERRE
246
MAISONSDE
LA
RUE NEUVICE OCCUPËES,.
DANSLA
SECONDE MOITIE DU XVIIIC SIECLE,:
PAR LES IMPRIMEURS BASSOMPIERRE, PERËET FILS (Nos
45 et
55)L.e contraste est frappant entre l'immeuble, relativement modes-te, où Jean-François Bassompierre établit en 1752 son imprime-rie, à I'enseigne de l'"Arbre d'or" (à gauche), et la riche demeure
tine, notamment voltairienne. La page Ce titre reproduite à gauche ouvre la première édition séparée de ce court texte publié d'abord par le Journal encyclopédique, que dirigeait à Liège Pierre
Hous-seau
(v.
la
section "Presse"); l'édition, datéede
17Sg et prudemment dissimulée sous la rubrique "Paris", est celle dêcriiepar le catalogue de la Bibliotheque Nationale, volume Voltaire
(1978), sous le no 2313. Les Bassompierre ne tarderent pas à révéler leur responsabilité, dans cette impression: la page de titre reproduite au centre, qui ne differe Ce la précédente que par la mention de l'éditeur, en témoigne; elle fut simplement substituée à la page de titre originale dans ce qui se présente comme une
"
seule édition (v. cat. BN, no 2315, ainsi que de Theux, col. 582).Quant à I'impression de 1760 évoquée à droite, certains éiéments permettent d'y voir une fausse édition liégeoise (papier de la
généralité de Rouen, imitation du portrait de Voltaire; v. cat. BN,
no 2328 et Vercruysse, loc. cit. infra): contrefaÇon qui attesterait
-
valut aux mieux encore, Bassompierre sans doute, la publlcation que ses d'écrits modèles comme-
le renom quele Précis.Sans entrer Cans la question d'une collaboration, fort probable, entre Bassompierre et Pierre ffousseau, on retiendra le caractère
déterminant
de
l'impulsion donnéeau
mouvement d'édition philosophique à Liege par Ia présence dans nos murs du bureau du Journal encyclopéd iq ue,Reproductions photographiques. Bibl.: J. VERCRUYSSE, Quelques éditions /iégeolses de Voltaire peu connues, dans D. DROIXHE et al., op. clt - D.DRôlXHE, toc. cit.
D.D.
248
ORDONNANCE DU PRINCE-ÉVÊOUT CHARLESD'OULTREMONT RÉGLEMENTANT,
AVEC"PLUS DE
SEVERITE,,,LES
PROFESSIONSD'IMPRIMEUR ET DE LIBRAIRE, EN VUE D'EN.
RAYER
"LA
CONTAGIONDES
MAUVAIS
!-I-VRES" ET EN PARTICULIER DES "OUVRAGES
D'IMPIETE,
COMME
DË
MATÉRIALISME, DEDÉISME, D'ATHEISME, ET AUTRES PAREILS". 29 janvier 1766.
Placard r^n., rvv Ââ
^ uu
Même si certains mandements ou ordonnances semblent parfois inadaptés à la réalité de l'édition clandestine, ou en retard surelle, et même si les peines qu'ils prévoient ne devaient pas constituer une menace bien redoutable pour les importants contrefacteurs liégeois, ces édits promulgues par les princes-évêques à I'en-contre des "mauvais livres" ne oeuvent être consiCerés comme purement formels, ou insignifiants. Telle est cette ordonnance, qui, un peu plus d'un an après un mandement de routine, marque une vigoureuse prise de conscience des progrès de l'irreiigion dans la principauté; une semaine avant sa publication, une Leti,.e pastorale avait dramatiquement exposé "l'horreur" ressentie par un prince-évêque très pieux à l'égard de ces "hommes dégages
de tout
préjugé"qui
conspirent"à
l'ombre d'une tolérance universelle", en exaltant «SanS cesse les droits et les prestiges de la raison,,. Charles d'Oultr'emont prend dès lors des rnesures sérieuses: renforcement Cu contrôle de la profession d'imprirneur (avec renouvellement d'admrssion, confirmation du serment decatholicite, inscription auprèà de la chancellerie, obligation de signaler l'atelier par un écriteau), répression speciale de l'impiete (plus durement sanctionnée que la pornographie), libre acces, pour les officiers du prince, aux maisons "des libraires, impri-meurs, distributeurs et colporteurs». Dans la,. même liç1ne, une
fonction de censeur sera instituée l'année suivante (la charge étant jusqu'alors assurée par des examinateurs synodaux). Tout
.
occupée par son fils à partir du milieu des années septante-' " 'symbole du remarquable essor que connut alors l'entreprise
familiale. Jean-François père avait exercé le métier d'imprimeur
'
en Outre-Meuse, dès 1734, avant de se fixeren Neuvice (d'abord à I'enseigne de la "Ville de Hasselt"), artère ou etaient installées . au XVlll' siecle plusieurs imprimeries (celle des Barnabé, de
$ylvestre Bourguignon, de Bérard, etc.). La maison qu'habita Jean-François fils, portant l'enseigne "Au Moriane", se trouve en
. face de I'eglise Sainte-Catherine.
,
Reproductions photogr.aphiques.Bibl.: J. BRASSINNE, L'imprimerie à Liege jusqu'à la fin de I'Ancien Régime,
dans Hlstoire du livre et de I'imprimerie en Belgique des origines à nos jours, . V, Bruxelles, Le musée du Livre, 1925, pp. 3B-41 ; D. DROIXHE, Voltaire et
l'édition liégeoise jusqu'en 1765: A propos d'un embastillemenidans D. DROIXHE, P.-P. GOSSIAUX, H. HASQUtN, tü. MAT-HASQUtN ed., Li vres er
t.umières au pays de Liege (1730-1830), Liège, Desoer, j 9BO.
.
D.D.247
VOLTAIRE, PRECISDE
L'ECCLESIASTE,édi-tions
de
1 759et
1760.Cette suite d'éditions montre bien le rôle et le rayonnement de la rnaison Bassompierre dans le domaine de I'impression
clandes-';
7
'.
ceci ne suf{it pas à impressionner certains contrefacteurs. Mais.
'.
'd'autres purent y réagir par une relative auto-censure. cera oaraîtêlre le cas des Bassompierre
-
dont le nom f igure comiquiàment'
au bas de ce placard, sorti de leurs presses: leur production'.'.'voltairienne,
jusqu'au début des années septante, montre en
'
particulier un frechissement sensibre à partir du moment où re.
.' prince nomme Jean-François père son imprimeuret
celui du..
conseil prive (1764), pour révéler peu après le vrai visage du'
maître et du dévot....
,
Liège, Archives de t'Etat.. Bibl.: T. GoBERT, L'imprimerie à Liege sous |Ancien Régime,
dans Builetin
.
'
de l'lnstitut archéologique liégeois, t. XLVll, 1922, pp. S3-S4 et 74; A.'
LEVERT, contribution a |histoire de ra censure des rivresa
Liege au.'
.
.Xvlile siecle (1 694-t 789), mém.Univ. de Liege - Histoir e, 1977,po. tà1 sv.et.'l 50 sv.
D.D.
.,rnots
EDtTtoNS ANTI-VOLTAIRIENNES AUXQUELLES.
PARTICtpALAMA|SONBASSOMP|ERRE(1767ET1776):
..
'RÉpurre
poun sA
pRoDUcloN
pHtlosopHteuÉ,
"'lcruE-ct
sAtr
EGALEMENTJouEB
LA CARTE DEL,oR-. . THODOXIE OUAND LE COMMERCE OU LE
POUVôÉ
L'V..: INVITENT.
25'1 diffèrent notamment par un trait aussi caractéristique que res
signatures. Ceci laisse entrevoir quelles diff icultés peut rencon_
trer une typologîe de l'édition liégeoise des Lumièr.es.
lnsistons par ailleurs sur le rô!e de cette edition, et même des imprimeurs considérés co!îme ,,orogressistes,, dans Ia Cifiusion du combat anti-philosophique. Ennemi intime de Voltaire, qui le
ridiculise régulierement, le "pauvr-e ex-jesuite Nonnotte, voit ses Erreurs
de
Voltaire-
une ceuvreà
succes-
réimprimées par Bassompierre et Barthélemy Collette (etabli au quai Sur Meuse). Mais le cas du P. Richard est encore plus caractéristique, du pointde
vuede
l'édition princioautaire. Ce dominicain,à
qui
l,onattribue parfois la paternite de notre no 2S0, Voltaire
parni
les ombres, r=-.,ublie plusieurs de ses æuvres sous des marques oùinterviennent divers imprimeurs liégeois: Bassompierre, bien sûr, mais aussi Orval-Dernazeaux, Demany (des réponses à Condor-cet et Marmontel, en 1775 et 1777), Gerlache (en particulier une
réf utation de Gaudet; 1778), Desoer (con.!re Voltaire), painsmay
(des ouvrages contre Voltaire
et
d'Holbach; 1279),et
même Plomteux ou Vasse, futur grand-maître de la loge dela
parfaite Egalité (réfutation du systeme social et de la politique naturelre ded'Holbach,
en
1775).A
travers les éditions liegeoises du p. Richard, ce sont ainsi, à la fois, I'activité de plusieurs imprimeurs de la capitale principautaire qui est illustrée, en même temps que le débat philosophique qui revit à larges traits. Celui_ci apparaîtcentré
sur la
critiquedu
fanatisrneet
le
combat pourIa
loinaturelle (Voltaire, Marmontel), mais il peut également s,étendr.e
au materialisme d'un d'Holbach ou au radicaiisme d'un philoso_ phe trop meconnu comme Gaudet, pour qui les masses populai_
res "doivent renverser la puissance qui les pille et tes opprime,,
les
rois n'étantdu
reste que leurs «premiers salaries,. Ces principes, Cefendusil y a
deux sièctes, peuvent encore êtr.e medites.Oupeye, Collection Daniet Droixhe.
Bibl.: FR, B.C.B. MOU,-AÉRT, Vie et æuvres du R.p. Charles-Louis Richard: Un confesseur de la foi au XVllte sléc/e, Louvain, peeters, .1
867. D.D.
252
Abbé PI-UCFiE, LE SPECTACLE DE LA NATURE,CONTREFAÇON LIEGEOtSE.Titre
du tome ill ei
planches
iliustrant d'une part
le dêviCagede
lasoie,
d'autre part
la fabricationdes
chandelles, aux tomes Vlet
Vil.Cette ceuvre de l'abbé Pluche, dont les neuf volumes parurent d'abord de 1732
à
12S0, connut dans toute l,Europe du XVlll"siècle
un
extraordinaire succès. Une étude classiquede
D.lüornet a montré que deux bibliothèques parisiennes sur cinq la
possédaient (elle etait plus répandue que La Henriade de Voltai_ re...). Une telle reussite s'exolique notamrnent par I'intégration,
dans l'apologétique chrétienne nouvelle
qui
s,exprime chez Pluche, de ceriaines preoccupations socialesou
techniques cher'es aux Philosophes: i'æuvre, qui se propose de mcntrer, Cefaçon parfois très nalve, les manifestations de la providence dans les merveilles de la nature, fait aussi une place Ce choix aux "arts mecaniques,, et les exalte d'une manière qui annonce pius ou
moins l'Encyclopédie.
Les deux planches oresentées ici peuvent iIustrer cette tencian-ce. La premiere (Le Dévidoir) et le texte qui I'accompagne sont surtout signif icatifs, car s'y manifeste un souci de mecanisation que rencontre - autre providence - une volonté sincère de progres
social:
il
faut supprimer l'horr-ible misère des carnpagnes enoccupant "parmi nous
un
grand nontbre d'ouvrierspar
une fabrique animee", du iype de celle que promet la *belle invention,,du devidoir à multiples "rochets" (bobines). Cette alliance Cu machinisrre,
de
l'utilite socialeet
cje la char.ite abouiir.a, parNONNOTTE, LES ERREURS DE VOLTAIRE,
troi-sieme
édition,
revue,corrigée
et
considérable-ment augconsidérable-mentée, avec un Avant-propos pour lesecond Tome, et une Table des matières. A Liege,
chez J.F. Bassompierre,
et
se vend à Lyon, chez Jacquenod, père, et Rusand, libraires, grande rueMercière,
au
Soleil,
1767, t.1.,
in-12,
XLVIil-541-3pp. d'errata
(inconnu
au
de
Theux).
-lmprimé
sur
moyen auvergned'A.
Nourisson, àl'exception
du
premier cahier,
imprimésur
unpapier
imparfaitement identifié. Signaturesma-juscules, chiffres
romains,
à
droite,
au
demi-cahier, réclames en fin de cahier.'.
25O
[ANON],
VOLTATREpARMt
LES
OMBRES. A'.'
r'
:
Paris, et se trouve à Liège, chez J.F.Bassompier-re, libraire
et
imprimeur, à Bruxelles, chez J. Van.' :
den Berghen, librair.eet
imprimeur, 1776, in_12,.
XVll-329 pp. (de Theux, cot. 646).-
lmprimésui
.
papier
sans
filigrane.
Signatures
majuscules, ..:.
chiffres romains, à droite, au demi-cahier, recla_.
r.i
.
mes en f in de cahier. Ilch.
-1. BTCHARDL VOLTATRE DE RETOUR DËSOMBRES, ET SUR LE POINT
D'Y
RETOURNËR POUR N'EN PLUS REVENIR. ATOUS CEUX QU'ILA
TROMPES.IMêmes
tieux d'edition
que
ci-dessusl,
1776,in-12, Vilt-91 pp. (de Theux, ibid ).-
lmprimé sur raisin RVS à la couronne. Signatu_res
majuscules,
chiffres
arabes,
à
droite,
audemi-cahier, réclames en
fin
de cahier.Bornons-nous à sourigner ici res c.reux points suivants. D'une part,
' .uIè. certaine disparite typographique, entre ces ouvrages co_
'
e-dites par Bassompierre. pubriees ra même annee encoilabora-. tion'avec le même partenaire bruxellois, les impressions 250 et
7 '.:, .
àxe.,rr:le, à la condition des tisseurs lyonnais, vers l'époque Ce la
:'
,:;l:r: dix-huit heures de travail quotiCirri (la journéè de'
..:'".i!"üs constituait un régime courant, dans la plupart des.rrei.rers),. "déformations et dégénérescence atavique", grande 'instabilitê du salaire, etc.
.A l'afïùi des best-sellers du temps, I'imprimeur Bassompierre ne pouvait manquer de contref aire l'ouvrage de l'abbé Pluche, publie
.
à Paris, avec privilege royal, par les frères Estienne. S'adressant.
à
un !mDrirneur parisien fictif, Diderota
raconté avec quelle'
âudace et quel sens Ces affaires l'entreprise fut menée. "Si un libraire de Liege ecrit impudemment à des libraires de Paris qu'il.va publier
le
Spectac/e deIa
nature qui vous appartient, ou.
quelques-uns des Dictionnaires portatils dont vous aurez payé le privilege une somme immense; et que pour en faciliter le debit, il y mette votre nom; s'il s'offre à les envoyer; s'il se charge de les rendre où l'on jugera à propos, à la porte de votre voisin, sans .rpasserà
la chan'rbre syndicale;s'il
tient parole,si
ces livres .arriveni; si vous recourez au magistrat et qu'il vous tourne le dos; ne §erez-vous pas consterne, décourageet
ne prendrez-vous'.pas
le parti ou de rester oisif ou de voler comme les autres"? Certains exemplaires du Spectac/e sortis des presses de Bas-sompierre oortent en effet la marque des Estienne, mais ils sont. trahis, des le frontispice, par les gravures du Liegeois Demeuse '.(qui signe
les
planches exposees,et
qui
rivalise avec son homologue Le Bas dans les dessins de machrnes alors qu'il lui est'inférieur
pour la representation des personnages), par les
plan-ches de J.C. Back, etc. D'autres exemplaires, de loin les olus '.rares, portent iranchement I'adresse de Jean-François Bassom-'pierre et de son associe bruxellois Van den Berghen; c'est ie cas
de l'édition presentée ici, qui est datee de 1752.
.
'
La collaboration de Bassompierre à la dlff usion duprcvidentlaiis-.. 'me capitaliste de Pluche est finalement exemplarre: le cynisme de
.la libre entreprise, que denonce Diderot chez le contrefacteur
'
'
liegeois, est en accord parfait avec la realisation historique Ces vues de l'abbe, de même que la dualité de Bassompierre, comme .imprimeurdes
Philosopheset
de
la
reaction catholique (v..
. ci-dessus), s'harmonise à la conciliation que tente le Spectac/e Ce.
la
nature entre religionet
mouvementdes
Lumieres. Entre l'Encyclopédie et le Génie du christianisme, I'ceuvre de Pluche est particulierenrent representative d'une epoque conrplexe; l'action 'correlative de Bassompierre, à sa mesure et a sa maniere, ne I'estqal
moins.Liége, Collection llaxime de Soer Ce So/leres. Bibl.: DIDEROT, Sur la liberté de la presse,l e éd. 185
1 ; texte oartiel etabii,
.
pr:eè. et annoté par J. Proust, coll. Les classiques du peuple, Paris, Ed..
.sociales, 1964, p. 73; J. EHRARD, Le Xvltte sléc/e - /, coil. Litterature. f rançaise, Paris, Arthaud, 1 976, pp. 20 et 40 sv; A. SOBOUL La civilisation
" àt la Révolution française,l, coll. Les grandes civilisations, Paris, Arthaud,
.. 1970, pA.21A-41, 429 sv., etc.; R. \lORTlER, Clarlés et ombres du siecle
'..'des Lumteres, Etudes sur le XVllle srecle iiiteraire, Geneve, Droz, 1969.
D.D.
...DEUX EDITIONS LIEGEOISES DËS GUVRES
D'HELVE-.;TIUS. LES VOLUMES PORTANT LA MARQUE DES
BAS-SOMPIERR-î
(1774)
CONSTITUENTLA
PR=MIEREEDI-.
TION DE CES G.UVRES COMPLETES. L'AUTRE ED|TION,
.(1776)
SORT DES PPESSES DE CLEMENT PLOMTEUX.:'-.
.,.':'
.253
HELVETIUS, CEUVRES,éditions
de
1774
et1776.
.'L'ceuvre scandaleuse du fermier général Helvétius, théoricien
seiisualiste de l'egalite naturelle des hommes et défenseur de
.
l'interêt collectif,ce
I'utilité générale, jouit d'un traitement de.
'àvec favéur, de la part de l'édition liegeoise. Des 1 758, en collaborationPierre Rousseau (v. la section "Presse"), Everard Kints
publie une contrefaÇon
du
fameux livre De I'Esprit,dont
la parution, en cette même année 1758, joua un rÔle nctolre dans I'interdiction de l' E ncyclopéCie: contref açon réalisêe si ronCenrentque, selon P. Fousseau, elle "devancera touies les autr'-Às".
Aitaquant I'action impie
de
Rousseau,Gr:'.'
''t:
de
5rc.'nentévoquera noiamment cette réimpressicrr'
,
..':', ;'ilre r,'Heivi:ii'::lfait
par ai!leurs l'objet, dansle
Journal etcyclr:J:ediqvs,('rf:
compie rendu favorable qui va bientÔt consiiiuer "le chei d'ac-cusation le olus important contre le journai" (Van Hoecke). L'edition liegeoise ne perdit pas non nius beaucoup Ce temils pour fournir ie premier !'ecueil des Guvres d'Helvétius, peu apresla parution posthume de son second grand traité, De I'Hamme (1773).
Le recueil en quatre volumes que Conne Bassompierre,
minutieu-sement
décrit par
D.W. Smithdans
I'article mentionnéci-dessous, montre des signes plus ou moins nets de confection rapide, voire hâtive. Seul le faux-titre porte I'indication Guvres completes,
de
sortequ'il
rassemble ccmmodément, mais demanière expéditive, des ouvrages qui furent imprimés d'abord pour être vendus séparement, oeut-on croire: De I'Esprit et Le Bonheur d'une part, De I'Homne d'autre part (d'où la tomaison séparée de ces deux parties, inCiquée à Ia première signature de chaque cahier). Smith souligne car ailleurs que les deux parties, comportant chacune deux volumes, semblent dues à Ces compo-siteurs ou rnèn
e
es imprir:eurs differents: indice C'une volonté d'aller vite, dans la réalrsation de I'ouvrage? rC'est toutefo:s un auire asDect de l'edition ouia retenu jusqu'icila critique. G. de FroiCcourt a bien souligné l"'enigme" posee par
cetie impression qui voit !e jour, sous le nom des Bassompierre, un an après une condamnation du traité De I'Homme parue dans la
Gazette de Liège. Comment expliquer que
la
grande maison liégeoise, chargée d'imprimer les êdits et mandements du prince-évêque Velbruck, se soit rlsquée à braver ies foudres du Synode,alors qu'avec I'accord
du
prince,il
venait de ccntraindre la Gazette à desavouer une annonce un peu trop elogieuse pour"l'ingénieux Auteur Ce L'Esprit"? Si i'eCition est bien due aux
Bassompierre, com,"ne nous avcls ioutes les raisons de le croire, plus larges même oue celles avancées par Smith, la reponse à
i' "enrg:'r'e" courrait tenir entre i' imprudence et l'impudence: après ie regne cieux Ce Clearles C'Oultremont, un inrprimeur jouissant Ce la sympathie conrplice d'un ,,prince-ohilosophe" pouvait se
laisser gagner par un vent de liberation, au debut d'un nouveau regne. Que ceite edi',icn se retrouve, en 1797, parrni les !jvres proposes par la Socréie Typographique Ce Berne comme venant Ce son propre fonds (renseignement aimablement communique
par P.-M. Gason), voilà qui peut sans doute ouvr-ir l'hypothèse d'une falsification éventuellement imputable à la malignite d'un neveu Bassompierre dont on aimerait savoir plus. Sa présence à Genève, où ii travaille Cans Ie domaine de l'imprimerie, vers !a fin Ces annees septanie,
et
son activité à la Société Ce Berne-coilaboration tres posterieure,
il
est
vrai-
sont en tout cas suffisamment attestees. Mais par aiileurs, la mention des Guvres d'Heivetius dans le catalogue bernois peut aussi bien signifier oue l'entreprise iiêgeoise ne negligea pas certaines pr'écautions, comme de se decharger vers !a Suisse d'une partie plus ou nroins ii-nportante de l'édition. J. Lindt, qui procure ici l'informaticn de base, ne remet du reste pas en cause l'attribution aux Bassom-pier.e Ce cette imo.ession.Cherchant à comprenCre un geste de témérité dont il ne faut pas grossir la portée, ne sous-estimons pas non plus I'orgueil legitime
d'un
marchandqui
reçoit I'illustre Marnrontel dansce
qu'il presente ir:i-mênre coninre "une Ces beiies imprimeriesd'Euro-pe"
(l'episodeest
connu)et
qui, sans complexe, propose àl'academicien de l'installer en Neuvice pour' I'editer tout a lorsir'... Une confiance et une fierté identiques s'expriment, et mêrne se
lisent,
au
sens strict, dansle
tableau Ce Leonard Defrance montrant une ÿisite à l'imprimerie - bren que l'atelier en ouestion'
ne soit sans doute pas celuide Bassompierre, mais de plomteux. I'
N'aperçoit-on pas, sur un pilier, un placardsymbolique qr.r1porte
..'
l'lnscription"6Lrrr.r
de Helvetius, 6e édition"?'.'
.Plomteux, en effet, donne aussi,deux ans plus tard, son édition .-. des (Luvres complètes du philosophe, apparemment copiée sur la
.'
precédente, jusque dans !a pagination et les signatures. D.W.'
smith a décrit avec re même soin res quatre vorurnes de ce recueir 'pubiié, plus prudemment,sous I'adr.esse de "Londres,. Noions
'combien le calque ces p'atiques comoositoriares représentées
,
dans telle ediiion (rnême quand elies ne sont pas homogènesl)'
'.. . rendà
nouveautrès
délicates certaines entreprises
de
la.".
bibliograohie nnatérielle. Remarquons également, bien sûr, en" frontispice de cet exemplaire de l,édition plomteux, le portrait
...
d'Helvétius gravé par le Liégeois Henri-Joseph Godin. On com_'
. lqs portraits coivent derive'd'une g'avure de saint-Aubin
reari-'
.
sée d'aorès Louis-Michel Van Loo.Danie! Droixhe (ed. plomteux).
'
Bibl.: D.W. SNrtTH, Hetvétius et t'édition tiégeoise,dans D. DROIXHE et at.,.
. op-. cit.; G. DE FROIDCOURT, Une enigme bibliographique: L,édition des"Guvres completes d'Hervétius" des inprineurs tiégeois Bassompierre pere
..
'
gi_f1s, en 1774, dans La Vie wailonne, t. XXXViil, 1964, pp. a7_56;F. HENAUX Marmonteret
res contrefacteurs tiégeois, dans Builetin du '.
bibliophile belge,t. tl, 1e45, pp.394-95; J. LtNDI Die.Typographischen'.
Gese/ischaft" in Bern, dans schwezerisches Gutenbergnuieu,lr, i9sB..
'
fasc. 4, p. 194; W. VAN HOECKe Les théologiens de Louvain et la cabale..'
.contre le -Journal encyclopédique- (1759): La "Réfutation ce ta Réponse des '.:.journalistes", cans lras-
sources and documents rerating to the earrymodern history of rdeas, tit, 1976, pp. 238 sv.; p. CCI_î\4AN, Henri_Joseph
.
.Godin, graveur liégeois (1747-1834), dans De gulden passer, Lil, 1974, pp.. cJ-Db.
.' :
D'D'UNE
EDITICN BASSOMPIERRE CURIEUSEMENTCA-'
.MOUFLEE...
:zsq
BL,TL!DGE,
LE
BUREAU D'ESPRIT, Bouber.s,. ttIL
.
En t 776 paraissait la première édition de cette comédie satirique,.
sous la rubrique "A Liège, chez Boubers, - désignation inhabi_tuelle pour un imprimeur qui signe d'ordinaire sa production "de .." Boubers", ou "D(enis) de Boubers". l_,année suivante sortait de
presse une seconde edition qui, malgré une adresse identique, peut être résolument attribuée à Bassôr'npierre: divers freurons ei
''
. ornements caractéristiquesde
cette impression (ceuxde
la .préface et des pages Vil, 17,19 ei 3g) se r.etr.ouvent avec une:
grance regularite dans les volurnes 3 et é des G.u,rres d'Helvéiius'
décrites plus haut (une dizaine de fois pour res ceux premiers. 'orilements,
'
plus de trente fois pout le troisieme), dans cer.tains volirrnes des OSuyres complelesde
Marmontel,qui
portent la.
...même date que notre édition «camouflée» (v.de Theux, col. 654;
.
la
concordance des f leurons empioyés pp. Vil, 1get 3g
est''
exernplaire, en ce qui concer-ne le Bélisaire),dans les Mémoires et ..
plaidoyers de Linguet (1776), etc..'t-e Bureau d'esprlt s'en prenait, de manière oarfois un peu odieuse,
'
'
au fameux saron ce Madarne Geoffrin et à ceux gui iefr-équen-.
.taient: en particuiier Diderot, La Harpe, ConCorcet, d,Aler:rbert, et.
.auSSi Marmontel. Ce Cernier, evoquésous le pseudonyme de
''Faribolle,
est
toutefois menagé, par rapportà
d,Alerrber.t ou ,'Cgndorcet, qui sont preseniés "l'un (...) iirid""orr"
l,envie, et'l'autre
rampant cornme l,adulation,, -farnélique,et
"mal_ ".'. propre,,. On peut cornDrendre que Bassompierre
ait preféré ne
. ilas Dublier sous sa marque une oeuvre qui visait sans esprit son
. hôte Marrnonier (v. no precéden!) et sans erégance re rnirieu cjes
'
,134philosophes, décrits comme des parasites fanatiques, iâches et van iteux.
Cetie image d'un imprimeur désir-eux de se voir'rangé du côié des Lumières est du reste confir.nrée par Ruiiidge !rri-mêrne, Cans sa
préface à une autre édition Cu Bureau d'esprit.ll s'y cla,rt Ce ce que i'originale fut "mutilee ou Céf igurée en nornbre d'endrcits par. un lmprimeurbe/-espritoui s'ingere à rectifier le texte des Auteur-s
doni
il
peut venir à boui de surorendre et de s'aporoi:riri" les Manuscrits". L'édition exoosée ici cornporte en effet une appré-ciation laucatlve ce Voltaire qui est en contradiction avec le resteCe
ia
comédie; interpolation "stupiCeet
bien dignede
sonauteur", ecrit Êutlidge, "ou piutôt aduiation fade d,un mercenaire quivise à la préférence gratuite de quelques radotages poétiques Cu Vieillard de Ferney". Ceci en dit long sur des pretentions plus ou r'noins partagées à Liege par d'autre"r rrtisans du l:vre.
Bruxelles, Biblioiheque Royale, Faber 482/1.
Bibl.: E. WO*F, Rutlidge's Bureau d'esprit: Treuer Abdruck der zweiten Ausgabe (Loncon 1777) mit den varianten der vorhergehencen (Lüftich 1776, 1777) und einer Einleitung, Giessener Beitràge zur Romanischen Philoloqie 16, 192S.
D.D.
255
EDITION ABREGEE DU DCNQUICHOïrE,
sortie des presses de Bassompierre qn 17T6.Unvol. deVlll-355
Llages, avec31
gravures.lrnpressiôn traCitionnellement considér-ée conrme un des som_ rnets du livre liégeois du XVlll" siècle. r-,édition in-folio, où le texte est encaCré (c'est celle qu'on présente; ilexiste aussi un tirage in quarto) est d'une inconlestable elegance. Abondamment illustré, donnant par ailleurs un texie réd!it, c'est le type d'ouvrage fait
pour la bibliotheque d'un oubiic incarne par le pr.ince-e,,,êque Hoensbroeck, à qui I'on prête ce mot, en réponse aux offr.es Ce service d'un libraire: Jamais je n'ai lu, et je ne comrnencerai pas à
soixante-quatre ans.
t i^^^ Collection padiculiere.
D"D. QUELQUES EDITiONS CNiGINAL=S PORTANT L'ADRES. SE DE LIEGE CU PROVENANT DES PRESSES
LIECEô-SES256
BORD=U,
RECHERCHES
SUR
QUELQUESPO|NTS D'HISTOIRË DË
LA
MEDECINE, 1764. D i,- LA U P E ir- S, LA C Fi A N D El_r-E D, AR RA S, I 7 6 S.llo3l\:::.
ec,lion deL'HC\:VE
D'ETAT Ce De:e_IO, 1,767, R=ST;F DE
LA
EÎEîOirJ:t*E. INGENUESAXANCOUA,
l769.
Ces éditions
et
ies circonstances qui les entourent oïfrent demuitiples proL.lemes. Dans le cas des Recherches du medecin
Theo:hile de 3o:deu - un des maîtres Ce Dider.oi en biologie, et l'un des protagonistes de son Reve de d'Atemberi -, cornn.te en ce quiconcerne lngénue Saxancour, une ceuvre Ce Resii.i ou I'inf luen_
ce de Sade n'esi pas trop à sa place, ies cuestions imrrecliaies sont les suivantês: pour-oueile raison, c,est-à-dire sur ia base cie
quelle collaL'oraiion, Liege apparaîi-eiie dans I'adresse de ces ouvrages, acresse où elie est associée, sans orecision quani à
l'imprin eur, à un libraire oarisien (Cailiea.u d'une oart, MaracJan de l'autre) ? Quel irnprirneur iiegeois é,yentuel ser-ait I'auteur cie ces éditions? Les autres livr.es quc I'on pr.esente sont !ies aLl passege dans
la
principautéde
deux "ohilosophes Cela
nature,: iedéfroque Hen'i-Joseph Dulairrens,
iui
habrte au pont d'lle cfrez le tr'ès imoortant imprimeur- Denis Ce Boubers, Ce 1763 à i 7SS, et !'ex-jésu ite -lean-Baotiste îobinet ( 1 7§5-?). De BoLrbe:"s ecjiter-a,'
,:.257
PC:?TRAITDE
FtrANÇOIS'JOSEPH DESCER'fondateur Ce la plus ancienne imprimerie liegeoi-se subsistant aujourd'hui
'
', tlstes de son pensionnaire' Les conditions' apparemmentlabo-. 'rieuses et mouvementées, du séjour à L!ège de ces auieurs;iont .
'
loin d,être éclaircies. L,ample commentaire dont Robinetaccom-,
pàS"" le texte (problémaiique) de N' Donato' publie par Plomteux'
enl0liaboration avec le parisien saillant, meriterait une étude;'
ies anritiés liegeoises Ce Duiaurens également''
Bruxelles, Bibliathèque Royale' V'H 7 786 A'OuPeye' Colleclicn Daniel Drcixhe' Bruxelles, Bibliothèque Rayate' 11 95" S59; V'H' 12'57'3A'
.
';
giot.: DE Tl'{EUx, Blb liogr, liégeoise, eol' 509, 609 et 691 ; l"i' FBANCOTTE' ôo. 67-68;
J
KUNTZI"GEH,-pp' 62-53; K' SCHNEi-LE Aufktàrung und'.
'Iieriilale Reaktion: Der Prozess gegen den Abbé Henri-Jaseph Laurens'.
Berlin, Rütten & Loening, 1963, pp' 51 et 130 sv; D DROIXHtr- loc' cit'comr.ne l'écrit Roland Mortier à propos des toges maÇonniques à
iiÀq",..,
XVille siècie, *l'intérêt majeur Ce l'éiude de ces scciélés secretes (elies i'étaien'! foi't peu à i'époque) esi Ce soullgner ialiaison etroite et directe qui existe entre elies et l'activité de ia
]ibrairiedansnospt.ovinces,'"L'espr.ltqujlesan]meestbiencelui
d'un siecle qui croit à ia puisse,nce Cu ll'rre, à la vertu de ia chose
écriie, à. I'importance Ce l'instruction' à la difrr.ls!on du savolr"'
Parrni Ies ir,rcr!meurs francs-rnaÇcrs,
R'
llr
/jiie
d'abord Fiançois-JoeeDh Desoerei
Clemeni Picrnteux' que i'on 'irouveatiities
à La
Parfeite lntelligence, udansles
graCesles
plusà:"uu*,;quant eux fils de Desoer et à Basscinpierre' i!s reievaient
Ce
La
Parfaite Egalité "loge plus Cémocratique"' Ajouions-y iimpnmeur-librair'à J.-H. Vasse' quiiui
grand-ma1i:'e de cette derniere société ouelcues annees avantla
Êévolutrcn'à
uneepoque ou il n'était pas iellement recornmandé d'être "frère": Hoensbroeck ne monti-ait pas pour les loges les sentirnents Ce son predecesseur Velbruck. ll faut souiigner que I'appui
maÇon-nique Oe ceiui-ci Cevait êtr"e particulièrement appréciê
-
ou recherché - par des commerÇants dcnt les entreprises n'étaient pus torjours orthodoxes. Prcmpts à éditer de "mauvais livres"'politiquement clangereux cr.l irnmoraux' les imprimeurs Iiégeois
pouvaient
se
dire, commeIe
fait
un
membrede
\a
ParfaiteIntelliqence cJarrs un poème de 1777"
Rien ne naus rtuit, rien ne nous intimide;
que pourrions-nous reaouter Césormais"'?
Liege, Ccl/ectr on Maxiie de Soer Ce Sc/ieres'
Bibl.: U. CAPITAINE Aperçu' pp' 409-12; R' MORTIER' Le siéc/e des LrÀiur", aux pays de Liège, de I'lamur et de Hainaut' pp' 82-83'
D.D.
25g
RÉPERïO:ÊE, DE"DESSC:]S
LE CCMPTCIR",DES
OUVRAGESVENDUS PAR
.A
MAISCND=SC=R, A l-l=G= ET A SPA: on trouve dans ce roniqrro Ie catalcgue irnprimê de 1774, interfclie,
rvY.u(r v 'lv \
eJregard
Ce listes nnanuscr:tes qLii en forment le q,rrrn!ôrnent. Celui-ci compte de nonrbreux iivresrre,ÿv'ÿ r'lvri
licencieux, philr:sophiques ou de coniestatton'
in-folio
On a joint au caialogue de 1774' Cans le même regist!'e:
Supp!éneni au calalogue Ces livres de F'J' Descer' 1775 (avec ule serle ce publications rnusicales) ei A nevr calelcgue of
Engiish bcoks impotieC by F'J' Desoer"t774'
Outre des ouvrages ne oréseniant aucun caractère
répréhensi-ble,
plus
ou
rnoins r'écents,ces
listes
cie supplements aucata:cgue officrei coirportent beaucoup
de
livres suspects'franchement "dangereux" ou "à ne Das rrettre entre toutes ies
mains,- Une orernièr'e catégorie
est
ccnstituéedes
ceuvresc|assêes ccïni.ne iegeres
cu
i:.nn,ro:.ales. Cela vade
Clai:cie-Joseptr Dorat (Les baisers)
et
Gentil-Bernard (L'a'd d'ainer'C;r,ptu* Ovide)
-
les "Soiies-Sergeres de la poêsie fi'ançaise"'cornrne cisent R. Mauzl ei s. Menant - au libertinage de Dulaurens
etîouger.etdeMonbr.on.Duprernier,ontrouvetoui:lmirceoula
fiile de
la
nature, Le conpere l'lethieu, apoiogie de la jouissanceCans
un
rnondeoe
ioucs,La
chandeliedArras'eic' (sur
!acomposition, à Lièçe, de certains de ces textes, voir ici le no255)'
Guari au second, ii est présent, dans Ie supplérnent manuscl"ii'
avecLecanapéÇculeUrdefeu(aitribuiiontraditicnnelIe)etle
"réalisme agressif
'
ae liargot la rc'vauCeuse C'etait une sorte de revanche pcur le casmcpolite,plein cie hargne, dont R' Tror:sson a ravive i'image: Fouger-ei I'avait-il pas,en
i75rr' ele chasse co Spa, où Frànçois--loseph Desoer vend -maintenant ses lrvres' cansdesédliionstculesneUVeSce.,TTS?Chezl'r-lnccmrneChez i,auire de ces auteui.s, c,esl l'arr.iere-fonc cynique ce le ËrlnceD.D.
M.C.
FRANÇOls-Toile
'.
Vur,
1750, par son installation sous la Tour Saint Lambert à':
'l'enseigne 6s l3 "Main d'or,, FranÇois-Joseph Desoer Cevient le,fondatàur d'une lignée de grands imprirneurs Iiégeois' Doté d'un
.
sens aigu de I'opportunité et du commerce' il s'assure à long.
.,o*"
;;
succes immediat par l,intérêt qu'il por.te à la ville de spa,'
"
repuiee et frequentee par le beau monde de l'époque pour ies:
vertus curatives de ses eaux' Les Nouveaux Amusements des'
Eauxde Spa du Docteur J.P. de Limbourg peuvent être considérés'
comme une des mellleures realisationsde
Desoer dans ce ..ùà*rinu
alors qu'en 1752 déià,le Prince-Evêque lui accordait le.
"
privilege exclusif d'imprimer pendant dix ans la liste Cesétran-gers vànant prendre les eaux dans la cité arcennaise' Mais il ne
.
Ie contente oas de cela et son écleciisme en matière d'édition f ait'
..de son imprimerie, bientÔt agrandie et iranspiantee à l'enselgne.'dela.CroixC'or,'auPontd'lle,unesortecie"bibliotheoueCe
.':l'honnête homme' oÙ I'on peut déceler, comme un signe de ses ldées avancées, un leger penchant pour les sciences exactes et
.
,leè matieres utilitaires. Membre créateurde
la
Sociêté iibre ....d'Emulation,initiateur.d,unPr.o,jetd'associationdecitoyens''-presentantlepland'unesociétéd'uniypenouveau'inscritàla
;
Loge de la Parfaite lntelligence, il participe de pres à I'avènement; aeé temps nouveaux et à la propagation des idées
philosophi-' ,philosophi-'
ques en lmprlmant les textes des pieces jouees à Liege pa'r !es
..'comédiensfrançaisetausàlaplumed,auteur.srécutescange-i ..'comédiensfrançaisetausàlaplumed,auteur.srécutescange-i"r*
comme Voltaire, et en se reservantà
partirde
1754' 1a.publicationdelafameuseGazettedeLiege'd'alileur.sétr.oitemeni ,:.surveillee Dar
le
pouvoiren oiace
C'est pendantie
régirnefra.nÇaisque!eseffortsintelligentsettenacesdufondaieurse
'
.voientr."ôo*p"n."s.
Jacques-François, digne successeur Ce'son pere, apres avoir souffert un iemps de s'ètre Iancé dans ie
..
journalisme de combat avec i'impression (du 30 novembre 1792-':.'au4mars1793)delaGazettenationaleliégeoise'organedes .:.,
patriotes
de
la
Revoluiion, cevient i'imor.ir.neur attriréce
iaprefectu:'eduDepartementdel'OuriheCesuccèsl'aldeàse
.
plier au regirne franÇais de contrÔle de l'édition liégeoise'liège, Collection Maxime de Soer de So/iêres'
. '
'Bibl.: J. STIENNON ., Une dynastie C'édileurs-imprimeurs liégeois: les
'.'
: Desoer, dans La Vie Waltonne, t. 24, Liège, 1950'" 258
DIPLOME
MAÇCNNIQUË
DEIACEDU NEET'\tr?
. UÿUL, I I ILVVL/ I
1777
' '
1éelle Quep*int
re propre cynisme clu regardde
l'écrivain.: Prostituees
qui
rêussissentet
aventuriers libérésde tout
y'''
dessinent I'enversde ta
société propreite,,l
*oâ"î-ààni
'
,
.l'ideologie bourgeoise veut construire Iimage, au mirieu du XVilre ...: siecle..
' A côié de cette ritiératu.e ribertine où domine ra gr.ivciserie, le'
. 'sùpplement propose au iecteur hardi |essentier d'uÀe production..
philosoohique de plus hauie tenue, oui n,a pas toujours pour le.
,(DeuDle" et les petits marginaux la sympathie Ou"urt"r*
qu:o..
'
.vient de citer.cn
trouve ainsi, sous ra iettreo,
res ceuvrss de Rousseau (en 1 6 ou en 1 g volumes), de Montesquieu, de Voliaire;"
ailleurs,le
repertoire rnentionnera
coilection cotrnprette des.æuvres... de Diderot et donne en vente tcut irerveilus (voir- sur
"'
celui-ci notre n02s3), y conrpris des écritsie
seconcre rigne, du'
moment qu'irs portent le no,.n du philosophe (ccmnre ie vrai sens..
Cu sy.steme de !a natur-o, ouvrage attribuà, "posthurne,, à Fieive_tius).
Car
un
nom célebre,en
couverture,fait
evidemment''.
be:rucoup pour re rivre, et sert à re crasser. parfois de manière'
. indue, il est vrai:dans la page manuscrite qu'on exoose (lettre T),''
le premier titre presente un Tabreau phirosophicue de t;espritie
' ..vcltaire. Mais ce mechant texte, composé par
|abbe saba.tier-de
' . casires pour "décréditerre oai.ia.che,, n'a rien ce ch;lcsophique
.
.et se sert surtout à des fins publicltaires d,une figur.e coniue.'
Voliaire et son action dominent en effet cans ce caiarogue - avec le rayonnement de son cornbai pour ia tcierance, ccnireI,obscu-.
. iantisme sterile et les "rnassacres juridicues,,, illustres par. les.affaires Caias, La 3arre, etc. La iisie exposee en temoigre, oui
propose son rralté sur la tolérance, ainsi que ie Traité des délits et
'
{es pernes de Beccaria (en faveur de reformes judiciaires) et le
Tableau de I'Europe ajoute à la critique Histoire des deux /nde-" de
I'abbe Raynal (sur cet ouvrage, voir notanrment, ci_apres: Litte_
rature dialectale, no s04). Encadrant Ia orotestation vcltair"ienne
... cont!'e les abus du rigorisme chretien, et praicant Oour une reiicion
.
raisonnable, les modérés du courant phiiosoohioue d'avant r750sont, aussi, bien representes. La maison Desoer offr-e à l;r-e tcutes
.les Leftres du marquis d'Argens, qu,elles soteni iui ves, chinoises ..ou caballstiques, et res rûæurs du tencre Toussaini, rivre
conda,,n-.
ne au bûcher en I 748.'
'Mais I'imprirneur-ribrairedu pont d'ile vend encore à ses clients
':
des ouvragesplus "forts,,, où Dieu
et
le pouvoir ne sont oas.
menages. Le materialiste Boulanger, par exemple, figure Lsce_ .tementau
catalogue, evecses
Fecherches sur "t,origine clu.
despolisme oriental (176 j ) et son athéisme virulent, que JcanCa-,.'la
lisent les miseres et les malheur.s attaches au de'eloppement dereligion. D'autres phiiosophes bilieux, d'autres Àéconten:s .l'accorrpagnent en sourdine: conrrne cei Ange Goudar qui
com-.Tel,:e pa'dir-e dans son Espion chinois, note Voltair.e, «oue le i-oi .de. Fr-ance
est
le
roi
des
gueLtx,.Ou
ccrnr.neces
auteurs 'd'occasion,souvent obscurs (Darigr-and, de Forge, Vieiih), qui s'a:itaquent au croblerne des finances publiques en rnettant en
." caus,e ce quiappa'aît vite sous res traits d'un s_vstème. Le pcuvoi.
.
ne.s'y trornpe d'ailleur.s pas, cui ies pourchasse avec iouie la'severite dont ir ne Deut user'à r'égard cies phiicscphes en vue.
c'est qu'il y a' dans cetie irrfra-rjtlérature contre les f irrancirlrs,
dans ces traites sur-ies véritabtes iniérets ce ra patrie (ceut-être imprimes à Liege en 1 764) ou
sur
les inconveÀ;;,,;;;;.;;;
..téodaux, une fermentation constante dirigee con.irele
vieuxregime. De temps
en
tenps,
ceije_ci prenc,de
j,auCace ets'exp.me noir sur. blanc: ainsi,le cataiogue Desoer enregistre un Essai contre l'abus du pouvoir des so,.irera,ns... sutvi
du
Tocsin conlre le Cespotisrne du scuverarn (,i776).on peut trouver ces critiques "chagrines, (cor"nme disait Vortair.e ".'à propos de Soulanger)
, et parfois formuiees de faÇon na.ive. Mais
'
le malheur ver,rt qu'on ne puisse pas encore !es consicere!. comme totalement Cenassees. N'insistons pas sur. !es echos aciuels'..d'une constaiation
comrne ceile faite par.Ange Goudar en i 765, à
I'intention du roi qr'ilexiste ,,six carticulier.s cui possedent à eux
..t 1e
seuls quatre cents nriIions: c'est-à-cire, qu'iis ont re tier.s cu.totar
des richesses et par lâ ont cjans leurs coffr.es les pr:: rr.;ns de six
millions de vos autres peunles lsujets]
".
Ce qu,il faucjrait pour avcir une naiion saine, cr.oit GouCar, c,est "que cette sornme fût reoartie géométr.rct,.:ernent...".It
lor.squ,ii plaide pour une *prag_ rnat:r',,t,r':
l'arnbllioi.r"-
i-noyet iégal C'"etabiir. un terrne limiià"rj:,:
.'chissen_.enidesindivtCus_,ilrappelleCurernentànctr.eéc,,,-'.::, les tribulaticns ouotiCiennes Ce l,impôt sur la forlune. Aussi repcnc-il d'avance à iout |a.senar ces so.ohismes
ccnser-vateurs quanc ir pou.su:i, avec ra srnrpricite des choses vr-aies et
definitives: "Ceux qui ne melient point de bornes à ieur cupiCite
ne
rnanqueroientpcint
d,appelercei
etablissementune
Ioi tyrannique: rnais la gêne des particuirers, rcrsou'elle re,rient à I'aisance cublicue, esl ia ve:.i1able liber.te,.Ajouions un dernier mot ccncernant ra crovenance des écitions
offeries oar ie supoienrerl. La ljsie.narrtsc"ite
cu'o.-prJ.".t"
pose bien la quesiion Ce I'appori des presses locales. On yrerne!'cue d'abo.d unTableau rie I'Eurcpe imprir-né à Maestilcht pai Jearr-Edme Dufour (qui avait pr'éferé à ra nationariie rieceoise une
apoai'tenance b.abançonne, vraisembrabiernent oour. échapcer aux'igueurs de la censure principautaire). On y reieve oar aiileurs le Treiié des délits et cies peines, titre que met en evidence, parmi
les contrefaçons riegeoises, re tabreau de Defrance La visite a
I'imprimerie, et on .etiend.a aussi re Traité sur ra torérance, dcnt Rouen avait inondé notre conrmer.ce Cu livre en.r764, lors C,une
affaire d'édition ciancestine oui avaii rnai toulné. Nur doute que
plusieurs impressions phirosophioues reariseàs chez nous doi-vent figurer sur ces tistes: cornme, peut-être, cet Espion chinois
oue
le
coloorteur normand Marais acheteen
quantitéà
Ce Boubers, en 17ôS. On airi:.:r.ait ccuvoir. alouter encore au palma_rès
de
l'edition Cu cru Ces textes commele
Despolisme deBoulanger (dont une oari;e du ccrnmeice s'ef{ectue à couo sur-par Liège) ou les Entreiiens de Bcitngbroke et d'Orobio.
Liege, l/usee de la Vie vtallonne. Bibi.: i. SlRARD, op. cit.;p.. \4AUZl et S. IIENANi Le XVtile siec/e _ It, coil. Litterature f rançaise, paris, Ar-thaud, i 972; FOUGERET DE MONBRON, Le
Cosmopolite sui'ti cie ta Capitale des Gaules, introd. et notes par R.
TBoussoN, Bordee.ux, Ducros, 1970; K. L. GEE "te cenepe»: r)ne erreur bibliographique rectifiée, dans Âeyue d'hist. litt. Ce ia France, TB, .197g, pp.
199-9?' A GOUDAR, L'espton chinois, Cologne, 1765, t. ilt et rV, pp. i 5 et 175.; iü.-F. GERARD, ,1spects de I'editrcn et de ta tibrairie à Liege sous ie
regne de Ch.-N. C'Oullrencni (1763-1771), rr,en. Univ. de Liege _ phil. rcn ane, 1978; 3. DpCtXi-jF, 1cc. cii