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Editions et contrefaçons philosophiques

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(1)

.t

.

x[ -

EDTTToNS

ET

CONTREFAÇONS

PH|LOSOPHI-QUES

3

LES BASSOMPIERRE

246

MAISONS

DE

LA

RUE NEUVICE OCCUPËES,

.

DANS

LA

SECONDE MOITIE DU XVIIIC SIECLE,

:

PAR LES IMPRIMEURS BASSOMPIERRE, PERË

ET FILS (Nos

45 et

55)

L.e contraste est frappant entre l'immeuble, relativement modes-te, où Jean-François Bassompierre établit en 1752 son imprime-rie, à I'enseigne de l'"Arbre d'or" (à gauche), et la riche demeure

tine, notamment voltairienne. La page Ce titre reproduite à gauche ouvre la première édition séparée de ce court texte publié d'abord par le Journal encyclopédique, que dirigeait à Liège Pierre

Hous-seau

(v.

la

section "Presse"); l'édition, datée

de

17Sg et prudemment dissimulée sous la rubrique "Paris", est celle dêcriie

par le catalogue de la Bibliotheque Nationale, volume Voltaire

(1978), sous le no 2313. Les Bassompierre ne tarderent pas à révéler leur responsabilité, dans cette impression: la page de titre reproduite au centre, qui ne differe Ce la précédente que par la mention de l'éditeur, en témoigne; elle fut simplement substituée à la page de titre originale dans ce qui se présente comme une

"

seule édition (v. cat. BN, no 2315, ainsi que de Theux, col. 582).

Quant à I'impression de 1760 évoquée à droite, certains éiéments permettent d'y voir une fausse édition liégeoise (papier de la

généralité de Rouen, imitation du portrait de Voltaire; v. cat. BN,

no 2328 et Vercruysse, loc. cit. infra): contrefaÇon qui attesterait

-

valut aux mieux encore, Bassompierre sans doute, la publlcation que ses d'écrits modèles comme

-

le renom quele Précis.

Sans entrer Cans la question d'une collaboration, fort probable, entre Bassompierre et Pierre ffousseau, on retiendra le caractère

déterminant

de

l'impulsion donnée

au

mouvement d'édition philosophique à Liege par Ia présence dans nos murs du bureau du Journal encyclopéd iq ue,

Reproductions photographiques. Bibl.: J. VERCRUYSSE, Quelques éditions /iégeolses de Voltaire peu connues, dans D. DROIXHE et al., op. clt - D.DRôlXHE, toc. cit.

D.D.

248

ORDONNANCE DU PRINCE-ÉVÊOUT CHARLES

D'OULTREMONT RÉGLEMENTANT,

AVEC

"PLUS DE

SEVERITE,,,

LES

PROFESSIONS

D'IMPRIMEUR ET DE LIBRAIRE, EN VUE D'EN.

RAYER

"LA

CONTAGION

DES

MAUVAIS

!-I-VRES" ET EN PARTICULIER DES "OUVRAGES

D'IMPIETE,

COMME

MATÉRIALISME, DE

DÉISME, D'ATHEISME, ET AUTRES PAREILS". 29 janvier 1766.

Placard r^n., rvv Ââ

^ uu

Même si certains mandements ou ordonnances semblent parfois inadaptés à la réalité de l'édition clandestine, ou en retard surelle, et même si les peines qu'ils prévoient ne devaient pas constituer une menace bien redoutable pour les importants contrefacteurs liégeois, ces édits promulgues par les princes-évêques à I'en-contre des "mauvais livres" ne oeuvent être consiCerés comme purement formels, ou insignifiants. Telle est cette ordonnance, qui, un peu plus d'un an après un mandement de routine, marque une vigoureuse prise de conscience des progrès de l'irreiigion dans la principauté; une semaine avant sa publication, une Leti,.e pastorale avait dramatiquement exposé "l'horreur" ressentie par un prince-évêque très pieux à l'égard de ces "hommes dégages

de tout

préjugé"

qui

conspirent

l'ombre d'une tolérance universelle", en exaltant «SanS cesse les droits et les prestiges de la raison,,. Charles d'Oultr'emont prend dès lors des rnesures sérieuses: renforcement Cu contrôle de la profession d'imprirneur (avec renouvellement d'admrssion, confirmation du serment de

catholicite, inscription auprèà de la chancellerie, obligation de signaler l'atelier par un écriteau), répression speciale de l'impiete (plus durement sanctionnée que la pornographie), libre acces, pour les officiers du prince, aux maisons "des libraires, impri-meurs, distributeurs et colporteurs». Dans la,. même liç1ne, une

fonction de censeur sera instituée l'année suivante (la charge étant jusqu'alors assurée par des examinateurs synodaux). Tout

.

occupée par son fils à partir du milieu des années septante

-' " 'symbole du remarquable essor que connut alors l'entreprise

familiale. Jean-François père avait exercé le métier d'imprimeur

'

en Outre-Meuse, dès 1734, avant de se fixer

en Neuvice (d'abord à I'enseigne de la "Ville de Hasselt"), artère ou etaient installées . au XVlll' siecle plusieurs imprimeries (celle des Barnabé, de

$ylvestre Bourguignon, de Bérard, etc.). La maison qu'habita Jean-François fils, portant l'enseigne "Au Moriane", se trouve en

. face de I'eglise Sainte-Catherine.

,

Reproductions photogr.aphiques.

Bibl.: J. BRASSINNE, L'imprimerie à Liege jusqu'à la fin de I'Ancien Régime,

dans Hlstoire du livre et de I'imprimerie en Belgique des origines à nos jours, . V, Bruxelles, Le musée du Livre, 1925, pp. 3B-41 ; D. DROIXHE, Voltaire et

l'édition liégeoise jusqu'en 1765: A propos d'un embastillemenidans D. DROIXHE, P.-P. GOSSIAUX, H. HASQUtN, tü. MAT-HASQUtN ed., Li vres er

t.umières au pays de Liege (1730-1830), Liège, Desoer, j 9BO.

.

D.D.

247

VOLTAIRE, PRECIS

DE

L'ECCLESIASTE,

édi-tions

de

1 759

et

1760.

Cette suite d'éditions montre bien le rôle et le rayonnement de la rnaison Bassompierre dans le domaine de I'impression

clandes-';

(2)

7

'.

ceci ne suf{it pas à impressionner certains contrefacteurs. Mais

.

'.

'd'autres purent y réagir par une relative auto-censure. cera oaraît

êlre le cas des Bassompierre

-

dont le nom f igure comiquiàment

'

au bas de ce placard, sorti de leurs presses: leur production

'.'.'voltairienne,

jusqu'au début des années septante, montre en

'

particulier un frechissement sensibre à partir du moment où re

.

.' prince nomme Jean-François père son imprimeur

et

celui du

..

conseil prive (1764), pour révéler peu après le vrai visage du

'

maître et du dévot.

...

,

Liège, Archives de t'Etat.

. Bibl.: T. GoBERT, L'imprimerie à Liege sous |Ancien Régime,

dans Builetin

.

'

de l'lnstitut archéologique liégeois, t. XLVll, 1922, pp. S3-S4 et 74; A.

'

LEVERT, contribution a |histoire de ra censure des rivres

a

Liege au

.'

.

.Xvlile siecle (1 694-t 789), mém.Univ. de Liege - Histoir e, 1977,po. tà1 sv.

et.'l 50 sv.

D.D.

.,rnots

EDtTtoNS ANTI-VOLTAIRIENNES AUXQUELLES

.

PARTICtpALAMA|SONBASSOMP|ERRE

(1767ET1776):

..

'RÉpurre

poun sA

pRoDUcloN

pHtlosopHteuÉ,

"'lcruE-ct

sAtr

EGALEMENT

JouEB

LA CARTE DE

L,oR-. . THODOXIE OUAND LE COMMERCE OU LE

POUVôÉ

L'V

..: INVITENT.

25'1 diffèrent notamment par un trait aussi caractéristique que res

signatures. Ceci laisse entrevoir quelles diff icultés peut rencon_

trer une typologîe de l'édition liégeoise des Lumièr.es.

lnsistons par ailleurs sur le rô!e de cette edition, et même des imprimeurs considérés co!îme ,,orogressistes,, dans Ia Cifiusion du combat anti-philosophique. Ennemi intime de Voltaire, qui le

ridiculise régulierement, le "pauvr-e ex-jesuite Nonnotte, voit ses Erreurs

de

Voltaire

-

une ceuvre

à

succes

-

réimprimées par Bassompierre et Barthélemy Collette (etabli au quai Sur Meuse). Mais le cas du P. Richard est encore plus caractéristique, du point

de

vue

de

l'édition princioautaire. Ce dominicain,

à

qui

l,on

attribue parfois la paternite de notre no 2S0, Voltaire

parni

les ombres, r=-.,ublie plusieurs de ses æuvres sous des marques

interviennent divers imprimeurs liégeois: Bassompierre, bien sûr, mais aussi Orval-Dernazeaux, Demany (des réponses à Condor-cet et Marmontel, en 1775 et 1777), Gerlache (en particulier une

réf utation de Gaudet; 1778), Desoer (con.!re Voltaire), painsmay

(des ouvrages contre Voltaire

et

d'Holbach; 1279),

et

même Plomteux ou Vasse, futur grand-maître de la loge de

la

parfaite Egalité (réfutation du systeme social et de la politique naturelre de

d'Holbach,

en

1775).

A

travers les éditions liegeoises du p. Richard, ce sont ainsi, à la fois, I'activité de plusieurs imprimeurs de la capitale principautaire qui est illustrée, en même temps que le débat philosophique qui revit à larges traits. Celui_ci apparaît

centré

sur la

critique

du

fanatisrne

et

le

combat pour

Ia

loi

naturelle (Voltaire, Marmontel), mais il peut également s,étendr.e

au materialisme d'un d'Holbach ou au radicaiisme d'un philoso_ phe trop meconnu comme Gaudet, pour qui les masses populai_

res "doivent renverser la puissance qui les pille et tes opprime,,

les

rois n'étant

du

reste que leurs «premiers salaries,. Ces principes, Cefendus

il y a

deux sièctes, peuvent encore êtr.e medites.

Oupeye, Collection Daniet Droixhe.

Bibl.: FR, B.C.B. MOU,-AÉRT, Vie et æuvres du R.p. Charles-Louis Richard: Un confesseur de la foi au XVllte sléc/e, Louvain, peeters, .1

867. D.D.

252

Abbé PI-UCFiE, LE SPECTACLE DE LA NATURE,

CONTREFAÇON LIEGEOtSE.Titre

du tome ill ei

planches

iliustrant d'une part

le dêviCage

de

la

soie,

d'autre part

la fabrication

des

chandelles, aux tomes Vl

et

Vil.

Cette ceuvre de l'abbé Pluche, dont les neuf volumes parurent d'abord de 1732

à

12S0, connut dans toute l,Europe du XVlll"

siècle

un

extraordinaire succès. Une étude classique

de

D.

lüornet a montré que deux bibliothèques parisiennes sur cinq la

possédaient (elle etait plus répandue que La Henriade de Voltai_ re...). Une telle reussite s'exolique notamrnent par I'intégration,

dans l'apologétique chrétienne nouvelle

qui

s,exprime chez Pluche, de ceriaines preoccupations sociales

ou

techniques cher'es aux Philosophes: i'æuvre, qui se propose de mcntrer, Ce

façon parfois très nalve, les manifestations de la providence dans les merveilles de la nature, fait aussi une place Ce choix aux "arts mecaniques,, et les exalte d'une manière qui annonce pius ou

moins l'Encyclopédie.

Les deux planches oresentées ici peuvent iIustrer cette tencian-ce. La premiere (Le Dévidoir) et le texte qui I'accompagne sont surtout signif icatifs, car s'y manifeste un souci de mecanisation que rencontre - autre providence - une volonté sincère de progres

social:

il

faut supprimer l'horr-ible misère des carnpagnes en

occupant "parmi nous

un

grand nontbre d'ouvriers

par

une fabrique animee", du iype de celle que promet la *belle invention,,

du devidoir à multiples "rochets" (bobines). Cette alliance Cu machinisrre,

de

l'utilite sociale

et

cje la char.ite abouiir.a, par

NONNOTTE, LES ERREURS DE VOLTAIRE,

troi-sieme

édition,

revue,

corrigée

et

considérable-ment augconsidérable-mentée, avec un Avant-propos pour le

second Tome, et une Table des matières. A Liege,

chez J.F. Bassompierre,

et

se vend à Lyon, chez Jacquenod, père, et Rusand, libraires, grande rue

Mercière,

au

Soleil,

1767, t.1.,

in-12,

XLVIil-541-3

pp. d'errata

(inconnu

au

de

Theux).

-lmprimé

sur

moyen auvergne

d'A.

Nourisson, à

l'exception

du

premier cahier,

imprimé

sur

un

papier

imparfaitement identifié. Signatures

ma-juscules, chiffres

romains,

à

droite,

au

demi-cahier, réclames en fin de cahier.

'.

25O

[ANON],

VOLTATRE

pARMt

LES

OMBRES. A

'.'

r'

:

Paris, et se trouve à Liège, chez J.F.

Bassompier-re, libraire

et

imprimeur, à Bruxelles, chez J. Van

.' :

den Berghen, librair.e

et

imprimeur, 1776, in_12,

.

XVll-329 pp. (de Theux, cot. 646).

-

lmprimé

sui

.

papier

sans

filigrane.

Signatures

majuscules, ..

:.

chiffres romains, à droite, au demi-cahier, recla_

.

r.i

.

mes en f in de cahier. I

lch.

-1. BTCHARDL VOLTATRE DE RETOUR DËS

OMBRES, ET SUR LE POINT

D'Y

RETOURNËR POUR N'EN PLUS REVENIR. ATOUS CEUX QU'IL

A

TROMPES.

IMêmes

tieux d'edition

que

ci-dessusl,

1776,in-12, Vilt-91 pp. (de Theux, ibid ).

-

lmprimé sur raisin RVS à la couronne. Signatu_

res

majuscules,

chiffres

arabes,

à

droite,

au

demi-cahier, réclames en

fin

de cahier.

Bornons-nous à sourigner ici res c.reux points suivants. D'une part,

' .uIè. certaine disparite typographique, entre ces ouvrages co_

'

e-dites par Bassompierre. pubriees ra même annee en

coilabora-. tion'avec le même partenaire bruxellois, les impressions 250 et

(3)

7 '.:, .

àxe.,rr:le, à la condition des tisseurs lyonnais, vers l'époque Ce la

:'

,:;l:r: dix-huit heures de travail quotiCirri (la journéè de

'

..:'".i!"üs constituait un régime courant, dans la plupart des

.rrei.rers),. "déformations et dégénérescence atavique", grande 'instabilitê du salaire, etc.

.A l'afïùi des best-sellers du temps, I'imprimeur Bassompierre ne pouvait manquer de contref aire l'ouvrage de l'abbé Pluche, publie

.

à Paris, avec privilege royal, par les frères Estienne. S'adressant

.

à

un !mDrirneur parisien fictif, Diderot

a

raconté avec quelle

'

âudace et quel sens Ces affaires l'entreprise fut menée. "Si un libraire de Liege ecrit impudemment à des libraires de Paris qu'il

.va publier

le

Spectac/e de

Ia

nature qui vous appartient, ou

.

quelques-uns des Dictionnaires portatils dont vous aurez payé le privilege une somme immense; et que pour en faciliter le debit, il y mette votre nom; s'il s'offre à les envoyer; s'il se charge de les rendre où l'on jugera à propos, à la porte de votre voisin, sans .rpasser

à

la chan'rbre syndicale;

s'il

tient parole,

si

ces livres .arriveni; si vous recourez au magistrat et qu'il vous tourne le dos; ne §erez-vous pas consterne, décourage

et

ne prendrez-vous

'.pas

le parti ou de rester oisif ou de voler comme les autres"? Certains exemplaires du Spectac/e sortis des presses de Bas-sompierre oortent en effet la marque des Estienne, mais ils sont

. trahis, des le frontispice, par les gravures du Liegeois Demeuse '.(qui signe

les

planches exposees,

et

qui

rivalise avec son homologue Le Bas dans les dessins de machrnes alors qu'il lui est

'inférieur

pour la representation des personnages), par les

plan-ches de J.C. Back, etc. D'autres exemplaires, de loin les olus '.rares, portent iranchement I'adresse de Jean-François Bassom-'pierre et de son associe bruxellois Van den Berghen; c'est ie cas

de l'édition presentée ici, qui est datee de 1752.

.

'

La collaboration de Bassompierre à la dlff usion du

prcvidentlaiis-.. 'me capitaliste de Pluche est finalement exemplarre: le cynisme de

.la libre entreprise, que denonce Diderot chez le contrefacteur

'

'

liegeois, est en accord parfait avec la realisation historique Ces vues de l'abbe, de même que la dualité de Bassompierre, comme .imprimeur

des

Philosophes

et

de

la

reaction catholique (v.

.

. ci-dessus), s'harmonise à la conciliation que tente le Spectac/e Ce

.

la

nature entre religion

et

mouvement

des

Lumieres. Entre l'Encyclopédie et le Génie du christianisme, I'ceuvre de Pluche est particulierenrent representative d'une epoque conrplexe; l'action 'correlative de Bassompierre, à sa mesure et a sa maniere, ne I'est

qal

moins.

Liége, Collection llaxime de Soer Ce So/leres. Bibl.: DIDEROT, Sur la liberté de la presse,l e éd. 185

1 ; texte oartiel etabii,

.

pr:eè. et annoté par J. Proust, coll. Les classiques du peuple, Paris, Ed.

.

.sociales, 1964, p. 73; J. EHRARD, Le Xvltte sléc/e - /, coil. Litterature

. f rançaise, Paris, Arthaud, 1 976, pp. 20 et 40 sv; A. SOBOUL La civilisation

" àt la Révolution française,l, coll. Les grandes civilisations, Paris, Arthaud,

.. 1970, pA.21A-41, 429 sv., etc.; R. \lORTlER, Clarlés et ombres du siecle

'..'des Lumteres, Etudes sur le XVllle srecle iiiteraire, Geneve, Droz, 1969.

D.D.

...DEUX EDITIONS LIEGEOISES DËS GUVRES

D'HELVE-.;TIUS. LES VOLUMES PORTANT LA MARQUE DES

BAS-SOMPIERR-î

(1774)

CONSTITUENT

LA

PR=MIERE

EDI-.

TION DE CES G.UVRES COMPLETES. L'AUTRE ED|TION

,

.(1776)

SORT DES PPESSES DE CLEMENT PLOMTEUX.

:'-.

.

,.':'

.253

HELVETIUS, CEUVRES,

éditions

de

1774

et

1776.

.'L'ceuvre scandaleuse du fermier général Helvétius, théoricien

seiisualiste de l'egalite naturelle des hommes et défenseur de

.

l'interêt collectif,

ce

I'utilité générale, jouit d'un traitement de

.

'àvec favéur, de la part de l'édition liegeoise. Des 1 758, en collaboration

Pierre Rousseau (v. la section "Presse"), Everard Kints

publie une contrefaÇon

du

fameux livre De I'Esprit,

dont

la parution, en cette même année 1758, joua un rÔle nctolre dans I'interdiction de l' E ncyclopéCie: contref açon réalisêe si ronCenrent

que, selon P. Fousseau, elle "devancera touies les autr'-Às".

Aitaquant I'action impie

de

Rousseau,

Gr:'.'

''t:

de

5rc.'nent

évoquera noiamment cette réimpressicrr'

,

..':', ;'ilre r,'Heivi:ii'::l

fait

par ai!leurs l'objet, dans

le

Journal etcyclr:J:ediqvs,

('rf:

compie rendu favorable qui va bientÔt consiiiuer "le chei d'ac-cusation le olus important contre le journai" (Van Hoecke). L'edition liegeoise ne perdit pas non nius beaucoup Ce temils pour fournir ie premier !'ecueil des Guvres d'Helvétius, peu apres

la parution posthume de son second grand traité, De I'Hamme (1773).

Le recueil en quatre volumes que Conne Bassompierre,

minutieu-sement

décrit par

D.W. Smith

dans

I'article mentionné

ci-dessous, montre des signes plus ou moins nets de confection rapide, voire hâtive. Seul le faux-titre porte I'indication Guvres completes,

de

sorte

qu'il

rassemble ccmmodément, mais de

manière expéditive, des ouvrages qui furent imprimés d'abord pour être vendus séparement, oeut-on croire: De I'Esprit et Le Bonheur d'une part, De I'Homne d'autre part (d'où la tomaison séparée de ces deux parties, inCiquée à Ia première signature de chaque cahier). Smith souligne car ailleurs que les deux parties, comportant chacune deux volumes, semblent dues à Ces compo-siteurs ou rnèn

e

es imprir:eurs differents: indice C'une volonté d'aller vite, dans la réalrsation de I'ouvrage? r

C'est toutefo:s un auire asDect de l'edition ouia retenu jusqu'icila critique. G. de FroiCcourt a bien souligné l"'enigme" posee par

cetie impression qui voit !e jour, sous le nom des Bassompierre, un an après une condamnation du traité De I'Homme parue dans la

Gazette de Liège. Comment expliquer que

la

grande maison liégeoise, chargée d'imprimer les êdits et mandements du prince-évêque Velbruck, se soit rlsquée à braver ies foudres du Synode,

alors qu'avec I'accord

du

prince,

il

venait de ccntraindre la Gazette à desavouer une annonce un peu trop elogieuse pour

"l'ingénieux Auteur Ce L'Esprit"? Si i'eCition est bien due aux

Bassompierre, com,"ne nous avcls ioutes les raisons de le croire, plus larges même oue celles avancées par Smith, la reponse à

i' "enrg:'r'e" courrait tenir entre i' imprudence et l'impudence: après ie regne cieux Ce Clearles C'Oultremont, un inrprimeur jouissant Ce la sympathie conrplice d'un ,,prince-ohilosophe" pouvait se

laisser gagner par un vent de liberation, au debut d'un nouveau regne. Que ceite edi',icn se retrouve, en 1797, parrni les !jvres proposes par la Socréie Typographique Ce Berne comme venant Ce son propre fonds (renseignement aimablement communique

par P.-M. Gason), voilà qui peut sans doute ouvr-ir l'hypothèse d'une falsification éventuellement imputable à la malignite d'un neveu Bassompierre dont on aimerait savoir plus. Sa présence à Genève, où ii travaille Cans Ie domaine de l'imprimerie, vers !a fin Ces annees septanie,

et

son activité à la Société Ce Berne

-coilaboration tres posterieure,

il

est

vrai

-

sont en tout cas suffisamment attestees. Mais par aiileurs, la mention des Guvres d'Heivetius dans le catalogue bernois peut aussi bien signifier oue l'entreprise iiêgeoise ne negligea pas certaines pr'écautions, comme de se decharger vers !a Suisse d'une partie plus ou nroins ii-nportante de l'édition. J. Lindt, qui procure ici l'informaticn de base, ne remet du reste pas en cause l'attribution aux Bassom-pier.e Ce cette imo.ession.

Cherchant à comprenCre un geste de témérité dont il ne faut pas grossir la portée, ne sous-estimons pas non plus I'orgueil legitime

d'un

marchand

qui

reçoit I'illustre Marnrontel dans

ce

qu'il presente ir:i-mênre coninre "une Ces beiies imprimeries

d'Euro-pe"

(l'episode

est

connu)

et

qui, sans complexe, propose à

l'academicien de l'installer en Neuvice pour' I'editer tout a lorsir'... Une confiance et une fierté identiques s'expriment, et mêrne se

lisent,

au

sens strict, dans

le

tableau Ce Leonard Defrance montrant une ÿisite à l'imprimerie - bren que l'atelier en ouestion

(4)

'

ne soit sans doute pas celuide Bassompierre, mais de plomteux. I

'

N'aperçoit-on pas, sur un pilier, un placard

symbolique qr.r1porte

..'

l'lnscription

"6Lrrr.r

de Helvetius, 6e édition"?

'.'

.Plomteux, en effet, donne aussi,

deux ans plus tard, son édition .-. des (Luvres complètes du philosophe, apparemment copiée sur la

.'

precédente, jusque dans !a pagination et les signatures. D.W.

'

smith a décrit avec re même soin res quatre vorurnes de ce recueir 'pubiié, plus prudemment,

sous I'adr.esse de "Londres,. Noions

'combien le calque ces p'atiques comoositoriares représentées

,

dans telle ediiion (rnême quand elies ne sont pas homogènesl)

'

'.. . rend

à

nouveau

très

délicates certaines entreprises

de

la

.".

bibliograohie nnatérielle. Remarquons également, bien sûr, en

" frontispice de cet exemplaire de l,édition plomteux, le portrait

...

d'Helvétius gravé par le Liégeois Henri-Joseph Godin. On com_

'

. lqs portraits coivent derive'd'une g'avure de saint-Aubin

reari-'

.

sée d'aorès Louis-Michel Van Loo.

Danie! Droixhe (ed. plomteux).

'

Bibl.: D.W. SNrtTH, Hetvétius et t'édition tiégeoise,dans D. DROIXHE et at.,

.

. op-. cit.; G. DE FROIDCOURT, Une enigme bibliographique: L,édition des

"Guvres completes d'Hervétius" des inprineurs tiégeois Bassompierre pere

..

'

gi_f1s, en 1774, dans La Vie wailonne, t. XXXViil, 1964, pp. a7_56;F. HENAUX Marmonter

et

res contrefacteurs tiégeois, dans Builetin du '

.

bibliophile belge,t. tl, 1e45, pp.394-95; J. LtNDI Die.Typographischen

'.

Gese/ischaft" in Bern, dans schwezerisches Gutenbergnuieu,lr, i9sB.

.

'

fasc. 4, p. 194; W. VAN HOECKe Les théologiens de Louvain et la cabale

..'

.contre le -Journal encyclopédique- (1759): La "Réfutation ce ta Réponse des '.:.journalistes", cans lras

-

sources and documents rerating to the earry

modern history of rdeas, tit, 1976, pp. 238 sv.; p. CCI_î\4AN, Henri_Joseph

.

.Godin, graveur liégeois (1747-1834), dans De gulden passer, Lil, 1974, pp.

. cJ-Db.

.' :

D'D'

UNE

EDITICN BASSOMPIERRE CURIEUSEMENT

CA-'

.MOUFLEE

...

:zsq

BL,TL!DGE,

LE

BUREAU D'ESPRIT, Bouber.s,

. ttIL

.

En t 776 paraissait la première édition de cette comédie satirique,

.

sous la rubrique "A Liège, chez Boubers, - désignation inhabi_

tuelle pour un imprimeur qui signe d'ordinaire sa production "de .." Boubers", ou "D(enis) de Boubers". l_,année suivante sortait de

presse une seconde edition qui, malgré une adresse identique, peut être résolument attribuée à Bassôr'npierre: divers freurons ei

''

. ornements caractéristiques

de

cette impression (ceux

de

la .préface et des pages Vil, 17,19 ei 3g) se r.etr.ouvent avec une

:

grance regularite dans les volurnes 3 et é des G.u,rres d'Helvéiius

'

décrites plus haut (une dizaine de fois pour res ceux premiers

. 'orilements,

'

plus de trente fois pout le troisieme), dans cer.tains volirrnes des OSuyres compleles

de

Marmontel,

qui

portent la

.

...même date que notre édition «camouflée» (v.

de Theux, col. 654;

.

la

concordance des f leurons empioyés pp. Vil, 1g

et 3g

est

''

exernplaire, en ce qui concer-ne le Bélisaire),dans les Mémoires et .

.

plaidoyers de Linguet (1776), etc.

.'t-e Bureau d'esprlt s'en prenait, de manière oarfois un peu odieuse,

'

'

au fameux saron ce Madarne Geoffrin et à ceux gui ie

fr-équen-.

.taient: en particuiier Diderot, La Harpe, ConCorcet, d,Aler:rbert, et

.

.auSSi Marmontel. Ce Cernier, evoqué

sous le pseudonyme de

''Faribolle,

est

toutefois menagé, par rapport

à

d,Alerrber.t ou ,'Cgndorcet, qui sont preseniés "l'un (...) iirid"

"orr"

l,envie, et

'l'autre

rampant cornme l,adulation,, -farnélique,

et

"mal_ ".'. propre,,. On peut cornDrendre que Bassompierre

ait preféré ne

. ilas Dublier sous sa marque une oeuvre qui visait sans esprit son

. hôte Marrnonier (v. no precéden!) et sans erégance re rnirieu cjes

'

,134

philosophes, décrits comme des parasites fanatiques, iâches et van iteux.

Cetie image d'un imprimeur désir-eux de se voir'rangé du côié des Lumières est du reste confir.nrée par Ruiiidge !rri-mêrne, Cans sa

préface à une autre édition Cu Bureau d'esprit.ll s'y cla,rt Ce ce que i'originale fut "mutilee ou Céf igurée en nornbre d'endrcits par. un lmprimeurbe/-espritoui s'ingere à rectifier le texte des Auteur-s

doni

il

peut venir à boui de surorendre et de s'aporoi:riri" les Manuscrits". L'édition exoosée ici cornporte en effet une appré-ciation laucatlve ce Voltaire qui est en contradiction avec le reste

Ce

ia

comédie; interpolation "stupiCe

et

bien digne

de

son

auteur", ecrit Êutlidge, "ou piutôt aduiation fade d,un mercenaire quivise à la préférence gratuite de quelques radotages poétiques Cu Vieillard de Ferney". Ceci en dit long sur des pretentions plus ou r'noins partagées à Liege par d'autre"r rrtisans du l:vre.

Bruxelles, Biblioiheque Royale, Faber 482/1.

Bibl.: E. WO*F, Rutlidge's Bureau d'esprit: Treuer Abdruck der zweiten Ausgabe (Loncon 1777) mit den varianten der vorhergehencen (Lüftich 1776, 1777) und einer Einleitung, Giessener Beitràge zur Romanischen Philoloqie 16, 192S.

D.D.

255

EDITION ABREGEE DU DCN

QUICHOïrE,

sortie des presses de Bassompierre qn 17T6.Unvol. de

Vlll-355

Llages, avec

31

gravures.

lrnpressiôn traCitionnellement considér-ée conrme un des som_ rnets du livre liégeois du XVlll" siècle. r-,édition in-folio, où le texte est encaCré (c'est celle qu'on présente; ilexiste aussi un tirage in quarto) est d'une inconlestable elegance. Abondamment illustré, donnant par ailleurs un texie réd!it, c'est le type d'ouvrage fait

pour la bibliotheque d'un oubiic incarne par le pr.ince-e,,,êque Hoensbroeck, à qui I'on prête ce mot, en réponse aux offr.es Ce service d'un libraire: Jamais je n'ai lu, et je ne comrnencerai pas à

soixante-quatre ans.

t i^^^ Collection padiculiere.

D"D. QUELQUES EDITiONS CNiGINAL=S PORTANT L'ADRES. SE DE LIEGE CU PROVENANT DES PRESSES

LIECEô-SES

256

BORD=U,

RECHERCHES

SUR

QUELQUES

PO|NTS D'HISTOIRË DË

LA

MEDECINE, 1764. D i,- LA U P E ir- S, LA C Fi A N D El_r-E D, AR RA S, I 7 6 S.

llo3l\:::.

ec,lion de

L'HC\:VE

D'ETAT Ce De:e_

IO, 1,767, R=ST;F DE

LA

EÎEîOirJ:t*E. INGENUE

SAXANCOUA,

l769.

Ces éditions

et

ies circonstances qui les entourent oïfrent de

muitiples proL.lemes. Dans le cas des Recherches du medecin

Theo:hile de 3o:deu - un des maîtres Ce Dider.oi en biologie, et l'un des protagonistes de son Reve de d'Atemberi -, cornn.te en ce quiconcerne lngénue Saxancour, une ceuvre Ce Resii.i ou I'inf luen_

ce de Sade n'esi pas trop à sa place, ies cuestions imrrecliaies sont les suivantês: pour-oueile raison, c,est-à-dire sur ia base cie

quelle collaL'oraiion, Liege apparaîi-eiie dans I'adresse de ces ouvrages, acresse où elie est associée, sans orecision quani à

l'imprin eur, à un libraire oarisien (Cailiea.u d'une oart, MaracJan de l'autre) ? Quel irnprirneur iiegeois é,yentuel ser-ait I'auteur cie ces éditions? Les autres livr.es quc I'on pr.esente sont !ies aLl passege dans

la

principauté

de

deux "ohilosophes Ce

la

nature,: ie

défroque Hen'i-Joseph Dulairrens,

iui

habrte au pont d'lle cfrez le tr'ès imoortant imprimeur- Denis Ce Boubers, Ce 1763 à i 7SS, et !'ex-jésu ite -lean-Baotiste îobinet ( 1 7§5-?). De BoLrbe:"s ecjiter-a

(5)

,'

,:.257

PC:?TRAIT

DE

FtrANÇOIS'JOSEPH DESCER'

fondateur Ce la plus ancienne imprimerie liegeoi-se subsistant aujourd'hui

'

', tlstes de son pensionnaire' Les conditions' apparemment

labo-. 'rieuses et mouvementées, du séjour à L!ège de ces auieurs;iont .

'

loin d,être éclaircies. L,ample commentaire dont Robinet

accom-,

pàS"" le texte (problémaiique) de N' Donato' publie par Plomteux

'

enl0liaboration avec le parisien saillant, meriterait une étude;

'

ies anritiés liegeoises Ce Duiaurens également'

'

Bruxelles, Bibliathèque Royale' V'H 7 786 A'

OuPeye' Colleclicn Daniel Drcixhe' Bruxelles, Bibliothèque Rayate' 11 95" S59; V'H' 12'57'3A'

.

';

giot.: DE Tl'{EUx, Blb liogr, liégeoise, eol' 509, 609 et 691 ; l"i' FBANCOTTE' ôo. 67-68;

J

KUNTZI"GEH,-pp' 62-53; K' SCHNEi-LE Aufktàrung und

'.

'Iieriilale Reaktion: Der Prozess gegen den Abbé Henri-Jaseph Laurens'

.

Berlin, Rütten & Loening, 1963, pp' 51 et 130 sv; D DROIXHtr- loc' cit'

comr.ne l'écrit Roland Mortier à propos des toges maÇonniques à

iiÀq",..,

XVille siècie, *l'intérêt majeur Ce l'éiude de ces scciélés secretes (elies i'étaien'! foi't peu à i'époque) esi Ce soullgner ia

liaison etroite et directe qui existe entre elies et l'activité de ia

]ibrairiedansnospt.ovinces,'"L'espr.ltqujlesan]meestbiencelui

d'un siecle qui croit à ia puisse,nce Cu ll'rre, à la vertu de ia chose

écriie, à. I'importance Ce l'instruction' à la difrr.ls!on du savolr"'

Parrni Ies ir,rcr!meurs francs-rnaÇcrs,

R'

llr

/jiie

d'abord Fiançois-JoeeDh Desoer

ei

Clemeni Picrnteux' que i'on 'irouve

atiities

à La

Parfeite lntelligence, udans

les

graCes

les

plus

à:"uu*,;quant eux fils de Desoer et à Basscinpierre' i!s reievaient

Ce

La

Parfaite Egalité "loge plus Cémocratique"' Ajouions-y iimpnmeur-librair'à J.-H. Vasse' qui

iui

grand-ma1i:'e de cette derniere société ouelcues annees avant

la

Êévolutrcn'

à

une

epoque ou il n'était pas iellement recornmandé d'être "frère": Hoensbroeck ne monti-ait pas pour les loges les sentirnents Ce son predecesseur Velbruck. ll faut souiigner que I'appui

maÇon-nique Oe ceiui-ci Cevait êtr"e particulièrement appréciê

-

ou recherché - par des commerÇants dcnt les entreprises n'étaient pus torjours orthodoxes. Prcmpts à éditer de "mauvais livres"'

politiquement clangereux cr.l irnmoraux' les imprimeurs Iiégeois

pouvaient

se

dire, comme

Ie

fait

un

membre

de

\a

Parfaite

Intelliqence cJarrs un poème de 1777"

Rien ne naus rtuit, rien ne nous intimide;

que pourrions-nous reaouter Césormais"'?

Liege, Ccl/ectr on Maxiie de Soer Ce Sc/ieres'

Bibl.: U. CAPITAINE Aperçu' pp' 409-12; R' MORTIER' Le siéc/e des LrÀiur", aux pays de Liège, de I'lamur et de Hainaut' pp' 82-83'

D.D.

25g

RÉPERïO:ÊE, DE

"DESSC:]S

LE CCMPTCIR",

DES

OUVRAGES

VENDUS PAR

.A

MAISCN

D=SC=R, A l-l=G= ET A SPA: on trouve dans ce roniqrro Ie catalcgue irnprimê de 1774, interfclie,

rvY.u(r v 'lv \

eJregard

Ce listes nnanuscr:tes qLii en forment le q,rrrn!ôrnent. Celui-ci compte de nonrbreux iivres

rre,ÿv'ÿ r'lvri

licencieux, philr:sophiques ou de coniestatton'

in-folio

On a joint au caialogue de 1774' Cans le même regist!'e:

Supp!éneni au calalogue Ces livres de F'J' Descer' 1775 (avec ule serle ce publications rnusicales) ei A nevr calelcgue of

Engiish bcoks impotieC by F'J' Desoer"t774'

Outre des ouvrages ne oréseniant aucun caractère

répréhensi-ble,

plus

ou

rnoins r'écents,

ces

listes

cie supplements au

cata:cgue officrei coirportent beaucoup

de

livres suspects'

franchement "dangereux" ou "à ne Das rrettre entre toutes ies

mains,- Une orernièr'e catégorie

est

ccnstituée

des

ceuvres

c|assêes ccïni.ne iegeres

cu

i:.nn,ro:.ales. Cela va

de

Clai:cie-Joseptr Dorat (Les baisers)

et

Gentil-Bernard (L'a'd d'ainer'

C;r,ptu* Ovide)

-

les "Soiies-Sergeres de la poêsie fi'ançaise"'

cornrne cisent R. Mauzl ei s. Menant - au libertinage de Dulaurens

etîouger.etdeMonbr.on.Duprernier,ontrouvetoui:lmirceoula

fiile de

la

nature, Le conpere l'lethieu, apoiogie de la jouissance

Cans

un

rnonde

oe

ioucs,

La

chandelie

dArras'eic' (sur

!a

composition, à Lièçe, de certains de ces textes, voir ici le no255)'

Guari au second, ii est présent, dans Ie supplérnent manuscl"ii'

avecLecanapéÇculeUrdefeu(aitribuiiontraditicnnelIe)etle

"réalisme agressif

'

ae liargot la rc'vauCeuse C'etait une sorte de revanche pcur le casmcpolite,plein cie hargne, dont R' Tror:sson a ravive i'image: Fouger-ei I'avait-il pas,

en

i75rr' ele chasse co Spa, où Frànçois--loseph Desoer vend -maintenant ses lrvres' cansdesédliionstculesneUVeSce.,TTS?Chezl'r-lnccmrneChez i,auire de ces auteui.s, c,esl l'arr.iere-fonc cynique ce le Ërlnce

D.D.

M.C.

FRANÇOls-Toile

'.

Vur,

1750, par son installation sous la Tour Saint Lambert à

':

'l'enseigne 6s l3 "Main d'or,, FranÇois-Joseph Desoer Cevient le

,fondatàur d'une lignée de grands imprirneurs Iiégeois' Doté d'un

.

sens aigu de I'opportunité et du commerce' il s'assure à long

.

.,o*"

;;

succes immediat par l,intérêt qu'il por.te à la ville de spa,

'

"

repuiee et frequentee par le beau monde de l'époque pour ies

:

vertus curatives de ses eaux' Les Nouveaux Amusements des

'

Eauxde Spa du Docteur J.P. de Limbourg peuvent être considérés

'

comme une des mellleures realisations

de

Desoer dans ce ..

ùà*rinu

alors qu'en 1752 déià,le Prince-Evêque lui accordait le

.

"

privilege exclusif d'imprimer pendant dix ans la liste Ces

étran-gers vànant prendre les eaux dans la cité arcennaise' Mais il ne

.

Ie contente oas de cela et son écleciisme en matière d'édition f ait

'

..de son imprimerie, bientÔt agrandie et iranspiantee à l'enselgne

.'dela.CroixC'or,'auPontd'lle,unesortecie"bibliotheoueCe

.':l'honnête homme' oÙ I'on peut déceler, comme un signe de ses ldées avancées, un leger penchant pour les sciences exactes et

.

,leè matieres utilitaires. Membre créateur

de

la

Sociêté iibre ....d'Emulation,initiateur.d,unPr.o,jetd'associationdecitoyens

''-presentantlepland'unesociétéd'uniypenouveau'inscritàla

;

Loge de la Parfaite lntelligence, il participe de pres à I'avènement

; aeé temps nouveaux et à la propagation des idées

philosophi-' ,philosophi-'

ques en lmprlmant les textes des pieces jouees à Liege pa'r !es

..'comédiensfrançaisetausàlaplumed,auteur.srécutescange-i ..'comédiensfrançaisetausàlaplumed,auteur.srécutescange-i"r*

comme Voltaire, et en se reservant

à

partir

de

1754' 1a

.publicationdelafameuseGazettedeLiege'd'alileur.sétr.oitemeni ,:.surveillee Dar

le

pouvoir

en oiace

C'est pendant

ie

régirne

fra.nÇaisque!eseffortsintelligentsettenacesdufondaieurse

'

.voient

r."ôo*p"n."s.

Jacques-François, digne successeur Ce

'son pere, apres avoir souffert un iemps de s'ètre Iancé dans ie

..

journalisme de combat avec i'impression (du 30 novembre 1792

-':.'au4mars1793)delaGazettenationaleliégeoise'organedes .:.,

patriotes

de

la

Revoluiion, cevient i'imor.ir.neur attriré

ce

ia

prefectu:'eduDepartementdel'OuriheCesuccèsl'aldeàse

.

plier au regirne franÇais de contrÔle de l'édition liégeoise'

liège, Collection Maxime de Soer de So/iêres'

. '

'

Bibl.: J. STIENNON ., Une dynastie C'édileurs-imprimeurs liégeois: les

'.'

: Desoer, dans La Vie Waltonne, t. 24, Liège, 1950'

" 258

DIPLOME

MAÇCNNIQUË

DE

IACEDU NEET'\tr?

. UÿUL, I I ILVVL/ I

1777

(6)

' '

1éelle Que

p*int

re propre cynisme clu regard

de

l'écrivain.

: Prostituees

qui

rêussissent

et

aventuriers libérés

de tout

y

'''

dessinent I'envers

de ta

société propreite,

,l

*oâ"î-ààni

'

,

.l'ideologie bourgeoise veut construire Iimage, au mirieu du XVilre ...: siecle.

.

' A côié de cette ritiératu.e ribertine où domine ra gr.ivciserie, le

'

. 'sùpplement propose au iecteur hardi |essentier d'uÀe production

..

philosoohique de plus hauie tenue, oui n,a pas toujours pour le

.

,(DeuDle" et les petits marginaux la sympathie Ou"

urt"r*

qu:o.

.

'

.vient de citer.

cn

trouve ainsi, sous ra iettre

o,

res ceuvrss de Rousseau (en 1 6 ou en 1 g volumes), de Montesquieu, de Voliaire;

"

ailleurs,

le

repertoire rnentionne

ra

coilection cotrnprette des

.æuvres... de Diderot et donne en vente tcut irerveilus (voir- sur

"'

celui-ci notre n02s3), y conrpris des écrits

ie

seconcre rigne, du

'

moment qu'irs portent le no,.n du philosophe (ccmnre ie vrai sens

..

Cu sy.steme de !a natur-o, ouvrage attribuà, "posthurne,, à Fieive_

tius).

Car

un

nom célebre,

en

couverture,

fait

evidemment

''.

be:rucoup pour re rivre, et sert à re crasser. parfois de manière

'

. indue, il est vrai:dans la page manuscrite qu'on exoose (lettre T),

''

le premier titre presente un Tabreau phirosophicue de t;esprit

ie

' ..vcltaire. Mais ce mechant texte, composé par

|abbe saba.tier-de

' . casires pour "décréditerre oai.ia.che,, n'a rien ce ch;lcsophique

.

.et se sert surtout à des fins publicltaires d,une figur.e coniue.

'

Voliaire et son action dominent en effet cans ce caiarogue - avec le rayonnement de son cornbai pour ia tcierance, ccnire

I,obscu-.

. iantisme sterile et les "rnassacres juridicues,,, illustres par. les

.affaires Caias, La 3arre, etc. La iisie exposee en temoigre, oui

propose son rralté sur la tolérance, ainsi que ie Traité des délits et

'

{es pernes de Beccaria (en faveur de reformes judiciaires) et le

Tableau de I'Europe ajoute à la critique Histoire des deux /nde-" de

I'abbe Raynal (sur cet ouvrage, voir notanrment, ci_apres: Litte_

rature dialectale, no s04). Encadrant Ia orotestation vcltair"ienne

... cont!'e les abus du rigorisme chretien, et praicant Oour une reiicion

.

raisonnable, les modérés du courant phiiosoohioue d'avant r750

sont, aussi, bien representes. La maison Desoer offr-e à l;r-e tcutes

.les Leftres du marquis d'Argens, qu,elles soteni iui ves, chinoises ..ou caballstiques, et res rûæurs du tencre Toussaini, rivre

conda,,n-.

ne au bûcher en I 748.

'

'Mais I'imprirneur-ribraire

du pont d'ile vend encore à ses clients

':

des ouvrages

plus "forts,,, où Dieu

et

le pouvoir ne sont oas

.

menages. Le materialiste Boulanger, par exemple, figure Lsce_ .tement

au

catalogue, evec

ses

Fecherches sur "t,origine clu

.

despolisme oriental (176 j ) et son athéisme virulent, que JcanCa-,.

'la

lisent les miseres et les malheur.s attaches au de'eloppement de

religion. D'autres phiiosophes bilieux, d'autres Àéconten:s .l'accorrpagnent en sourdine: conrrne cei Ange Goudar qui

com-.Tel,:e pa'dir-e dans son Espion chinois, note Voltair.e, «oue le i-oi .de. Fr-ance

est

le

roi

des

gueLtx,.

Ou

ccrnr.ne

ces

auteurs 'd'occasion,

souvent obscurs (Darigr-and, de Forge, Vieiih), qui s'a:itaquent au croblerne des finances publiques en rnettant en

." caus,e ce quiappa'aît vite sous res traits d'un s_vstème. Le pcuvoi.

.

ne.s'y trornpe d'ailleur.s pas, cui ies pourchasse avec iouie la

'severite dont ir ne Deut user'à r'égard cies phiicscphes en vue.

c'est qu'il y a' dans cetie irrfra-rjtlérature contre les f irrancirlrs,

dans ces traites sur-ies véritabtes iniérets ce ra patrie (ceut-être imprimes à Liege en 1 764) ou

sur

les inconveÀ;;,,

;;;;.;;;

..téodaux, une fermentation constante dirigee con.ire

le

vieux

regime. De temps

en

tenps,

ceije_ci prenc,

de

j,auCace et

s'exp.me noir sur. blanc: ainsi,le cataiogue Desoer enregistre un Essai contre l'abus du pouvoir des so,.irera,ns... sutvi

du

Tocsin conlre le Cespotisrne du scuverarn (,i776).

on peut trouver ces critiques "chagrines, (cor"nme disait Vortair.e ".'à propos de Soulanger)

, et parfois formuiees de faÇon na.ive. Mais

'

le malheur ver,rt qu'on ne puisse pas encore !es consicere!. comme totalement Cenassees. N'insistons pas sur. !es echos aciuels

'..d'une constaiation

comrne ceile faite par.Ange Goudar en i 765, à

I'intention du roi qr'ilexiste ,,six carticulier.s cui possedent à eux

..t 1e

seuls quatre cents nriIions: c'est-à-cire, qu'iis ont re tier.s cu.totar

des richesses et par lâ ont cjans leurs coffr.es les pr:: rr.;ns de six

millions de vos autres peunles lsujets]

".

Ce qu,il faucjrait pour avcir une naiion saine, cr.oit GouCar, c,est "que cette sornme fût reoartie géométr.rct,.:ernent...".

It

lor.squ,ii plaide pour une *prag_ rnat:r',,t,

r':

l'arnbllioi.r"

-

i-noyet iégal C'"etabiir. un terrne limiià"

rj:,:

.'chissen_.enidesindivtCus_,ilrappelleCurernentànctr.e

éc,,,-'.::, les tribulaticns ouotiCiennes Ce l,impôt sur la forlune. Aussi repcnc-il d'avance à iout |a.senar ces so.ohismes

ccnser-vateurs quanc ir pou.su:i, avec ra srnrpricite des choses vr-aies et

definitives: "Ceux qui ne melient point de bornes à ieur cupiCite

ne

rnanqueroient

pcint

d,appeler

cei

etablissement

une

Ioi tyrannique: rnais la gêne des particuirers, rcrsou'elle re,rient à I'aisance cublicue, esl ia ve:.i1able liber.te,.

Ajouions un dernier mot ccncernant ra crovenance des écitions

offeries oar ie supoienrerl. La ljsie.narrtsc"ite

cu'o.-prJ.".t"

pose bien la quesiion Ce I'appori des presses locales. On y

rerne!'cue d'abo.d unTableau rie I'Eurcpe imprir-né à Maestilcht pai Jearr-Edme Dufour (qui avait pr'éferé à ra nationariie rieceoise une

apoai'tenance b.abançonne, vraisembrabiernent oour. échapcer aux'igueurs de la censure principautaire). On y reieve oar aiileurs le Treiié des délits et cies peines, titre que met en evidence, parmi

les contrefaçons riegeoises, re tabreau de Defrance La visite a

I'imprimerie, et on .etiend.a aussi re Traité sur ra torérance, dcnt Rouen avait inondé notre conrmer.ce Cu livre en.r764, lors C,une

affaire d'édition ciancestine oui avaii rnai toulné. Nur doute que

plusieurs impressions phirosophioues reariseàs chez nous doi-vent figurer sur ces tistes: cornme, peut-être, cet Espion chinois

oue

le

coloorteur normand Marais achete

en

quantité

à

Ce Boubers, en 17ôS. On airi:.:r.ait ccuvoir. alouter encore au palma_

rès

de

l'edition Cu cru Ces textes comme

le

Despolisme de

Boulanger (dont une oari;e du ccrnmeice s'ef{ectue à couo sur-par Liège) ou les Entreiiens de Bcitngbroke et d'Orobio.

Liege, l/usee de la Vie vtallonne. Bibi.: i. SlRARD, op. cit.;p.. \4AUZl et S. IIENANi Le XVtile siec/e _ It, coil. Litterature f rançaise, paris, Ar-thaud, i 972; FOUGERET DE MONBRON, Le

Cosmopolite sui'ti cie ta Capitale des Gaules, introd. et notes par R.

TBoussoN, Bordee.ux, Ducros, 1970; K. L. GEE "te cenepe»: r)ne erreur bibliographique rectifiée, dans Âeyue d'hist. litt. Ce ia France, TB, .197g, pp.

199-9?' A GOUDAR, L'espton chinois, Cologne, 1765, t. ilt et rV, pp. i 5 et 175.; iü.-F. GERARD, ,1spects de I'editrcn et de ta tibrairie à Liege sous ie

regne de Ch.-N. C'Oullrencni (1763-1771), rr,en. Univ. de Liege _ phil. rcn ane, 1978; 3. DpCtXi-jF, 1cc. cii

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