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Bourgeoisie et révolution au Perou : une étude sur la politique du développement en pays dépendant

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Academic year: 2021

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(1)

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BOURGEOISIE ET REVOLUTIOrJ AU PERDU

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BOURGEOISIE ET REVOLU1ION AU PEROU

..

UNE ETUDE SUR LA POLITIQUE, DU DEVELOPPEMENT EN PAYS DEPENDANT

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par Philippe Faucher -,' Lima Montrêal Septembre 1973. J PhilipPE: F 1 aucher \ , 1 1

'.

1975

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RESUME'

Cette étude porte sur le .projet de dévelo~peme9t t

de l'

~ctuel

gouvernement pyuvien et sur les

\Çond~ions

po-litiques nécessaires ~ sa réalisation. Le Pérou est un pays dépendant, son histoire montre la domination constante des intérêts étrangers sur tous les secteurs de l'économie. Depuis ~968, un gouvernêment militaire dirigé par le 3énéral

• -> •

veiasco, t~nt~ de relancer l'activi~~ économique en favori-sant le développement industriel. Les' faits observables ~n~ diquent que la p~litique actuell~du ~égime ~oi~ de diminuer la domination étrangère la renforce. En èonséq~ence, i l

se dessine une opposition de la part 4es petits entrepreneurs na tionaux, et par réactiott, un rapprochement, du gouvernement avec les grandes entreprises étrang~res. Si cette situation demeure, cela risque d'avoir pour conséquence que le déve-loppement ne r"éponde f>as aux int~rêts du pa'ys, mais plutôt à ceux des entrepreneurs étrangers qui y sont installés.

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/

" ii. ABSTRACT

This study concerns the develo'pment plan of the

~ 1 r

actual peruvian government and the internaI conditions

rle-•

cessary for i ts implementation. Peru i"s a dependent country i

its

hi~y

shows.clearly

~he co~stant domindt~o~

of foreign'

'.

int~rest5 on aIl sec~br5 'of the economy.c General V~lascQ's

government in power, since 1968, tries t 0 expand aIl

econo-mie activities, and particularly manufacturing indpstries. The evidences indicate that the junta's poli tics i5 rein-'forcing instead of dimi~ishing, as could

br

expected, the

foreign domination in Peru.

-,

A clear opposition to the government, from the

~o-cal sma~l businessmen is appearing and consequently ~t seems

that the military are \increasing' contacts with the big fo-'

\

reign ente,rprises; This si tua tion "may p;roducé such a de-viation in the country's,development tha~ i t will not cure the local ills but rather increase dependence and ~ork to' the benefit of the foreigners, thus Lendering the

possibili-•

ties of a "national" developmen"t! even mOfe problem~tic.

,~ ( <.j ,~ "

-

c .,

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(5)

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'"

" iii. Il REMERCIEMENTS

Il es~ juste que je remercie ici le Social Science Research Counci~ - Foreign Area Program, sans l'aide

mat€-$

rielle duqUel je n'aurais pas pu réaliser ce travail.

P14sieurs amis, professeurs et étudiants ont bie~

(

. /y voulu discutter mes id€es, commenter mes conclusions, et c~l.a

.~ à toutes lés éta~es de ma recherche, du simple projet, à la Fédaction finalè. Je tiens à remercier spécialement mon

directeu/ de

{h~se, M~nsieur

Thomas Bruneau de

l'Uni~ersité

McGill, pour la confiance et la sympathie qu'il m'a témoigné. La distance critique qu'il a conservé a su faire surgir,\es

/

bonnes que,wtions, sOn enseignement a été je crois prof~,table.

Monsieùr Julio Cotler de l'Instituto de Estudios Per~anos

. bl t d' .

~

t h h p'" M ' 1 - J

a alma emen lrlge mes ec erc es au erou. ,ercl a orqe

-Niosi pour ~'avoir prodigué ses conseils et ses encouragements

,

-f -

d'homme sàge et d'exp~rience, à Emilio de Ipola,pour m'avoir

.(éclairé par la perspicacité de ses analyses, et bien

~Ur ~

.

.

Filix et Felipe portocarrero pour avoir entrepris de "dé-grossir la gringo" (je laisse le résultat à leur apprécia-tion). Jim de Wilde 4 bien 'voulu se charger ~e la

transcrip-, \ ,

tion, je lui en s~is gré, ainsi qu'à Mademoiselle G.P. Gouin pour sa collaboration.

(6)

...

~

....

~

....

---,

)

\

1\

A.S.E. EL PRESIDENTE DE LA REPUBLICA

'"

OS dedieo, Senor muy excelente,

(que vale en ~uena cu~nra 10 mismlslmQ que deciros Senor Excelent{s~mo) . os dedieo mi libro, iO~ Presidente:

;

lQué Mecenas hallar mas eminente?

Patriota y liberal ardoroslsimo, justiciero, economico, purisimo,

sabie, inflexible, energico y valiente.

Aqu! no ens\lVo'

~l

que hoy nos acaudilla. Que esso en verdad me aprovechara poco,

! .

sino al que oeupe,/léi suprema si11a.

Cuando sa1ga mi libro : a él se 10 emboco.

, ; '

-z y

qU1en sera esa octava maravi11a?

lNo 10 sabes, lector? Pues yo tampoco.

" ,

FELIPE PARDO y ALIAGA

\

o

iv.

\

(7)

1

o TABLE DES MATIERES

CHAPITRE PREMIER: Développement dépendant et ,crise Eoli tique . . . .

A.

B.

Le développement.d~pendant de l'Amérique

Latine: une perspective 'historique

La crise politique: le césarisme \'

.

v.

l

4

11

CHAPITRE DEUXIEME: Le développement dépendant du

Pérou . . . \ 2 3

\

Premi~'re

A. De l'indépendance à la Gue_rre

mondiale

.

.

.

.

.

. .

. ·

·

23

B. ' 'lLe

~e

loppemen t économique péruvien

apr~s la Seconde Guerre mondiale

·

·

.

! 33

C. Structure de l'économie

~uvienne

·

40

il>

D. L'art du dév.eloppement

.

.

. .

.

·

47

CHAPITRE TROISIEME: ,Le gouvernement Velasco;. 'mesures plrises . . ' les A. , 1 • ." , 'f '

..

B. /

Les mesures prises

(1) (2) (3) (4 ) (5 ) Un début spectaculaire . . . • . La réforme ag~ire . . • Les ,'mines . / • . a) Le cbntr~t . . . . b) La loi miniêre L'industrie . . .

~) La loi générale d'industrie

·

. .

~

. .

b) La loi de communaut~ industrielle c) Le plan de développement industriel Le secteur de Propriété Sociale

Le "'modêle" péruvien . 49 50 50 53 56 56 59 62 62 66 69 77 78 (1) Le rôle de l'Etat . . • .:' 79 (2) Le rôle des ~nvestisseurs étrangers 82 (3) Le rôle de la classe.dominante . . • . 84

..

~

(8)

4

\

\

TABLE DES MATIERES (suite)

vi.

CHAPITRE QUATRIEME: Le Pérou après 5 ans de pouvoir

miliatire . . . • . . . . . . 92

A. ,La situation économique 1969-1973 93

(1) La production industrielle 94

(2) La balance commerciale . . . 96

(3) Le refinancement de la dette externe . 100

B. Réactions des intérêts étrangers vis-à-vis

, le régime . . . • ..~ . . • 102

c.

!

Réac~ion des entrepreneurs nationaux . 116

1

CHAPITRE! CINQUIEME, Bourgeoisie et révolu-tion .. . . . 124

A. L'opposition aux réform~s gouvernementales . 124 B. Lei conflit politique: grandes et petites

entreprises • . . . • . . . . • . . . 133

C. La stratégie politique de la bourgeoisie

urbaine-industrielle • . . . . . 1.42 D. Le climat politique: le retour de la

confiance . . . . . . . . • . . . . 152

,.

./ C~NCLUSION 156 NOTES ET REFERENCES

. . . >. . ..

. .

~

. . f'

160 / ANNEXES

.

..

.

.

.

.

BIBLIOGRAPHIE' . . 199 / ,.,-.

--. .'

(9)

e

(1 ) (2) (3) (4) (5) 1 (6 ) (7) (8) _ (9) I. II. III. vii. TABLEAUX

.

Page

Composition du PNB par' se~teurs 1950-1970 . 41 Etat des comptes du gouvernement'1960~1967 46 Gisements

~~

que

Ie'gouverneme~t

a'décidé . ,d ' exploi teL . . . . . . . . . 61

~structure du Produit Interne par secteur~ et

taux de croiss~nce . . . 73 Investissement industrie1~'dans l'économie ."

-,

75 Investissement industriel 1971-1~75 . . . 76

.'

Importation

crF

par destinâtion économique 98

,~~ ~

l'nvestissement brut fixe J:968-197I . . . . ll~

... ,~f \ ,

~

l

'

Distribution des étab1isqem~nts industriels et valeur brut de la production selon le

nom-bre de personnes occup~es par établissement 140

ANNEXE l

Investissement di.rect Américain par secteur ... '\

épomiQue

~ ',- 178

. . .

.

. .

.

.

.

.

. . . ·

.,it' • J..,

1 portation de biens de capitaux 1963-70

·

.

180

.

,

~r'oduit

national brut, prix et population

960-1969 . . . . .

.

. . . .

·

. .

181

1 ,

IV. Patentes accordées par secteur ,et par pays

182 ;ehtre 1960-1970 ." . : . . • . . . . .

/

1. Comparaison

d

~

ANNEXE II

de lois de réforme agraire

• 184

,

'

1BB

.,

" {

-

(10)

'-\

viii.

INT~.oDlrCTION

Jout processus, quant i l n'est pas linéaire et

< • déclaré, offre pris~ à des interprétations três variées.

Ainsi, aucune théorie ne semble capable de rendre compte de

V

la diversité du développement et du sous-développement des

_.

1

/

/cllfférents pays d'Amérique Latine. Ceci ne doit pas être

interprét~ comme une faiblesse de la -théorie, mais plutôt

comme la mani(estation d'une part des transformations im-portantes qui se produisent dans le système mondial, et d'au~res part de la grande diversité des sous-syst~me5 n~-tionaux. C'est un fait, la conjoncture est instable, nous sommes dans une époque de transition.

rI

ne s'agit pas de récuser globalernent-t1u~~ffort de théorisation, mais plu-tf5t, de savoir reconnaître dans les sociétés, nationales, la spécificité qui échappe à~l'effort de systématisation.

C'est pourquoi seule une analyse organique, c'est-a-dire liée aux rapports de forces des classes; groupes ou

frac-1

tions de cl~sses en copflit dans la société, p~ut permettre de dépasser le niveau des contradictions apparentes et ren-dre compte des r~pports sociaux essentiels a la compréhen-sion de cette société.

faire à l'occasion de

C 'e~/ que nous avon"'s' t~nté de

cette étuçle.

""

Ce travail porte sur le projet de développement \

..

de l'actuel gouvernement péruvien et sur les conditions politiques nécessaires à sa réalis~tion. Ce qui nous inté-resse plus particulièrement, c'est de voir quels ont été

(11)

,-ix.

les moyens utilisés pour amener les transformàtions de la société jugées désirables, ainsi que les résultats concrets obtenus jusqu'à ce jour, Plus qu'une simple description, il s'agit, ici d'une analyse de conjoncture qui cherche à

,

montrer comment ,les mesures adopté~s ont

t

ports de forces internes et quelles sont

affecté les

rap-1

les tendances qui sè desiinent en réponse aux nouvelles conditions ainsi cré~es.

La relation qui nous paraît essentielle est celle

o

qui met en présence les entrepreneurs de l'Etat. En éffet, dans le cadr~ d'un plan de développement cap~taliste, c'est à l'industrie que revient le rôle de sec~eur stratégique, dans un projet de croissance économique, c'est le secteur manu~acturier qui est appelé à jouer' le rôle de catalyseur.

La dépen~ance, que nous pouvons définir rapidement comme la

présence hégémonique de capitalistes étrangers' dans les

rap-1 ~orbs d~ production internes de la ~ciété, rend nécessaire

l'inte~vention de l'Etat comme agent économique actif. Seul

le gouvernement possède l'autorité suffisante poûr proposer un projet de développement national, et les tn~t,rument~ pour "'" s'' approprier les moyens de réaliser ce projet. -En parti

cu-lier, le rôle de l'~tat sera de çréer un consen\us P01~Jique

autour de sa prop~s~tion, et c'est à lui que rev~endra la

r \

tâche de négocier avec les intérêts étrangers installés au

/ .

. / p)l.ys.

;,,'

, ~

~".:. //,,/L' analyse des poli tiques industrielles du

gouverne-/.~/ ~

mellt', résultat de la négociation avec oIes milieux d'affaires,

devr~it donc nous renseigner sur la position politique des

(12)

f

x.

militaires péruviens. Nous tenterons de montrer quel est le rôle de l'Etat dans le cadre du "développement capi

ta-r

-/

~

liste ftépendant" (Fernando H~nrique Cardoso), la nature du pouvoir politique, ainsi que le rapport de force dont i l est

"

issu, et qui ,s'y exerce'. , ' C'est-à-dire que nous tenterons de montrer, dans le cas péruvien, et sans vouloir proposer cet exemple comme modèls, dans quelle mesure la bourgeoisie, - en part~culier la bourgeoisie urbaine-indcr§trielle - su~

t ( : n J

laquelle s'exerce avec le plus d'intensité la relation de

"

dépendance, est capable, 'par 11' intermédiaire de l'Etat, de

.

,mener à biœn un prQjet visant à contrôl~r la structure

éco-,>.~;-'hbmique

et

des~iné

à rendte possible le développement jugé

; ~ u'_

, néc€ssair-e .. au pays.

t

, '

L'organisation de ce travail est ,simple. Le cha-pi tre premier présente ~9 cadre théorique, il, est sut·vi par ,unochapitre historique qui brosse 'dans.ses,grandes lignes " ,

o ' ,

,

~ le géveloppement économique et politique du Pérou depuis "

l'indépendance. L ,Oanalyse véritable ne commence qu' au

c~a-, ~

pitre trQisième qui présente et commente le plan de

dévelop-,

.

pement du gouvernement péruvien. ~e cadre est enfi~ posé,

~ous pouvon~ donc procéder à l'analyse des rapports politiq~es

,

que sUPPo0se ~a réalisation du projet go~vernemental. C'est l'objet du chapitre quatrième qui étudie la relation

essen-.

~ . "

tielle ex;istant entre le gouvernement et d'une part les ca-, ,

pitalistes étrangers, et d'autre. part les entrepreneurs

:na-"

'r tionaux. Ehfin, dans le dernier chapitre nouse. examinons plus

, >

' 0

(13)

c

,\

, )

.

!

xi.

attentivement les ,rapports politiques entre l'Etat et la

-bourgeoisie urbaine-industrielle, et tentons de montrer de

, '

que11e'mafii~ceux-ci ~ffectent

le projet'de développement.

du g€>uvernement.

\

"1 ' f 1 • '" ? ' ""

,

.

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1 ;. , " '>F .. ... 1 j ~

i

....

1-6

(14)

;

"

'''La dialectique matérialiste considère que les causes externes constituent la condition des changements, que les cau-ses internes en sont la base, et que ,les càuses externes opèrent par l '

in_ter-médiaire des causes internes. L'oeuf qui a reçu une quantité appropriée de chaleur se transforme en poussin, mais la chaleur ne peut transformer une pierre en poussin, car leurs/bases sont diffé-rentes. Les différents peuples agissent constamment les uns sur ,~~5, autres. A l'époque du capi talisme', ~:rr; particulier à l'époque de l'impériali~me et dfs ré-volutions prolétariennes, l'action exer-cée et l'effet produit par les différents

~pays les uns sur les autres dans les

do-maines de la politique, de l'économie et de la culture sont énormes."

Mao '-~,sé-toung, De la

Contra-'diction, Ecrits Choisis, Paris, Maspéro, 1969.

CHAPITRE PREMIER

Dévelop~ément dé~endant

et crl..se· poli tl.que

L~ particularité du passé historique de~ "forma-tions nationa1les" d'Amérique Latine, impose à l'analyse so-ciologique une perspective spéciale. 'D'abord colonies pen-dant trois cent an.s, puis "nations indépenpen-dantes" depuis le

1

début du XIXe siècle, ces paysront toujours entretenu des liens tr~s étroits avec l'extérieur. La présence étrangère est fortement ressentie à l'intérieur de ces pays, de telle maniêre que, selon des mod~lités spécifiques à chaque forma-tion sociale, la prise de décision économique se fait en fonction d'impératifs externes, • imposés le plus sbuvent par les exigences

p~s.

au développernenJ capitaliste des pays

(15)

, '

- 2

-jouissa~t d'une position hégémonique. Pour l'analyse,

cette situation signifie que la seule dynami~ue des rapports sociaux internes des sociétés latino-américaines ne permet pas d'appréhender dans sa totalité la nature de ces forma-

.

ti.ons sociales. En Amérlque Latine, peut-être plus qu'ail-leurs, aux facteur~-internes, doivent s'ajouter les facteurs externes dans l'étude des processus de changements sociaux. C'est là l'essentiel du

con~enu

de la notion de

déP~dance.

., dante quand l'articulation de sa struc-"Nous dirons qu'une société est dépen-ture sociale, au niveau économique, po-litique et idéologique, exprime des re-lations asymétriq-ues avec une autre for-màtion sociale qui occupe vis-à-vis de la première une situâtlon de pouvoir. Par situation de pouvoir, nous entendons le fait que l'organisation des rapports de classe dans la société dépendante trouve sa logique en dehors d'elle-même et exprime le mode d'hégémonie de la classe soci~l~\au ppuvoir dans la so-ciété dominante .',11 (l)

Pour être appréhendée, la "si tua tion de dépendanc~e

pose à la fois l'analyse du mode d'hégémonie de la société dominante (liée à sa situation dans l'équilibre mondial de puissance) et l'étude de la spécificité de la formation na-tionale considérée. La société nationale représente le lieu . privilégié, où s'exprime, pondérée par le caractère

particu-~

lier de la formation sociale, la domination étrangère, et où sont ressenties les tensions provoquées par la situation de dépendance. (2),

Le sous-développement est souvent défini en fonc-tion de variables économiques (revenus par tête, salaire moyen, type d'industries ... ) 'et tout naturellement on est

(16)

J

,

- 3

-'.

tenté,

con~tatant

la

~omiration

des

entrepr~ses

étrangères dqns les économies des pays du Tiers Monde (et dans nombre d'économies dites développ~es), de faire de cette situation le qhamp d'analyse principal sinon exclusif de la dépendance. Ceci donne lieu à des absurdités où l'~mpérialisme

améri-cain est identifié à ITT, l'impériaiisme français â

Roussel-, ,

Uclaf, l'impérialisme allemand à Bayer, etc., sans qu'il soit fait mention des rapports politiques internationaux ni

"

r- des conflits internes à la société considérée) au nom de la

"logique du processus d'internationalisation du- syst~me ca-pitaliste." Nous souhaitons une approche plus nuancée et plus diversifiée. L'importance de "l'initiative" étrangère en matière économique dans les pays du Tiers Monde (que l'on assimile à tort à la dépendance) n'est en fait que l'expres-sion la plus aisément identifiable de l~ dominatio~ externe.

1

-Elle est le résultat de la négotiation entre la classe

(groupe ou fraction) dominante et les entrepreneurs étrangers, elle présuppose donc un jeu politique déterminant que l'on se doit de privilégier dans l'étude du développement. L'ana-.lyse des sociétés dépendantes se doit d'inclure la réalité

de la pénétration étrangère en termes politiques~_économiqu~s

€t sociaux, tout en respectant la spécificité ainsi que la relative autonomie des déterminants internes. Les rapports

,

~Oli tiques dO,i vent être envisagés au même t i tx-e que les rap:"

ports économiques, l'exploitation économique est indissociable de la domination politique.

(17)

A. "

\

\ \ - 4

-Le développement dépendant',de l'Amérique Latine:. une perspective,historique.

'l 1

-C'est Cardoqo qui a le mieux réussi à faire une analyse intégrée, comprenant les éléments économiques,

po-li tiques et sociaux de ,développement de l'Amérique La tine ~

Cardoso distingue trois formes historiques des rapports de,

\ d~ ependance. Ces trois types correspondent logiquement aux

t'rois sources de domination liées aux stages d'expansion du

mode de production qapitaliste: accumulation primitive,

capitalisme concurrentiel, et capitalisme monopolistique. En premier lieu vient la domination coloniale

ca-o .ractérisée par l'administration directe par la métropole de

l'exploitation intensive des ressources de la colonie. Afin

de comprendre le type de relation qui s'établit entre le~

colonies et la métropole, il est utile ae différencier entre les colonies de peuplement, les colonies d'exploitation et les réserves territoriales pratiquement inexplorées.' Chaque type eut un destin propre au moment de la rupture du "pacte colonial" qui correspond avec l'époque durant laquelle l'An-gleterre domine le monde occidental:

\,

\

"La formation des étatVs nationaux impliqua un nouveau mode d'organisation de l'éco-nomie et de la société'locale en Amérique

Latine. Les groupes qui contr6laient le

secteur productif exportateur des écono-mies locales ,durent créer des liens ex-ternes en fonction des nouveaux centres hégémoniques et constituer à l'intérieur

un syst~me d'a~liance avec les oligarchies

rocales qui n'étaient pas directement in-tégrées au systême productif - commerçqnt ou financiet tourné vers l'extérieur.,,\3)

'0

"

(18)

\

1 \

" r \ \

\

,

\

.' 1 - 5 -Î l ,

Cela nous amène au deuxi~me type de domination qu'est la domination capitaliste-commerciale. :Durant cette pérj,.ode appelée par Dos 'santos

dé~eAdance

fina~ciêre-in~us-t~ielle, la métrop~ë'se procure des matières premières

au-dessQus de leur valeur et ouvre des nouveaux marchés pour

1

les produits manufacturés qu'elle vend au-dessus d~ leur valeur. Le sort des d,ifférentes économies nationales dépend de trois facteurs primordiaux :''', .

(1) l'existence d'un produ~t primaire capable d'assu-rer, de transformer e~ de développer le secteur exportateur hérité de la c'oloniei

(2) une main~d'oeuvre abondante;

i

(3) l'existence de terres exploitables.

A'partir d~ cette période la dynamique sociale de-vient plus complexe. Les oligarchies traditionnelles et le~

groupes exportateurs s'opposent pendant qu'il se crée déS secteurs intermédiaires (groupes commerçants, buieaucratie

1 , ft'

d'état, bureaucratie publique) qui Gommen~nt à introduire des réformes dans l'ordre politique.

La formation "d'enclaves" fait surgir un "secteur

1

moderne". Les devisés obtenues par l'exportation servent

à payer les importations en provenance de la métropole. IL'in-dustrie nationale ne parvient' à se dév~lopper que pendant

les

br~ves

crises qui frappent les

~conomies

du centre. (4)

r • 1

Peu à peu, l'économie d'exportation se différencie, les

(19)

\

- 6

-pe~its commerçants, professionnels. Ces groupes tentent de

participer à la direction de l'Etat, en fonction de la spé-cificité de chaque' formation sociale. Nous assistons à la montée des classes moyennes, montée accompagnée, selon le

,

cas, de conflits ouverts avec les groupes traditionnaux. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les termes des échanges, internationaux sont favorables aux exportatïons en provenance de l'Amérique Latine, il s'ensuit une croissance économique particuliè*ement rapide qui fait oublier la crise des années trente. L'industrialisation s'accélère en même temps que se forme un véritable prolétariat urba{n. Cardoso montre très bien, en uti1is"ant le cas de l'Argentine corrunent les exigences du développement économique, jointes aux revendi-cations de la c~asse ouvrière fortement organisée, ont amené l'émergence des régimes populistes. Ceux-ci tentent de créer un consensus suffisant pour mener à bien un programme d'in-dustrialisation devant bénéficier à l'ensemble de la popu- . lation.

La deuxième guerre mondiale est suivie par la guerre froide, d'un c~é l'URSS et le bloc socialiste"et de l'autre les Etats-Unis et le bloc capitaliste. L'effort de guerre a permis un développement sans précédent des forces pro-ductives sur le territoire américain. La puissance des Etats-Unis ~e manifeste par:

(1) un développement technologique considérable;

(2) le "brain drain" scientifique vers les Etats-Unis;

v

(20)

(3 )

(4 )

- 7

-une augmentation des

u~i~~s

productives liées â

.r t',' •

la concentrAtlon financière et économique au dé-but du siècle;

1

l'accumulation de ce"!!." facteurs rend poss-rb-le- la

l':

domination américaine de l'économie mondiale ca-pi talis te.

La domination économique se modifie et apparaît ,. comme un pr cessus par lequel, du centre à travers des in-vestisseme ts spéculatifs et la création sur place d' indus- . trie elle contrôle le mouvement de substitution des im-portations, suivant une stratégie de profit menée par ~s grandes firmes multinationales sur l'ensemble du marché mon-dial. Dos Santos appelle dépendance technologico-industri-elle ce nouveau type de domination.

L'image que se font les observateurs des sociétés latina-américaines correspond à une situation historique souvent dépassée. On n'a pas apprécié en général à sa juste

,

valeur, le processus d'industrialisation accélérée qui a eu lieu au cours des dernières années(1950-l970). On a conservé dans beaucoup" de cas l'image d'une Amérique Latine

agraire-1

exportatrice dominée par une oligarchie terrienne alliée -avec les capi talistes du centre. Cette image est périmée;

1 1

si nous regardons le tableau des investissements directs des Etats-Unis par année et par secteur, nous voyons qu'en 1960 le secteur manufacturier représente 1~.2% du total des in-CIl •

vest~ssements, et a~gmente en 1967 à 32.2%, dépassant le

'.

1 • 1

(21)

8

-pétrole qui était jusqu'alors le sec\eur de pointe: "If this yearb increase

mat~ializes

martu-facturing will account for just half of total U.S. affiliate capital spending in - Latin America. As recently as two years

ago, manufacturing spending came to only about one third of the total. This rapid shift in spending priorities by investors reflects somewhat the deteriorated invest-ment conditions in m~ning and petroleum

- particularly in Chile and 'Venezuela - but

a~so recogniz<es that ds an industrial base 1

Latin America is a high grow{h area that warrants investor interest." 5)

Il faut noter également qu'une grande proportion des investissements effectués dans le secteur cornmercial(qui passe de 5.1% en 1950 à Il.8% en 1967) sont complémentaires

à ceux réalisés dans le secteur manutacturier. Ce

change-ment· dans la distribution des, capitaux étrangers est une ex-

r-I •

pression de la nouvelle division internationale du travail.

Les mouvements de capitau~ ne se font cependant pas à sens unique. Ainsi le rapatriement des profits

réali-sés excède généralement le flux net de capitaux. Pour chaque nouveau dollar investi en Amérique Latine par les Etats-Unis, i l en est sortî pour la période 1946-1967 en moyenne $2.729

(les variations allant de 0.75 en 1956 à 23.78 en 1962). En fait pour la période 1957-1964 seulement 11.8% du total investi par les Etats-Unis vient effectivement de ce pays,

i le reste, soit 88.2% tire son origine en majorité des entre-prises américaines déjà en opération dans la région. (6)

La pénétration du capital étranger provGque la

dé-,.,

(22)

- 9

-/

Le marché interne étant relativement 'restrein~, l'investis-seur étranger n'a pas de mal à 9'assurer une position de monopole en utilisant une technologie tr~s avandée, créée pour une p~oduction de masse, et inaccessible à ses concur-rents. ,Les profits réalisés sont, soit rapatriés dans la

métropole, soit utilisés pour acheter des entreprises locales. " l ' Les firmes dédaignées par les soci.é..tés. .lIlul tinationales

ten-dent à être marginales et par leur dimension, leur niveau de productivité, QU le secteur d'activité dans ~eque1 elles

op~rent. La propens ion qu'ont les fi rmeg'-~' -êterldre leur in-fluence sur plusieurs secteurs de l'économie sbFultanément, , fait que l'industrialisation monopolistique s'accompagne d'une tendance croissante à la concentration, aux mains de quelques entreprises, de l'ensemble du secteur industriel. Ce phénom~he est renforcé p~r re fait que les entrepreneurs

~

indépendants sont plus vulnérables qùe les filiales

étran-g~res. Celles-ci peuvent 'fâire absorber leurs pertes par

leurs maisons-m~res qui sont compensées par les profits'

qu'e~les tirent des exportations à leurs succursales ainsi

que par les royautés, qu'elles touchent. L'existence des fi-liales se justifie donc autant quand elle ne réalisent aucun profit que quand elles fonctionnent à perte. (7) Cette si-tuation ~e retrouve au même titre dans le secteur financier, commercial et agricol_e,.

De ~ette nouvelle situation, Theotonio Dos Santos tire en huit points les conclusions essentielles:

(23)

-\

- 10

-l'àncienne diviBio~ internationale du travail en-tre les producteurs de produits manufacturés et

\,

les exportateurs de mati~res premiêres ~t de pro-duits agricoles. Ceci signifie que le p ocessus de "modernisation" social et a da être conèilié avec l'existence de société .,

(~) l'industrialisation se réalisa à l'intérieur du processus d'intégration internationale du gr~nd

. capital.

po

ne l'espoir que l'industrialisatioh permette une libération nationale fut remplacé par

,

la réalité d'une dépendance encore plus étroite de l'économie des pays sous-développ~s e~vers

l'économie mondiale.

(3) l'industrialisation se prodùit dans une éco~omie mondiale technologiquement tr~s avancée, ceci est responsable, d'une augmentation de la dépendance .

..r • '

(4) le~taux élevé capital/travail nécessité par la

'1 production moderne fait que la concentration de ,

capital gigantesque" nécessaire ne peut être

réali-"

sée que par ~a grande entreprise internationale

"

ou par l '~tat. \

(5) llindustr{alisatibp n'absorbe qu'une

tr~s

petite

'-r

proportion de la maln-d'oeuvre libérée par le ~eç­

teur agraire en crise et engendrée par la jrOiS

i

sance de la population. Cette situation a pour résultat de créer un grand nombre de sous-emplois qui constituent ce qu'on appella/le secteur mar-ginal.

(24)

...

---~.~"~---

Il •~

...

- 11

-..,.

(6) la, structure', monopolistique du développement

ra-.lentit le processus de formation du

marché-4ntè~e

, ~ ,

et limite donc la possibilit~ d'introduire d'une

"

manière satisfaisante les réformes sociales et é6onomiques normalement liées à la destruction des vestiges de l'économie coloniale agraire. (7) l'Etat soumis au capital étranger perd du même

,.1'-"

.";1/

coup son rôle de centre d' oppelsi ~1.on du capital national qu'il jouait dans les ainées .'

.

40 et au dé-but des années 50.

'(8) étant donné qu'un très petit nombre profite du processus actuel d'industrialisation, l'in~galité

sociale aUgmente et crée les ?onditions pour l'ins-tallatlon de régimes de forces.{8)

" B. La Cri~e Poli tique: le Césarisme

Parce qu'il s'agit d'Etats indépendants, la domi-nation politique-militaire de type, coloniale est en principe exclue. Nous avons affaire aujourd'hui à un mode d'hégémonie politique-économique dans lequel, le jeu politique se doit d'être privilégié. Nous allons tenter de rendre plus expli-cite cette hypothèse en précisant le cadre politique da~s

lequel se meuvent les pays dépendants. Le concept de- dé-'pendance contient (porte en soi) la relation ~vec

l'exté-,.'

rieur. (9) Les, nations dépendantes se situent dans. un champ politique élargi,~t leur étude demande que l'on se tourne vers ~a question des rapports de force int~rnationaux (sys-tèmes de dominati9n, d'interdépendance et de souveraineté

" ") /

(25)

12

-entre les différents Etats) en même temps que vers les

rap-, , c

ports sociaux internes, c'est-a-dire le degré de

développe-" ~)

ment des forces productives,' les rappor,ts de forces poli ti-ques et de parti et les rapports polititi-ques immédiats.

Il ne fait aucun doute que les rapports interna-tionaux agissent et réagissent, sur les rapports politiques

1

internes. Parce que l'hégémonie de la métropole modifie les

1

mécanlsmes d' exploi tation du "'prolétariat et dOn\l' infra-structure, elle affecte également la politique, 'est-à-dire la superstructure de la société dépendante' .. i A la

péri-phérie, le mode d'hégémonie exercé sur la société civile et la direction imposée aux forces productrices est le produit-de la dialectique entre les conditions internes et les

con-.

dltions externes de domination. P~S la vie économique im-médlate d'une nation e~t subordonnée aux rapports interna-tionaux, plus un parti déterminé représente c~tte situation et l'exploite pour interdire aux partis adverses de prendre le dessus. Dans les ~ociétés dépenda~tes, comm~ dans toute autre société, les rapports politiques trouvent leur origine dans les conditions propres de cette société alors que la nature de ces r~pports sera déterminée par le mode de domi-nation exercée par la métropole impérialiste. Pour parvénir à une juste analyse des forces qui opèr!nt dans l'histoire d'une période déterminée et pour définir leur rapport, i l

faut poser exactement et résoudre le problème de l'articula-tion entre infrastructur~ et superstructun~, _ ~_t entre "s

t

tua-tion condi tua-tionnante" et "situatua-tion condi tua-tionnée 1\ •

(26)

- 13 '- "

"

. Pour l'immédlat, nous consacrerons notre analyse a'ux. rapports poli tiques inte.rnes, et en particulier au rôle de l'Etat pans les pays dépendan~s. En centact constant,

'~

a'vec la bourgeoisie étrangère, l'Etat -est amené.,- pour suppléer \ '

à la fafblesS,e du sect:eur national de l'économie, à prendre , à sa charge uneopart importante du projet de développement.

1

.

Il p~end"des décisi~ns éëonomiques conseillé ,(surveillé) par

~

les mission~ des organismes internationau~, f fait construire

"

.

l'infrastructure indispensable à la production industrielle

"l'"'

mod~tne (transportis, Communications, én~rgie ... ) organise

.$

le mqrché iinafl.cier, crée" 'un 'service douanier (rése~u de banques, impôts, taxes, ta~ifs, exe~tïons fiscales, crédit) et contrôle certains secteurs ~ssentiels (énergie, transports, minerais). Ce phénomène a pour-conséquence d~ donner une

, J'

grande importance à,',lii bureaucratie publique qui cherche à

/

centraliser en sâ faveur l'ensemble

qes'

décisions. L'Etat

<) ~.

se trouve dans une, position délicate: d'un~ part il est for-\ tement identifié au projet de développement économique du

~. \~

pay~ et d'autre part les moyens de réaliser ce projet ,lui'

.. 1

échappent car'ils

-)

capital étrahge~.

re~èvent dans leur plus grand,e partie élu

c

, ,

Le gouvernernent'est,tenu respon~able de'

,tout ralentissement dans l'activité éaonomique, quand en" fait

, ,1

~\~\n ta ni· les moyoens, ni les instr?ments 'P,0ur. modifier la conj oncture., C' èst 'èe quI dist:ingue les gouve~,ynements' des

"'

pays dépendants, de ceux tles sociétés dites développées. r'

,; c_e~ si tuat~o~ est la ~ource principale de conflits entre

les différentes faction$ de 'ia classe dominante. La stabi-lité ou D'ins~abilité politique est ~terminée par le

dyna-p

,

(27)

1 ) 14 -1 \. !

misme et l'expansiOn du secteur "moderne" de l'économie.

La politique des nations d'Amérique Latine se ca-ractérise, depuis l'indépendance, par une crise de plus en plus profonde de l'autorité de l'oligarchie traditionnelle et par llascension des classes moyennes vers le pouvoir.

Les transformat~ons historiques liées au développement

capi-taliste des nations latino-américaines font de la bourgeoi-sie un groupe social "essenti-el", c'est-à-,dire en mesure d'assumer le pouvoir et de prendre la direction des autres ' f

classes. Peu à peu la bourgeoisie cherche à atteindre et conquiert "idéologiquement" les intellectuel~ tradi tionnels. Comme gerni~re étape, l'oligarchie est en crise à partir du m?ment elle perd le monopole de la compétence technico-militaire, c'est-à-dire le contrôle de la force armée .

D'auEre part ~us constatons que le processus de modernisa-tidn est loin d'avoir touché l'ensemble de la population. Dans, des secteurs tltès importants de la société les ancïens modes de domination existent toujours. Dans ces 'conditions la bourgeoisie au pouvoir renforce l'appareil d' éta,t afin d'étendre plus profondément son hégémonie. L'alliance ent;re

,

l'Etat et le capital étranger peut prendre deux directions.

~oit pour repousser les demandes populaires en faveur d'une

redistribûtion du revenu, soit au contraire pour étendre le marché intérieur, assurer l'intégration nationale et déloger les oligarchies., ta crise politique a p~ur origine, l'en-semble des luttes entre les groupes organisés des masses

pppulaires et. le gouvernement, ainsi que les conflits qui

'opposent les différentes factions au sein de la classe dominante.

",.,

/

/

(28)

-- 15

-Examinons de plus pr~s cette crise politique que ,nous venons d'introduire. Les partis naissent et s'organisent ~ pour avoir le contr6le de la situation à des moments vi~aux

pour leur classe; mais pourtant ils ne savent pas toujours s'adapter aux nouvelles tâches et aux époques nouvelles, se développer au même rythme que l'ensemble des'rapports de force. (lO) Le système politique, c,onsidéré comme le lieu par excellence oU se déroulent les négociations, le "bargain-ing" entre les différents groupes de la classe dbminante,

p~ut-.,se

trouver da,ns

~

1 incapaci

t~

de formuler une\ décision

acceptable pour d,lune part les -groupes nationaux, tiont i l

,

est directement responsable, et pour d'autre part les inté-rêts étrangers auxquels il est lié. Dans certains cas, un

compromis peut engendrer une situation aussi instable"que lors d'une absence de décision, parce que ne satisfaisant

,

aucun groupe, il exacerbe les contradictions du système. Pour toutes ces raisons, il peut

~ver:

"qu'à un certain point· de leur vie histo-Fique, les groupes sociaux se détachent

de leurs partis traditionnels, c'est-à-dire que les partis traditionnels, dans leur forme d'organisation qu'ils présen-tent, avec les hommes bien d~terminés qui les constituent, les représentent, et les dirigent, ne sont plus reconnus. comme ex-pression propre de leur classe ou frac-tion de classe."(ll)

Il se produit alors une crise "crise d!autorité"; la crise d,' hégi;?monie ou cri~e de l'Etat dans s~n ensemble:'. La situation de crise est dêlicate car elle laisse libre cours aux solutions de force, à la prise du pouvoir par l'armée. C'est ce qui s'est produit en 1968 ,au Pérou. En

(29)

..

".

- 16

-si tua tion de crise poli tique,' l'armée intervient en

prét~x-..

tant une menace à la "sécurit~ interne.~

La sécurité n'est. présentée qu'en tant que justifi-cation de l'intervention, mais ne rend pas compte des condi-tions objectives de la crise. L'interRrétation de ce qui

représente ou non une situation de crise ~st laissée à la discrétion des dirigeants militaires; voilâ pQurquoi

l'in-tervention est avant tout une décision politique. La justi-fication "officielle" dissimule en fait tout le processus

int~ne à l t armée par lequel est décidée l" intervention-.

~

On peut distinguer deux types de gouvernement mi-li taire.

D'

abo"rd celui qui ne représente qu'une simple

pa-renth~se entre deux gouver.nements constit~tionn~ls. L'élé-ment militaire Joue le rôle classique de réserve de l'o~dre

et ,de la conservation; c'est une force politique opérant

npubliqu~ment" quand la légalité est en danger. Parce que

,

l'exercice du pouvoir politique est une situation délicate et menace l'unité de l'armée, celle-ci limite habituellement

son inçursion directe à de brèves périodes, préférant reve-nir à l'ordre normal le plus rapidement possible. Elle ne renonce pas pour autant à son rôle politique car un gouver-nement peut très bien avoir un caractère militaire même si

l'armée n'y participe pas ouvertement. Une fois la crise résorbée, les militaires déclanchent de nouvelles élections, après avoir préalablement choisi leur candidat (et

éventuel-'.

lement court-circuité l'opposition jugée inacceptable). C'est ce schéma que l'on appelle le "moderating pattern":

(30)

'.

'.

- 17

-"Thé mOderalor model is essentially the conservative task of systems maintenance.

( ... ) The modérator model does not rest upon a set of controls imposed b~' civ i-lians, but on a set of norms both withirr and without the military: (1) the poli-tical ~ctorstry to co-opt the military,

(2) the military are politically hetero-geneous, (3) they have legitimacy ~act as moderators, (4) the approval give by cicilian elite to the political het oge-neous military to overthrow the executive greatly facilitates the cO~I1fuction of a winning coup coalition. U ''t(~_

Le caractère permanent du déséquilibre politique et de la- crise structurelle produite dans les pays de la

pé-rip~érie rar la structure de dépendance, provoque

l'appari-tion d'une nouvelle forme d'intervenl'appari-tion. Au~Brésil et au Pérou, en particulier, l'armée pren4 la décision de demeurer

1

..1""

,

au" pouvoir pour une période indâMWrminée. Ceci trans forme ",

de mani~re qualitative l'interprétatio'n de l'intervention

militaire dans ces sociétés. Du umoderator pattern" nous tendons vers le "césarisme Il :

"On peut dire que le césarisme explique une situation où les forces qui s'op~

posent s'équilibrent d'une manière ca-tastrophique, c'est-a-dire qu'elles s'é-quilibrent de telle sorte que la pour-suite de la lutte ne peut avoir une con-clusion que dans la destruction réci-proque. Quand la force progressive A lutte contre la force régressive B, il, peut arriver que A ne soit pas nécessai-rement vainqueur de B ou B de A, i l peut se faire que ni A ni B ne l'emportent, mais qu'elles se saignent réciproquement et qu'une troisième force C intervienn~

de l'extérieur, assujettissant ce qui reste de A et de B.

i'

,13) ,

~~

Si le césarism~ représente toujours une solution "d 1 arbi trage ", il n'a pas ,toujo.;}lrs la même signification

(31)

\

\

18

-1

historique. On distingue un~césarisme progressif et un cé-sarisme régressif. Si les mil~aires du pérou effectuent actuellement des réformes sociales, contrairement à ceux,pu

,1

Brésil, ceci ne signifie pas que le gouver-nement du président Velasco e§t "par nature" réformiste; on est en présence d'une position politique, c'est-a-dire d'une prise en fonction des rapports de force 'qui s'exercent dans la société.

\

Outre le fait que l'arb~trage des militaires au pouvoir ~oi~ soumis aux rapports politiques existant dans la société, nous pensons que le caractè~e particulier de l'armée en tant qu'institution impose des limites supplémen-taires à l'activité politique ':6Yl ses J1lembres." -D'e,par sa

f6~ction, l'armée appartient à l'Etat, c'est-à-dire au

pou-u ,

voir de c'lasse qui s'y exerce. Le personnel militaire est relié organiquement à la classe dominante, celle au pouvoir. Parce que l'armée n'a guère d'intérêt spécifiques (distincts

de~intérêts

purement corporatifs, ceux-ci étant soumis aux intérêts spécifiques de la classe dominante) ou de pouvoir

~ropre et parce qu'elle ne possêde pas une autonomie ~t une

spécificité structurelle, constitue un appareil d'état. Le pouvoir d'état appartient à la classe sociale ,qui détient

"-le contrô"-le d\ gouyernement. (14)

Vu que l'armée est indissociable du centre d'exer-cice du pouvoir politique qu'est l'Etat, elle est li~e or-ganiquement à la classe au pouvoir. La fonction de l'armée limite l'autonomie st~qcturelle de ses membres ~ar rapport aux classes sociales. C~pendant son autonomie relative lui

(32)

6 . ' "

~'~

'-- 19 '--

1

,

permet de choisir, au sein de la classe dominante, son groupe

,

(

de référence.

Le concept d'armée en tant qu'appareil d'état

four-nit les limites dans lesquelles s'inscrit l'orientation

po-li tique des mipo-litaires.

De par sa fonct,ion, l'armée

ent:te-tient une double affiliation vis-à-vis de l'Etat. Nous

pou-vons distinguer la relation avec l'état-patrie et celle avec

l'état-employeur.

La relation de

l'arm~e

avec l'état-patrie

réf~re

au rôle traditionnel de gardien de la Constitution.

Le

para-graphe 12 de l'article 213 de la Constitution péruvienne de

1933 dit:

.:'( 1

"The purposel of the Armed Forces is to

guarantee

t~e

rights of the Republic,

the

fulfill~ent

of the Constitution and

the law

t

ana

the conservation of public

order."

15) r

L'armée, en se portant garante des droits accordés par la

Constitution, a pour rôle de défendre le gouvernement,

c'est-à-dire

l'~~c~rnrtion

légale de la Républiqqe, et donc le

pouvoir de la 6lasse dominante.

Ceci ne signifie pas que

l'armée ne

doi~pas

faire de politique, mais au contraire,

quand il y a conflit entre différents groupes, elle

inter-..

vient (ou n'intervient pas) pour venir en aide

à

la faction

qu'elle favorise.

La relation avec l'état-employeur concerne, on s'en

doute, les ,intérêts qorporatifs des militaires.

La survie

de l'institution et l'amélioration de#vie des soldats constitue

(33)

- 20

-le but à atteindre:

"In aIl cases of intervention being exa-mined, an element of institutional self-interest was in~olved and in sorne cases even the personal self-interest of the coup leaders. Often in fact, the threat to institutional self-interest or sur-vival is the key factor in finally

crea-ting officer consensus, for whenever the traditional, areas of military institu-. tional authority are upset, such ~s its disciplinary and hierarchical structure, even non activist and legalists within ~

the officer corps ar~ provoked i~to

ac-tion."(16) ,

Des études ont montré que les militaires étaient

particuliè-'"

rement sensibles à toute baisse du budget qui,leur est con-~

.. (17)

sacre.

Il serait bien étonnant, en considération des fac-teurs énoncés précédemment, de trouver au sein de l'armée une unité idéologique identifiable, mais i l serait faux

d'af-1 firmer que les ffi&litai s reflètent la grande étendue des opinions civiles. (18) s options sont limitées par la fonc-tion de l'armée dans la société, on ne retrouve que celles qui sont véhiculées da s les différents groupes de la classe dominante. L'intervention ou la non-intervention est une décision politique, résultant d'une médiation entre les in-térêts propres aux militaires, et ceux de la classe dominante.

La situation de l'armée n'est pas définissable en dehors des rapports de pouvoir et d'influence entre les par-tenaires sociaux de la classe dominante. La conceptualisa-tion de l'armée en tant qu'appareil d'état donne toute la dimension de l'intervention, de son rôle et de ses limites.

li .

(34)

-...

---~---r

..

- 21

-Enfin comme le d,i t Vandycke, l'armée en Amérique Latine, es t un appareil d'état dépendant. (19)

Résumons brièvement notre cadre théorique. La dépendance des pays de l'Amérique Latine envers le capital étranger a pour conséquence de privilégier l'analyse politi-que dans l'étude du développement. Les oppositions de classes-propres à la société dépendante, les conflits entre les dif-férentes factions de la classe dominante, et la relation entre l'Etat et le capital étranger (relation e~sentielle

dans le cadre d'une nation dépendante) créent les conditions pour un bloquage du

Systè~POlitique.

La prise du pouvoir par l'armée est une solution de force qui en modifiant les

u jeu politique permet de résoudre la paralysie de l'Etit. L'armée ne se situe pas à l'extérieur du jeu poli-tique, au contraire, parce qu'elle est un appareil d'Etat, ellt est particulièrement sensible aux rapports sociaux

in-~ernes. En redéfinissant le projet de développement, les

militaires tenteront de créer un nouvel o~dre politique, de modifier le rapport de forces.

Et~t donné~

la situation de dépendance, l'essentiel de leur politique s'attachera à modifier (à négocier à l'intérieur d'un rapport de domination) l'alliance de l'Etat et du capital étranger.

-La_prise du pouvoir par les militaires signifie que le mod(3le "démocratique" de représentation politique est en partie rompu. Dans ces conditions il existe un éCart entre le personnel politique et les organismes de représentation

(mobilisation) des masses. Parler de

cé~a~isme

c'est dire

l

~ !~;

.

(35)

- 2'2

-,

que la direction de l'Etat ne relève pas-d'une classe ou . fraction de classe directement identifiable, maCis procède

d'un compromis politique entre les différents acteurs sociaux ayant un poids spécifique dans la réalisation de l'arbitrage entrepris par l'armée. Le contrôle de l'Etat n'est donc pas évident. Il relève.d'une part de la nature du projet

go~-vernemental (quand ce projet existe) et d'autre part de la négociation entreprise au moment de la réalisation de ce pro-\jet. Ce n'est donc qu'à partir des intérêts objectifs

con-crétisés qu'il est possible de définir précisément la rela-tion entre l'Etat et les rapports sociaux existant au sein de la société considérée. C'est à l'intérieur de cette pro-blématique que nous désiron~ insérer hotre étude sur les rapports politiques péruviens.

Après une brève présentation historique du Pérou, nous tenterons de fournir des évidences au cadre théorique qui a fait l'objet de ce chapitre. C' est-à-dire 1 -comment

à partir d'un projet de développement original, le gouver-nement péruvien actuel, négocie un nouveau ~de de relations

, --~

--

-

-avec le capital étranger. Nous tenterons de mettre en évi-dence le rapport des forces qui, à Itintérieur de la ~ociété,

appuient ou s'opposent au projet des militaires, et les con-clusiops qu'il faut tirer de cette constatation.

,

"

(36)

l,

CHAPITRE DEUXIEME

Le développement dépendan~ du pérou

A. De ~'indépendance à la Première Guerre Mondiale 1

L'Amérique Latine a connu un développement dépen-dant. Ceci ne veut pas dire qu'il faille considérer

celle--~ ....

ci comme un tout homogène dont toutes les nations ont subi

.

un sort identique. En fait i l est possible de distinguer deux types. Le type A comprend les pays qui commencent leur industrialisation à la fip du XIXème'siècle ou dans les pre-mières décades du XXème comme le Mexique, le Br~sil, l'Ar-gentine, le Chili, l'Uruguay et la Colombie. Le type B com-prend les pays dont l'industrialisation date de l'après-guerre comme cela a été le cas pour le

~ézuela,

le Pérou, l'Equateur, la Bolivie, Costa Rica, le Guatemala, El Salvador, le Nicaragua, le Honduras et lIa République Dominicaine. Le modèle de la dépendance a g~néralement été étudié à partir de l'Argentine, du Brésii et du Chili. L'industrialisation du début du siècle donne naissance à une "bourgeoisie natio-nale" qui a une importance fondamentale . d~ns la vie politique

~

de ce~ pays. Dans les pays dè type B, l"évolution a été dif-férentei i l n'y a pas de bourgeoisie nationale qui se déve-loppe en relation avec l'industrie. L'industrialisation est-un produit de l'intégration Imonopolistique et est soumise, depuis ies origines, au contrôle direct du capital étranger. (1)

(37)

- 24

-Le cas du Pérou confirme cette thêse. Durant toute sa période coloniale, le pays est vic~ime de l'expansion du capitalisme ainsi que des luttes pour la domination du sys-tème que mènent les centres européens de l'époque. Depuis l'indépendance (1821) on peut distinguer trois formes de dé-pendance:

(1) pendant le XIXème siècle, domination des intér~s

financiers et commerciaux anglais;

(2) domination des Etats-Unis dans les secteurs agri-coles, miniers et financiers depuis la Seconde Guerre Mondiale;

(3) renforcement"de la domlnati~n américaine, plus par-ticulièrement dans les secteurs financiers et in-\ dustriels, à partir d€ la Seconde Guerre Mondiale.

-r

Les guerres d'indépendance désorganisent totalement \'

la structure productive du pays, créant la confusion dans les mines, les plantations, et dispersant la force de travail existante. "L'exploitation du gu~no pour l'expor~ation (1841)

est marq~ée par un flux important de capitaux britanniques

qui se consacrent- à la mise en valeur de cette nouvelle ri-chesse.

Bénéfi~iaire

pour un groupe réduit d'individus, l'é-\poque du guano est ruineuse pour la masse de la population.

~a

concentration presqu'exclusive de l'activité économique dans la produ'ction du guano s'accompagne de la détérioration " dec:? autres secteurs, cause l'augmentation des importations et provoque le chômage. Parce qu'il n'existe pas de méca-nismes de redistributionl~J-a population ne profite pas des

(38)

2

, , .'

e

,1 /' - 25 -, 1

des bénéfices du guano, de plus elle doit 'supporter une in-flation imporJante, produite entre autre par l~augmentation démesurée della dette publique et par l'expansion monétaire. (2) Outré le guJno, les exportations du pays comprennent

égale-l 1 1 · (3)

ment

e

coton, e sucre èt e nltrate.

L'élection de Manuel pardo (1871) représente la première tentative des classes économiquement dominantes pour s'assùrer l'hégémonie politique i~dispensable à la réalisa-tion de son projet de transform~tion sociale. Le Parti Civil

~

au pouvoir trouve le pays sérieusement endetté par les em-prunts des décades antérieures; le déficit fiscal réduit

pas-,

sablement les possibilités du gouvernement. A l'exemple des pays de la métropole, Pardo tente de relancer l'acbiyité éco-nomique par un ambitieux projet destiné à doter le pays d'un système ferroviaire. La situation interne' se dégrage rapi-dement à partir de 1876. La consommation étant de beaucoup 1

supérieure à la production, l'importation de biens de con-sommation est massive. A l'exté~ieur, la guerre du Pacifique et la perte du nitrate aux mains du Chili accélère la ruine

-

--~-A cette époque se développe une nouvelle 'forme de dépendance caractérisée pat l'exportation dé capitaux, et

.,

la relance de la course aux matièrès premières. L'effondre-ment total de l'économie péruvienne et l'écraseL'effondre-ment de la

r bourgeoisie capitaliste accompagne la pénétration étrangère. Depuis le début de la République, les étrangers se sont

o )

(39)

- 26

appropriés une part de plUs en plus grande du commerce. Pen-' dant le ~boom~ du guano, ils pnt accél€ré la décapi~alisa~ion~

, 1

du pays, et'leur position intermédiaire entre le marché étranger et le marché national leur a permis de profiter de

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la crise de 1879 dont ils sont responsable. Les familles,

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de l'américain Grace, uni par alliance au représentant des· ,~

intérêts anglais au pérou Lord Dughmore, du fra~çais Dreyfus, de l'allemand Gildemeister et de l'américain Reiggs sont îes fi _

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~ ,

plus représentatives. Un phénonène important de cette époqu~,

marquée par la lutte des factions de l'armée pour assumer -le pouvoir poli tique,' est l'appropriation directe et

défini-tive, par le capital international de l'essentiel de l'agri-culture, des mines" du conunerce, et de

l'indus~rie.

(4) Ainsi, Gildeme'ister, après avoir liquidé ses intérêts dans le ni-trate se tourne ver,s l ' agricul ture côtière, créa{lt en moins de dix ans la seconde propriété de la côte, la Société Agraire

(J ~

Casagrande Ltd., consacrée essentiellement à l'exploitation sucrière. Grace qui avait sous son contr61i les trains, les mines et les compagnies de navigation, se portè acquéreur

~ d'une hacienda qui devient la Cartavio Sugar Company. Les

J

nouveaux propriétaires, appliquant des techniques modernes, import,ant des' machines d'Eur.ope et des Etats-Unis, trans-' fa -la culture de la canne à sucre en industrie, iaissant ,

,

peu de chance aux petits propriétaires de conc~r~encer la •

..

grande entreprise.

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En 1889 ~n groupe financier anglais consent à

pren-1 ...

dre la responsabilit@~de la dette externe eh ~change du

,

(40)

..

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e-.

,

.

" - 27 ,

contr8~elex~lusif

des chemins de fer pour une période de -66 ,.::rns, plus ce qui reste du guano et la navigation sur

4-le l~c Ti~icaca. Ce contrat~ntr~;le gouvernement péruvien

et là Peruvian Corporatidn, créée spécialement pour l'oc-.

casion, signifie p~ur la bourgeoisie locale la perte du peu de contrôle qu'elle exerçait sur les force~ productives du

pays. Le pouvoir pOl!tique est ent~~rement aux mains des .' m).li taires, c'est le r~gne de Caceres et ete ses lieutenants

\

(1~a5-1895). La bourgeoisie civile, les prop~iétaire~ urbains

se fortifient et acquièrent un grand pouvoir économique. ,

Parce qu'ils constifuent un<l minorité, presque une Caste,

.

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sans appul po ltlque, es C1Vl s ne passe ent pas e pouvo1r polltique nécessaire pour s'opposer à Caceres.

Avec le début du XXème siècle, l'économie péruvienne

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.

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est ~ass~inie", c'~st-à-dire qu'un ordre profitable pour les

capital~stes étrangers,est rétab11.

rI

y a affluence de

ca-pitaux surtout de ~'Angleterre et des Etats~Unis, mais peu à peu ce sont-les investissements américains qui- dominent.

.

1-L'activité minière et l'exploitation du pétrole se développent

,.

considérablement, c'e~t la période de formation dèS enclaves.

Lïutilis~tion de l'électricitéccrée une ~forte demande de cuivre

Rapideroent lés richesses

" /

stir les marchés internatibnaux.

,

du Pérou, sont mises à contribution. En 190J la production atteint .'déj.à 10,000 tonqes pour une valeur d'un demi-million de/'livres péruviennes. (5) La réalisation du'

~lan

de pro1on-gation du réseau ferroviaire permet la mise en, valeur de la zone du Pasco. A Grace qui exploite déj~ la région

',-n

Figure

TABLE  DES  MATIERES  (suite)
FIGURE  I:  Le  modèle  péruvlen  .  (36)

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