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Evaluation économique des bénéfices récréatifs procurés par le démantèlement des barrages de la Sélune : le cas de la pêche du saumon

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Evaluation économique des bénéfices récréatifs procurés

par le démantèlement des barrages de la Sélune : le cas

de la pêche du saumon

Julien Salanié, Philippe Le Goffe, Yves Surry

To cite this version:

Julien Salanié, Philippe Le Goffe, Yves Surry. Evaluation économique des bénéfices récréatifs procurés par le démantèlement des barrages de la Sélune : le cas de la pêche du saumon. [Travaux universitaires] Inconnu. 2003, 52 p. �hal-02290712�

(2)

l tl l l 1 lr I l l l l I I 1 I I PÔLË D'ÉHSEIGNEMÉNT 5UPÊRIEUR ET DE RECHERCHE AGRONOMIOUE OE RENNES

Rtlt

qN$A

-

EcoNOMtE

DOCUMENTATION

rUe AcJolphe Bobierre

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Hfr,llT3uou*

I Ët. û2 Ê3 48 56 11

lnltitûl llrdônrl de tr Rechercha furommfuuo

Rapport pour la Fédération de la Manche pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique et le Conseil de la Pêche

Evaluation

économique

des

bénéfices

récréatifs procurés

par

le démantèlement

des

barrages

de

la

Sélune

:

le

cas

de

la

pêche

du saumonl

Septembre 2003

Julien Salanié

Doctorant

ENSAR

-

Département Économie Rurale et Gestion 65, rue de Saint-Brieuc

-

CS 84215 -35042 RENNES cedex

tel : 02 23 48 59 16

-

fax 02 23 48 54 17

e-mail : salanie@epi.roazhon.inra.fr

Philippe Le Goffe

Professeur

ENSAR - Département Économie Rurale et Gestion 65, rue de Saint-Brieuc

-

CS 84215

-

35042 RENNES cedex

tel:02 23 48 54 16

-

fax 02 23 48 54 17

e-mail : philippe.legoffe@agrorennes.educagri.fr

Yves

Surry

Directeur de Recherche

INRA - Unité Économie et Sociologie Rurales 4, rue Adolphe Bobierre

-

CS 6l 103

-

3501I RENNES cedex

tel : 02 23 48 53 90

-

fax 0223 48 53 80 e-mail : yves.surry@roazhon.inra.fr

I

Les auteurs remercient Yves Léon pour ses commentaires st suggestions. Ils restent seuls responsables de toutes erreurs et omissions apparaissant dans ce rapport.

(3)

SOMMAIRE

1. LES DONNEES HALIEUTIQUES ET BIOLOGIQUES : ETAT DES

LIEUX.

..""""""""

6 I. I. La SELUNE EN PERSPECTTVE : UNE RIVIERE MAJEURE POUR LA PECHE AU SAUMON EN FRANCE 6

1.2. IMpAcTs BroLOcreuES DEs BARRAGES suR LA poPULATIoN DE sAUMoNs ATLANTIQUES oB La SeluNr.... 7

2. LTETUDE SEPIA CONSEILS: UNE PREMIERE APPROCHE

ECONOMIQUE

...8

3. CONTEXTE SCIENTIFIQUE ET

METHODES

...11

3.1. Le rr{esunr DBs BENEFIcEs REcREATIFs : BIEN-ETRE ET suRPLUs

.'...

..'..'...'.. I I 3.2. METHoDoLocIE DE

L'ETUDE...

.'...'..."... 13

3.3. ELEMENTS SUR LE SURPLUS GENERE PAR UNE SORTIE DE PECHE AU

SAUMON.,...

....'... 15

3.4. PRESENTATIoN DE

L'ENQUETE....

..."... 19

3.5. Celcur oE LA FREeUENTATToN ToTALE pouR LES RrvEREs DE BRETAGNE ET DE LA MANCHE... 20

4.I. RAPPEL DES HYPOTHESES FAITES POUR LIAGREGATION DES BENEFICES RECREATIFS.. 4.2. MoDELES DE PARTIcIPATIoN ... Modèle "pooIed "... Modèle à effets fixes Modèle à effets aléatoires... Evaluation du nombre de pêcheurs supplémentaires attendus de l'effacement des barrages 4.3. MoDELES DE FREQUENTATIoN... ANNEXE 1. CAPTURES DE SAUMONS PAR PECHE A LA LIGNE EN FRANCE DEPUIS 2OOO. ...46

ANNEXE 2. REPARTITION DES PECHEURS DE LIECHANTILLON PAR ORIGINE 47 ANNEXE 4. CAPTURES PAR

RIVIERE....

...50

ANNEXE 5. CAPTURES PAR UNITE DTEFFORT (CPUE) PAR RIVIERE...51

ANNEXE 6. AJUSTEMENT DES MODELES DE PARTICIPATION SANS INDICATRICE POUR LA

52 ANNEXE 7. DONNEES UTILISEES POUR LIESTIMATION DES MODELES DE F'REQUENTATION

53 22 22 23 25 26 28 33 35

(4)

LISTE

DES

TABLEAUX

TABLEAU I. ESTIMATION DES SURPLUS TOTAUX POUR LA PECHE DU SAUMON SUITE A LIEFFACEMENT DES BARRAGES DE LA

SELUNE...

...9

TABLEAU 2. NOMBRE DE VTSTTES pAR pECHEUR (ENSEMBLE DE LA SATSON)... 10

TABLEAU 3. NOMBRE MOYEN DE SORTIES DE PECHE PAR

DEPARTEMENT.

... 10

TABLEAU 4. ESTIMATION DES VALEURS JOURNALIERES DE SURPLUS POUR LA PECHE

RECREATIVE EN

RMERE:

ETUDES FRANÇAISES ET INTERNATIONALE...18

TABLEAU 5. COMPARAISON DE LA POPULATION TOTALE DE PECHEURS EN FRANCE ET DE

L'ECHANTILLON

OBTENU....

,,.,,....2I

TABLEAU 6. ESTIMATION DE LIEF'tr'ORT DE PECHE EXPRIME EN NOMBRE DE VISITES SUR

LES RIVIERES DE BRETAGNE ET DE LA MANCHE EN

2002...

...23 TABLEAU 7. EVOLUTION DU NOMBRE DE PECHEURS PAR DEPARTEMENT... 25 TABLEAU 8. RESULTATS ECONOMETRIQUES DU MODELE DE PARTICIPATION "POOLED".27

TABLEAU 9. RESULTATS DU MODELE DE PARTICIPATION A EFFETS FIXES...28

TABLEAU TO. RESULTATS DU MODELE DE PARTICIPATION A ET'F'ETS ALEATOIR8S...29 TABLEAU 11. AUGMENTATION DU NOMBRE DE PECHEURS DANS LA MANCHE LIEE A

L'EFFACEMENT DES BARRAGES DE LA SELUNE (MODELE IIPOOLED 33 TABLEAU 12. BENEFICES ATTENDUS DU CHANGEMENT DE PARTICIPATION DES PECHEURS DE LA MANCHE (MODELE

"POOLED")

...34 TABLEAU 13. AUGMENTATION DU NOMBRE DE PECHEURS DANS LA MANCHE ATTENDUE DE L'EFFACEMENT DES BARRAGES DE LA SELUNE (MODELES A EFFETS ALEATOTRES)....35 TABLEAU 14. BENEFICES ATTENDUS DU CHANGEMENT DE PARTICIPATION DES PECHEURS DE LA MANCHE (MODELES A EFFETS

ALEATOIRES)...

...35 TABLEAU 15. RESULTATS DES MODELES DE

FREQUENTATTON...

...36

TABLEAU 16. AUGMENTATION DU NOMBRE DE VISITES SUR LA SELUNE LIEE A

L'EFtr'ACEMENT DES

BARRAGES

...37 TABLEAU 17. BENEFICES ATTENDUS DU CHANGEMENT DE F'REQUENTATION TOTALE DES

(5)

LISTE

DES FIGURES

FIGURE

1.

REPRESENTATION GRAPHIQUE D'UNE COURBE DE DEMANDE NTDE LA

NOTION DE SURPLUS...

F'IGURE

2.

AJUSTEMENT DES DIFFERENTS MODELES DE PARTICIPATION AUX

DONNEES DE LA

MANCHE...

...

FIGURE

3.

ET'FORT DE PECHE PAR RIVIBRE

I'IGURE4.

CAPTURNSPARRIVIERE...

12

32 49 49

(6)

Résumé

Les barrages de la Roche-Qui-Boit et de Vezins noient les gorges de la Sélune et font obstacle

à

la

migration

du

saumon atlantique

sur

cette

rivière.

Les

débats actuels entourant le

renouvellement de leur concession constituent une opportunité pour évaluer leur impact sur

les activités de loisir. Plus particulièrement,

il

s'agit de mesurer un

tel

impact sur la valeur

sociale de la pêche du saumon. Ce travail constitue une première tentative dans ce domaine.

L'effacement des barrages permettrait

de

tripler la

longueur

du

parcours de pêche

et

de

produire 400 saumons atlantiques supplémentaires exploitables par pêche

à

la

ligne. Pour

évaluer le gain de surplus procuré par ces changements, nous développons une méthodologie

basée sur

le

hansfert de bénéfices. La variation de I'effort de pêche est déterminée par des

modèles statistiques

et

nous utilisons des valeurs de transfert

pour

agréger les bénéfices

récréatifs attendus.

Nos résultats montrent que

le

gain de surplus pour

la

pêche de

loisir

serait compris entre

360000 et470

000

par an pour notre hlpothèse de base. Ce même gain de surplus est

évalué entre 730 000 et 950 000

si nous retenons I'hypothèse que

la

Sélune est de qualité

piscicole et récréative équivalente à celle observée dans I'ouest des Etats-Unis. Le nombre de

pêcheurs

de

saumon

pourrait

augmenter

de

300 dans

le

département

de

la

Manche. Par

ailleurs, I'effort de pêche annuel total sur la Sélune après démantèlement des barrages serait

de 25 000 visites, soit une augmentation de 16 700 visites par rapport à la situation actuelle.

Parce qu'ils reposent sur une méthodologie simple, ces résultats pourraient être améliorés.

Notamment, I'utilisation

de

la

méthode des coûts de déplacement permettrait d'estimer le

surplus exact procuré par une journée de pêche sur la Sélune. D'autre part, les phénomènes de

substitution liés à I'effacement des barrages sur

la

Sélune pourraient être pris en compte.

Il

apparaît également nécessaire d'étendre

le

champ

de

l'évaluation économique

aux

autres

activités de

loisir

pratiquées dans les gorges de

la

Sélune comme la randonnée et le

(7)

Introduction

De

nombreux

cours d'eau français sont

barrés

par

des

ouvrages

de

production

d'hydroélectricité.

La

plupart d'entre

eux

sont en

fin

de concession

;

la

question de leur

renouvellement

se

pose.

On

assiste

à

un

large débat2

sur

la

nécessité

et

la

pertinence

environnementale

de

ces barrages. Schématiquement, deux vues s'opposent.

La

première

souligne I'importance des énergies renouvelables pour

limiter

l'émission de gaz

à

effet de

serre lors de la production d'énergie. L'autre vue se préoccupe de la protection des espèces et

notamment de celle des poissons migrateurs.

D'ores et déjà, certains barrages ont été démantelés pour pennettre la circulation des poissons

migrateurs. On peut citer les exemples des barrages de Kernansquillec sur le Léguer dans les

Côtes-d'Armor, de Saint-Etienne du Vigan sur

I'Allier

en Haute-Loire et de Maisons-Rouges

sur la Vienne en Indre-et-Loire. Ces démantèlements sont liés à des programmes visant la

reconquête des cours d'eau par les espèces migratrices, dont le saumon atlantique fait partie.

D'autres barrages français sont en situation de renouvellement de concession. Les enjeux

environnementaux, sociaux et économiques des débats sur ces renouvellements sont très forts.

L'exemple

actuel

du

complexe

hydroélectrique

de

Poutès/IVIonistrol

sur

I'Allier

est

particulièrement emblématique. Les enjeux sont tels que I'on a vu récemment se constituer en

France un "Collectif National Barrages", fondé à I'initiative de la FFPML3, dont le but est de

favoriser la libre circulation des poissons migrateurs lorsque cela est possible.

A

I'heure du renouvellement de la concession des barrages de la Roche-Qui-Boit et de Vezins

sur

la

Sélune,

les

mêmes questions se posent.

Il

s'agit principalement d'arbitrer entre la

production d'hydroélectricité, I'approvisionnement

en

eau potable,

la

protection

de

la

ressource en saumon atlantique et le développement d'activités récréatives liées à I'existence ou à I'absence de ces barrages.

Le développement de la pêche du saumon sur la Sélune constitue un enjeu majeur. Dans cette

optique, plusieurs scénarios sont envisagés. Tout d'abord le statu 4zo consiste à maintenir les

barrages

et

donc

à

ne pas permettre

la

reconquête

du

bassin versant

par

le

saumon. Le

deuxième scénario correspond à la possibilité de favoriser le franchissement des barrages par

le

saumon.

Il

s'agirait

d'aménager

les

barrages

ou

de

procéder

à

des

opérations de

piégeage/transport.

Les

travaux

de

Prévost

(2002)

montrent

que cet

aménagement ne

2

Existant depuis quelque temps, ce débat prend une nouvelle ampleur à cause de I'application de la Directive Cadre sur I'Eau (directive 2000/60lCE) et du débat national sur ce sujet encadré par le Ministère de I'Ecologie et du Développement Durable.

3

(8)

procurerait aucun gain pour I'exploitation du saumonpar la pêche. Enfin, le démantèlement

des deux barrages est également envisagé.

Le

travail présenté dans ce rapport a pour

but

de fournir des éléments de réponse sur les

bénéfices récréatifs

qui

seraient procurés

par

le

démantèlement des deux barrages

de

la

Sélune. L'objectif de ce rapport est hiple :

-

évaluer les bénéfices récréatifs de I'effacement des barrages,

-

proposer une première évaluation

de

ces bénéfices

à

I'aide d'une méthodologie

simple, basée

sur

le

hansfert

de

valeurs

de

bénéfices récréatifs

et

la

prévision

d'effectifs d'efforts de pêche,

-

élaborer une méthode

qui

pourrait éventuellement servir de base pour l'évaluation

économique des bénéfices récréatifs attendus d'autres opérations de démantèlement

de barrages en France.

La

première

partie

du

rapport dresse

l'état des

lieux

des connaissances halieutique et

biologique

sur

la

Sélune.

La

deuxième

partie

montre

que

la

seule étude économique

disponible sur I'effacement des barrages de

la

Sélune, réalisée par

un

bureau d'études, est

insuffisante. Elle souligne la nécessité d'une investigation plus rigoureuse. La troisième partie

expose

la

méthodologie que nous avons mise en æuvre. Enfin, les résultats de l'étude sont

présentés dans la quatrième partie et discutés dans la cinquième.

1. Les données halieutiques et biologiques : état des lieux

La Sélune est une rivière majeure pour la pêche récréative au saumon en France. Dans cette

partie, nous soulignons son importance et montrons qu'elle est un atout pour ce loisir. Puis,

nous faisons l'état des connaissances de I'impact des barrages sur la population de saumons

atlantiques de la Sélune.

l.I.

La Sëlune en perspective : une rivière majeure pour la pêche au ssumon en France

Depuis 2000, environ 2000 saumons sont capturés chaque année par les pêcheurs sportifs en

France (Annexe 1).

5 à

15% d'entre eux sont capturés sur

la

Sélune. Cette fourchette est

valable pour les captures de saumons de printemps et de castillons.

De

150

à

190 saumons, dont environ 100 de saumons de printemps, sont capturés chaque

année sur

la

Sélune. Cela en fait la troisième rivière de France pour les captures, derrière la

Sée (600 captures) et I'Aulne (200 captures). En nombre de captures, la Sélune est une rivière

tout à fait comparable au Gave d'Oloron. Cependant, la structure de celles-ci diffère nettement

entre

les

deux rivières.

Sur

le

Gave d'Oloron,

les

saumons

de

printemps représentent

(9)

les castillons (65% environ). En

fin

de compte, les captures réalisées sur la Sélune sont plus

nombreuses que sur les rivières bretonnes réputées à l'échelle nationale comme le Trieux, le

Léguer, I'Elorn, I'Ellé ou le Blavet. Notons que sur

la

Sélune les captures sont faites sur un

parcours très limité (12 km) occasionnant une forte pression de pêche.

La Sélune est donc une rivière majeure pour la pêche au saumon en France, représentant l0oÂ

des captures nationales et un potentiel récréatif de première importance. Nous verrons dans la

partie 3.5., que ce qui s'observe pour les captures se vérifie aussi en termes d'effort de pêche.

L2. Impacts biologiques des barcages sur la population de saumons atlantiques de la Sélune

Le

Cabinet SEPIA Conseils

a

réalisé

un

état des

lieux

sur

le

potentiel salmonicole de la

Sélune (SEPIA Conseils, 2002) dans le cadre du Schéma d'Aménagement et de Gestion des

Eaux (SAGE) de la Sélune. Dans cette partie, nous synthétisons I'information contenue dans

cette étude.

La

Sélune est barrée par deux retenues hydroélectriques

:

le barrage de la Roche-qui-Boit,

situé à une douzaine de kilomètres de la mer, et celui de Vezins, situé à 15 km de la mer. Ces

deux barrages bloquent I'accès des saumons à70%o des zones de frayeres comptabilisées sur le

bassin versant. Celles-ci se répartissent de la façon suivante :

-

30% des zones de frayères sont accessibles au saumon,

-

3l%

se trouvent noyées sous les barrages,

-

39% se situent en amont de la retenue de Vezins.

Au

total,

le

potentiel de

la

Sélune représente 3021unités de production (UP)4.

A

titre

de

comparaison, la Sée équivaut

à

1530 UP. Le potentiel de la Sélune est double de celui de la

Sée qui est actuellement la rivière la plus productive de France pour les captures de saumon.

Si

ce

potentiel

était libéré,

la

Sélune représenterait

5% du

potentiel national estimé à

180 000 UP, alors qu'elle n'en représente que 1,5% aujourd'hui.

Selon le Conseil Supérieur de la Pêches, si les barrages étaient démantelés, le total autorisé de

captures (TAC) sur

la

Sélune pourrait alors passer de

ll0-140

captures annuelles à près de

500 captures. On peut noter qu'en

2002,le

CSP (Anonyme,2002) estimait que le

TAC

de

saumon actuel devrait être de 154 saumons, dont 28 saumons de printemps et 126 castillons.

Dans I'hypothèse d'un

TAC

passant

à

500 saumons, environ 400 saumons supplémentaires

seraient exploitables par la pêche à la ligne. Les études de Prévost et Porcher (1996a et 1996b)

montrent que la proportion à retenir lors de la fixation du TAC est de 82Yo de castillons et de

18%

de

saumons

de

printemps. Dans ces conditions, I'effacement des barrages pourrait

a

Une UP conespond à une unité de surface de frayère. Ces unités n'ont pas toutes la même productivité.

(10)

permettre I'exploitation par la pêche à la ligne de 72 saumons de printemps et 328 castillons

supplémentaires sur la Sélune.

Au-delà de

la

libération du potentiel productif et de I'augmentation du nombre de captures

autorisées

de

la

Sélune, I'effacement des barrages permettrait d'augmenter fortement le

parcours de pêche au saumon.

La

longueur totale de

la

rivière accessible au saumon serait

alors de 68

km. Le

parcours accessible au pêcheur n'est que d'une douzaine de kilomètres

aujourd'hui (entre Pontaubault et le barrage de la Roche-Qui-Boit). Près de 20 km de parcours

sont actuellement noyés sous les retenues. On sait que les pêcheurs n'exploiteraient pas la

Sélune sur toute sa longueur, même

si

les barrages étaient démantelés. Cependant, on peut

estimer que ceux-ci pêcheraient jusqu'au Désert6, au nord de Notre-Dame-du-Touchet. Le

parcours de pêche serait alors augmenté de 25 km, soit une longueur totale portée à 38 km.

Par suite, on peut conclure que les deux barrages de la Sélune limitent fortement son potentiel

récréatif pour les pêcheurs de saumon. Les barrages affectent deux composantes : le nombre

de captures

et

la

longueur du paxcours de pêche. Dans

lhlpothèse

du démantèlement des

barrages, les pêcheurs de saumon pourraient exploiter 400 saumons et 25 km7 de parcours

supplémentaires. Ces nouvelles caractéristiques constitueraient une opportunité de bénéfices

récréatifs. Comment peut-on les chiffrer ?

2. L'étude SEPIA Conseils : une première approche économique

L'étude

SEPIA

Conseils (2003), propose

une

évaluation des bénéfices récréatifs totaux

attendus

en

cas d'effacement des barrages. Dans cette partie, nous nous intéressons

à

la

construction des résultats de cette étude.

Tout

d'abord, les résultats bruts proposés

par

SEPIA Conseils varient de

un à dix.

Les

estimations varient de 248 040 € à 2 718 760 € par an (tableau 1). Elles représentent le surplus

annuel

total

attendu

sur

la

Sélune sans les barrages. Les auteurs retiennent

la

valeur de

826 650 € qui constitue le résultat obtenu à partir de leur hlpothèse moyenne.

Les hyrpothèses posées par SEPIA Conseils portent sur le futur nombre total de pêcheurs, le

nombre moyen annuel de visites effectuées

par

les pêcheurs

et

sur

la

valeur d'une visite

récréative. Elles ont été construites de la manière suivante :

6

Le Désert se trouve en aval de la confluence d'affluents majeurs de la Sélune.

7

Il est possible que la majeure partie des pêcheurs se conçentrent plus en aval, sur une partie allant de I'estuaire à Saint-Hilaire-du-Harcouët. L'augmentation du parcours ne serait alors que de 20 km.

(11)

Tableau 1.

Estimation

des surplus totaux

pour la

pêche du saumon suite à I'effacement

des barrages de la Sélune

Nombre

futur

de pêcheurs

Valeur nette d'une journée de pêche

(euros)

Nombre de jours

de pêche

/

Montant

total des

dépenses (euros/an) 30 248 040 28 37 305 916 30 49s 990 300 55 37

6tt

721 30 661 320 73 37 815 628 30 413 400 28 37 509 860 30 826 650 500 55 37

I

019 535 30

r

r02200

73 37

I

3s9 380 30 826 800 28 37

|

0t9

720 30 1 653 300 1000 55 37

2039

070 30

2204

400 73 37 2

7t8

760

Source : SEPIA Conseils (2003)

l.

Nombre futur de pêcheurs :

SEPIA Conseils fournit trois estimations du nombre futur de pêcheurs sur la Sélune : 300, 500

et 1000.

-

L'estimation de 300 pêcheurs correspond à une situation où le nombre de pêcheurs

n'évoluerait pas. Les auteurs estiment le nombre actuel de pêcheurs sur

la

Sélune à

280.

-

L'hlpothèse de 500 pêcheurs repose sur la transposition de I'augmentation observée

sur

la

Touques (70% de pêcheurs en plus) suite au doublement de

la

longueur du

parcours.

Les

auteurs précisent

que

cette

hypothèse correspond également à

I'application de la proportionnalité entre le

TAC

actuel (140 saumonp par an) et le

nrtur

faC

dans son esiimation la plus restrictive (280 saumons par an)8

I

(12)

-

L'hypothèse

de

1000

pêcheurs

est

obtenue

à

partir

de

I'application

de

la

proportionnalité entre

la

situation actuelle et I'hypothèse

la

meilleure pour le futur

TAC (500 saumons par an)e.

2. Nombre de jours de pêche par pêcheur :

Pour le nombre de sorties annuelles par pêcheur sur

la

Sélune, SEPIA Conseils propose de

retenir les valeurs de 30 et 37 jours par pêcheur et par an. Cette hlpothèse repose sur les

résultats publiés par Bonnieux (2000). SEPIA Conseils évalue ainsi le nombre de sorties sur

la

Sélune

à

37,5 sorties par pêcheur

et par

an.

On

constate que cette estimation ne suit

pourtant pas les résultats publiés par Bonnieux (2000), qui sont présentés dans le tableau2.

Tableau 2. Nombre de visites nar nêcheur (ensemble de la saison).

Pêcheurs Rivières

Sée-Sélune Elorn Touques

Locaux Autres Ensemble 56 36 47 38 26 31 70 26 62 Source : Bonnieux (2000, tableau Y, p 428)

D'autre part, SEPIA Conseils rapporte

un effort

de pêche proche de 36

jours

par an dans

I'Hérault. Les travaux d'Armand (1999) montrent que I'effort

individuel

de pêche dans ce

département serait plutôt de 46 visites par an, comme le montre le tableau 3.

Tableau 3. Nombre moven de sorties de nêchepar département.

Hérault

Indre

Autres

départements

Total

Nombre des sorties de

pêche

Moyenne Nombre des

par pêcheur sorties de

oêche Moyenne par pêcheur Nombre des sorties de pêche Moyenne par pêcheur Nombre des sorties de pêche Moyenne par pêcheur 756 46 594 48 199

4l

t549 46

Source : Armand (1999, tableau 20,p 67).

En

outre,

le

nombre annuel moyen

de

sorties

pour

un

pêcheur

de

saumon, trouvé par

exploitation des carnets de pêche était de 41,1 en 1995 (Coupaye et a1.,1996) et de 38,7 en

1996 (Evrard et

al.,1997).Il

faut souligner que ces derniers chiffres ne tiennent pas compte

des disparités régionales.

Il

semble donc que les hypothèses retenues par SEPIA Conseils concernant

le

nombre de

visites par pêcheur sur la Sélune soient fondées sur un report imprécis des données existantes.

En toute logique et selon ces sources, une valeur d'au moins 40 visites par pêcheur et par an

serait plus raisonnable.

e

(13)

3. Valeur d'une journée de pêche au saumon :

Cette dernière hypothèse faite

par

SEPIA Conseils repose sur les travaux de Bonnieux et

Vermersch (1993) et d'Amigues et

al.

(1995). Les valeurs retenues (28, 55 et 73 €/jour) sont

tirées de ces études. Ces estimations sont dans les ordres de grandeur communément admis.

Nous discutons la valeur économique d'une journée de pêche dans la partie 3.4.

Finalement, cette première analyse reste assez fruste. Les résultats sont très variables et

oscillent entre des valeurs comprises entre

248040€

et

2718760€

par an. Les hypothèses

faites sont souvent comprises dans des fourchettes très larges, basées parfois sur une mauvaise

retranscription de certains résultats d'enquête. L'étude SEPIA Conseils ne repose que sur des

données secondaires de transfert choisies arbitrairement. Cependant, nous soulignons que les

résultats obtenus par SEPLA Conseils sont plausibles.

Nous proposons donc d'aller

plus

loin

dans I'analyse des bénéfices récréatifs attendus du

démantèlement des barrages de la Sélune. Pour cela,

il

est nécessaire de mettre en place une

étude particulière.

3. Contexte scientifique et méthodes

Nous avons vu la nécessité d'une étude plus rigoureuse dédiée à I'analyse de I'effacement des

barrages. Dans cette partie, nous présentons une méthodologie simple permettant d'évaluer les

bénéfices récréatifs liés à I'effacement des barrages de la Sélune. Tout d'abord, nous faisons le

point sur les notions de demande et de surplus. Puis nous présentons la méthodologie retenue.

Celle-ci repose sur le calcul de

la

variation du nombre de visites sur

la

Sélune induite par

I'effacement des banages, et la détermination de la valeur d'une sortie de pêche au saumon.

Nous préférons

travailler sur

le

nombre

de

visites,

car les

pêcheurs

ne

fréquentent pas

uniquement

la

Sélune.

La

détermination de

la

valeur d'une sortie de pêche récréative au

saumon en France est un point important de l'étude. Nous discutons ce point dans la troisième

section. Nous avons également besoin

du

nombre de visites annuelles sur les rivières de

Bretagne

et

de

la

Manche.

La

quatrième section présente les résultats de I'enquête menée

auprès des pêcheurs de saumon pour la saison 2002. Ces résultats permettent de reconstituer

I'effort total de pêche sur les rivières de Bretagne et de la Manche, ce que nous faisons dans la

cinquième section.

3.1. La mesure des bénëfices récréatifs : bien-être et surplus

En économie,

la

fonction de demande individuelle permet de relier

la

quantité individuelle

consommée

d'un bien

à

son

prix.

Ceffe relation sert

aux

calculs

de

bien-être

au

sens

(14)

mettre en relation le nombre de sorties de pêche effectuées par un pêcheur et le coût total de

déplacement auquel

il

est confronté. C'est la méthode des coûts de déplacement.

Dans

le

cas général,

le

nombre individuel

de

visites récréatives diminue lorsque

le

prix d'accès augmente.

Le

coût

de

déplacement

est

généralement

constitué

des frais

de

déplacement (essence, amortissement du véhicule, etc.) et du

prix

de la journée de pêche

(carte à la journée, appâts, etc.).

La

figure

I

illustre une courbe de demande pour la pêche de loisir.

Elle

est déterminée en

observant comment les pêcheurs (croix) déterminent le nombre de visites en fonction de leur

coût d'accès au site de pêche. Elle représente le consentement à payer marginal pour une visite

l.e. le

prix

que le pêcheur est prêt à payer pour faire une visite supplémentaire. Comme cette

courbe est établie à

partir

de plusieurs individus, elle représente une fonction de demande

individuelle moyenne.

Au prix

d'accès Pa, les pêcheurs sont prèts à faire Qp visites. Ils dépensent alors PsxQ6 (aire

hachurée). Cependant,

ils

seraient prêts à payer plus pour des visites moins nombreuses (le

nombre de visites est alors situé à gauche de Qo).Cette somme constitue

un

surplus (aire

grisée). Elle représente le consentement à payer marginallO (CÆ,n) au-dessus des dépenses.

C'est la valeur marchande potentielle de la pêche. La valeur récréative du site est égale à la

somme des surplus des pêcheurs.

Figure

1.

Représentation graphique

d'une courbe de

demande

et

de

la

notion

de

surplus.

Coût de déplacement

Situation d'un pêcheur

+

Courbe de demande de pêche

Ps

Visites

pour la pêche + + + + + + Qo + Surplus + Dépenses

(15)

Pour mesurer

le

surplus,

on

utilise

également

la

méthode d'évaluation contingente, qui

consiste à demander directement leur

CAP.

aux pêcheurs. Le principe de cette méthode est

largement développé dans Bonnieux et Desaigues (1998). Nous ne I'aborderons pas dans ce

rapport.

3.2. Mëthodologie de l'ëtude

La mesure directe ex ante des bénéfices attendus de I'effacement des barrages de la Sélune est

impossible par

la

méthode des coûts de déplacement, car elle repose sur I'observation de

comportements. Dans tous les cas, le peu de temps qui nous est imparti interdit l'emploi de la

méthode des coûts de déplacement ou de la méthode d'évaluation contingente qui repose sur

des comportements hypothétiques.

A

défaut de pouvoir mettre en æuvre ces méthodologies dans cette étude, nous proposons une

procédure basée sur le transfert de bénéfices.

Il

s'agit d'une méthode assez récente qui consiste

à évaluer les impacts d'une action à partir des résultats obtenus dans d'autres études.

Deux types d'approches prévalent dans les études de transfert de bénéfices.

La

première

consiste à identifier une étude dont les caractéristiques sont très semblables à celle à réaliser et

d'en transferer

les

résultats.

On

parle alors

de

transfert direct.

La

deuxième repose

srr

I'estimation de fonctions de transfertll qui sont utilisées pour prédire les impacts de I'action'

Ces deux approches

ont

été largement étudiées

et

comparées par Rosenberger

et

Loomis

(2001). Dans les deux cas, on ne mesure pas directement les bénéfices récréatifs réels sur le

site d'étude : on les déduit de résultats préexistants.

Le transfert de bénéfices permet de s'affranchir de la lourdeur d'une étude qui peut être longue

et coûteuse. Cependant,

si

cette méthode est attrayante, elle revêt de nombreuses limites.

Récemment, Amigues et al. (2003) et Bonnieux et Rainelli (2003) ont proposé une analyse de

la possibilité des transferts de bénéfices en France. Ils identifient notamment quatre conditions

à vérifier entre le site de base et le site d'application :

-

une modification de I'actif naturel du même ordre,

-

une identité des caractéristiques des deux sites et des activités,

-

une forte proximité des caractéristiques des ménages,

-

un prix identique des activités sur les sites substituts et le site lui-même.

l0 C'est-à-dire pour une visite supplémentaire.

llA

partir non plus d'une seule étude mais d'un échantillon de plusieurs études, on procède à des méta-régressions pour mettre en relation statistique les facteurs de variations entre les études.

(16)

La recension des études françaises existantes ne permet pas de retenir une étude qui présente

les caractéristiques adéquates. D'autre part, les études s'intéressant aux impacts des barrages

sur le bien-être des pêcheurs sont essentiellement nord-américaines. Parmi celles-ci, les plus

souventcitéessontBishop

etal.(1987

et 1989),Boyle etal.(1988),Freeman(1995 et1996),

Loomis et al. (1986) et Loomis (1996 et2002).

Si

ces études présentent des éléments méthodologiques intéressants, qui peuvent éclairer le

cas des barrages de la Sélune, elles ne peuvent cependant pas servir de source à un transfert

direct de bénéfices. Elles ne réunissent pas les caractéristiques identifiées par Amigues et al.

(2003).

Black et al. (1998) ont réalisé une synthèse des méthodologies utilisées pour évaluer I'impact

économique

des

barrages.

Ils

proposent d'évaluer

les

bénéfices récréatifs attendus du

démantèlement d'un barrage par :

-

estimation de I'augmentation de I'activité pêche,

-

et transfert de valeurs unitaires issues d'autres éfudes.

Les bénéfices totaux de I'effacement des barrages sont alors le produit de I'augmentation de

I'activité pêche et de sa valeur unitaire. C'est cette méthode que nous appliquons. Le choix de

la

valeur unitaire de transfert est discuté dans

la

section suivante. Nous proposons deux

modèles pour estimer la variation de I'activité pêche sur la Sélune : un modèle de participation

et un modèle de fréquentation.

Le modèle de participation repose sur lhypothèse que la proportion de pêcheurs de saumon

par

département est

liée

à la

quantité de ressource disponible. C'est-à-dire que dans un

département comme le Jura, la proportion de pêcheurs de saumon dans la population totale de

pêcheurs est inférieure à celle d'un département comme le Finistère. Selon cette hypothèse ;

plus

I'accès

à

la

ressource

est

difficile,

moins nombreux sont

les

pêcheurs.

Ce

modèle

explique

le

taux de

pêcheurs

de

saumon d'un département

en

fonction

de la

ressource

salmonicole de celui-ci. La ressource totale d'un département est évaluée par la somme des

captures

et

de

la

longueur des parcours. Seuls

le

département de

la

Manche

et

les quatre

départements bretons ont été pris en compte. Les données retenues sont celles de la période

1993-2002.

Ce

modèle nous sert

à

extrapoler

la

participation

future

des pêcheurs

de

la

Manche à la suite de I'effacement des barrages de la Sélune. Les résultats de ce modèle sont

présentés dans la partie 4.2.

Le modèle de fréquentation explique I'effort total de pêche sur une rivière, exprimé en visites,

(17)

débit. Ce modèle se base sur nos résultats d'enquête. On attend un effet positif du nombre de

captures et de la longueur du parcours sur le nombre de visites. On attend également un effet

positif du débit traduisant une plus grande capacité d'accueil de pêcheurs des rivières les plus

importantes. La relation est obtenue à partir des observations d'effort faites sur les rivières de

Bretagne et de la Manche. Ce modèle explique donc I'effort total de pêche sur une rivière de

la région considérée en fonction du nombre de captures qui y sont réalisées, de la taille de son

parcours et de son débit.

il

permet d'extrapoler le nombre total de visites faites sur la Sélune à

la suite de I'augmentation des captures et de la taille du parcours liée au démantèlement des

banages.

3.3. Elëments sur le surplus générë

par

une sortie de pêche au saumon

La

littérature consacrée

à

la

valeur économique de

la

pêche en général

et du

saumon en

particulier

est

majoritairement nord-américaine.

Les

principales études

économiques françaises évaluant le surplus généré par une visite récréative ont été réalisées par Bonnieux et

Vermersch (1993) d'une part et Desaigues et

al.

(1998) de I'autre. D'autres études comme

celles de Brulard (1995) et Le Bihan (1996) ne mesurent pas directement le surplus généré par

unejournée de pêche.

Les estimations nord-américaines sont très nombreuses. Les valeurs trouvées sont également

très variables. Récemment, I'emploi de méta-analyses

a

permis d'expliquer les sources de

variation

et

d'extraire

les

facteurs

qui

influencent statistiquement

la

valeur de

la

pêche.

Bonnieux

et Rainelli

(2003) et Amigues

et

al.

(2003) détaillent

le

principe de ces méta-analyses et leur apport à la connaissance de la valeur économique des activités de loisir. Les

méta-analyses de Walsh et

al.

(1992) et de Rosenberger et Loomis (2000) portent sur des

études américaines d'évaluation des bénéfices récréatifs procurés

par

un

grand nombre

d'activités

de loisir. En

revanche,

les

méta-analyses proposées

par Boyle

et

al.

(1998),

Markowski et al. (2000) et Sturtevant et al. (1998) ne s'intéressent qu'à la pêche récréative.

Les

variations observées

ont tout

d'abord

trait

aux

méthodes d'estimation employées.

Notamment,

la

méthode d'évaluation contingente

procure

des

estimations

de

surplus

inferieures

à

celles mesurées par

la

méthode des coûts

de

déplacement (Rosenberger et

Loomis, 2000 ; Walsh et a1.,1992). D'autres variables méthodologiques influencent la mesure

de surplus. C'est le cas, entre autres, du choix de I'estimateur, de la prise en compte ou non des

substituts

et

de

la

procédure d'enquête. Une grande partie de la variabilité des estimations

relève de I'activité étudiée. Typiquement, les bénéfices des activités spécialisées comme la

pêche des salmonidés migrateurs ou la chasse au gibier d'eau sont plus importants que ceux

générés par des activités moins spécialisées comme

la

baignade

ou

la

randonnée. Pour la

(18)

Markowski

et

al.

(2000) montrent

que

la

valeur d'une journée

de

pêche

en rivière

est

supérieure pour le saumon ou la truite à ce qu'elle est pour le brochet et plus encore pour les

autres espèces d'eau douce. De même, une journée de pêche en rivière procure une valeur

supérieure

à

une journée de pêche

en

eaux calmes.

Enfin,

la

qualité

du

milieu

importe

également. L'acidification des milieux a une influence négative sur les bénéfices de la pêche

(Navrud et Strand, 1992). Par ailleurs, les pêcheries récréatives de I'ouest des Etats-Unis sont

mieux valorisées que celles de I'Est (Rosenberger et Loomis,2000 ; Boyle et a1.,1998).

Le

tableau

4

présente

une

synthèse des principaux résultats d'évaluation des bénéfices

récréatifs procurés

par la

pêche de

loisir.

Les résultats ont été actualisés. Pour les études

françaises, I'actualisation a été faite à partir des tables INSEE de "pouvoir d'achat de I'euro et

du franc" de 2002

qui

sont déflatées par I'indice général des

prix

à la consommationl2. Les

valeurs américaines ont été converties en retenant un taux de conversion de

l€:lUS$.

Ces

bénéfices ont été ensuite actualisés de la même façon que les études françaises.

Ces résultats tendent à montrer qu'aux Etats-Unis, la valeur d'une sortie de pêche au saumon

est comprise entre 25 €, et 60 €. En comparaison, les études prenant en compte tous les tlpes

de pêche aboutissent à une valeur comprise entre 15 € et 30 €. Ces résultats américains restent comparables à ceux de Bonnieux et Vermersch (1993) pour la France.

Il

faut signaler qu'aux Etats-Unis, la pêche au saumon est potentiellement plus valorisée qu'en

France, notamment à cause des grandes distances à parcourir pour atteindre les sites de pêche,

des revenus plus élevés et des préférences plus marquées pour les activités de loisir en plein

air. On constate également que sur la période 1955-2001, le nombre de pêcheurs aux

Etats-Unis a augmenté deux fois plus

vite

que la population (Cooper et a1.,2002). En France, la

situation est inverse et le nombre total de pêcheurs, au moins sur les parcours gérés par les

associations de pêche, est en diminution. D'autre part,

on

compte près de 34

millions

de

pêcheurs aux Etats-Unis pour 285 millions d'habitants (12%) alors qu'en France, ce nombre

est estimé à 5 millions (8% de la population). La participation au loisir pêche est donc assez

nettement supérieure aux Etats-Unis qu'en France.

Aux

Etats-Unis, la pêche est un

loisir

en

pleine croissance, ce qui ne semble pas être le cas en France.

Par ailleurs, certains sites de pêche ouest-américains sont reconnus pour être de très grande

qualitéI3.

Le

cas des sites de pêche

au

saumon en Alaska

en

est

un bon

exemple.

Il

est

probable que

la

situation européenne est plus proche de celle que I'on trouve dans I'est des

12

Par exemple, I Franc de 1990 vaut 0,18718 Euros de 2002.

"

ll s'agit principalement des sites de pêche au saumon de lâlaska, réputés pour le caractère sauvage des rivières

et I'abondance des captures. Notons également que les espèces de saumon

y

sont différentes du saumon atlantique que I'on trouve en Europe et dans I'Est des Etats-Unis.

(19)

Etats-Unis.

Or,

les valeurs récréatives sont plus faibles dans cette partie des Etats-Unis,

comme on I'observe dans

le

tableau 5.

Il

faudrait donc minorer les résultats américains ou

s'inspirer plutôt des valeurs observées dans I'Est des Etats-Unis, pour réaliser un transfert de

bénéfices.

En outre, Rosenberger et Loomis (2000) montrent que I'année d'obtention des données d'étude

a un effet positif sur

la

valeur des activités récréatives, et ce hors inflation. Cette tendance

pourrait être liée à I'augmentation du revenu, la raréfaction des ressources environnementales

et le changement de préferences individuelles vers une meilleure valorisation des activités de

loisir. Cette augmentation de la valeur des bénéfices récréatifs journaliers serait de I'ordre de

I

par

an. Smith

et

Kaoru

(1990) trouvent

un

résultat montrant

plutôt

I'effet inverse.

Cependant, ils estiment que I'effet du temps peut être imputé à une évolution des méthodes ou

des types de données. Quoi qu'il en soit, nous ne retiendrons pas cette option car nous pensons

qu'elle n'est pas nécessairement représentative de la situation européenne.

Même si elles sont inférieures arD( résultats de Bonnieux et Vermersch (1993), les valeurs de

25 €, et 50 € de surplus par pêcheur et

parjour

nous semblent appropriées. Elles reposent sur

un grand nombre d'études. La valeur de 25 €, traduit la situation observée sur les rivières de

I'Est des Etats-Unis.

Il

s'agit d'une région densément peuplée, comme I'Europe, et dont les

caractéristiques piscicoles et hydrobiologiques (même espèce de saumon, cours d'eau soumis

à

une

forte

pression anthropique) permettent une comparaison valable avec celles

de

la

Sélune. La valeur de 50 € s'inspire des sites de pêche au saumon de I'Ouest américain, dont on

sait qu'ils sont de grande qualité. Cependant, les rivières

à

saumon de I'Awanchin (Sée et

Sélune) suivent une évolution très différente des autres rivières françaises depuis quelques

années. Les captures de saumon augmentent fortement sur ces rivières alors qu'elles sont en

diminution sur les autres rivières du Massif armoricain. Cette situation atypique de la Sée et la

Sélune pourrait induire une très

forte

valorisation de ces rivières

par

le

tourisme pêche,

rapprochant leur situation des rivières ouest-américaines.

Nous

ne

retenons pas

les

valeurs obtenues par Bonnieux

et

Vermersch (1993) car nous

disposons de méta-analyses reposant sur plusieurs centaines d'études

et qui

permettent de

prendre en compte les biais inhérents à chaque étude pour extraire la valeur moyenne d'une

journée de pêche au saumon. Ces méta-analyses comprennent des estimations plus récentes

que celles de Bonnieux

et

Vermersch et utilisent les méthodologies les plus avancées en

matière d'évaluation économique des activités de loisir.

Enfin, une difference de valorisation entre les saumons de printemps

et

les castillons est

possible.

Il

n'existe

pas

d'éléments dans

la

littérature

visant

à

étayer cette hypothèse.

(20)

Tableru 4. Estimatlon des valeurs Journallères de surplus pour la pêche récréative en rlvière : études françaises et internationale.

Etudec

Espèces

Régions ou pays Valeurs par jour

Amée Moyeme lnteryalle Moyeme Int€rvslle

Valeurs rcturllsées pour

2002 Rivière Vikedalsev (Norvèce) t9s2 280 - FRF r2l - 166 FRr 5l -72e 2t -28e

Navrud et Strand (1994) Saumon-lruit€ de m€r

Rivière Audna (acidifi ée)

(Noroège) 1992 187 - 212 FRF 32 -36e Boyle et al. (1998) Truite Ouestd€su.S.A. 1997 (45$) ll -762 $ (48€) 12-813€ E.t d"" d'eau douce U.S.A. (ensemble) 1996 36$ (20$) 39€ Q2e\ t996 3l$ (15$) 33€

Rosenberger et Loomis (2000) Toutes pêches Nord-Est des U.S.A.

(16€) Alaska 1996 .10$ 43e wslsh?,,,.

(lee2)

"T:à":"J:,

u.s.A.

le87

d:b

:â3,

Sturtevant e, a/. (19981 Toutes Deches Est des lI.S-A- 1994 3t$ 35€

FRF = Frmcs français, $ : Dollar américain, € = Euro

(21)

saumon

de

printemps,

plus

gros

et

souvent

jugé plus

"combatif

et

intéressant"

par

les

pêcheurs. Cet élément semble corroborer nos résultats d'enquête qui montrent une plus grande

fréquentation des parcours pendant la saison de pêche de printemps alors que les captures sont

très nettement moins fréquentes.

En résumé, nous retiendrons qu'une sortie de pêche au saumon en France procure un surplus

compris entre 25

et 50 €. Nous privilégierons I'hypothèse de 25

qui nous apparaît plus

adaptée à la réalité de la pêche en France.

3.4. Présentation de I'enquête14

Nous avons réalisé courant fevrier-mars 2003, une enquête téléphonique auprès de pêcheurs

de

saumon

en

Bretagne

et

dans

la

Manche

Au

total,

920 pêcheurs

de

saumon

ont

été

contactés. 831 ont accepté de repondre, soit un taux de réponse de 90%. Les questions posées

portaient sur les sorties

et

captures effectuées lors de

la

saison 2002. Des renseignements

socio-démographiques et sur

le

rapport du pêcheur

à

son

loisir

(perception des mesures de

gestion,

motivations,

etc.)

ont

également

été

obtenus.

Nous

présentons

tout

d'abord

succinctement un

"profil"

du pêcheur de saumon en Bretagne et dans la Manche. Puis, nous

développons quelques statistiques d'effort issues de noffe enquête. Nous signalons que des

résultats

plus

détaillés sur cette enquête

et

sa mise en place sont disponibles auprès des

auteurs.

D'après notre enquête, le pêcheur de saumon type est un homme de

5l

ans en moyenne.

Il

pêche préférentiellement au lancer au printemps (poisson mort, cuiller, etc.), mais

il

pratique

également la pêche à la mouche à I'automne.

Il

est généralement le seul pêcheur du foyer et

son revenu moyen est de 2 200 e nets par mois.

Dans l'échantillon,

on

remarque

que 35%

des

pêcheurs

sont des

retraités.

Les

chefs

d'entreprise et professions libérales, les cadres supérieurs, les professions intermédiaires, les

employés

et

les

ouvriers

sont représentés

à

parts relativement égales dans

le

reste de

l'échantillon. Pour plus de 90% des pêcheurs de saumon, le caractère sauvage d'une rivière est

un critère important dans

le

choix du site de pêche. La possibilité d'avoir un parcours peu

fréquenté est également

un

critère important. En revanche, les pêcheurs déclarent accorder

moins d'importance au nombre et à la taille des captures. D'autre part, les pêcheurs sont prêts

à se déplacer pour pratiquer leur loisir. Les motivations des personnes enquêtées pour la pêche sont principalement la passion pour ceffe activité, les possibilités d'admirer la nature et de se

relaxer.

Enfin,

les pêcheurs estiment que

la

canalisation des rivières

et

les barrages, tout

ra

La réalisation de cette enquête a bénéficié du soutien financier de la Région Bretagne dans le cadre du

(22)

comme les pollutions agricoles et les captures de saumon en mer sont néfastes à la pratique de

leur loisir. Les totaux autorisés de captures (TAC) par rivière, les soutiens d'effectifs et les

fermetures hebdomadaires sont des mesures jugées plutôt favorables au développement d'une

pêche de qualité, alors que les avis sont plus mitigés sur le développement de la réciprocité

nationale et le recul de I'ouverture de la saison de pêche.

Notre échantillon se compose principalement de pêcheurs de la région d'étude (Annexe 2).

L'effort

de

pêche

fourni

par

les individus de

notre échantillon s'élève

à

35 188 visites,

majoritairement effectuées

sur

la

Sée,

I'Aulne, I'Ellé,

le

Léguer,

la

Sélune

et le

Blavet.

(Annexe 3). Sur les 35 188 visites recensées,

20

536 sont effectuées au printemps contre 14

623 pendant

la

saison d'été-automne. Les captures d'été-automne sont plus nombreuses que

celles de printemps (578 contre 199, cf. Annexe 4). D'auhe part, les captures par unité d'effort

(CPUE) sont très variables entre les rivières avec une moyenne totale proche de 0,04 captures

par sortie en moyenne. La CPUE est plus élevée pour les castillons que pour les saumons de

printemps (Annexe

5).

Finalement,

le

taux

de

pêcheurs bredouillesl5 avoisine 83Yo en

moyenne pour la saison de printemps etTlo pour la pêche des castillons.

Les résultats de notre enquête sont cohérents avec ceux trouvés dans d'autres études.

A

titre

d'exemple, Prévost (2001) trouve une CPUE de 0,034 sur

le

Scorff pour

la

saison 2000 et

nous trouvons une CPUE de 0,017 pour la saison 2002. Par ailleurs,

il

estime I'effort moyen

par pêcheur

à

19,8 sorties par an. Ce nombre est de 16,5 sorties par an pour notre estimation

relative à la saison 2002. Sur le Scorff, les captures ont été deux fois moins nombreuses en

2002 qu'en 2000 (Annexe

1), ce

qui

pourrait expliquer que nous trouvons des résultats

inférieurs. D'autre

part,

I'exploitation des carnets

de

captures permet d'évaluer

la

CPUE

moyenne

à

0,054 capture par sortie pour

la

saison 1995 (Coupaye et

al.,

1996) et à 0,026

captures par sortie pour

la

saison 1996 (Evrard et

al.,

1997). Ces résultats corroborent les

nôtres.

Nos résultats d'enquête ont permis de reconstituer I'effort total de pêche sur les rivières de

Bretagne et de la Manche, qui nous sert pour I'estimation de nos modèles.

3.5. Calcul de lafrëquentation totale pour les rivières de Bretagne et de la Manche

Pour reconstituer les efforts de pêche totaux sur les différentes rivières de la Bretagne et de la

Manche,

nous

avons

utilisé les

efforts

constatés dans

notre

échantillon, ramenés

à

la

participation des pêcheurs par département.

15

(23)

Dans un premier temps,

il

s'agit de reconstituer la répartition départementale des pêcheurs de

saumon. L'existence, depuis 2000, d'une taxe unique "salmonidés migrateurs" pour le saumon

et la truite de mer empêche I'obtention directe de ces effectifs à partir des effectifs de pêcheurs

acquittant cette taxe. Entre 1994

et

2000,

le

nombre

total

de pêcheurs acquittant

la

taxe

"saumon"

et la

taxe "truite de

mer"

est resté relativement invariant autour de 4400 (CSP,

2002). Environ 60% d'entre eux étaient des pêcheurs de saumon. Si cette statistique est restée

constante

sur

la

période 2000-2002,

on

peut estimer que

2600

des 4497 pêcheurs ayant

acquitté la taxe "salmonidés migrateurs" sont des pêcheurs de saumons. L'introduction de la

taxe unique en Finistère n'a pas changé les effectifs de pêcheurs acquittant la taxe16.

Il

semble

donc qu'en Finistère

la

quasi-totalité des pêcheurs

de

salmonidés migrateurs soient des

pêcheurs de saumon. Cette situation s'explique par I'absence de rivière majeure à truite de mer

en

Bretagne

et

en

Manche.

En

conséquence,

nous

faisons I'hypothèse

que

les

taxes

"salmonidés migrateurs" acquiffées en Bretagne et en Manche concernent exclusivement des

pêcheurs de saumon. La répartition départementale de la population de pêcheurs de saumons en France que nous retenons est rapportée dans le tableau 5.

Tableau

5.

Comparaison

de

la

population

totale

de

pêcheurs

en

France

et

de

l'échantillon obtenu.

Année Pêcheurs de saumon

Échantillon

Effectifs

% Effectifs % Ille-et-Vilaine Côtes-d'Armor Finistère Morbihan Manche Autres départements t27 300 730 -200 638 -700* 4,8 I1,5 28,0

-8,0

24,5 26,9 68

t2l

315 88 199 40 8,2 14,6 37,9 10,6 23,9 4.8 Total France -2600 100,00 831 100,0

*Sur ces 700 pêcheurs, on peut estimer que 200 (7,9Vo) d'entre eux pêchent dans l'Ouest. Cette demière estimation est retenue arbitrairement pour exclure les pêcheurs du Sud-ouest pêchant sur les Gaves et les Nives et qui font peu de sorties sur les rivières de Bretagne et de la Manche, à cause de la distance.

La reconstitution des visites totales par rivière a été réalisée de la façon suivante :

l.

Pour

chaque

rivière,

les

pêcheurs

ont

été

repartis

en

fonction

de

leur

origine

départementale. Par exemple : pour la Sélune nous avions trois pêcheurs du Finistère,4l

pêcheurs d'Ille-et-Vilaine, etc.

2.

A

partir des effectifs

départementaux

de

l'échantillon,

un

taux

départemental de

participation

a

été calculé pour chaque rivière. Par exemple

: la

Sélune était visitée par

0,4o des pêcheurs

du

Finistère,

etc.

Ici, on a fait

I'hypothèse

que

l'échantillon était

représentatif du comportement de la population.

16

(24)

3.

A

partir des effectifs nationaux du tableau 5, le nombre total de pêcheurs a été recalculé

pour chaque rivière, en multipliant le taux départemental de participation par I'effectif réel

de pêcheurs de saumon de chaque département.

4. Enfin, le nombre total de visites a été reconstitué à partir des visites moyennes effectuées

par les pêcheurs de saumon de chaque département.

A

ce stade, certaines agrégations ont

été obligatoires pour éviter que des points aberrants n'influencent les moyennes. Nous

avons agrégé

les rivières

par

département

et

déterminé

les

fréquentations moyennes

départementales en fonction

du

département d'origine des pêcheurs. Par exemple, nous

avons calculé qu'un pêcheur des Côtes-d'Armor effectue en moyenne 9,3 visites sur une

rivière de la Manche.

Au

sein d'un même département,

il

nous a été possible d'affiner ces

moyennes, tout en gardant de la robustesse, en désagrégeant ces calculs pour les rivières

fréquentées par plus de 20 pêcheurs de leur propre département. Par exemple, les pêcheurs

des Côtes d'Armor effectuent en moyenne 29,78 visites sur les rivières des Côtes d'Armor

mais on remarque qu'ils en font en moyenne 38,41 sur le Léguer et 20,97 sur

le

Trieux,

statistiques obtenues sur plus de 20 pêcheurs pour ces deux rivières.

Les fréquentations totales par rivière ont alors été obtenues par multiplication des effectifs

estimées de pêcheurs et de I'estimation de leur fréquentation moyenne. Cette agrégation tient

compte

des

disparités départementales

en

conservant, lorsque

cela

a

été

possible, les

différences entre rivières.

Au

total, trois agrégations

ont

été effectuées à

partir

des visites

totales, de printemps et d'automne. Les résultats de ces estimations sont présentés dans le

tableau 6.

L'effort

de pêche sur les rivières de Bretagne et de

la

Manche est estimé

à

94 000 visites

environ pour

la

saison 2002.

La

Sée est la

rivière

la plus fréquentée avec près de 23 000

visites

par

an,

reparties

de

manière équitable entre

la

saison

de

printemps

et

la

saison

d'automne. La Sélune est la troisième rivière la plus fréquentée avec plus de 8 000 visites par

an.

Au

printemps, I'effort de pêche est nettement supérieur:

il

représente 57%o des 94 000

visites annuelles.

4. Résultats

Dans cette partie, nous présentons les résultats des estimations des differents modèles. Ces

derniers servent

à

extrapoler

le

nombre de visites annuelles supplémentaires que I'on peut

attendre de I'effacement des barrages de la Sélune.

4.L Rappel des hypothèses foites pour l'agrégation des bënëJices rëcréatifs

Pour agréger les bénéfices récréatifs liés au démantèlement des barrages de

la

Sélune, nous

retenons les hypothèses suivantes :

L'effacement des barrages de la Sélune procurerait une augmentation de captures de 400

(25)

Tableau 6. Estimation de

feffort

de pêche exprimé en nombre de visites sur les rivières

de Bretasne et de la Manche en2002

Rivière Saison

entière

Saumons de printemps Castillons

Aber Wrach Aulne Aven Blavet Camfrout Couesnon Douron Ellé Elorn Gouet Goyen Isole Jaudy Jet Kergroix Laita

Leff

Léguer Mignonne Odet Penzé Scorff Sée Sélune Sienne Steir Trieux Yar 436 8738 2426 6066 483 I 558 1405 7266 4958 96 t945 679 427 r256 469 493

t252

7886 739 1480 894 2086 22983 8258 4093 1758 33 10

23t

310 5125 t285 3214 399 996 872 4786 2889 53 I 180 410 210 712 303 325 863 46t5 487

tl4l

521 I 188 1 1548 4943 2076 1003 2062

l3l

126 3614

1t4l

28s2 84 s63 533 2479 2069 43 766 268 216 s44 166 t67 389

327t

25t

340 373 898 11435 3315 2017 755 r248 100

Total

93671 53647 40023 Le parcours augmenterait de 25 km.

Le surplus procuré par une sortie de pêche au saumon sur la Sélune est compris entre 25 €

et 50 €.

4.2. Modèles de participation

Pour estimer ces modèles, nous considérons la période 1993-2002. Trois systèmes de gestion

se sont succédé sur cette période :

1993-1996: Une taxe annuelle de 600 FRF environ. Elle autorise à pêcher toute I'année.

1997-1999: Un système de marques à 100 FRF funité environ. Chaque capture doit être

marquée, les pêcheurs doivent donc racheter des marques à chaque capture. En début de

saison, ils achètent un assortiment de deux marques pour le prix de 200 FRF environ.

2000-2002: Une taxe annuelle unique "salmonidés migrateurs" pour le saumon et la truite

(26)

La succession de ces trois systèmes de gestion pose un problème pour I'estimation du nombre

de

pêcheurs

sur

la

période d'étude.

Nous

ne

disposons

que

des

ventes

de

taxes par

département pour les années correspondantes.

Il

n'est pas possible d'en extraire directement le

nombre de pêcheurs de saumon. Nous avons donc procédé à une estimation du nombre de

pêcheurs de saumon pour les différentes années.

Pour

la

période 1993-1996,

les

ventes

de

taxes représentent exactement

le

nombre de

pêcheurs. Pour la période 1997-1999, nous avons déduit le nombre de pêcheurs des données

du CSP de 1997 (CSP, 1997). En effet, la possession de deux marques en début de saison par

les pêcheurs interdit I'estimation du nombre de pêcheurs à partir des captures, car la plupart

d'entre-eux seront bredouilles en

fin

de saison. Pour le Finistère en 1997, 2485 marques ont

été vendues

pour

1109 pêcheurs,

soit 2,24

marques

par

pêcheur. Nous avons calculé le

nombre de pêcheurs pour 1998 et 1999 dans le Finistère à partir de ce ratio. Cette méthode a

été utilisée pour tous les départements. Les captures étant relativement stables pour la période

1997-1999, nous espérons ainsi minimiser les erreurs. Pour la période 2000-2002,Ies ventes

de

taxes regroupent

les

pêcheurs

de

saumon

et

ceux

de truite de

mer.

Dans

les

cinq

départements d'étude,

les

pêcheurs

de truite de

mer

sont

peu

nombreux

et

nous avons

considéré que les ventes de taxes "salmonidés migrateurs" ne concernent que des pêcheurs de

saumon. Les résultats de ces calculs sont présentés dans le tableau 7.

Pour expliquer

le

nombre de pêcheurs de saumon par département, nous avons également

récolté des données départementales sur le nombre de captures annuelles et la longueur totale

des parcours de pêche à saumon. Nous pensons que le nombre de pêcheurs est plus influencé

par les captures faites I'année précédente que par celles faites lors de I'année en cours. Les

deux variables ont été introduites, et pour chaque modèle, nous avons retenu seulement la

variable décalée. Nous nous attendons à obtenir un coefficient

positif

associé à la variable

"captures", indiquant ainsi qu'un plus grand nombre de pêcheurs décide de prendre la carte de

pêche au saumon pour I'année

l,

lorsque le nombre de captures de saumon a été important en

l-1. Nous avons également introduit une variable de mesure de la longueur des parcours de

pêche, dont nous espérons également un effet positif. En revanche, nous nous attendons à un

effet négatif du prix de la carte de pêche et du temps (érosion des effectifs de pêcheurs).

Différents modèles économétriques ont été spécifiés. Le premier est un modèle linéaire qui

rassemble toutes

les

données disponibles

pour

les

différentes années

:

c'est

le

modèle

"pooled". Cependant, ces données présentent une structure

en

"panel". Nous avons donc

estimé des modèles de donirées de panel à effets fixes et

à

effets aléatoires. Pour tous ces

(27)

Tableau 7.

Evolution

du nombre de pêcheurs par département

Année Départements

Manche

llle-et-Vilaine Côtes-drArmor

Finistère

Morbihan

1993 1994 1995

t996

1997 1998 1999 2000

200t

2002 366 350 398 325 s63 470

st9

526

5t2

588 33 32 40 34 50 59 67 90 106 127 t27 15s 174 174 307 270 259 282 323 300 s02 602 693 740 I 109 849 697 829 863 730 366 224 246 218 337 170 249 30r 270

28r

Modèle "Dooled"

Le modèle retenu est le modèle linéaire suivant :

Yir=

o+

FtXt,u-t+

ÊZXZ,i +

ftXZ,U

+

f

qXq,r+

fSXS,r

I

B6X6,i

+ci1

(1)

I;l

est le nombre de pêcheurs de saumon dans le département i pour I'année l,

X1,y-1 rcprésente les captures dans le départment I pour l'année t-L,

X2,iest la longueur (km) des parcours de pêche au saumon dans chaque département,

X3,, représente le prix de la taxe "saumon" dans le département i pour l'année t,

X4,; est une variable indicatrice prenant les valeurs

I

pour les Côtes

d'Armor

et 0 pour les

autres départements,

X5,; est une variable indicatrice pour le Finistère,

X6,;estune variable indicatrice pour les Côtes d'Armor,

a et

f

t, Fz, Ês,

9t,

et Fs sont les paramètres à estimer, et

aj, est un résidu stochastique muni des propriétés habituelles de normalité, moyenne nulle et

variance constantelT.

Un modèle incluant un trend du temps a été estimé, mais cette variable n'a pas été retenue car

elle n'était pas statistiquement significative. De plus, I'estimation de l'expression (1) effectuée

par les moindres carrés ordinaires produisait des résidus empiriques hétéroscédastiques et

autocorrélés. L'autocorrélation

a

été

corrigée

en

transformant

le

modèle

(1)

en

quasi-différences premières et en l'estimant par les moindres carrés non linéaires :

Yu =

a(-

p)+

pYu;

+

Fr(xti,-r

-

PxLu-r)+,'..'.

+

FeVa,n

-

px6,i1-1)+uv

(2)

'o Dans ce modèle, nous prenons en compte trois variables indicatrices et non quatre pour représenter les cinq départements de la zone étudiée. La raison de ce choix s'explique par laprésence d'une colinéarité parfaite entre les quatre variatrlcs iurJiuatriues ct la variable |tlongueur de parcoursrf. lour évitcr ccttc colinéoritén on n'o pos introduit de variable indicatrice pour le département de 1'I11e-et-Vilaine.

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