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Vision et agir linguistiques chez des jeunes non-francophones du Québec

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Academic year: 2021

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(1)

, j

Vision et Agir linguistiques

chez des

jeunes non-francophones

du Québec

Jean-Pierre Corbeil

Département de Sociologie

McGill University

Projet de thèse de maîtrise

pour l'obtention du degré lIlLA.

(2)

Table des matières

Page

LISTE DES TABLEAUX .. ... ... ... .... ... ... ... iii

LISTE DES GRAPHIQUES ...

0...

vii

REMERCIEMENTS ... ' ... 0 • • • • • • • • 0 . . . .

o...

viii

PRÉSENTATION ... , ... , ... '" . ... ix

INTRODUCTION... 1

Méthodologie... 8

CHAPITRE PREMIER: PRINCIPAUX ASPECTS DE L" ASSIMILATION: Acculturation, intégration et mobilité linguistique. . ... 12

].1 Définitions et mise en lumière des concepts 1.1.1 Interculturalisme et société d'accueil.. ... ... ... ... ... ... 13

1.1.2 Assimilation, acculturation et intégration... ... ... ... 14

1.2 Langue et assimilation.... ... ... ... ... ... ... ... 17

1.2.1 Diglossie et mobilité linguistique... ... ... ... ... 18

CHAPITRE II. LES VARIABLES CLÉS DE L'ASSIMILATION À LA SOCIÉTÉ QUÉBÉCOISE: Durée de résidence, langue d'usage et compétence linguistique... 21

2.1 Durée de résidence au Québec... ... ... ... ... ... 23

2.2 Langue d'usage... ... ... ... ... 24

2.3 Auto-évaluation de la compétence linguistique... ... 26

2.4 Conclusion... ... 27

CHAPITRE III: ASSIMILATION ET FACTEURS SOCIO-ÉCONOMIQUE: Au delà du modèle assimilationniste... ... ... ... 29

3.1 Le modèle assimilationniste: vue d'ensemble... ... 31

3.2 Quelques résultats d'études antérieures... ... ... 34

3.3.1 Variables utilisées... 36

3.3.2 Distribution des données... ... ... 37

3.3.3 Hypothèses de travaiL... ... ... ... ... 41

3.4.1 Résultats et analyse: durée de résidence... 42

3.4.2 Statut socio-économique et compétences linguistiques... 44

3.4.3 Attitudes à l'égard du français... ... ... ... 47

3.5 Conclusion ... ,... ... 49

(3)

....

CHAPITRE IV: ASSIMILATION ET CONTACTS:

D'une tradition écologique à une vision micro-sociologique ... .. 52

4.1 Fondenlents de l'approche écologique... ... ... ... 54

4.2 Influence du milieu sur les contacts intergroupes: l'école française. ... ... S7 4.3. Hypothèses de travail et questions utilisées... 58

4.4. Les contacts involontaires... ... ... ... 61

4.5 Acculturation et intégration... 64

4.6 ... et les attitudes... 66

4.7 Conclusion... 69

CHAPITRE V: VITALITÉ ET AVENIR DU FRANCAIS SELON LES NON-FRANCOPHONES... ... 72

5.1 Introduction... ... ... ... ... 73

5.2 Diglossie et vitalité ethnolinguistique... 13

5.3 Perspectives futures à l'égard du français... ... ... 77

5.4 Avenir du français et contacts... ... ... ... ... .... ... 82

5.5 Conclusion ... :... 84 CONCLUSION... ... ... ... ... ... 87 ANNEXE

1...

95

ANNEXE 2... ... ... ... ... ... 104 ANNEXE

3...

121

BIBLIOGRAPHIE... ... .. ... ... . ...

124

(4)

---(

Liste des tableaux

INTRODUCTION

1.1 Distribution des écoles et collèges selon la concentration des trois groupes

principaux... ... 9

1.2 Distribution des différents groupes linguistiques chez les allophones ... .

CHAPITRE JI :

Il.1 Distribution de~ échantillons selon le nombre d'années de

résidence au Québec ... ..

Il.2 Langue d'usage selon la langue maternelle ... .. 11.3 Compétence dans la langue française ... . n.4 Compétence dans la langue anglaise ... ..

CHAPITRE III :

m.l

111.2

111.3

lII.4a

Niveau d'utilisation du français dans les activités culturelles

selon la langue maternelle des répondants ... .. Degré de contacts volontaires en français et avec des ami(e)s

francophones. .. ... . ... . CorrélatIOns de Pearson entre la durée de résidence au Québec d'une part et le niveau de maîtrise de l'anglais et du français, l'utilisation du français dans les activités culturelles et dans les contacts volontaires, le statut

occupationnel et le niveau de scolarité des parents d'autre part ... .. Modèles de régression de la maîtrise des langues ant'l:::se et française,

de l'utilisation du français dans les activités culturelles et dans les contacts volontaires personnalisés, avec la scolarité et le niveau occupationnel des parents et la durée de résidence au Québec

(Échantillon allophone) ... . 10 23

25

26

27 38 38 43

45

Hi

,.

(5)

m.4b

(Mêmes modèles qu'en mAa) Ér.hantillon anglophone ... .

III.5

111.6

Modèles de régression de l'utilisation du français dans tes activités culturelles et dans les contacte; volontaires, avec la durée de résidence

au Québec, et le degré de compétence en anglais et en français ... . Modtles de régression des énoncés A,R,C et D avec le niveau de scolarité des parents, le niveau de maîtrise de l'anglais et du français, et la durée

de résidence au Québec... ... .. ... .. CHAPITRE IV: IV.I IV.2 IV.3 IV.4 IV.S CHAPITRE V: V.I V.2

Ventilation des contacts involontaires par la langue maternelle

des répondants ... . Modèles de régression de l'utilisation du français dans les activités

culturelles et des contacts volontaires, avec la présence du

français dans le,s contacts involontaires, le nombre d'années

de r~.sidence et l'utilisation du français à 1. maison ... '"'' Modèles de régression de l'utilisation du français dans les

activités culturelles, avec les contacts volontaires personnalisés, le nombre d'années de résidence au Québec et l'uîlhsation du français à la maison... . . . ... ... Modèle.:i de régression de l'utilisation du françaiS dans les activités culturelles, avec les contacts volontaires personnalisés, les contacts involontaires, le nombre d'années de résidence et

l'utilisation du français à la maison.... .. ... , ... .. Régression des énonds A,B,C et D avec les contacts volontaires

personnalisés, les contacts involontaires, le nombre d'années

de résidence au Québec et l'utilisation du français à la maison ... .

Degré d'accord avec quatre énoncés ayant trait à l'Importance

du français., ... .. Perspectives futures sur l'avenir de la langue française au

Canada ... .. 47 48 59 62 64 66 67 81 82

(6)

-(

ANNEXE 1:

A.3.t Régressions multiples de {'utilisation du français dans les activités culturelles et dans les contacts volontaires,

A.3.2 A.3.3 A.3.4 A.3.S A.S.I A.5.2 A.5.3 A.S,4 A.5.5 A.5.6 A.5.7

avec la durée de résidence au Québec, la mahri'le de l'ang~ais

et du français, et le niveau de scolarité des parents ... . cIl ne faudrait pour rien au monde abandonner nos efforts

pour g<trder au Québec Je français de nos pères» ... .. «Si j'avais des enfants, je crois qu'il serait plus utile

pour eux de fréquenter J'école anglaise- ... . cIl est important de bien connaître le français pour r(!assir

ma carrière-... " ... . .. Vivre en français n'est pa') nécessaire à mon épanouissement

personnel». , ... ..

.. Diriez-vous que vous utilisez plus, moins ou autant le

français qu'il y a cinq ans? ... . .. Diriez-vous que vous utilisez plus, moins ou antant

l'anglais qu'il y a cinq ans?» ... .. Avenir du français au Québec selon le niveau de contacts

volontaires et involontaires avec le français (Anglophones) ... . Avenir du français au Québec selon le niveau de contacts

volontaires et involontaires avec Il: français (Allophones) ... . Comparaison des chances de pç>n:evoir que le français est

menacé au Québec, en fonctioil de l'importance de cette langue dans les contacts volontaIres ~contrôlant pour les contacts involontaires, ta durée de ré3idence au Québec et l'ut.ilisation

du français à la maison . ... ... ... .. ... .. Comparaison des chanc~ de percevoir que le français est

menacé au Québec, en fJnction de l'importance de cette tar.gue

dans les contacts involontaires (contrÔlant pour les contacts volontaires, ta durée de résidence au Québec et, l'utilisation

du français à la maison ... . Avenir du français au Canada (hors-Québec) selon le niveau

de contacts volontaires et involontaires avec le français

(Anglophones) ... . 96 96 97

97

98 99 99 100 100 101 101 101 \'

(7)

A.S.S A.S.9 A.S.lO A.S.11 A.S.12 A.S.13

Avenir du français au Canada (hors-QuOOec) selon le niveau de contacts volontaires et involontaires avec le français

(Allophones) ... .

Comparaison des chances de percevoir que le français est

menacé au Canada (hors Québ~), en fonction de l'importance de cette langue dans les contacts volontaires (contrôlant pour les contacts involontaires. la durée de résidence au Québec et

l'utilisation du français à la maison. .. .. ... .. ... ..

Comparaison des chances de percevoir que le français est

menacé au Canada (hors Québ~), en fonctior, de l'importance de cette langue dans les contacts involontaires (contrôlant pour les conta:ts volontaires, la durée de résidence au Québec et

l'utii!sation du français à la maison ... ..

Langue dans laquelle les jeunes préféreraient poursuivre

leurs études ultérieures ... .

Langue dans laquelle jes jeunes voudraient faire carrière ... .

Langue que les jeunes prévoient e,n général parler en l'an 2000 ... .

102 102 102 103 103 103

(8)

CHAPITRE III: In.l 111.2 CHAPITRE V: V.I V.2 V.3

Liste des graphiques

Attitudes à l'égard du français (1) ... .. Attitudes à l'égard du franç~is (2) ... "' ... .

-Je crois que les Québécois lTancophones sont de plus en plus en mesure de faire du ft ançais la langue prioritaire

dans les secteurs suivants ... » ... . Langue préférée pour études ,~t carrière futures ... . En l'an 2000, je prévois en gt!véral parler ( .. ) ... .

40 40

76

79

79

vii

(9)

1

Remerciements

Pour les conseils et commentaires très utiles qU'Il a S\l me procurer dans la planification et 1'~lahoration

de cette étude, pour le professlOnalisme dont Il a fait preuve à mon égard, et la très grande dlSpontblltt~ qU'II a su m'accorder par le biais de nos nombreuses conversations téléphoniques, je tiens à remcrclcr tout partICulièrement le protcsseur UII Locher du département dc SocIOlogie Je tlCII'" ég.I1l'll1cnt à

remercier le ConseIl de la langue française d'avoir permis l'utilisation de leur bar.,e de données pour le~

fins de ce mémoIre Dans un trol,>ième temps me~ remerCiements vont au professeur Paul Bernard de l'Université de Montréal pour ses commentaIres utiles à l'égard de cc mémOIre ct aux profe~\eur~ Morton Weinfeld et MaUrice PlI1ard pour leurs suggesttons d'ouvrages de référence Je tIen~ à remerClel également Ronald Gravel pour l'aide préCieuse qU'Ill SU m'apportcr au déhut du proJct en me permettant de mieux maîtriser la base de données, amsi que J anusz Kaczorowskl pour les conseils trè~ utiles qu'II a su me donner à l'égard des .:llfférents modèles statistlqucs. Enfin j'almeral<; remercier ma femme Michelle qui a:;u m'ellcourager ct faire preuve d'mfiniment de compréhel1":vn durant toule la rédaction d'une étude qùi a eXigé de con juger dans la meIlleure harmOnIe pOSSible boulot. paterntté ct recherche

J e.m-Plerre ('orbeil Ottawa, janvier 1991

(10)

\

Pr6;enta~ion

La place des minorités ethniques dans le Québec actuel est très certainement un des sujets importants sur lequel se sont penchés et se penchent encore nombre de chercheurs et acteurs sociaux de toutes les allégeances politiques et culturelles. L'étude qui suit tentera de montrer l'importance qu'accordent au français certainsl

jeunes non-francophones fréquentant les écoles et collèges français de la région de Montréal et de Hull. L'analyse des attitudes et des comportements socio-langagiers de ces jeunes, de même que celle de leur vision d'avenir à l'égard du fait français ou de l'anglais, est d'autant plus nécessaire que les jeunes d'âge scolaire sont ceux qui deviendront bientôt les acteurs importants dans un Québec de plus en plus multiculturel. Une telle analyse est également importante puisqu'elle permet une meilleure compréhension des facteurs ri,~ causalité sous-jacents à ces attitudes et comportements. C'est donc à l'atteinte de ces objectifs que s'a~.ardera l'étude qui suit.

*

*

*

The role of ethnic minorities in present day Quebec is clearly one of the important topies which rnany researchers and social players of diverse political and cultural al1egiances have addressed and still continue to address. The study which follows, attempts to show the importance which is given to French by certain non-francophone youths attending French schools and colleges in the regions of Montreal and Hull. The analysis of soclo-lmgUlstlc attitudes and hehaviours of these youths, as well as their vision of the future with respect to the Frer. ') or English reality is especially necded, ac; school age<! youth are :he ones who Will soon become Important actors in a Quebec which IS becoming more and more multicultural. This kind of analy!.is is also important because it allows for a better understanding of the causal factors underlying these attitudes and behaviours. It is therefore the achievement of these ohjectives with whlch the following study is concerned.

ITout au long de celle étude, lorsque cela s'y prête, les noms et adjectifs doivent être interprétés autant au

f~mlOlO qu'au ma~ulm.

(11)

J

,

)'13'

Nos grands-mères faisait:nt de petits chefs-d'oeuvre, en reliant toutes sortes de morceaux d'étoffe en un chaleureux couvre-lit. De pièces disparates, le fil et le..<; doigts de fée composaient un tout d'un harmonieux colofls:la courtepointe.

A l'heure où la pure laine se fait rare, on veut remettre à l'honneur cet art ancestral pour l'appliquer au tissu humain de notre sociét~. Peut-on au Québec fabriquer une Cüurtepointe ethnique avec un fil et une trame francophones?

--Gérald Leblanc, 1990

Le choix, avons-nous dit, doit être libre. Mais choisir entre la société anglophone et la société francophone n'est pas toujou:-s aisé pour les ressortissants des autres groupes ethniques. Le facteur économique joue un rôle important et la langue anglaise p~e lourdement dans la balance, ayant pour elle sa prédominance incontestable dans la civilisation nord-amérIcaine.

--Rapport de la CommiSSIon royale d'enquête sur le bilInguisme et le hlculturalisme,

1969,livre IV

Language legislation in Quebec, as it is in man~' "new nations" of AfTica and Asia, is now a nation-building mechanism

--P.E.Laporte (cité dans d' Anglejan, 1979)

... there are indications that the new socioeconomic and cultural status of French,

as weil as increased opportunities and motivation for Enghsh-speakers to interact in French, may we)) bring about a rapid change in social patterns ofhllmgualism.

It is the English who must now learn French, and learn Il weil, ln ordcr to get

ahead.

(12)

- - - -_. - - - _ ... _--_._--_._--

(13)

II Y a de cela un peu moins de quinze

ans,

le Québec se dotait d'une Charte de l)llangue française qui allait désormais faire du français la seule langue officielle sur son territoire, tant du cOté de la langue habituelle du travail, de l'ensdgnement et des communications que du commerce et des affaires'.

Compte tenu de sa situation géoHnguistique particulière en Amérique du Nord ct des 6chccs des lois 63 et 22 pour y assurer une paix linguistique relative, le parti Québécois porté au pouvoir un an plus tôt entendait faire de la 101 101 un outil prépondérant pour la sauvegarde et la promotion du français

comme caractère distinct de la société quéMcoise.

Devant une sous-fécondité des Québécoises et une «impuissance relative et persistante du français à assimiler de nouveaux locuteurs,.2, une partie de l'élite québécoise s'était donné comme mandat de faire en sorte que le message véhiculé par la loi 101 soit sans équivoque; aux yeux oe l'étranger, le Québec au quotidien était français L'indice de fécondité (1.5 enfants par femme en 1984) étant inférieur au taux minimal de maintien d'une population (I.e. 2 1), l'mtégratlOn des nouveaux Immigrants était dès lors perçue comme une des solutions importantes pour la survie de la francophonieJ

Puisque l'objectif du Québec est de recevoir au mOins 25, et jusqu'à 30 p ccnt de l'immigratIOn canadienne (soit environ 40000 personnes par an), les immigrants et leur descendants formeront rapidement une part de plus en plus importante de la population québécoise. A court terme il va de soi qu'une forte immigration non-francophone au Québec rédUIt la proportion du groupe linguistique majoritaire. A long terme toutefois, l'Impact d'une tclle imn1Jgration dépend cn grande partie de

'Bien que nous référions ici à la loi 10 1 promulgée en 1977, la 101 22 de 1974 avait déjà faIt du français la seule langue officielle au Québec, à la nuance importante toutefois que celle dernière reconnaIssaIt cncore la légilJmllé de la présence de l'anglais dans la province.

2C.Castonguay (1988: 19). Comme nous le verrons plus loin toutefois, cette situation semblerait vouloir changer peu à peu, notamment ('hez la population immigrante plus jeune.

l'foutefois, une question pertinente s'impose d'entrée de jeu sur ce point. Comme l'exprime si bien Lachapelle (1989: 160): «dans le Canada anglophone, les vagues d'immigration passks ont déjà diminué la part des Britanniques d'origines, mais cette évolution n'a pas entamé la position dominante de l'anglais. Au Québec, en revanche, le destin du français a toujours été étroitement associé il la population d'origine françaioo, car le français attirait peu les nouveaux venus. A l'avenir, l'attraction de cette langue auprès dcs immigrants sera-t-elle suffisante pour que la réduction de la fraction de la population de souche française ne provoque pas un déclin parallèle de la proportion de francophones?

(14)

l'intensité des transfert~ linguistiques dans la population a1lophone4

• Or, non seulement en 1987 au

Québec 4S p.cent des in. migrants parlaient l'anglais et seulement 32 p.cent le français', mais les données sur les transferts linguistiques (1971 et 1981) indiquent qu'à Montréal les allopbones qui parlaient soit le français soil l'anglais à la maison le faisaient dans des proportions respectives de 29,1 p.cent et 70.9

p.cen~. Devant un tel constat, il n'eo fallait pas plus pour que d'aucuns lèvent les boucliers et affirment que le Québec francophone n'a d'autre choix que de «franciser ou disparaître» (La

Presse,

1 1 fév 89).

Bien que selon Paillé, l'école n'affecte que le quart des immigrants (ceux qui sont d'age scolaire), elle n'en constitue pas moins pour ceux-ci un puissant outil de francisaticii. Comme l'exprime le Conseil de la langue française,

En plus d'être une condition essentielle à la réussite scolaire, la connaissance de la langue française [pour les élèves non-francophones] est devenue avec les années un outil indispensable à toute intégration et participation sociale, culturelle et économique véritable au sein de la société québécoise à majorité francophone7

Si la Commission des écoles catholiques de Montréal (C.É.C.M.) ne peut que battre sa coulpe devant l'étroitesse d'esprit et la discrimination dont avaient fait preuve ses dirigeants d'alors à l'égard des Juifs, des Grec~ et des Italiens - pour ne nommer que ceux-là - en les empêchant de fréquenter ses écoles, la loi 101 parait à toute velléité d'un retour en arrière. Des dispositions de la Charte stipulent en effet que tous les jeunes Québécois, quelle que soit leur origine, dont le père ou la mère n'a pas reçu son enseignement primaire en anglais au Québec, doivent obligatoirement fréquenter (à quelques exceptions près) une institution d'enseignement français. Point n'est besoin d'être grand clerc pour comprendre que de telles dispositions allaient dans l'avenir transformer radicalement le visage d'un grand

4Notons en passant que le vocable callophonea est un terme qui a une connotation particulière au Québec en ce qu'i) désigne tout groupe hngUlstlque dont la langue maternelle est autre que l'anglais ou le français.

'La Presu.l1 février 1989.

6Paillé (1989:62) note qu'il n'y a fort probablement aucun changement majeur dans la mobilité linguistique des Québécois entre Je recensement de 1981 et celui de 1971. Selon lui .,la mobilité linguistique est une variable lourde qui ne saurait être rapidement modifiée. car aucune loi linguistique ne peut directement influencer le choix de la langue parlée à la maison-, Autant en 1971 qu'en 81, la proportion des allophones parlant une autre langue que le français et "anglais l la maison OSCille autour de 68 p.cent.

'Notes et Document #64, Conseil de la langue françal~1987).

(15)

1

nombre d'6coles françaises. A telle enseigne qu'en 1971-721a proportion des allophones s'inscrivant' la maternelle française n'était que de 27,5 p.cent alors qu'en 1982-83, elle atteignait 70,2 p.cent'. A la C.É.C.M., où se trouvent près de 65 p.cent de tous les élèves allophones de l'tle de Montréal, ces derniers constituent près de 28 p.cent des effectifs scolaires au niveau primaire et 34 p.cent au niveau secondaire. En prenant comme critère la langue autre que le français parlée à la maison, les effectifs sont respectivement de 25 et de 28 p.cent9

• Dans cette même commission scolaire, nolons

qu'au niveau primaire unI,) vingtaine d'écoles comptent plus de 50 p.cent d'élèves allophones alors qu'au niveau secondaire on en compte trois. D'aucuns évaluent que, d'ici peu, 70% des écoles de la C.É.C.M.

compteront une proportion d'élèves issus de familles immigrantes supérieure à 50 p.cent (Berthelot, 1990: 114)10. '"

Une telle situation fait d'ailleurs dire aux dirigeant<; de cette même commission scolaire que la capacité d'accueil de nos institutions et de l'ensemble de la société québécoise n'est pas illimitée et ce, pour plusieurs raisons: la nouveauté des problèmes posés par l'intégratioll au milieu francophone, la dynamique socio-linguistique du Québec, la diversification des mouvements migratoires et les rythmes d'adaptation différentsll

La situation du Québec sur le plan géolinguistique, nous l'avons mentionné plus haut, est unique. Cette particularité tient précisément au fait que les nouveaux arrivants se trouvent confrontés à deux pôles linguistiques dominants; l'un au Québec, l'autre dans tout le reste de l'Amérique du Nord. Alors que le français t'st indispensable dans le premier, "anglais demeure la linguafranca du second, avec tout le

'Notes et Document 1137, Conseil de la langue franç,"~1983). Analysant les données en fonchon du heu de naissance hors-Canada, PaIllé (1989:55) affirme qu'au cours de l'année scolaIre 1976-1977, c seulement 37.7 p.cent

des écoliers nés à l'étranger étalent lOscnts au secteur francophone, alors que neuf ans après l'adoptIOn de lB lOI

lOI, c'est 78.5 p.cent des 40 000 écoliers nés en dehors du Canada qUI étudIaient dans la langue de la majonté». 9Statistiques tirées du Mémoire de la Commission des écoles catholiques de Montré.al sur l'~noncé de politique en matière d'immigration et d'mtégration, Ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration (MCCI),1991:6.

'OSelon Louis Falardeau (La Presse,ll fév. 89:B 1) JI semble que ce clnffre magique de 50 p.cenl SOli pns pour

acquis trop facilement. Selon lui il constitue une exagération dans la mesure où ... il semble avoir été tué d'une étude où on est amvé ~ un tel pourcentage en classant parmi .Ies groupes ethnique..c;. autant les Français de France que les IrlandaiS francisés depUIS plusieurs générations».

IIMémoire de la C.É.C.M., op.clt.,1991.

(16)

(

(

prestige qu'on lui conna1t. De plus, si le français demeure la seule langue officielle au Québec, la langue de Shakespeare n'en occupe pas moins une place de grande importance; ne serait-ce que par la taille de sa minorité anglophone et l'importance de cette langue dans les échanges avec l'extérieur de la province.

Alors qu'on observe depuis longtemps qu'une très grande majorité de la population immigrée du Québec habite l'ile de Montréal (71 p.cent d'après le recensement de 1986) ou sa banlieue périphérique

(16 p.cent), la proportion de francophones dans l'agglomération montréalaise s'élevait à 70 p.cent durant cette même année. Selon Paillé (1989) le poids relatif des francophones reste toutefois invariable (de 1981 à 1986) dans l'ile (à 60 p.cent) en raison de la migration des francophones vers la banlieue périphérique. Or, si la proportion d'anglophones est en recul dans l'ne comme dans l'ensemble de l'lgglomération, contrairement à la proportion d'aJlophones, il n'en demeure pas moins que la langue des premiers y conserve un statut de premier plan -- notamment par l'importance qu'elle joue dans les transferts 1 inguistiquesl2

Comment donc, à l'aune d'une telle situation, l'outil de francisation que constitue l'école auprès des nouveaux immigrants d'âge scolaire permet-elle une intégration - devrions-nous dire assimilation?13 - significative de ces derniers à leur nouvelle société d'accueil? Dans quelle mesure les allophones s'identifient-ils à la culture québécoise? Quels sont les facteurs, les éléments en mesure d'expliquer certains des comportements et des attitudes d'ouverture à la téalité québécoise francophone des nouveaux immigrants anglophones et allophones fréquentant l'école française?

La présente étude tentera, dans son ensemble, de répondre à ces questions. Plus particulièrement, nous tâcherons dans un premier temps de préciser l'interprétation que nous ferons des termes assimilation,

12Les résultnts de Bourhis(1983) tendent à confinner la persistance d'un statut privilégié pour l'anglaiS. Ainsi, en dépit du fait que la loi 101 ait progressivement élevé le statut du français par rapport la J'anglais la Montréal, et que le français soit plus utihsé qu'autrefois dans les échanges entre les deux groupes linguistiques, l'étude de Bourhis révèle que les anglophones se font davantage adresser la parole en anglais par les francophones, que ces derniers ne se font adresser en français par Jes anglophones.

1311 est en effet difficile de faire la distinction entre les deux termes lorsque l'on s'attarde au contexte québécois.

Alors que le langage normatif véhicule l'idée d'une volonté d'intégration des allophones la la majorité francopbone dans le respect mutuel des diff~rences, ce langage cacbe difficilement une volonté assimilatrice, où on voudrait voir «l'étrange ... adopter les us et coutumes de la majorité. Nous tenterons de faire la distinction de ces deux termes dans le cadre du premier chapitre.

(17)

. "

-acculturation, intégration, bilinguisme, diglossie, etc., ainsi que la pertinence que nous leur attribuons dans le contexte québécois actuel. Dans un second temps nous dresserons un tableau de quelqucs caractéristiques démolinguistiques qui seront utilisées comme variables indépendantes ou intermédiaircs. Nous traiterons ainsi du nombre d'années de résidence au Québec, dt: la langue d'usage au foyer et dcs niveaux de maîtrise de l'anglais et du français.

Dans un troisième chapitre, nous tâcherons d'examlller dans quelle mesure ccrlallles col1lpo~antc ... du modèle assimilatlonniste peuvent être infirmées ou confirmées auprès de notre échantillon. Cette théorie d'assimilation, élaborée notamment chez des auteurs tels Park (1950), Whyte (1955), Gordon (1964) et Eisenstadt (1970), soutient que lorsque les immIgrants atteignent un niveau d'édllcation élevé, une bonne maîtrise de la langue de la société d'accueil, une bonne connaissance des liS • coutumes de

cette société et qu'ils gravissent les échelons de l'échelle socio-économIque, leur acceptatIOn SOCIale s'cn trouvera graduellement améliorée et leur perception de la nouvelle terre d'accueil changera dans une direction positive. Les données recueillies pour cette étude ne nous permettent pas de vénficr toutes les composantes de cette hypothèse. Nous serons néanmoins en mesure d'en exammer un certalll nomhre

Dans un quatrième chapitre, nous aborderons le problème de l'a .. simtlatlon d'un pOll1t de vue à

prime abord fort simple celui des cont"cts Comme nous le verrons plu~ lOIn, le ... contact<, avec Ic~

giOupes primaires et secondaires peu ven'. être divisés en contacts de type volontaire ct ceux de type involontaire. Lieberson (1970) notamment s'était particulièrement attardé à c('~te approche de type écologique et avaIt mÎs en éVidence le role Joué par la ségrégat IOn réSIdentielle dans Ic .. contact<, hor~ du groupe lingUIstique de référence De concert avec une telle approche, on pClIt ... outcnir que plus le~

contacts sont personnalisés (e g famille, meilleur(e)s aml(e)s) plus les Immlgrant~ utiliseront leur langue maternelle. Au Québec par exemple on s'attend à cc que le degré d'assimIlation linguistique salt proportionnel au degré d'utilisation du françaiS dans les contacts personnalt'iés.

Une approche écologique à l'égard de l'assimilation ImgUlstique des francophones hors-Québec, a souvent démo!ltré que la mobilité linguistique en faveur de l'anglais au Canada augmentait en raison inverse de l'importance relative de la population de langue maternelle françaisel

". Une des hypothèses

qui seront traitées dans le cadre de ce chapitre, est que ce n'est pas tant la composition linguistique

'4L'étude de Bernard (1990,1991), que nous aborderons plus loin, a clairement démontré cette assertion.

(18)

r

comme la fréquence des contacts qui influe sur le degré d'utilisation du français. De plus, la fréquence comme telle des contacts, particulièrement dans la mesure où ils sont épisodiques et impersonnels, n'a pas autant d'influence sur les comportements linguistiques que l'aspect qualitatif de ceux-ci. En d'autres mots, les attitudes et comportements langagiers des individus devraient être fonction du degré "d'engagement affectif» (Lachapelle,1986,131) de ces derniers dans la relation sociale.

Au cinquIème chapitre, nous examinerons le concept de vitalité ethnolinguistique (Giles, Bourhls et Taylor,197ï) à la lumière de son rôle comme catalyseur des attItudes et comportements langagiers. Comme l'expriment Landry et Allard (1989), "le concept de vitalité ethnolinguistique met en éVIdence le rapport de force entre différentes communautés qui doivent se partager le marché linguistique. Le degré relatif de vitalité de chacune des communautés peut influencer les choix linguistiques de leurs membres et donc leur développement bilingue.» Or, nous savons que la présence d'un rapport de force au Québec entre l'anglaIS et le français constitue la pierre d'achoppement d'une intégration sans remous à la communauté francophone.

Il Y a bIen sûr une vitalité ethnolinguistique que l'on qualifiera d'objective. Notre attention portera plutôt sur la perception (nécessairement subjective) qu'ont les non-francophones de la VItalité ethnollngulstiquc du français au Québec, et la mesure dans laquelle cctte perception peut mfluencer les attitudes langagières à l'égard du français et de l'anglais Contrairement à beaucoup d'études sur le sujet toutefois, nous nous attarderons particulièrcment à vOIr dans quelle mesure cette même perception ~st influcncéc par lc degré de contacts avec le français et les francophones

Compte tenu des limites de notre étude, l'essentiel de la conclusion consistera à faire une synthèse des résultats obtenus dans le cadre des chapitres précédents et œ, à l'aune de certains des concepts mise en lumière dans le chapitre qui sull. Mais .. uparavant, Il nous faut décrire la méthodologie et l'échantlllonagc utilisés.

(19)

....

Méthodologie

Au total, 2539 répondants répartis dans sept écoles secondaires (niveau 4 et 5) et cégcps de la région de Montréal, ainsi que deux de la région de Hull ont été sélectionnés pour cette étude. Le nomhre initial de répondants était en fait de 3824 Nous avons toutefoIs choISI - pour les fin .. de la pré!.l'nlc étude - de ne pas inclure les écoles et collèges se trouvant dan~ des régions dll Quéhcc où la pré~ence de non-francophones est à toutes fins utiles lnCXI~tantc Il faut donc comprendre par là. que la Iw,e de données utilisée ici n'a pas été construitl' pour les fins seules de cette étude. Les écoles comprenant les 3824 répondants, ont été sélectionnées selon des critères tels que le Conseil de la langue française désirait répliquer une étude sur la conscIence linguistique des jeunes Québécois, dont les données avalent été recueillies en 1978.

Le choix des milieux d'enquête avait été fait à l'époque selon des cntères tell) que ces milieux (levaient entre autre comporter des proportions variables de francophones, d'anglophone!> et d'allophones1

' . La région du Montréal métropolitain devait notamment inclure lin 100heu francophone,

un milieu mixte francophone/allophone et un milieu mixte francophone/anglophone l.a régIOn dc Hull avait été chOisie en tant que milieu frontalier avec l'Ontario TrOIS des éco!ce; de l'échantillon mon\lealal" de 1990 sont des institutIOns d'enseignement pnvé - élément au demeurant fort II1tére~.,ant. ne ~cralt-cc que pour évaluer l'importance du statut socio-économIque dans son influence mr les comportements et attitudes soclo-linguistiques. Comme nous l'avons déjà noté, un chapitre entier sera com.acré à ce dernier point.

L'utilisation de la base de données du Conseil de la langue française comporte des avantage~ ct des inconvénients. Cette base de données étant toute fraîche - printemps 1990 - elle rend donc pOSSIble une analyse qui soit d'actualité La vanété de'i que'itlon~ permet également de cerner relativement bien certams de~ comportements et attitudes des élèves qUI étudient dans les écoles

françaises. Cette base de domées, avon~-nous dit, n'ayant pas été construite pour les fins seule~ de cette étude, cela explique pourquoI le nombre d'allophones et d'anglophon~ y C'it rel)treint. AinSI, des 2539

répondants, 407 n'ont ni le français ni l'anglais comme langue maternelle ct 82 sont anglophones

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(

Bien que nous ayons là un échantillon de non-francophones relativement restreint, cela n'exclut nullement la possibilité de pouvoir en tirer des résultats qui soient d'un intérêt réel; sans être rigoureusement représentatifs des étudiants allophones et anglophones des écoles françaises, ces résultats peuvent néanmoins être Informatifs dans le cadre d'une étude exploratoire.

Le niveau de concentration des groupes ethntques au sem des institutions d'enseignement peut très certamement avoir une Influence non négligeable sur le type d'atmosphère régnant entre les groupes et l'attitude de ces derniers envers la culture dominante On y tient ici pour preuve le nombre croissant d'écoles à haute densité ethnique (i.e. plus de 50 p.cent d'allophones) et la difficulté qu'ont les enseignants à y maintenir un envIronnement françaisl6

. Bien qu'aucune des institutions constituant notre

échantillon n'ait une telle concentration, et bien que cette dernière ne soit pas utilisée comme variable indépendante dans notre étude, il peut être utile de présenter ces institutions comme suit:

Tableau 1.1

Distribution des écoles et collèges selon la concentration des trois groupes principaux

Institutions Francophones Anglophones AJlophones

École secondaire A .94 .02 .04 École secondaire B .61 .01 .38 École secondaire C .96 .01 .03 Collège privél? A .73 .04 .23 Collège privé B .82 .03 .15 Collège privé C

.64

.12 .24 Cegep A .96 .02 .02 Cegep B .86 .01 .13 Cegep C .89 .01 .10

16Des titres tel celui paru dans le journal cU Devoir- (7 mai 1991): «Comment meurt le français à l'école

St-Luc», ou l'importance que d'aucuns ont accord6 au «busing» comme solution possible à la trop forte densité d'allophones dans certaines écoles, sont des exemples assez éloquent d'une réalité perçue comme problématique.

'?Les répondants des collèges priv6s sont du niveau secondaire. Notons également que la proportion des différents groupes constituant l'échantillon utilisé dans cette étude est représentative de la population étudiante de

ces institutions.

(21)

Quant aux différents groupes ethniques formant notre échantillon allophone. le tableau 1.2 en donne la distribution. Ceux qui composent cet échantillon ne représentent pas nécessairement la

distribution telle qu'elle se présente dans les écoles secondaires catholiques et les cégeps de langue française de la région de Montréal. Par exemple, on retrouve davantage de jeunes dont la langue maternelle est l'espagnol, un peu plus d'Italiens et moins de jeunes de langues maternelles arabe et

chinoise. Il est également intéressant de noter que d'après des statistiques fournies par la C É.C.M sur la composition linguistique des classes d'accueil au début de 1991 (4429 élèves), les élèves dont la langue maternelle est l'espagnol occupent le premier rar.g en terme d'importance numérique, formant 20 p.cent de la clientèle. Ceux dont}a langue est l'arabe suivent avec 15 p.cent, alors que les Italiens et les Grecs ne forment respectivement que 1 p.cent et 0.5 p.cent de cette clientèle. Le visage des écoles et des collèges e!;t donc appelé à changer de façon importante dans les années qui viendront.

T~blea\" 1.2

Distribution des différents groupes

linguistiques chez les allophones (%)

Groupes linguistique Créole 9 Vietnamienl8 Il Espagnol 6 Arabe 14 Chinois 7 Portugais 7 Grec 6 Italien 22 Autres 18 Total % 100 N (407)

Il est important de garder ce dernier tableau à l'esprit tout au long de l'étude, particulièrement parce qu'il montre la diversité ethno-culturelle des groupes constituant la catégorie «allophones •. Il y a en effet un certain danger à mettre dans une seule catégorie des groupes aussi différents que les Chinois et les Espagnols ou Latino-américains. Certains de ces répondants sont en effet issus de groupes ayant

liA la proportIon de Vletnarruens formant notre échantillon. nous avons ajouté ICI les répondant'! du Laos et du

Cambodge. La très forte maJonté est toutefOIS VIetnamienne

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('

déjà une structure organisationnelle établie depuis longtemps au Canada ou au Québec. Leur capacité l protéger et valoriser les éléments culturels qui les caractérisent des autres gmupes pourrait en ce sens être plus forte que ceux qui n'ont que très peu de membres de leur communauté au Québec.

L'intérêt de les inclure dans une seule catégorie réside essentiellement dans le fait qu'il est aisé d'observer les comportements linguistiques à l'égard du français et de l'anglais pour tous ceux dont la langue maternelle est autre - nonobstant les caractéristiques propres à chacun des groupes. De plus compte tenu de la taille restreinte de notre échantillon, H serait pratiquement impossible de tirer des résultats intéressants en prenant chacun des groupes individuellement. En les réunissant toutefois dans une seule catégorie, nous pouvons ainsi mieux nous adresser aux aspects les plus importants de la problématique générale.

(23)

1

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._---_._----

....

Chapitre premier

Principaux aspects de l'assimilation:

acculturation, intégration et mobilité linguistique

(24)

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1.1 D«"mitions et

mise

en lumière des concepts

1.1.1 Interculturalisme et société d'accueil

Dans la foulée d'un rejet de la politique multiculturelle canadienne, le Québec - tout comme la France du reste - a élaboré sa politique dite interculturelle. Selon Laperrière(1986: 15) l'interculturalisme se serait défini cen réponse aux dangers d'étiquetage péjoratif et de ghettoisation des cultures minoritaires que risquait de provoquer un multiculturalisme cmosaïquc», s'adressant aux seules minorités ethniques ...

L'ambiguïté entourant le concept d 'Întercultural isme est cependant telle, que d'aucuns voient dans l'éducation interculturelle cla transmission d'une pluralité de cultures», tout en évitant cla primauté d'une culture sur les autres» (Hannoun, 1987: 110), alors que d'autres y voient plutôt une politique d'intégration à la culture majoritaire et au système-I

. Si le Québec se défend bien - vu l'aspect quelque peu sybillin du concept d'interculturalisme - de camoufler la moindre pratique assimilationniste à propos des différentes communautés ethniques qui vivent sur son territoire, il n'en demeure pas moins qu'un des aspects majeurs de la loi 101 vise précisément leur assimilation linguistique. Il n'est certes pas du ressort de l'État de dicter les comportements des particuliers dans leur vie privée; néanmoins d:lTls la mesure où celui-ci mise sur les nouveaux immigrants pour assurer la pérennité du français au Québec, l'utilisation de cette langue au foyer devient dès lors d'une importance capitale2

Si l'État veut franciser, les immigrant~ eux ne cherchent bien souvent qu'à s'adapter à leur nouvelle société d'accueIl. Quiconque immigre au Québec peut difficilement --à long terme du moins - ne pas adopter en même temps un nouveau style de vie, un certain mode d'existence. Dans la mesure où les nouveaux venus travaillent, vont à l'école, baignent dans un univers médiatique qui n'est pius le leur, et établissent des contacte; avec les autres citoyens et les institutions publiques de la société d'accueil,

'VOir les différentes tnterprétations dans Berthelot,1990:89.

'Il Y a transfert hngulshque lorsqu'une personne adopte pour langue pnncipale une langue différente de sa

langue maternelle. Comme le soutient Lachapelle (1986: 124) c ••• une personne qui parle ~ la maison une langue

différente de sa langue maternelle sera touJours comptée dans son groupe d'ongine. MalS ses enfants ne le seront

plus: le passage à un autre groupe mtelvlent à la génération suivante». VOIr également Castonguay (1976,1977)

pour une analyse du mt!caOl\me de tramfert lingUistique.

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r

!

1

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i

ils n'ont souvent d'autre choix que d'ajuster leur comportement à celui de la collectivité qui les entoure'.

Avant de pour~uivre notre discussion des divers concepts, il nous faut faire une distinction importante entre ce q'Je nous avons jusqu'ici appelé la SOCiété d'accueil, en référence à la socit5tl'! québécoise dans sa globalité, et ce que nous nommons la société frawophone, plus spécltïque quant au groupe de référence Comme nous l'avons indiqué plu~ haut, la ~OCIt5tt5 qut5héctmc -- qllOlqUt.: trè, majoritairement francophone - est également constituée d'anglophones, d'allophol1t'c ~t d'autochtones

qui lui donnent, particulièrement dans l'agglomération montréalaise, son caractère unique

1.1.2 Assimilation, acculturation et intégration

Il est important de préciser les termes que l'on u!i1ise pour désigne" cet ajustement ou intégratIOn des nouveaux venus à toute société d'accueil. D'aucuns associent le processus d'mtégration à celUI que les anthropologues appellent 4Cacculturation", et le diSSOCient am')l de celUI d' "as~lmllatlon", dan~ la mesure où ce dernier impliquerait l'identification quasI totale à un autre groupe lingui~tique ct culturel' En voyant dans l'asSimilation d'un indiVidu la perte de son identité, de ~c~ caractérl'ltlques prernlère~, de sa langue et de sa culture d' origme, une telle approche néglige les nllance~ pO""lhlt.:~ dam l' II1tcrprétat IOn

du concept. D'autres par contre' fournissent une défimtlon de l'as~lmllatlon qUI éclaire davantage notre compréhension du concept, dans la mesure où elle est perçue comme une variable Yinger la défime comme:

.a process of boundary reductlon that can Clccur when memhcr~ of two or more ",OCICtIC", or of smaller cultural groups meet (19~ 1.250).

Lorsqu'elle est perçue comme une variable plutôt que comme un processus "complété,.,

. "assimilatl )n can range j mm the smalle~t bcgmnîng\ of mteraction and cultural cxchange to the

thorough fU'.lOn of the group~ (Ibid)

3Voir le Rapport d,! la Comnus!.ion royale d'enquête sur le bIlingUisme et le biculturalisme, Livre IV, 1969,p 7. 4Ibid,p.5. Teske,Jr. et Nelson (1974) réfutent ceux qui, comme Gordon (1974), Redfield et al (1936) et f:.aton (1952) voyaient dans l'acculturation un type ou une phase d'assimilation. Plutôt l'acculturation et l 'as'>lmilatlOn ,>ont des processus séparés et distincts, dans la mesure où (a) le premier peut 'iurvenir indépendemment du 'iecond et (b) l'acculturation est une condition nécessaire, quoique non suffisante, pour que l'as'ilmilalion survIenne.

~Notamment Gordon (1964,1978) et Yinger (1981)

(26)

L'utilité de l'approche de Yinger tient au fait qu'il aborde le processus d'assimilation en tant que fonction de l'intensité d'au moins quatre sous-processus interdépendants: amalgamation (assimilation biologique), identification (psychologique), acculturation (culturelle), et intégration (structurelle); ceux-ci pouvant survenir selon des séquences, des degrés et des combinaisons diverses, dans un ordre indéterminé.

Bien avant Ymger, Gordon (1964.71) avait élaboré une nomenclature des sept types d'assimilation qui devaient être présents pour que ce concept corresponde à un «type idéal,. où l'assimilation serait complète. Contrairement à Simpson (1968:438) qui distingue l'assimilation de l'acculturation et de l'amalgamation, Gordon conçoit les deux derniers comme sous-jacents au premier. Bien qu'aux yeux de ce dernier, l'assimilation soit affaire de degré, une assimilation complète nécessite (1) un changement des modèles culturels en direction de ceux de la société d'accueil (assimilation culturelle ou acculturation); (2) une présence importante et une participation au sein des divers regroupements et diverses institutions de la société d'accueil au niveau des groupes rrimaires (assimilation structurelle); (3) une exogamie à

grande échelle (assImilation maritale ou amalgamation); (4) le développement d'un sentiment d'appartenance basé exclusivement sur la société d'accueil ("identificational assimilation"); (5) une absence de préjugés ("attitude rcceptional assimilation"); (6) une absence de discrimination ("behavior rcccptional assimilation") et finalement, (7) une absence de conflit de valeurs et de pouvoir (assimilation civique).

Si le processus d'a~similation élaboré ci-haut semble complété lorsque la culture d'un groupe ethnique minoritaIre cesse d'exister en tant que système ou structure sociale distincte et indépendante, une telle situation ne survient que très rarement. Alors que l'acculturation est un des premiers types d'assimilation à se produire lorsqu'un groupe entre en interaction avec la société d'accueil, celle-ci peut très bien avoir lieu sans qu'aucun des autres types d'assimilation ne survienne simultanément ou ultérieuremcnt6

• L'assimilation structurelle par contre, semble vraisemblablement être la pierre cUlgulaire

du processus d'assimilation. Alors que l'accu:turation ne mène pas nécessairement à l'assimilation structurelle, cette dernière, ~-.• contre, produit inévitablement la première7

6(}ordon,1978,p.175. %id.p 178.

(27)

Nombre de cherc.heurs s'entendent pour affirmer que si l'acculturation est un processus de changement qui tend vers une plus grande similitude culturelle entre deux ou plusieurs groupes en contact, et qu'elle est davantage prononcée chez les groupes de petite taille, ou moins organisés institutionnellement parlant, elle touche tous les groupes en contacts'. En ce sens le processus est hl-directionnel et constamment évolutif. Cependant, un des éléments qui font que le processus d'assmlliation n'est que très rarement complet, tient au fait que les immigrants peuvent très hien adopter les caractéristiques du groupe majoritaire, sans pour autant rejeter leurs propres caractéristiques ethnlqucs Ce que Yinger nomme acculturation «additiVe» comparativement à l'acculturation «soustractivc»Q refl~tcnt

très bien ce point.

Puisque selon Gordon, l'assimilation structurelle implique l'acceptation complète des membres du groupe minoritaire par la société d'accueil, il est aisé de comprendre pourquoi l'assimilation n'es! que rarement complète. Non seulement est-il loisible de concevoir, comme nous venons de l'mdlquer, unt' situation où l'immigrant peut jouir de deux schèmes de référence culturelle distincts (le sien et celui du groupe majoritaire), mais la discrimination systémique à l'oeuvre dans la plupart des sociétés rend l'assimilation totale quasi-improbable.

Avant d'aborder !a question du rôle des attitudes et comportements langagiers dans le procc~'1u!>

d'assimilation, thème central de notre étude, il serait utile de glisser un mot :;ur la distinction entre l'assimilation au niveau individuel versus celle :m niveau du groupe. Nous n'avons pas jusqu'à maintenant fait de distinction explicite entre les deux. Importe-t-il donc de savOir si l'unité d'analyse sera l'individu ou le groupe? Il est en effet très fréquent de trouver des cas d'mdivldus presque totalement assimilés à la société d'accueil, alors que le groupe ethniqui'! auquel ils appartenaient, lUI ne s'est pas assimilé.

Nous considérerons ce dernier point comme un faux problème pour deux raisons principales. La première est que l'individu est porteur d'un ensemble de symboles et de valeurs culturelles propres à son groupt; ethnique. Bien qu'il véhicule ces valeurs en tant qu'individu, ce sont les valeurs communes au

aVoir notamment Yinger,1981; Simpson,I968; Thumwald, 1932; Gordon,1964,1978.

90p.cit.p.252. Voir également O'Brien, 1982,1976, 1975; Putnins, 1976; Hechter, 1975 et Pi-Sunyer, 1971. pour

(28)

!

groupe qui se voient transformées par l'acculturation1o• Dans la mesure où un nombre suffisamment

élevé de membres d'un groupe ethnique perdent les caractéristiques importantes les distinguant du groupe majoritaire - lorsque leur frontière culturelle s'affaisse - le groupe ethnique peut en venir à cesser d'exister comme tel.

La seconde est que l'assimilation, comme nous le verrons plus loin, est fonction de facteurs écologiques et démographiques propres aux groupes en présence. En ce sens, la taille des groupes impliqués - quelques individus versus plusieurs milliers - aura un impact décisif sur la résultante du processus d'assimilation. Finalement, d'un point de vue sociologique, un niveau d'analyse strictement limité à un ou quelques individus est de moindre intérêt, comparativement à une approche impliquant l'individu et le groupe de référence auquel il appartient.

1.2 Langue et assimilation

Nous avons souligné le fait que ce qui distingue un groupe ethnique d'un autre est un ensemble de valeurs et de symboles propres à chacun des groupes en présence. Transmis de génération en génération par le biais des liens de parenté, ces caractéristiques se traduisent généralement par des manières d'agir et de parler qui constituent autant de frontières pour contrer l'assimilation à un groupe dominant. L'existence d'un gro'Jpe minoritaire dépend ainsi étroitement de conditions structurelles, de sorte qu'un certain niveau oe ségrégation sociale et culturelle soit nécessaire pour le démarquer du groupe ethnique dominant. Un des théorèmes mentionnés en ce sens par Elklit et Tonsgaard (1984) est que plus la ségrégation culturelle couvre de dimensions, plus résistante sera la culture du groupe ethnique face à

l'acculturation. Nous touchons ici de près ce que Breton (1964) comme «complétude institutionnellc», ce que Reitz (/980) appelle les facteurs de «cohésion» du groupe ethnique, ou encore ce que Isajiw (1990) nomme les fj\cteurs de rétention de l'identité ethnique. De Vries (1990) nomme "markers of ethnicity" les caractéristiques propres aux différents groupes - la langue étant notamment un élément cruciall l

IOC'est notamment le point de vue de BameU et al.,1954.

IIReitz,1985, dresse une liste de caractéristiques établissant l'amplitude de la frontière séparant un groupe ethnique d'un autre. Nous retrouvons notamment a)l'utilisation de la langue maternelle b) la lecture de journaux propre au groupe ethnique c) la fréquentation d'une église à dénomination ethnique d) l'identification au groupe e) une endogamie forte f) relations étroites avec les autres membres du groupe g) liens d'amitié forts avec les membres 17

(29)

1

Pour Sapir (1933), une langue commune aux membres d'un groupe constitue un puissant facteur de cohésion du groupe. Comme l'indique Reitz (1985):

For Sapir, language is not only a vehicJe for the expression of thoughts, perceptions, sentiments, and values characteristic of the group; language also represents a fundamental expressIOn of collective social identity.

Bien entendu, comme nous venons de le souligner, la langue n'est pas le !leul facteur détermmant .Jans le processus d'acculturation. Le cas des Juifs est éclairant à cet égard puisque la religion et une culture historique reliée à l'oppression, constituent de puissants symboles de slllidanté Ainsi pour certams, le sentiment d'appartenance à un groupe ethnique est davantage axé sur les contacts primaires au sein du groupe ou sur les mariages endogames, alors que la langue d'origi:le a un(~ importance mOindre. Dans d'autres cas, la langue prend une importance cOi'sidéraJ;te, mais non la religionl2

• Ici le cas des

Québécois d'origine francophone en est un exemple typique.

S'il est parfaitement concevable de voir des individus parler fréquemment la langue du groupe majoritaire sans pour autant laisser tomber leur identité ethnique et les autres caractéristiques qui leurs sont sous-jacentes, encore faut-il faIre la nuance entre ce que Lambert (1974,1978) nomll!e le bilinguisme «soustractif,. et le bilinguisme «additif,.. Dans le premier cas l'apprentissage d'une langue seconde met en danger la survie du groupe par J'assimilatIOn lInguistique, alors que dan~ le )ècond, l'apprcntl'ùagc d'une telle langue ne constitue qu'un atout de plus aux connaissances de ses locuteurs, le groupe auquel ils appartiennent étant en position de force - structurellement et démographiquement parlant.

1.2.1 Diglossie et mobilité linguistique

Les langues utilisées par les minorités ethniques dépendent largement du nombre de leurs locuteurs et de leur statut dans la société d'accueil. Le terme de diglOSSIe est en ce sens un terme clé. Concept d'abord utilisé par Ferguson (1959) et Fishman (1967), Hamers et Blanc (1983) définissent la diglossie comme une:

... situation linguistique relativement stable dans laquelle deux variétés d'une même langue ou deux langues distinctes sont utilisées de façon complémentaire, l'une ayant un statut socio-culturel

du groupe h) la résidence dans un quartier ethnique i) les ressources disponibles dans ce même quartier j) la participation en tant que membre d'une organisation ethnique, etc.

(30)

relativement supérieur à l'autre dans la société (p. 450).

Comme l'indique Fishman (1972), en permettant une différentiation fonctionnelle et institutionnalisée des langues utilisées, la diglossie permet à un groupe ethnique minoritaire de maintenir sa langue. Toutefois, lorsque la langue du groupe majoritaire (généralement utilisée dans la sphère publique) vient à empiéter sur le milieu intime (ami(e)s et vie familiale), l'équilibre se trouve brisé et il y a éventuellement transfert 1 ingu istiqueIJ

Cette dernière situation rend compte de la présence d'un rapport de force évident entre la langue du groupe minoritaire et celle de la majorité. Comme le mentionne Pilon-Lê (1987):

La diglossie est donc un phénomène social relié à la hiérarchisation des langues en majoritaires et en minoritaires dans une société. Elle se développe lorsqu'un groupe socio-linguistique dominé utilise deux ou trois langues de statut inégal dans le déroulement de sa vie quotidienne, parce que sa langue maternelle joue un rôle social limité (p.26).

La langue parlée constitue un pivot important du processus d'assimilation - c'est là également l'argument de De Vries (1990) et Reitz (1985) - dans la mesure où elle est un élément de médiation entre l'assimilation structurelle et l'assimilation culturelle. Nous l'avons saut igné plus haut, l'assimilation structurelle entraîne nécessairement l'assimilation culturelle, mais non la réciproque. En participant activera1ent dans les diverses institutions et structures de la société d'accueil, les immigrants s'exposent

à utiliser la langue de la majorité, ou celle dont le statut fonctionnel est le plw, élevé. Par le biais des contacts hors de leur groupe ethna-linguistique, ces immigrants établiront cfe:; hens d'amitié qui, s'ils sont réguliers et intimes, risquent d'influencer les comportements langagiers, pour ainsi favoriser l'assimilation culturelle.

* * *

'lHamers et Blanc, ibid.

(31)

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1

1~

QueUe conclusion pouvons-nous tirer de ce survol des concepts pertinents pour l'analyse des comportements et attitudes linguistiques? Tout d'abord répétons que l'assimilation culturelle (acculturation) et l'assimilation structurelle (intégration) seront les deux types principaux d'ac;sÏlllllatton auxquels nous ferons référence tout au long de cette étude La raison première est tout simplement que, compte tenu de notre sujet d'analyse, nous n'avons pas de mesures adéquates pour mesurer les autres types élaborés par Gordon et Yinger Le thème central de notre étudr étant d'étudier le rôle des comportements langagiers et des attitudes dans le processus d'aSSimilation, 11 ressort de notre examen des concepts que ces comportements et attitudes dépendent non seulement de facteurs micro-socIOlogiques (e.g. langue(s) parlée(s) à la maison, niveau de maîtrise des langues, contacts avec les amis,etc.), mais aussi de facteurs macro-sociologiques tels l'environnement socio-linguistique global, le statut et le degré d'utilisation des langues dans la société en général.

Finalement, bien que l'amplitude de la tendance vers l'assimilation dépende de l'interdépendance de facteurs historiques, culturels, démographiques, institutionnels et d'attitudcs'\ les chapitres qui suivent mettront principalement l'accent sur (a) la mesure dans laquelle les jeunes habitent le Québec depuis longtemps et de là, si les contacts avec le groupe majoritaire sont récents ou établis depuis longtemps; (b) l'importance du niveau SOCio-économique des jeunes et de leur maîtrise des langues dans le processus d'assimilation; (c) la concentration ou disper~IOn géographique des divers groupes et son importance dans le processus d'établissement des contacts et de l'assimilation culturelle et (d) l'Importance de la perception de la vitalité des langues comme catalyseur des voies de l'assimilation.

(32)

CHAPITRE

II

Les

variables clés de l'assimilation

à la société Québécoise:

durée de résidence, langue d'usage

(33)

1

t

Dans le présent chapitre nous donnerons un bref aperçu de quelques caractéristiques socio-démographiques utiles à une meilleure vue d'ensemble des trois grands groupes constituant notre échantillon.

Parmi les principi11es caractérIStiques nous examinerons quatre des variables c1a~sécs

antérieurement comme indéliendantes. Ainsi nous verrons des distrIbutions du nombre CI années passées au Québec, la langue la plus fréquemment utilisée à la maison et finalement, une auto-évaluatIOn du niveau de compétence en français ct en anglaIs

Il peut sembler étrange de présenter les variables indépendantes avant même de décrire les variable. dépendantes de l'analyse. Cette démarche Inhabituelle se justifie non seulemePt parce que ces variables indépendantes permettent de mieux situer l'échantillon étudié, mais aussI et surtout parce que les deux chapitres précédents ont montré combien ces variables sont Importantes pour expl iquer le processus général d'assimilation Amsi le facteur «durée de résidence,. est à la base même de la plupart des théories assimilatlonnistes et néo-assimilationnistes dans la me~ure où l'assimilation au groupe majoritaire devrait progressivement avoir lieu au fur et à mesure des années de réSidence. Dans le cas du Québec nous avons vu que cela n'est pas vrai pour les immigrants d'avant la 101 lOt, alors que pour

ceux - les jeunes du moins - qui sont arrivés après l'adoption de cette législation, la tendance semble vouloir se renverser.

La langue parlée à la maison (assimilation Iînguisttque) ct le degré de maîtfl~e de~ langlll'~ .,ont également des variables importantes du processus général d'assimilation. Nou~ tâcherons de démontrer au cours de cette étude que l'utilisation du français à la maison n'est pas néces'iairement un élément essentiel pour que se produIse l'assimilation structurelle et culturelle à la société d' accucii.

(34)

r

.,,"

2.1 Durfe

de

r~idence

au Québec

n

apparattra très clairement tout au long de cette étude, que la durée de résidence dans une nouvelle société d'accueil capte la dimension temporelle de tous les concepts caractérisant les différents aspects du processus d'assimilation. En outre, les plus grands efforts de recherche sur le sujet (e.g. Richmond, 1974; Goldlust & Richmond,1974; Richmond et al.,1980) ont isolé la durée de résidence comme la plus importante variable de l'adaptation des immigrants. Dans le cas du Québec, nous verrons également que cette variable est d'une importance capitale au regard des deux voies principales d'assimilation. Nombre d'années 0-3 4-7 8-12 13-15 16-30 % (N) Moyenne Écart-type Tableau Il.1

Distribution des &han tillons selon le nombre

d'annles de ré§idence au Québec

' Anglophones

AllOphonœ

'raèOpbonea

3.7 15.3 3.4 1.2 12.8 2.6 18.3 24.6 4.6 37.8 15.0 14.6 39.0 32.3 74.8 100.0 100.0 100.0 (82) (406) (2028) 13.95 11.11 16.05 3.72 5.52 4.18

L'information présentée dans le tc.bleau 11.1 montre (hormis les anglophones) que les francophones et les allophones de notre échantillon sont arrivés en aussi grand nombre depuis les douze dernières années!. Bien sûr la nuance importante est que dans cet échantillon, près de 53 p.cent des allophones sont arrivés au Québec durant les douze dernières années, contre 23 p.cent des anglophones

et 11 p.cent des francophones. Pui~que l'on ne distingue pas ici l'origine ethnique de la langue

'C'est-à-dlre: 23 anglophones, 214 allophones et 215 francophones. Fait à noter, hormis l'information présentée

dans ce chapitre, la vanable concernant le nombre d'années passées au Québec devra &re interprétée comme le rapport entre le nombre d'années passées au Québec et l'âge des répondants (e.g. 1/5, 2/5, 315, ... de la vie du répondant). Les moyelmes (et écarts-types) pour cette variable alDsi transformée sont (en cinquième): Anglophones

4.37 (1.02); Allophones 3.47 (1.54) et Frdllcophones 4.69 (0.92).

(35)

1

maternelle, il faut garder à l'esprit que les répondants ayant inscrit le français comme langue maternelle - en plus d'être nés au Québec - peuvent venir aussi bien d'Haïti, de l'Afrique francophone, que de France.

2.2 Langue d'usage

(1989),

Par langue d"usage nous entendons la langue la plus utilisée au foyer. Comme le mentIOnne Paillé

l'un des phénomènes qui ont incité les gouvernements du Québec à légiférer en matière linguitique tient au fait que la majorité des allophones qui ne faisaient plus réguli~;remenl usage de leur langue d'origine à la maison, choisissaient davantage l'anglais que le franl;ais (p.60).

Paillé rapporte ainsi qu'en 1981 dans l'ensemble du Québec ces derniers choisissaient l'anglais plutôt que le français dans des proportions respectives de 71.8 et 28.2 p.cent. En comparant les n!censements de 1981 et 1971, Paillé (p.62) fait remarquer que certains groupes d'allophones .. anciens- (e.g ltaliens,Grecs, Polonais,Allemands) ont une nette préférenœ pour l'anglais, alors que chez d~\ gmup~!. arrivé!. plus récemment (e.g.ceux dont la langue maternelle est l'espagnol,le portugais ou l'arabe), une évolution en faveur du français se fait sentir dans un peu plus de la moitié des cas. Chez les enfants portugais et espagnols de moins de cinq ans, le recensement de 1981 donne des chiffres respectifs de 62 p.cent ct 70 p.cent en faveur du français2•

Sur le territoire de l'île de Montréal en 1986, la proportion des immigrants allophones qui avaient l'anglais plutÔt que le français comme langue d'usage au foyer était de 5.8 p.cent contre 10 9 p cent à Montréal même et dans les villes plus à l'est. Dans les villes à l'ouest de Montréal, cette proponion était de 4.6 p.cent en faveur du français contre 28.8 p.cent en faveur de l'anglais.'

2Bon nombre d'études ont mis en éVidence, dans la population ayant IOlUugré après 1970, une crOIssance notable de la proportion des transferts vers le françaiS dans l'ensemble des transferts vers l'anglais ou le françaIS.

Voir notamment Bal11argeon et BenjamlO, 1990; Termote et Gauvreau, 1988; Veltman et Paneton,1989. 3Sources:Stat'shque Canada, Service des prodUit!> personnahsés, tableau n° P03652, 1990 .

Figure

Tableau  Il.2
Tableau  UI.4a
Tableau  IV.3
Tableau IV.4
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Références

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