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Compte rendu de Denis Knoepfler, La Patrie de Narcisse (Paris, 2010)

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Texte intégral

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Kernos

Numéro 24  (2011) Varia

...

Vinciane Pirenne-Delforge

Denis

KNOEPFLER

, La Patrie de Narcisse.

Un héros mythique enraciné dans

le sol et dans l’histoire d’une cité

grecque

...

Avertissement

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Référence électronique

Vinciane Pirenne-Delforge, « Denis KNOEPFLER, La Patrie de Narcisse. Un héros mythique enraciné dans le sol et

dans l’histoire d’une cité grecque »,  Kernos [En ligne], 24 | 2011, mis en ligne le 17 octobre 2011. URL : http:// kernos.revues.org/1976

DOI : en cours d'attribution

Éditeur : Centre International d’Etude de la religion grecque antique http://kernos.revues.org

http://www.revues.org

Document accessible en ligne sur : http://kernos.revues.org/1976 Ce document est le fac-similé de l'édition papier.

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 RevuedesLivres 343 l’incompatibilitéprofondeentrenaturedivineetnaturehumaine.Àl’asymétriedecesunions dans le «temps raconté» correspond en effet dans le «temps de la narration» un équilibre fondésurladistanceinfranchissableentrelesdieuxetleshommes.Le«tempsraconté»appa-raîtdonccommetéléologiquementorienté,danslaperspectivedel’A.,versladisparitiondela générationhéroïque,suivantunaxequiconduitd’unmondeoùlesdieuxseraientencoretrop prochesdeshommesàunmondequisedéfinitets’inaugureparlaséparationdéfinitivedeces deuxsphères.«Dumytheàl’histoire»,aurait-onditautrefois. L’A.reconnaîtque«illimitetral’epocadeglieventienunciatiequelladell’enunciazione» (p.121)estperméable,etquec’estbiendanscetteépoquerévolue,quiestaussiuneépoquede «fondation»,queleshommesdu«tempsdelanarration»cherchentleursracinesetl’origine deleurspratiques.Toutefois,dansl’effortderetrouverle«mythe»enledégageantdelamulti-plicité de ses contextes d’énonciation, il finit par négliger cette perméabilité, laissant parfois dansl’ombreledialoguequis’instaureentre,d’uncôté,lesreprésentationsvéhiculéesparles récitset,del’autre,levécudesconteursetdeleurpublic.ConcernantHéraclès,toutenétant conscientqu’ils’agitàlafoisd’unhérosetd’undieu(cf.p.243-245),l’A.choisitd’enprivi-légierlestatuthéroïquepourlemettreenparallèleaveclesautreshemitheoifilsdeZeus.Cela conduitàoublierlaspécificitédecettefigure,dontl’entréesurl’Olympeétaitthématiséeaussi biendanslesrécitsquedansl’iconographie,etcelaenrésonanceaveclespratiquescultuelles descités.Quoiqu’ilensoitdecetteréserve,cetouvragesedistingueparlafinessedéployée dans les analyses des différents témoignages littéraires et par l’attention que l’A. prête aux représentations religieuses des Grecs. Quant à la pertinence de la notion de «mythe», elle apparaîtmoinscommelerésultatd’unevéritabledémonstration,susceptiblederéorientercette vexata quaestio,quesouslaformedel’applicationsystématiqued’uneconvictionpréalable.

GabriellaPironti (UniversitàdegliStudidiNapoli‘FedericoII’ CentreANHIMA[Paris])

K

NOEPFLER

Denis, La Patrie de Narcisse. Un héros mythique enraciné dans le sol et

dans l’histoire d’une cité grecque, Paris, Odile Jacob, 2010. 1 vol. 14,5 × 22 cm,

238p.(Collège de France).ISBN:978-2-7381-2500-2.

La relative discrétion de la figure de Narcisse dans les sources anciennes n’a d’égal que l’efflorescencedesapostérité,élégammentconvoquéedansl’introductiondecetouvragequi selitd’unetraite,(presque)commeunroman.Ilfautdirequelaremarquableéruditiondel’A., qui n’est jamais pesante, s’est mise au service d’une enquête dont la progression est aussi passionnante que le résultat est fragile. De quoi s’agit-il? À l’origine de cette investigation savantesetrouventuneinscriptionmiseaujouràÉrétrie,enEubée,àl’automne1973,une autre inscription mise au jour sur l’acropole de cette même cité en 1975, et un passage de Strabon.L’inscriptionde1973estunebasechorégiquemalheureusementamputéedesapartie droite,dontlapremièreligneévoquel’identitéduchorège,latroisièmeligne,unjoueurd’aulos, tandis que la ligne médiane porte les lettresΝΑΡΚΙΤΤ…, que l’inscription de 1975, un autre monument chorégique, permet d’interpréter comme le nom Narkittis. Ce sont les premières attestationsdunomdel’unedessixtribusd’Érétrie,tribusquiétaientétroitementassociées, commeàAthènes,àl’instaurationdusystèmedémocratiquevers500.LatribuMèkistis,seule connueavantlaNarkittis,devaitrenvoyeràunhéroslocalMèkistos,etl’A.avaitnaguèrefait l’hypothèsequ’uneautredestribusérétriennesétaitpatronnéeparlehérosOrion.Troisjeunes héros auraient ainsi été choisis comme éponymes à Érétrie – on ignore qui étaient les trois autres, en dépit des efforts de l’A. pour les exhumer des sources –, alors qu’Athènes avait plutôt choisi des hommes mûrs, voire des rois. Le passage de Strabon (IX, 2, 10)

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344 RevuedesLivres

description des curiosités de la région d’Oropos évoquant une localité appelée Graia, le sanctuaired’Amphiaraoset«letombeaudel’ÉrétrienNarcisse,appeléTombeauduSilencieux, parcequ’onfaitsilenceenpassantdevantlui»(p.75).Enexcellentconnaisseurdel’Eubéeet de sa façade continentale, du côté béotien, l’A. fait l’hypothèse que ce tombeau de Narcisse était une fondation érétrienne archaïque, au bord de l’Asopos, en cette sorte de pérée de la métropoleeubéennequ’auraitétél’Oropieencetemps-là.LemonumentdeNarcisseauraitété visible au moins jusqu’à lahaute époque hellénistique.En revanche,du temps de Pausanias, quin’ensoufflemot,ilavaitprobablementdisparu.Cefaisceaud’élémentlaisseentendreque Narcisseétaitunhérosérétrien,dontlesouvenirdesoriginesauraitprogressivementdisparu pour laisser la place au Narcisse de Béotie, dont Ovide a raconté les malheurs dans ses Métamorphoses et dont Pausanias a vu la fontaine à Thespies. La figure mythique aurait ainsi voyagéenBéotieaudépartdel’Oropie.L’enquêtefaitdèslorsremonterdeprèsd’undemi-millénaire la date d’apparition de la figure du héros dont aucune source ne fait état avant l’œuvred’Ovide.C’estsurceconstatques’achèvelequatrièmechapitredulivreet,jusqu’àce point,onadhèreaurésultatdel’enquête,toutens’interrogeantponctuellementsurdesexpres-sions problématiques qui surgissent sous cette plume alerte: à la page 113, Narcisse devient «diviniténationale»desÉrétriensetàlapage124,ilestcomptéaunombre«desdivinités… qui ‘possèdent le territoire de la cité’». Et c’est exactement ce dont il s’agit dans les trois derniers chapitres (chap. 5 à 7), où l’historien de la religion grecque est saisi d’un vertige toujoursplusvif.

Auchapitre5,l’A.exhumeunetrèsintéressantenoticed’uncommentaireauxBucoliquesde Virgile. Le narcisse, la fleur, tirerait son nom «de Narcissus fils d’Amarynthus, qui fut un Érétrienoriginairedel’îled’Eubée».Cepointvientconfirmerlesrésultatsdel’enquêteépigra-phique et géograÉrétrienoriginairedel’îled’Eubée».Cepointvientconfirmerlesrésultatsdel’enquêteépigra-phique des chapitres 3 et 4. Or, selon Stéphane de Byzance, Amarynthos (éponymedela ville)auraitété chasseurd’Artémis,ce quin’estpassansrappelerl’imagede Narcisselui-mêmetransmiseparOvide:c’estdanssonactivitédechasseurquelesNymphes desmontagnes,dontÉcho,s’éprennentdubeladolescent.Qu’unlienparticulieraitpuassocier NarcisseàArtémisestplausibleetrépondaumotifmythiquedecesadolescentsquelamort figeàjamaisdansl’éternitédeleurjeunessecommeHippolyteouActéon.Unsautqualitatif dansl’argumentationesttoutefoiseffectuéquand,aprèsavoirsoulignélesliensrituelsentrela déesse d’Amarynthos et l’éphébie, l’A. écrit: «On est ainsi fondé à penser que Narkittos l’Érétrien,entantquehéroshonoréparl’ensembledelacommunautécivique,était,lorsdes Artemisia,associédeprèsàcerituel[offrandedechevelure]»(p.142).Justeaprès,laprogres-siondel’argumentestplusfulguranteencore:NarcissedevientundoubledeHyakinthos(etle chapitre6s’attacheraàledémontrerendétail)qu’ilfauthonorercommeilconvient,«c’est-à-dire comme une divinité de la nature, aussi puissante que redoutable». Il ne reste plus qu’à tenter de saisir ce héros «dans ce qui faisait sa nature profonde et son essence divine» et ouvrir à cette fin «encore quelques serrures» (p. 143). L’une des clés est archéologique et concerne l’identification, controversée, du site du sanctuaire de l’Artémis Amarynthia. Si l’on suit volontiers l’A. dans sa démonstration minutieuse en faveur d’une localisation dans la régiondePaléoekklisies,onsedésolidariseenlisantque,surlabased’unedesnotulesthébai-nesenLinéaireBquimentionneAmarynthos(maispasNarcisse!),cedernier«doitainsiavoir étéunefigureemblématiquedel’airethébano-érétrienneàl’âgeduBronzefinissant»(p.155). Cen’estplusundemi-millénairequinoussépared’Ovide,maisunmillénaireentier.Lesdeux dernierschapitresproposentuneautreclé:lacomparaisonavecleHyakinthosspartiate.Ces développements,bieninformés,n’enrestentpasmoinsspéculatifset,endépitdelaséduction dontsepareunereconstitutionbrillante,l’historiennedelareligiongrecquequejesuisnepeut querestersceptiquedevantunequêtedesoriginesquiused’uneméthodeassociativeévoquant d’éminentstravauxduXIXes.dontlesauteursontdéployéuneéruditionadmirable,maisdont

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 RevuedesLivres 345 parcours(p.214):«Lesconclusionsauxquellesnousavonsabouticomportent,bienentendu, unepartd’incertitude,quivamêmes’accroissant,commeilestnaturel,aufuretàmesureque l’onremonteplushautdansletemps.»Onnepeutqu’appelerdesesvœuxladécouverted’une inscription attestant l’existence de Narkittia (p. 178), à l’instar des Hyakinthia de Sparte, qui donneraituneindicationpositiveenfaveurdelareconstructionainsiopérée.Pourtant,unetelle trouvaille–n’endéplaiseaudieudesépigraphistesdelapage108…–laisseraittoujoursdans l’ombrelacomplexitédefêtesetderituelsdontaucunetraced’étiologieoudecontenun’aété conservée. Le paradigme de la fertilité/fécondité est ici assumé dans toutes ses implications (mortprématurée,renaissancemiraculeuseauprintempssuivant,commelesbulbesdunarcisse et de l’hyacinthe [p.217]), mâtiné du paradigme sociologique des «rites de passage», le tout décliné sous la forme évolutive d’une fête de la belle saison qui, avec la formation de la cité, assumel’intégrationdesjeunesgensdanslecorpscivique.Posonsleproblèmeparl’absurde: quen’aurait-onpuécriresurl’Érechthéeathéniensil’onn’avaitconservéquelenomdelatribu qu’ilpatronnaitetlesfragmentsdelatragédieéponymed’Euripide,sansaucunautretémoignage surlarichessedestraditionsmythiquesetdesrituelsdelacité?

L’exposé est dépourvu de notes, mais des indications bibliographiques très fournies et argumentéessontrassembléesàlafindechaquechapitre.Lelivreserefermesurunappendice quipublieetétudielesmonumentschorégiquesaucœurdel’enquête.

VincianePirenne-Delforge (F.R.S.-FNRS–UniversitédeLiège)

D

AUMAS

Michèle,L’or et le pouvoir. Armement scythe et mythes grecs, Paris, Presses

universitairesdeParisOuest,2009.1vol.21,5×28cm,206p.,16pl.ISBN:

978-2-84016-042-7.

ThebookbyMichèleDaumas(M.D.)focusesonninemid-fourth-centuryBCsheet-gold decorations which were created to cover wooden-and-leather cases of six gorytoi (bow and arrowcases)andthreeswordscabbards.Eightamongthemwereunearthedinseveraltumuli intheNorthernBlackSeaarea,andonewasdiscoveredinMacedonia.Thesenineobjectsare usuallytreatedtogether,asacorpusofgoldartifactsbelongingtoceremonialsetsofScythian weaponsandproducedbyGreekartisans.1Thebookiswellproduced,illustratedwithsixteen

color plates and 81 line drawings, and includes three maps. The text is accompanied by a glossary,abibliographyandindicesofmuseums,ancientsources,ancientpropernames,and placenames.Thetableofcontentsisverydetailedandallowseasyorientationinthetext.

The work is arranged into parts in accordance with the scenes depicted on the objects. Fourgorytoi,fromChertomlyk,Ilyintsy,Melitopol,andFiveBrothers(Pyatibratni),featurethe firstscene;threescabbards,fromChertomlyk,FiveBrothers,andChaian,presentthesecond subject;andfinallytwomoregorytoi,fromKaragodeouashkhandfromTombIIatVergina,are decoratedwiththethirdpatternofrelief.ThisdivisionreflectstheapproachoftheA.whois interestedprimarily, orperhaps almostexclusively, in the mythological contents of the relief representations,whicharediscussedinminordetails.

M.D. outlines her views on the subject in the Introduction: contrary to the modern tendencytoregardartifactsashistoricaldocuments,ratherthanjustbeautifulobjects,andin particular to look for indigenous connections of Scythian weaponry, she revives the attitude current in the 19th century, and calls for a ‘retour à l’explication des images par les textes’

(p.12).Thismethodologyisadrawbacktoaresearchaimingatunderstandingofpeopleand cultures that produced and used art objects. However, the book suffers from an additional



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