FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1897-1898
ni0 ?©
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
DU DACRYOPS
■
jf îfiô^ieneia \
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉMUN#
présentée et soutenue publiquement le 28 Janvier 1898
PAR
Gaston-Henri-Auguste BRISEMTJR
Né à Ymonville (Eure-et-Loir),
le 15 février 1874
Élève duService deSanté dela Marine
MM. BADAL professeur Président.
DEMONS professeur....) Examinateursde la Thèse
:j p0USSQN agrégé...
(
VILLAR agrégé..Le Candidat répondra aux
questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de
l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU
MIDI
—PAUL CASSIGNOL
91 — hlJK PORTE-DIJEAUX —
91
1898
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doyen — M. PITRES, doyen honoraire.
M» ISOB1' h: S S 801 El S MM. MIGE...
AZAM..
DUPUY, MM.
. . . i PICOT.
Clinique interne
j
PITRESnl. . . \ DEMONS.
Clinique externe
j
laNElONGUF Pathologie interne... N.Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments MOUSSOUS.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Analomiegénérale et
histologie VIAULT.
Professeurs honoraires.
MM.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecinelégale MORACHE.
Physique
BERGON1É.
Chimie BLAREZ.
Histoire naturelle ... GUJLLAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale.... de NABIAS.
Médecine expérimen¬
tale •
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicales des en¬
fants
FERRE.
BADAL.
PI ECUAUD.
Clinique gynécologique BOURSIER.
Ad;RÉG BOS SiA Si X Si11C1C Si :
section demédecine (Pathologie interneetMédecine légale.) MM. MESNARD. | MM.
SABRAZÈS.
CASSAET. | Le DANTEC.
AUCHIA.
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
(MM. Y1LLAR. I . , . \MJ\I. RIVIÈRE.
Pathologieexterne BINAUD. |
Accouchements....
CHAMBRELKNT(
BRAQUEHAYE |SECTION DES SCIENCES ANATOMIQUES ET l'UYSlOI.OGIQUES
(MM. PRINCETEAU | Physiologie MM. PACHON CANNIEU. Histoire naturelle BEILLE.
Anatomie,
section des sciencesphysiques
Physique
MM. SIGALAS. | Pharmacie...
M. BARTllE.Chimie etToxicologie DEN1GÉS.
j
C « W 86 S € 1S S» ï,ÉII Bi m T A I K Bi M :
Clinique internedesenfants
MM. MOUSSOUS.
Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques
Clinique desmaladies des voies urinaires
Maladies dularynx, desoreillesetdu*nez
Maladiesmentales Pathologieexterne Accouchements Chimie
Le Secrétaire de la Faculté
DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
DENUCE.
RIVIÈRE.
DEN1GES LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les
Tliesesqui lui sontprésentéesdoiventêtre considérées commepropres à leurs auteurs, et qu'elle n'entendleurdonner niapprobation niimprobation.
A MON PÈRE
A MA MÈRE
MEIS ET AMICIS
A MON EXCELLENT AMI
HORACE LA G RANGE
LICENCIÉ EN DROIT
A MES MAITRES DE LA
MARINE ET DE LA
FACULTÉ
DEMÉDECINE
A MONSIEUR LE DOCTEUR LAGRANGE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHIRURGIEN DES HOPITAUX
A mon Président
de Thèse
MONSIEUR LE
DOCTEUR BADAL
professeur de clinique
ophtalmologique a la faculti
chevalier de la
légion d'honneur
officier de
l'instruction publique.
■ .
INTRODUCTION
Les tumeurs dela
glande lacrymale sont si rares que la
plupart des ouvrages didactiques n'en donnent que de courts
aperçus.
Rares également sont les observations qu'on
trouvedétachées
dans la littérature médicale.
La forme la plus
fréquente serait peut-être le dacryops, di¬
latation
kystique qui
aété comparée à la grenouillette par
différentsauteurs.
Ceskystes,en
connexion avec les conduits excréteurs de la
glande lacrymale, sont quelquefois compliqués de fistules ou¬
vertes à la surface
cutanée de la paupière, justifiant ainsi le
nom de dacryops
fistuleux qui leura été donné par Bowman.
En 1896,
Francke fixait à 13 le nombre des cas actuelle¬
mentconnus.
Grâce à la
bienveillance de M. le professeur agrégé La-
grange, nousavons
eu la bonne fortune d'observer un cas de
cette affection. 'M.
le professeur agrégé Lagrange a bien
voulu nous en
communiquer l'observation détaillée, à la¬
quelle un examen
histologique soigneux delà tumeur'donne
un intérêt plus
direct puisqu'on a la plupart du temps omis
de le
pratiquer, tl est remarquable, en effet, de consta¬
terque 3
fois seulement sur 23 cas. l'étude anatomique a
été faite.
Nous nous sommes
particulièrement appliqué e bien do¬
cumenternotre
travail qui
setrouve de beaucoup le plus lâ¬
che en observations de
dacryops. En effet, le mémoire le plus
récent, celui do
Francke, ne renferme que 13 faits et nous
avons pu en
réunir 23.
- 10 —
C'est à l'aide deces documents
qu'il
nous aété possible de
reconstituer l'histoire du dacryops
beaucoup plus complète¬
ment
qu'on
nel'a fait jusqu'à
cejour. Notre tâche principale
a consisté à faire ressortir toutes les
particularités de cha¬
que
observation et à les
grouperméthodiquement de façon à
décrire d'une manière exacte et
précise l'étiologie,l'ailatomie pathologique, la symptomatologie, le diagnostic et le traite¬
ment de cette affection.
M. le professeur
agrégé
Lagrange,qui
nous ainspiré cette
thèse, a droit à toute notrereconnaissance
pourle vif intérêt
qu'il nous atoujours témoigné. Nous
conserveronsle
sou¬venir de ses
précieux enseignements et de
sonaimable
cor¬dialité.
<9
Que M. le professeur
Badal, dans le service duquel
nousavons passé un temps
malheureusement trop court, reçoive
ici l'expression
de
nossincères remerciements
pourle grand
honneurqu'il nous
fait
en acceptantla présidence de notre
thèse.
HISTORIQUE
Avant le xixe
siècle
, on netrouve dans les auteurs aucun
fait detumeurde
la glande lacrymale pouvant se rapporter
audacryops.
Cependant, l'observation deSpry(r), publiée vers 1750, doit
avoir trait à une
affection de ce genre, mais le kyste dont il
parle
nefut reconnu qu'à la suite d'une intervention et il n'en
précisa ni la nature ni le siège exact.
Le
premier, Sclimidt en fit une bonne description dans un
« Traitésur les
affections de la glande lacrymale », publié à
Vienne en 1803. Il
cite dans cet ouvrage deux cas dont l'un
a été considéré comme
douteux en raison de la gravité dés
symptômes qu'il provoqua. Dans une troisième observation,
il s'agissait
d'une tumeur compliquée de fistule.
PourSchmidt, cette
affection avait une origine hydatique,
ce
qu'il désignait nettement par l'appellation de « glandula
lacrymalis hydatoïdea ».
Complétant cette pathogénie, il avait imaginé que, grûce à
unemalformation
congénitale, les conduits excréteurs se
terminaient dans
le tissu cellulaire de la paupière supé¬
rieure. La sécrétion
delà glande lacrymale étaitalors déver¬
sée dans les
interstices et formait ainsi une espèce de kyste
parla
distension d'un ou plusieurs espaces intercellulaires.
Ce kyste se
revêtait d'une capsule par la condensation du
tissu cellulaire
environnant.
Beer, dans
le deuxième volume du « Lehre den Augen-
ô)Mackenzie,
Traité
surles affections de l'œil, p. 133. Paris 1856,
— 12 —
krankheiten »
(1817), dit
qu'il a vu six cas de ce genre. Il dé¬crit les kystes lacrymaux sous le nom de dacryops, que Schmidt leura appliqué. 11 étudia la fistule
lacrymale
qui complique parfois cette affection et trouva dans ces tumeursun liquideacreet d'un goûtsalé qu'il appela « des larmes ».
Benedict
(j1) croit
cette tumeur due à ladilatation
d'un desconduits excréteurs de la glande.
En 1856, Mackenzie, dans son « Traité sur les affections de l'œil»,fait l'histoire du dacryops et en
établitlasymptomato-
logie d'après les observations de Schmidt et celles de Beer. Il accorde aux kystes lacrymaux une gravité exagérée, mais
ne veut pasadmettre l'origine hydatique que Schmidt avait miseen avant.
Desmarres(Traité pratique des maladies des yeux, Paris 1854) estd'avis que les kystes de la glande lacrymale n'exis¬
tent pas. Il ne voit dans les cas de Schmidt, de Bérard, de Spry, quede simples kystes de l'orbite. Il pense qu'un kyste ayant pris naissance dans la glande ne provoquerait pas les graves désordres observés chez le malade de Schmidt, et n'aurait pu occasionner la mort.
Il est d'ailleurs bien probable que dans le cas de Bérard,
ainsi que le fait judicieusementobserverleprofesseurPanas, ils'agissait plutôt d'une pêriostite albumineuse d'OUier.
Jarjavay (-), en 1853, relate deux casde dacryops dus à des
traumatismes de la paupière ayant amené la production de trajets fistuleux et consécutivement de tumeurs kystiques
où s'accumulaient les larmes.
Bo\vman(3)
parled'une
femme de vingt-sept ans,qui depuissa jeunesse était atteinte d'une fistule qui avait succédé à
l'issue d'un abcès. La poche kystique qui
s'était
formée ne donnait lieu à aucun gonflement par suite de l'élimination(q. Beeret Benedict, Handbuch der PrackUscheAugenheilkunde. Leipzig
1824.
(2)Jarjavay, Mémoires de la Société de Chirurgie. Paris 1853.
(3) Hulke, Dacryops et Dacryops fistulosus (Ophtalmie Hospital Reports.
Londres 1858).
— 13 —
incessante du
liquide des larmes, au furet à mesure de sa
production, à travers le trajet flstuleux.
En 1860, de
Graefe rapporte un cas de dacryops dans les
Archiv.
fur Augenheilkunde.
A la même époque,
Broca donne l'observation d'un indi¬
vidu
qui s'était présenté à lui avec une tumeur liquide située
dans l'angle
externe de la paupière. La ponction de cette
tumeur, qui
d'ailleurs n'amena pas la guérison immédiate,
laissa s'échapper un
liquide citrin. Il assigna comme siège à
ce kyste
les conduits excréteurs de la glande.
DeWecker
(1867) signale chez un malade un kyste auquel
il donnele nom
de
«dilatation cystoïde des conduits excré¬
teursde la
glande
».En 1868,dans
l'article «glande lacrymale» du Dictionnaire
encyclopédique des Sciences médicales, Polaillon résume les
divers travaux
publiés à ce sujet.
Lesthèsesde Sautereau
et de Salles sur les tumeurs de la
glande
lacrymale n'apportent guère qu'un seul fait nouveau,
celui de
Dubreuil, consigné dans la thèse de Salles.
Depuis
1880, il n'y a guère que trois ou quatre nouvelles
observations et
entre autres celle de Eromaget, rapportée
dans la Gazette
hebdomadaire des Sciences médicales de
Bordeaua7et
recueillie à la Clinique de M. le professeur
Badal.
Nous arrivons
à 1896, année où parut le travail deFrancke.
A propos
d'un cas de dacryops, cet observateur résume
treize autres
observations, au nombre desquelles nous
constatons un cas
nouveau, celui de Reuss, recueilli à la
Clinique
ophtalmologique de Vienne, en 1885.
Pendant que ces
faits, en somme peu nombreux, étaient
ainsi
publiés, les anatomistes s'occupaient d'étendre nos
connaissances sur
l'anatomie normale de la glande lacry¬
male, et nous avons
jugé utile de compléter cet historique
dudacryops par un
résumé succinct des principaux travaux
parus sur
l'organe lacrymal.
On sait que
l'appareil lacrymal comprend deux glandes
_ 14 —
principales
: la glande orbitaire et la glandepalpébrale.
La première est comprise dans un dédoublement de la capsule de Tenon et du périoste(Tillaux).
La seconde ou glande de Rosenmuller est constituée, suivantSappey,par
15 ou20 glo¬bules disséminés dans un tissu conjonctif épaissi plutôt
que dans «une véritable capsule limitante». Les conduits excréteurs de ces globules viennent s'aboucher à la sur¬
face de la conjonctive qui avoisine la glande.
Quel est le nombre et la situation exacte de ces canaux excréteurs. Depuis la découverte de
Monro,
qui constata leurprésence
chezl'homme au moyend'injections
mercu-rielles,
Gosselin,Sappey,
Béraud et Tillaux les ont successi¬vement étudiés.
Gosselin en signale 2 pour la portion
orbitaire,
6 à 8 pour la portionpalpébrale
de la glande.Sappey
déclareque 3 à 5 canaux orbitaires traversent la glande
palpé¬
brale et que cette dernière glande en possède de 2 à 5.
Tillaux trouve 13 fois la
disposition
décrite par Gosselin et 2 fois celle cleSappey.
Chez un malade atteint
d'ectropion,
M. le professeur Badala pu constater 18 à 20 canaux venant s'ouvrir à la surface de la
conjonctive,
suivant une ligne courbe à peuprès
parallèle au rebordpalpébral (r).
Terson, dans sa thèse
inaugurale (Paris 1823),
estconvaincu qu'une formule précise ne saurait rendre compte cledispositions anatomiques
essentiellement variables.D'après
lui, si l'onétudie bien le mode d'abouchement des canaux excréteurs de la glandepalpébrale,
on verra les uns sejeterdans les conduits excréteurs de la glande orbitaire qui, on le sait, traversent la glande de
Rosenmuller;
d'autres seconfondreavec les conduits desglandes du
cul-de-sac,
enfin la majeure partie déboucher directement à la surface de laconjonctive.
Tousces canauxexcréteurs sont doublés de tissu conjonc¬
tif et tapissés d'un épithélium
prismatique.
(!) Thèsede Sauzeau de Puyberneau.
- 15 -
Les lobules de laglande
palpébrale
sontséparés
par une substance de tissu conjonctif. Lacouche, qui limite les culs-
de-sac de la glande,
serait constituée de cellules aplaties à
noyauxde
nature conjonctive. Sur la membrane propre des
acini repose une
seulecouche d'un épithélium plus ou moins
an'ondi dontles cellules ne renferment qu'un
seul
noyausphérique rejeté à la périphérie.
L'attention des auteurs modernes a été
spécialement atti¬
rée du côté d'un appareil
lacrymal glandulaire accessoire,
siégeantdans
la conjonctive. Ils ont distingué dans cette
membrane deux sortes de glandes : 1°
les glandes tubu-
leuses disposées sur
toute la surface de la muqueuse; 2° les
glandes acineuses
plus spécialement localisées et rassem¬
blées dans la région du
cul-de-sac.
llcnleet Ciaccio ont décrit les
premières. Terson
pense, après Waldeyer, que ce nesont
paslà de véritables glandes,
mais plutôt des
enfoncements de la muqueuse auxquels la
présence de
l'épithélium cylindrique normal de la conjonc¬
tive donne un aspect
glandulaire.
Les glandes acineuses
du cul-de-sac ont fait l'objet des
recherches de Krause, Sappey
et Béraud. Ciaccio les divise
en glandes muqueuses
et
englandes lacrymales. Terson
conclut qu'il existe
deux systèmes de glandes acino-tubuleu-
ses, l'un qu'on rencontre
dans le cul-de-sac et l'autre dans
le tarse. Cesglandes affectent
à
peuprès la même structure
liistologique queles
glandes lacrymales principales.
Tel n'est pasl'avis
de Laffay qui, de
sonrécent travail sur
les glandes lacrymales
(Bordeaux 1896), tire cette conclusion :
il n'y a auniveaude la
conjonctive
quedes glandes tubuleu-
ses, le qualificatif de
glandes acineuses doit être réservé aux
seules glandes
palpébrales et orbitaire.
OBSERVATIONS
Observation I
(Due à M. le Dr Lagrange,
professeur agrège.)
Un cas de dacryops.
MargueriteG....
âgée de trente- cinq
ans,lingère, vient nous consul¬
terle 12mai 1895pour unetumeur
située dans l'angle externe de l'œil
gauche.
Sonpère est mort
d'une affection intestinale et
samère d'un cancer
de l'utérus. Dans ses antécédents
personnels,
nousrelevons la rougeole,
plusieurs violentes
attaqués de rhumatisme, dont la dernière à vingt-
trois ans, et dans ces dernières
années, la scarlatine suivie d'une très
gravealbuminurie.
Le début de l'affection pour
laquelle cette malade vient nous consul¬
terremonteà cinq ans environ.
Sans traumatisme, sans conjonctivite,
sans larmoiement, sans incident
d'aucune sorte, la malade remarqua la
formation lented'une tumeur auniveau de
l'angle externe de l'œil
gau¬che, dans la région de la
glande lacrymale. Pendant plusieurs années,
cette affection n'entraîna aucune
incommodité; mais, dans
cesderniers
temps, Marguerite G...
ressentit de grandes douleurs de tète, de vérita¬
bles accès de migraine
provoqués
parla grosseur qui gène l'œil gauche.
Ces douleurs, quela
malade décrit
entermes abondants et qui s'accom¬
pagnent, dit-elle, d'une
sensation de froid généralisé dans les membres
supérieurset inférieurs
gauches, sont la raison principale qui la déter¬
mine à venirnous consulter.
B.
- 18 —
Nous constatons, à l'inspection de
la région orbitaire,
unesaillie du
volume d'unegrosse amande au
niveau de l'angle externe, au-dessus de
lacommissure; la peau, légèrement
distendue à la surface,
aconservé
sa couleur etsa souplesse
normales.
En renversantlapaupière et en
tirant fortement la commissure
en dehors, onaperçoit
unevésicule kystique, transparente, faisant forte¬
ment saillie sous la conjonctive, et
s'engageant entre l'œil
etla paroi
orbitaire. La conjonctive
glisse facilement à la surface du kyste qui
sépare, parson
extrémité antérieure, la conjonctive palpébrale du reste
de la paupière
supérieure. La pression, qui révèle la nature évidem¬
ment fluide du contenu, ne fait nullement saillir de
gouttelettes de
liquide; aucunorifice n'est
reconnu surtoute la surface de la tumeur
accessible àlavue et au toucher.
La palpation
de la
tumeur,faite à l'aide de deux doigts placés, l'un
sur laportion
antérieure sous-conjonctivale, l'autre
surla
peaudans la
région
orbitaire, démontre qu'elle est fluctuante et bien enkystée. Il
n'est pas
possible de savoir exactement jusqu'où elle s'engage dans l'or¬
bite, car 011n'enperçoit pas
la limite postérieure.
L'acuitévisuelle ducôté droit estnormale; à gauche, elleest
abaissée
àdeuxtiers, sans querien dans
l'état de l'œil
nedonne la raison de
cette diminution.
Les deux yeux sont
emmétropes
;la compression du kyste
surle globe
de l'œil n'a en rien changé la forme de la
cornée;
à notregrand éton-
nement, l'ophtalmomètre
montre dans tous les
sensles méridiens
égaux.
Les troubles fonctionnels del'œil gauche sont
cependant
assez mar¬qués ; en
dehors de
ces grosaccès de migraine, la malade
ade vérita¬
bles crisesd'asthénopie qui
l'empêchent absolument de travailler.
Le 22 mai 1895, l'extirpation du kyste est
pratiquée
trèsfacilement.
Après unelarge
canthotomie, la plus grande partie de la poche est mise
à nuet disséquée. Nous
enlevons ainsi,
sansl'ouvrir,
unesorte de vési¬
cule aux parois
transparentes, du volume d'une
grosseamande, unilo-
bée, àsurface bien unie etcontenant un
liquide très limpide.
Ce liquidea tous
les caractères apparents des larmes. Malheureuse¬
ment sonanalyse chimique
n'a
pasété faite, mais l'examen histologi-
que de la poche a pu
être soigneusement pratiqué.
- 19 —
Examenhislologiquc. —
L'étule de la paroi du kyste démontre de
lafaçonla plus évidenteson
origine. Cette paroi présente, en effet, une
double rangée
d'épithéliums cylindriques, quelques-uns caliciformes
(voir
tout à fait semblables à ceux des glandes lacrymales. Ce
kyste
était d'ailleurs placé dans la région de la glande lacrymale, dite
palpébrale; il s'est développé aux dépens de l'un des conduits excré¬
teursoulobules de cette glande.
Dans la figureci-jointe, on remarque
tous les détails de structure qui
démontrent cette
pathogénie. On
yvoit autour de la paroi le tissu cellu¬
laireàl'étatd'irritation, ainsi
qu'en témoignent les nombreuses cellules
embryonnaires
accumulées
sousl'épithélium. On y distingue en outre
une membranepropre,
immédiatement sous-épithéliale, et supportant
directement ladouble rangéede
cellules coniques, plus ou moins gor¬
gées de suc,qui
représentent l'épithélium glandulaire aux dépens du¬
quelseformait le
liquide contenu dans la poche kystique.
De cetteobservationilfaut
rapprocher les suivantes au nom¬
bre de 17, que nousavons
recueillies dans les diverses publi¬
cations périodiques.
— 20 —
Observatiqn II
(Spry)
(Mackenzie, Traité des Maladies desyeux, t. I, p. 133).
Lafemme d'un marinierse plaignait de ressentir une violente dou¬
leur dansl'œilgauche; elle éprouvait aussi par moments une douleur
intense àla tempe du même côté et del'altération dans la vision. Elle s'imagina aussi que son œil était augmenté de volume; mais aprèsexa¬
men on ne letrouva pasplus gros quel'autre. La cornée, néanmoins, perditsatransparence etla pupilleresta dilatée. Le
calibre des vais¬
seauxde laconjonctive et de la cornée n'étaitpasaugmenté. La
saignée,
lespurgatifs, les vésicatoires ne tirent rien. Au
contraire, la cornée
devint plus opaque, il sedéveloppa uneinflammation intense
de la
con¬jonctive et dela sclérotique, et tout l'œil parut plus
saillant.
On purgeaencorela malade, et on luipassa un séton àla nuque; mais les symptô¬
mes augmentèrentet son état devintplus misérable. L'inflammation de
laconjonctive augmenta et s'accompagna
d'un
renversementendehors,
trèsdouloureux, de lapaupière supérieure. M. Spry scarifia fréquem¬
ment laconjonctive qui saigna abondamment, ce
qui
procura chaquefoisunjour ou deux de
soulagement. Il
eutrecoursaussi
àla saignée
de latemporale. Mais au bout de huit àdix mois d'efforts, les symptô¬
mes devinrentsi formidablesqu'il crut avoir affaire à un carcinome et qu'il proposa comme dernier remède l'extirpation de
l'œil.
On différanéanmoins l'opération; mais le volume del'œil et la douleur allanttou¬
jours en augmentant, on sedécida
enfin
àla pratiquer, dans la crainte
de voir lesos se carier. M. Spry avait à peine commencé son incision
autour de la partie supérieure de la tumeur, etle bistouri n'avait point pénétré profondément, qu'un jet de
liquide semblable
à dela lymphe
s'élança sur luiavec force comme d'une fontaine. La tumeur s'affaissa beaucoup; mais en continuant l'opération il découvrit un vaste
kyste,
qui remplissait tout l'orbite derrièrel'œil. Il laissa
une partie du kyste,enleva complètement l'œil etremplit la plaie de charpie. La cure mar¬
cha bien et futcomplète au bout d'un mois. En examinant la tumeur,
011 trouval'œil un peu plus gros qu'à l'ordinaire; l'humeur aqueuse avaitperdu de sa limpidité, le cristallin était ferme et transparent,
— 21 —
l'humeurvitrée presque
complètement liquide, le kyste très fort et élas¬
tique, et
d'une capacité à contenir
ungros œuf de poule.
Cetteobservation, que
Mackenzie
range sanshésiter parmi
les casdedacryops,
peut être mise
endoute; nous avons cru
cependant
devoir la rapporter, ainsi que quelques autres qui
sontsusceptibles
de prêter à la critique, parce qu'en somme
elleprésente
le caractère le plus saillant de l'affection qui
nousoccupe.
Observation III
(Schmidt, UeberdieKrankheiten
des Traenorgans, Wien 1888.)
Examen anatomique d'une tumeur
enkystée de la glande
lacrymale.
En enlevantl'apophyse
orbitaire du frontal, sans entamer le périoste,
on voitune tumeurfluctuante, venant
de l'angle temporal de l'orbite,
fairesaillieen haut. Les muscles de
l'oeil, le nerf optique et les autres
nerfs de l'orbite sontforttendus et
allongés; la veine ophtalmique est
variqueuse. La
glande lacrymale est plus petite que de coutume et la
tumeurfluctuanteluiestintimement
unie. Les acini isolés, éloignés de
la tumeur etdirigés vers
la paupière supérieure, sont volumineux et
plus cohérents,
tandis
queceuxqui sont situés sur la tumeur sont petits
et paraissent plus
séparés les
unsdes autres qu'à l'état normal. La tu¬
meur avaitd'avant en arrière un pouce
de diamètre et un peu moins en
largeur et en
épaisseur. Elle était étroitement appliquée sur la moitié
externe duglobe de
l'œil qu'elle maintenait, même après la mort, hors
de l'orbite etvers le nez. Elle avait une
enveloppe externe et une in¬
terne. L'externeétaitune membrane
celluleuse épaisse. Entre elle et la
membrane interne existaitquantité
de fluide interstitiel. La membrane
interne était très mince, semi
transparente et contenait un fluide lim¬
pide. La plus extérieure
des deux membranes ne pouvait que diflicile-
mentêtreséparée des
acini disséminés de la glande; l'interne se séparait
facilement de l'autre.
— 22 —
Observation IV
(ScHMiDT, Ueber die Krankheiten des Traenorgans, Wien 1803.)
Unejeune campagnarde vintà
Vienne,
enmai 1802, réclamer l'assis¬
tancede Schmidt. Elle avait sevré son enfant deux mois auparavant et,
s'étant exposée au froid immédiatement après,
elle avait
ressenti une hémicranie et de la douleur dansl'oeil. Quelques jours après l'œil s'en¬flamma fortement, enfla etfit saillie hors de l'orbite. Quandcettefemme vinttrouver Schmidt, l'œil enflammé avait le volume du poing; la
cornée se trouvait détruite par la suppuration et l'iris se trouvait re¬
couvert paruneproduction récenteet d'aspectverruqueux,de sorteque
ce ne fut qu'avecdifficulté qu'on reconnut l'œil dans cette masse char¬
nue amorphe : Schmidt trouva, avec l'hémicranieet la sensation cons¬
tanted'une pression douloureusedans l'orbite, des troubles variés mais
pas de mouvements spasmodiques de l'œil. Il mentionne
le
gonflementde laglande parotide dumême côté le long de la branche de la mâchoire,
mais il estprobable qu'il s'agissait plutôt d'un des
ganglions lymphati¬
ques qui siègentdans la glande. La
malade fut admise
àl'hôpital dans
leservice de M. Ruttorfer, qui, passantunpetittrocartaplatiau-dessous
de la paupière supérieure, dirigea
la
pointede l'instrument
versla fosse
lacrymale, où l'on sentait la dureté etla résistance.Il
sortit àl'instant
parla canule plus d'une once
d'un fluide extrêmement clair. La canule
fut enlevée etpendant plusieurs jours ce fluide clair
s'échappa
par la plaie. Quelques heures aprèsla ponction, l'hémicranie s'amenda brus¬
quement etconsidérablement, et
l'exophtalmie diminua de jour
enjour.
Au quatorzièmejour on aperçut dans
la plaie
uneligne blanchâtre
res¬semblant à du pus, mais qu'on essaya en vain d'absterger avec un peu de charpie. M. Ruttorfer, l'ayant saisie avec des pinces,
l'attira
aude¬
hors : c'était le kyste ou l'hydatide, suivant
Schmidt. Il
nedevait
pas avoir moinsd'un pouce de diamètre*. Le vingt-huitième jour,la femme
sortit de l'hôpital,son œil était réduit à unpetit moignon.
— 23 —
Observation Y
(Schmidt,
résumée dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales.)
Dacryops
fistuleux.
Schmidtvitunejeune
tille qui avait été traitée quelques années aupa¬
ravant pour un
kyste de la paupière supérieure. Une incision avait
d'abord étéfaite ; maisla tumeur
ayant récidivé, on passa un séton de
dehors en dedans à travers
la paupière. On entretint le séton pendant
des mois, puison
déclara la malade guérie. La tumeur reparut de nou¬
veau, elleétaitpourvue
alors d'une ouverture fistuleuse. La jeune fille
ne voulut passe
soumettre à l'opération pratiquée par Schmidt pour la
cureradicale de son
affection. Plusieurs années après, elle avait encore
satumeur
lacrymale fistuleuse dans le même état. Le soin que prenait
la malade de lavidertrois ou
quatre fois par jour empêchait sans doute
son
augmentation de volume.
Ici trouveraitplace une
observation de Bérard que beau¬
coup
d'auteurs, notamment Sautereau, considèrent comme
un cas de dacryops,
mais qui peut être citée comme un
exemple de
périostite albumineuse, suivant l'avis du profes¬
seur Panas. C'est
ainsi
queBérard indique que le kyste
adhérait fortement à
la voûte orbitaire et qu'à l'incision il
sortitune substance
albumineuse, semi liquide, très vis¬
queuse.
Observation YI
(Médical Times
and Gazette, n° 196, 1853.)
Kyste
lacrymal formé dans les conduits de la glande.
Unhomme,âgé de
vingt-trois ans, se présente à l'hôpital ophtalmique
central deLondres,le 5
septembre 1853; il avait derrière la conjonctive
unetumeur qui
correspondait aux conduits de la glande lacrymale. Elle
- 24 -
était élastique, indolente, seprésentait auregard dès qu'on soulevait la paupière et était facile à voir extérieurement sous forme d'une tumeur du volume d'une fève. Le patientne pouvait dire à quand remontait sa maladie. M. Walton renversa la paupière, souleva avec des pinces la tumeuretla portion de conjonctive qui la recouvraitet lesréséqua; un
liquide aqueux, légèrement coloré, s'échappa. L'opération fut suivie de guérison. L'auteur rappelle qu'on ne pourrait faire cette opération par la face antérieure de lapaupière sans s'exposer à donner lieu à une ouverturefistuleuse.
Observation YII
(Jarjavay, Mémoires delà Sociétéde chirurgie,t. 111, 1853.)
M.
Jarjavay
a vu une femme qui avait reçu sur l'œil droit l'éclat d'un verre de bouteille. Non seulement la paupière supérieure, maisencorel'œil lui-même avait été intéressé. La vision était détruite etune
bride réunissait cettepaupière à l'œil. Sur la partie externe de ce voile défiguré seformaitunetumeur, quandla maladeétait sollicitéeàpleurer,
tumeurquise vidait parla compression sur la face conjonctivaleet non
plus sur la surface cutanée.
Observation VIII
(Jarjavay, Gazette des Hôpitaux, n° 124, 1856.)
Louis M..., quarante-cinq ans, raconteque le 6 décembre 1844, il a reçu uncoup de couteau-poignard sur la partie externe de la région palpébrale droite et lajoue correspondante; qu'à la suite de cette bles¬
sureles lèvres de la solution de continuité avaient suppuré pendant plusieurs mois, que la cicatrisation n'avait été achevée qu'au sixième et
qu'à partir de cetteépoque, une tumeur s'était formée sur la partie
externe de la paupière supérieure, tumeurd'où il avait pu faire jaillir plus tard un liquidetransparentetincolore,par la compression.M... porte
en effetune cicatrice étendue de la commissure externe des paupières
du côté drpit, commissure anormale,résultat de l'adhésion des lèvres de
la solution de continuité.jusqu'au-dessous
de l'os malaire, à la hauteur
de l'aile du nez. En haut, elle se prolonge
jusque
surla
queuedu
sour¬cil, au niveaude
laquelle
on sent unelégère dépression
surle rebord
osseux dufrontal. Cettecicatrice estlinéaire etaentraîné sur
le bord
inférieur de l'orbitele nouvelangle externe. Le
bord libre de la
pau¬pièreest un peu
moins long
quecelui de la paupière correspondante du
côtéopposé. Lebord
de la supérieure décrit
unecourbe très prononcée
de bas en haut et de dehorsen dedans; il estaussi
plus
court quecelui
dela paupièregauche. On
dirait
enconséquence
queles deux paupières
ont subi une pertede substance.
Au-dessus et
endehors de la commis¬
sure cicatricielle estune tiyneuroblongue de la
forme
etde la
grosseurd'unepetite amande.
Elle est molle,
sanschangement de couleur à la
peau, présentant
dans
sapartie supérieure
unedépression infundibuli-
forme, au fond de laquelle estun
pertuis étroit, qu'on
nepeut aperce¬
voir qu'après avoir
déplissé
avecsoin la
peausi mince de la région. Le
repli cutané qui existe
naturellement
surla paupière supérieure le
recouvre etle voile entièrement quand
l'œil
estouvert. La conjonctive
est légèrement
injectée. Interrogé
surles variations de volume que peut
présenter la tumeur,M...
répond
quelorsqu'il marche contre le vent,
ou qu'une irritation
quelconque
provoquela sécrétion des larmes, elle
augmentedevolume. Pour
la vider, il
exerceune pression au-dessus du
globe de l'œil, de dedans en
dehors, de manière à comprimer cette
tumeur entre le boutdu doigtindicateur et
le pourtour de l'orbite. Cette
manœuvreétant faite, un liquide
transparent
commede l'eau de roche
jaillit parunfilet très
ténu. Pendant qu'un stylet péniblement introduit
dans letrajetfistuleuxy
séjourne, la tumeur se gonfle de nouveau et
un léger suintementse
fait
parl'ouverture pathologique. 1) ailleurs la
vision estnette; la surface duglobe de
l'œil est souvent le siège de pico¬
tements, degêne dansles
mouvements. Au matin, après le sommeil de
lanuit, levolumeest augmenté. Les
points lacrymaux ont les mêmes
dimensions queceuxdu
côté gauche
;les deux fosses nasales sont égale¬
menthumides.
— 26 —
Observation IX
(Bowman,Ophtalmie Hospital Reports, 1858.)
Dacryops fistuleux.
CarolineB..., vingt-sept ans, gantière, fut conduite à M. Bowman,
au Morfields Hospital, le 27 mai 1856, pour un écoulement fortgênant
d'une plaie de la paupière supérieure de sonœil gauche. A l'âge de neuf
ans, elle avait été amenée à l'hôpitalpar sa mère, pour un gonflement
de la paupière quisuppuraetfutincisé. Onen retiraun corps dur ayant
laformeet la grosseur d'un noyau de prune. La plaie ne guérit pas
complètement et dès lors ilse fittoujoùrs un écoulement de larmes par
une petite ouverture de la paupière. Cet écoulement cessapendant quel¬
que temps, huitjoursavant quela malade n'eûtrecoursàM. Bowman.
Cettesuspension fut suivie d'un abcès de la paupière supérieure,etdeux fois il yeutun telgonflement des paupières qu'ilencacha complètement l'œil. Quand l'abcès creva, tout le gonflement des paupières disparut,
mais la fistuleréapparut etles larmes continuèrent de s'écouler comme antérieurement.
En 1856, la malade présente les phénomènessuivants : dans la pau¬
pière supérieure gauche, près desa portion externe et à environ
1/8
depouce de son bord libre, il y a dans la peau unepetite fistule, d'où s'écoule continuellement un liquide peu coloré et qui tombe goutte à goutte sur la joue de la malade. Ce liquide a uneréaction franchement alcaline,ressembleparfaitement à des larmes et n'excoriepas les parties
sur lesquelles il tombe. La fistule permet l'introduction d'un fin stylet
•qui peut être dirigé sur la longueur d'un demi-pouce vers la glande lacrymale, et un examen soigneux montreque la fistule communique
avec unkyste qui occupe la moitié externe de la paupière supérieure,
maisqui, vidé de son contenu, ne cause aucun gonflement. La cornée a
sonbrillant naturel, iln'y a aucunerougeurde la conjonctive, niaucune sensation de brouillard dans l'œil.
La connexionde ce kyste avecles conduits excréteurs de la glande lacrymale n'étaitpas douteuse etil apparut très nettement
qu'il fallait
— 27 —
créer une disposition pourlepassage
des larmes à la surface interne de
lapaupière avant
d'entreprendre
avecchance de succès la fermeture de
la fistule cutanée. On chercha à obtenir ce résultat au moyen d'un
séton.
Observation X
(Broca,Annales d'oculistique, t.
XLYI,
p.72.)
Kyste lacrymal.
Unmalade, actuellement à Bicêtre dans
le service de M. Broca, pré¬
senteune tumeur curieuse au niveau de l'angle externe
de l'œil. Cet
homme aété brûlé dans son enfance et il lui estrestéun
ectropion.
Au moisd'août dernieril s'est aperçu qu'une tumeur se
développait
dans l'angle externe de
l'œil. Elle
agrossi
peuà
peuet actuellement elle
offre levolume d'un petit
œuf de pigeon. Elle est
un peuaplatie, rou-
geâtre à sasurface, franchement fluctuante et transparente. Quand on
examine avecsoin le siège de cette tumeur on
voit qu'elle est située
auniveau des conduits lacrymaux et autour
de
cespoints de petits pertuis
appartenant aux
glandes lacrymales qui sont
asseznombreuses en cet
endroit. E:i exposantcet homme
à l'action des
rayonssolaires, on a pu
voir sourdreunliquide
aqueux,transparent, des larmes de tous ces petits
orifices.
Une petite
ponction pratiquée à cette tumeur a donné issue à du
liquide clair, fluide et
parfaitement transparent. La poche vidée. M. Broca
sentit,dans lefond du conduit
oculo-palpébral interne,
unepetite tumeur
résistante qui échappe à
l'exploration quand la poche est pleine.Le kyste
s'estrempli depuisla
ponction.
Cette tumeur
paraît
êtreunkyste lacrymal et pourrait être rappro¬
chée delàgrenouillette;on
sait qu'autour delà glande lacrymale se trou¬
vent les canalicules excréteurs des
glandules lacrymales accessoires de
Rosenmuller. M. Brocaa
ponctionné le kyste, il
enest sorti un liquide
opalin, un peuvisqueux; une
injection iodée
aété faite immédiatement
après.
L'analyse de celiquide,
faite
parM. Réveil,
adonné le résultat suivant :
Poids 2,63.
- 28 -
Soumise àl'ébullitio'n,l'albuminese coagule; celle-ci,desséchéeexacte¬
ment. pesait 0,08. Leliquide évaporéa succédé et le résidu étantrepris
par l'éther,par évaporation de celui-ci on obtient des traces évidentes de matières grasses, tachant le papier.
Lerésidu laissé par l'éther, fortement calciné à blanc, laisse du chlo¬
rure de sodium à peu [très pur avec des traces de sulfates.
Eau 2,47 ou 96,87 parties
Albumine. 0,08 — 2,76 —
Selsorganiques.... 0,02 — 0,78 — Matièrescrasses. . . Traces
100.00 parties
Observation XI
(Du Graefe, A rchiv. f">rophtalmologie, Bd. 111, 2, 1860, résumée parFrancke.)
Franche résume ainsi une observation de dacryops fistuleux donnée
par de Graefe : cet auteura vu chez une femme un dacryops gros
comme la moitié d'une naisette etdéclara quec'était le premiercas dou¬
teuxquiseprésentaitàlui.Latumeur était à peuprès ronde, mais poin¬
tue en un point.A la loupe on voyait à cette proéminence une petite
ouverture de laquelle, par la pression, le liquide lacrymal s'échappait
en un petit filet. Une sonde fine putpénétrer par l'ouverture. Lorsque
la malade pleurait, ou après des applications irritantes de teinture d'opium, parexemple, en cas de vent, la vésicule enflaitnettement; alors la pression provoquait une sensation désagréable dans l'œil. Pour écarter la possibilité de la rétention du liquidelacrymal, de Graefe élargit la petite ouvertureavec une sonde, pénétra avecune aiguilleau travers de l'ouverture dans le kysteet en sortitàenviron 2 millimè¬
tres. bouclantlégèrement le fil etle fixant à la tempe. Le fil devait tra¬
verser laparoi kystique antérieureet laisser une «ouverture en forme
de fente ». par laquelle les larmes pourraient couler. Quand le fil fut
resté trois ou quatrejours, le pont cutané fut séparé au moyen de
ciseaux fins et les bordsde la plaie furentencore disjoints plusieurs fois
— 29 —
lesjours suivantsjusqu'à complète cicatrisation. Il enrésultaune
guéri-
son parfaite.
Observation XII
(De Weckkr, Gazette hebdomadaire deshôpitaux,a025, 1806.)
Dacryops Dilatation cystoïde de l'un des conduits excréteurs
de la glande lacrymale.
Cette tumeur existait sur un homme de quarante-six ans, qui, en décembre 1895, avait subi l'énucléation de l'œil droit, privé de sesfonc¬
tions par uneirido-choroïdite de très
ancienne date.
Le 24 mai 1856, ce malade se présentaitde nouveau à notre
Clinique
pour une gène qu'il accusait à
l'angle
externede l'œil gauche
etqui lui
donnait la sensationd'un corps étranger glissant sur la paupière.
En
écartant les paupières,on apercevait unetumeurtransparente,
trilobée
etgrossecomme unepetite noisette, qui
proéminait dans le cul-de-sac
conjonctival, auvoisinage de lacommissure
externe. Cette tumeurétait
élastique,sesparois très minces et lescavités de
seslobules communi¬
quaient manifestement lesunes avec les autres.
Lorsqu'on rendait
aux paupièresleur position normale, la tumeurn'accusait
saprésence
quepar une légère saillie voisine de
l'angle
externede l'œil. Nous
propo¬sâmes aumaladel'excision de laparoiantérieure
de la
tumeur,opération
qui fut exécutée quatrejours après au moyende ciseaux courbes et qui
amenarapidement uneguérison absolue.
Observation XIII
(Dubréuil, Gazette des hôpitaux, n°92, 1870.)
Kyste d'un des conduits excréteursde la glande
lacrymale.
ElisaK..., domestique, âgée de
trente-cinq
ans, est venuele 11 mai
se présenter à la consultation de l'hôpital Beaujon.
Elle portait,
au- dessus de l'angle externe de l'œil, unetumeur àpeuprès sphérique du
volume d'une grosse noisette, placée entre
le globe oculaire et la
— 30 —
paupière,
tapissée
parla conjonctive, un peu rougeàtre dans sa moitié
inférieure, qui
faisait saillie au-dessous du bord libre de la paupière
supérieure
lorsque celle-ci était relevée. Lorsque les paupières étaient
rapprochées,
elle
secachait
sousla supérieure, à travers laquelle elle
faisaitun reliefdesplus
manifestes.
Cette tumeur avaitdébuté, il ya un an, sans cause
apparente. Elle
était fluctuante, translucide,
indolente, et, d'après les remarques de la
malade,elle
grossissait notablement chaque fois que cette femme pleu¬
rait.Les larmes coulaient cependant en
quantité à
peuprès normale à
la surface duglobe
oculaire, qui était
un peugêné dans ses mouve¬
ments. Lavision était intacte,la santé
générale excellente et
cen'était
guèreen somme que
la difformité produite par le kyste qui engageait la
malade às'en faire débarrasser.
Le 12 mai, lapaupière
supérieure étant maintenue relevée par un
aide,je fissur
la
tumeur, avec uncouteau à cataracte, une incision
dirigée dans le sens
de la fente palpébrale et très superficielle. Je pus
ainsi séparer dans une
certaine étendue
unemembrane très mince ou
très amincie,quin'était autreque
la conjonctive du cul-de-sac repoussée
parla tumeur.
Au-dessous,il restait une
membrane plus ténue
encore,une vraie
pellicule que
je finis
par creveret dont la perforation donna issue à une
petite-cuillerée environ d'un liquide séreux que je recueillis pour le faire
analyser,
mais qui malheureusement fut répandu. J'excisai alors avec
des ciseaux courbes toute la portion
antérieure du kyste. L'œil fut
fermé, recouvert
d'une fine
compresseet d'un plumasseau de charpie,
maintenus par un
monocle. Le lendemain, le pansement fut enlevé; il
étaitsurvenu, au niveaude la
partie du kyste demeuré
enplace, un
légergonflement
qui
netarda
pasà
sedissiper.
La malade quitta
l'hôpital le 14 et revint
nousvoir tous les deux
jours
jusqu'à, parfaite guérison, qui fut, du reste, des plus rapides. La
seule
précaution
àlaquelle j'eus
recours,fut de cautériser deux ou trois
fois la partiedu