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Silex taillés levalloisiens recueillis dans les alluvions des plateaux d'Anatolie
PITTARD, Eugène
PITTARD, Eugène. Silex taillés levalloisiens recueillis dans les alluvions des plateaux d'Anatolie.
Revue anthropologique , 1939, vol. 49, no. 4-6, p. 69-78
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:107480
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Quenetrn-ntsuvrÈlte enwÉu 10, 4-6 Avnrr--JurN r939
Revue
anthropologique
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ABEL Hov/ELACQUEpuauæ pAR
LES PR2FESSELIRSDE t'Écott
D'ANTHR)P)L)GIE DE PARIS0RGÀNË IrE L'INSÎITUT INTEnNATIONAL D',ANTSRQP0TOGIB
PABAISSANT TOUS LES TBOIS MOIS
D' H. BRIAND, Directeur
E:tTRAIT
LTBRaIRIE ÉnrIln NoURRY
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rHtÉeA,uo, Succt62, Rua Dns Ecolns, PARIS-V6
SILEX TAILLÉS LEVALLOISIENS
RECU EtLl"lS DANS LES ALLUVIONS DES PLATEAUX D'ANATOLIE
Par EucÈnn
PITTARD.Le long de la grande chaussée qui part d'Ankara dans la direction d'Istanbul, plus loin que la station de Ghazi, à peu près à Ia hauteur de la petite localité
d'Er
Gazi(Er
Ghazi), on trouve, à gauche et à droite, des exploitations de graviers. Ce sont là d'anciens dépôts d'un cours d'eau quaternaire. Ony
distingue nettement, le long des parois d'abattage, les àpports successifs : deslits
de graviers alternant avec deslits
de sables plus ou moins Iins, de petites pienailles. Les élé- ments minéraux constituant ces dépôts sont très variés.Ils
provien- nent sans doute d'un espace assez considérable, de composition géolo- gique hétérogène. Parmi eux, des mo'rceaux plus ou moins gros de silex, de qualités diverses, et de couleurs différentes, parfois calcédonieux.Par
endroit, ces cailloutis forment des conglomérats relativement denses, et I'arrachement à la main des éléments qui les constituent, trouve une assez forte résistance.C'esb des deux côtés de
la
route, à I'intérieur des bailasbières, ensuivant les talus d'exploitation, et dans les tas de graviers déposés à leur pied que nous avons récolté les pièces dont
il
va être question.Rappelons
tout
d'abord qu'aux vacancesde
Pâques 1938, en compagnie de Mrrc Afet, vice-présidente dela
Société turque d'His- toire, nous avions déjà trouvé, parmi ces graviers, quelques silex.Mrr"
Afet
avait en partioulier recueilli unoutil
en silex noir, retouché sur tout son pourtour, dont le dessin ligurera ci-après (fiS.t).
Au
printemps de cette année 1939,profitant
d'une journée d'in- tervalle entre les conférences qu'alors je faisais à la Maison du Peuple d'Ankara, nôus sommes retournés à I'endroit même ou nous avions récolté quelques objets en 1938.A
ce propos qu'il me soit pdrmis de remercier chaleureusement son Excellence Monsieur Lardy, Ministre70 REVUE ANTHROPOLOGIQUE
(Dessins de Nllle Germaine Duparc).
Silex levalloisiens provenant des graviers quaternaires d'Anatolie. Pour le dessin, ils ont été orientés selon la position (bas de la page) du plan de fr4ppe.
-
Grandeurs naturelles. L'outil No 1 de cette planche est celui découvert par Mlle Afet.SILEX
TAIT,LÉSLEVALLOISIENS
7!de Suisse en Turquie,
qui
a bien Voulu, oe jour-là, mettre à notre disposition son automobile,et
aussi son kawas. C'est grâce à cette aide que nous avon$pu
facilement nous retrouver surcet
ancien champ de recherches.La
trouvaille de ces outils préhistoriques, dans les conditions oir nous les rencontrions, poseun
problème extrêmement intéressant, dont les aspects sont divers. Constatons tout d'abord que les graviers dontil
est question ne contiennent pas_-
au moins jusqu'à présent .--- de fossiles, ce qui, pour les géologues, rend di{ficile une détermination ohronologique précise. Dans de telles conjonctures, les outils préhis- toriques inclus dans les cotrches de ces gravières prennent alors lavaleur
de fossiles directeurs.Description d,es siler recueillis: Voici un inventaire rapide des objets rencontrés dans les alluvions des deux exploitations dont
il
vient d'être parlé.t.
Perouteur.-
Petit bloc de silex dont I'apparence permet de le considérer comme un percuteur. Poids : 360 gr. Rognon de silex gris, en partie recouvert de son cortex. Un côté de ce rognon-
celui quise présente comnle une sorte de museau
.-
laisse voir, par de nom- breuses facettes,la
matière même miseà nu
(suite des éclatements causés par des percussions répétées). Ces facettes sont polies par le transport de l'ôbjet au milieu des cailloutis et des s.ables. Une petite cassure moderne marque bienla
diITérence des patines.2.
Disques. .--- Deux disques ont été recueillis,I'un
d'entre eux a été dessiné (fiS. 5) ;il
en sera question plus loin. L'autre est un mor- ceau de silex d'aspect calcédonieux,à
peu près de même grandeur.Sur sa région la plus conYexe,
il
a conservé une partie importante de son cortex. Ce côté même montre une série de facettes d'abattementqui ont
donné à.l'objet
sa forme générale circulaire.L'autre
côté,sans cortex, présente de nombreuses surfaces d'enlèvement de petits éclats. Dans son entier la pièce est lisse, polie, brillante.
3' Petit
éclat de silex retouché en scie(fig'
9)'*
ce mince éclat de silex, brun, presque translucide, montreun
plan de frappe qui paraît avoir été préparé. Une arête rectiligne semble avoir été ména- gée et retouchée aveo soin sur toute la longueur. L'extrémité de I'ob- jet, et I'arête opposée, ont été retouchées.4.
Silex brun olair veiné de blanc (lig. 6).-
Fortement usé par lecharriage. Le plan de lrappe n'a pas été préparé, du moins dans la partie située dans I'axe du conchoide. Esquille. Pièce retouchée sur presque tout son pourtour. Mais les bords ainsi travaillés sont extrê-
72
REVUE ANTHROPOLOGIQUEmement usés. Nous avons plus oû moins sous les yeux I'aspect d'un coupoir moustérien.
5. Silex jaune-brun clair (fig. 7).
-
Eclat épais. On ne distingire6.
z
8.
(Dessins de Mlle Germaine Duparc).
Outillage levalloisien (Levalloisien-moustêrien)
proveuânt des graviers d'Anatolie. (Voir la lêgende des premièr'eslfigures.)
ni plan de frappe, ni oonchoide. De ce morceau de silex on a dégagé deux pointes, comme pour fabriquer un gros perçoir.
6.
Eclat de calcédoine (?) ou plutôt d'opale (?) (lig.t0).-
Ayant oonscrvô dans lcs parties non utilisdes une vioillo patinc brunôtrc- clair. On ne distingue ni plan de frappe, ni conchoïde. Pièce fracturée.Sur un des côtés .--- Ie moins épais
-
on a dégagé une large pointe-SILEX
TAILLÉSLEVALLOISIENS
7glame avec des retouches sur ses deux flancs. Une pièce de cette nature aurait pu êbre une sorte de ciseau étroit
7.
Eclat épais d'opale (?).-
Sur lequel on ne retrouve aucun des caractères classiques d'une pièoe préparée' Très fortement usé. Un coup de piochea
entaméI'un
des bords. L'aspect de cette partie entamée permet d'évaluer,par
oomparaison,la
valeurdu
brillantu'Ëi"iirn
éclat, ayant conservé un important morceau de cortex' A I'opposé, l'arête a été retouchée sur sa longueur.
-
9.
Eclat de silexbrun
foncé, jaspoide'-
Probablement préparô pour devenir un perçoir.A
I'extrémité de son grand axe, une pointe a été nettement dégagée.10. Gros éclat de silex brun.
-
Fortement tlsé. T,es derrx arêtesprincipales portent des encoches, de
la
même date' semble-t-il, que celle de l'éclat lui-même --- à voir l'état de l'usure et du brillant. Peut- être s'agit-il là d'un outil-coche ?tt.
Eclat ôpais de silex.-
Très usé, sans dé{inition précise quant à une utilisation. Plan de fiappe préparé.12. Eclat extrêmement usé de silex gris.
- La
face opposée à laface dtéclatement porte les traces
de
deux lames précédemment enlevées ; I'arête qui les sépare est presque médiahe. Il.semble qu'on ait voulu dégager uné large pointe sur un des côtés. Ce travail a crééune coche. Pièce fractùrée
:
on ne diÈtingueni
plan de frappe, niconchoïde.
{3.
Silex. Plan de frappe sans préparation.-
Conchoïde et esquille.Eclat ayant conservé un morceau du cortex (lig. 12)' Aspect général d'une pointe à main moustérienne. Orienté par rapport au plan de
frappe,
I'objet
apparaîtplutôt
comme une sorte de large grattoir- racloir. L'extrémité supérieure à gauche porte une cassure fraiche't/r.
Pièce très uséepar le
transport,(fig. tt)'
-
Silex.-Plan de frappe en partie préparé. Conchoide. Esquille.La
face opposée à la face d'éclatement montrela
trace d'enlèvement de grands éolats.Usure extrême des retouches faites sur les deux arêtes principales, à gauche eb à droite.
15.
Petit
nucléus-disque(lig' 5).
-
Retouché des deux côtés.Silex. Sur
tout
le pourtour, abattage régulier pour obtènirla
forme circulaire.16. Pièce très usée (fiS. 4). .--- Silex. Plan de frappe non préparé, aonchoide. Les deux principales arêtes très fortement adoucies par le
transport.
La
partie opposée au plan de frappe montre une cassure effectuée sans doute èn cours de route. La différence de patine révèle,]4
REVUE ANTHROPOLOGIQUEencore, sur les bords, des éclatements postérieurs
à la
fabrication de I'objet.,
(Dessins de Mlle Germaine Dupaic).Outillage levalloisien (Levalloisien-moustér'ien)
provenâut des graviers d'Anatolie. (Voir la. légende des premières figules.)
17. Silex dont le plan de frappe €st préparé (liC.
8).
" ConohoTde.Esquille. Les retouohes ne paraissent avoir été faites que sur le côté gauche. Pourtour fortement usé.
SILEX
TAILLÉSI,EVALLOISIENS
7518. Opale (?) (fig. t3).
-
Plan de frappe non préparé. Conchoiide.Esquille. Très forte usure Sur
tout
le pourtour. Utilisation probable=ment semblable à celle de I'objet liguré sous le no 12.
19. Silex (fig. 3).
*
Conchoide. Esquille. Plan de frappe sur arête.Forme générale rappelant certaines pièces moustériennes. Face d'écla- tement sans retouche.
La
face opposée porte une longue arête mé- diane. Retouches sur le pourtour, très usées (reiouches secondaires ?)20. Silex jaspoide fracturé (fig. 2).
*
On ne distingue plus ni plan de frappe ni conchoïde. La face opposée à la face d'éclatement porte plusieurs arêtes limitant d'anciens enlèvements de matière. Les bordsont
été abondamment retouchés;
I'extrémité nettement acuminée.Cet instrument aurait
pu
servir comme I'extrémité offensive d'une sagaie. Par places, cette pièce est recouverte d'un petit dépôt grisâtre de dissolution.Peut-être
(il
faudrait une analyse microscopique pour être certain du fait) que les outils indiqués sous les numéros6,7 et t3 ont
été fabriqués aveo la matière constituant des bancs d'opale, comme on en rencontre en Anatolie. M. Gysin, professeuî de minéralogie à I'Univer- sité de Genève, qui afait,
en {938, un yoyage d'études dans la Tur- quie d'Asie, et qui a bien voulu jeter un coup d'æil sur les < silex >que
j'ai
rapportés, medit qu'il a
observéun
de ces bancs d'opale au-dessus d'Hassqn Tchélébi (Hasan Çélébi) surla
route quiva
de Tchetinkaya à Malatya.Il
ne sait pas si de telles observations minéra- logiques ont été faites aux environs d'Ankara.A
côté de I'intérêt que présentent ces outils comme démonstration de I'existence d'une industrie paléolithique dans les lieux mêmes oùrils ont été recueillis .--- lieux étendus et dans leurs environs .---- et cette découverte pour
le
pays dont:il s'agit
n'est pasune
observation banale-
cet outillage possède, avons-nous dit, un autre intérêt : celui dg remplacer les fossilesqui.
jusqu'à présent manquent dans cesalluvions. Nous avons
dit
que les géologues ont dela
peineà
fixeravec exactitude l'âge tles cailloutis recouvrant les plateaux anatoliens.
M. Chaput (4) qui a
fait
une étude particulière de ces alluvions des environs d'Ankara écrit ceci:
< Les alluvions anciennesn'ont
pasfourni de fossiles jusqu'à maintenant. On peut penser que les derniers dépôts lacustres formés dans des bassins fermés, datent du Pliocène ;
1. E. Chaput, Notice eæplicatiue ile Ia carte géologique à I : 135.000. de la région d'Anç1orct (Ankara), avec traduction en turc pai: Hamit.Nafiz; Istan.
bu!, 1U31. La carte géologique aunexée à ce mêmoire permet de suivre' l'étendue et la disposition de ces dépôts alluvionrraires qui recouvrent de grands espaces, surtout au nord et à l'ouest d'Ankara. .. ..
.76
REVUI] ANTHROPOLOGIQUEle ,creusement des grandes vallées
et la
formation des alluvions anciennes de ces vallées se placent sans doute au Quaternaire >.Mais à quel moment du Quaternaire ?
Ctest alols, petsuls-rrous, qu'à défaut des arguments paléontolo- giques, les documents de l'archéologie préhistorique peuvent inter-
venir.
Les outils récoltés en
avril
1939 me sont apparus de suite comme pouvant appartenirà
une industrie d'apparence moustérienne ou levalloisienne.Et
comme une détermination chronologique précisees!
en I'espèce, d'une importance très grande, je;n'ai
pas voulu assumer, d'un cæur léger, une responsabilité dont le prolongement, dans une région encore si peu connue quant à ses origines géologiquespeut
avoir une signification de valôur.J'ai
alorspriJ *oi
"-i]
M. l'abbé Breuil, professeur au Collège de France, membre de l,Ins-
titut,
dontla
compétenoe en matière de préhistoire est universelle- ment acceptée, de me donner son opinion.Il
assigne à cet outillagele
caractèred'un outillage
levalloisien, leyalloiso-moustérien(l).
Voici ce
qu'il
m'écrit:
< letout
peut être levalloiso-moustérien, ou levalloisien évolué. C'est plus ou moins comparable au LevalloisIII
ou
IV
de chez nous >. M. I'abbé Breuil m'ayant signalé que des outils de type levalloisien avaient été trouvéspar M.
Nicolas Morosan, dans des dépôts quaternaires, près des villages de Ghermanet
de Dumeni (rive gauche du Pruth, district Balti, Ressarabie),j'ai
reprisla
publication,de notre confrère (2). En cet endroit,dit-il,
à 4 km.en amont de la petite ville de Sculeni, et à 455 km. de la conflucnce du Pruth ayec le Danube
(
se superposent des dépôtsde
terrasses (graviers, gtaviers eL sables, sables) tle 4 m. 20 d'épaisseur au maxi- mum).
Suit une liste dela
faune, où nous trouvons, entre autres, Rhinoceros tichorhinus, Elephas antiqaus et peut-être Etephas primi- genias (?), Ceraus mega,ceros, etc. M. Morosan ajoute que c'est la pre- mière fois queI'on
enregistrela
trouvdiile d'une telle industrie en Ëurope oentraleet
orientale.Il
précise que ces dépôts de terrassessont pour
lui
d'âge wûrmien (WùrmI). Et,
dansun
addendum,il
ajoute ayoir trouvé, au Musée de Bucaiest, des silex de caractère levalloisien provenant des sablières des dépôts quaternaires de Colen- iina, un des faubourgs de Bucarest. Par tous leurs caractères, ces silex.1.
M. Breuil pcnse que certailes.pièces ont pu subir tles éclatements thermiques _antérieuremelt au charliàge, du fait^sultout de Ia eelée. pour.ma part, ie le crois volontiers.
2. Dr- Nicolas Morosan, Dep.osllele. Quatetnare P aleontolog ice si Leuall ci- sienne tle Ia Ghetman-Dumeni, Chisinau, 1934.
, SILEX
TAILLÉSLEVALLOISIENS
7']sont identiques aux pièces levalloisiennes de la vallée du Pruth (rive gauche et aussi rive droite. La-Svor, Ripiceni, district de Botoshani, Moldavie).
Dans sa classification des périodes préhistoriques en rapport avec les glaciations européennes encore habituellement admises, M. I'abbé Breuil place
le
LevalloisIII et IV,
dansIe
Riss-Wûrm. Une telle date correspond, en somme, à celle indiquée par M. Morosan pour sestrouvailles des bords du Pruth.
La
région d'Anatolie otr nous avonsfait
nos trouvaillesn'a
pas connu les glaciations. Elle se trouve au débouché de plusieurs vallées secondaires (voir la carte géologique de Chaput et ses collaborateurs) dans un rectan$le géographique qui peut mesurer 35km.
d'un côté et 20 km. de I'autre. Sur les deux rives du courant principal (Çubuk Çayi sur la carte) arrivent plusieurs affluentsdont quelques-uns vien- nent tle loirr. Seule, une étude déLaillée dela
cornposition rninéralo- gique des régionsell
oause pourtu nous renseignersur
I'cirigine des roches employées par les Préhistoriques levalloisiens de cette partie du monde. D'autre part,il
est probable que certains outils peuvent avoir accomplide
grandstrajets,
apportéq, déjà confectionnés, par deschasseurs nomades levalloiso-moustériens. Nous pensons, en particu-
lier,
aux outils en opale.A piusieurs reprises, dès après mes trouvailles de 1928,
j'ai
indiqué, en différents endroits(t),
qu'un certain nombre des pièces que j'avais recueillies pourraient dater de l'époque moustérienne. Aujourd'hui, la démonstration est confirmée de I'existence de ce moment, et mêmed'un moment antérieur de la préhistoire, en Anatolie. Mon collègue, le professeur Chevket Aziz Kansou, en 1938, m'avait accompagné sur les terrains préhistoriques que j'avais découverts à Adi Yaman,dix ans auparavant.
Il
y ramassa une pointe d'allure moustérienne qu'il jugeabon
defaire
connaitre (2). Auparavant, des élèves dela
Faculté d'histoire d'Ankara avaient récolté, surla
routequi
va d'Ankara au barrage du Chibouksou (Çubuk Suyu, Çubuk Çayi) des silex de oarac-1. On trouvera quelques indications de ces faits dans :
Eugène Pittard, Une nouuelle station paléolithique (z) dans Ia ftgion
il'Adi
Yaman (Anatolie du Sad). Arch. s. d'Anthrop. gén., no 4, Genève, 1937.Eugène Pittard, Eclats de siler agant serui
à
o)'rnet' un friÉulam. Bull.Soc. oréh. [r.. no 5, 1938.
Eu.gèrre
Pittald,
Eæcut'sions archéologiquesen
Asie Mineure, Arch. s,d'Anthrop. géu., no 1, Genève,1038.
2. Clrevket Aziz Kansu, Anadolu paleolitilcine dair bir nof. Ulkii, Hâlkev- Ieri Dergisi, Sayi 72, Subat 1939, Cilt XII, Ankara.
78
REYUE ANTHROPOLOGIQUEtère levalloisien (?).
M. le
professeurBurkitt
aurait, paralt-il, parlé à leur sujet, d'Acheuléen évolué ; le professeur Menghin, de Mousté- rien. Quelques spécimens furent exposés lors du Congrès de la Société d'Histoire turque en 1937. Çhargépar
cette Société de poursuivre les recherches en cet endroit, M. le professeur Chevket Aziz Kansuy
recueillit de nouveaux outils.Je crois que de telles trouvailles pouruaient être facilemenb mul- tipliées sur toute l'étendue de I'Anatolie. Pendant mon passage à Ankara, en avril 1939, M. le Dr Pfannenstiel, Bibliothécaire de l'Ecole d'Agriculture, m'a montré une petite collection d'outilsqu'il a récoltés sur les plateaux environnant, Ankara.
L"un
de ces outils rappelle, si ma mémoire me sert bien, celui reproduit ici (fig. 3) sous Ie no 19.La préhistoire de I'Anatolie commence à sortir des voiles dans les- quèls jusqu'alors elle était enfermée. Sans douie, avant peu, ces voiles seront-ils largement déchirés !
Les outils du levalloiso-moustérien, ou
du
levalloisien évolué, dont nous publions quelques images, n'ont pas,il
faut le répéter; que I'in- térêt de con{irmer I'existence d'une période préhistorique donnée'sur territoire anatolien. Ils aideront certainement les géologues dans leur tâche di{Iicile d'assigner des âges exacts aux accumulations de gra- viers quaternaires. Nous avonsdit
que, pourM.
I'abbé Breuil, lesLevallois
III et IV
se placeraient dans I'interglaciaire riss-wùrm.Nous aurions donc, si les outillages européens
et
anatoliens peuvent être exactement comparés dans le temps, une date à mettre sur ces graviers.Mais de quels graviers mêmes, de quels charriages quaternaires s'agit-il, car il
y
en eut heaucoup ? Jusqu'à pré,sent) nous n'avons pas de stratigraphie précise.. Nous pouvons seulement dire que ces allu- vions renferment, en plusieurs endroits, des outillages de caractère levalloisien. Lorsqu'on aura lixé, sans discussion possible, leur posi- tion stratigraphique, unfait
important aura été défini qui éclairera un peu mieux I'histoire du Quaternaire anatolienMais cette importante acquisition
étant
enregistrée,il
faudra,par
surcroît,tenter de
paralléliser chronologiquement les mêmes aventures géologiques en Anatolie et en Europe. Peut-être, dans celieu géographique, pas très éloigné, qu'est
la
Moldavie-Ressarabie,.les ballastières du Pruth (lesquelles renferment des fossiles-arguments chronologiques) pourront-elles servir à des comparaisons démonstra- tives ?
Cette suite éventuelle est I'affaire des spécialistes.