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Opérer à cœur battantOuvrir le cœur sans Yarrêter ni découper le sternum

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Fig.l Le stabilisateur GyroLock

e Graal, p ou r les chirurgiens, serait d ’opérer le cœ ur sans l'arrêter ni o u v r ir le s t e r ­ num », annonce Jacques Gangloff, de l ’u n iv e r s ité de S trasb o u rg.

De n o s jo u rs, p o u r u n e o p é ra ­ tio n a u ssi co u ra n te que le p o n ­ tage coronarien - l a déviation de la circ u la tio n sa n g u in e d ans le cœ ur par la greffe d’u n vaisseau -, ils ont le choix entre ces deux m étho­

des. Et toutes deux peuvent causer des séquelles ou des complications postopératoires. L’équipe du labo­

ratoire des sciences de l’im age, de l’inform atique et de la télédétection (LSIIT), à laquelle appartient Jacques Gangloff, se consacre depuis une dizaine d’années à les associer.

A u jo u r d ’h u i, le s c h iru r g ie n s saven t op érer sur cœ u r b attan t,

m ais à cond itio n de découper le sternum . Ils utilisen t alors un sta­

bilisateur : une fourche, constituée de deux doigts de quelques centi­

m ètres de long, qu’ils fixent autour de la zone à opérer. Cet outil réduit à q u elqu es m illim è tre s l ’a m p li­

tude des m ouvem ents de l’organe sur une partie de sa surface. C’est suffisant pour perm ettre au chirur­

gien d’effectuer m anuellem ent la suture du greffon.

Robots trop lents. Si on veut évi­

ter d’ouvrir la cage thoracique, on peut opérer par endoscopie. Grâce à des incisions de quelques m illi­

mètres, des instrum ents robotisés sont introduits dans la poitrine du patient. M ais la m anipulation de ces outils ralentit les gestes, ce qui em pêche de s’adapter aux m ouve­

m ents du cœur, m êm e stabilisé. Ce

dernier doit donc être arrêté, tandis que le patient est m is sous circula­

tion extracorporelle, ce qui risque d’entraîner des complications.

Les prem iers travau x de Jacques G an g lo ff et de ses collègu es ont porté sur u n robot de chirurgie par endoscopie destiné à la suture du greffon. L’extrém ité de ses bras sui­

vait les m ouvem ents de la surface du cœur, afin que le chirurgien les m anie com m e s’il opérait une sur­

face im m obile. M ais cela nécessi­

tait d’atteindre des accélérations ju squ ’à î g*, et im pliquait l’usage de m oteurs puissants, com m e ceux de robots industriels. Un danger po ten tiel en cas d'erreur du lo g i­

ciel de pilotage. A près u n proto­

type réalisé en 2002, cette approche a donc été abandonnée. De cette prem ière réalisation, seu l a sub­

sisté u n logiciel de prédiction des

ROBOTS CHIRURGIENS / Initiatives

Opérer à cœur battant

Ouvrir le cœ ur sans Yarrêter ni découper le sternum fa c ilite r a it la récupération des patien ts. Une équipe

strasbourgeoise est près d'y parvenir.

LE STA B ILIS A TE U R G YR O LO C K (en ja u n e ) est placé s u r un systèm e de sta bilisa tion passive q u i a p p u ie s u r le cœ ur avec une petite fourche (en rose). La rotation d u systèm e g yroscopiqu e com pense les m o u ve m e nts du cœur, détectés en tem p s réel par un accélérom ètre (en vert). Les câbles et l'électronique de com m ande ne sont pas représentés ici.

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88 • LES DOSSIERS DE LA RECHERCHE | FÉVRIER 2012 • N° 47

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IE S M O U V E M E N TS DE LA P IN C E , située à l'extrém ité d 'u n e tig e , sont com m andés par dos m oteurs q u i rép on d en t aux gestes du chirurg ien sur la p o ignée.

La précision

au bout des doigts

Les commandes situées sur la poignée deJaimy ont été adaptées pour une manipulation intuitive.

m ouvem ents du cœur.L’algorithme qu’il utilise se fonde sur l’électro- cardiogram m e, la m esure de la res­

piration et l’observation des m o u ­ vem ents grâce à une cam éra rapide de 500 hertz. A u fur et à m esure des battem ents, il apprend à prédire le rythm e cardiaque avec environ une dem i-seconde d'avance.

Stabilisateurs améliorés. Cet algorithm e a été réutilisé dans les générations suivantes d’outils mis au point par le LSÏÏT-. des stabilisa­

teurs améliorés. « Le premier est un stabilisateur actif, le Cardiolock », décrit Jacques Gangloff. Il applique sur une fourche une force calculée par notre algorithme et réactualisée 300fois par seconde. Cela contrecarre les effets des battements. » Il devient alors possible d’utiliser des outils robotiques pour opérer par endosco­

pie la surface ainsi immobilisée. Un prototype fonctionnel du Cardiolock voit le jour en 2007.

Puis les chercheurs s'appliquent à sim plifier ce systèm e. Ils m ettent alors au point le GyroLock [fig. 1].

Il est constitué d’u n stabilisateur passif, sur le bras duquel est fixé u n systèm e gyroscopique qui, en p iv o ta n t, co m p e n se les m o u v e ­ m en ts du cœ ur. Ceux-ci n e sont plus m esurés par une caméra, mais par un accéléromètre, dont les don­

nées sont plus faciles à traiter, ce qui réduit les ressources info rm a­

tiques nécessaires.

Le GyroLock a prouvé son effica­

cité sur le porc, dont le cœur est pro­

che du nôtre. Il est, selon Jacques G angloff, la solution la plus réa­

liste co m m ercialem en t : « M oins co û teu x que le Cardiolock, il est constitué d'élém ents génériques.

L’innovation vient de leur assem ­ blage. » Il ne m anque que la volonté d’u n industriel pour lancer les tests sur l ’hom m e, puis com m ercialiser l’outil. « Cela prendrait quatre à cinq ans, et il faudrait en attendre au moins dix de plus pour connaî­

tre précisément les bénéfices du sys­

tème », conclut le roboticien.

■ A n to in e Cappelle

A

l ’e x tr é m ité d ’u n e lo n g u e tig e , u n e pince tourne sur eEe- m êm e pour planter une aiguille àtravers la paroi d’un estomac. Aidée d’une seconde pince ordinaire, elle suture entièrem ent l’ouverture pratiquée sur l’organe. Cette pince articulée, c’est la tête de Jaimy, et le prolonge­

m ent de la m ain du chirurgien.

Chirurgie par laparoscopie. Jaimy, m is au point par la société greno­

bloise EndoControl et l’institut des systèm es intelligents et de roboti­

que (Isir), à Paris, est un nouvel outil destiné à la chirurgie par laparosco­

pie. Cette technique consiste à intro­

duire les outils chirurgicaux dans l’abdom en du patient grâce à des incisions de 5 à 10 millimètres. Cela évite l’ouverture de l’abdomen, mais comporte des inconvénients. « Les outils manuels sont droits et difficiles à manipuler car leurs mouvements sont limités. Les robots de téléchirurgie sont articulés, mais longs à installer et coûteux », résume Clément Vidal, président d’EndoControl.

Tenu à la m ain par le chirurgien, Jaimy offre une plus grande am pli­

tude de m ouvem ent que les robots,

tou t en ayant la m êm e précision grâce à des com m andes directes actionnées pat les doigts. Sur la poi­

gnée, une gâchette ouvre et ferm e la pince et un joystick la fait pivoter et plie l’extrémité de la tige. Ces m ou­

vem ents sont actionnés par deux moteurs et régulés par un systèm e électronique intégré pour garantir la fluidité des mouvements. « Un travail de miniaturisation a été nécessaire pour transmettre les mouvements dans une tige de 5 millimètres de dia­

mètre », précise Clément Vidal.

L’outil a été en partie conçu par prototypage virtuel. « Cette méthode a défini la form e la plus ergonomi­

que et les commandes intuitives », explique Guillaume Morel, de l’ISIR.

Chirurgiens et profanes ont utilisé des p o ign ées pour effectu er des tâches avecun Jaimy virtuel.De leurs perform ances, les chercheurs ont déduit les articulations dont il fallait doter l’outil et les fonctions à assi­

gner aux boutons pour obtenir une efficacité optimale. Depuis, Jaimy est devenu réel et a effectué sa première opération sur l’hom m e en décem ­ bre 2011. Sa commercialisation com­

mence en ce début d’année 2012.

■ A. C.

* 1 g correspond à l'accélération de la pesanteur terrestre, soit environ 9,81 m ètres par seconde au carré.

N° 47 • FÉVRIER 2 0 1 2 | LES DOSSIERS DE LA RECHERCHE • 89

C MOUCHÉROTtfNDOcontrol

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