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Eglise luthérienne libre - 21 Chemin des Ardennes, Mulhouse

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Academic year: 2022

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samedi 20 février 2021 Page 1

1er dimanche du Carême - Genèse 22.1-14

Frères et sœurs, nous connaissons cet ordre de l’Eternel à Abram : "Quitte ton pays, ta patrie et ta famille et va dans le pays que je te montrerai". Et nous avons dans nos

Bibles des cartes de l’Orient ancien et des arbres généalogiques pour suivre cette

promesse insensée : "Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai ton nom grand et tu seras une source de bénédiction" (Gn 12.1-2). C’est donc le père des croyants que nous retrouvons ce matin, en ce premier dimanche du Carême.

La mise à l’épreuve d’Abraham a toujours surpris (pour ne pas dire choqué) les

lecteurs de la Bible. Comment Dieu a-t-il pu exiger qu’un père lui sacrifie son fils ? Pour le comprendre, je crois qu’il faut justement remonter dans le temps, revenir à l’appel du patriarche et admirer sa foi.

*

Allez, disons-le : la foi d’Abraham est un véritable monument, un exemple pour toutes les générations de croyants. Le peuple d’Israël devait pouvoir se référer à cet épisode de son histoire et s’en inspirer. Mais si la foi d’Abraham fut héroïque, c’est aussi parce que Dieu y a veillé, qu’il l’a fait grandir et lui a permis de s’affirmer à de nombreuses

reprises.

La foi d’Abraham est d’abord obéissance, et cela dès son premier appel, alors qu’il vivait en Chaldée dans l’actuelle Irak. Là, sans que l’on ne sache ni pourquoi, ni comment, Dieu lui demande (ou plutôt : Dieu lui commande) de quitter son pays, sa culture, son confort pour se rendre dans une terre lointaine, inconnue, dangereuse peut-être. Mais avec le commandement, une promesse : "Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ! " (Gn 12.3).

Quelle fut la réponse d’Abraham ? En réalité, le début du récit ne s’embarrasse pas de dialogues inutiles. Dieu parle et le croyant agit. Sa foi se met en marche, en quelque sorte. Il part. Il sort de Charan où la famille s’était établie et poursuit la route amorcée par son père.

"Abram était âgé de 75 ans lorsqu’il quitta Charan". C’est donc un homme qui n’est plus de la première jeunesse. Bien plus : le pays promis est déjà occupé, des gens y vivent, tout le monde le sait. Mais Abraham croit en la promesse de Dieu, car il sait que cette promesse implique aide, secours et protection.

La foi d’Abraham ne s’embarrasse pas non plus de paradoxes. Frères et sœurs : c’est au mari d’une femme stérile que Dieu promet une postérité ! En cela aussi, sa foi est admirable. Ecoutez-le, Dieu, parler à un couple qui a renoncé depuis longtemps à avoir des enfants : "Je rendrai ta descendance pareille à la poussière de la terre, de sorte que, si quelqu’un peut compter la poussière de la terre, ta descendance aussi sera comptée"

(Gn 13.16). Un peu plus loin, l’Eternel, comme un ami, "conduit son serviteur dehors et lui dit : regarde vers le ciel et compte les étoiles, si tu peux les compter. Il lui affirma : telle sera ta descendance".

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"Abraham eut confiance en l’Eternel – nous raconte la Genèse – et l’Eternel le lui compta comme justice" (Gn 15.6).

La raison achoppe souvent sur l’âge d’Abraham : une telle promesse à 75 ans, quelle histoire ! Mais on oublie que notre héros lui-même fut conçu par un père de 70 ans.

L’arbre généalogique du patriarche comptait déjà plusieurs bi-, voire tricentenaires, comme un lambeau de cette "image de Dieu" originelle qui disparaissait au fil du temps, conséquence tragique du péché…

Tout de même, ce n’est pas précisément à l’approche des cent ans que l’on met en route une famille nombreuse… Non, la pierre d’achoppement se situe plutôt du côté de Sara qui ne pouvait concevoir. L’héritier pressenti d’Abraham, c’était Eliézer de Damas, un serviteur de la famille, et non le fils qu’il avait renoncé à avoir. Mais Abraham crut Dieu sur parole.

Dieu promet, oui, mais la foi d’Abraham fut aussi une école de patience. Vingt-cinq ans furent encore nécessaires avant la naissance d’Isaac. Vingt-cinq ans de vie nomade, parsemée de bien des souffrances. Je pense en particulier à la naissance d’Ismaël, et à la rivalité entre Sara et Agar…

*

Arrive enfin notre passage. Epreuve ultime pour Abraham. "Dieu dit : prends ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac. Va-t’en au pays de Morija et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je t’indiquerai".

Comme au jour de son premier appel, la Bible ne dit rien de ce qu'éprouva Abraham.

Mais nous pouvons imaginer sa lutte intérieure, ou son désarroi face à cette exigence si dure et incompréhensible. Dieu ne fournit pas d’explication. Et Abraham obéit.

Quand c’est Dieu qui parle, et que c’est un Abraham qui écoute, nous pouvons être sûrs que pas un mot ne tombe à terre. N’est-il donc pas mystérieux que le Seigneur insiste sur tout ce qui peut faire saigner le cœur du patriarche ?

Dieu dit : "Prends ton fils", celui pour lequel tu consentirais tous les sacrifices. "Ton fils unique", dit Dieu ; Ismaël, c’est vrai, avait déjà été chassé. "Celui que tu aimes", dit Dieu ; et le Seigneur savait combien les parents l’aimait tendrement ! "Isaac" précise Dieu ; en un mot, l’enfant du rire, l’enfant de la promesse. "Va-t’en au pays de Morija", dit Dieu ; trois journées de chemin ! Trois longues journées d’angoisse, de

déchirement, de lutte contre son propre cœur, contre Satan, contre sa terrible souffrance ! "Et là, offre-le en holocauste", dit Dieu ; il ne suffit donc pas de mettre Isaac à mort, il faut l’immoler avec le calme que demande une cérémonie religieuse, il faut l’offrir à Dieu, en obéissance au commandement de Dieu…

Frères et sœurs, on ne peut comprendre le comportement d’Abraham sans avoir à l’esprit tout ce qui nous est dit de cet homme. Il s’est accroché sans dévier à la parole et aux promesses de Dieu. Et qu’est-ce que la foi, sinon croire sans voir, ou croire avant de

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voir ?

Bien plus : Abraham croyait en un Dieu d’amour, un Dieu qui n’a à l’esprit que le bien de son enfant, un Dieu qui ne parle que de "bénédictions pour toutes les familles de la terre" ! Et l’Eternel, que nous adorons, ne s’est-il pas effectivement révélé aux hommes comme un Dieu d’amour et de bonté ?

La foi d’Abraham est obéissance, mais elle est aussi action. Quand Dieu interpelle l’homme, la réponse attendue n’est pas seulement la confiance, mais l’obéissance ; l'obéissance dans la confiance. C’est ainsi que la foi produit des fruits. Dieu promet au mari sans enfant un pays, un fils, un peuple nombreux et de grandes bénédictions. Le patriarche a dû déménager, quitter son pays, sa famille sans autre garantie qu’une promesse. Il doit apprendre à patienter. Il doit être prêt à tout sacrifier. Une foi vivante n’est jamais passive.

Croire, c’est aussi accepter que sa confiance en l’amour du Père soit testée. Même par une chose difficile, incompréhensible, où Dieu cesserait d’apparaitre comme sagesse et amour ! C’est à ce moment-là qu’il faut se remémorer l’image d’Abraham préparant le bois pour l’holocauste. Cette épreuve dut plonger le vieil homme dans des tourments insupportables car cet enfant, c’était une partie de lui-même. C’était le fils unique.

C’était le petit tant attendu et venu si tard. C’était aussi l’héritier dont dépendait la suite, l’accomplissement des promesses, l’ancêtre d’un peuple nombreux d’où viendrait le Messie. Enfin… c’est ce que Dieu disait.

Pourtant, Abraham obéit. Et cette ultime épreuve témoigne totalement de la grandeur de sa foi. C’est peut-être une foi que l’on pourrait qualifier d’aveugle. Mais c’est surtout une foi bien placée ; car si l’homme ne comprend pas toujours les exigences de Dieu, Dieu sait ce qu’il fait et pourquoi. Dieu ne se trompe jamais.

Une telle foi serait dangereuse, bien-sûr, si elle se basait sur autre chose que sur la parole ou le commandement de Dieu. L’actualité nous parle constamment de gens dont la raison semble avoir disparu sous un endoctrinement aveugle et sanguinaire. Satan aussi sait engendrer des croyants. Cela s’appelle alors du fanatisme, qui peut devenir redoutable. Sa confiance, Abraham l’a mise en Dieu qui n’est qu’amour et sagesse. Et s’il plait à Dieu, dans sa sagesse, de tester la foi d’Abraham, le croyant s’y soumet.

Commentant ce passage, l’auteur de l’épître aux Hébreux écrit : "C’est par la foi qu’Abraham a offert Isaac lorsqu’il a été mis à l’épreuve. Oui, il a offert son fils unique en sacrifice, bien qu’il ait reçu les promesses et que Dieu lui ait dit : “c’est par Isaac qu’une descendance te sera assurée“. Il pensait que Dieu était capable même de le ressusciter des morts. C’est pourquoi il a retrouvé son fils par une sorte de

résurrection" (11.17-19). Fin de citation.

*

Cette dernière remarque de l’auteur inspiré doit nous interpeller. La mise à l’épreuve d’Abraham est en effet l’une des plus saisissantes représentations du sacrifice de Jésus

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sur Golgotha. Dieu plante déjà sa croix au chapitre 22 de la Genèse, et cette perspective nous permet d’en comprendre la signification. Voyez les correspondances entre les deux événements.

Tout d’abord, il y a là un père et un fils ; un père qui doit sacrifier son fils. De même, la Bible nous révèle un Dieu trinitaire, un Père acceptant de sacrifier son Fils unique pour le rachat des hommes. L’agneau pour l’holocauste est un être humain, un garçon ; de même le véritable Sauveur, qui sera sacrifié plus tard, ne sera ni un animal ni un ange, mais Dieu fait homme. Isaac est né selon la promesse de Dieu, mais contre les lois de la nature, puisque son père avait 99 ans et Sara 90 quand il vint au monde ; de même la naissance de Jésus sera encore plus miraculeuse, puisque le Sauveur naitra d’une jeune vierge, Marie.

"Va-t’en au pays de Morija, commande Dieu à Abraham, et là offre-le en holocauste sur l’une des montagnes que je t’indiquerai" ; les spécialistes estiment que cette montagne était toute proche de la future cité de David ; peut-être était-ce même la colline qui, plus tard, s’appellera Golgotha. Isaac suit son père sur la montagne ; il se laisse attacher et mettre sur l’autel par-dessus le bois. De même, c’est innocent de tout péché et dans une soumission totale à son Père que Jésus montera au calvaire et sera cloué au bois de la croix. Abraham prit le bois et le chargea sur son fils Isaac, rapporte la Genèse ; les évangiles racontent que le Christ montera à Golgotha en portant lui- même la croix sur laquelle il sera crucifié.

Isaac marche vers une mort qui semble certaine ; de même la mort de Jésus ne sera pas une mort accidentelle, mais le point final de son abaissement. Il ne mourra pas sur un autel, consumé par le feu, mais sa croix n’en est-elle pas un ? A la fois prêtre et victime expiatoire, Jésus offrira à Dieu son obéissance parfaite pour le salut du monde.

Et enfin, comme il est précisé dans la Lettre aux Hébreux, il faut évoquer la

"résurrection" d’Isaac. Le jeune homme est revenu à la vie, pour ainsi dire, puisque l’ange arrêta la main de son père pour lui substituer un bélier ; Christ, lui, ressuscitera des morts au troisième jour.

Ne craignons pas de le dire : la mise à l’épreuve d’Abraham fut en définitive une grande bénédiction pour lui-même et pour tous les croyants, par sa portée et son enseignement. Les quatre évangiles nous en décrivent l’accomplissement. Là, tout ce qu’il est nécessaire de connaître pour notre salut nous est montré en détail. La réalité est évidemment bien plus claire que ne l’était l’image. Mais en relisant ce passage, nous ne pouvons qu’admirer la manière dont Dieu avait préfiguré l’événement dont dépend notre pardon. Constatons qu’il n’y a, d’un bout à l’autre des Ecritures, qu’un seul et unique message : Jésus est venu pour donner sa vie ; sa passion et sa résurrection sauve le pécheur !

*

"Dieu mit Abraham à l’épreuve"… Abraham avait déjà été éprouvé plus d’une fois. Il avait donné des preuves incontestables de sa foi et de sa soumission au Seigneur. Il

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était sorti victorieux de plus d’une tentation. C’est peut-être justement à cause de cela, et parce qu’il risquait peut-être de s’endormir en se disant que le temps des combats était passé, ou de tomber dans l’orgueil en contemplant les bénédictions qu’il avait reçues, que Dieu jugea bon de lui dispenser cette immense épreuve. Une épreuve terrible, à laquelle il ne se serait jamais attendu. Il n’y a pas d’âge pour être enseigné par le Seigneur…

Abraham a pris le commandement de Dieu à la lettre ; il n’a pas contesté. Une fois le message reçu, il a commencé d’obéir, simplement, comme un enfant, évitant de le partager avec ceux qui auraient pu s’interposer entre lui et son fils, ou affaiblir son courage par leurs supplications. La Bible dit : "Il pensait que Dieu était capable même de le ressusciter des morts". Voilà pourquoi il dit à ses serviteurs : "Le jeune homme et moi, nous irons là-bas pour adorer, puis nous reviendrons vers vous" (v.5). Voilà

pourquoi il répond à Isaac qui cherche des yeux l’agneau pour l’holocauste : "Dieu pourvoira lui-même" (v.8).

Croire Dieu sur parole, sachant qu’une seule de ses paroles vaut plus que mille

serments humains. Croire, pour nous aussi, doit signifier obéir et agir. Par la foi, Dieu nous accorde son pardon en Jésus-Christ. C’est une question de confiance en Dieu.

Mais à celui à qui est pardonné, Dieu demande aussi de vivre du pardon, d’obéissance à ses commandements, de patience dans l’épreuve, impliquant parfois sacrifices et

renoncements. Le renoncement au péché va souvent de pair avec l’abandon de biens qui nous semblaient absolument légitimes et indispensables.

A Abraham, il fut demandé des sacrifices vraiment difficiles. Nous vivons cela aussi, chaque fois que nous recherchons d’abord le Royaume et sa justice, certains que le reste nous sera donné en plus. Chaque fois, comme le dira Jésus, que nous préférons son Evangile aux liens les plus profonds qui nous unissent à un père, une mère ou à notre conjoint. Chaque fois que nous plaçons son Eglise à la toute première place de nos priorités. C’est alors que notre foi triomphe du monde, après avoir triomphé de nous-mêmes…

Quel que soit donc le sacrifice que Dieu demande de nous, répondons-lui comme Abraham : "Me voici". Et si les forces nous manquent, disons-nous : "Dieu pourvoira lui-même". Et si nous devions gravir une montagne dans les larmes, allons-y

courageusement, en regardant à Jésus. Et soyons sûrs que nous ne redescendrons pas sans de grandes bénédictions.

"Que dirons-nous donc de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a pas épargné son propre Fils mais l’a donné pour nous tous, comment ne nous

accorderait-il pas aussi tout avec lui ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? C’est Dieu qui les déclare justes ! " (Rm 8.31-33) Amen. "Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ. " Amen.

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