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SPOROTHRIX SCHENKII : CHAMPIGNON À DOUBLE VISAGE

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Academic year: 2022

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Maroc Médical, tome 26 n°4, décembre 2004 299 Résumé :Introduction :La sporotrichose est une mycose profonde rare au Maroc où elle sévit à l’état sporadique. Une mise au point sur cette affection est proposée; un intérêt particulier sera donné aux moyens de diagnostic biologique de cette mycose.

Matériel et méthodes :Une revue générale sur la sporotrichose a été réalisée en utilisant la base de données Medline. Les articles parus au cours des dernières dix années furent analysés. Nous avons privilégié les travaux qui se sont intéressés particulièrement au volet biologique de cette mycose.

Résultats :le biotope particulier au développement du parasite, ainsi que le mode de contamination, expliquent sa rareté au Maroc.

Selon la voie de pénétration du champignon et l’état immunitaire de l’hôte, on décrit quatre formes cliniques de la sporotrichose:

forme lymphocutanée, forme cutanée fixe, forme pulmonaire et une forme disséminée. Le diagnostic mycologique est le plus souvent posé après étude des cultures du champignon puisque l’examen direct retrouve exceptionnellement des spores. La culture sur milieu Sabouraud met en évidence des mycéliums fins et ramifiés. Le traitement de cette mycose est fonction de la forme clinique : Itraconazole dans la sporotrichose cutanée et ostéo-articulaire, amphotéricine B dans celle pulmonaire.

Conclusion :La mycologie et l’anatomo-pathologie sont les éléments incontournables du diagnostic positif de la sporotrichose.

Mots-clés :Sporothrix Schenkii, sporotrichose.

Sporothrix Schenkii : champignon à double visage

Sporothrix Schenkii :a double face fungus

W. Chihab, H. Tligui, A. Agoumi, Y. Afifi*, B. Hassam*.

* Service de dermatologie, hôpital Ibn Sina - Rabat -

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Tiré à part :W. Chihab, Service de parasitologie, Hôpital d’enfants, Rabat, Maroc.

Mise au point

Abstract :Introduction :Sporotrichosis is a rare profound mycosis exsists in a sporadic state in Morocco. A calrification of this disease is proposed

Material and methods : A general review on sporotrichosis was performed using Medlines data base, the articles published during the last ten years were analized. We gave priority to works dealing particularly with the biological aspects of this mycosis.

Results and discussion : The particular biotope of the parasitic development and its mode of contamination exploin its rarety in Morocco. According to the fungal s way of penetration and the immune state of the host, 4 clinical ferms were described : the lymphacutensus, pure cuteneous, pulmonary and disseminated form. As the direct examination exceptionally visualizes the spors, culture on Sabourand medium was performed to do a mycoligical diagnosis which approved the presence of fine and ramified myceliums. Treatment depends on the clinical forms : itraconazale in the cuteneous and osteo-articular sporotrichosis and the amphotericine B ni the pulmonary form.

Key-words :Sporothrix Schenkii , sporotrichosis.

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300 Maroc Médical, tome 26 n°4, décembre 2004

Sporothrix schenkii : champignon à double visage W. Chihab et coll.

Introduction

La sporotrichose est une mycose profonde due à un champignon dimorphique appartenant à la classe des adélomycètes, au sous-groupe des sporotrichés et au genre sporotrichum : Sporothrix schenkii.

Cette affection reste rare au Maroc où seulement quatre observations ont été rapportées [1,2].

Nous nous proposons de faire une mise au point sur cette maladie en insistant particulièrement sur l’apport de la biologie dans le diagnostic.

Matériel et méthodes

Une recherche bibliographique a été réalisée par interrogation de la base de données Medline sur la période 1990-2001.

Les mots clés : « Sporotrichose » et « diagnostic biologique » ont été utilisés. Les articles pertinents ont été analysés.

Nous avons privilégié les travaux qui se sont intéressés particulièrement au volet biologique de cette mycose. Et en vue d’avoir une idée sur la fréquence de cette dermatose au Maroc, nous avons revus les recueils des résumés de toutes les manifestations marocaines de dermatologie s’étant déroulées durant les 25 dernières années.

Résultats

Le sporothrix schenkii est un exosaprophyte [3] rencontré surtout dans le sol enrichi en matières organiques et en débris végétaux. Il est fréquemment associé à des fragments de bois ou d’écorce [4].

Il se développe à une température de 27°C et une hygrométrie de 92 à 100% [5].

Bien que cosmopolite, le biotope particulier au développement du parasite, ainsi que le mode de contamination, expliquent que la sporotrichose sévisse surtout sous forme sporadique dans les régions chaudes et tropicales. En effet, elle prédomine actuellement en Afrique du sud, Japon et Amérique intertropicale [4].

La contamination de l’homme se fait essentiellement par inoculation traumatique des spores dans le derme, rarement par inhalation.

L’effraction cutanée est le plus souvent due à une piqûre par une épine ou un fragment végétal, rarement à une blessure par outils contaminés, piqûres d’insectes ou morsure d’animaux.

Les professions les plus exposées sont : agriculteurs, fleuristes et mineurs [3].

Cliniquement, la sporotrichose peut revêtir plusieurs formes, mais il est classique de lui en décrire quatre :

La forme lymphocutanée ou sporotrichose cutanée primaire : Il s’agit de la forme la plus fréquente.

L’inoculation du sporothrix schenkii chez une personne n’ayant jamais été en contact avec le champignon [4] induit l’apparition après 2 semaines d’un chancre sporotrichosique : il s’agit d’une gomme dermo-hypodermique qui se ramollit progressivement, s’ulcère et laisse sourdre un magma grumeleux, transparent, strié de traînées purulentes et sanguinolentes [3].

Le champignon va par la suite coloniser les lymphatiques qui drainent la région où est située la première lésion, donnant ainsi l’image classique et évocatrice qui est la disposition des nodules le long du trajet des lymphatiques avec présence d’adénopathie satellite [5] (Figure 1) .

L’évolution peut se faire vers la guérison avec persistance d’une cicatrice inesthétique.

La forme fixe ou sporotrichose de réinfection : C’est une forme localisée sans atteinte lymphatique de la maladie qui s’observe chez les patients ayant eu un contact immuno- sensibilisant préalable avec sporothrix schenkii [4].

(Figure 2)

Les lésions siégent le plus souvent au niveau des bras, de la face, des jambes, de la tête et du cou [6].

La sporotrichose pulmonaire : L’atteinte pulmonaire de la sporotrichose est due à l’inhalation des spores. Elle est le plus souvent latente, symptomatique, elle donne une pneumonie aiguë ou chronique plus ou moins extensive.

La forme disséminée : La dissémination de l’agent pathogène se fait vers plusieurs viscères induisant : une pyélonéphrite, orchite, mastite, synovite et méningite [3].

L’atteinte du système nerveux central est devenue plus fréquente surtout chez les patients atteints du SIDA.

Le diagnostic de sporotrichose est le plus souvent posé après étude des cultures du champignon [7]. En effet, l’examen direct des prélèvements pathologiques (biopsie, pus, sérosités) à l’état frais ou après coloration au Giemsa, PAS, Gram est exceptionnellement positif ; les spores étant rares dans les prélèvements [5].

Classiquement, celles-ci sont rondes, parfois en navette, exceptionnellement astéroïdes, on les retrouve rarement phagocytées dans les macrophages (Figure 3) .

On note également parfois des formes levures qui paraissent bien colorées par le PAS, variablement colorées par le Gram et entourées d’un halo clair [4].

Un prétraitement des frottis par des enzymes ou une coloration par des anticorps fluorescents, rend les éléments fongiques plus visibles et peut aider au diagnostic.

La culture du Sporothrix schenkii peut se faire sur milieu Sabouraud-chloramphénicol ou sur milieu enrichis. En effet, ce champignon dimorphique se développe sous forme mycélienne si la culture se fait sur milieu Sabouraud

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Maroc Médical, tome 26 n°4, décembre 2004 301

W. Chihab et coll. Sporothrix schenkii : champignon à double visage

à 25°C et en levures sur milieux enrichis à 37°C [7].

La pousse des colonies débute 3 à 5 jours après l’ensemencement des milieux. Celles-ci sont membraneuses, adhérentes, plus ou moins plissées, d’une couleur qui peut varier du blanc crémeux au noir, en passant par des teintes jaunâtres ou brunes (Figure 4) .

Le pigment ne diffuse pas mais peut être mis en évidence par l’adjonction de thiamine dans le milieu.

L’examen au microscope d’un prélèvement de colonie montre un mycélium fin (1,5-2μ) ramifié, enchevêtré (Figure 5) .Les spores pyriformes ou ovalaires (3-5μm) sont insérées sur les filaments (stérigmates). Elles peuvent former un manchon autour du mycélium ou encore se grouper en rosette [3].

Pour confirmer le diagnostic de sporotrichose, la conversion vers la forme levure doit être faite, ceci, en transférant un fragment de culture sur milieu enrichi (brain-heart enrichi de 5% de sang de brebis) et incubé à 37°C. Après 3 à 4 jours, le milieu est examiné à la recherche de levure.

L’inoculation à l’animal est possible mais elle reste difficile et coûteuse [5].

Les techniques d’immunologie sont de peu d’apport en matière de sporotrichose.

En effet, l’intradermoréaction à la sporotrichine est relativement spécifique mais peu fidèle. L’immunité

humorale est également difficile à mettre en évidence.

La lésion histologique classique de la sporotrichose est faite d’une réaction granulomateuse tuberculoïde avec présence d’abcès riches en polynucléaires et d’infiltrats contenant des macrophages et des cellules géantes.

La coloration au PAS ne permet que rarement de mettre en évidence les levures et les corps astéroïdes [8, 9]

(Figure 6) .

Le traitement des formes cutanées et ostéo-articulaires de la sporotrichose fait appel à l’itraconazole à la posologie quotidienne de 200 mg [10].

L’iodure de potassium peut être proposé en 2ème intention dans l’atteinte cutanée : le prix étant plus abordable ; toutefois, ses effets indésirables limitent l’observance du traitement par les malades [11].

La forme pulmonaire reste réfractaire à toute thérapeutique, l’amphotéricine B est alors utilisée mais avec des résultats peu encourageants.

Conclusion

L’aspect clinique fruste fait que la prévalence de cette pathologie est certainement sous-estimée. La collaboration clinicien-biologiste est nécessaire pour la mise en évidence de ce champignon qui nécessite une mise en culture dans des milieux spéciaux.

Références

1. Jarmouni R., Ntidam H., Afilal A., Najjam F., Habib Eddine S., Lakhdar H. Les mycoses profondes à propos de 30 cas : Congrès de l’association des dermatologues et des syphiligraphes francophones. Rabat 1989, 39-43.

2. Mansouri F., Kamouni M., Bernoussi Z., Mahassini N., Jahid A. Sporotrichose cutanée, à propos d’un cas : 5ème journée du service de dermatologie de l’hôpital Ibn Sina, Rabat 2001, 14.

3. Grigoriu D. Sporotrichose. In Delacrétaz J., Grigoriu D., Ducel G. éd. Atlas de mycologie médicale . Paris Masson ; 1976.p.122-124.

4. Buot G., Lavalle P., Mariat F. Sporotrichose. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Maladies infectieuses, 8-604- A-10. 1993 : 4p.

5. Davis B. A. Sporotrichosis : Dermatol Clin 1996 ; 14: 69-76.

6. Shiraishi H., Gomi H., Kawada Q., Matsuo I., Hiruma M. Solitary sporotrichosis lasting for 10 years: Dermatology

1999; 198: 100- 101.

7. Karakayali G., Lenk N., Alli N., Gungor E., Artur F.

Itraconazole therapy in lymphocutaneous sporotrichosis: a case report and review of the literature: Cutis 1998 ; 61 : 106-107.

8. Zaharopoulos P. Fine-needle aspiration cytologic diagnosis of lymphocutaneous sporotrichosis: a case report: Diagn Cytopatho 1999 ; 20: 74-77.

9. Rodriguez G., Sarmiento L. The asteroid bodies of sporotrichosis: Am J Dermatopathol 1998 ; 20: 246-249.

10. Kauffman C. A. Old and new therapies for sporotrichosis: Clin Infect Dis 1995; 21:981-285.

11. Cabezos C., Bustamonte B., Holgadom W., Begue R.E. Treatment of cutaneous sporotrichosis with one daily dose of potassium iodide: Pediatr Infect Dis J 1996 ; 15:352-354.

Références

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