ESTIMATION DU RENDEMENT EN FROMAGE
GRUYÈRE DE COMTÉ EN FONCTION DE LA RICHESSE
DU LAIT DE CHAUDIÈRE
G. MOCQUOT,
G. RICORDEAU, P. AURIOLStation Centrale de Rschsrches laitières et de
Technologie
desproduits
animauxet Station Centrale de
Génétiqeee
animale,Centre natiotxal de Recherches
zoatechniques, joity-eîi-josas (Seisxe-et-Oise)
avec la collaboration technique de E. l3Lnnc-l’aTrn- et R. JEUNET,
Station expérimentale laitière, Pnligny (jllm) et de J. 1,. Cnwv
SOMMAIRE
Cette étude a pour but d’estimer le
poids
defromage
«Gruyère
de Comté o, qu’il estpossible
d’obtenir, en fonction de la richesse en matière grasse et enprotéines
du lait de fabrication. Ellea été réalisée au cours d’une période de 6 années
(i 95 6-t 9 6z),
dans unefromagerie
du Jura.Chaque
mois, on a constitué un échantillon représentant l’ensemble des laits de chaudière eton a
comptabilisé
laproduction
totale defromage
réellementfabriquée.
Lepoids
defromage
obtenuà
partir
de 100kg de lait mis en oeuvre(rendement)
a été ensuite estimé àpartir (tableau
3) : dutaux
butyreux (équation
i) ; du taux deprotéines (équation
2) ; du tauxbutyreux
et du taux deprotéines (équation 3 ).
L’écart type des différences entre le rendement estimé (à l’aide des 3
équations)
et le rende-ment réel est
respectivement
de 220g defromage
pour iookg
de lait avecl’équation
i, de r6! g avecl’équation
2, et de 151g avec la 3!équation.
Dans cette dernièreéquation,
le coefficicentde régres-
sion
appliqué
au taux deprotéines
est 3,8 foisplus
élevé que celuiappliqué
au tauxbutyreux.
Lacomparaison
effectuée entre laits deproducteurs
et laits de « chaudière n, met en évidence l’intérêt d’une sélection en vue de l’accroissement du rapportprotéines
graisse des laits de producteur, toutau moins dans les zones où la fabrication de
gruyère
absorbe une partimportante
de laproduction
laitière.
IVTRODUCTIOB
Les relations entre le rendement en
fromage
d’un lait et sacomposition
sontintéressantes à connaître à double titre. Elles
permettent,
soit deprévoir
laquantité
de
fromage qu’on peut
obtenir àpartir
d’un lait demélange
decomposition donnée,
soit de déterminer
l’importance
relative desprincipaux
constituants du lait pour la fabrication dufromage
afin d’orienter le sélectionneur vers laproduction
de laitsprésentant
lacomposition jugée
laplus
favorable.Depuis
60 ans, différentes méthodes ont étéproposées
pour estimer le rende- ment enfromage.
La richesse en matière grasse du lait mis en fabrication a été le
premier
élémentretenu : DEAN
(1893),
BEAU(1906),
VAN Sr.YK!(1917),
Z!Ir,!R, BAUER et B!RwIG(1928)
V!AI,!( 19 2 9 )
WASSERMANetJAG!R ( I g5 3 ).
Lespremières équations
obtenuesse sont révélées insuffisantes par suite de la
non-proportionnalité
entre le rendement et le tauxbutyreux.
Dans un deuxièmestade,
on a tenucompte,
à la fois de la ma- tière grasse et de l’extrait secdégraissé
du lait et dufromage.
CAST!I,NAU( 1921 ),
VAILLANT
( 1933 ),
GU!RAUI,T(Ig5(7),
VAN DAM etJANSE (1931),
I,ABI,ANCHY et I,!scANN!( 1947 )
ont alorsproposé
des formulesplus complètes.
Un troisième stade a vu la
prise
en considération de la caséine(ou
des matières azotéestotales)
du lait et de la richesse en matière grasse et enprotéines
du sérum.Ce
stade, déjà
clairement défini par VAN Sr,YK:E( 1 8 94 b, 190 8), B ABCOCK ,
FARRING-TONet HART
( 1910 ),
a étéprécisé
ensuite par VEALE(Ig33),
UDY(Ig34),
McDowAI,r,(
193
6),
SHEI,TON( 1945 ),
VAN SI,YK! et PRICE( 195 2),
VALEN( I g53), JA KUBOW S KI
et
B IJ o K ( 1954 ),
SŒUI.Z et KAY( 1957 ).
Les résultats de ces auteurs sont résumés dans le tableau I.Les
équations
de la forme «k (matière
grasse +caséine)
» ou « k(matière
grasse-
f- protéines )»
se sont révélées les moinsprécises.
Elles accordenten effet, la même importance
aux deux éléments et ceci n’est pas exact si l’on considère le rendementen
fromage
frais( 1 ).
Les autreséquations
sont déduites de la relation existant entre le rendement d’unepart,
lesprotéines
et lagraisse
d’autrepart,
ces deux éléments étant affectés d’un coefficient tenantcompte
de leurimportance relative ;
elles sontplus générales
etplus précises
que lesprécédentes.
Dans toutes leséquations apparte-
nant à ce dernier
type (et
c’est celaqu’il
estimportant
desouligner),
les coefficients derégression
relatifs au tauxbutyreux
sont inférieurs aux coefficients relatifs autaux de caséine ou de
protéines.
La caséinejoue
donc un rôleprépondérant
dansle rendement en
fromage,
du faitqu’elle
retient dans ce dernierbeaucoup plus
d’eauque les matières grasses
(McDowAr,r&dquo; rg 3 6 ;
VAN Sr,yx! etP RI CE, 195 2).
Cetterétention d’eau par les
protéines
est d’ailleurs unphénomène
trèsgénéral.
Il se tra-duit en
particulier,
par le fait que l’eau retenue par lefromage comprend
à la foisde l’eau « libre » et de l’eau «
liée » ;
les travaux de McDowAr,r, et Do!,By( 193 6),
P Y E N SO
N et DAH!,!
( 193 8), M O C QUO T ( 1947 ),
ont montré que l’eau « liée » était pour laplus grande part
retenue par lesprotéines.
Comme nous pouvons le constater
d’après
le tableau I, les coefficients calculés pour la matière grasse et lesprotéines
varient d’un auteur à l’autre. Ces écarts résul- tent de différences dans lestechniques
de fabrication et dans la richesse du laitutilisé ; chaque équation
n’étantvalable,
enfait,
que pour untype
defromage
dé-terminé, fabriqué
dans des conditions uniformes.Partant de données observées dans le
Jura,
il nous a paruimportant
de déter-miner
l’équation permettant
de calculer le rendement engruyère
de Comté àpartir
de laits de
mélange
de richesse connue engraisse
etprotéines.
Ce travail fait suite à l’étudeentreprise
sur lacomposition
saisonnière des laits d’étable et defromagerie
du
plateau
deNozeroy (A URIOL
etM OCQUOT , I g5 7 ).
Il concerne des résultats obtenus dans lafromagerie
de Censeau(Jura)
de mars195 6
à décembre19 6 1 .
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
I. - FROMAGES
La fabrication du
Gruyère
de Comté comprendplusieurs opérations.
Le lait de chaudière (en-viron 55o
kg
parfromage),
constitué par unmélange
du lait de la traite du soirpartiellement
écrémépar
gravité ( 2 )
et du lait de la traite du matin, est réchauffé à33 °C
et additionné(à
la dose de0 ,
3p.
ioo)
d’un levainlactique (composé
de streptocoques et lactobacillesthermophiles) préparé
selon le
procédé
traditionnel, dans une macération de caillettes de veauxqui
apportel’enzyme
coa-gulant.
35 minutesaprès
l’addition deprésure,
le lait coagulé estdécoupé (io minutes),
brassé etchauffé à
55 °C ( 45 minutes), puis
retiré du feu et encore brassé( 55 minutes).
Le caillé recueilli dansune toile
(r 5 o
minutesaprès
l’addition deprésure)
estplacé
dans un moule etpressé (o, 1 kgjcm 2
audébut et i
kg /cm 2
à lafin) pendant
zz heures enopérant
en moyenne 5retournements. Chacun des chiffres citésreprésente
une valeur moyenne et des fluctuations autour de cette valeur sont observées d’un jour à l’autre, d’une saison à l’autre, le travail dufromager
étanttoujours
orienté vers l’obten-( 1
)
On entend ici par fromage . frais n (par opposition à l’extrait sec de fromage), le fromage qui contientla graisse, les protéines, les substances minérales et organiques variées et l’eau.
( 1
) Le lait de la traite du soir est laissé rz à r5 heures au repos dans des bassines plates (a rondots e);
on recueille alors la crème remontée en surface (« crème de ronde »).
tion d’un
fromage
decomposition (proportions respectives
d’eau, degraisse
et deprotéines)
aussiconstante que
possible.
A la sortie de la presse, 25 heures
après l’emprésurage
du lait, lefromage
esttransporté
en cave,salé
(avec
du sel en grosgrains déposé
à la surface dufromage
et aussi dans certains cas par immersionpendant
24ou 48 heures dans un bain desaumure)
et frottépendant
4à 6 mois à unetempérature
de i6 à i8°C. Le
salage
au gros sel et lefrottage
entraînent la formation d’undéveloppement
bacté-rien
(morge)
à la surface dufromage.
2. - DONNÉES QUANTITATIVES RECUEILLIES A LA FROMAGERIE
Les enregistrements
quotidiens portaient
sur lepoids
total de lait livré par lesproduc-
teurs et sur le
poids
desfromages
à leur sortie de presse. Lepoids
mensuel de lait livré oscillait selon les mois de 4000o à II 500okg
de lait; il estpassé
en moyenne de 60oookg
en i 956 à8 0 0
0o kg en i96i.
Les autres
enregistrements
concernaient lepoids
de lait vendu en nature et lepoids
de beurre obtenu, àpartir
de la « crème de ronde n et de la crème provenant del’écrémage
du lactosérum.On a d’abord relevé le
poids
mensuel de lait vendu en naturequi représentait
2 o0o à2 400
kg ( 2
à 5 p. 100dupoids
total de lait livré, selon les mois).On a ensuite évalué le
poids
de crème entrant mensuellement, dans la fabrication du beurre.Ce
poids,
a été calculéd’après
les observations antérieures de l’un d’entre nous(i V IocQuoT, 1943 )
selon
lesquelles
65p. ioo du beurre obtenuprovenait
de la matière grasse de la « crème de ronde », la crème contenant en moyenne 380g de matière grasse par kg, le beurre obtenu dosant 14 p. 100d’eau. Le
poids
de beurre a donc été traduit enpoids
de crème, en utilisant le coefficient de trans- formation de 1,4. Enadoptant
ce coefficient, lepoids
ainsi estiméreprésentait,
auplus,
2p. 100 dupoids
de lait livré ; les erreurssusceptibles d’être
introduites dans l’utilisation du coefficient étaient doncnégligeables.
Le poids total de lait livré, diminué du
poids
de lait vendu en nature et dupoids
de crème(estimé
comme il vient d’être dit),représentait
lepoids
de lait de chaudière transformé en fromage.3. - PRÉLÈVEMENTS DES ÉCHANTILLONS
ET ANALYSES EFFECTUÉES AU LABORATOIRE
Lait de chaudière
A
chaque
fabrication, onprélevait
un échantillon du lait de chaudière. Le mélange de tous ces échantillons unitaires apermis
de constituer, pourchaque
mois, un échantillonreprésentatif
del’ensemble des laits de chaudière. Les
analyses
des échantillons mensuels concernaient les éléments suivants : la matière grasse, dosée selon leprocédé
Gerber ; les matières azotées, dosées selon la méthodeKjeldahl (teneur
en N X 6,38).Laits des
producteurs
La
composition
du lait a été suivie danscinq
étables de la même commune(Censeau).
Les échantillons,prélevés
lors des deux livraisonsquotidiennes
dechaque producteur
et représentantle lait de
chaque
traite pour chacune des étables contrôlées, étaient additionnés de formol(o,i
p. ioo de formol à 40 p.100 ).
Tous les mois, onprélevait,
surchaque
échantillonjournalier,
unequantité
de lait
proportionnelle
à laquantité
livrée par leproducteur.
Lemélange
de tous lesprélèvements proportionnels permettait
d’obtenir pourchaque
étable, un échantillon mensuel, surlequel
on effec- tuait, comme ci-dessus, les déterminations de matières azotées et de matières grasses.RÉSULTATS
Le
graphique
i traduit l’ensemble des variations mensuelles et annuelles de la richesse des laits(de producteurs
et dechaudière)
et du rendement enfromage.
Le tableau 3 donne les
caractéristiques
dechaque
variable et les différenteséquations
obtenues.Le rendement d’un lait en
fromage (z
=poids
defromage
obtenu àpartir
de100
kg
delait)
est fonction de la richesse de ce lait enprotéines (x)
et en matièregrasse
(y).
Nous pouvons étudierséparément
la relation entre z et x, z et y, maisnous verrons
plus
loinqu’il
existe une relationpositive
entre x et y.Pour essayer de
séparer
les influencesrespectives
de ces deux facteurs(x
ety)
dans la variation de z, nous pouvons étudier la
régression
de z surchaque couple (x
ety).
Cette méthode de larégression multiple
al’avantage
de donner une solutionpour
chaque
valeur des deux variablesperturbatrices, quel
que soit lerapport
entreces deux variables. En
fait,
l’utilisation des valeurs dutriplet (z,
x,y)
suppose la vérification d’un certain nombred’hypothèses
de base : linéarité desrégressions
dez sur x, z sur y et de z sur x et y ; unicité des variances de z liées par x, y ou
x et y.
Lorsque
leshypothèses précédentes
ne sont pasparfaitement vérifiées,
il sem- blepréférable
de calculer le rendement enfromage,
nonplus
pour 100kg
de lait(z)
mais pour i
kg
de matière grasse utilisée(Z).
Il suffit ensuite d’étudier les variations de Z en fonction durapport protéines/matière
grasse. Cettesolution, préconisée
par MEDOWAIL
( 193 6),
al’avantage
depermettre
le calcul direct de z en fonction de x et y(le
rendement x étantcependant
indéterminé pour le cas, d’ailleurs peu fré-quent
àl’époque actuelle,
defromages fabriqués
avec des laits très pauvres en matière grasse ou mêmecomplètement écrémés).
Z, poids
defromage
parkg
de matière grasse =k 1 x/y -!- k2 ; puisque
z,poids
de
fromage
pour iookg
de lait =Zy
on a :z = k l x
+k 2 y.
En tenant
compte
durapport -
au lieu ducouple (x, y)
on supposeimplicite-
ment que le rendement Z est le même pour des laits de différentes richesses en
graisse
ou
protéines
mais de mêmerapport x/y.
Cettehypothèse
est valable avec les laits de chaudière duJura.
I,esanalyses
effectuées par l’un d’entre nous(M OCQUOT , 19 6 3 )
dulactosérum de 2échantillons de « laits riches » et de 27 échantillons de « laits pauvres » de même
rapport x/y indiquent
en effet despertes
sensiblementégales (en
valeur rela-tive)
pour les deuxcatégories
de lait(tableau 2 ).
i. Prévision du rendement
(z)
à!artir de la
richesse en matière grasse da lait dechaudière
(y). Graphique
2ALa
ligne
derégression
estimée de z en fonction de y(équation i)
est linéaire poury variant de 25 à 34g p. i ooo g.
L’écart-type
de z lié par y(sz)
est de 0,220kg
de fro-mage pour 100
kg
de lait.2
. Prévision du rendement
(z)
àpartir
de la richesse en matière azotée du lait de chaudière(.x). Graphique
2BLa
ligne
derégression
de z sur x estparfaitement
linéaire pour x variant de20 à 35 g p. i o0o g
(équation 2 ).
Apartir
de cetterégression,
l’estimation de l’écart-type
résiduel(s!)
n’estplus
que deo,r6 5 kg.
3
. Prévision
du rendement(z)
àpartir
de la richesse enProtéines (x)
et de larichesse en matière grasse
(y)
du lait de chaudière.Les deux
équations précédentes
nepermettent
pas depréciser
l’influence res-pective
des deux facteurs x et y dans la détermination de z. En tenantcompte
à la fois des deuxvariables,
il estpossible d’augmenter
laprécision
de z.A
partir
du modèle linéaire à deux variables(z’
= a !-- bx -!--cy)
nous avonscalculé la droite de
régression
estimée(équation 3 ).
..L’estimation
sans biais del’écart-type
résiduel(s,)
est alors de 0,151kg
defromage
par 100kg
de lait. Les écarts(zl
-z’)
ayant une distribution normale etune variance
indépendante
de x et y, onpeut
doncprévoir
zà partir
de x etde y avec une erreur au seuil de 95 p. 100 de l’ordre de +
0 , 29 6 kg
defromage (± t
67
; 2 ,
5% 6’)
La
précision
des coefficients derégression
b et c est assez faible(s b
= 0,0245,s!
=o,o16!!,
cequi
n’est pasétonnant, puisque
les estimations de b et c sont d’autantplus imprécises (les dispersions marginales
de x et y étantconstantes)
que le coefficient de corrélation rxy estplus
élevé.4
. Production de
f y omage par kg
de matière grasse etrapport protéines 1 graisse
dulait de chaudière.
Le
poids
defromage
parkg
de matière grasse mise en oeuvre(Z)
est en relation liné-aire avec le
rapport y x (
y =0 ,86).
La droite donnant l’estimée de Z est : YZ’ =
0 , 05 8
-!-o,2 1 8 x/y
d’où z4
=o,2i8 x
+0 , 05 8
y avec x et y en g p. i o0og (équation 4 ).
5.
Com!araison
desqasatre équations
Équations
1,2 et 3.En définissant l’efficacité comme le
rapport
des variancesliées,
onpeut
calculer que l’estimation(z,)
de zà partir
de x et de y estrespectivement
2,13 et i,i5 foisplus
efficace que les estimations(z,)
et(z 2 ).
L’estimation
(z,)
est elle-même1 ,85
foisplus
efficace que l’estimation(z i )
En se basant
uniquement
sur le taux deprotéines,
on obtient donc une très bonne estimation du rendement. Onpeut
se demander si l’amélioration deprécision
obtenuelorsqu’on
tientcompte
en outre de la richesse en matière grasse du lait estsignificative.
Le test du coefficient c relatif à y
(c/s!)
donne une valeur de3 , 3 6
hautementsignifi-
cative au seuil i p. 100. Le rendement
(z) dépend
donc bien de x et de y. C’est l’étroite relation entre ces deux variables dans les conditionspratiques
de fabrication à lafromagerie
de Censeau(r x y
=0 ,8 0 ) qui
nepermet
pas deséparer parfaitement
leurinfluence
respective. Puisque x
et yjouent
dans le même sens, en se basantunique-
ment sur y, on attribue à cette variable une
partie
de l’influence due à x et inver- sement. C’est cequi explique
que les coefficients derégression
de z sur y(b z y)
ouz sur x
(b zx )
soientrespectivement supérieurs
aux coefficients c et b de larégres-
sion
multiple
à 2variables.Équations 3 et
4.Les deux
équations
donnent le même résultat. La méthode de larégression multiple
fait intervenir une constante, mais cette dernière estpratiquement négli- geable.
A
Censeau, d’après
l’ensemble des résultats mensuels obtenus sur sixannées,
on
peut
doncprédire
le rendement enkg
defromage
frais(z)
avec une erreur de ±0 ,
300
kg
defromage
pour 100kg
delait,
dans 95 p. 100 des cas, selon l’une oul’autre des deux formules suivantes :
dans
lesquelles, rappelons-le,
taux deprotéines (x)
et tauxbutyreux (y)
sontexprimés
en g de
(protéines
ou degraisse)
pour i ooo g de lait.6. Observations concernant la relation entre x et y
Les teneurs en
protéines
des laits de chaudière sontégales
à celles des laits deproducteurs,
mais les teneurs en matière grassediffèrent,
car les laits de chau- dièrerésultent,
nous l’avonsdit,
d’unécrémage partiel
du lait livré. Enprenant
comme base la richesse moyenne du lait de 5 éleveurs fournissant environ 20p. 100 de la
quantité
totale de lait utilisée à lafromagerie,
cetécrémage
abaisse le tauxbutyreux
d’au moins 6 g degraisse
pour i ooo g de lait. Alors que lerapport x/y
du laitlivré est en moyenne de
o,88,
il est de r,o7pour le
lait de chaudière. Pour presque tous les moisconsidérés,
ce lait de chaudière étaitplus
riche enprotéines qu’en
matière grasse.A
Censeau,
endépit
des variations mensuellesimportantes
de la richesse dulait,
le fro-mager a
toujours
écrémé defaçon
que lerapport protéines/graisse
de son lait de chau-dière varie relativement peu
(le
coefficient de variabilité de cerapport
est de 3,7p100. ).
La
régression
de x sur y est linéaire(b x y
= 0,55pour l’ensemble des 70 observationsmensuelles),
mais les distributionsmarginales
de x et y sontplutôt
d’allure bimo-dales,
par suite des fluctuations saisonnières trèsmarquées,
notamment pour le taux deprotéines.
Lesrégressions
de z sur x ou de z sur x lié par y sontcependant linéaires,
comme nous avons pu le vérifier sur depetits
échantillonsayant
mêmeteneur en matière grasse.
7
. Variations de l’écart entre rendement observé et rendement
théorique
en
fonction
du mois defab y ication
L’analyse
de la variance des écarts entre rendements observés et rendementsthéoriques
calculés selonl’équation
4, ne révèle pas de différencesignificative
sui-vant le mois de l’année
(F
= 1,7 ; vl = II, V2 =68)
bien que, parrapport
aux rende-ments
théoriques attendus,
on constate uneperte
en mars-avril-mai et ungain
enseptembre-octobre-novembre.
Bien que non
significatives,
les différences observées au cours de ces deuxpériodes correspondent peut-être
aux variations saisonnières de la teneur en caséine du lait(MOCQ U
OT, 195 6,
B!xGM.w etJ OOST , i 953 )
et parsuite,
dupourcentage
deprotéines
entraînées dans le caillé
(J ENS E N ,
I’!n!RS!N,OvERGn.!Rn, 1954).
DISCUSSION
Le rendement en
fromage
estconditionné, essentiellement,
par lacompétence professionnelle
dufromager
et par des facteurs relevant de lacomposition
du laiten fabrication.
A
Censeau, pendant
sixannées,
le mêmefromager
a travaillé defaçon
uniforme.La
qualité
de son travail etl’importance
dechaque
« échantillon mensuel» ( 4 o
à 112ton-nes de
lait) permettent
de supposer que les variations aléatoires ont été réduites auminimum. La
composition
du lait(richesse
enprotéines
et matièregrasse) permet
doncd’expliquer
unegrande partie
de la variance totale du rendement :85
p. 100en utilisant
l’équation
3, mais aussi 81 p. 100à l’aide del’équation
2qui
tient uni-quement compte
de la richesse enprotéines
du lait dechaudière,
richessequi
reflètecelle des laits d’éleveurs. Dans les conditions bien
précises
d’obtention des laits de chaudière destinés à la fabrication duComté,
la teneur enprotéines
des laits livréspermet
donc de calculer une bonne estimation du rendement enfromage frais,
c’est- à-dire dupoids
defromage
queproduit
et vend directement leproducteur.
Dans
l’équation
3(tableau 3 ) qui
donne la meilleure estimation durendement,
le coefficient de
régression
b relatif au taux deprotéines
est3 ,8
foisplus
élevé que le coefficient derégression
c relatif au tauxbutyreux.
Ce résultat confirme les tra- vaux antérieurs cités au début de cetexposé,
enparticulier
ceuxprécisant
le rôledes
protéines
commeagents
de fixation de l’eau(eau
liée et eaulibre)
dufromage.
Le
rapport
de3 ,8
estcependant supérieur
à ceux que l’onpeut
déduire deséquations
du tableau i
qui
concernent presque toutes lefromage
de Cheddar. Bienqu’il
soitdangereux d’extrapoler
les résultats de chacune de ceséquations
en dehors des domaines de variation couverts par les variables ayant servi à leurcalcul,
onpeut, semble-t-il, expliquer
les écartsobservés,
par des différences dans lacomposition
des
fromages
résultant de lacomposition
du lait et par des différences dans les tech-niques
de fabrication. Eneffet,
ledécoupage
engrains
assez fins du caillé degruyère
et la
température
atteinte au cours de la cuisson( 52
à5 6 0 C)
sont autant de facteurs favorisant lespertes
en matière grasse dans lesérum,
alors que, pour une même varia- tion durapport TP/TB,
ledécoupage
du caillé engrains plus
gros et lestempératures
de cuisson et de pressage
plus
basses duCheddar,
entraînent uneperte
moindre degraisse
dans le lactosérum. Dans le cas de fabricationd’Emmental,
SCHUL2et KAY( 1957
)
aboutissent à uneéquation qui
ne doit pas êtresignificativement
différentede la
nôtre,
si l’on se souvient que les vraies valeurs de b et c ne sont pas connues, mais sontcomprises
avec uneprobabilité
de 95p. 100dans les intervalles suivants :0 , 1 6
7
ào,256
pour b et 0,022 à 0,090 pour c. Onpeut également
penserqu’avec
deslaits de
grand mélange,
la faible variabilité des teneurs engraisse
et surtout en pro- téines limite lasignification
des coefficients b et c. Enfait,
nous avons puvérifier,
sur un échantillon récent de 60 laits de chaudière
(correspondants
chacun à un seulfromage)
dont les teneurs enprotéines
et engraisse
variaient toutes deux de 27 à3
6
g p. i ooog que le rendement était estimé par uneéquation
très voisine.La
question
des tauxrespectifs
deprotéines
et degraisse
du lait se rattache àun autre
problème :
celui de savoirsi,
dans unerégion fromagère
comme leJura
parexemple,
il convient defabriquer
àpartir
d’unpoids
déterminé delait,
unpoids
maximum d’un
fromage réputé (gruyère
deComté)
et unequantité
relativement faible de beurre(de qualité
souvent médiocre et de commercialisationdifficile)
ou s’il faut conserver la
proportion
actuelle de beurre et defromage.
La solution dece
problème dépend
à la fois de facteurséconomiques
ettechniques.
Sur le
plan économique,
une étudeglobale s’impose
pour déterminer notamment lesprix respectifs
du gramme deprotéines
et du gramme degraisse.
Sur le
plan technique,
on doit tenircompte
des considérations suivantes :10
)
Pour obtenir un bongruyère
deComté,
il faut un lait de chaudière dont la teneur enprotéines
soit à peuprès égale
à la teneur engraisse :
un laittrop
pauvreen
graisse
donne unfromage qui
« manque depâte » (on
sait d’ailleurs que le minimumimposé
estde 45
p. 100 de matière grasse dans la substance sèche dufromage)
etun lait
trop
riche engraisse augmente
lesrisques
de lainure.2
°)
On a vu dans cette étude que le lait livrépossède
une richesse engraisse
nettement
supérieure
à sa richesse enprotéines :
c’est donc la richesse enprotéines,
et non la richesse en matière grasse,
qui
constitue le facteur limitant laproduction
de
fromage (tout
lepoids
degraisse
en excès dupoids
deprotéines
devant être trans-formé en
beurre).
Si
finalement,
on estime souhaitable defabriquer
relativementplus
defromage
et moins de
beurre,
il fautaugmenter
annuellement laquantité
deprotéines produite
par les vaches du
Jura,
sansaugmenter
- ou enaugmentant
dans uneproportion plus
faible - la
quantité
degraisse.
Un tel but doitpouvoir
êtreatteint,
en suivant un pro- gramme de sélection axé sur un accroissement de laquantité
delait,
de la teneur enprotéines
ainsi que durapport protéines/graisse
du lait. Il semble bien eneffet,
comme le constatent VON KROSIGK, VouNG et RICHARDSON(ig6o), P IRCH? Œ R ,
STUBER et TscHORrr!x(r 9 62),
que(par
suite de la variabilité différente des teneursen graisse
et
protéines)
la sélection sur le seul taux deprotéines
se traduise àlong
terme, parune amélioration corrélative du taux
butyreux légèrement supérieure
à celle obtenuepour l’élément directement
sélectionné,
cequi
reviendrait encore à diminuer le rap-port protéines/graisse.
Aucontraire,
la sélection sur cerapport
aurait peu de chances de provoquer une diminution de laquantité
de lait(l’accroissement
durapport protéines/graisse correspond
à une diminution du coûténergétique
de laproduction)
et
permettrait
en outre d’exercer une certaine sélectionnégative
sur la richesse enmatière grasse. Il
s’agit cependant
de maintenir un tauxbutyreux
satisfaisant auniveau des laits de
mélange,
notamment par élimination des vaches donnant des laitstrop
pauvres engraisse
au cours despremiers
mois de lactation.En
s’imposant
une limite minimum pour le tauxbutyreux
et en sélectionnant ensuite les animaux sur le taux deprotéines
et lerapport protéines/graisse,
deuxparamètres
dont l’héritabilité estsupérieure
à o,q(H ANSSON , i 95 6 ; Auxror&dquo; 19 6 2 ),
on devrait aboutir à une modification de la
proportion
entre matière grasse etprotéines
en faveur de ces dernières. Ces conclusionsprovisoires
demandent cepen- dant à être confirmées par des étudesgénétiques portant
sur unplus
vaste ma-tériel et en tenant
compte
du niveau deproduction
laitière. A notre connaissanceen
effet,
si la corrélationgénétique
entrequantité
et lait et tauxbutyreux
est bienconnue et se révèle presque
toujours négative,
celle existant entrequantité
de laitet taux de
protéines
n’a faitl’objet
que de raresinvestigations (R OB E R T SON ,
WarT!et
W H ITE, 1956).
Re Ç
u pour
publication en février
1963.REMERCIEMENTS
Nous remercions le
président,
lefromager
et lesproducteurs
de la fruitière de Censeau de l’aidequ’ils
nous ontapportée
pour ce travail.SUMMARY
RELATIONSHIP BETWEEN THE YIELD OF ((GRtJYkRE DE COVITIi» CIIEESE AND THE FAT AND PROTEIN CONTENT OF TIIE « KETTLE )) MILK.
A
study
of therelationship
between theweight
of «Gruyère
de Comté » cheese and the fat andprotein
content of the milk from which it was manufactured was carried out during theperiod
1956- 196
2at a cheese
factory,
in theJura
district.Every
month asample
of milk, constitutedby representative samples
from all the « kettles nin the
factory,
was collected andanalysed
and the totalweight
of cheese manufactured and theweight
of milk received at thefactory
were recorded. The cheeseweight
obtained from 100kg
ofmilk (cheese
yield)
was then estimated(table
3) from the butterfat content(first equation),
from theprotein
content(second equation)
and from both the butterfat andprotein
contents(third equation).
The standard deviation of the differences between the
yield
for 100kg
of milk estimated (fromthe three
equations)
and the actualyield
isrespectively
220g of cheese for the firstequation,
165g for the secondequation
and 151 g for the thirdequation.
In the thirdequation,
theregression
coef-ficient
applied
for theprotein
content is 3.8 timeshigher
than the oneapplied
for butterfat content.The
comparison
betweenproducers’
milk and « kettle n milk. makes it obvious that the selection should aim atincreasing
theprotein
/fat ratio inproducer’s
milk, at least in those districts whereGruyère
manufacture utilises a large part of the milkproduced.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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dans la région du gruyère. I. Plateau de Nozeroy (Jura). Ann. Zootech., 2, g5-rzo.
A
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BEAU M., i go6. Sur le payement du lait d’après sa richesse. Lait, 6, 93-94. B
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differeat periods of the year, as well as the effect of the said variations on the cheese yield and on the com- position of the cheese. X II leCongr. int. Laiterie, La Haye, 2, 83-88-