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Israël et le sionisme

SHLONSKY, Ur

SHLONSKY, Ur. Israël et le sionisme. In: Bricmont, J. & Franck, J. Chomsky. Paris : L'Herne, 2008. p. 329-339

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:102188

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A paraître dans : Jean Bricmont & Julie Franck (éds.) Noam Chomsky. Cahier Num ??. Editions L’Herne. 2006.

Israël et le sionisme

Ur Shlonsky u.s@alum.mit.edu

Dans la préface à son ouvrage Knowledge of Language, Chomsky mentionne deux problèmes qui l’intriguent : « comment possédons-nous un tel savoir alors que nous sommes devant si peu d’évidence et comment maitrisons-nous si peu de savoir alors que nous avons autant d’évidence? On pourrait appeler le

premier le problème de Platon et le deuxième, le problème d’Orwell....»

Le débat sur Israël et le sionisme illustre bien le problème d’Orwell. L’histoire de l’établissement de cet Etat, ses liens avec l’Occident et sa politique envers le peuple palestinien occupent une position majeure dans nos médias. Il n’est toutefois jamais facile d’avoir un débat franc et rationnel sur Israël. On demeure souvent avec le sentiment qu’Israël est un cas particulier auquel les normes éthiques et politiques admises dans d’autres pays ne s’appliquent pas. Le traitement ‘spécial’ accordé à Israël en Occident contribue à fausser le conflit israélo-arabe et entrave sa résolution.

Les écrits politiques et historiques de Chomsky étudient les mécanismes idéologiques des sociétés occidentales et décryptent les non-dits et les

manipulations des discours officiels. Le but de cette contribution est, de façon

‘chomskyenne’, de proposer une ligne de base pour un débat rationnel sur Israël

Ce texte a profité du regard critique et des commentaires détaillés de Shirine Dahan. Un grand merci aussi à Julie Franck pour ses commentaires sur une version précédente.

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et le sionisme. Elle rappelle les repères historiques fondamentaux et suggère une trame conceptuelle pour mieux comprendre la nature de cet Etat.

Imaginons un puissant ministre occidental déclarer que les juifs - la minorité la plus importante dans son pays - constituent une menace démographique, que cette menace est due à un taux de naissance élevé et que des mesures

devraient être prises par l’Etat pour le contenir. Imaginons encore que cette affirmation ne représente pas l’opinion personnelle d’un ministre extrémiste mais exprime un point de vue partagé par un grand nombre de représentants de l’Etat en question, de chefs religieux et d’autres personnalités publiques ainsi que par une grande part de la population. Lorsque les juifs se rendent dans ce pays imaginaire, ils rencontrent régulièrement des affiches et des graffiti qui appellent à leur extermination et à leur expulsion du pays.

Remplaçons, dans cette description, ‘juif’ par ‘palestinien’ ou ‘arabe’ et nous obtenons un portrait un peu simpliste mais essentiellement valide de ce qu’est signifie être citoyen arabe en Israël.

Israël se définit comme un Etat juif, à savoir, un Etat dont tout individu juif provenant de n’importe où dans le monde est citoyen potentiel. Contrairement à la France, la Belgique ou la Suisse, Israël n’est de manière officielle pas l’Etat de tous ses citoyens, juifs et non juifs. C’est donc par définition qu’un non juif dans cet Etat juif est un citoyen de second rang.

La discrimination est inhérente à Israël et caractérise, depuis bientôt soixante ans, l’attitude de ce pays envers environ 20% de sa population; l’étendue de

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cette discrimination et le systématisme avec lequel elle est appliquée dans la vie quotidienne dépendent des gouvernements au pouvoir.

Le sionisme est le nom du projet politique qui a mené à la création d’Israël et qui assure l’édifice discriminatoire sur lequel il s’est bâti. Etre opposé au sionisme ou être antisioniste c’est être opposé à cet Etat tel que défini ci-dessus. Noam

Chomsky a toujours souligné qu’être progressiste en Occident implique

d’appliquer aux sociétés et aux Etats occidentaux ainsi qu’aux Etats soutenus par l’Occident les mêmes normes éthiques et politiques que celles appliquées

ailleurs. Une fois ceci admis, l’antisionisme va de soi et ne nécessite aucune justification.

“Un pays, large et spacieux ; pour nous”

Pour que se réalise le projet sioniste, il a fallu procurer des terres à la

colonisation juive tout en diminuant la population palestinienne. D’où l’expulsion et l’expropriation d’environ 700'000 habitants arabes avant, pendant et suite à l’établissement de l’Etat d’Israël en mai 1948.1

1 Le débat historique sur le ‘vrai’ nombre des réfugiés Palestiniens expulsés manu militari par les

forces militaires israéliennes en 1948 par opposition à ceux qui ont ‘fui’ les combats est un débat purement académique. Le fait essentiel est que tous les réfugiés palestiniens, y compris ceux qui ont quitté le pays ‘volontairement’ – comme le faisait une partie de la bourgeoisie urbaine – ou ceux qui se sont déplacés en accord explicite avec les forces israéliennes – comme les habitants des villages Bir’am et Ikrit dans le Nord du pays - se sont trouvés de facto expulsés et dépossédés au lendemain de la guerre. Malgré maintes résolutions de l’ONU qui l’exigent formellement (la première, 194, date du 11 décembre 1948), Israël a toujours catégoriquement refusé le retour des réfugiés ou leur indemnisation.

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Cette épuration ethnique, pour emprunter un terme introduit durant les dernières guerres en ex-Yougoslavie, a été minutieusement planifiée et rigoureusement exécutée. Les responsables n'étaient pas des militaires anonymes mais souvent des personnalités célèbres dans le paysage politique israélien. Contrairement à la version historique officielle, ces expulsions se sont accompagnées de massacres, de viols et de pillages massifs de propriété. La plupart des 400 localités arabes concernées ont par la suite été rayées de la carte. On a dynamité les maisons pour empêcher tout retour des réfugiés et planté des forêts pour camoufler les ruines.2

Cet événement historique a pour nom la Nakba (‘catastrophe’ en arabe.) en Occident, la Nakba est l’objet d’un négationnisme pernicieux. On l’occulte et l’a banalise. Pire, on exige de ses victimes qu’elles l’effacent de leur mémoire, faute

2 Une vingtaine de massacres sont mentionnés dans Erlich, Guy, 'Not Only Deir Yassin', Ha'ir, 6 May 1992. (Trad. anglaise par Elias Davidsson,

http://student.cs.ucc.ie/cs1064/jabowen/IPSC/articles/article0001877.txt). Erlich cite ces propos de l’historien Arie Yitzhaki:

“In almost every conquered village in the War of Independence, acts were committed, which are defined as war crimes, such as indiscriminate killings, massacres and rapes."

Voir également Pappe, Ilan. 2001. ‘The Tantura Massacre’. Journal of Palestine Studies, 119, Vol.

XXX, Num. 3.

Moins d’informations sont disponibles sur la question de viols, mais voir la révélation relatée en novembre 2003 dans The Guardian :

http://www.guardian.co.uk/israel/Story/0,2763,1077148,00.html.

La stratégie consistant à cacher les ruines des villages arabes par la plantation de forêts figure en filigrane du célèbre conte de l’écrivain israélien A.B. Yehoushua, Devant les forêts.

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de quoi, leur explique-t-on, aucune solution au conflit israélo-palestinien ne sera envisageable. La simple affirmation de ces faits historiques est perçue comme une forme d’extrémisme, une transgression des limites de ce qui est dicible, voire même comme des propos antisémites.3

Les actions des unités militaires juives et, après mai 1948, de l’armée

israélienne, ont inversé la démographie de la Palestine en l'espace de quelques mois. L’agence immobilière de l’Etat d’Israël s’est appropriée des foyers

palestiniens désertés dans les zones urbaines qu’elle a mis à disposition des immigrés juifs dès 1950. A partir de 1960, les anciens quartiers de la bourgeoisie arabe de Jérusalem et, dans une moindre mesure, de Haïfa et Jaffa, se sont vu progressivement transformés en des quartiers chics prêts à accueillir

l’aristocratie urbaine juive. Ce processus s’est amplifié après le boom

économique qui a suivi la guerre de juin 1967 et, aujourd’hui, si l’expression hébreu ‘avoda aravit’ (travail arabe) désigne une main d’œuvre de mauvaise qualité, ‘bayt aravi’ (maison arabe) fait référence à une résidence de luxe.4

3 Voir la discussion et les références dans Vidal, Dominique. 1988. Le péché originel d'Israël.

L'expulsion des Palestiniens revisitée par les "nouveaux historiens". Paris : Éditions de l'Atelier.

4 Le premier terme a une longue histoire, remontant au début du 20e siècle, à l’époque où les

ouvriers agricoles juifs étaient en concurrence sur le marché du travail avec les ouvriers

palestiniens. Ces derniers coûtaient moins cher à leurs employeurs, étaient plus productifs et plus adaptés au climat et à l’état général du pays que les juifs, souvent inexpérimentés, venus de l’Europe de l’Est. Le mouvement ouvrier juif se battait pour la ‘avoda ivrit’ ou le travail juif, s’attaquant aux employeurs juifs dans les villages agricoles (mochavot) qui engageaient des palestiniens. Le terme ‘travail juif’ est aujourd’hui quasiment absent du discours politique tandis

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Les villes et les quartiers arabes, où la population palestinienne a survécu à l’épuration de 1948, se sont transformés en des ghettos où règnent la pauvreté et la misère sociale (je me réfère à Akka, Lidda, Ramle ou, dans leurs noms hébraïsés Ako, Lod et Ramla).

Dans les zones à population palestinienne plus dense, comme la Galilée, une politique démographique nommée judaïsation a été mise en place à partir des années cinquante. Un arsenal de lois foncières, telle la loi de 1950 sur la

Propriété des Absents, a permis à l’Etat de s’accaparer des millions d’hectares de terres palestiniennes en les déclarant Terres d’Etat. Ces terres ont par la suite été allouées à la colonisation juive.5

La même politique est toujours appliquée, mais le terme de judaïsation a été remplacé par celui de développement, un euphémisme mieux adapté au langage

que le terme ‘travail arabe’ est toujours utilisé mais dans un sens péjoratif, servant comme prétexte à maintenir les salaires des ouvriers arabes aussi bas que possible.

Dans la même optique, c’est l’intérêt de valoriser les propriétés des anciens quartiers arabes sur le marché immobilier qui sous-tend l’évolution du deuxième terme. L’absurde réside dans le fait que les maisons arabes ont été construites par des ouvriers arabes.

5 Un Absent est toute personne, qui, le 1 septembre 1948,

"...était présente dans un lieu en Eretz Israël se trouvant entre les mains de forces qui voulaient empêcher l'établissement de l'Etat d'Israël ou qui prenaient les armes contre lui après son établissement...". (Voir:

http://www.geocities.com/savepalestinenow/indexisraelilaws/absenteepropertylaw.htm=

A noter, en particulier la formulation tortueuse empruntée pour éviter le mot ‘arabe’.

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politiquement correct car il est implicite que tout développement concernera les seules zones juives.

De nombreux règlements sont en place dans le but d’empêcher l’expansion territoriale naturelle des localités arabes due à la croissance démographique.

L’Etat bloque le développement des zones résidentielles arabes en limitant le nombre de permis de construction qu’il délivre et en punissant par la démolition toute construction ‘illégale’. Dans des zones considérées démographiquement stratégiques, comme la Galilée ou le Néguev, des villes et des villages For Jews only ont été établis (p. ex., Omer, Nazareth-Ilit, Carmiel). Dans le Néguev, l’Etat

a crée des ‘Centres de concentration’ (terme officiel) pour des dizaines de milliers de bédouins palestiniens (non-migrants) dans le cadre d’une campagne destinée à les déplacés et à les exproprier.6

6 “The reason for the state's long-running battle with the Bedouin is the Zionist mission to "free up"

the huge land mass of the Negev -- some two-thirds of Israeli territory -- for Jewish immigration.”

J. Cook dans Middle East Report, 10.05.2003: http://www.merip.org/mero/mero051003.html.

“The declared intentions of the programs for urbanizing the Bedouin were to create conditions that would enable the provision of basic services to the Bedouin population. The real purpose, however, was to concentrate them in urban locales and prevent them from cultivating, living on and/or claiming ownership of the lands the state had expropriated…

…Successive governments of Israel have dealt with the Negev Bedouin via a policy based on massive and systematic transfer of people to permanent towns and registration of Bedouin lands as state lands. This policy is intertwined with the nationalist vision of its Zionist sources: The Negev was perceived as an empty space (“a state without a people”) that needs to be populated. The Bedouin were portrayed as representing a backward culture now in its terminal stages of disappearing from the theater of history. As a consequence of this policy, the Bedouin were stripped of their assets and expelled from the land that provided their livelihood.” (Abu-Sa’ad, Ismael, Bedouin towns in Israel at

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Israël étant un Etat de droit, la nature juive de l’Etat a dû être juridiquement définie. Il existe deux lois fondamentales qui déterminent la judaïté de l’Etat d’Israël. En 1950, la Knesset a voté la Loi du Retour, selon laquelle tout juif a le droit d’immigrer en Israël et la Loi de Propriété des Absents, qui a officialisé la dépossession des biens immobiliers arabes.7 Ces deux lois permettent à tout juif de devenir citoyen israélien tandis que 4 ou 5 millions des personnes, les

réfugiés de 1948 et leurs descendants, sont dépourvus de ce droit.

Maintes ordonnances et pratiques institutionnelles et juridiques portent en outre l’empreinte du clivage entre juif et non juif. Le règlement de l’Autorité des Terres d’Israël interdit, par exemple, la location de terres publiques (seulement 7 à 8%

sont privées) à des non juifs pour des périodes excédant 11 mois. L’allocation d’eau, une ressource rare dans la région, favorise systématiquement les agriculteurs juifs. Les villages agricoles en Israël, tels les kibboutzim et les mochavim n’admettent pas de membres palestiniens.

Outre les restrictions foncières, les citoyens arabes d’Israël sont soumis à de nombreuses discriminations. Un grand nombre d'allocations octroyées par l'Etat et par des institutions paraétatiques sont conditionnées à l'accomplissement du service militaire (par le requérant ou par un membre de sa famille proche). Cette

the start of the 21st century. Department of Education, Ben-Gurion University.

http://www.sikkuy.org.il/2003/english03/pdf/bedouinEn03.pdf.)

7 Pour la Loi de Propriété des Absents, voir note 5. Pour la Loi du Retour, voir http://www.mfa.gov.il/mfa/go.asp?MFAH00kp0.

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pratique et sa formulation ont pour seul but d'en priver les citoyens palestiniens.8

Dans le domaine sensible de l’éducation, le gouvernement israélien maintient deux systèmes, un pour les enfants juifs et un autre pour les enfants

palestiniens. Un rapport de Human Rights Watch daté de 2001 résume ainsi la situation: “La discrimination contre les enfants arabes palestiniens colore chaque aspect des deux systèmes.” 9

Les universités admettent juifs et arabes mais un système officieux de quotas prévaut dans plusieurs facultés. Parmi les critères d’admission aux universités israéliennes sont les examens de Maturité Nationale ainsi que des examens d’aptitude. Ces derniers ont été supprimés pendant quelques années car ils ont été considérés culturellement biaisés. On les a néanmoins ré instituer en 2003, lorsqu’une augmentation du nombre d’étudiants arabes a été constatée.10

Les Palestiniens d'Israël sont porteurs d'un passeport israélien et ont le droit de vote. Ils peuvent donc formellement être élus au Parlement (Knesset).

Cependant, la loi israélienne interdit la participation aux élections à tout parti

8 Une dispense spéciale permet de remplacer le service militaire par des études théologiques, mais seulement pour les juifs car ils accomplissent, selon l’explication officielle, un service spirituel à la nation.

9 Traduit de : http://www.hrw.org/reports/2001/israel2/ISRAEL0901-01.htm#P303_12138.

10 Relly Sa'ar, ‘Universities return to aptitude exams to keep Arabs out.’ Ha’aretz, 27 novembre, 2003.

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qui, dans ses buts ou actions, "nie l'existence de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat du peuple juif." Autrement dit, il est illégal de présenter aux élections un parti

politique mettant en cause les fondements discriminatoires de l’Etat.

Les racismes officiel et officieux sont ouvertement assumés dans les débats politiques à l’intérieur d’Israël. En effet, le débat public y est étonnement ouvert, puisque l’édifice discriminatoire est perçu par une grande majorité de la

population comme nécessaire (un mal nécessaire, pour certains) et destiné à garantir l’hégémonie et la domination juives en Palestine.

Le problème démographique

Depuis quelques années, il devient clair que la survie de l’Etat juif nécessitera une diminution plus radicale de la population palestinienne. Le taux de naissance arabe est presque le double du taux de naissance juif. Les tentatives politiques d’inverser la situation en judaïsant des terres dans la Galilée ou en ghettoïsant les Bédouins dans le Néguev n’ont eu qu’un impact dérisoire sur la proportion d’arabes dans l’Etat juif.

Le déclin de l’immigration juive en Israël depuis la fin des années 1990 est un facteur supplémentaire qui pèse sur la situation démographique.

Dès lors, le discours public témoigne d’un vif sentiment de crise imminente. Lilli Galili, journaliste de Ha’aretz, écrit le 28 juin 2002:

« Le nouvel intérêt pour la démographie touche au fondement de l’Etat, à sa définition comme Etat juif. Pour la première fois dans l’histoire du débat public, même les gauchistes le plus fervents doivent se confronter à cette vérité. Il n’est

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plus possible de s’abriter derrière des déclarations banales comme «il n’y a aucune contradiction entre un Etat juif et un Etat démocratique » ou derrière des slogans creux sur la coexistence. Celui qui adhère au principe d’un Etat juif ne peut ignorer les chiffres démographiques présentés noir sur blanc dans des dizaines de publications sur le sujet. Le caractère de l’Etat, sa carte d’identité, dépendent dès lors des définitions basées sur ces chiffres. Le fait que la majorité écrasante des citoyens juifs s’accroche à la définition d’Israël comme « Etat juif » ne permet aucune autre démarche. »

La démographie d’Eretz Israël, publié en 2001 par le professeur Arnon Sofer de

l’Université de Haïfa, a sensiblement augmenté les inquiétudes israéliennes. Il démontre, en effet, qu’en 2025 les non juifs constitueront une majorité dans les territoires à l’ouest du Jourdain. La contribution de Galili, citée plus haut, fut écrite dans le sillage d’une loi votée par la Knesset qui réduisait de 24% les allocations de la Sécurité Nationale pour les enfants dont les parents n’ont pas accompli leur service militaire. A propos de cette loi, Galili commente :

« Il est évident que les ultra-orthodoxes [dispensés de service militaire ; voir note 8] qui ont des grandes familles pourront trouver un arrangement... Cette législation est manifestement une tentative de limiter le taux de naissance au sein de la partie arabe de la société. »

Les considérations démographiques ont incité la Knesset à voter en juin 2003 la Loi de Citoyenneté et Entrée en Israël. Cette loi, destinée selon B’tselem – Le Centre d’information Israélien sur le Droits Humains dans les Territoires Occupés

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– à « assurer le racisme dans la loi », prive les conjoints originaires de la Cisjordanie et de Gaza des citoyens israéliens du droit de résider en Israël.11

Dans ce contexte, la déclaration de Benjamin Netanyahou selon laquelle « les arabes israéliens constituent un problème démographique et pour que le caractère juif de l’Etat ne soit pas englouti par la démographie, il faut assurer une majorité juive » (Ha’aretz, 17 décembre 2003) faisait écho à une opinion répandue dans le paysage politique israélien.

Le débat politique actuel en Israël est centré sur des arrangements territoriaux et démographiques nécessaires à préserver la domination juive en Palestine. Il faut noter que la possibilité d’accorder une égalité des droits aux non juifs n’a été envisagée par aucun gouvernement israélien. Si tel avait été le cas, l’Etat juif tel que l’envisage le sionisme aurait cessé d’être.

C’est dans le contexte de la ‘menace démographique’ que nous devrons

considérer les divers plans de paix des dernières 15 années, y compris le célèbre Plan d’Oslo. Nombre de commentateurs israéliens avaient rapidement saisi les motifs qui sous-tendaient ce plan. Ecrivant dans Ha’aretz du 27 avril 1995, Meron Benvinisti ne pouvait être plus explicite :

« Le processus d'Oslo, ses conséquences en terme de ségrégation [entre juifs et palestiniens] et en terme de sécurité pour Israël, a pour but de

11 http://www.btselem.org/english/special/030618_enshrining_racism_in_law.asp. Cette loi vient après des années de limitations draconiennes de la réunification des familles, particulièrement à Jérusalem. Concrètement, les autorités israéliennes forcent les couples palestiniens dont l’un des conjoints est un résident de Jérusalem à quitter la ville et à s’installer en Cisjordanie.

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recouvrir l’épuration ethnique menée par Israël d’une aura de respectabilité. Certes, l'usage de ce terme peut être vu comme une

marque d'extrémisme, mais à mon opinion... le bouclage des territoires, la délimitation des régions où l'espace public est nettoyé de la présence arabe, constituent de parfaits exemples d’épuration ethnique. »

Le concept d’épuration ethnique (ou ‘transfert’ en hébreu) est intrinsèque au sionisme. David Ben Gurion, chef de file du mouvement sioniste travailliste avant la création d’Israël et premier Premier Ministre, l'a exprimé clairement lors d’une session de l'exécutif de l'Agence Juive en juin 1938.12

“La solution du problème arabe dans un Etat juif… doit commencer par la conclusion d'un accord avec les pays arabes qui permettra un transfert des arabes hors de l'Etat juif vers les pays arabes. »

Pour Ben Gurion, l’emprise juive sur la Palestine devait s’effectuer par étapes. Il soutenait le Plan de Partition de la Palestine de 1947 (ce plan accordait 30% de la Palestine à la majorité palestinienne et 70% à la minorité juive et c’est

principalement pour cette raison qu’il fut rejeté par les délégués arabes) en envisageant la stratégie suivante:

"Lorsque nous serons parvenus à constituer une grande force, à la suite de l'établissement de l'Etat, on supprimera la partition du pays entre juifs et arabes et on luttera pour une expansion d’Eretz Israël. »13

12 Voir Seguev, Tom. 2000. C’était en Palestine au temps des coquelicots. Paris: Liana Levi.

13 Flapan, Simha. 1987. The Birth of Israel. London: Croon Helm. p.22.

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Yosef Weitz, le directeur du Département de Terres de l'Agence Juive et un proche de Ben-Gurion, était plus explicite. Dans son journal du 20 décembre 1940, il écrit:

“Il devrait être clair qu'il n'y a pas de place dans ce pays pour deux peuples...Si les arabes le quittent, le pays deviendra large et spacieux pour nous...Il n'y a pas d’autre solution que de transférer les arabes d'ici vers les pays voisins, sauf, peut être, les arabes de Bethlehem, Nazareth et Jérusalem. Aucun village ne devrait être laissé sur place, aucune tribu bédouine. Le transfert devrait être dirigé vers l'Iraq, la Syrie et la

Transjordanie. On trouvera des fonds pour mener ce projet à terme...

Après ce transfert ce pays sera en mesure d'absorber les millions de nos frères et le problème juif cessera d'exister. Il n'y a pas d'autre

solution. »14

Entre 1948 et 1967, la débat public sur la question du ‘transfert’ a été relégué au second plan. La guerre de 1948 s’est soldée par l’écrasement de la société

palestinienne : aucun danger tangible ne menaçait plus la nature juive de l’Etat.

L’occupation des territoires palestiniens pendant la guerre de 1967 et la

croissance naturelle de la minorité palestinienne dans les années 70s et 80s ont remis la ‘menace démographique’ au premier plan des préoccupations publiques.

Depuis les années 90, le discours ‘transfériste’ est redevenu respectable.

14 Morris, Benny. The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949. p.27.

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Plusieurs versions de ce discours existent dans le paysage politique. Par exemple, celle agressive de ‘transfert’, exprimée par l’ex-ministre des

Transports, M. Avigdor Liberman. Liberman soutient l’expulsion manu militari des palestiniens qui n’auront pas juré loyauté à l’Etat d’Israël en tant qu’état juif. Il s’agit ici d’expulser les palestiniens du Grand Israël, qui s’étendrait, selon la mythologie nationale, du Jourdain à l’est à la Méditerranée à l’ouest.

Une autre version ‘allégée’, nommée ‘transfert volontaire’ est défendue par feu Rehavam Ze’evi, assassiné en 2001.15 M. Effie Eitam, ex-ministre du Logement et Construction soutien, quant à lui, la version du transfert ‘par nécessité’.

Le camp transfériste est bien représenté au sein du Parti de Travail et il est dominant dans le Likoud, dans les partis juifs orthodoxes et dans les autres mouvances de la droite parlementaire. On trouve, à l’autre bout de l’échiquier politique, la gauche sioniste dont un des textes les plus éloquents a été rédigé par l’ex-ministre travailliste Avraham Burg, Président de l’Agence Juive de 1995 àt 1999 et Président de la Knesset de 1990 à 2003 :

« Entre le Jourdain et la Méditerranée, il n'existe plus de majorité juive claire. Et donc…on ne peut garder tout sans en payer le prix. Nous ne pouvons pas garder sous la botte d'Israël une majorité palestinienne, et

15 L’aspect ‘volontaire’ du transfert a été clarifié par le Rabbin Benyamin Elon, ex-ministre de

Tourisme. Elon dresse une analogie entre le transfert et le cas d’un époux juif qui refuserait le divorce à son épouse. Puisque le tribunal rabbinique ne peut imposer le divorce, l’autorité religieuse est amenée à appliquer des mesures coercitives pour persuader l’époux obstiné : menaces d’excommunication, violence physique ou détention, jusqu’à ce qu’il répudie son épouse

‘volontairement’.

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en même temps nous prendre pour la seule démocratie du Moyen-Orient.

Il ne peut pas y avoir de démocratie sans droits égaux pour tous ceux qui vivent ici, Juifs et Arabes. Nous ne pouvons pas conserver les territoires et une majorité juive dans le seul Etat juif du monde, pas par des moyens humains, moraux et juifs.

Vous voulez le Grand Israël ? Pas de problème. Laissons tomber la démocratie. Instituons un système efficace de séparation raciale, avec camps de prisonniers et villages de détention. Le ghetto de Qalqilya et le goulag de Jenine.

Vous voulez une majorité juive ? Pas de problème. Mettons les Arabes dans des wagons, des bus, sur des chameaux et sur des ânes, et

expulsons-les en masse. Ou bien séparons-nous d'eux absolument, sans trucs et sans gadgets. Il n'y a pas de voie du milieu. Nous devons évacuer les colonies. Toutes les colonies. Et tracer une frontière internationalement reconnue entre le foyer national juif et le foyer national palestinien. La loi juive du retour ne s'appliquera qu'à l'intérieur de notre foyer national, et leur droit du retour ne s'appliquera qu'à l'intérieur des frontières de l'Etat palestinien.

Vous voulez la démocratie ? Pas de problème. Ou bien nous renonçons au Grand Israël, jusqu'à la dernière colonie et au dernier avant-poste, ou bien nous donnons la totalité des droits civiques, dont le droit de vote, a tout le monde, y compris aux Arabes. Le résultat, évidemment, sera que ceux qui

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ne voulaient pas d'un Etat palestinien à côté d'eux l'auront chez eux, par l'intermédiaire du bulletin de vote. » (Le Monde du 11 septembre 2003)

Burg s’exprime avec grande clarté : afin de préserver une domination juive dans un état démocratique, il faut assurer une majorité juive. Sans cela, un système d’apartheid verra le jour. Deux lignes de conduite peuvent être adoptées pour assurer la majorité juive : soit l’expulsion de quelques millions de palestiniens (en reproduisant sur une échelle plus vaste la Nakba de 1948) soit le retrait aux frontières d’avant juin 1967. Burg opte pour la seconde alternative.

Vu de l’intérieur du camp sioniste, la position de Burg est radicale. Il n’hésite pas à nommer la brutalité de l’occupation israélienne et reconnaît à la résistance palestinienne sa légitimité. Il estime que le contrôle prolongé de la Cisjordanie et de Gaza est une erreur politique grave et soutient un retrait aux frontières

définies par la communauté internationale dans la résolution 242 de l’ONU.

L’analyse de Burg remet en cause la politique israélienne plus profondément que les occasionnelles critiques émises par l’Union Européenne. Par son appui

stratégique à la politique américaine au Moyen-Orient (du Plan d’Oslo jusqu’à la Feuille de Route) l’UE a, pour sa part, perdu de vue l’illégalité de l’occupation qui est au centre de la résolution 242.

Burg n’aborde pas le problème que les palestiniens israéliens posent au projet sioniste. Il est toutefois clair que sa conception d’Israël comme Etat Juif (avec une Loi de Retour juive) implique leur exclusion. Quelles que soient ses

frontières internationales finales, Israël, selon Burg, restera l’Etat d’une

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communauté ethnico-religieuse. Un arabe israélien dans un Etat juif ne jouira jamais des droits et des libertés qui définissent la citoyenneté d’un juif français en France ou américain aux Etats Unis.

Le même postulat mais une mise en œuvre radicalement différente sous-tend le programme de ‘séparation unilatérale’. Ce plan, bâti par l’ex-premier ministre Ehud Barak, a représenté la clef de voûte de la politique du Parti du Travail aux élections de 1999, avant d’être adopté par Ariel Sharon et par une partie

importante du Likoud. La plate-forme travailliste de 1999 a mis en avant l’urgence d’:

« agir en faveur de la séparation physique des deux peuples, tout en agissant ensemble dans la guerre contre le terrorisme, la consolidation des liens économiques et le renforcement de la confiance. Seule une séparation de ce type apportera la sécurité personnelle au peuple d’Israël et servira ses intérêts politiques, sécuritaires et moraux. » 16

La ‘séparation’ est utilisée comme justification idéologique pour la politique de

‘désengagement’ du gouvernement de Sharon. Les deux volets principaux de cette politique sont le démantèlement des colonies de peuplement juives à Gaza (réalisé en été 2005) et la construction du Mur de Séparation en Cisjordanie (en cours d’exécution). Le pacifiste Uri Avneri affirme qu’au terme de ce processus:

16 Traduit de http://www.knesset.gov.il/elections/knesset15/eoneisrael_m.htm

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«une grande partie de la Cisjordanie sera de facto annexée à Israël. On laissera le reste aux Palestiniens qui seront isolés dans des enclaves dans lesquelles il n’y aura plus de colonies» 17

La différence entre une ‘colombe’ comme Burg et un ‘faucon’ comme Sharon est que Sharon voudrait étendre la domination juive sur une partie aussi large que possible de la Palestine. Sharon compte anéantir la résistance et instituer des mesures visant à empêcher un quotidien social, économique et politique viable aux palestiniens. Ceci devrait les inciter à l’immigration vers la Jordanie, par exemple, que Sharon a toujours considérée comme leur refuge historique.18

Cette stratégie n’est pas nouvelle. Moshé Dayan, héro de la guerre des Six Jours l’avait déjà formulée: « Nous n’avons pas d’autre solution : vous continuerez à vivre comme des chiens ; ceux qui le voudront pourront partir et on verra à quoi ce processus mènera. » 19

Les ‘colombes’ sionistes partagent le rêve d’un Grand Israël nettoyé de ses arabes mais considèrent la stratégie de Sharon comme immorale et/ou non réaliste. Elles sont par conséquent prêtes à rendre une partie des territoires occupés et à permettre l’établissement d’une sorte d’Etat palestinien en

17 23.12.2003. Traduit de

http://www.zmag.org/content/showarticle.cfm?SectionID=22&ItemID=4753

18 Voir, par exemple, Sussman, Gary, ‘Ariel Sharon and the Jordan Option’, Middle East Report Online, March 2005: http://www.merip.org/mero/interventions/sussman_interv.html

19 Chomsky, Noam. 1991. Deterring Democracy. London: Verso. p. 434.

(21)

Cisjordanie et à Gaza.20 ‘Colombes’ et ‘faucons’ sont toutefois d’accord sur la nécessité de défendre un état juif et d’assurer une supériorité démographique juive.

L’analogie souvent établie entre le projet sioniste et l’apartheid sud-africain n’est ici pas pertinente puisqu’en Afrique du Sud il n’y a jamais eu de plan visant à modifier l’équilibre démographique en faveur des blancs. Par ailleurs, les sionistes ont toujours eu un regard très lucide sur l’instabilité et les dangers inhérents à un système politique où une ethnie minoritaire exerce une autorité sur une majorité indigène.

L’immigration

Qu’ils soient pour ou contre l’épuration ethnique, les sionistes sont unis dans la place centrale qu’ils accordent à l’immigration juive en Israël comme solution au problème démographique.21 Ainsi, le discours, cité plus haut, de Netanyahou, lors d’une conférence sur le problème démographique, évoquait l’immigration comme première solution au problème. Sharon a souvent mentionné son projet de faire venir un million de juifs en Israël dans les prochaines années.22

La rhétorique autour de l’immigration est incontestablement démentie par la réalité démographique de la diaspora juive contemporaine. 5.1 million de juifs

20 L’expression ‘une sorte d’Etat palestinien’ est voulue. Le plan de paix le plus progressiste prévoit un Etat palestinien privé d’armée et donc incapable de se défendre.

21 Aliya est le terme hébreu pour ‘immigration’, ce qui signifie ‘montée’ ; l’émigration est yerida ou

‘descente’.

22 Voir, par exemple, Brockes, Emma, ‘The bulldozer’, Guardian (7 novembre 2002).

(22)

vivent en Amérique du Nord, environ 1 million en ex-URSS et 600,000 en

France. De plus petites communautés se trouvent au Royaume Uni (300,000), en Argentine (230,000), au Brésil (130,000), en Afrique du Sud et en Australie (environ 100,000 dans chacun) et des communautés encore plus modestes dans d’autres pays d’Amérique Latine ainsi qu’en Europe.23

Les juifs d’Amérique du Nord sont moins fortement visés par la politique

d’encouragement à l’aliya (voir note 21). Ceci est une des raisons pour lesquelles depuis 1948, moins de 100,000 juifs nés aux Etats Unis ont immigré vers Israël,

« un nombre dérisoire en comparaison des 400,000 à 700,000 israéliens qui ont fait le chemin inverse pendant la même période.»24 Et pour cause puisque les juifs américains ont une vocation bien-définie dans la diaspora. Leur rôle consiste, en effet, d’une part à financer le projet sioniste et d’autre part à assurer un soutien politique à Israël en usant de leur influence sur

l’administration et le Congrès américains. Selon les termes de Ben Gurion lui même, cette communauté est censée « soutenir l’Etat juif quelles que soient les circonstances et les conditions, même si cela devait entrer en conflit avec leurs autorités nationales respectives. »25

23 http://wjc.org.il/communities/jewish_communities_of_the_world

24 Traduit de: Landy, David. ‘90 Inca Israeli-Jews: ‘Recruiting for Israel’s demographic war.’ Race &

Class, April 2003.

25 Traduit de: Ruebner, Josh. "Building a Counter-AIPAC", Washington Report on Middle East Affairs January/February 2003, pp. 24-25.

(23)

Le lobby juif, qui devrait pour être plus juste être nommé le lobby israélien, est un ensemble extrêmement puissant d’organisations pro-israéliennes et

néoconservatrices. Il a depuis des décennies :

« inlassablement agi pour aligner la politique étrangère, économique et diplomatique des EU sur l’occupation militaire...israélienne de la terre et du peuple palestiniens. Allié d’une part aux mouvements chrétiens

évangélistes anti sémites, dont le but est de provoquer l’Armageddon en utilisant le peuple juif comme un pion et d’autre part à l’industrie militaire qui tire un bénéfice matériel sous forme d’un subside de $2 billion du gouvernement américain, l’AIPAC (American Israel Public Affairs

Committee) a aidé à la création d’un étroit réseau d’intérêts. Cette ‘triple

alliance contre nature’ rend les EU complices du déni des droits humains, politiques, sociaux et économiques envers un peuple entier. » 26

L’importance du pouvoir juif dans la consolidation du soutien américain pour Israël reste un point débattu. Nul ne doute de l’efficacité de l’AIPAC et d’autres organisations. Chomsky a toutefois tendance à minimiser l’importance du facteur juif et attribue la ‘relation particulière’ entre les deux pays a des intérêts plus globaux liés au complexe militaro-industriel. Il est effectivement difficile

d’évaluer le degré d’influence des groupes de pression tel le lobby israélien sur la politique américaine puisque d’autres acteurs superpuissants, comme les

26 Ruebner, op. cit.

(24)

industries militaire et pétrolière, possèdent à eux seuls des raisons suffisantes de soutenir Israël, leur ‘gendarme régional’ au Moyen Orient.27

Contrairement aux juifs américains, ceux de France sont fortement visés par la politique israélienne d’encouragement à l’immigration. M. Ephraïm Lapid, porte- parole de l’Agence Juive, exprime sans détours la position officielle: “Trois pays sont dans la ligne de mire de l’incitation à l’aliya [...] La France, l’Afrique du Sud et l’Argentine."28

Afin de promouvoir l’immigration en Israël depuis la France, l’Agence Juive

propose aux immigrés des ‘paniers d’absorption’ plus attirants que l’habituel. Elle y ajoute $12,000 à $16,000 par famille, ce qui a mené, selon Dov Puder, ancien Chef d’opérations de l’Agence Juive en France, à une « augmentation

significative du nombre de personnes susceptibles de faire l’aliya. »

Il est néanmoins peu probable qu’une émigration de masse à partir de pays développés comme la France puisse être motivée par des raisons économiques.

Non seulement la situation économique en Israël n’est pas attrayante pour les candidats à l’immigration, mais, selon les termes de M. Puder : « Mes anciens chefs (de l’Agence Juive) n’apprécieront peut être pas que je le dise, mais

27 Pour une critique du point de vue de Chomsky, voir Blankfort, Jeffrey ‘The Israel Lobby and the Left’. In Cockburn, Alexander & St. Clair, Jeffrey (eds.) The Politics of Anti-Semitism. Oakland, CA:

AK Press, 2003. Pp. 99-117.

28 Thomas, Amanda Ruth, ‘The return of the shlichim’, Jerusalem Post, 17 janvier 2002.

(25)

globalement, la vie est très bonne pour les juifs français. Economiquement, socialement et religieusement, il est facile d’être juif en France."29

L’antisémitisme

Afin d’inciter les juifs des pays développés (hormis les EU) à immigrer en Israël, on exploite, depuis le début de la deuxième Intifada, l’augmentation

soigneusement répertoriée d’actes anti-juifs, particulièrement en France.

Ariel Sharon a ouvert le jeu en mars 2002 en qualifiant la France de «pays le plus antisémite d’Europe » et en déclarant qu’Israël rassemblerait ses forces pour accueillir l’afflux d’immigrés juifs qui fuiraient la France.

Une évaluation de l’ampleur réelle de ces actes anti juifs en Europe

contemporaine dépasse les buts de ce texte (voir le rapport cité en note 30 pour une étude détaillée). Quelques remarques peuvent toutefois être faites.

Considérons d’abord la confusion fréquente entre l’antisémitisme que l’on peut qualifier de traditionnel et les nouvelles formes d’antisémitisme. Le premier fut porté au 20ème siècle en Europe Occidentale par la droite nationaliste. Les

secondes sont nourries par la politique de l’Etat d’Israël et par le soutien accordé à cette politique par un grand nombre d’Etats au pouvoir et d’institutions juives.

Le projet de l’antisémitisme européen traditionnel était d’exclure les juifs du corps national. Ce projet prenait des formes qui allaient de l’affirmation de l’incompatibilité fondamentale des juifs avec les pays d’Europe jusqu’à celle de

29 Eren Frucht Leora. ‘Liberté, Egalité, Antisémitisme’, Jerusalem Post, 12 avril 2002.

(26)

leur extermination. Dans toutes les diverses variantes de l’ancien antisémitisme, les juifs étaient considérés comme des étrangers, des intrus.30

Les actes criminels anti juifs commis par des jeunes français, souvent

marginalisés dans la société française, ne sont en revanche pas associés à un projet cherchant à promouvoir la pureté ethnique ou à défendre le corps national français. Ce sont les institutions juives et les juifs qui sont aujourd’hui visés puisqu’on les considère comme des agents du pouvoir et de l’hégémonie

occidentale. Ceci est d’autant plus vrai dans le monde arabe où l’Etat d’Israël est la marque la plus tangible de ce pouvoir.31

La perception des juifs et des institutions juives comme agents de la politique israélienne a deux sources, proches mais distinctes. Elle est, d’une part,

30 Le rapport de 2004 de l’Observatoire Européen des Phénomènes Racistes et Xénophobes, intitulé Manifestations d’antisémitisme dans l’EU, définit six catégories de croyances antisémites typiques de l’anti sémitisme traditionnel :

1. La nature sournoise, malhonnête, maligne du juif

2. L’essence ‘étrangère’ et ‘différente’ du juif

3. ‘L’hostilité’, ‘la nature agitatrice’ du juif

4. Le ‘talent commercial’ et ‘le rapport à l’argent’ du juif

5. La nature ‘corruptrice’ du juif

6. Le ‘pouvoir’ et ‘l’influence’ juive ainsi que ‘la conspiration mondiale’.

31 Remarquons que l’association du juif au pouvoir est une des caractéristiques de l’antisémitisme traditionnelle. Les conséquences de cet amalgame mènent à des graves dérives et nourrit la confusion entre antisionisme et anti sémitisme.

(27)

entretenue par une trame idéologique tissée par Israël lui même et par les institutions pro-sionistes. Leur stratégie consiste à discréditer toute critique de fond de l’Etat d’Israël et de sa politique envers les palestiniens en la qualifiant d’antisémite. Les idéologues sionistes, tels Arnold Forster et Benjamin R. Epstein de la Ligue Américaine Contre La Diffamation du B’nai B’rith ont inventé le terme nouvel antisémitisme qui « n’implique pas forcement une hostilité envers les juifs

en tant que juifs, ou envers le judaïsme, mais plutôt, une attitude critique envers Israël et sa politique. »32

D’autre part, une grande partie des institutions juives véhicule une identité juive centrée sur la solidarité avec Israël. Ces dirigeants autoproclamés des

communautés juives assument avec zèle et diligence non seulement la tâche de soutenir à tout prix la politique israélienne mais aussi celle de dénigrer et de marginaliser toute autre forme d’identité juive. La pratique de ces institutions rappelle le cautionnement des partis communistes du siècle dernier à la politique de l’URSS. Les propos de M. Alfred Donath, président de la Fédération suisse de communautés israélites, prononcés en 2002 sont clairs :

“Le seul véritable allié d'Israël est le peuple juif. Nous devons le soutenir, lui et ses dirigeants démocratiquement élus, quoi qu'ils fassent, avec leurs qualités et leurs défaillances, leur fermeté et leurs faux-pas, leur bravoure et leurs bavures. Que nous soyons d'accord avec leur politique ou que nous ne comprenions pas toutes les décisions du gouvernement.

32 Cité dans Brownfeld, Allan C. 1988. ‘Zionism and Anti-Semitism : A Strange Alliance Through History’. Washington Report on Middle East Affairs, juillet/août 1998, pp. 48-50.

(28)

Aujourd'hui il serait indécent de mêler nos voix à celles de ses détracteurs..."33

S’adressant à la direction du Consistoire Central de France, en « visite de solidarité » en Israël en janvier 2002, Ariel Sharon s’est exprimé ainsi: “Israël n’est pas un projet israélien; c’est un projet juif.”34 Il s’ensuit dés lors que toute contestation de la politique israélienne constitue, par définition, une atteinte aux

« juifs ».

Puisque cette contestation émane d’un vaste consensus international, qui comprend les divers mouvements de la gauche dans le monde ainsi que les organisations de droits de la personne, la conclusion « inévitable » est qu’une cabale se dresse à nouveau contre le peuple juif et que l’antisémitisme est bel et bien un phénomène “planétaire”, pour ne citer que Pierre-André Taguieff.35

Partant du postulat que « la situation des Juifs de France et des autres pays d'Europe occidentale ne devrait pas s'améliorer », Arno Klarsfeld en déduit que

« […] les Juifs d'Europe seront bientôt contraints soit d’émigrer- en Israël ou ailleurs - soit de rester en Europe et d'y vivre comme des Marranes

politiques. »36

33 http://www.commentaires.com/documents/Pages/discdonath.htm

34 http://www.a7fr.com/news.php?id=3171

35 “L'émergence d'une judéophobie planétaire“. Outre-terre. Revue française de géopolitique, n° 3, 1er trimestre 2003, p. 189-226.

36 Le Jérusalem Post, 12 décembre 2003

(29)

Les actes antijuifs sont manifestement encouragés par l’amalgame entretenu entre la critique d’Israël et l’antisémitisme. Se pose alors la question de la logique de cette stratégie d’Israël et de ses agences diasporiques. Après tout,

« nous avons appris du passé qu'une aliya massive n'avait lieu que dans des périodes de crise économique profonde ou de persécution. Ce n'est pas la

situation aujourd'hui, ni en France ni ailleurs en Europe. »37 Doit-on en conclure que si le sentiment de persécution des juifs augmentait, cela rendrait service au projet sioniste en incitant les juifs à émigrer ?38

Si l’on rapproche ce dernier point de la politique ouverte d’encouragement à l’émigration d’arabes palestiniens, se pourrait-il qu’on espère modifier la donne démographique en Israël et assurer une prédominance juive en Palestine en attisant l’antisémitisme dans certaines régions du monde ?

Lorsqu’une montée d’antisémitisme n’a pas pu servir les intérêts sionistes, comme lors de la deuxième Guerre mondiale, quand les tentatives des diverses factions sionistes de gagner le soutien du régime nazi pour l’immigration juive en Palestine ont, pour différentes raisons, échoué, le sort de juifs a été relégué au second plan des préoccupations sionistes. Dans son étude détaillée de la réaction

37 Klarsfeld, loc. cit.

38 "Malgré l’antisémitisme [dont personne ne nie l’existence], les juifs de France ne sont pas à ce point menacés pour que le gouvernement israélien ait besoin de s’apitoyer sur leur sort. Les angoisses démographiques d'Israël risquent, en revanche, de mettre en danger toute la collectivité juive de France et de la couper de son environnement." Esther Benbassa dans Libération, 11 janvier 2002.

(30)

sioniste à l’holocauste, Tom Segev rappelle les propos de Saul Friedländer, l’un des historiens les plus célèbres de l’holocauste: « Le sauvetage des juifs en Europe ne figurait pas en tête de liste des priorités de la classe dirigeante. C’était la fondation de l’Etat qui se montrait primordiale à leurs yeux. »39 S.B. Beit-Zvi va encore plus loin et accuse le mouvement sioniste d’avoir abandonné les juifs d’Europe. « Il dirigeait tous ses efforts pour l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine... et tendait la main aux juifs à condition que cela serve... la réalisation du but sioniste. »40

Y-avait-il une responsabilité indirecte des sionistes dans le judéocide nazi ? Beit-Zvi soutient que oui tandis que Segev souligne l’impuissance du mouvement sioniste dans le contexte de la Guerre mondiale.

La responsabilité directe israélienne est, en revanche, indiscutable dans le volet antijuif de la répression violente pratiquée par le régime militaire en Argentine entre 1976 et 1983. Lorsque le gouvernement américain, sous pression du

39 Voir : Segev, Tom. 1991. Le septième million. Paris : Liana Levi, p. 539.

Saul Friedländer est également co-auteur du Rapport de la Commission Bergier, nommée par l’Assemblée fédérale suisse pour examiner l’étendue et le sort des biens placés en Suisse par les victimes du régime nazi. Sur l’exploitation financière et politique de l’holocauste par le Congrès Juif Mondial, voir Finkelstein, Norman. 2000 The Holocaust Industry: Reflections on the Exploitation of Jewish Suffering. Londres : Verso.

40 Cité dans Boaz Cohen. "Review of S.B. Beit-Zvi, Post-Ugandan Zionism On Trial: A Study of the Factors that Caused the Mistakes Made by the Zionist Movement during the Holocaust,

H-Holocaust, H-Net Reviews, juin 2000.

http://www.h-net.msu.edu/reviews/showrev.cgi?path=23814980364893.

(31)

Congrès, a arrêté les ventes d’armes à la junte argentine, Israël l’a remplacé, devenant, à partir de 1978, son principal fournisseur d’armes et en a tiré des bénéfices colossaux.41 Or le régime argentin a été ouvertement antisémite et les prisonniers juifs, dont le nombre était proportionnellement dix fois supérieur à leur proportion au sein de la société argentine, subissaient des formes de torture réservées aux juifs. Celles-ci, spécialement sauvages, sont décrites en détail dans le rapport de la CONADEP (Commission nationale pour les disparitions forcées), qui y consacre un chapitre entier.

Marcel Zohar, correspondant du quotidien Yedi’ot Aharonot à Buenos Aires pendant cette période, a décrit la collaboration directe du gouvernement

israélien et de l’Agence Juive avec les tortionnaires du régime dans son ouvrage Let My People Go to Hell, censuré en Israël pendant plusieurs années. Zohar

prétend que l’Agence Juive et d’autres organismes officiels se sont abstenus de traiter les requêtes d’aliya des juifs soupçonnés d’être associés à la gauche politique afin de préserver les bonnes relations économiques et politiques

qu’Israël entretenait avec le régime.42 Le Président de la Knesset, raconte Zohar, a empêché la tenue d’un débat parlementaire sur la situation des juifs en

Argentine, accédant à une demande du gouvernement qui ne souhaitait pas mettre en péril ses liens privilégiés avec ce pays.

41 Gareau, Fredrick. 2004. State Terrorism and the United States: From Counterinsurgency to the War on Terrorism. Atlanta: Clarity Press. Voir spécialement chapitre 4.

42 Voir le quotidien Hadashot, 28 Sept. 1990.

(32)

Israël et l’Occident

Depuis 2000, Israël a intensifié sa guerre contre les palestiniens des Territoires Occupés. Il utilise et teste contre la population palestinienne les moyens

militaires les plus à la pointe de notre époque. Des descriptions de la violence des attaques israéliennes sont rapportées dans les médias internationaux et détaillées dans des sites internet spécialisés. La communauté internationale, à l’exception systématique des Etats-Unis, est unanime dans sa condamnation des actes commis par Israël. Les associations internationales de droit de la personne, basées dans les Territoires Occupés, en Israël ou en Occident, ont accumulé un matériel qui pourrait suffire à soutenir une inculpation pour crimes de guerre contre plusieurs dirigeants politiques et militaires.

En dépit des condamnations dont il est la cible, Israël reçoit un soutien presque sans faille des plus importants dirigeants du monde. Les Etats-Unis soutiennent Israël politiquement et économiquement avec un budget d’assistance civile et de soutien militaire d’une moyenne de 3 billions de dollars annuels. Cette somme représente un tiers de la somme totale que les Etats-Unis réservent à l’aide étrangère. En ce qui concerne l’Union Européenne, son soutien politique à Israël prend plutôt la forme d’une tolérance, voire d’une timide approbation,

accompagnée de grognements occasionnels lorsqu’une action israélienne dépasse un certain seuil – jamais clairement défini.

En parallèle, l’ Union Européenne poursuit une collaboration militaire étroite avec la seule puissance nucléaire du monde qui ait toujours refusé de ratifier les accords de non-prolifération. Les échanges commerciaux ne sont pas interrompus, l’Europe étant le premier partenaire commercial d’Israël, et

(33)

personne ne questionne les privilèges douaniers préférentiels dont bénéficient les exportations israéliennes vers Europe.

Les dirigeants politiques et militaires d’Israël, y compris ceux dont le racisme est affiché, voyagent librement en Europe où ils sont reçus par leurs homologues. La France et l’Allemagne, qui se sont si fortement insurgées lorsque les Etats-Unis ignoraient l’ONU et attaquait l’Irak en 2003, ne soulèvent que rarement le sourcil lorsqu’Israël fait de même.

L’Occident possède tout les moyens pour obliger Israël à revenir aux frontières d’avant juin 1967 et à mettre fin à l’occupation. Il a également les moyens d’imposer le rapatriement des réfugiés palestiniens de 1948 et de leurs descendants et la restitution ou la compensation de leur propriété. Ceci

impliquerait l’imposition de résolutions internationales existantes que l’Occident sait si bien imposer à d’autres Etats.

Mais à part des gestes rhétoriques occasionnels, condamnant une action israélienne ou une autre, jamais depuis 1967 Israël n’a été soumis à une

pression politique ou économique durable. Faut-il s’en étonner? Israël est un allié dans le réseau impérialiste international. Pourquoi les Etats Unis et l’Europe adopteraient-ils une position qu’ils n’ont jamais à l’égard de leurs propres actions?

L’abondante recherche historique de Chomsky démontre que le degré de

barbarie et d’hypocrisie introduites par l’Occident à commencer par l’expansion coloniale de 1500 est sans précédent dans l’histoire de l’humanité. S’attendre

(34)

dés lors que les Etats-Unis ou toute autre superpuissance impose des sanctions à Israël implique le déni de l’histoire du colonialisme et de l’impérialisme.

Il est toutefois clair, comme le souligne Chomsky dans maintes publications, que le rôle de gendarme joué par Israël est intimement lié à l’intérêt américain de contrôler la région pour son pétrole. Il est donc envisageable qu’avec

l’épuisement des ressources pétrolières moyen-orientales, Israël risque de perdre le soutien sans faille que l’Occident lui accorde aujourd’hui.

Vers un nouveau transfert?

Les dirigeants israéliens comptent sur la poursuite du soutien occidental. Ils savent d’expérience qu’une attaque militaire d’envergure, contre une cible dense en population, par exemple, risquerait de provoquer une condamnation. Ils savent tout autant que celle-ci sera vite oubliée et que l’argent et les armes ne cesseront de leur parvenir. L’Assemblée Générale de l’ONU votera une résolution qui ne sera jamais appliquée et si, par malheur, le Conseil de Sécurité devait être saisi, un veto américain bloquerait le processus. Le scénario est familier, il se joue et se rejoue régulièrement.

Il arrive cependant qu’Israël soit pointé du doigt ou que l’on freine l’une ou l’autre de ses actions lorsqu’un intérêt américain spécifique est en jeu, presque jamais parce que la brutalité israélienne est jugée inacceptable. Considérons dans cette optique l’éventualité d’une expulsion massive, ou ‘transfert’ de Palestiniens hors des Territoires Occupés ou hors d’Israël lui même. Il est clair que des plans d’expulsion existent aujourd’hui comme en 1948. La base

idéologique d’un tel projet est bien établie, comme nous avons essayé de le

(35)

démontrer et comme les affiches et graffitis qui ornent des centaines de murs en Israël en témoignent. Si, au cours des prochaines dix ou vingt années,

l’immigration juive et le départ ‘volontaire’ de Palestiniens ne modifient pas la balance démographique, quelle stratégie adoptera l’Etat d’Israël?

La possibilité d’une expulsion massive des Palestiniens ne devrait pas être prise à la légère. Elle a ses racines dans le précédent historique de la fondation même de l’Etat d’Israël en 1948 puisque l’un des mythes fondateurs sioniste est celui d’ « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». L’Occident, les Etats-Unis en tête, permettra-t-il à Israël de réaliser ce projet ? La lecture des ouvrages politiques et historiques de Noam Chomsky donne à penser que oui.

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