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Un conflit interhémisphérique ?

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296 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 1er février 2012

On croit trop facilement que l’ensemble de nos organes, toutes les parties de notre corps, sont d’emblée harmonisées, et que donc on peut compter sur une sorte de so- lidarité fonctionnelle allant de soi lorsqu’il s’agit de protéger notre organisme de toute menace venant de l’extérieur, qu’elle soit microbienne, traumatique ou autre.

Et pourtant, nous savons que notamment notre système immunitaire n’entend pas raison lorsqu’il essaie de rejeter sans pitié un greffon qui pourrait nous sauver la vie, telle par exemple une transplantation ré- nale, et qu’il est impossible que ce même système immunitaire mette en place spon- tanément ce qu’on appelle une immunoto- lérance.

Plus que cela, ce «garde du corps», censé nous protéger envers et contre tout, se met de quelque façon en révolte contre nous et,

au lieu justement de nous défendre, at- taque certains de nos organes, visant sans hésitation à les détruire, réalisant en pra- tique des propos suicidaires «inconscients».

On classe cela sous le nom d’affections auto- immunes, dont on connaît ainsi le processus pathogénétique sans pour autant pouvoir en éclaircir l’exacte étiologie. Bref, on se trouve en l’occurrence devant une véritable

«désharmonisation» à l’intérieur de notre organisme, à l’instar d’une sorte de «folie», ou plutôt d’une «guerre civile».

On pourrait au moins espérer davantage de solidarité de la part de certaines struc- tures systémiques existant dans notre orga- nisme, plus de concordance fonctionnelle se mettant automatiquement à l’abri de toute interférence négative réciproque. On pourrait, bien sûr, parler aussi bien des deux yeux que des deux oreilles, mais égale- ment des deux poumons, des deux reins, et ainsi de suite, comme peut-être encore des deux moitiés de notre corps représen- tées en particulier par nos deux mains ou nos deux jambes. En réalité, nous savons pertinemment que sous une apparente sy- métrie entre nos deux mains se cache une asymétrie fonctionnelle effective qui fait que, selon qu’on est droitier ou gaucher, respectivement la main droite et la main gauche ne seront pas capables de fournir

les mêmes prestations fonctionnelles. On se trouverait devant ce qu’on pourrait nom- mer une «brisure de symétrie», car derrière une symétrie apparente existe une asymé- trie effective. En sachant, quoi qu’il en soit, qu’à cause du croisement des fibres ner- veuses dans le tronc cérébral, on finit par déboucher sur les deux hémisphères céré- braux opposés. La main droite alors – en tout cas pour les droitiers, qui sont la ma- jorité – implique une dépendance, mais aussi une résonance avec l’hémisphère cé- rébral gauche, et vice versa, pour les gau- chers, minoritaires, l’hémisphère droit.

Or, cette réalité fonctionnelle bien con- nue pourrait avoir des implications clini- ques intéressantes : une certaine probléma- tique relative à la latéralisation en question semblerait jouer par exemple un rôle non négligeable dans les maladies auto-immu-

nes. En outre, cette latéralisation prédominante se manifesterait même lors de la description faite à plusieurs reprises dans le phé- nomène dit d’expériences de voisinage rapproché avec la mort (NDE).

Ce phénomène est caractérisé par le fait que le sujet raconte s’être trouvé immergé dans la lumière. Mais souvent il semble devoir «choisir» de se diriger, toujours guidé par cette lumière de plus en plus intense, soit vers la droite, soit vers la gauche ; pour une personne droitière, la direction vers la gauche se trouve soudainement «bloquée», ce qui l’oblige alors à revenir en arrière.

S’agirait-il d’en arriver à concevoir, ne serait-ce qu’à titre hypothétique, une pos- sible forme de conflit interhémisphérique qui serait «physiologique» à sa base, sus- ceptible cependant de devenir patholo gi- que lors de certaines circonstances ou sous l’emprise d’éléments perturbateurs se dé- veloppant progressivement, ou en tout cas soutenant la conviction qu’un état d’excita- tion, voire d’hyperstimulation de l’hé mis- phère cérébral gauche serait à même d’en- gendrer de l’euphorie, tandis qu’une hyper- stimulation de l’hémisphère droit pour rait engendrer carrément de la dysphorie ?

Plus intéressante encore se révélerait l’hy- pothèse fondée, elle, sur l’idée d’un éven- tuel contrôle réciproque de chaque hémis- phère sur l’autre, dans le sens que si l’un des deux n’exerçait pas un «contrôle» équi- librateur suffisant sur l’autre, ce dernier pourrait devenir la proie d’une excitation

excessive, pas facile d’ailleurs à maîtriser.

D’autre part, l’hémisphère cérébral qui

«négligerait» ce contrôle équilibrateur sur son «jumeau» ne le ferait pas pour une question d’incapacité soudaine ou de «dis- traction», mais bien davantage à cause de son propre affaiblissement dysfonctionnel.

On devrait dans ce cas parler plutôt d’une sorte de «complicité» pathologique entre les deux hémisphères, au lieu de supposer la présence d’un véritable conflit.

Toujours est-il que la notion de conflit se prête mieux pour entrevoir la perspective que notre corps se placerait d’un coup dans une situation dite loin de l’équilibre et sous l’emprise de possibles «attracteurs chaotiques». L’effet final pourrait se super- poser à un phénomène assez semblable à celui engendré par les maladies auto-im- munes, mais pourrait par contre représenter un moyen très valable pour remettre en question un équilibre organique désormais inadapté à l’évolution de l’organisme en cause et préconisant ainsi l’adoption d’un nouvel équilibre plus approprié par rap- port aux transformations existentielles de chacun.

Pour en arriver une fois de plus à une conclusion d’allure paradoxale : l’équilibre organique le plus performant ne serait certes pas centré sur une pathologie avérée, pas plus que sur une physiologie incontestée et normative, mais sur des variantes alter- natives d’un équilibre pouvant être décrit comme «physiopathologique, impliquant à la fois différentes formes d’atteintes or- ganiques ou des manifestations psycho- émotionnelles perturbées», par exemple de type dépressif ou anxieux, et tenant égale- ment compte du vieillissement organique naturel progressif de tout organisme.

Pr Georges Abraham Av. Krieg 13 1208 Genève

Un conflit interhémisphérique ?

… derrière une symétrie apparente existe une asymétrie effective …

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