• Aucun résultat trouvé

en souscription: Le Fribourg de Léon Savary

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "en souscription: Le Fribourg de Léon Savary "

Copied!
36
0
0

Texte intégral

(1)

PRO FRIBOURG INFORMATIONS Trimestriel -N

0

49

en souscription: Le Fribourg de Léon Savary

Plan d'aménagement: l'impasse

Forum des habitants

(2)

SOMMAIRE

page 4 LE THEATRE : Un théâtre, quel théâtre 8 Fiches techniques

15 Le débat enfin ouvert 17 PLAN D'AMENAGEMENT : L'impasse 21 LE FRIBOURG DE LEON SAVARY

26 Les Cahiers romands

par Sven Stelling-Mi chaud

31 LE FORUM DES HABITANTS : 1981, année européenne de la Renaissance de la Cité

33 Notre appel 34 Notre programme 35 LE 500e DESSOUS

36 La Manif des vélos

Photos : Yves Gallois, Marseille : p. 12. Autres documents : archives Pro Fribourg.

Imprimerie Saint-Paul, Fribourg. Tirage : 4'200 exemplaires.

PRO FRIBOURG Secrétariat : Stalden 14, 1700 Fribourg Cotisation :

donnant droit: l'envoi du bulletin Ordinaire : 18 fr. ; de soutien 30 fr.

Tarif réduit: 12 fr. (étudiants, apprentis, 3e âge)

CCP 17-6883 1700 Fribourg

(3)

3 EDITORIAL

L'actualité à Fribourg, c'est le théâtre, le plan d'aménagement, plus que ces Fêtes du 500e qui laisseront peu de traces.

Nous avons accueilli le vote décisif du Conseil général sur la Maison des Congrès pseudo théâtre avec un immense soulagement.

Nous avions une situation bloquée, nous avons une chance de dé¬

bat ouvert. Et le Conseil général s'est découvert une vocation de parlement communal.

Il y a quelque chose de changé en ville de Fribourg.

De quoi nous consoler des lourdeurs commémoratives du 500e.

Mais déjà de nouvelles menaces se précisent. Le Conseil Communal vient-il d'éprouver une rebuffade, qu'il prend déjà sa revanche en prétendant mettre au pas les membres de la Grande Commission du plan d'aménagement.

Son échec théâtral ne lui suffit pas : il va, dans les mêmes conditions, vouloir imposer un projet technocratique, sans véri¬

table participation (aucune proposition alternative retenue) en ayant recours à un simulacre d'information à sens unique.

Il nous faudra une fois de plus nous opposer à la méthode du fait accompli. Et pour commencer, contester un projet de parking du Bourg qui a pour irrémédiable défaut de maintenir quasi à perpé¬

tuité la circulation automobile aux abords de la Cathédrale, des Cordeliers et du Musée, y compris le trafic de transit à travers le Bourg. Alors que'd'autres possibilités, dont celle du Varis, n'hypothèquent pas ainsi l'avenir.

Mais nous restons optimistes. Des blocages viennent de céder. Et la Vieille Ville se restaure (nous en ferons le bilan dans un pro¬

chain cahier). Ses habitants décident de prendre en mains leur destinée : ceux de l'Auge ont constitué leur coopérative.

C'est un exemple de solidarité active. Une manière aussi de chan¬

ger les mentalités. Des mentalités qui évoluent plus lentement que les réalités. L'échec brutal d'"Etre solidaires" le montre, alors même que des réflexes insulaires ne suffisent pas à faire de la Suisse une île. Heureusement, entretemps la venue des Bré¬

siliens aura apporté un peu de chaleur à des Fêtes trop officiel¬

les et rappelé aux Fribourgeois les solidarités oubliées.

Ces Fêtes du 500e, nous les marquons à notre façon : en rééditant

le "Fribourg" pas du tout piqué des vers de Léon Savary. Mais

dépêchez-vous, il n'y a que 500 exemplaires.

(4)

4

Un théâtre; quel théâtre?

Le refus du projet officiel de "Théâtre" par le Conseil général a une portée plus grande que son objet. Le Conseil général a fait un choix de démocratie. La presse locale ne s'y est pas trompée qui titrait, au lendemain du scrutin : "Le monde de grand-papa"

(La Liberté) ou "La mort de l'époque du patriarcat" (Freiburger Nachrichten),

Et pourtant, les grands patrons de notre Conseil Communal, les Nussbaumer et Bourgknecht, étaient sûrs de leur affaire, jusqu'à la dernière minute. A une exception près, celle du Conseiller Fernand Beaud, l'exécutif s'était aligné sur eux, suivant le vieux réflexe collégial. Ce deuxième projet de maison des con¬

grès et de spectacles, on le tenait prêt depuis des mois, atten¬

dant le moment propice pour l'imposer. On avait tiré la leçon, croyait-on, du premier échec : on s'y était mal pris. On avait imprudemment abattu son jeu : cette salle polyvalente, complé¬

mentaire de l'Eurotel, mais aux frais de la collectivité, était difficile à faire avaler. Et surtout on avait fait de l'informa¬

tion : on avait exposé la maquette et les plans. La presse, Pro Fribourg, un groupement "Pro Théâtre" hâtivement rameuté et ras¬

semblant l'essentiel des milieux culturels, s'en étaient mêlés.

La fronde avait été telle, les élections étant proches, qu'il avait bien fallu se résigner à retirer le projet.

Aussi maintenant avait-on pris ses précautions : ce deuxième pro¬

jet, on allait l'étiqueter "Théâtre de Fribourg", réduire son coût et - tout en gardant le même emplacement et le même archi¬

tecte - le présenter comme un projet neuf et distinct de l'Euro¬

tel. Et surtout, éviter la publicité. L'entourer du plus grand secret, ne rien laisser transpirer, et, au dernier moment, sor¬

tir le projet de sa boîte, un mois avant le scrutin, juste avant les fêtes de Pâques, de manière à prendre les opposants de court, et le faire passer "comme une lettre à la poste", dans l'euphorie des Fêtes du 500e.

Bien joué, dans l'optique d'une bonne vieille mentalité paterna¬

liste, confiante dans les méthodes éprouvées et les habitudes

bien ancrées. L'aveuglement complet.

(5)

5 On n'entre pas dans l'avenir à reculons,..

Car il n'y avait pas que cette obstination à vouloir anticiper avec un projet dépassé. On ne présente pas un projet sous le manteau de la culture, quand à longueur d'année, on démontre que la culture est le cadet de ses soucis. Quand, en fait de politique culturelle, on ne fait que distribuer des bons points en fonction de considérations électorales. On soigne, on ména¬

ge ces bons gros fidèles bataillons des fanfares, mais on a que mépris pour les créateurs, ou plus modestement, les isolés, les désintéressés passionnés de musique ou de théâtre. Le Conserva¬

toire, c'est l'affaire du Canton. Les jeunesses musicales, on ne connaît pas. Des jeunes veulent organiser une fête, ça ne peut créer que du désordre. Un club d'échecs, ce n'est pas cul¬

turel. Le Choeur des XVI, invité à l'étranger, demande pour la première fois une aide pour son voyage, on n'a pas d'argent.

Alors, Messieurs, quand vous affirmez vouloir dépenser plus de 20 millions pour un Théâtre, qui peut vous croire ?

Quand vous venez de démontrer qu'il n'y a aucune place pour un théâtre professionnel à Fribourg. Alors que le Théâtre populai¬

re romand a renoncé depuis longtemps à inclure notre ville dans ses tournées (ne lui "offrait"-on pas un subside de 500 Fr. ?), on a découragé, pour ne pas dire saboté, la tentative du "Théâ¬

tre des Habitants". En ne lui accordant péniblement que la moi¬

tié de la modeste somme qu'il demandait (malheur aux modestes!), 15'000 Fr. au lieu de 30'000 Fr.» ensuite, en ne les versant qu'au compte-goutte, en prétendant attendre qu'un spectacle soit donné à Fribourg, alors que cet argent était nécessaire pour monter la pièce, survivre pendant les mois de répétition dans les locaux non chauffés d'une usine désaffectée... (Finalement, c'est Pro Fribourg qui a dû leur faire une avance de trésorerie) On a honte, Messieurs, de vous rappeler cette pingrerie.

Et vos astuces minables. Ce soit-disant "théâtre" que la pompeu¬

se "Commission d'exploitation" (composée entre autres, de l'inef¬

fable directeur de l'Office du tourisme, d'un gérant de salle de cinéma, et de l'inévitable directeur de l'Eurotel) dotait d'un personnel technique squelettique, vous alliez encore le réduire, le limitant à l'animateur-administrateur (!), un machiniste-élec- tricien et un homme à tout faire ! Pour deux salles de près de 250 et 1000 places! Vous ne pouviez mieux dévoiler votre vérita¬

ble jeu et vous attirer les foudres du rédacteur de La Liberté :

"Pourquoi s'entêter à parler d'un théâtre...? A l'extrême, un concierge suffirait, dont l'épouse tiendrait l'ardoise aux réser¬

vations." (éditorial de François Gross du 29.4.81).

(6)

6

Le Conseil Communal : un club de juristes tatillons ? L'erreur majeure restera pourtant d'avoir sousestimé l'impact de la nouvelle loi sur les communes : elle venait d'être acceptée et son entrée en vigueur était seulement retardée au 1er janvier.

Pour refuser d'en tenir compte, il faut qu'il y ait au Conseil Communal trop de juristes et pas assez de politiques. En s'accro- chant à des prérogatives périmées, en présentant selon l'ancien système ce paquet mal ficelé "à prendre ou à laisser", le Conseil Communal a manqué vraiment de sens politique.

L'opposition improvise/ joue et gagne,

En un temps si court, les opposants ne pouvaient guère coordonner leur action. Mais ils purent dès le départ s'appuyer sur le tra¬

vail de plusieurs mois de 27 jeunes architectes, amateurs, au sens noble du terme, de théâtre : une base solide pour remettre en cau¬

se le projet officiel et s'interroger sur son contenu réel. Quel¬

ques-uns de ces architectes s'étaient même attachés à démontrer qu'une solution alternative existait par le réemploi et l'aménage¬

ment d'un bâtiment existant. Remettant du coup en cause l'inamovi¬

ble emplacement à l'ombre de l'Eurotel. Une course contre la mon¬

tre s'engage, le parti chrétien-social organise un débat public qui remplit la Grenette. L'information passe, elle pénètre au sein des partis où la base s'interroge. Les jeunes font sa fête à ce projet mal aimé, sur son emplacement, tenacement sous la pluie.

Le projet n'avait plus pour lui que les fanfares unanimes et pour une fois sans fausse note, et le directeur de l'Office du Tourisme traitant les oppositions de "radotages". Appuis maladroits.

Le vote décisif,

C'est finalement par 41 voix contre 31 que le projet fut balayé par le Conseil général, après un débat de très bonne tenue digne d'un futur parlement communal. Il y eut de mauvais perdants, tels le Syndic qui, à la sortie, taxait les opposants de "fossoyeurs", oubliant un peu vite que les fossoyeurs n'enterrent jamais que des cadavres. Ou encore ces commentateurs du journal radical mettant en cause pêle-mêle la "démagogie" du PCS, le groupe d'Yverdon et les "autogestionnaires".. Réaction d'humeur qui ne résiste pas à l'analyse. Car aux 31 pour, se sont opposés au plus 22 des 25 so¬

cialistes et la totalité des 9 chrétiens-sociaux présents, soit

31 au total. Les 10 voix qui ont fait pencher la balance sont donc

venues du PDC et du parti radical, dont l'assemblée avait révélé

qu'au sein du parti du Syndic, les avis étaient partagés et les

traditions libérales encore vivaces ! Quand on vous disait que le

Conseil général avait fait un choix de démocratie !

(7)

Fanfare fribourgeoise ;/fjj apportant son appui à i||

l'autorité ( à noter les sourires en forme de tirelire pour mieux ;3f gober les subventions)

... pendant que les jeunes, tenaces sous la pluie, disent NON à un théâtre qui n'en est pas un !

Aux pages suivantes/ des fiches techniques sommaires permettent quelques comparaisons utiles entre les 1er et 2e projets officiels, la proposition alternative à l'ancien dépôt des trams des Charmettes et l'exem¬

ple d'un vrai théâtre, la Criée/ qui vient d'être inaugurée à Marseille, et qui est là pour montrer que c'est une affaire sérieuse qui demande de gros inves¬

tissements et du personnel (Son directeur, Marcel

Maréchal/ a 13'000 abonnés et il lui en faut 20'000)

(8)

Premier projet officiel (XII 1977) : retiré

"Maison de congrès et de théâtre"

Salle polyvalente de 940 à 1160 pl. suivant formule

Coût (selon variantes) : de 19,8 à 21,3 Mo Cube SIA : 57'880 m3

Déficit d'exploitation estimé de 350'000 à 500'000 Fr. annuels.

(9)

Second projet officiel (III 1981) : refusé

"Théâtre de Fribourg"

Grande salle de 912 pl. "théâtre d'essai" à l'italienne ! 225 pl.

Coût : 19,9 Mo Cube SIA : 45'400 m3 Personnel : 6 salariés dont

2 à mi-temps. Déficit d'exploitation : env. 300'000 Fr. annuels.

(10)

, i \ l.V.

;

'•**,> "tyi" . '*"i»_c>* V« t

Projet alternatif - Transformation de

l'ancien dépôt des trams aux Charmettes

(III 1981)

Il ne s'agit pas d'un contre-projet, car nous n'avions pas à dis¬

position un programme autre que celui du théâtre présenté en 1977.

Même si l'on voulait comparer le projet officiel à notre projet, il ne faudrait pas oublier qu'il n'existe pas, pour les deux cas, de programme correctement évalué. Bien qu'élaboré sur une base fictive, notre projet est parfaitement réaliste tant par ses qua¬

lités spatiales que fonctionnelles. Par notre démarche, nous ai¬

merions inviter le Conseil Communal à entreprendre des études ana¬

logues à partir de l'analyse de différents programmes et de plu¬

sieurs implantations possibles.

Citons quelques situations qui nous semblent mériter une étude : le Criblet, le Plateau de Pérolles, le Belluard, la place du Comp¬

toir, etc. L'ancien dépôt des trams, objet de notre étude, offre un espace généreux, clairement structuré, qui permet l'aménagement d'un théâtre sans difficultés majeures. Ne transforme-t'on pas à Fribourg les anciens abattoirs en musée ?

Benoît de Reyff - Jean-Marc Ruffieux - Thomas Urfer

(11)

AMENAGEMENT OU THEATRE OEFRBOURG DANS LANCEN DEPOT DE5 TRAMS ALK CHARMETTES COUPE

0 5

Fiche technique du projet de transformation en théâtre d'un ancien dépôt de trams Situation : sur le Plateau de Pérolles à Fribourg, zone d'intérêts publics, relié au centre-ville par les transports publics. Au sud du bâtiment, parking d'au moins 380 places. Possibilité de réa¬

liser dans cette zone la future halle du Comptoir, créant un complexe Comptoir - Théâtre - Congrès.

DESCRIPTIF : De part et d'autre de la grande scène se situent - une SALLE avec galeries et loges de 840 pl. - une PETITE SALLE de 250 pl. - un studio TV locale, lié à 1'infrastructure de la scène.

Une salle d'essais (ballet etc.) avec gradins pour 80 spectateurs donne sur l'extérieur, côté forêt, Un théâtre de poche pour 200-250 personnes avec accès direct peut servir de salle expérimentale.

Une grande salle de 140 m2 et 2 salles de 120 m2 complètent les espaces de l'Université voisine.

COUT : non chiffré. ARCHITECTES : Benoît de Reyff - Jean-Marc Ruffieux - Thomas Urfer, Fribourg

(12)

La Criée, théâtre national de Marseille, est un bon exemple de réutilisation (partielle) d'un bâtiment ancien, en l'occurence,

l'ancienne Criée aux poissons, sur le Vieux-Port, Inauguré le 22 mai 1981, il est placé sous la direction de Marcel Maréchal, l'un des grands hommes de théâtre français, qui a dirigé de 1968 à 1975 le théâtre du Huitième à Lyon.

"Cette salle est très grande et, de partout, on entend ce que les basse. Tous les spectateurs ont qu'il semblait respirer depuis 1 une chaleur, une gentillesse. Il tecture et dans ces aménagements théâtre a été conçu, construit, les acteurs aussi, avec, pour pi tecte et scénographe, qui a été de théâtre, quand il était plus

pourtant, elle semble intime ; comédiens disent, même à voix senti que ce théâtre est humain, ongtemps déjà, qu'il y avait là

y a, bien sûr, dans cette archi- quelque chose de magique. Ce

et archi-

"soigné", par les ouvriers lotes, Bernard Guillaumot, d'abord travailleur, régisseur jeune, et Marcel Maréchal."

Michel Cournot, Le Monde du 26 mai 1981.

"Si j'ai quitté Lyon, c'est en partie pour une question de lieu.

Il n'y a pas d'aventure théâtrale sans un lieu qui soit modelable selon les initiatives du créateur et suivant les rapports scène - salle qu'il souhaite ménager. Les aventures nouvelles se font dans des lieux nouveaux."

Harce

,

Marécha

,

Dessin de JAF paru dans

Le Provençal du 23 mai.

(13)

Fiche technique de La Criée, théâtre national de Marseille GRANDE SALLE Capacité : 804 pl.

Plateau : ouverture 20 m profondeur 14 m hauteur sous cintres 14 m Procénium transformable en fosse

d'orchestre

Equipement cinéma 35 mm et 16 mm

PETITE SALLE (bâtiment attenant) Capacité : 200 à 300 pl.

selon la scénographie Equipement de cinéma 16 mm

CAFETERIA - SALLE ACCUEIL ET REUNION SALLE DE REPETITION dans les combles aux dimensions du plateau

COUT : env. 19 Mo FS Subventions annuelles:

env. 3 Mo FS Personnel :

de 45 à 90 salariés Archi tecte-scénographe

Bernard Guillaumot

(14)

Citations

Sur le remise en question du lieu théâtral :

Avant d'être un problème de structure architectonique, de moyens d'expression et d'esthétique, le problème du théâtre est d'abord un problème de société... Or nous vivons dans une société profon¬

dément instable, en pleine transformation. La variété des propo¬

sitions en matière de lieu théâtral est à l'image de cette insta¬

bilité... En période de transition on ne peut souhaiter de solu¬

tion sinon définitive, du moins durable, ni élaborer une doctrine rigide. D'abord une société et une dramaturgie, ensuite une ar¬

chitecture théâtrale qui en soit l'émanation.

Quelle forme donner au lieu théâtral ? Dans l'attente d'une dra¬

maturgie, ne doit-elle pas demeurer aussi souple que possible, ne pas imposer des contraintes préétablies, laisser le champ libre à toutes les recherches, permettre l'utilisation de toutes les techniques modernes, proposer un instrument utile et efficace ? Pour que l'instrument soit bon, encore faudrait-il qu'il résulte d'une confrontation des besoins et des techniques, d'une collabo¬

ration intime, des efforts conjugués de l'architecte, du scéno¬

graphe et du metteur en scène.

Denis Bàblet du CNRS

3

Colloque de Royaumont, 1961 L'édifice théâtral de demain devrait être un lieu :

- où personne.ne sera humilié;

- un lieu donc, où les différentes classes sociales seront provi¬

soirement réconciliées;

- et où les rapports de la scène et de la salle seront tels qu'ils mettront parfaitement en valeur la présence humaine de l'acteur, sans l'aide d'aucun artifice mécanique;

- bref, un lieu où des hommes dialoguent en toute liberté avec d'autres hommes, car le théâtre qu'est-ce ? sinon poser des questions au peuple pour que le peuple réponde.

Jean-Claude Marrey du Centre dramatique de l'Est (idem).

Pour moi, qui ai toujours souhaité de ramener la scène moderne à ce dénùment primitif, je voudrais qu'on ne se pressât pas trop de fournir au théâtre nouveau un cadre tout fait, celui qui convient aux habitudes et aux conventions du vieux théâtre. (...)

Qu'entendait-on par des salles "nouvelles"? Etait-ce à dire qu' elles seraient plus spacieuses et plus démocratiques ? Qui en au¬

rait fourni le programme ? Des commissions de fonctionnaires sans initiative, de parlementaires sans culture et de commerçants sans vision ? A qui se proposait-on d'en confier les plans ? A des ar¬

chitectes nullement informés des besoins dramatiques ?

Jacques Copeau (in Registres I Appels

3

Gallimard 1974)

(15)

15

Le débat enfin ouvert

En balayant le projet officiel qui n'avait d'un théâtre que le nom, le Conseil général a clarifié la situation, ouvert la voie au dialogue et à l'élaboration d'une véritable politique cultu¬

relle.

Le gros équipement centralisé (trop de béton pour peu de cultu¬

re), dévoreur de subventions, à la polyvalence douteuse, est re¬

mis en cause. La salle de congrès, s'il en faut une..., peut être trouvée dans la future halle du Comptoir, laquelle pourrait abriter les concerts de fanfares et les grandes bastringues.

L'ambiguité de la liaison avec l'Eurotel est levée : l'emplace¬

ment des Grand'PIaces n'est plus qu'une possibilité parmi d'au¬

tres, et pas la plus favorable, dans la pagaille urbanistique du lieu. Enfin, ce qui n'était possible qu'à Estavayer le devient à Fribourg : un concours d'architectes.

On passe ainsi d'une situation bloquée (et qui l'aurait été pour des décennies) à une situation ouverte.

Autant en profiter et cela vaut aussi bien pour les partisans du projet écarté que pour ses adversaires. Le Conseil général a fait une belle et convaincante démonstration de son futur rôle de Par¬

lement communal. Rien ne l'empêche de continuer dans cette voie et de travailler dès maintenant dans l'esprit de la nouvelle loi.

La décision prise a été une décision politique, la balle est main¬

tenant dans le camp du Conseil général, l'initiative peut être prise en son sein de relancer le débat.

Le Conseil Communal serait mal inspiré d'y faire obstacle. Les grands patrons de notre exécutif sont de mauvaise humeur et, la séance de la grande commission du plan d'aménagement l'a montré, il a tendance à s'obstiner dans la défense mesquine de ses pré¬

rogatives passées à coup d'arguties juridiques, même dans la plus complète illégalité (le délai légal pour l'élaboration du plan est depuis longtemps dépassé). Cette attitude hautaine et cris¬

pée ne peut être celle que d'hommes ayant fait leur temps.

Dans un ordre logique.,,

Une marche à suivre peut être définie. Elle s'impose d'elle-même.

Tout doit commencer par l'inventaire des besoins réels, la large consultation des milieux intéressés, l'énumération des équipe¬

ments souhaitables, centralisés ou pas, l'étude des emplacements

possibles, compte tenu des équipements existants et des bâtiments

anciens pouvant être réutilisés ou valorisés, le choix d'un enga-

(16)

16

gement financier à la mesure de notre ville et de son rôle sur le plan régional, pour aboutir enfin à l'élaboration d'un pro¬

gramme débouchant sur un concours d'idées offrant des alterna¬

tives et des éléments de comparaison.

Longue démarche à coup sûr. Mais pas aussi longue qu'on veut le faire croire, dès lors qu'on a en tête d'élaborer une poli¬

tique culturelle pour répondre aux besoins réels d'habitants que l'on consulte. C'est la seule façon d'éviter les blocages.

Quelques questions, quelques suggestions

Etablissons des priorités. N'est-ce pas d'une bonne salle de concerts dont on a en premier besoin, puisque la musique est une tradition vivante à Fribourg et que le Conservatoire exis¬

te? Il n'y a par contre guère de tradition théâtrale...

Même si l'on admet, dans un premier temps, que Fribourg (mais pourquoi toujours la ville seule, pas la région?) ne peut faire vivre une troupe théâtrale permanente, pourquoi ne pas se bran¬

cher sur ce qui existe, sur le théâtre vivant tant en Suisse alémanique (Baden ?) qu'en Suisse romande (TPR, La Chaux-de- Fonds ?) Un soutien direct à des compagnies faisant plus que de simples tournées, permettrait d'étendre leur champ d'action à Fribourg et de créer un public. C'est sans doute par là qu'il faut commencer.

A cette fin, concevoir, avec les utilisateurs futurs, un lieu théâtral, le moins rigide possible, le plus simple possible.

Pour cela, ne pas exclure d'emblée le réemploi de bâtiments existants. Les exemples abondent : du Théâtre Kleber-Meleau à Lausanne à la Cartoucherie de Vincennes, aux entrepôts, Lai né de Bordeaux, au Round House d'Arnold Wesker dans une ancienne gare de triage de la banlieue londonienne.

Un voeu : ne pas planter un théâtre dans un désert. Il est, à Fribourg, des espaces à vocation culturelle tels les abords de l'Uni et de l'Hôpital des Bourgeois.

Pour le reste, faut-il écarter d'emblée les propositions socia¬

listes de pôles d'animation décentralisés, de maisons de quar¬

tier ? Elles figurent, en fait, déjà dans les propositions des aménagistes, sans que l'on sache s'il s'agit là de simples fio¬

ritures pour masquer l'aridité du plan d'aménagement...

Enfin, faire une fois confiance aux créateurs, aux gens de mé¬

tier plutôt qu'à de sempiternels notables, le fait de n'être ja¬

mais sorti de Fribourg n'étant pas la première des vertus. Et alors que nombre de Fribourgeois exercent leur talent au dehors.

G.B.

(17)

17

Plan d'aménagement: l'impasse

La troisième phase d'étude du plan d'aménagement, celle des plans directeurs, est pratiquement terminée. Il s'agit :

- du plan de l'utilisation du sol qui fixe la destination du ter¬

ritoire de la ville ;

- du plan des équipements collectifs qui traite de leurs aspects fonctionnels, de leur localisation et des réservations de ter¬

rains ;

- du plan des transports ; - du plan de site.

Le 31 mars et le 14 mai 1981, la Commission générale du plan était réunie pour la présentation et l'examen de ces importants docu¬

ments qui lieront entre elles les autorités communales, régiona¬

les, cantonales et fédérales.

Dans le même temps, le 29 avril, le Conseil général avait à se prononcer au sujet du théâtre au Grand'Places. Ce projet, l'un des éléments les plus importants du plan directeur des équipements collectifs, a été rejeté à une nette majorité.

Cet échec, si révélateur d'une crise de confiance, est interprété par l'exécutif comme un manque de confiance. C'est le moment de se demander si cette crise est provoquée et exploitée démagogique- ment où si elle résulte d'un examen lucide des réalités dans le cadre d'un débat démocratique.

Car la participation est voulue par la loi fédérale sur la'ménage- ment du territoire, entrée en vigueur le 1er janvier 1980, qui de¬

mande aux autorités locales de mettre en place les moyens appro¬

priés permettant d'associer effectivement la population aux tra¬

vaux de planification.

Devançant d'ailleurs la mise en application de cette loi, le Con¬

seil Communal de Fribourg déclarait en automne 1979 que la Commis¬

sion générale du plan d'aménagement, constituée dès le début des études en 1975, a un rôle d'information et de participation.

Mais ces déclarations recouvrent-elles la réalité ?

Ouvrant une parenthèse, les deux pages suivantes -illustrent deux atti¬

tudes opposées : c'est la brochure officielle du comité suisse de l'an¬

née européenne de la Renaissance de la Cité qui les associent ainsi...

(18)

18

22 Campagne pour la renaissance de la cité

L'aménagement urbain ouvert - Un processus d'apprentissage de la démocratie

Fritz Wagner, architecte de la Ville de Zoug:

<Aménagement urbain ou¬

vert! Expression à prendre à la lettre puisque chacun aura accès à tous les docu¬

ments et plans et que toutes les séances seront publiques. Certes, la parti¬

cipation ne sera pas tou¬

jours importante, mais l'ef¬

fet psychologique sera grand. Le débat sera ouvert et les discussions se pro¬

longeront dans les quar¬

tiers. Il s'agit de relations de bon voisinage puisqu'un aménagement ouvert fait qu'autorités et citoyens de¬

viennent voisins. Le tout constitue un processus d'apprentissage de la parti¬

cipation, une initiation aux problèmes de la ville.

Réunions et débats publics sont organisés. C'est alors que Zoug va à la rencontre de Zoug. Est-ce un boulet que traîne l'aménagiste? A long terme, non! Lorsque le citoyen apprend à discerner la complexité de l'aménagement, l'avenir est différent puisqu'il s'établit des relations de confiance qui permettent d'aller de l'avant.»

Aménagement urbain en trans¬

parence: processus d'appren¬

tissage de la démocratie

Ce qui est possible à Zoug/ d'où notre Syndic est originaire/

(19)

19

23 Campagne pour la renaissance de la cité Un rôle crucial -

Celui des autorités locales Lucien Nussbaumer,

syndic de Fribourg, président de l'Union des Villes suisses:

«Le rôle des autorités loca¬

les est politique et psycho¬

logique. Il consiste aussi à réglementer et à traiter les problèmes de fond. Il im¬

porte que les autorités lo¬

cales soient convaincues de la nécessité d'améliorer sans cesse la ville et les conditions d'existence en son sein. Il faut également que ces autorités mettent leur volonté politique au service de cette noble cau¬

se et qu'elles prennent les dispositions indispensa¬

bles à la construction des bâtiments, au trafic, au parcage, à la protection de l'air, de l'eau et a la sauve¬

garde de la tranquillité. Il est important que tout cela soit non seulement appli¬

qué, mais encore accepté par la population. En effet, la mission des autorités lo¬

cales consiste à aider par des subventions ceux qui ne sont pas en mesure d'entreprendre seuls les améliorations nécessaires.

ne le serait pas à Fribourg ?

(20)

20

La pratique au sein de la Commission générale veut que les délé¬

gués des associations et groupements qui y sont représentés adres¬

sent par écrit leurs remarques et propositions au Groupe de tra¬

vail composé de trois Conseillers communaux, de fonctionnaires chefs de service et des aménagistes, exclusivement. Or, aucune des interventions faites au cours des deux premières phases d'étude (l'inventaire-diagnostic et le concept d'aménagement) n'a fait l'objet de discussion ou reçu de réponse circonstanciée.

Les choses ont quelque peu changé lors de la troisième phase, celle de l'étude des plans directeurs. Toutes les interventions ont reçu une réponse, certaines après discussions entre les inter¬

venants et le Groupe de travail. Mais ces réponses de type techno¬

cratique ne s'inscrivent pas dans un véritable processus de parti¬

cipation : le plus souvent, elles ne font que réfuter le bien-fondé des propositions émises pour justifier sommairement et arbitraire¬

ment le projet du Groupe de travail.

On en veut pour exemple le cas de la proposition "Alternative 79", soutenue par PRO FRIBOURG et d'autres groupements : la réponse qu'on lui fait consiste à tenter de prouver contre l'évidence et même par l'absurde que ses objectifs peuvent être atteints par la voie du projet officiel.

La participation peut-elle être illustrée par la déclaration du Conseiller communal Kaeser, directeur du plan d'aménagement, qui prétend que les membres de la Commission générale qui ne sont pas exprimés approuvent le plan sans réticences ? Comment auraient-ils pu, la plupart, s'exprimer valablement dès lors que les moyens d' une véritable participation n'ont pas été mis en place ?

Pendant ce temps, la vie continue et le Conseil Communal s'apprête à céder pour 5 ans le Café des Grand'Places à l'UBS qui, au lieu de bâtir sur son terrain vague de l'avenue de la Gare, va démolir ses bâtiments de la rue St Pierre plus le café du même nom. Et on procède aux sondages pour le parking du Bourg alors que celui de l'Eurotel est toujours en attente, allez savoir pourquoi ? La Commission générale ayant joué un peu trop bien son rôle (au point que seuls ceux qui se sont abstenus d'intervenir ont été fé¬

licités par le Syndic !), elle se trouve maintenant mise au ran¬

cart, car on a refusé de lui indiquer si elle serait à nouveau réunie. Par contre le Conseil Communal s'apprête à informer direc¬

tement le public, à l'automne, par un bus exposition itinérant.

Les membres de la Commission générale seront peut-être les premiers

à faire usage de la boîte aux suggestions prévue : apparemment,

c'est la seule possibilité d'intervention qu'on leur laisse...

(21)

Notre offre du 500

e

21

F1UB01JKG

LEON SAVAKY

Cette réédition est la seconde de notre série des

"introuvables fribourgeois"

De format 14 par 19 cm, réalisé "à l'identique", cet ouvrage de 96 pages, illustré de bois de Gaston Thévoz, est présenté dans sa forme originale des "Cahiers romands", le No 3/1929.

Cela grâce à l'amabilité de son éditeur et préfacier d'alors, Monsieur le Professeur Sven Stelling-Mi chaud.

Son tirage est limité à 500 exemplaires/

numérotés à la main.

Il vous est offert au prix de 19 francs l'exemplaire, AVERTISSEMENT : Cette réédition est réservée en priorité aux membres abonnés à PRO FRIBOURG

3

y compris aux nouveaux membres payant maintenant leur cotisation pour 1981. Les envois seront effectués immédiatement, dans l'ordre de réception des verse¬

ments. Afin de limiter les frais de secrétariat

3

les envois

sont faits seulement contre versement préalable.

(22)

22

Le «FRIBOURG» de Léon Savary d'une ville conformiste/ un portrait qui l'est moins

Rééditer Savary, de notre part cela peut surprendre.

La raison en est simple. Son "Fribourg" écrit en 1928 est un texte clé pour qui s'intéresse à la mentalité fribourgeoise, ou baigne dedans. C'est aussi l'un des meilleurs textes de Léon Savary, celui qui "passe" le mieux. C'est enlevé, acerbe, irréfutable. Et 53 ans après, encore actuel. A en frémir.

Ce "classique" est devenu introuvable dans sa forme originale:

les "Cahiers romands" tiraient à 500 exemplaires ! Le texte a certes reparu dans un recueil en 1970 : le "Livre du mois"

No 12, la collection de Pierre Cordey. Mais cela n'a pas la même saveur.

Le "Fribourg" de Léon Savary a toutes ses qualités de plume.

Il échappe à bien de ses défauts : ceux qu'on rencontre dans ses romans, tout imprégnés de ce cléricalisme qu'Ai do Dami qua¬

lifiait si justement de "catholicisme du trou de la serrure".

Et, jusque dans ses haines et ses diatribes, ne parvenant pas à s'en détacher.

Cet autre amoureux de l'écriture et esprit grinçant et acéré que fut Gonzague de Reynold ne s'y était pas trompé. Dans une lettre de 1942 à Léon Savary *), il le définissait ainsi : Ce qui me frappe le plus chez vous, c 'est l'empreinte que vous avez reçue de votre éducation fribourgeoise. Toujours, vous y revenez; on dirait que vos années de puberté - excusez l'expres¬

sion - vous obsèdent. Vous avez trop d'indulgence, par réaction, pour un certain aspect bien déplaisant de la vie fribourgeoise:

le bolzisme radicailleia', pas mal bohème et un peu gouape, en réalité paresseux, qui se contente d'une certaine culture exclu¬

sivement littéraire, est impertubablement en retard sur son temps et fréquente beaucoup les cafés. Ce sont là des gens qui confondent l'opposition avec le progrès, et le dillétantisme avec la culture. Ils sont des cléricaux qui se pochardent avec

le vin des burettes et qui n'ont fait que changer de sacristie.

Ils ont cela d'hypocrite, qu'ils affectent d'avoir les vices qu'ils n'ont pas et d'être les esprits forts qu'ils ne sont pas.

C'est un sous-produit du clériàalisme.

*) du 22 juillet 1942. Paru le numéro spécial 4/1974 de La Re¬

vue de Belles-Lettres consacré à Léon Savary.

(23)

Rééditer le Fribourg de Savary, c'est aussi rappeler l'aven¬

ture des Cahiers romands, celle de toute revue littéraire.

C'est aussi faire appel aux souvenirs.

En tout premier, de l'éditeur des Cahiers, Sven Stelling- Mi chaud, qui, un demi-siècle plus tard, se remémore l'entre¬

prise passionnée d'un jeune étudiant. Nous reprenons ci-après son article commémorant les Cahiers, publié dans "Musées de Genève".

C'est grâce à Sven Stelling-Mi chaud que cette réédition a été rendue possible. C'est l'occasion de rendre hommage à l'origi¬

nalité de sa démarche en pays romand.

J'ai retrouvé sa lettre à Robert de Traz où, en février 1929, il lui exposait les caractéristiques des Cahiers :

Tous les auteurs collaborant aux Cahiers Romands n'ont pas présenté leurs manuscrits d'eux-mêmes pour en solliciter l'é¬

dition. Au contraire

}

et les qualités identiques présentées par les sujets le démontrent aisément, tous ont été de ma part

l'objet de commandes fermes. Il s'agissait pour moi d'obtenir des oeuvres nouvelles ( Ramuz mis à part ) destinées à fournir une collection homogène dont le public romand aurait eu la primeur. Je me permets d'insister sur ce fait qui n'a été igno¬

ré d'aucun des auteurs, que toutes les oeuvres commandées étaient destinées aux Cahiers Romands. *)

Le résultat est là. Ce "Fribourg", cet essai, Savary le consi¬

dérait lui-même comme le meilleur de son oeuvre, lui ayant

"procuré plus de joie que je ne saurais dire" (interview paru dans l'Illustré du 7 décembre 1933).

Je me suis enfin adressé à d'autres "témoins" : à Jacques

Thévoz, frère de l'illustrateur du cahier; à Mgr Paul von der

Weid, prévôt de la Cathédrale, l'ami à qui Léon Savary avait

dédicacé son oeuvre et qui célébrera sa messe d'enterrement,

un jour de septembre 1968. G. Bourgarel

(24)

24 Geneve.le 35 décembre 1928.

3 rue Mme de Staël.

G lier Monsieur,

Je vous remercie de votre lettre et vous soumettrai avec plaisir le manuscrit de mon Fribourre.Mais je vous prie de bien vouloir attendre quelques jours encore,car il n*est pas terminé.Je pourrai vous le faire parvenir les tout premiers jours de janvier.

"Veuillez agréer,clier Monsieur,l'assurance de mes meil¬

leurs sentiments.

(lettre à Robert de Traz)

Bois de Gaston Thêvoz

illustrant le Friboiœg

de Léon Savary.

(25)

25 Jacques Thévoz :

En 1929, j'avais onze ans, 11.

Mon frère Gaston, l'auteur des bois illustrant le "Fribourg" de Léon Savary, avait largué, depuis 5 ans, ses études de droit. Il vivait à la Tour Henri, dans une soupente de 15 mètres de côté, ouverte à tous vents, à laquelle on accédait par une échelle mo¬

bile verticale. Tout le Fribourg d'alors, lettrés, artistes, cler¬

gé, clochards, courtisanes, se retrouvait tôt ou tard suspendu entre ciel et terre, accroché aux barreaux de l'échelle mobile.

C'est dans cette situation que j'ai connu Léon Savary. "Fanfan"

le fauve berger allemand de mon frère tenait dans ses crocs le fond de pantalon (Léon l'avait vaste) de l'écrivain. J'ai calmé le chien, ce n'était pas une petite affaire, il mordait tout ce qui avait forme humaine. Léon m'avait encensé de louanges, prêt à me faire obtenir le prix du courage précoce et anonyme. Je l'a¬

vais stoppé dans ses élans : "Je suis son frangin". "Ah, c'est toi petite crapule qui a bouzillé les bois que ton frère avait fait". J'avais en effet amélioré les bois de mon frère, parce que "je trouvais qu'il y avait trop de noir".

En 1981, j'ai 63 ans, je revois les bois non améliorés par mes soins, et peut-être que j'ai été involontairement, par mon geste d'enfant, complice de leur très haute qualité de noir.

Bravo à Gérard Bourgarel de rééditer le Fribourg de Léon. A quand une réédition du "Musique de Fribourg" de Charles-Albert Cingria et de mon Fribourg ? Ces textes confrontés à la débauche d'écrits parus sur Fribourg depuis 40 ans donnent une image d'un Fribourg réel, car comme le dit Léon "ce peuple de paysans... repoussera- t'il... même la démocratie". C'est encore vrai jusqu'à quand ?

\ P.S. N'oubliez pas, lecteurs, que le bois montrant l'une des por¬

tes de la cathédrale, c'est l'enfer. Probablement, choix commun de l'auteur et de l'illustrateur.

Paul von der Weid :

Si quelqu'un a bien connu et profondément aimé notre vieux Fri¬

bourg, c'est bien ce cher et regretté Léon Savary.

(26)

1

M <S - H ICH A

c- iju C H A R. L t S

绣V«m^v 4fc Gtri si u .-

J i\Olf) t i ;

k

1 « O - A \ / In(4 »"H «(,*£>

N

' C • f{. Qtriyfyxlis

(

f«^l**

<

CiL At

A L !S t K V C ) Kit R. ! 4

Une collection littéraire:

les «Cahiers romands»

(1929-1933) Les collections, comme les revues et les écoles litté¬

raires, ont ceci de remarquable qu'elles ne répondent jamais tout à feit - et c'est très heureux ! - à leur programme. Les Cahiers vaudois (1914-1921) s'étaient voulus l'expression quasi barrésienne d'une terre, le pays de Vaud. A. Berchtold, dans son bel ouvrage sur

La Suisse romande au cap du XX

e

siècle, a souligné avec raison que cette révolution esthétique eut une portée bien différente, et qu'il serait vain de chercher dans la trajectoire des individualités puissantes qui composè¬

rent l'équipe, la survivance d'un chimérique «esprit de

groupe».

(27)

Les Cahiers romands, quinze ans plus tard, participent dans leur dessein initial d'une même illusion, d'une même volonté d'enracinement, et le signataire de ces lignes ne peut relire aujourd'hui sans sourire la présen¬

tation des Cahiers qu'il a publiée dans la Nouvelle Revue romande (décembre 1928), présentation où se retrou¬

vent certains des éléments théoriques des Cahiers vau- dois, ainsi que des idées à la mode du temps, tels que les poncifs rhodanien et «burgonde», l'exaltation de la tradition romane et catholique et le dédain du mora¬

lisme protestant. Ce vernis idéologique des plus super¬

ficiels devait se craqueler d'autant plus vite qu'il adhé¬

rait assez mal à la personnalité du jeune éditeur, cosmo¬

polite par ses origines et son éducation. Aussi les deux séries des Cahiers romands ne devaient-elles pas tarder à rejeter le «romandisme intégral» qu'ils avaient annoncé, pour s'engager dans des voies plus larges et s'ouvrir à d'autres courants.

En feit, le choix des titres ne devait guère obéir, au cours de ces trois ou quatre années, qu'à l'amitié qui liait l'éditeur improvisé à certains de ses auteurs, aux hasards de l'admiration littéraire, des affinités et des rencontres. Un cours de Walter Muschg à l'université' de Zurich sur ce génial rénovateur de l'histoire et de la critique littéraires que fat Friedrich Gundolf, incita l'étudiant bilingue à traduire le Paracelse, qui devait paraître dans la seconde série des Cahiers romands. Gon- zague de Reynold, rencontré à Lausanne dans un cercle de jeunes admirateurs, lui donnera le manuscrit du Génie de Berne et l'introduira auprès des frères Cingria, et c'est par Charles-Albert qu'il connaîtra Biaise Cen¬

drars. A Paris encore, il fera la connaissance de Denis de Rougemont dans un bar de Montparnasse, tandis qu'à l'Ecole des Chartes, il deviendra le condisciple d'Eddy Bauer, alors déjà maurrassien, comme du reste une grande partie de la jeunesse étudiante.

Cinquante ans plus tard, il est possible, avec tout le détachement qu'autorise une si longue distance, de dresser une manière de bilan de cette entreprise d'édi¬

tion assez téméraire. A part le Chant des pays du Rhône de Ramuz et les deux traductions de l'allemand, les autres Cahiers étaient entièrement ou, pour trois d'entre eux, partiellement inédits (des fragments du Paysan du Danube, des Harmonies et du Cantique des Chérubins avaient été publiés dans des revues). Inaugurant les Cahiers romands, le Chant des pays du Rhône reprenait la version que Ramuz avait feit paraître en 1926 dans «Le Roseau d'or», retouchant et modifiant la version origi¬

nale qui avait paru en 1920 sous le titre de Chant de notre Rhône et que l'éditeur H.-L. Mermod allait repren¬

dre dans toutes ses éditions postérieures; aussi ce pre¬

mier cahier revêt-il pour les ramuziens un intérêt parti¬

culier.

Parmi les textes qui assurèrent d'emblée aux Cahiers une certaine réputation, il feut citer Le Génie de Berne de Reynold, qui élargit la collection au monde aléma¬

nique, l'étonnante et peu académique Civilisation de Saint-Gall, sans doute l'ouvrage le plus original et le plus durable de Ch.-A. Cingria, par ses vues illuminan¬

tes sur les débuts de la musique européenne, puis Vol

à voiles, que Biaise Cendrars écrivit à la suite des entre¬

tiens que nous eûmes dans sa maisonnette de Trem- blay-sur-Mauldre en Seine-et-Oise. Il s'agit là du seul récit autobiographique où l'écrivain parle de son enfence neuchâteloise, de son père, de sa faite et du début de sa vie d'aventures. Cendrars avait offert d'écrire la suite de ses souvenirs pour une troisième série des Cahiers, qui ne vit jamais le jour.

De ces 24 petits volumes blancs, des lignes de force se dégagent, des groupes se détachent, des noms émer¬

gent, noms d'écrivains déjà célèbres ou du moins con¬

nus, mais aussi d'auteurs qui devaient acquérir la noto¬

riété par la suite, comme D. de Rougemont, dont Le Paysan du Danube, évocation d'une Allemagne roman¬

tique, est le premier ouvrage publié (si l'on excepte un bref pamphlet sur Les Méfaits de l'instruction publique).

Mais n'oublions pas non plus des auteurs dont l'œuvre, restée plus modeste par le volume, n'a pas connu le même rayonnement, mais dont le talent n'en est pas moins authentique et attachant, tel ce personnage assez secret que fat Lucien Marsaux, dont le Cantique des Chérubins exprime les préoccupations mystiques, ou tel

<] Modigliani. Portrait de Charles Albert Cingria avec un texte dédicatoire de ce dernier. (Coll. personnelle de l'éditeur.) V Albert Muret, dessin à la plume pour les Harmonies de

P. Deslandes. (Coll. personnelle de l'éditeur.)

(28)

Lettre de Blaise Cendrars à

Sven Stelling-Michaud. 16 février 1931.

(Original à la BPU). t>

René Vittoz, disciple de Rudolf Steiner, poète et pein¬

tre, dont la belle et émouvante Ivresse de Noé déconcerta la critique. Enfin, on peut rapprocher du Théâtre de poupées de René Morax les Trois petits tours pour marion¬

nettes de Maurice Budry, d'un savoureux humour vau- dois dans Pépin ou le voyage à la lune et dans Le Retour d'Ulysse que des collégiens ont joué il y a quelques années.

En ce qui concerne les thèmes, l'histoire est repré¬

sentée par Destins de Neuchâtel d'Eddy Bauer et par Le io août ijç2 de P. de Vallière, ouvrages de vulgarisa¬

tion rapidement épuisés. Les cahiers consacrés à une ville ou à une région forment un groupe important,

avec Le Génie de Berne de Reynold, le Fribourg de Léon Savary — son meilleur livre, estimait-il — et le Sion de Blaise Allan, poème d'inspiration claudélienne. Le pay¬

sage du Jura, terre et eau, trouve son chantre en Louis Loze, qui fait revivre en poète le cours du Doubs, «à travers les hautes cluses où il réveille des siècles d'om¬

bre», tandis que Pierre Deslandes, philosophe campa¬

gnard, célèbre le calme bonheur de la vie aux champs, tout au long de l'année, dans ses fraîches Harmonies, auxquelles répondent les beaux dessins d'Albert Muret.

La place de l'art est occupée par l'Alexandre Cingria

de François Fosca (seule étude d'ensemble consacrée à

ce merveilleux créateur de vitraux et de mosaïques),

(29)

auquel font écho les Souvenirs d'un peintre ambulant, où A. Cingria parle de son art, décrit ses difficultés, ses enthousiasmes et ses déceptions.

Des deux petits cahiers de René de Week, ses Opi¬

nions sur Ramuz ont vieilli, tandis que Amiel ou la noix creuse reste un témoignage curieux de cette fronde con¬

tre la tradition moraliste romande que nous avons évo¬

quée plus haut. Il est par ailleurs des pages auxquelles l'évolution politique de ces dernières années prête un regain d'actualité, qu'il s'agisse d'Une image d'Etats- Unis européens de Maurice de Rameru — qui stigmatise en passant le conformisme des Suisses — ou, surtout, des Marches du Nord de Rodo Mahert, qui posait en termes clairs le problème du Jura bernois et appelait de ses vœux, un demi-siècle avant la création du 23

e

can¬

ton, une «indépendance qui mériterait le nom de renaissance».

Et le Paracelse de Gundolf? Et L'Intermezzo roumain de Hugo Marti, écrivain bernois (et cosmopolite), que font-ils dans ces cahiers «romands» ? Eh ! bien, précisé¬

ment, ils témoignent, chez le jeune directeur de collec¬

tion, du besoin de Élire sauter des coutures trop étroi¬

tes, — besoin qui fut apparu plus clairement encore si la troisième série prévue avait vu le jour. Deux cahiers

consacrés à la littérature alémanique devaient présenter des textes, traduits en français, de Ed. Korrodi, A. Ste¬

ffen, Max Rychner, Cari Burckhardt, Fritz Ernst, Mein¬

rad Inglin, W. Muschg, R. Faesi, Traugott Vogel, Cecile Lauber, etc.

Mais on peut imaginer l'aventure que représente financièrement ce genre d'entreprise: un étudiant fou de littérature peut vendre sa voiture pour Élire durer, un peu de temps encore, le plaisir d'éditer les écrivains qu'il aime, mais un moment vient où le jeune émule de Palissy ne peut continuer de brûler ses meubles!

Mais nous touchons là aux problèmes, qui demande¬

raient de tout autres développements, de l'édition des auteurs romands, qu'il s'agisse de collections ou de revues, — et l'on sait les efforts intrépides qu'a déployés dans ce domaine un Gilbert Trolliet. La première série des Cahiers (diffusée par la Librairie Payot et Cie) avait connu un succès honorable, puisqu'en janvier 1933 déjà, sept des douze titres publiés, avec un tirage certes modeste de 655 exemplaires, étaient épuisés. Pour la seconde série, le rythme se ralentit, alors même que cette nouvelle fournée compte, avec Vol à Voiles, Pétrarque et Le Paysan du Danube, quelques uns des meilleurs titres de la collection. Il est vrai que ces mala-

/)W\ IVV

r. 0 v \r<7V&. cAÄfc •

^ \ \ .

f'„JS»ll> "W*, IV—. M-

^ ~ ""0

(30)

dies de langueur sont dans la nature de ce genre d'en¬

treprises littéraires... Reste la pensée réconfortante que certains de ces textes n'auraient peut-être jamais été écrits sans l'occasion des Cahiers romands.

Une dernière question : quel fat, en son temps, l'ac¬

cueil réservé à la collection par la critique? En France, les articles de quelque importance qui parurent, dans le Mercure de France et la NRF, étaient dûs à la plume de Suisses romands, R. de Weck et D. de Rougemont, eux-mêmes, du reste, collaborateurs des Cahiers. La presse romande — où, soit dit en passant, les chroniques littéraires étaient beaucoup plus nombreuses qu'aujour¬

d'hui — fat naturellement plus attentive et elle accueil¬

lit l'entreprise avec faveur. Mais il est intéressant et peut-être significatif que l'écho le plus juste et le plus chaleureux aussi soit venu de Suisse alémanique, où le critique Siegfried Lang consacra dans la Neue Schweizer Kundschau de novembre 1933 une longue et pénétrante étude aux Cahiers romands, relevant d'une part que cette volonté de «rassembler les forces spirituelles d'une région pour les amener à exprimer le meilleur d'elles- mêmes » n'entraînait aucune uniformité, d'autre part, et surtout, que de régionalisme au sens étroit du terme, il ne pouvait être question ici, plusieurs des textes publiés témoignant d'une volonté d'ouverture évidente sur le reste de la Suisse, voire sur l'Europe. Comme nous l'avons dit au début, cette volonté nous paraît aujourd'hui manifeste, mais il fallait, pour la discerner aussi clairement à l'époque, cette sympathie perspicace dont la Suisse alémanique a souvent fait preuve à l'en¬

droit de la vie culturelle romande, et que nous n'avons pas toujours su lui rendre.

Sven Stelling-Michaud N. B. Pour commémorer le cinquantième anniver¬

saire des «cahiers romands», la Bibliothèque publique et universitaire organise dans les vitrines du i

cr

étage une petite exposition rétrospective. On pourra y voir notamment plusieurs documents du dossier de corres¬

pondance que M. Stelling-Michaud a eu la générosité d'offrir à la Bibliothèque.

Les Cahiers romands, Première série:

1. C.-F. Ramuz, Chant des pays du Rhône. Illustr. d'Albert Gaeng. Introd. (non signée) de Sven Stelling-Michaud. 65 p., 1929.

2. G. de Reynold, Le génie de Berne. Introd. (non signée) de S. St.-M. 112 p., 1929.

Réédition : Le génie de Berne et l'Ame de Fribourg, Payot,

r

934-

3. Léon Savary, Fribourg. Illustr. de Gaston Thévoz.

Introd. (non signée) de S. St.-M. 81 p., 1929.

Réédition : Le Secret de Joachim Ascalles, suivi de Fribourg et de La Bibliothèque de Sauvives. Le Livre du Mois, Lausanne, (1970).

4. Pierre Deslandes, Harmonies. Cinq croquis d'Albert Muret. Introd. de S. St.-M. 76 p., 1929.

5. Charles Albert Cingria, La civilisation de Saint-Gall.

Introd. de S. St.-M., 132 p., 1929.

Réédition: Œuvres complètes de Ch. A. Cingria, t. 2, L'Age d'homme, Lausanne, 1968.

6. René de Week, Opinions sur Ramuz. Introd. de S.

St.-M., 78 p., 1929.

7. P. de Vallière, Le 10 août 1792. La défense des Tuileries et la destruction du régiment des gardes-suisses de France à Paris.

Illustr. 163 p., 1930.

8. Rodo Mahert, Marches du Nord. Trois illustr. de A.

Schwarz, 51 p., 1930.

9. Ed. Bauer, Destins de Neuchâtel. Cinq croquis de C.

Meili. Introd. de S. St.-M. 113 p. 1930.

Réédition (revue et augmentée) : La Baconnière, Neuchâ¬

tel, 1934.

10. Maurice de Rameru, Une image d'Etats-Unis européens.

Introd. de S. St.-M. 108 p., 1930.

11. François Fosca, Portrait d'Alexandre Cingria. Avec 19 illustr. hors texte dont 3 en couleurs. 107 p., 1930.

12. Louis Loze, Le Doubs. Cinq dessins de l'Eplattenier.

85 p., 1930.

Deuxième série:

1. Lucien Marsaux, Le Cantique des Chérubins. 132 p., ï93i-

2. René de Week, Amiel ou la noix creuse. 84 p., 1931.

3. Maurice Budry, Trois petits tours pour les marionnettes.

136 p., 1931.

4. Friedrich Gundolf, Paracelse, trad, de l'allemand par S.

Stelling-Michaud. 236 p., 1932.

Réédition (trad, revue) : Editions «Je sers», Paris, (1935).

5. René Vittoz, L'ivresse de Noé. Drame en trois actes et un prologue. 198 p., 1932.

6. Biaise Cendrars, Vol à voiles. Prochronie. 98 p., 1932.

Rééditions: Guilde du Livre, Lausanne, coll «La petite ourse», et Œuvres complètes, Club français du livre, t. 4 (i960).

7. Blaise Allan. Sion. Poème. 118 p., 1932.

8. Charles Albert Cingria, Pétrarque. Illustr., 192 p., 1932 Réédition: Œuvres complètes, t. 5, l'Age d'homme, Lausanne,

1969.

9. Denis de Rougemont, Le Paysan du Danube. Illustr., 201 p., 1932.

Réédition (incpl.) : Journal d'une époque, 1926-1946, Paris, Gallimard, 1968.

10. Georges Méautis, Maternité. Illustr. 82 p., 1932.

11. Alexandre Cingria, Souvenirs d'un peintre ambulant. Cinq dessins d'Emilio Beretta. 218 p., 1933.

12. Hugo Marti, L'intermezzo roumain. Trad, de l'allemand (par M. Guerne). Introd. de Charly Clerc. 182 p., 1933.

Article tiré de la revue

Musées de Genève, No 209

d'octobre 1980.

(31)

31 1981 année européenne

de la Renaissance de la Cité

Les "Années" se succèdent : on a eu celles du patrimoine archi¬

tectural , de l'enfance, de la femme. En 1981, c'est le tour des handicapés et de la Renaissance de la Cité. Autant de prétextes à discours, à réunions d'experts, à déclarations de bonnes inten¬

tions : c'en est devenu une mode.

Pourtant le thème de la Renaissance de la Cité mérite qu'on s'y arrête. Lancé à l'initiative du Conseil de l'Europe sous le slo¬

gan "Des villes pour vivre", il a pour but, selon son Secrétaire Général, M. Franz Karasek, "la stimulation de la renaissance, de l'initiative et de la participation au niveau local. La Campagne concerne la démocratie locale, le développement communautaire et l'engagement du public et des citadins."

On aborde donc un secteur en pleine crise, oü éclatent les ten¬

sions les plus vives. Autant de problèmes gênants que les auto¬

rités préfèrent généralement passer sous silence, escamoter tant que faire se peut, quitte à recourir au mode répressif quand les réactions au désordre urbain viennent à troubler l'ordre public.

Dans de telles conditions, la participation à ce programme euro¬

péen est fort diverse selon les pays. En France par exemple, on s'est contenté de placer un vague haut fonctionnaire à la tête d'un comité national fantôme dont le silence et la discrétion ont été tels que rien n'en a transpiré dans les milieux intéres¬

sés. Ceci pour cause d'échéances électorales, c'est possible.

En Suisse, l'autorité fédérale a rempli ses engagements moraux avec tout le sérieux helvétique. On a constitué un comité, al¬

loué des crédits (quelques centaines de mille francs) et confié la réalisation d'une exposition itinérante à une agence publici¬

taire aussi zurichoise que compétente. C'est donc du bon travail, bien présenté, bien cher (façon Expo nationale quant à l'esprit, avec son aspect critique soigneusement dosé). C'est propre, en ordre. On a seulement perdu de vue la signification et les impli¬

cations du thème central : celui de la participation des cita¬

dins. Un montage habile et une présentation astucieuse ne font pas tout.

Mais, sans doute, est-il indispensable que le relais soit pris au niveau local, l'exposition nationale devant servir d'incita¬

tion. A Fribourg, par exemple ...

(32)

32

A Fribourg, du 14 au 16 octobre:

confrontation européenne

des villes historiques Cette manifestation européenne sera pratiquement la dernière des Fêtes du 500e anniversaire de l'entrée de Fribourg dans la Confédération. En soi, l'initiative est bonne. Pourquoi ne pas mettre ainsi l'accent sur le patrimoine architectural fribour- geois ? Ce pourrait être l'occasion d'un bilan et d'un examen critique de ce qui a été fait jusqu'ici et d'un programme pour le futur.

Pro Fribourg a donc apporté son soutien et a fait des proposi¬

tions : faire en commun, avec les services officiels (Commune, conservation des monuments : Canton et Confédération) un bilan critique, contrasté, mais non polémique, des travaux de restau¬

ration et d'aménagement de ces dernières années en Vieille-Ville.

Pour cela, présenter les réalisations sous un double éclairage:

celui suivant le cas, du maître d'oeuvre, de l'architecte, des services officiels et, de l'autre, celui des usagers (par ex.

association de quartier) ou de mouvements tels que Pro Fribourg ou l'Art Public, ou d'autres points de vue d'architectes.

Le but étant de bien montrer que, dans chaque cas, nous sommes en présence de choix, en fonction de principes, de méthodes, de politique, de contraintes économiques ou légales, de préoccupa¬

tions sociales, autant de données en constante évolution. Il n'y a pas de restauration "neutre" ou "innocente", il n'y a pas non plus de "science exacte" de la restauration, chaque inter¬

vention portant la marque, qu'on le veuille ou non, de notre époque.

Ces propositions ont été acceptées par le Syndic et le Comité fribourgeois d'organisation du Symposium. Sur cette base, un cahier spécial de notre revue paraîtra en septembre.

Autre proposition - initiative, en fait - de Pro Fribourg: cons¬

tatant que le Symposium n'avait pratiquement pas de lien avec le programme européen pour la Renaissance de la Cité, et ne réu¬

nissait que des officiels, édiles ou élus municipaux, nous an¬

noncions la tenue, à la suite du Symposium, d'un FORUM DES HABI¬

TANTS. Et alors qu'on s'apprête à dépenser 150'000 francs pour recevoir 400 officiels (à 400 Frs par tête), on nous a refusé tout soutien financier. C'est évidemment dans la logique de ces Fêtes où nos notables reçoivent d'autres notables, aux frais de

la princesse, pardon, ...des contribuables.

(33)

Notre appel:

33

PRO FRIBOURG mouvement de sauvegarde de la ville de Fribourg en Suisse, militant pour un urbanisme démocratique, prend position à l'annonce de la 4e confrontation européenne des villes historiques qui se tiendra dans sa ville du mercredi 14 au vendredi 16 octobre 1981 :

• Il salue la venue de représentants officiels de toute l'Europe occidentale soucieux du sort de leurs centres historiques et sou¬

haite que leur témoignage soit bénéfique pour Fribourg, une ville qui souffre des maux de notre époque : étouffée par la circulation et perdant ses habitants d'origine,

• Il constate cependant que le thème de ce symposium "Patrimoine architectural et emploi" n'a qu'un rapport éloigné avec le thème central de la Campagne européenne pour la renaissance de la cité, lequel répond, lui, pleinement aux aspirations des initiatives de citadins,

• Ne s'agit-il pas, au travers du thème de ce très officiel sympo¬

sium de promouvoir une insertion des centres historiques dans le circuit économique telle que les logements anciens deviennent une marchandise produisant de substantielles plus-values ? Alors que

les initiatives de citadins défendent des valeurs conviviales non réductibles à la seule dimension économique.

• Or, nous devons constater que la manifestation officielle ne donnera guère qu'un rôle de spectateur à ceux qui s'efforcent, souvent en dehors des structures établies, de "vivre leur ville".

• Nous constatons enfin que cette réunion, tenue dans la semaine, convient mieux à des fonctionnaires ou à des élus délégués qu'à des militants d'associations qui y consacrent leur temps libre.

Nous organiserons en conséquence, en liaison avec la fédération

CIVITAS NOSTRA et les initiatives européennes de citadins, un

FORUM DES HABITANTS qui, les samedi et dimanche 17 et 18 octobre,

traitera de leurs revendications et de leur droit à la parole.-

(34)

34

Fribourg, 17 et 18 octobre FORUM DES HABITANTS

Par FORUM DES HABITANTS, nous n'entendons pas faire un anti- congrès, ni surtout "singer" le symposium officiel. Les mal¬

notés que nous sommes n'ont pas à se comporter en notables.

Il s'agit de se rencontrer, de se connaître et de s'affirmer.

Le moment est propice. En ce mois de mai, coup sur coup, les Bürgerinitiativen allemandes se réunissaient à Stuttgart, les groupements de citadins suisses se retrouvaient à Genève et les unions de quartiers françaises s'assemblaient à Grenoble.

A chaque fois, PRO FRIBOURG était présente et se confirmait dans le sentiment d'appartenir à une vaste communauté de pen¬

sée et d'action.

Le FORUM DES HABITANTS de Fribourg, les 17 et 18 octobre, va permettre une prise de contacts plus large, plus actuelle, plus vivante encore que lors de précédentes manifestations or¬

ganisées avec notre fédération CI VITAS NOSTRA : nous déborde¬

rons des quartiers anciens pour faire appel à tous ceux qui sont en prise directe sur la réalité et les tensions urbaines, qui sont en lutte au coeur de nos villes.

L'idée retenue est que bon nombre de groupes viennent présen¬

ter leur action, leur mode d'expression, par tous les moyens utilisés (audio-visuel, théâtre de rue, manifs, expos..). Les Parisiens présenteront l'affaire des Halles, le Groupe Action Urbanisme de Lausanne sa lutte contre la pénétrante autorou¬

tière, et ainsi de suite.

On fera appel aussi à quelques semeurs d'idées et empêcheurs de tourner et de penser en rond. Les langues utilisées seront

le français et l'allemand. On espère s'adjoindre l'italien.

Des possibilités de logement et de repas à bon marché seront offertes.

Le programme provisoire s'établit ainsi : Vendredi soir, réu¬

nion préparatoire. Samedi matin, contacts inter-groupes et, en parallèle, présentation des activités de groupes et exposés.

Le tout se terminant par une fête. Le dimanche sera consacré à un échange de vues sur les possibilités de liaisons et de con¬

tacts à l'avenir.

Un appel est lancé aux groupements de citadins d'Amsterdam à

Palerme et de Berlin à Barcelone. Renseignements auprès de

notre secrétariat : Stalden 14, CH - 1700 FRIBOURG.

Références

Documents relatifs

Nous avons vu dans le précédent article que Louis de La Palud était reconnu comme évêque de r~allsanne pal' le concile de Bâle, au mois de janvier '1432. Cependant, dès le mois de

Ainsi, nous avons trouvé que l’association de plusieurs traitements de deuxième ligne était efficace pour éviter le coma thérapeutique chez 50% des enfants de notre étude, mais

reurs professionnels, le canton est bien représenté dans cette discipline. Cette saison encore, même si la situation est un peu moins excellente, elle reste bonne. En effet,

- Gérard Pochon, vous êtes le président technique du club de Bulle, tout d'abord on peut dire que vous êtes un homme heureux avec cette promotion dans l'élite suisse?.

ON DEVRAIT FAIRE CELA DANS LEUR PROPRE JARDIN Le couple avec deux enfants qui, dimanche 3 juillet 8 3, a pique-niqué sur la rive gauche de la Gérine, en amont du pont

C'est le dimanche de l'eut coûte que les Céeilienncs du décimal de St.-Udalrich se sont rencontrées ;\ Pon- thaux pour leur fête trisannuelle. Cette manifestat ion avait

In this context, identifying MWEs could be modeled as tree-to-tree correction in that each syntax tree fragment whose leaves satisfy the minimal lexical constraints for a particular

Savary ne craint pas de recourir au Droit civil, au Droit canonique et à l’autorité de l’Empereur Justinien pour prouver qu’il convient de considérer comme une