1 STI2D Ingénierie de Projets
Séquence 1 : Les produits durables Cours IT / I2D
1. Qu’est-ce qu’un projet ?
C’est dans la norme
NF EN ISO 9000
, qui définit les règles que doivent suivre les entreprises pour fournir à leurs clients des produits répondant au mieux à leurs exigences, que le terme « projet » est expliqué :« Processus unique, qui consiste en un ensemble d’activités coordonnées et maîtrisées comportant des dates de début et de fin, entrepris dans le but d’atteindre un objectif conforme à des exigences spécifiques, incluant des contraintes de délais, de coûts et de ressources. » Processus unique : la démarche de projet permet la création et l’innovation. Une activité « projet » est unique par opposition aux activités
« opérations » qui reviennent régulièrement dans l’entreprise.
Ensemble d’activités coordonnées et maîtrisées : lors du projet, de nombreuses tâches, de natures différentes devront être parfaitement réalisées si l’on veut atteindre les objectifs finaux.
Dates de début et de fin : le projet doit avoir une durée déterminée donc un début et une fin fixés.
Exigences spécifiques : le cahier répond à un besoin qui a été clairement identifié et formalisé.
Ressources : le projet a besoin de ressources humaines et matérielles.
On distingue trois grands types de projet :
• Les projets «
ouvrage
» : un projet unique spécifique à un client unique. Ex : les grands ouvrages d’art (pont, tunnel, autoroute, musée…)• Les projets «
produit
» : un projet qui permettra de créer des produits éphémères, réalisés en grande quantité et destinés à plusieurs clients (avions, voitures, médicaments, parfum…)• Les projets «
organisationnel
» : ce projet ne fournit rien de matériel mais permet la mise en place d’un processus ou le déroulement d’un évènement temporaire (organisation des Jeux Olympiques, projet de réorganisation d’entreprise, changement de règles de réservation à la cantine…)2. L’organisation d’un projet
L’organisation d’un projet est fondée sur deux entités :
• Un «
client
» : organisme ou personne qui reçoit un produit selon les besoins qu’il a exprimé ;• Un «
fournisseur
» : organisme ou personne qui procure un produit selon les besoins qui lui ont été exprimés.Dans une entreprise industrielle, ces entités sont appelées :
•
Maître d’Ouvrage (MOA)
: service ou personne responsable de la définition des besoins en termes2.1. L’équipe projet
C’est donc l’équipe du maître d’œuvre qui va être responsable de mener le projet à son terme.
Elle est encadrée par un «
chef de projet
», chargé de conduire le projet avec comme priorités :la performance, les coûts, les délais.Le chef devra également :
• Organiser des
revues d’avancement
et de validation régulières ;• Prendre des
mesures correctives
si besoin.Pour mener à bien sa mission, le chef de projet peut s’appuyer sur des spécialistes techniques chargés de développer le produit ou service dans leur domaine de compétence.
Il est également assisté de juristes (le projet et son déroulement doivent respecter les lois), de responsables commerciaux (le produit doit pouvoir être vendu aux clients) et de responsables qualité (le produit doit respecter les normes).
2.2. Le cycle de vie classique d’un projet
2.2.1. Les phases d’un projet
Un projet est organisé en
phases
qui peuvent comporter plusieurstâches.
A l’issue de chaque phase,une revue
permet de valider, ou pas un
jalon,
et ainsi passer à la phase suivante.Un exemple de projet : Montre pour mesurer son pouls :
A chaque phase correspond :
• Un objectif ;
• Un contenu technique précis ;
• Un attendu spécifié dans le
contrat (documentation technique et livrables) ;
• Une revue de validation.
2.2.2. Les revues
Les revues doivent être menées par des personnes extérieures au projet.
Elles doivent permettre l’analyse critique des éléments élaborés lors de la phase concernée et leur conformité par rapport aux attentes du contrat.
En cas de déviance, des actions correctives doivent immédiatement être mises en place. Si la revue est concluante, on dit que le jalon est validé, et l’on peut passer à la phase suivante.
3. Les méthodes et outils communs de la gestion de projet
Chaque entreprise est amenée à développer ses propres outils de gestion, adaptés à la spécificité de ses projets et à ses propres retours d’expérience.
Il existe cependant des outils génériques universellement reconnus et utilisés.
Il ne s’agit pas ici de tous les lister mais de présenter les plus importants, que vous aurez l’occasion d’utiliser dans le cadre de votre formation en STI2D, et après….
3.1. Les outils de planification
La planification est un élément incontournable de la gestion de projet puisqu’elle permet :
• D’identifier l’ensemble des tâches nécessaires à la réalisation du projet, leur durée et les ressources ;
• Prévoir l’enchaînement des tâches ou l’ordonnancement (certaines tâches sont indépendantes alors que d’autres ne peuvent démarrer tant que la précédente n’est pas terminée) ;
Le diagramme de GANTT est la technique et représentation graphique permettant de renseigner et situer dans le temps les phases, activités, tâches et ressources du projet.
En ligne, on liste les tâches ou activités et en colonne les jours, semaines ou mois. Les tâches sont représentées par des barres dont la longueur est proportionnelle à la durée estimée.
Les tâches peuvent
se succéder ou se réaliser en parallèle
entièrement ou partiellement.Ce diagramme a été conçu par Henry L. GANTT (en 1917) et est encore aujourd'hui la représentation la plus utilisée.
3.2. Gestion des risques : AMDEC
Les évènements générateurs de risques et les risques eux-mêmes devront être identifiés très tôt dans le cycle de vie du projet.
Le risque peut être
organisationnel
(dépassement des délais prévus ou explosion des coûts) outechnique
(sûreté de fonctionnement du produit conçu).Le risque est généralement quantifié par la méthode AMDEC pour Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité.
Cette méthode consiste à évaluer la
criticité
(ou degré d’importance) de chaque risque identifié dans un projet.On applique pour cela la formule
On utilise en général des grilles d'évaluations adaptées au problème à étudier. Les différents éléments sont notés la plupart du temps de 1 à 10 (il ne faut jamais coter zéro).
Plus C est élevé et plus il faut envisager des actions de remédiations pour minimiser (ou supprimer) le risque.
Exemple : Quelle est le degré de criticité du risque « interrogation surprise au prochain cours d’I2D » ?
Note F Probabilité d’apparition Note G Gravité Note D Probabilité de non-détection 10 Forte : le prof est un habitué des
interros surprises 10 Je n’ai pas appris mon cours
et n’ai pas suivi en classe… 10 Je n’ai pas suivi donc pas entendu s’il y avait nue interro ou pas 5 Moyenne : il y a eu une interro
au dernier cours 5 Même si je n’ai rien appris, j’ai
bien écouté au dernier cours. 5 On ne connait pas bien ce prof…
Fait-il des interros surprises ???
1 Faible : le prof a prévenu qu’il
ne faisait jamais d’interro 1 Je connais mon cours par
cœur. 1 Le prof a prévenu qu’il y aurait
bientôt une interro
C =
F x G x D
→ C =10 x 10 x 10
→ C =1000
Action corrective à mettre en place :
Apprendre mon cours régulièrement et bien écouter en classe (ne serait- ce que pour savoir qu’il y aura une interro)!
C = F x G x D
Avec :
C : Criticité du risque
F : indice de fréquence ou probabilité d’apparition G : indice de gravité
D : indice de détection (s’apercevoir à temps du problème)
3.3. Les outils de communication
Dans un projet, plusieurs acteurs différents interviennent : clients, juristes, experts techniques, contrôleurs….
Pour pouvoir se comprendre et communiquer efficacement, il est important d’utiliser des outils adaptés et universellement reconnus.
3.3.1. Les croquis et schémas
Ces modes de représentation, effectués le plus souvent
à main levée
, visent à une description rapide d’une solution technique localisée ou des formes d’une pièce.3.3.2. La maquette numérique
Les logiciels de simulation permettent aujourd'hui la création de produits virtuels afin de valider le fonctionnement ou la résistance du produit conçu sans avoir recours à des essais destructifs.
3.3.3. Le schéma technique propre à chaque métier
Les schémas techniques peuvent représenter aussi bien des pièces physiques (dessin techniques) que des principes de fonctionnement (schéma cinématique, schéma électrique, réseau
3.3.4. Les cartes mentales
Très utilisées dans le cadre des réflexions en groupe, ou brainstorming, la carte mentale (également appelé carte Heuristique) permet d’organiser des informations sous forme d’un diagramme constitué d’un bloc noyau (le thème de la réflexion, ici le projet) d’où partent de multiples prolongements correspondants aux idées développées autour de ce thème.
Pour exemple, un cours sur les cartes mentales pourrait prendre la forme suivante :
3.3.5. Le langage SysML
SysML est l’acronyme de Systems Modeling Language (langage de modélisation des systèmes).
Il s’agit d’un langage de modélisation graphique devenu un standard en quelques années dans l'ingénierie système.
SysML permet de regrouper les spécifications, les contraintes et les paramètres de l'ensemble du système dans
une représentation commune à tous les corps de métiers.
SysML s’articule autour de 9 diagrammes, chacun d’eux étant dédié à la représentation de concepts particuliers d’un système.
Modélisation Comportementale
Diagramme des cas d’utilisation Diagramme d’états - transitions Diagramme d’activités Diagramme de séquence
Modélisation des exigences Diagramme des exigences
Modélisation structurelle
Diagramme de blocs Diagramme de bloc interne
Diagramme de packages Diagramme paramétrique
4. Pour les projets complexes : l’Ingénierie Système (I.S.)
De nos jours, l’IS est une démarche méthodologique utilisée par les grandes entreprises industrielles pour le pilotage de projets.
Elle regroupe l'ensemble des activités et processus pour concevoir, développer, faire évoluer un produit, une façon de faire et des compétences humaines, apportant une solution économique et performante aux besoins exprimés par un client.
Les systèmes concernés sont constitués d’éléments de nature différente et complexe. Ils font donc intervenir des spécialistes de plusieurs disciplines qui doivent coopérer pour garantir la performance du système.
4.1. Approche Processus
4.1.1. Définition d’un processus
Un processus est un ensemble d’activités dépendantes les unes des autres qui transforme des éléments d’entrée en éléments de sortie.
Un processus :
• A un objectif bien défini ;
• Intervient dans un environnement donné ;
• Est soumis à des contraintes et consomme des ressources.
4.1.2. Normalisation des processus
Les différents types de processus à utiliser lors d’un projet sont définis dans la norme ISO 15288. Il s’agit de :
•
Processus techniques
: participent à la transformation des besoins exprimés par le client en solution technique ;•
Processus de management
ou processus de projet : il s’agit des toutes les tâches liées à la l’organisation du projet (planification, et à la supervision des processus techniques ;•
Processus contractuels :
assurent les bonnes relations avec les intervenants extérieurs aux projets (clients, fournisseurs…).4.2. Les processus techniques de conception
La vision processus remplace l’organisation du projet par phases successives (cf. chapitre 2.2.2) par
le cycle de vie
généralement représenté en V.