A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
E. J OUGUET
Notes sur la théorie de l’élasticité
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 12 (1920), p. 47-92
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1920_3_12__47_0>
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NOTES SUR LA THÉORIE DE L’ÉLASTICITÉ
PAR E. JOUGUET
AVANT-PROPOS
’
Nous avons réuni dans le
présent
travail deux Notes relatives à despoints parti-
culiers de la théorie de
l’Élasticité.
La
première
étudie les ondes de choc dans les solidesélastiques.
Si l’on se borneà considérer des déformations infiniment
petites
et parconséquent
des chocs trèspetits,
lapropagation
des ondes de choc ne diffère pas de celle des ondes d’accéléra- tion. Aussi les travaux des fondateurs de la théorie del’Élasticité,
et notamment dePoisson,
sur lespetits
mouvementss’appliquent-ils
aux ondes de choc comme auxondes d’ordre
supérieur.
Il n’en estplus
de même si l’onenvisage
des corps affectés de déformations finies et des chocs notables. Les méthodesd’Hugoniot
pour l’étude des ondes ont étéappliquées
aux solidesélastiques
affectés de déformations finies par Hadamard etDuhem (’).
Mais ces deux savants n’ont considéré que les ondes d’accélération et ont laissé de côté les ondes de choc. C’est cette lacune que nousvoudrions essayer de combler. Nous donnons les
équations
fondamentales des ondes, de choc et nous tirons du
principe
de Carnot-Clausiusquelques conséquences
sur lesondes
susceptibles
de se propager.La seconde Note est relative aux déformations infiniment
petites,
et rentre parconséquent
dans la théorie habituelle del’Élasticité. Mais,
dans cette théorie habi-tuelle,
on considèregénéralement
des déformations infinimentpetites
aux environsd’un état naturel à tensions nulles. Poincaré a montré comment on
pouvait
étudierles déformations infiniment
petites
aux environs d’un état où les tensions sontquel-
(1)
Hadamard. Leçons sur lapropagation
des ondes, chez Hermann, Paris,~go3.
- Duhem, ,Recherches sur l’Élasticité
(Annales
de l’École Normalesupérieure,
48
conques. Notre seconde Note a pour
objet
ledéveloppement
des indications de Poincaré pour étudier les coeflicientsthermodynamiques
des corpsplacés
dans unétat
qui
n’est pas un étatnaturel (’).
Nous aurons à utiliser les
principales
formules de la théorie del’Élasticité
des corps affectés de déformations finies. Elles nous serviront même pour notre secondeNote,
car nous en déduirons les formules relatives aux déformations infinimentpetites.
Nouspourrions
nousborner,
pour les faireconnaître, à
renvoyer au célèbre Mémoire de MM.Eugène
etFrançois Cesserait).
Il nousparait préférable
de lesrésumer
rapidement
dans une brèveintroduction,
de manière à définir les notations que nousemploierons
et à faciliter la lecture des Notesqui
suivront.(1)
Le résumé duprésent
travail a paru dans les Notesci-après publiées
auxComptes-
Rendus des séances de l’Académie des Sciences : Sur les ondes de choc dans les corps solides
(C.
R., 3o août1920).
Sur la célérité des ondes dans les solidesélastiques (C.
R., 13 septem- bre1920).
Sur la .variationd’entropie
dans les ondes de choc des solidesélastiques (C.
R., 26 oc-tobre
1920). Application
duprincipe
de Carnot-Clausius aux ondes de choc des solidesélastiques (C.
R., 8 novembre1920).
Sur le cas de Poincaré dans la théorie de l’élasticité(C. R. , 7
fé-vrier
1920).
(’)
E. et F. Cosserat. Sur la théorie del’Élasticité,
I er Mémoire (Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse, Ire série, T. X,1896).
INTRODUCTION
RAPPEL DES FORMULES FONDAMENTALES DE LA THÉORIE DE
L’ÉLASTICITÉ
Préliminaires.
- Considérons un milieu matérielcontinu,
solideélastique
oufluide. Nous supposons que ce milieu
peut
êtrerapporté
à un état initial où il esthoniogéne. Désignons
par a,b,
c les coordonnées d’unpoint
matériel dans l’état ini- tial et par r la densité(uniforme)
dans cet état.Dans une déformation
quelconque,
lepoint
matériel a,b,
c vient occuper la.position
x = a +g
, y = b + % , z = c +~;
la densité devient p ; latempérature
absolue est alors 0 .
Désignons
par az,b~,
c~, , a3,ba
les dérivées par- tielles de x, y, z parrapport
à a,b,
c. Soient’
les six fonctions associées à la déformation. Nous supposerons le
potentiel
internedu milieu de la forme
C’est
l’hypothèse
admise par M. Cosserat. Elle revient ànégliger
les actionsmutuelles des divers éléments. On
pourrait,
avecDuhem,
en tenircompte.
Nous nele ferons pas, dans un but de
simplicité.
, E ()(~)
1, . UrI ~(j[)
1" ’.. d l, ., d
’ Soient
E==20142014 l’entropie
etU~~2014Q2014 l’étiergte
interne de l’unité de0~ )(~
’
masse du fluide. U
peut
êtreconsidéré
comme une fonction deL’énergie
interne de la masse totale sera de la forme
On passe de Fêtât initial à l’état actuel par la transformation
Rappelons quelques propriétés géométriques
de cette transformation.Tout
d’abord,
si on poseon a
Soit d’autre
part
une surface matérielle S dans l’état initial et 1 cequ’elle
devientdans l’état actuel. Les éléments
correspondants
sont ds et Menons les normalesà ces éléments et orientons-les de
même,
par l’ordre danslequel
elles rencontrent telle ou telleportion
du milieu. Soientl,
ln, n les cosinus directeurs de la normale à S; x,~~,
,, les cosinus directeurs de la normale à S . PosonsOn démontre que
Ces formules sont vraies en
particulier si
S et S sont les surfaces limitant le milieu. Nous conviendrons deprendre
dans ce cas lesnormales
extérieures.Nous supposerons que, sur le milieu
considéré,
s’exercent deux sortes de forces :1° ° des forces
(X
+ Y +Z) r. da. db. dc appliquées
aux éléments de masse. Nousdésignerons
d’ailleurs l’élément de volume da. db. dcpar de
et l’élément de volumeclx
dy
dz par Ces forces sont donc( X
+ Y +Z )
n de ou bien( X
+ Y +Z )
2° des
forces, appliquées à chaque
élément d03C3 de la surface E limitantle corps, qui
seront de la forme +IIv
+03A0z)d03C3
ou(Px
+Py
+Pj
ds.Considérons un
déplacement
virtueloj?, oy,
oz. Soient oS le travail virtuel des forcesX, Y, Z;
OP le travail virtuel desforces Px, Py, Pz; jx
+jz
l’accélération d’une molécule etôj
le travail virtuel de cette accélération ; la variation vir- tuelle de 03A6prise
en laissant Q constant; OE U la variation virtuelle de Uprise
enlaissant
l’entropie
E constante. Leséquations
du mouvement s’obtiendront en écri-vant que .
ou en
développant
Le
signe S représente
uneintégrale
devolume,
lesigne ~
uneintégrale
desurface.
Dans celle
équation, .d’ailleurs,
onpeut remplacer
aF U pay 03B4039803A6. Nous allons ter- miner les calculsen supposant qu’on
utilise la fonction U : il ne faut pas oublierqu’on pourrait
se servir aussi bien de la fonction à condition deprendre
rpour
variable,
e au lieu de E.Équations
du mouvementrapportées
aux variables deLagrangé. -
Dans unepremière
manièred’appliquer l’équation (5),
nous nousplacerons
dans lechamp
a,
b,
c. Posons, )U ~ Il est facile de voir en effet que 2014
~ ~
=2014.
03B4EU est une somme de termes de la forme ou
B 2014.
En calculantl’intégrale
S03B4E Ur de parparties,
on obtiendra,/,
serapportant
à la normale extérieure :En tenant
compte
de cetteexpression
pour écrire que(5)
est vérifiéequels
que soientôx, ôy,
~z on trouveÉquations rapportées
aux variables d’Euler. - Onpeut
au contraire traiterl’équation (5)
en seplaçan
t dans lechamp
desvariables x,
y, z . .Remarquons
d’abord que les formules(i)
donnent :*
Puisque
nous raisonnons maintenant dans lechamp
des variablesd’Euler,
ilfaut,
dans les
intégrales
de(5), remplacer
;de par m dou r 0394
d . Prenons un termequel-
conque de
rOB
parexemple Bz~03B4z ~b.
Nous l’écrironsEn faisant
ces calculs,
le coefficient de2014
dans devientDe même celui de
~03B4x ~z
devient-et ces deux
expressions
sontégales
en vertu de(g).
Finalementdonc, l’intégrale
devient :
en
posant
tLes formutes
(9)
donnent alorsNous remarquerons
d’ailleurs
que les formules(II)
résolues parrapport
aux A,B,
C donnent les formules suivantes :Les formules
(n), (12), (i3)
constituent la définition desquantités iB
etT~
etexpriment
leurs relations avec les A et les B ainsiqu’avec
les dérivées-~2014, 2014
~ ~’
Revenons maintenant à la condition
(5)
que nous voulonsexprimer
dans lechamp
des variables d’Euler en nous servant de la forme
(10)
donnée à . Cettes
’
condition s’écrit :
Une
intégration
parparties
conduit auxéquations
suivantes :Les
quantités
sont les tensions. Lesquantités ~ii
sontpositives quand
il.y a
tension, négatives quand
il y apression.
PREMIÈRE
NOTELES ONDES DE CHOC DANS LES SOI,IDES
ÉLASTIQUES
. Définitions. -
Supposons
que, àl’instan t t,
le milieu soitpartagé
endeux
par-ties par une surface de discontinuité ~’ dont la transformée dans l’état initial est S.
Les deux
parties
serontdistinguées
par lesdésignations
pet q
que nous mettronsen indices aux lettres
représentant
desgrandeurs
relatives à cesparties.
A la traver-sée,
deS,
lesfonctions x,
y, z de a,b,
c sontsupposées
continues. Mais la disconti- nuitéapparaît
dans les dérivéespartielles
dupremier
ordre. S estalors
une onde ,du
premier
ordre pour les fonctions x, y, z. Enparticulier,
les vitesses des molé- cules sont discontinues à la traversée de S et de S. Lescomposantes
de cette vitessepassent brusquement
des valeursWp
aux valeursllq’ Vq’ Wq.
On a une onde de choc.Nous admettrons que l’onde de choc se propage de la
région q
dans larégion
p. - C’est direqu’à
l’instant t + dt, la surface S est venue en S’ et la surface E en I/.La distance de S à S’ mesurée sur la normale menée
de q
versp est dp.
Celle deS à s’ mesurée sur la normale est dd
(V. fig,
i et2).
La célérité de l’onde S dans lechamp
de variables deLagrange
est donc celle de l’onde 03A3 dans lecham
des variables d’Euler est
dtO.
l, n seront les cosinus directeurs de la normaled
d1 p’
(x,
p,
,, ceux de la normale dr,). Considérons lesquantités
..r ce sont les célérités de l’onde 1 par
rapport
anx étatsactuels p et q pris
commeétats initiaux. ..
Équations cinématiques. Équation
de continuité. - Lespropriétés purement cinématiques
démontrées pour les ondes de choc des fluidess’appliquent
deplano
ici.
Rappelons
cellesqui
nous seront utiles(1).
(’) V. notamment notre Mémoire Sur la
propagation
des réactionschimiques dans
les gaz(Journal
deMathématiques
pures etappliquées,
6e série, Tome 1,1905).
1 Les
quantités ~,
relatives à la surface S sont sans discontinuité sur S..Cela résulte immédiatement des formules
(4) appliquées
à la surface de discon-tinuité
S,
et celapeut
d’ailleurs se vérifier directement.2" On a : .
3°
L’équation
de continuitépeut
s’écrire :Équations dynamiques. - Emploi
dûprincipe
de d’Alenlberl(‘).
- Pour trouver-maintenant les
propriétés dynamiques
des ondes dechoc,
nous allonsappliquer
leprincipe
de d’Alembert de lafaçon
suivante.A
l’instant t,
l’onde de choc est en S. A l’instant l + ~t elle est enS’ ; jusqu’à
nouvel
ordre,
Ilt est unequantité
finie. Considérons troisparties
dans la masse-’totale du corps. La
première partie
sera lapartie
psituée,
parrapport
àS’,
à l’avalde l’onde; la seconde
partie
sera lapartie q située,
parrapport
àS,
à l’amont del’onde ; la troisième sera la
région
ocomprise
entre S et S’et parcourue par l’onde de chocpendant
l’intervalle detemps
Ilt(V. fig.
1 et2).
A
chaque instant,
nous devonsécrire,
pour chacune desparties
p, q, o,l’équa-
tion
(5).
Pour lapartie
o,toutefois,
ils’y produit
desphénomènes
irréversibles.Si l’on considère - ce
qui est,
à notreavis,
la seule manière decomprendre
les choses -.que l’onde de choc est en réalité une
quasi-onde d’épaisseur
trèspetite, la
viscositépeut
yjouer
unrôle;
il fautajouter,
dansl’équation générale
de laThermodyna- mique,
le travail virtuel de la viscosité. Pour éliminer toute difficulté de cecôté,
nous
écrirons,
à laplace
de les termesoU -)- oQ,
oU étant la variation totale’de
l’énergie
interne etôQ
laquantité
de chaleur reçue dans une transformation virtuelle. Notreéquation (5)
deviendraainsi,
endistinguant
leschamps p,
q, o,(1)
Cetteméthode,
pour trouver leséquations
des ondes de choc, est celle dont nous nous sommes servis pour trouver leséquations
des ondes de choc dans les fluides : Sur lapropagalion
des discontinuités dans lesfluides (C.
R. Ac. Sc., T. 132, i8 mars Elle nous.paraît posséder
l~s avantages que M.Zemplén Gyôzô
a recherchés parl’emploi
du principed’Hamilton : : Kriterien
für
die physikalische Bedeulung derunstetigen
Lôsungen der hydro-dynamischen Beivegungsgleichungen (Matematische
Annalen, LXI Band, 3 Heft,rgo5).
Elle- permet aussi de trouver facilement la relationsupplémentaire.
ainsi qne les
parties
dela surface
terminale relatives à ces diverschamps :
Multiplions par dl
etintégrons
de t à t + ~t ,Les
intégrales S et ~ qui figurent
dans les deuxpremières lignes
de cette.
équation,
etqui
serapportent
auxparties
p et q,peuvent
être traitées comme on l’a fait dans l’introduction. On obtientainsi,
sous lesigne /,
deux groupes d’inté-grales multiples.
Lesintégrales
dupremier
groupe sontidentiquement nulles, quels
que soient ôx,oy,
~z, parce que sont vérifiées leséquations
du mouvementdes
parties
p et q, savoir : .10 Les
équations
indéfinies(~);
2° Les
équations
aux limites(8)
relatives auxportions
de la surface limitant le corpsqui correspondent
auxparties p
et q.Le second groupe
d’intégrales multiples
-toujours
sous lesigne / 2014
comprend
desintégrales prises
lelong
de S etS’,
surfacesqui,
concurremment avec la surface limite du corps, bornent lesparties })
et q. Ces termes doivent êtreajoutés
à la troisièmeligne
del’équation (Ig), qui
devient ainsi :1,
sont les cosinus directeurs de la normale à S extérieure à larégion
q ;l’, n1’, n’
sont les cosinus directeurs de la normale à S’extérieure à larégion
p.Nous poserons :
de sorte que notre
équation
s’écrit :De
l’équation (21),
onpeut
tirer toutes leséquations dynamiques
des ondes de choc.Équations
de laquantité
de rr2ouvernent. - Nousferons,
pourcela,
dt infinimentpetit.
Dans cesconditions,
les surfaces S et S’ sont trèsvoisines; l’, ln’, n’
sont sensiblementégaux
à- l,
- m, - n ; ;Gp’, H~’
sont sensiblementégaux
à.
- Fp, - Gp, - Hp .
Lepremier
terme de(21)
s’écrit donc :Le terme
/ 0394t dt 03B4Pds, toujours
dans1.’hypothèse
de 0394t infinimentpetit,
est de l’ordre de donc
négligeable.
Il en est de même
de
t+dtt dtS(03B4U-03B4T)rde.o
Nous supposerons
qu’il
en est aussi demême dl S lo ide,
La cha-leur virtuelle
oQ comprend
deuxparties :
lapartie réversible, qui
est de l’ordrede la modification virtuelle de l’état du corps,
remplit
évidemment la conditionénoncée ;
lapartie irréversible, qui dépend
des vitesses detransformation, pourrait
devenir infiniment
grande
parrapport
à lapremière, puisque
ces vitesses sont infi-nies. Mais si cette circonstance se
produisait,
ce serait unsigne
que lapropagation
de l’onde de choc est
impossible.
Eneffet,
la chaleur réelledQ
deviendrait alors infinimentgrande
parrapport
à la masse de la matièrequi
en. serait lesiège ;
ce. serait une absurdité
physique
que nous considérerons comme une preuve suffisante del’impossibilité
de l’onde de choc dans ce cas.Reste donc le
terme t+dtt dt S 03B4j r de.
Nousl’écrirons,
en intervertissant lesintégrations :
o
_ .
Puisque ~t
est infinimentpetit,
onpeut
faire sortir lesoy,
oz dusigne /
etécrire :
.
ce
qui
donneenfin,
enremplaçant
r de par c~s~p :
: -La somme de
(22)
et de(23)
doit êtrenulle, quels
que soient lx,ôy,
ôz. On adonc les relations
suivantes,
que nousappellerons équations
fie laquantité
de mouve-ment pour l’onde de choc.
. Relation
supplémentaire.
- Pourcompléter
leséquations (18) (de continuité)
et
(a4) (de
laquantité
demouvement),
il faut écrire maintenant la relationsupplé-
mentaire.
Si les mouvements étaient
isothermes,
la relationsupplémentaire
se réduiraità
6
=8p.
Mais c’est là unehypothèse inadmissible,
en raison de larapidité
dela
propagation
de l’onde. Il convient de supposer le mouvementadiabatique,
c’est-à-dire,
d’une faconprécise,
d’admettre que les éléments o ds3p qui
constituent lamasse o subissent,
quand
ils sont traversés depart
enpart
parl’onde,
une trans- formationqui n’échange
aucune chaleur avec l’extérieur.Pour écrire la relation
supplémentaire qui
découlede
cettehypothèse,
nous rem-placerons,
dans(21),
lesdéplacements
virtuels à par lesdéplacements
réels.Nous supposons
toujours
dt infinimentpetit.
Dans lepremier
terme de(21),
on devra donc
prendre
.et dans le second
ces diverses valeurs
pouvant
être considérées comme constantes dans l’intervalle ~t.La
première ligne
de(21 )
donne donc :ou, en
intervertissant
l’ordre desintégrations :
Le terme en
ôQ
ne donnerien, puisque,
parhypothèse,
la chaleur réelle èst nulle.D’autre
part,
les termes en 8S et âP donnent des termes de l’ordre deDp 0394t dt,
doncnégligeables
parrapport
auxprécédents.
Enfin
dt ôj
idedonne,
en serappelant
que le travail, réel
des forceso
d’inertie est
égal
et designe
contraire à la variation de forcevive,
La somme des termes
(25), (26), (27)
doit êtrenulle,
et elle doit l’êtrequelle
que soit laportion
que l’on considère de lasurface
S. Eneffet, l’équation (21)
nes’appli-
que pas seulement à la- totalité de la masse o. Elle
s’applique
à touteportion
decette masse
correspondant
à uneportion quelconque
des surfaces S etS’,
pourvuqu’on
modifie enconséquence
lechamp
desintégrales ~ , ~ , ~.
On a donc :. s’ s o
C’est
la relationsupplémentaire
cherchée.’
Variantes. - Les
équations (18), (24), (28)
constituent leséquations
des ondesde choc.
Écrivons-les
ici de nouveau, enleur
donnant même unnumérotage
nou-veau et
spécial,
de manière à les grouper en unsystème unique.
(équation
decontinuité),
(équations
de laquantité
demouvement),
(relation supplémentaire).
La dernière
peut
être transformée de manière à en éliminer lesvitesses.
Le terme .
ce
qui,
par(II),
s’écritDonc
(III) peut
s’écrireou encore,
grâce
à(II) :
:On aussi éliminer la céléritr;
dp dt grâce à (I)
et’(Il)
et onobtient :
La relation
(V)
constitue la loiadiabatique dynamique d’Hugoniot
pour un milieuquelconque
sans viscosité(solide élastique
oufluide).
Équations
dans les variables d’Euler. - Leséquations (I), (Il), (III), (IV), (V),
dont les deux
dernières
ne sont pas distinctes despremières, régissent
la propa-gation
des ondes de choc dans lechamp
des coordonnées initiales(variables
deLagrange).
Il est facile maintenant d’écrire leséquations
relatives auchamp
desvariables d’Euler.
Les
équations (4)
et(17)
transformentl’équation
de continuité(1)
enPosons maintenant
03B1, 03B2, 03B3 étant,
comme on l’adéjà dit,
les cosinus directeurs de la normale à 03A3dirigée de q
vers p. Il y aura tien dedistinguer Fq, Gq, Hq
etFp, Gp, Hp,
suivant quel’on donnera aux
1~~,,
les valeurscorrespondant
auxparties q
ou p.Par les
équations (i5), ~, ~~, ~(;
sont lescomposantes
de lapression (ou
ten-sion) s’exerçant
sur l’élément d~, comme, par leséquations (8), F, G,
H sontles composantes
de la mêmepression rapportée
â Parconséquent
Les
équations
de laquantité
de mouvement(II),
la relationsupplémentaire (III)
.
et les relations
(IV)
et(V)
se transforment alors enRemarque. -
P. Duhem a étudié lapropagation
des ondes de choc dans les fluidesvisqueux
et a démontré les résultats suivants. Si la viscosité suit les loisclassiques,
aucune onde de choc nepeut
se propager dans detels fluides.
Si aucontraire la viscosité suit des lois telles
qu’une propagation
d’onde de choc soitpossible,
cettepropagation
se fait conformément à des formules tout à fait analo- gues à cellesqui précèdent.
Une telle
analogie
ne doit passurprendre.
Enréalité,
les lois des ondes de chocque nous avons obtenues dans ce
qui précède
par une voieempruntée
au calculdes
variations, peuvent
s’obtenir directement enappliquant
à un élément de masse1° le théorème de la
quantité
de mouvement ;2° le
principe
de la conservation del’énergie.
Dans le calcul ainsi
conduit,
il ne faut pas oublier que lespressions s’exerçant
sur un élément de surface sont
généralement obliques.
Mais que cetteobliquité
soitdue à la viscosité ou à
l’élasticité,
elle intervient demême,
et finalement leséqua-
tions sont les mêmes dans les deux cas. Le
seul point qui
soitchangé
c’est que lescomposantes obliques
desF, G,
H se relient dans un cas à la fonction dedissipation,
dans le second au
potentiel
interne.Vecteur de M. Hadamard. - Pour étudier les ondes de choc dont nous venons
de trouver les
équations, représentons
ladiscontinuité,
avec M.Hadamard,
par un vecteur~’ -f- g ~ h
défini comme suit :Le
long
de la surfaceS,
on a :xq - xp
= o. Doncpour tout chemin
da, db,
de situé sur lasurface,
vérifiantLa même chose doit se dire de
yq
-yp
etde zq - zp.
Onpeut
donc poser, en serappelant
que les dérivées de x, y, z parrapport
à a,b,
c sontdésignées par a, b1
ct,.a2
bQ
a3b3
.
La
quantité xq - xp, qui
est nulle autemps
t sur la surfaceS,
reste nulle au.temps
t + dl sur la surface S’ située à une distancenormale dp.
DoncEt une
équation analogue
est exacte poury~
et .D’où,
par(29),
Il
importe
de remarquer que le vecteurf,
g; h estindépendant
du choix des coordonnées. Faisons en effet unchangement
d’axesrectangulaires
défini par letableau -
a,
y nereprésentent plus
ici les cosinus directeurs de la normale à S. Pour leprésent paragraphe
etuniquement
pourlui,
ces lettres ont une toute autre si-gnification
etdésignent
les cosinus directeurs dex’, y’, z’
parrapport
àx).
Dans le nouveau
système d’axes,
la surface S a pournormale 1’, m’,
n’. On défi- nira un vecteurf’, g’,
h’ parIl faut montrer que le vecteur
f’, g’,
h’ est le même que le vecteurf,
g, h . . Ilsuffit,
pourcela,-
de fairevoir,
parexemple,
queMais
(31) donne,
endéveloppant :
Mais
(29)
donneC’est ce
qu’il
fallait démontrer. ,Discontinuité
thermique. -
Le vecteurf, ~,
h marque la discontinuité méca-nique
de l’onde de choc. Pour acheter de caractériser cetteonde,
il faut considérer la discontinuitéthermique, marquée
par l’accroissementd’entropie If
=E~ - Ep
qui
seproduit
au passage de l’onde. C’est unequantité qui,
par définitionmême,
est
indépendante
des axes.~
Courbe
représentative
des ondes de choc. - L’invariance de k etdu
vecteurf, g,
h va nouspermettre
deprendre
des axesparticuliers.
Nous choisironsl’origine
des coordonnées sur la
surface
S et l’axe des x normal à cette surface. Nous étu- dierons la discontinuité àl’origine :
il faudra donc faire 1 = 1, m = o, n = o, et par suitePortons ces valeurs dans les
équations
des ondes de choc que nousprendrons
sous la forme
(1 ), (II), (IV). Remarquons
d’ailleurs queet servons-nous de
(30)
pour transformer(I)
et(II).
Dans cette
opération, l’équation (I)
donnerasimplement l’expression de -
P? Pp
en fonction du vecteur
f,
g, h. Il est inutile des’y
arrêter.Quant
à(II)
et à(IV),
elles deviennen t .
L’état initial p étant
donné; a1p’
sont donnés. Il en est de même des ~des
cip
et deEp.
Tous lesétats q qui peuvent
se propager dans l’état p par l’onde de choc que nous supposons, c’est-à-dire par une onde de choc normale à Ox enO,
seront caractérisés par des valeurs différentes de
f, g, h,
k.Si, dans (II")
et(IV")
onremplàce
lesalg, cip
par leurs valeurs(33)
etEq
parE~
+k,
on aquatre
rela-tions entre les
cinq quantités f,
g,h,
k et . Une seule de cesquantités
estdonc arbitraire. Si on considère le.
point R,
extrémité du vecteur OR= f + 9
+h,
~
ce
point
décrit une courbe.Nous pouvons donc énoncer le théorème suivant : :
°
Étant donné,
aupoint 0,
enpremier
lieu un état dumilieu,
en second lieu une direction depropagation d’onde,
toute onde de chocqui peut
se propager dans ledit état suivant ladile directionpeut
sereprésenter
par un vecteur OR. L’extrémité des vecleursreprésentant
toutes les ondes de chocpossibles
décrit une courbeC
.La
courbe (5
passe évidemment parl’origine,
car leséquations (II"), (IV")
sontvérifiées par
f = g = h = ~° = o.
Nous allons étudier cette courbe auvoisinage
de 0. =En d’autres termes, nous allons étudier les ondes de choc
qui
neproduisent qu’une
variation trèspetite
de vitesse ou de densité. Elles ont évidemment pour limite(c’est
d’ailleurs unpoint
surlequel
nousreviendrons)
lesondes
d’accélération quepeut
propager le milieu. Nous allons chercher comment elles tendent vers cettelimite.
Variation
d’entropie.
- Soit donc une discontinuitéreprésentée
par unpoint
Rde la
courbe d
voisin de O.Choisissons
comme infinimentpetit principal
lalongueur
OR= ~f‘-+- g2-~- h~. L’accroissement d’entropie
I~ est infiniment tpetit
avec
f,
g, h. Cherchonsquel
est son ordre d’infinitude.Servons-nous pour cela de
l’équation
suivantequi
résulte de la combinaison de(Il")
et. de(I1~’") :
’
Convenons d’ailleurs
d’adopter
la notation suivante. Soit une fonction~.! quel-
conque de Q"J’ a3, E. Donnons à ces variables des accroissements infiniment
petits f, g, h,
k. La différentielle d’ordre n de’f comprend
des termes enf, g, h,
’
puis
des termes où k est en facteur. Lapartie
de cette différentielle_qui
subsistequand
on fait Ii = o seradésignée
par~n~~.
En somme, on pose. Avec cette
notation,
écrivons(35)
en nous arrêtant aupremier
ordre. Etsuppri-
mons, pour
simplifier l’écriture,
l’indice p. On a :Comme vaut
8, quantité
différente dezéro,
on a forcément 1~ == o. Cela montre que k est certainement d’ordresupérieur
aupremier.
Écrivons
alors(35)
ennégligeant
les ordres d’infinitudesupérieurs
au deuxième.D’où encore k == o. L’accroissement
d’entropie
l~ est donc d’ordresupérieur
ausecond.
Écrivons
alors(35)
ennégligeant
les ordres d’infinitudesupérieurs
au troisième.L’accroissement
d’entropie produit
par le oassage d’une onde de chocinfiniment
petite
est donc du troisième ordre engénérat.
Ce résultat est
important
pour éliminer uneobjection
que l’onpourrait
faire àl’amrmation
produite plus haut,
que l’onde de choc tend vers une onde d’accéléra-. tion
quand
la discontinuité est trèspetite.
Pour étudier une onde d’accélération onpeut
en effet supposer, au passage de cetteonde,
une variation trèspetite
de vitesse- - et de densité. Mais en même
temps
ilfaut,
pourrespecter
la relationsupplémen- taire,
supposer une variation, non pas seulement trèspetite,
maisrigoureusement
nulle .Vd’entropie, puisque
lephénomène
estsupposé adiabatique
réversible. Pour que l’onde de choc faible tende bien vers une onded’accélération,
il faut donc que la variationd’entropie
soit infinimentpetite
d’ordresupérieur
à 1 parrapport
à"j ~ g~
+ Izj.On
pouvait
s’attendre à cequ’il
en fût bienainsi,
mais il n’est pas sans intérêt del’avoir
vérifié. ’En somme; la loi
adiabatique dynamique d’Hugoniot
tend bien à se confondreavec la loi
adiabatique
ordinairelorsque
l’onde de chocproduit
une discontinuitétrès
petite.
,~
Tangentes
à la courbeC
àl’origine.
- Il résulte de tout cequi précède
que, si nous écrivons leséquations (II")
et(IV")
de la courbeC
en ne conservant que les termes dupremier degré,
nous obtiendrons leséquations
de la ou destangentes
àe,
.et en même
temps
les lois de lapropagation
des ondes d’accélération.L’équation (IV")
ne donnera évidemment rien
de plus
que la condition k = o. Leséquations (II") deviendront,
enécrivant,
poursimplifier,
D2 à laplace
de(dp dt)2:
Si l’on
considère f,
g, h comme descoordonnées,
leproblème qui
consiste àinterpréter
ces troiséquations
estidentique
auproblème
de la détermination desaxes de la surface du second
degré
’
Nous admettrons que cette surface est un
ellipsoïde;
nousrappellerons
dans laseconde note du
présent
Mémoire comment MM. Hadamard et Duhem ont démon- tré ce résultat.Pour que les
j, g, h
donnés par(37)
ne soient pas tousnuls,
il faut que 02 soit.donné par
l’équation
du troisièmedegré
en D~c’est-à-dire
qu’il
faut que D soitégal
à l’inverse d’un demi-axe del’ellipsoïde (38).
Cesont là les valeurs des célérités des ondes d’accélération. Pour ces valeurs de
D, (3~) représentent
les axes del’ellipsoïde
et, parsuite,
lacourbe C
a unpoint triple
à
l’origine
avec, pourtangentes,
les axes del’ellipsoïde (38).
En résumé donc :I° Nous retrouvons le
théorème énonçant
que les vecteursreprésentant
les ondesd’accélération sont
dirigés
suivant les axes d’un certainellipsoïde
depolarisation,
théorème démontré par M. Hadamard pour les mouvements isothermes et étendu par Duhem aux mouvements
adiabatiques.
2° Nous constatons que la
courbe (5
a unpoint triple
àl’origine
et que ses tan-gentes
en cepoint
sont les axes del’ellipsoïde
depolarisation adiabatique.
Cas des milieux vitreux. - La courbe
d
pour les milieux vitreux. - Je n’ai rien deplus
à dire sur lespropriétés
de lacourbe C
dans le casgénéral
d’un milieuquelconque.
Jepousserai
l’étudeplus
loin dans le casparticulier
d’un milieuvitreux,
c’est-à-dire d’un milieu que l’onpeut rapporter
à un état initialhomogène
et iso-trope.
Pour un tetmilieu, l’énergie
interne U nedépend
des Ci’ ,~~ que par l’inter- médiaire des fonctionsJe
supposerai
ici que l’état p danslequel j’envisage
lapropagation
des ondes estprécisément
l’état initialhomogène
etisotrope,
etje
vais étudier la courbe ~ dansce cas.
Dans l’état p, on a donc :
Les ainsi que
J,, J2, J,
sont nuls dans cet état.L’axe des x étant
toujours perpendiculaire
àS,
on a, par(33) :
et par suite :
Les
équations (II")
et(IV")
de lacourbe C
sont donc :Ces
équations
ne contiennent évidemment quef, g’
+ h~ et k. Elles sont véri- fiées de deuxfaçons.
Onpeut,
enpremier lieu, avoir g
=o, h
=o;
lapremière
4et la
quatrième équation
définissent alors D’ et If en fonctionde f.
En secondlieu, si g
et h ne sont pas nulsensemble,
la seconde et la troisièmeéquation
donnentseulement
relation
qui,
avec lapremière
et laquatrième équation,
déterminent et~~
+ h~’en fonction
de f.
Parconséquent,
lacourbe C dégénère
ici en unefigure composée
ï" ° de l’axe des x ;
. 2° d’une surface de révolution autour de Ox.