Nienie H. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 8. P. 81-82, Avril 2017
81
Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo Volume 8. P. 81-82, Avril (2017)
Contribution à l’analyse des impacts socio-environnementaux du projet de construction de l’usine de nettoyage du sorgho à Salak, Maroua (Cameroun)
Nienie H.1, Foudjet A. E.2, Motto Mallo J. G.3
(1) Etablissement : CRESA Forêt-Bois, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, Cameroun / e-mail : hednienie@gmail.com
(2) Encadreur académique : Professeur Titulaire des Universités, CRESA Forêt-Bois, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, Cameroun
(3) Encadreur professionnel : Enseignant-Chercheur Indépendant, CRESA Forêt-Bois, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang, Cameroun
1. Objectif général
Contribuer à l’analyse des impacts socio-environne- mentaux du projet de construction d’une usine de net- toyage du sorgho à Salak pour l’amélioration du niveau de bien-être de la population.
2. Objectifs spécifiques (OS)
OS1 : Identifier et analyser de manière transversale les impacts socio-environnementaux négatifs et positifs générés par les activités de construction et d’exploita- tion d’une usine de nettoyage de sorgho dans la zone d’études.
OS2 : Proposer des mesures d’atténuation et de com- pensation des impacts, présentées dans un Plan de Ges- tion Environnementale et Sociale (PGES).
3. Hypothèse
L’installation de l’usine est une solution de commer- cialisation par les agriculteurs du sorgho nettoyé auprès des gros acheteurs, facteur de l’amélioration des con- ditions de vie des populations dont la préoccupation quotidienne est marquée par la peur du terrorisme, le chômage des jeunes et la quête de l’autosuffisance al- imentaire.
4. Méthodologie
Le site d’étude se situe dans la localité de Salak, un vil- lage qui abrite l’aéroport international de Maroua et une base du Bataillon d’Intervention Rapide (BIR). Il est situé à 10°26’11.83’’ de latitude Nord et à 14°15’7.99’’
de longitude Est. C’est un espace situé en rive gauche du mayo Boula et couvre une superficie de 3.8 ha. Le relief est celui des terres plates, appelées Yaérés . Le cli- mat est tropical de type soudano-sahélien des plaines.
Le sol a une structure ferrugineuse et une texture de type argileux et sableux. Le site est à 90% occupé par les cultures agricoles, 9% par une végétation adventive
et 1% par les arbustes. Les populations riveraines sont installées à l’extérieur du périmètre du site.
Cette étude s’est appuyée sur une méthode hypothéti- co-déductive mettant en jeu un assemblage bibli- ographique, les entretiens semi-structurés et les obser- vations directes de terrain.
La méthode de « focus group » ciblé autour du La- wane , des Djaouros et leur cour respective a permis de conduire les entretiens autour d’un questionnaire bien élaboré. Les observations directes de terrain cou- plées aux entretiens ont favorisé l’identification des différents éléments valorisés de l’environnement sus- ceptibles d’être affectés par la mise en œuvre du projet.
Le traitement et l’analyse des données sont basées sur une approche exploratoire déductive faisant appels aux outils tels que la check-list, la matrice de Léopold et la grille de Martin Fecteau.
5. Résultats
R1.1 : 68,42% des impacts négatifs potentiels identi- fiés, suscités par le projet sur les composantes biophy- siques et humains de l’environnement sont majoritaire- ment d’importance moyenne et mineure.
R1.2 : Le Projet va altérer la qualité du sol, des eaux de surface, notamment le fleuve Mayo Boula dû au déversement des eaux usées. Par ailleurs, les émissions de poussière de pulpe de sorgho affecteront la qualité de l’air. Les nuisances sonores seraient un impact rés- iduel.
R1.3 : 58% des populations perçoivent en ce projet le risque d’abandon des autres cultures au profit du Sorgho particulièrement de la variété S35, plus rent- able, lorsque nettoyé.
R1.4 : 10% des populations voient en ce projet les ris- ques de propagation des IST/MST/VIH-SIDA et de grossesse précoce.
Nienie H. et al. / Revue Scientifique et Technique Forêt et Environnement du Bassin du Congo. Volume 8. P. 81-82, Avril 2017
82 R.1.5 : 25% de la population entrevoient les risques de pénurie et d’enchérissement du Sorgho pour la consommation locale.
R.1.6 : 73,68% des impacts positifs du projet affect- ent le milieu humain et sont d’importance majeure.
La mise en œuvre du projet est source d’emplois des jeunes de Salak et environs, de création de petits com- merces, augmentation de la fiscalité.
R2.1 : Le PGES proposé précise pour chaque impact identifié, le(les) mesure(s) d’atténuation, l’objectif à atteindre, un chronogramme, le(les) responsable(s) de la mise en œuvre ainsi que les différents acteurs de suivi pour une acceptabilité du projet dans une per- spective de développement durable.
6. Discussion
Le projet de construction de l’usine de nettoyage du Sorgho à Salak sous entend une intensification de la culture du Sorgho très prolifique de la variété S35 dans la localité. Par ailleurs, une telle activité contribue ef- ficacement au développement socio économique de la localité de Salak, à la lutte contre l’insécurité et à la lutte contre la pauvreté dans la région du Grand – Nord. La mise en œuvre de ce projet serait source de revenus et d’amélioration des conditions de vie des populations. Cependant, les activités liés à la con- struction et à l’exploitation de l’usine génèrent des impacts sur l’environnement biophysique et humain.
D’où la suggestion dans le PGES d’un ensemble de mesures dont la mise en œuvre permettra soit d’at- ténuer les impacts négatifs, soit d’optimiser les im-
pacts positifs. Mettre en œuvre ce plan de gestion environnementale et sociale assurerait la pérennité du projet, la protection des personnes et des biens et à amélioration du bien-être des populations riveraines.
7. Recommandations
En tant qu’instance suprême garant de la politique gouvernementale du Cameroun, le gouvernement doit :
- Faciliter la mise en œuvre des activités proches du projet en prenant en compte les doléances des popu- lations.
- Continuer à veiller sur la sécurité des populations et des biens à travers le renforcement des effectifs mil- itaires dans la localité et une meilleure coopération avec les autorités traditionnelles ;
- Soutenir les coopérateurs et les agriculteurs en leur octroyant des subventions en terme d’approvi- sionnement en intrants et en matériels agricoles ; - Aménager les routes nationales et départementales
afin de désenclaver la plupart des localités éloi- gnées de Maroua dont l’accès est impraticable en saison pluvieuse, ce, pour un meilleur achemine- ment des récoltes vers l’usine ou vers les marchés.
Mots clés : Impacts, atténuations, bonification, plan de gestion.
Mémoire de Master en Etude d’Impact Environnemental soutenu au CRESA Forêt-Bois le 26 Juillet 2016 en République du Cameroun.
