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Article pp.75-76 du Vol.23 n°247 (2004)

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BIOFUTUR 247 • SEPTEMBRE 200475 La symbiologie a pris une longue et belle route : matrice

théorique, objet de censure à son origine, jusqu’à son triomphe en 1990. Tom Wakeford en retrace l’historique.

Beatrix Potter, naturaliste, fut le premier découvreur (à l’ère victorienne !) de l’odyssée symbiotique : théo- rie dissidente, selon laquelle certains organismes se- raient composés non d’un seul, mais de deux êtres dif- férents. Et ce fut au tour de Paul Portier de recevoir à la sortie de son livre Les symbiotes(1919) une ré- ponse cinglante, quasi-pamphlétaire de Louis Lumière (oui, le même…). Les Mythes des Symbiotes, stigma- tisait l’entorse à l’inébranlable thèse pasteurienne des microbes pathogènes. La découverte d’un écosystème de microbes et de micro-organismes présentés comme

«atomes d’évolution» avait de quoi choquer. Sur les bases de découvertes faites par un biologiste théoricien de l’évolution et entomologiste, Vincent Wigglesworth (1952), le microbe comme élément capital de l’évo- lution en vint presque à concurrencer l’ADN.

En 1967, on accepta l’idée de lichens perçus comme entités duales (bactérie frayant avec algue ou champi- gnon, hétérotrophe et autotrophe, mus par des rela- tions utilitaires).

Plus tard, la paléontologie prouva l’existence d’hybrides plante-animal, les Édicariens(des collines d’Édicaria en Australie) possédant un cerveau primitif, nés 500 mil- lions d’années avant la biodiversité et ne ressemblant à aucun autre fossile, animaux avant les animaux, corps mous, silhouettes étranges, inclassables tirant leur nour- riture des symbiotes photosynthétiques : il s’agirait d’algues qui auraient quitté la mer pour coloniser la terre.

Toujours atteint de «fétichisme hygiéniste», le lobby des pasteuriens dominait encore la recherche bacté- riologique. L’auteur se livre à une amusante lecture po- litique des travaux de Pasteur, dont la réputation de

«tueur de microbes» s’étendait jusqu’aux États-Unis.

Par ailleurs, on a pu ressentir une peur de la politi- sation, lorsqu’on formulait de manière un peu trop concrète «l’assistance mutuelle». Tout le monde pen- sait Prud’hon, voire même communisme (un essai pu- blié par un biologiste russe intitulé Symbiose et as- sistance mutuelle) envenima le conflit.

Bref, le mot «parasitisme», à connotation pathogène a simplifié caricaturalement toute forme de relation nuancée et complexe entre organismes vivants. Preuve, s’il en fallait, de l’évidente co-évolution des idées scientifiques avec la culture ambiante.

Dès lors, dans quelle science l’idée s’imposa-t-elle ? Juste retour : la botanique, d’abord. Système de commu- nication que l’auteur qualifie plaisamment de Wood-Wide- Webou de «toile des bois», cette rhizosphère constituée d’un réseau fongique puissant s’étendant dans plusieurs directions, connectés en permanence et procurant aliments et énergie sous forme de mucilage aux bactéries indépendantes, aux protistes et aux champignons en

quelques pages

recevant en retour des sels minéraux.

L’océanobiologie ensuite. La vie en sym- biose permet la luminescence des orga- nismes dans les fonds sous-marins : ainsi, cette «pêche à la lampe» de la baudroie avec une petite boule de bactérie lumineuse au bout d’un filament. Il s’agit non d’évo- lution mais d’une liaison avec des bacté- ries ensuite intégrées au métabolisme de l’animal (ne surtout pas parler d’hôte.)

On assiste actuellement à un blanchiment du corail.

Signe de dépérissement, pense-t-on à tort, simple perte de symbiotes coralliens, dit l’auteur. On peut y voir une stratégie face aux changements environnementaux et un mécanisme d’adaptation, laissant une chance de repeuplement avec un type différent de protistes pho- tosynthétiques.

Quant au règne animal, faut-il rappeler que les ruminants développent un compost interne dans la poche de fermentation de leur estomac, qui renferme 1/2 million de protistes de 50 espèces différentes aux conditions environnementales si complexes qu’il est impossible de reproduire en laboratoire les colonies de micro-organismes domestiques. Les humains ne restent en bonne santé qu’au prix d’une collaboration avec leurs commensaux microbiens : il existe donc une «…conversation molé- culaire entre les micro-organismes et notre intestin. » Le mot symbiose implique une co-existence au béné- fice mutuel, association selon laquelle plusieurs espèces vivent l’une de l’autre ou l’une dans l’autre.

«…L’ingestion d’un protiste affamé par un autre…

était peut-être le premier exemple d’une forme pri- mitive de fécondation entre deux organismes. »Avec cette forme de cannibalisme, le sexe aurait été inventé par les bactéries (Lemuel Cleveland, 1940).

Ici, l’on dépasse le concept d’espèce par transfert ho- rizontal de gènes (véritable banque de données cellu- laires) entre bactéries, les mitochondries étant plus étrangères à la cellule qui les héberge que synthétisées par elle, car elles possèdent leurs propres gènes.

Il faudrait réécrire toute la genèse en symbiogenèse, après la découverte du chloroplaste, ce qui entraîne le bouleversement de la taxonomie. Difficile d’imagi- ner la proportion temporelle de celle-ci dans l’échelle de l’évolution.

La version «écologique» actuelle du darwinisme en- fonce des portes ouvertes, à savoir que l’interdépen- dance est aussi importante que la sélection, ce dont Darwin ne doutait pas.

Pour conclure, l’auteur recourt pour décrire cet underworld à l’image forte de la triple hélice. Outre le mérite d’être passionnant et adroitement didactique, Tom Wakeford, bien traduit de plus par Françoise Anthouard- Trémolières et Antoine Trémolières, entretient avec son lecteur une complicité teintée d’humour. ●

Aux origines de la vie

Quand l’homme et le microbe s’apprivoisent Tom Wakeford Éditions De Boeck Université, 2004 ISBN 2-8041-4532-8

22 €

par Maël Knoll m.knoll@lavoisier.fr

Aux origines de la vie

Quand l’homme et le microbe s’apprivoisent

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BIOFUTUR 247 • SEPTEMBRE 2004 76

L’embryon humain in vitro et le droit

Nouvelle pièce à verser au dossier des très débattus « droits de l’embryon », cet ouvrage, sobre et concis, n’a pour- tant rien d’un nième état des lieux. Il accompagne une entité qui était de l’ordre du secret (son étymologie en faisait une croissance en lieu protégé) jusqu’à son destin caricatural d’enjeu de pouvoir.

Difficile de ne pas voir dans la «loi Veil» de 1975 sur l’em- bryon in vivola matrice des situations à venir. In vitro, on achoppe inlassablement sur la même impuissance à désigner : sujet ou objet ? Or, le Droit se doit tout autant que la Science de nommer. Par impartialité, Emmanuelle Dhonte-Isnard s’en remet à une étude des Droits comparés

; entre les pays de common law(droit coutumier) – peu conceptuel, à dominance jurisprudentielle – et de Code civil, tous deux inspirés du droit romain, où l’approche des faits est restrictive, procédant par définition des abus et des interdits, matérialisés par le droit pénal et les contrées d’ancienne ou d’actuelle political law. Dont certaines ont pu évoluer vers un suivisme accéléré du rythme de la recherche scientifique (États-Unis).

L’obstacle majeur consiste, en pays «tempérés» comme la France, en une représentation anthropomorphique de l’embryon (ce pourquoi R. Frydman avait proposé le substitut «d’embryon zygote».) Pour cette raison, l’auteur s’attarde sur le déjà dépassé rapport de la Commission Warnock, applicable au Royaume-Uni dès 1991. Le préjugé morphologique (toujours actuel, lui) avait été levé une fois la casuistique de l’individualité clairement posée : l’embryon est cité ici comme l’anhoméomèrepar excellence, l’insécable. Est-il un individu biologique ? Non-humain au sens «zoologique» ? Est-il pour autant quelque chose ? La question se voulait éthiquement neutre, intéressante, même si illusoire, et le rapporteur y

répondait par la négative. Le défaut de cette approche est patent pour E. Dhonte-Isnard et tient en un mot : son utilitarisme, qui appelle à la rescousse le concept de «pré- embryon» notion de matériel (héréditaire ou embryon- naire), de potentiel, de morbidité et de viabilité. Au- tant de données vaines pour le juriste : légiférer, c’est créer de la discontinuité éclairante entre les phases.

On sent poindre le reproche de ne pas savoir, en France, tenir compte de l’urgence d’un statut de l’embryon, mal- gré les vues très saines du président du CCNE, Didier Si- card*1et de s’en tenir à distance. Déjà en juin 1998, l’Aca- démie des Sciences voulait faire de la recherche sur l’embryon «un devoir médical». À trop s’attarder sur le respect de la «personne humaine potentielle », la bioé- thique a, nous dit-elle, fait de la personne le résultat d’un processus temporel. Alors qu’un statut au sens plein et responsable du terme demeure, je cite « …un ensemble de textes fixant les garanties principales associées à un individu ou à une collectivité ». Certains pourtant, ne voulant « rien rater », préfèrent y voir la cristallisation d’une situation de fait dans la société. Il faudra bien choi- sir le moins préjudiciable. Et que faire si le problème, nous prenant de court s’avérait plus juridique que bio- logique? D’autres juristes ont évoqué la méprise ici même.

Tout plutôt qu’une solution en mosaïque *2.

L’auteur se sera vaillamment appliqué à nourrir la polémique – de matière qui n’a rien d’anodine –, sans y céder. Elle nous aura en tout cas montré sous une modestie apparente le travail «d’équilibriste» requis lorsqu’il s’agit de greffer sur du vivant des disciplines diverses et parfois parasites (politique, philosophie, anthropologie, histoire, culture) et de résister ce faisant au tourisme scientifique. ●

L’embryon humain in vitroet le droit Emmanuelle Dhonte-Isnard L’Harmattan, 2004 ISBN 2-7475-6422-3

17,50

*1 « La question de la recherche sur l’embryon ne devrait pas poser de problème dans la mesure où l’on admet déjà le bien-fondé de la recherche sur l’être humain. »

*2 «Il n’était pourtant pas déraisonnable de penser que c’est le statut qui doit imposer les limites et non les limites définir le statut.»

La sécurité alimentaire en crises Les crises Coca- Cola et Listeria de 1999-2000 Julien Besançon Olivier Borraz Catherine Grand- Clément-Chaffy L’Harmattan, 2004 ISBN 2-7475-6429-0

• 26 €

La sécurité alimentaire en crise

Les crises Coca-Cola et Listeria de 1999-2000 de Coca-Cola. Le principe de précaution est enfin devenu matière à débat.

L’épisode «listériose», disséqué par Catherine Grandclé- ment-Chaffy a fait plus de dégâts que le premier. Les deux épidémies successives de 2000, stigmatisant une marque de rillettes et de langue de porc en gelée ont touché 32 personnes, dont 12 décédèrent. L’historique en est retracé au jour le jour, sans oublier un seul acteur de ce pénible épisode. Les conclusions en sont malgré tout positives. On a vu les premiers dispositifs administratifs de gestion du risque se mettre en place, faisant apparaître, sur l’hypothèse préalable d’une probable rupture de la chaîne du froid, la traçabilité comme une norme bien fran- çaise, sinon européenne. Malgré un environnement encore plus médiatique et politique que la première crise évo- quée, l’auteur y discerne une question récurrente : «…à qui appartient la sécurité alimentaire ?» Énigme de circonstance en cette situation où l’alerte et la sécurité ne cessaient de se déplacer. L’Afssa* y a gagné en visibilité institutionnelle tout en prouvant son indépendance.

Le dernier chapitre, rédigé par Olivier Borraz, s’intitule L’institutionnalisation de la sécurité alimentaire. Ses mécanismes sont recensés : expertises, prévention versus précaution, communication et intervention, défaut de centralisation, débouchant malheureusement sur un constat un peu dur, mais nécessaire : le champ de la sécurité alimentaire peut-il fonctionner sans crise ? Cet ouvrage devrait sans nul doute être dispatché dans les ministères et rester sur le bureau de chaque journaliste. ● Le fait d’être officiellement répertoriée sous-catégorie de

la sécurité sanitaire, permit à la sécurité alimentaire d’opérer une percée dans l’action régulatrice des pouvoirs publics. Les grandes crises fondatrices n’avaient pourtant pas manqué : veau aux hormones, OGM, poulet à la dioxine…Mais la sociologie des crises et de leur gestion n’avait peut-être pas encore mûri au point de rencontrer les spécialistes capables de les décrypter clairement et de les transmettre dans leur complexité. C’est chose faite avec cet ouvrage.

Les auteurs procèdent à deux études de cas. La première partie, qui incombe à Julien Besançon décrit «l’affaire»

Coca-Cola de juin 1999 : elle démarra en Belgique, aux dépens de lycéens, atteints de malaises justifiant une hospitalisation, se propagea en France puis dans une aire européenne plus vaste. Elle concernait des lots de canettes en verre de 20 cl aussitôt retirés du marché. On invoqua un défaut du circuit et des palettes contaminantes.

Production ou transport ? Coca-Cola préférait de loin la seconde hypothèse. Démenti des prestataires. Il fut question des deux côtés de l’Atlantique de MSI (Mass Sociogenic Illness), autant dire hystérie collective. Sans parler de

«mystère», comme les médias, on peut dire que le flou subsistait. L’interdiction fut levée. L’auteur de ce dossier reprend toutes les données pour en tirer les leçons suivantes : la gestion de la crise chez la célèbre marque n’a pas été exemplaire, les médias ont amplifié, entretenu, voire «symbolisé» la crise (procès en colonisation), ce qui a eu le mérite de développer le service communication

*Afssa : Agence française de sécurité sanitaire des aliments.

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