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La dynamique interculturelle au coeur du kovil d'Arulmighu Navasakthi Vinayaga, de Port Victoria aux Seychelles

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Academic year: 2021

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La dynamique interculturelle au coeur du kovil

d’Arulmighu Navasakthi Vinayaga, de Port Victoria aux

Seychelles

Florence Callandre

To cite this version:

Florence Callandre. La dynamique interculturelle au coeur du kovil d’Arulmighu Navasakthi Vinayaga, de Port Victoria aux Seychelles. Civilisations des mondes insulaires, Karthala, 2011, 877 pages, 2011. �hal-02057407�

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La dynamique interculturelle au cœur du kovil d’Arulmighu Navasakthi

Vinayaga, de Port Victoria aux Seychelles.

Florence Callandre

maître de conférences, département de langues cultures et sociétés de l’océan

Indien à l’Université de La Réunion.

La présence indienne aux Mascareignes est, depuis plusieurs décennies, l’objet de recherches historiques et géographiques, suivies de nombreuses publications1. Quelques anthropologues2 ont complété ces travaux en étudiant les croyances, les rites et l’architecture des espaces sacrés, ainsi que la représentation identitaire des descendants des immigrants indiens de cet archipel. La présence indienne, l’hindouisme et l’art sacré aux Seychelles ne bénéficient pas pour l’instant d’études anthropologiques aussi approfondies3. J’ai fait trois enquêtes de terrain, l’une en juillet 2005, l’autre en mars 2006 et la dernière en juillet 2008 à l ‘« Arulmighu Navasakthi Vinayaga Temple » de Victoria, à Mahé, enquête complétée par des recherches aux archives nationales afin d’apporter une contribution à la connaissance anthropologique de la présence et de l’influence indienne et hindoue sur la culture seychelloise4.

Après un bref rappel de la présence indienne aux Seychelles, je préciserai comment les Seychellois identifient les Zindien, les Laskar et les Malbar. Je présenterai ensuite les résultats de mes enquêtes ethnologiques à l’Arulmighu Navashakti Vinayaga Temple. La question qui sous-tend ma recherche est celle de la compétition permanente entre la tamoulisation5 et la créolisation6 qui marquent l’inscription de la culture indienne dans les sociétés créoles du Sud-Ouest de l’océan Indien.

1. La présence indienne aux Seychelles

Le trafic maritime entre l’Inde et l’Afrique daterait de 4000 ans. On ne peut pourtant pas préciser exactement l’arrivée des premiers marins aux Seychelles. Les Arabes du Golfe Persique qui sillonnaient l’Océan Indien autour du IXème et Xème siècle, et ont fait commerce des « cocos de mer » bien avant l’arrivée des Européens, ont signalé un groupe d’îles granitiques dangereuses pour les navigateurs, « des îles hautes » par rapport aux Maldives. De rares manuscrits arabes du XVème siècle sur la navigation les mentionnent sous les termes d’îles Zarin, en persan « or », au nombre de sept. Puis Vasco de Gama découvrit à son tour en 1502, l’existence des îles extérieures, qui furent baptisées « Amirantes » en son honneur. En 1609, l’Ascension, un navire marchand de la Compagnie anglaise des Indes orientales, jeta l’ancre devant l’île qui sera baptisée beaucoup plus tard Mahé. Les

1 Cf : travaux de Guy Dupont.

2 cf : Travaux de Jean Benoist, Christian Barat, Christian Ghazarian, Florence Callandre. 3

Citons cependant les travaux de William Mc Ateer, ceux de Deryck Scarr, ceux de Vijaratnam Sivasupramaniam, et ceux de Kantilal Jivan Shah.

4 Cette enquête anthropologique a été faite dans le cadre d’un programme de recherche du Centre

interdisciplinaire de recherches sur la construction identitaire (Faculté des lettres et sciences humaines, Université de La Réunion.), financée par le Conseil Régional de La Réunion.

5 J’entends par « tamoulisation » les effets d’un sentiment d’appauvrissement de sa culture suivi d’un « retour

aux sources » dans le but de réorthodoxiser les pratiques. Le ralliement sous l’identité tamoule se fait au détriment des autres origines qui sont au fil des générations occultées. Cf Koylou.

6

J’entends par créolisation un processus dynamique qui permet une adaptation aux spécificités locales par une négociation culturelle permanente.

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administrateurs britanniques ne furent alors pas intéressés par une occupation de l’archipel. La région devint un haut lieu de la flibuste de 1680 à 1730. V. Supramaniam évoque en introduction de « Decade of growth » un corsaire tamoul7 connu sous le nom de Kunjali qui aurait commandé une flotille de vaisseaux armés au nom du roi Nayyakar. Il faisait, dit-il8, halte aux Seychelles9 pour ramener des cocos de mer en Inde et à Ceylan.

Et ce n’est qu’en 1770 que s’installèrent les premiers occupants. « In 1770 settlers from

France as well as Mauritius and Reunion established the first settlement of the Sainte Anne island with their slaves. »10 L’ingénieur Brayer du Barré reçut la permission du Roi de France de fonder, à ses propres frais une colonie à Sainte Anne, un îlot ancré au nord de Mahé. Dès cette première installation, on note une présence indienne. Le Télémaque, le bateau de Barré quitta l’Ile de France, le 12 août 1770, avec « 15 colons blancs, 8 colons noirs et 5 Indiens »11. 1.1. Les esclaves et les hommes libres

Vingt ans après le début du peuplement des Seychelles, un compte-rendu d’assemblée atteste qu’un Indien libre installé à Bourbon, du nom de Ramalinga (étymologiquement du sanscrit, la virilité de Rama, héros de l’épopée du Ramayana ou « Le voyage de Rama »), y serait propriétaire d’une concession. Le 19 juin 1790, dix des douze chefs de famille alors établis aux Seychelles, s’organisèrent en assemblée. Nageon, le Président qu’ils élirent, leur lut une lettre de l’Assemblée générale de l’Ile de France leur proposant de s’adjoindre à leur autorité coloniale. Les « Pères de famille », tels qu’ils étaient baptisés, pensèrent certainement qu’ils n’avaient pas de leçons à recevoir de colons voisins et refusèrent cet assujettissement. Ils répondirent qu’ils n’accepteraient d’autre pouvoir souverain que celui de l’Assemblée Nationale de Paris, pouvoir plus lointain, probablement moins astreignant et plus sécurisant d’autant que les productions agricoles (noix de cocos, indigo et céréales) semblaient, disaient-ils, plus prospères que celles de l’Ile de France. Ils souhaitaient que les concessions de Praslin, Frégate, Silhouette et les îles du Nord soient réservées aux propriétaires déjà installés à Mahé. Les « Pères de famille » demandèrent, de nouvelles plantes et un curé pour leur âme. Ils requirent également que la concession inoccupée du Bourbonnais Ramalinga lui soit retirée pour être accordée à un Européen, et qu’enfin on ne cède plus aucune concession à des « Noirs libres ». « On 19th June 1790 ten of the twelve heads of the families then established

in Seychelles, armed with the absenties proxies, constituted themselves an assembly. Elected president, Nageon read a letter from the general assembly of Ile de France inviting Seychelles to join as one colony. (…) The pères de famille would accept no sovereign power other than that of the National assembly in Paris, they said ; and they wanted most of the restrictions on them removed. Praslin, Frigate, Silhouette and Norths Islands should be reserved to existing proprietors of Mahé. No newcomers should be granted concessions anywhere without majority consent. They asked for new plants and a curé for their soul. They required that the

7 Il est intéressant de noter que ce corsaire quittait la côte de Malabar qui se trouve à l’Ouest de l’Inde et qu’il

était originaire du Tamil Nadu qui se trouve à l’Est.

8 From the Malabar coast in India, Kunjali a tamil pirate who had a flotilla of armed vessels was in the employ of

the Nayyakar kings used to criss-cross the Indian Ocean attacking Portuguese and Dutch cargo vessels and protecting the Asian traders. (…) It is said that Kunjali visited Seychelles to take Coco-de-mer to the royalty in India and Ceylon and many more tamil traders took this merchandise to the far eastern markets. Page 7.

9 Les Seychelles tiennent leur nom d’un hommage au Vicomte Moreau des Seychelles, contrôleur général des

finances sous le gouvernement français de Louis XV.

10 Musée national historique des Seychelles, juillet 2005.

11 La même information est présentée dans « Decade of growth » de manière sensiblement différente : « (…) the

first settlers in Seychelles left Mauritius on 27th August 1770 on board the vessel Telmaq de St malo led by Captain Lecore. Altogether there were 28 persons including 15 whites, 7 slaves, 5 Tamils as free labourers and 1 Negress. », page 7.

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concession granted to the free Indian Ramalinga, from Bourbon should be transferred to some European since Ramalinga had not yet occupied it, and they demanded that no more land should be conceded to free black at all. (…) Their coconuts, indigo and grain promised better than those of Île de France ; their timber sold well in India (…). »12

Le même document fait allusion à l’exportation de bois de construction vers l’Inde. La coupe et l’exportation de bois ont été une des premières activités économiques des Seychelles et le port qui recevait les rondins était celui de Pondichéry où se trouvait une darse de construction navale.13 En 1803, le voyage par bateau entre les Seychelles et Bombay durait douze jours entre avril et septembre. « It would take the Seychellois twelve days to sail to Bombay in the favourable weather between April and September ».14

La présence d’esclaves originaires de l’Inde signalée dès le début du peuplement des Seychelles a été proportionnellement beaucoup moins importante que celle des esclaves venus d’Afrique, comme le témoigne cet inventaire : « De Quincy built a big house he called Bellevue (…). When inventory was taken at his wife’s death in 1809 he possessed seventy-four slaves from Madagascar and Mozambique, and one from India. »15 Entre 1770 et 1835, seulement 13% des esclaves étaient originaires de l’Inde. « About 45% of slaves came from Madagascar, 40% from East Africa especially Mozambique, 13 % from Pondicherry, India and 2% from West Africa. »16

Les origines des esclaves indiens présentent des similitudes avec celles de ceux qui ont été vendus à La Réunion, telugu de l’Andra Pradesh, malabar, bengali (Calcutta) et sûrement

tamil de Pondichéry. « From the eighteenth century sick slaves from Gorée, Madagascar, East

coast of Africa and Bengal were left in Seychelles by slavers whilst voyaging from East Africa to Zanzibar. During the nineteenth century, thousands of africans slaves captured from arab dhows by the British Navy were freed and set down on the island. The origins of most of the slaves came from Tanzania in the north to Ihambane, Mozambique in the south and westwards as far as lake Malawi(Nyasa) and Rhodesia. Others came from Telegus, Malabar, Bengal and Pondicherry in India. »17

Vers 1808, malgré toutes les réserves que montraient les « Blancs » à propos du « métissage », un Normand, Denis Adrien Calais a transgressé le premier les règles implicites de mariages « intra-ethniques » en épousant une fille Ramalinga. Lui-même n’était pas légitimé et d’un âge déjà avancé. C’est sûrement les raisons pour lesquelles il a bravé les interdits concernant les alliances. Un marin portugais, Emmanuel Naz a légitimé aussi trois enfants de son union avec une Indienne émancipée et a disparu en 1806 en mer. C’est donc au début du XIXème siècle, que furent officialisées les premières formes de « mariages mixtes ». Un mariage entre un Français et une Indienne de Bourbon, puis la légitimation de trois enfants nés de l’union d’un marin portugais et d’une Indienne émancipée. « (…) Denis Adrien Calais from Normandy, a bold man in his day for, himself illegitimate, he was among the first to cross the colour line by marrying into the Ramalinga family of Bourbon which had defied the white community’s objections to free black land-owners and had come to Seychelles from Bourbon after all. Calais was very much part of the coloured community of the Islands. The

12 Deryck Scarr, Seychelles since 1770, 2000, pages 14 &15.

13 The initial economic activities in Seychelles centred on felling trees and exporting them. The port that

received the timber was Pondicherry where french had a boat-building yard. V. Sivasupramaniam, « Decade of growth », page 7.

14 Deryck Scarr, Seychelles since 1770, 2000, page 20. 15 Deryck Scarr, Seychelles since 1770, 2000, page 21. 16

Musée national historique des Seychelles, juillet 2005.

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Favorite’s owner was Helene Niaz, an Indian « émancipée » whose lover, the Portuguese seaman Emmanuel Naz, vanished at sea after marrying her in 1806 and legitimising their three children. »18

Entre 1770 et 1811, par sa situation géographique et ses conditions climatiques favorables, au-delà de la région traversée par les cyclones, les Seychelles légitimaient l’ambition de la France de civiliser l’Afrique et Madagascar d’où provenaient ses esclaves et servaient de point d’appui stratégique aux relations avec l’Arabie et l’Inde. L’archipel était un « point d’appui » important pour la France mais l’était également pour les Britanniques. « In theory the strategic value of Seychelles was obvious. They were out of the hurricane track, as Ile de France and Bourbon were not. And they had easy access to legitimate areas of France’s ambition in Madagascar and Africa, from which slaves came to aid the civilising mission, and to Arabia and India, centres of the wealth indispensable to the spread of culture. Seychelles sea officers believed, were the most important point d’appui France had in the Indian Ocean. They would admirably serve, say, a frigate preying on the eternal enemy’s Bombay trade ; (…) The trouble was that Seychelles could equally serve the british, and some of their adventurers in India threatened to put the island to use. »19

Idéalement situé dans l’Ouest de l’Océan Indien, l’archipel des Seychelles a oeuvré au rayonnement sur l’Océan Indien et les pays qui le bordent de ceux qui s’en sont appropriés les terres pour en faire une base navale, militaire et commerciale. « As a great naval, military and commercial base, ideally placed for expeditions to Ceylon, Goa, Bombay, Persia, the Read Sea and Madagascar, Seychelles could be used to overawe all the states between Egypt and India, relieving Britain of the need to continue squandering money and reputation in subsidies to the faithless and impotent Persian court so that it would no longer be at the mercy of unsteady powers on the borders of India. »20

1.2. Les « labourers »

Même si l’abolition de l’esclavage à Bourbon n’a été effective qu’en 1848, les difficultés relatives au recrutement d’esclaves africains après l’accord franco-anglais de 1831 ainsi que la fin des sept ans de reconversion des esclaves en hommes libres ont poussé les planteurs Bourbonnais et ceux de l’Île de France à se tourner vers l’embauche d’Indiens sous contrat. Les conditions de vie de ces « travailleurs » de Pondichéry et Karikkal restaient néanmoins proches de celles des esclaves. « France had not yet abolished slavery in its colonies (this did not occur until the Revolution of 1848, which ushered in the Second Republic). The Anglo-French agreement of 1831 had given both countries mutual right of research and seizure of suspect ships, but because of French susceptibilities it was too limited to be effective, and slave captains frequently used the french flag to run slaves into Bourbon, where there was a continuing demand for labour on the sugar plantations. Because of increasing difficulties in shipping slaves from Africa some Bourbon planters cast their eyes towards India, from where they could bring in coolies under contract. These workers, from Pondicherry and Karikal, were slaves in all but name. Mauritius also considered recruiting labour from India as it became clear that the apprenticeship scheme was unlikely to last the full seven years. Increasing desertions and more frequent purchases of freedom, as well as the mounting opposition in Britain to apprenticeship, were warning signs to the planters. Local ordinances were drawn up in 1836 and 1839 to fix the terms for importing Indian labour, but both were

18 Deryck Scarr, Seychelles since 1770, 2000, page 27. 19

Deryck Scarr, Seychelles since 1770, 2000, page 6.

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disallowed by the secretary of state, Lord Glenelg, who described them as « in some material respects even less equitable than that of slavery itself. »21

Les colons seychellois ont dû patienter plusieurs années avant d’obtenir à leur tour du gouvernement indien l’autorisation de recruter des travailleurs agricoles. Et au début des années 1840, l’huile de coco était devenue le principal produit d’exportation. « Like their counterparts in Mauritius, the Seychelles settlers had thought of recruiting labour from India, but all requests to do so were turned down. The Indian government, alarmed at the atrocious conditions experienced by emigrant workers going to Mauritius, had halted the traffic and it was not until 1842 that it was resumed, under much closer supervision. In contrast to Mauritius, Seychelles began to move towards the cultivation of less labour-intensive crops, and by the early 1840s coconut oil had become the main export. »22

« These blacks of this place, who have property, are they better than their ilk who have none ? No, they are more turbulent, more discontented, and above all more insolent… A few ‘red skins’ driven mad at not being whites. » (Amanda Stephens to Grimble 6 septembre 1934) « Calais was one ‘peau-rouge’, from his Ramalinga heredity. »23

1.3. Les commerçants

Les familles Pillaï24, écrit parfois Pillay, se sont établis aux Seychelles en 1879. Ils se sont lancés dans le petit commerce25. Au tout début du 20ème siècle sont arrivés massivement aux Seychelles des commerçants indiens, aussi bien des Musulmans, que des Hindous, des Parsis et des Jaïns. On note aussi l’immigration, après la première guerre mondiale, de Chinois de Canton et de « Persans » probablement d’Iran.

« In the early twentieth century Indian merchants, Muslims, Parsees, Hindus and Jains arrived from India and after the first world war, chinese from south China especially Canton region arrived to work as shop keepers. »26 « Seychelles began legislating, then, to meet the perceived needs of tropical agriculture in islands restricted in size and geological configuration (…) There was now money to be made in coconuts, and new traders-some Indians and some Persians-were coming in to get their share »27 Persian and Indian entrepreneurs by contrast ran minor empires, and their ties with Bombay drained Seychelles of specie, exported by the chest-full to pay for India’s rice and cotton-print ; produce went to Europe and Mauritius, some to Reunion and Madagascar, little now to Bombay. »28

De nombreux témoignages font référence aux relations commerciales entre les Seychelles et l’Inde, notamment d’échanges de maïs, de coton, de sucre et d’arack. « By 1830 Mahé could not feed its population but had to rely on maize from Silhouette, Marianne and the Amirantes. With the cotton price down, the Seychellois were surviving by getting permission to ship occasional cargoes of sugar and arrack direct to India from the three mills built on Mahé in the 1820s »29

21 Recruitment of Labours by French planters in William Mc Ateer, Hard times in paradise, 2000, pages 40, 91. 22 Seychelles tries to recruit labours in William Mc Ateer, Hard times in paradise, 2000, pages 43, 56, 57. 23 Deryck Scarr, Seychelles since1770, 2000, page 122.

24 L’état civil français a orthographié les noms de famille des Réunionnais originaires de la même jati indienne,

sous-caste professionnelle de commerçants, poullé en suffixe, ex : Virapoullé ou Ramassamy-poullé.

25

« Pillais have also been successfull in business and is evident by the large number of retail shops bearing the names of Pillais all over Seychelles. » V. Sivasupramaniam, « Decade of growth », page 9.

26 Musée national historique des Seychelles, juillet 2005. 27 Deryck Scarr, Seychelles since 1770, 2000, page 80. 28

Deryck Scarr, Seychelles since 1770, 2000, page 88.

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Les propriétaires blancs menaient au début du XXème siècle une vie de bombance, d’opulence sans économie et quand la chute du prix de la vanille est survenue, ils n’avaient plus les moyens de faire face à leurs dettes. Ce sont les commerçants et les usuriers indiens qui ont racheté leurs terres saisies. « Dr Bradley, medical officer for South Mahé, were struck by the extravagant living of the white proprietors, who ‘were well dressed, gave good and expensive luncheons, and entertained in a lavish manner’. It was a life style imitated to a lesser degree by all classes. ‘The improvidence of the people as a whole, and the easy way in which they fall into the hands of money lenders’ meant that none was prepared when the crash came in 1904, due mainly to the failure of the vanilla crop. ‘People that seemed opulent were now paupers’ wrote Bradley. Unable to repay loans suddendly called in by Indian shopkeepers and mortgage agents their properties were seized and sold.»30

Aujourd’hui, en 2006, c’est encore surtout dans le commerce que les Seychellois d’origine indienne sont le mieux représentés ; il semblerait que du fait de la proximité de l’Inde et par la facilité des voyages, ces commerçants soient finalement, culturellement, aussi bien Indiens que Seychellois. Ils sont encore fortement imprégnés de culture indienne. Les membres du

Seychelles Hindu Kovil Sangam que j’ai rencontrés au Temple, parlent et écrivent le tamoul

ainsi que l’anglais, le créole seychellois et un peu de français. En effet, si les Réunionnais d’origine indienne apprennent le tamoul, malgré leurs origines diverses, dans les écoles des temples ou à l’Université, pris dans une dynamique de retour aux sources, en quête identitaire et souvent avec une volonté d’appréhender des textes religieux sacrés originaux, les Seychellois d’origine indienne ont pour beaucoup appris le tamoul, scolarisés plusieurs années en Inde, et ont partagé et continuent à partager en quelque sorte leur existence entre les deux pays.31 C’est certainement la raison pour laquelle certains leur ont reproché de faire fuir les capitaux seychellois vers l’Inde et d’appauvrir ainsi les Seychelles, au lieu de les enrichir, en pratiquant dans leurs « boutiques » des prix trop élevés.

« On 28 April 1963 nearly 300 men and women gathered in Gordon Square to see Harry Hockaday Payet, organising secretary for the newly-formed Seychelles Islanders United Party (SIUP), hold up a picture of a black man trying to get free from chains while a grand blanc stood over him holding a whip. They heard Payet say that the poor had no interest in self-government when, through control of internal affairs, proprietors ‘want to put us back 153 years, back to slavery’. Cats and dogs were better fed by proprietors than labourers on their 60 rupees a month (…) Taxpayers Legislative Council candidates were singled out for virulent attacks as exploiters-Parsons, Gontier, Dr Maxime Ferrari, the surgeon T.M. d’Offay ; and particularly hostile attention was given to the Indian merchants, who were unpopular for their exclusiveness and for draining the Islands of capital which they were understood to repatriate to India, as well as for their prices. »32

1.4. Malbar, Laskar, Zindien, Tamoul

Lorsqu’ils s’expriment en créole, l’une de leurs trois langues avec l’anglais et le français, les Seychellois distinguent bien les « Malbar », les « Laskar », et les « Zindien». Les Malbar sont ceux qui sont arrivés dès le début de la colonisation et plus tard comme travailleurs « libres » ou labourers et leurs descendants métissés biologiquement et culturellement. Ces

Malbar sans doute christianisés pour la plupart avant leur arrivée dans l’archipel n’affichent

pas obligatoirement les signes extérieurs de leur hindouisme. Ils ont néanmoins apporté leur

30 Indian shopkeepers in William Mc Ateer, Hard times in paradise, 2000, page 198.

31 « They satisfied their cultural aspirations and religious obligations by periodical visits to Tamil Nadu. » V.

Sivasupramaniam, « Decade of growth », page 11.

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contribution à la culture créole, notamment dans la cuisine et la pharmacopée. Un Seychellois d’apparence créole peut porter un nom malbar et réciproquement un Seychellois d’apparence indienne peut s’appeler Hoarau ou Payet. Ces Malbar se sont parfaitement intégrés33 à la société seychelloise. Vijaratnam Sivasupramaniam explique que l’assimilation des Tamouls à la population locale, s’est faite depuis deux cents ans par les mariages inter-ethniques ou exogamiques. Ils se sont intégrés aussi en se convertissant au catholicisme.34 Viratnam Supramaniam note aussi qu’en 1901, on trouve 332 familles tamoules hindoues, sur une population de 19237 habitants. Les origines indiennes diverses étaient pourtant clairement décrites au début du peuplement. On peut s’interroger sur la manière dont ont été recensées ces familles. Selon le nom donné par le père ou selon la fréquentation des espaces de culte. Si des mariages exogamiques ont eu lieu, le qualification de tamoul paraît ici être comme à La Réunion le fait d’un choix de ralliement identitaire plus qu’une réalité politique ou géographique. Il remarque également que l’ouverture d’un aéroport international en 1971 a aidé les Tamouls à garder le contact avec le Tamil Nadu.

Les Laskar, équivalents de ceux qu’on nomme Zarab en créole réunionnais sont des commerçants d’origine gudjrati et sont en grande majorité musulmans. On ne doit pas les confondre avec les Persan d’origine iranienne, arrivés comme commerçants aux XIXème siècle et qui se sont aussi mélangés à la population seychelloise. Après l’indépendance des Seychelles en juin 1976, le gouvernement seychellois, sous la houlette du président Albert René35 aurait fortement encouragé le développement de religions parallèles36 pour diminuer le pouvoir du catholicisme. Ainsi une douzaine de religions, appelées par les catholiques des sectes, se sont installées. Ce même gouvernement a également favorisé l’émigration d’Indiens pour travailler dans le gouvernement, dans les entreprises de construction, et dans les boutiques37 parce qu’on dit qu’ils travaillent sans relâche. « Etait-ce pour renvoyer l’ascenseur parce qu’il avait été sauvé par Rahjiv Gandhi38 », s’interroge le responsable de la culture Jean-Claude Mahoune. Ce qui est sûr, c’est que ces Indiens ont rapidement pris le pouvoir économique restant fortement attachés à leur pays par des voyages fréquents. Les Seychellois préfèrent les appeler Zindien39 plutôt que Malbar parce qu’ils considèrent qu’ils ne sont pas encore intégrés. Aujourd’hui, beaucoup de Seychellois craignent la prise de pouvoir politique de ces Zindien40 qui se sont infiltrés dans la société seychelloise, ont déjà le pouvoir économique41 et culturel et pensent qu’ils afficheront bientôt leur supériorité en élevant la plus haute tour religieuse dans le centre de Victoria. Le nombre de femmes tamoules a considérablement augmenté ces trois dernières décennies42. Il s’agit d’un vecteur

33

J.C. Mahoune, responsable de la culture à Victoria, pense à une famille Tangalam, à La Gogue qui est parfaitement intégrée à la société Seychelloise.

34 Viratnam Supramaniam in « Decade of growth », p 9. Il estime qu’aujourd’hui 3500 Seychellois sont

tamoulophones.

35

Les partisans du Premier Ministre Albert René ont mené un coup d’état et des élections ont été organisées en 1979 avec A. René comme unique candidat. Il est devenu alors chef d’Etat socialiste à la tête d’un parti unique. Celui-ci aurait dit alors à ses partisans : « On va chasser les Anglais, puis on chassera les Malbar », et a finalement épousé une femme d’origine indienne... »

36

Des centaines de jeunes marginalisés se livrant à la petite ou parfois grande délinquance sont aujourd’hui convertis et membres de ces églises ou association musulmane.

37 Boutique au sens créole désigne un magasin d’alimentation, une petite épicerie qui sert souvent aussi à boire. 38 Gandhi a ramené le Président René dans son avion.

39

Ils détiennent le monopole du petit commerce alors que les Lascars possèdent celui du commerce de grande distribution.

40 Les managers de la chaîne de supermarchés para-étatique, subventionnée par l’état, SMB, Seychelles

Marketing Board, ne sont pas Seychellois mais Indiens d’origine.

41

D’après J.C. Mahoune : « Autrefois on entendait : « Malbar i pande ! Zordi, Kréol i pande ! »

(9)

sûr de reconstruction identitaire, certainement une démarche d’indianisation culturelle au cœur de la famille.

2. 1. Arulmighu Navashakti Vinayaga Kovil

Arulmighu signifie bénédiction ou grâce ; Navasakthi se traduit par neuf énergies, neuf

pouvoirs. On peut par conséquent entendre l’appellation du kovil par « le temple de Vinayaka,

Vinariégel, Ganesh43, aux neuf pouvoirs (énergies), qui accorde les grâces et ou donne la bénédiction ». Ces neuf pouvoirs sont à rapprocher de ceux des neuf planètes, navagraha. Les hindous des Seychelles pratiquaient autrefois leurs rites à la maison avec pour support des représentations picturales et des petites statues de leurs dieux : «The Hindus sought private homes and elsewhere to give vent to their spiritual feelings and aspirations.»44 Certains d’entre eux se sont organisés pour mener des bhajans, chants sacrés, et des rituels d’adoration. Les fidèles se regroupaient de manière informelle, pas encore en associations. Il semble que les hindous des Seychelles descendants des premiers engagés ont suivi la même dynamique de tamoulisation45 qu’à la Réunion puisque, dans les années 1970, Madras

Markanda Community a organisé des événements festifs mettant en scène des artistes du

Tamil Nadu. « (…) folk artists from Tamil Nadu were brought in to conduct performances like Poikal Kuthirai, Karagattam and few other shows. At that time they were the most recognised activities. »

En 1984, sur les conseils d’un missionnaire indien, 24 jeunes Seychellois d’origine indienne se sont organisés pour créer un lieu spécifique de prière, « a prayer hall », et développer la culture tamoule auprès des enfants, « popularize the tamil tradition amongst the community children with a legal entity status at time. », légalement. « It was only in 1984 Sachitananthan of Jaffna, while on assignment in Seychelles, enthused a few hindus youth to organise the Seychelles Hindu Kovil Sangam with the main purpose of building a hindu temple to cater the spiritual and cultural needs of the hindu population. (…) the pioneer office-bearers and the executive commitee were elected. » Lors de cette même année 1984 s’est déroulée la première élection du bureau de l’association : La Seychelles Hindu Kovil Sangam a été inaugurée le premier mai 1984. Le docteur Santhaman en fut élu président. « When the sangam has been inaugurated, weekly prayers were held in a rented hall above Quincy Super. (…) After that, all Seychelles community members were brought together and the first common general body meeting was held on 10th June 1984, where 32 members were present. Dr Santhanam was elected as chairman».46 Les rôles et les statuts des membres d’une association ont été définis par Mr Subash. Et depuis l’association a une existence formelle. À ce moment-là, les prières hebdomadaires se tenaient dans une pièce louée au-dessus de l’épicerie Quincy. Après une courte période d’installation précaire, l’association se réunit pour les cérémonies, prières et autres activités culturelles, à partir de janvier 1986, dans un

43

« (…) Il paraît que Ganesh fut admis relativement tard dans la famille des dieux hindous, vers le deuxième siècle de notre ère, ainsi qu’en atteste l’iconographie. Mais ses origines sont beaucoup plus anciennes. Avant d’être dieu, il fut sans doute un génie, un yaksa, et à ce titre, il est peut-être un des plus anciens de la famille. Il remonterait à l’époque où les hommes, sous le ciel de l’Inde comme ailleurs, avaient pour dieux leurs animaux.

Ganesh est le seul à en avoir gardé la tête. Il est probablement le survivant d’un culte totémique de l’époque

anté-brahmanique de l’âge de la communauté primitive de l’Inde d’avant les castes. » Francis Combes in préface de « Ganesh », Christian Petr, éditions Kailash, 1999.

44 V. Sivasupramaniam, Seychelles Hindu Kovil Sangam, Arulmiku, Navasakthi Vinayakar Kovil, sixth

commemoration souvenir, 30th April 1998,

45 J’entends par « tamoulisation » les effets d’un sentiment d’appauvrissement de sa culture suivi d’un « retour

aux sources », dans le but de réorthodoxiser les pratiques. Le ralliement sous l’identité tamoule se fait au détriment des autres origines qui sont au fil des générations occultées. Cf Koylou.

46

V. Sivasupramaniam, Seychelles Hindu Kovil Sangam, Arulmiku, Navasakthi Vinayakar Kovil, sixth commemoration souvenir, 30th April 1998,

(10)

bâtiment construit sur un premier terrain acquis par la Sangam, jusqu’à sa démolition, en février 1991. L’association a acheté le terrain actuel en décembre 1985, pour une somme de 225 000 roupies seychelloises dont 150 000 roupies ont été prêtés par la banque Baroda. « Dr Santhanam conducted the elections of the first governing council members (…). For a short time in 1984, it was shifted to one of the rooms on the first floor of Michel flats until it was shifted in January 1986 to the hall in the newly acquired land. A land fund was, launched on the 3rd of August 1985 and after much search the present plot of .059 hectares was bought on the 27th of december 1985 for SR 225.000 (US $ 45.000). A loan of SR 150.000 raised from the bank of Baroda was settled within the stipulated period of four years. The prayers and all other cultural activities were continued in the old building until its demolition in February 1991. »47

La sensibilisation des fidèles à la nécessité de devenir membre annuel de l’association, afin de financer les différents projets ou d’aider à trouver des fonds, a pris du temps. La cotisation annuelle s’élevait à 300 roupies, environ 300 francs. « Seychelles Hindu Kovil Sangam » comptait au départ une centaine de membres. En 1987, à l’initiative de Sivapatham, la possibilité de devenir « membre à vie » a été proposée pour 2500 roupies48. Deux adhérents à vie seulement ont été enregistrés cette année-là. En 1999, on comptait 300 membres ordinaires, ce qui a représenté le plus grand nombre d’adhérents jamais enregistré jusqu’alors. Le nombre de membres à vie était d’une cinquantaine en 2003. Quelques collectes de fonds à certaines occasions culturelles renflouent de temps en temps aussi les caisses de même que quelques pécules accordés parfois par des entreprises commerciales, « sponsors ». Enfin une cinquantaine de boîtes de collecte ont été déposées dans des commerces autour de Mahé, entre 1988 et 1999. Elles étaient vidées chaque semaine par un responsable de l’association et ont rapporté plusieurs millions de roupies. En 2006, les membres les plus influents de l’association portent le nom de Pillay.49

Le premier événement religieux majeur a été en 1984, le Vinayakar Chathurti, au cours duquel une sculpture d’argile de Ganesh après une longue procession de trente voitures a été immergée à Belle Ombre.50 Pour Viratnam Sivasupramaniam, l’organisation de l’association « Seychelles Hindu Kovil » et la construction du premier temple urbain, conçu par un architecte tamoul selon les règles des Agamas sont des moyens de retrouver les valeurs traditionnelles, culturelles et religieuses, oubliées depuis longtemps.51 Le plan de construction d’un temple dédié à Ganesh en conformité aux règles architecturales agamiques a été voté en octobre 1989. En mai 90, la fondation pour la construction du temple de Ganapathi a vu le jour et la construction a débuté le 25 fevrier 1991. C’est l’entreprise Vijay qui a commencé les travaux, assistée de quatre sculpteurs du Tamil Nadu, V.M. Narayansamy ; K. Sivakumar ; G. Kalyamoorty et S Muthaiyan. La consécration du temple ou maha kumbabishegam a eu lieu en 1992 sous la direction de Ramanatha Sivachariar de Myiladhuturai ; Ravi Gurukkal, Nagapattinam ; Shanmugga Kurrukal, Vellore. Les musiciens étaient : M.R.K. Kalidas,

47 6th &10th commemoration souvenir of Seychelles Hindu Kovil Sangam p35. 48 2500 roupies valent quasiment 2500 francs, soit 380 euro.

49 En 1998, la composition du bureau de « Seychelles Hindu Kovil Sangam » se présentait ainsi : « Chairman :

Pillay K. D. ; Vice chairman : Ramani N. ; Secretary : Ramakrishnan T.M.K.R.K. ; Assistant secretary : Pillay V. M. ; Treasurer : Padmanabam V.A. ; Assistant treasurer : Sivashanmugam G. »

En juillet 2006, la composition du bureau était alors la suivante : « Chairman : Shanmugam Pillay .T ; Vice chairman : Subramaniyan Pillay.P ; Secretary : Duraisamy Pillay .k ; Assistant secretary : Velmurugan Pillay .M ; Treasurer : Natarajan Pillay .S ; Assistant treasurer : Kandasamy Pillay .R » Parmi les membres qui n’ont pas de fonction officielle dans le bureau, on trouve encore majoritairement le nom de « Pillay », une fois celui de « Chetty », une fois celui de « Naïdu » et celui de « Palami ».

50 « There was immense enthusiasm and piety among the devotees on that occasion. » V. Sivasupramaniam,

« Decade of growth », page 14.

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nathasuram ; M. Chocklingam, nathasuram ; S. M. Babu, thavil. À la suite de la consécration,

des spectacles culturels se sont succédés pendant 45 jours. « The plan for the construction of the Vinayaga Temple according to Agamic rules was drawn by Prof. Ganapathy Sthapathy of Mahabalipuram and was approved in October 1989. The foundation for the building of the Vinagar Temple was laid on Sunday morning 6th May 1990, between 7.00 and 8.00 hrs by Mr Manian of Ganabhoomi. A cultural show was held at 7.00 pm ; on the same day in the Sangam Lawn.52 The construction started on the 25th of February 1991. It was pioneered by Vijay Construction at a time when the Sangam’s funds were depleted. They were assisted for traditional patterns by four sculptors of Tamil Nadu : V.M. Narayansamy ; K. Sivakumar ; G. Kalyamoorty et S Muthaiyan.53 The consecration and Maha Kumbabishegam was on the 6th of May 1992 under the guidance and the direction of Ramanatha Sivachariar from Myiladhuturai ; Ravi Gurukkal, Nagapattinam ; Shanmugga Kurrukal, Vellore. The musicians were : M.R.K. Kalidas, nathasuram ; M. Chocklingam, nathasuram ; S. M. Babu, thavil. Following the consecration Mandalabishegam lasting 45 days was organised with cultural shows every weekend and the release of a colourful souvenir to mark the occasion. »54

L’association a fait l’acquisition, en 1998, d’un terrain de 900 mètres carrés, s’ouvrant sur la rue Lodge-Harrison, à proximité du temple afin d’y loger les prêtres ainsi que tous ses employés. Ce sont les fonds de l’association, qui ont permis cet achat s’élevant à 300 000 roupies soit 60 000 US $. Des réparations mineures ont été nécessaires avant de pouvoir y demeurer. « Time flies fast and it is difficult to believe that we have moved six years since the opening of the temple. This year’s commemoration has a special significance. The government declare the Thai Poosam Day as a holy day for all hindus enriched our Thai Poosam Festival and we are ever grateful to the government. Another matter of importance this year is our purchasing a plot of land on Lodge-Harrison street junction to accomodate all our temple employees. »55

Le 24 juin 1985 ont été installées de nouvelles représentations de Ganesh56, Lord Vinayakar et de Siva Nataraja, Lord Nadarajar, en panchaloga, un alliage de cinq métaux. Le sanctuaire de Nataraja est toujours présent en 2006, mais l’idole n’y est plus.

En 1986, à la demande de l’association, le Ministre des finances a accordé l’exemption de toutes taxes pour tous les objets importés à l’usage du temple. Et en 1987, deux repas végétariens cuisinés par les femmes de l’association ont rapporté environ 8000 et 10000 roupies. L’organisation d’une série de spectacles culturels, de présentations au public de troupes de Singapour ainsi qu’une concession avantageuse accordée par une compagnie aérienne privée, LAS, a rapporté à S.H.K.S. des sommes de plus en plus importantes qui ont favorisé le bon financement de la construction.

Le 25 juillet 2005, Veera Pandiyan Pillay, membre du comité du temple, a expliqué les raisons pour lesquelles Ganesh57 a été choisi comme divinité principale. « Senior accountant »

52Illustration : voir invitation kumbabishegam et page 79 de la brochure 6th.

53Illustration de la construction : voir photo de la construction et des architectes dans la brochure du

koumbabishegam 1992.

54

V. Sivasupramaniam, Seychelles Hindu Kovil Sangam, Arulmiku, Navasakthi Vinayakar Kovil, sixth commemoration souvenir, 30th April 1998,

55 K.D. Pillay, Chairman Seychelles Hindu Kovil Sangam.

56 « Ganesha is known by other names as well. Ganapati, Gajanana, Vinayaka, Vigneshwara and many more.

Gajanana means elephant-faced, Vinayaka means the supreme leader, literally, one who has no leader himself. Vigneshwara is the lord of all obstacles, worshipped in the initiation of Hindu rituals and ceremonies. » in « The philosophy of Lord Ganesha », Navaskthi Vinayagar Fifth Sangabishegam Supplement, Seychelles Nation, Friday May 9, 1997.

57

« Lord Ganesha has a big belly, the symbol of plenty. The whole universe is in his belly for the whole universe is like the body of God. (…) His big belly is the symbol of holdings all worlds within himself. » in « The

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au ministère de l’environnement, il est né, en 1966, aux Seychelles, quatrième d’une fratrie de 10 enfants, mais a vécu 26 ans en Inde, au Tamil Nadu à Mayiladuthoraï, non loin de Tanjavour, avant de revenir en 1992 (N.B. « Arulmighu Navasakti Vinayaga Temple » est consacré en mai de cette année 1992) et fonder sa famille à Mahé. Son grand-père est venu aux Seychelles par bateau, pour faire du commerce et depuis les voyages entre le Tamil Nadu et Mahé sont très fréquents. Veera justifie le choix de Ganesh comme divinité principale du temple de Victoria par le fait qu’il est intéressant de fédérer les hindous de différentes origines grâce à une divinité qui fait l’unanimité par sa popularité. De plus

Ganesh58, Pouléar , « Lord Vinayagar », est le premier dieu qu’on salue en arrivant dans un temple quel qu’il soit. « Au Tamil Nadu », dit-il, « la divinité la plus honorée est Muruga59

, à Calcutta, c’est Durga. Ici, il y a des hindous qui viennent du Gudjrat, et d’autres endroits. » L’architecte qui est à l’origine de la reconstruction de ce temple s’appelle Ganapathi

Sthapathi. Il s’agit de l’architecte qui a dirigé la rénovation du temple Kali Kampal de la rue

Maréchal Leclerc à Saint-Denis de La Réunion. Même si ce sthapathi rénove aussi des temples dédiées à la Déesse, qui pourrait dire que porter le nom de Ganapathi et mettre aux normes agamiques un temple hindou où plusieurs formes de Ganapathi sont à l’honneur sont les fruits d’un hasard ? Arrivé à Mahé, le 8 octobre 1989, Prof. Ganapathy a passé dix jours à réaliser le plan du kovil. Après avoir pris connaissance des détails auprès des responsables de l’association, il a discuté de la faisabilité du projet. Ensuite, après avoir analysé la composition de la communauté hindoue seychelloise, il a fortement recommandé le choix de

Vinayaka comme divinité principale, et en conséquence son installation dans le sanctum sanctorum. Le comité a accepté sa proposition et avant son départ, il a fait les plans de

l’ensemble de l’espace sacré. « (…) he arrived on 8th october 1989. (…) he spent 10 days to finalise the plan of the temple. After details analysis and discussion, Prof. Ganapathy briefed the commitee of the feasibility of the project. Considering the composition of the hindu community here, he strongly recommended the building of a Vinayakar temple. He retained the existing deities and wanted the installation of Vinayakar in the sanctum sanctorum (…). The commitee accepted his recommandations on 12th October 1989 and before his departure he made elaborate architectural plans about the structure of the whole temple. » 60 Il était prévu que l’équipe de Ganapathy sthapathi réalise la totalité des travaux mais le devis étant exorbitant, l’association leur a confié uniquement le travail de sculptures traditionnelles pour lesquelles le savoir-faire ne craint pas la concurrence et a employé une entreprise moins coûteuse pour le reste des travaux. Les cérémonies de fondation du temple ont duré plus d’une semaine et la pose de la première pierre a eu lieu le matin du 6 mai 1990, jour d’auspices favorables selon le pandiagom61 de l’année. La construction du temple actuel a débuté le 3 mars 1991 et a duré quinze mois sous la responsabilité de Vijay Patel qui a généreusement, dit-on, commencé les travaux sans provisions.

philosophy of Lord Ganesha », Navaskthi Vinayagar Fifth Sangabishegam Supplement, Seychelles Nation, Friday May 9, 1997.

58

Dans la vague européenne d’indomanie qui d’après Léon Poliakov a permis de mettre en évidence de frappantes analogies linguistiques et mythologiques entre les cultures sanskrites et gréco-latines, Ganesha a été identifié à Joseph, par Johann Arnold Kanne « Erste urkunden der geschichte oder allgemeine Mythologie… », en 1808, de même qu’Abraham l’a été à Brahma et Sara à Sarasvati par Friedrich Creuzer, en 1810, in

« Symbolik und mythologie der alten völker… ». in Léon Poliakov, Le mythe aryen, agora pocket les classiques, Calmannlévy,1971,1994.

59 Signalons que les fidèles de ce temple dédié à Ganesh font un « kavadee » pour Muruga, chaque année. 60 V. Sivasupramaniam, « Decade of growth », page 21.

61

Le pandiagon, signifiant cinq éléments, est un ouvrage d’astrologie consulté pour trouver les dates fastes aux différents moments importants de la vie d’un hindou.

(13)

Aujourd’hui, depuis plusieurs années déjà, l’équipe de Ganapathy Sthapathi travaille à la construction d’un gopuram. L’entrée principale est fermée pendant toute la durée des travaux. Un tableau noir a signalé pendant quelques mois que l’entrée se faisait provisoirement par l’aile sud. En mars 2006, on voyait encore l’ancien portail en fer forgé polychrome qui a disparu certainement lors de l’inauguration du nouveau porche d’entrée.62

L’axe d’orientation du temple est légèrement décalé par rapport à la course du soleil, mais pour avoir construit sur un terrain aussi exigu, au coeur de Victoria, on peut dire que l’orientation correspond quasi parfaitement aux exigences des Agamas63, divinité principale et ouverture du temple tournées vers l’Est. Le vasanthamandapam, salle hypostyle (trois piliers de chaque côté peints en « trompe l’œil » façon granit) où les fidèles se regroupent, est ouverte sur les côtés et longée par des représentations picturales de quatorze formes actives de Ganesh64. Elles sont peintes à l’acrylique, en tons pastels sur du contreplaqué. Sept d’entre elles sont disposées sur la bordure sud de la salle et les sept autres le long de la bordure nord, fixées au plafond sûrement pour ne pas obstruer le passage des silpi et des fidèles, du vasanthamandapam au minuscule jardin qui contourne le temple et sert actuellement à stocker les briques de terre rouge importées du Sud de l’Inde et la vaisselle utilisée pour nourrir les équipes de travailleurs indiens.

De gauche à droite et dans le sens des aiguilles d’une montre, on voit : Bhaja (l’enfant)

Ganapathi, Tharuna (le rapide) Ganapathi, Bakthi (le saint) Ganapathi65, Veera (le guerrier « ready to fight the devils ») Ganapathi, Sakthi (le maternel « like Mother ») Ganapathi66,

Dhoja (le gardien du temple) Ganapathi, Pikhala (l’omnipotent) Ganapathi67, Vikna68 (qui

62

Un luxuriant manguier qui se trouvait à l’avant du temple a été coupé pour la réalisation de cette entrée.

63 Textes sacrés du Sud de l’Inde écrits pour échapper à la domination des Védas et définissant les règles de

construction des temples.

64 « Originally Ganesha had only two hands just like ordinary mortals. Later on, two more hands were added to

distinguish him from ordinary mortals. In course of time, more hands were added, each hand carrying an object different from the other. (…)

The most popular form of Ganesha is the four handed one.

The two lower hands of which one is with palm pointing upwards is a promise of protection and showering of grace on the refugee.

The two upper hands of which one hold a elephant hook (ankusa) is a symbol of selective faculty in choosing what is enabling curbing the evil tendancies of the mind, and the other which hold a rope (pasa) is a symbol of bond or wordly attachment. » Rankorath Karunakaran, The riddle of Ganesha / L’énigme de Ganesha, 1992, 1995, 2000, Book Quest publishers, Bombay, page 52.

À l’origine, Ganesha avait seulement deux mains comme les mortels ordinaires. Plus tard, deux mains supplémentaires lui ont été ajoutées pour le distinguer de ces mortels ordinaires. Au fil du temps, plusieurs mains supplémentaires lui ont été ajoutées portant chacune un objet différent. Parmi les deux mains les plus basses, celle dont la paume est levée est une promesse de protection et exprime sa grâce à ceux qui demandent asile. Des deux mains supérieures, celle qui tient un crochet de cornac est un symbole de la faculté sélective de choisir ce qui réfrène les mauvais penchants de l’esprit, et celle qui tient une corde est un symbole de l’attachement au monde matériel.

65

« Il a cinq avant-bras qui montrent l’étendue de sa force », selon Swami Adwayananda, « les bras sont cachés par une étole. L’important, » dit-il, « est ce qu’il a dans les mains qui prouve qu’il maîtrise. »

66 Dans le Sud de l’Inde, Ganesh est plutôt brahmachari, voué au célibat. Dans le Nord, on lui attribue deux

épouses, Siddhi, le pouvoir, et Buddhi, l’intelligence.

67

Il porte une canne à sucre qui est symbole de prospérité.

68 Le « seigneur des obstacles » selon Swami Adwayananda. « There are images of Ganesha with his left leg

resting on a mouse ans his right leg lifted up. Mouse represents the moochakam, the power house of the breath of life. The left leg of Ganesha resting on the mouse should be interpreted as exercising control over the flow of breath of life as Ida Nadi which is responsible for the appearance of the phenomenal world. The lifted right leg should be interpreted as an effort of the mind to soar up. » Rankorath Karunakaran, The riddle of Ganesha / L’énigme de Ganesha, 1992, 1995, 2000, Book Quest publishers, Bombay, page 52.

Certaines images de Ganesha le montrent la jambe gauche posée sur Mushika et la jambe droite levée. La jambe gauche appuyée sur la souris devrait être perçue comme un exercice de contrôle sur la circulation du souffle de vie. (…) La jambe gauche levée doit être interprétée comme une volonté de l’esprit à s’élever.

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aide à finir les tâches) Ganapathi, Hearamba69 (au pouvoir puissant) Ganapathi, Lakshmi70 (la richesse) Ganapathi, Maha (le plus grand, « gentle », l’absolu) Ganapathi, Vallaba (le puissant) Ganapathi71, Nirthana72 (le danseur) Ganapathi, Voorthuva (l’omniscient)

Ganapathi.73

Au-dessus des sept premières peintures de Ganesh est accroché un Shivalingam74 placé entre deux dômes, respectivement peints sur contreplaqués et symbolisant deux toits de temple75. En dessous est posée, provisoirement, certainement, une représentation de Ganesh plus familière que les précédentes, peinte sur du contreplaqué également mais avec des couleurs vives et montrant Ganesh avec un svastika sur le front. Le signe évoquant les Aryens, peuples de nomades indo-européens qui auraient apporté les Védas, 1500 ans avant J.C. mais aussi les civilisations harappéennes qui ont laissé ce signe sur des sceaux de stéatite utilisés par les marchands. Chaque branche du svastika, dit plus tard et dans d’autres circonstances politiques et géographiques, « croix gammée » représenterait une patte avant de caprinés. Cette peinture de Ganesh semble être réalisée vraisemblablement à partir d’une représentation très connue qu’on voit sur des calendriers, ou au mur de « boutiques » indiennes. Au-dessus des sept autres représentations de Ganesh se trouvent également deux dômes symétriques aux deux premiers.

On note la présence de deux éléments qui rythment le temps, une horloge placée au centre du plafond et une cloche, pour scander les moments intenses, placée à l’entrée du

vasanthamandapam. Sur le mur qui sépare le vasanthamandapam du mahamandapam et à

gauche de l’escalier d’accès au mahamandapam se trouve un autel pour Saï Baba76

, mi-homme, mi-dieu, s’étant réincarné, plusieurs fois déjà, dans une nouvelle enveloppe charnelle humaine et masculine, un peu à la manière du Bouddha tibétain. Il est réputé faire des miracles, comme faire apparaître des pierres précieuses, des objets de valeur. Il fait ici l’objet de l’adoration de quelques dévots qui ont obtenu l’autorisation du comité d’occuper cet espace avec quelques photos de ses diverses réincarnations. Au-dessus de cet autel se trouve

69

Swami Adwayananda remarque qu’il est habituellement rouge et ce en rapport avec l’étymologie de ce nom.

70 Selon Swami Adwayananda, le qualificatif de Lakshmi est ici un attribut. Il ne fait aucunement référence à

l’épouse de Vishnou, déesse au lotus au même nom, mais à une prospérité absolue qui en fait « Le Seigneur des êtres ».

71

Ganesh est représenté avec sept visages et trompes d’éléphant, assis sur un lion à la crinière touffue.

72 Swami Adwayananda explique qu’il a « l’air lourdaud » mais a un potentiel en lui qui lui permet de danser

aussi légèrement.

73« By about the 10th century A.D. Ganesha became a very powerful deity. The ganapathya sect came into

prominence with the cult of pancha Ganapathy viz. 1) The uchista ganapathy 2) Maha Ganapathy 3) Urdhava Ganapathy 4) Pingala Ganapathy 5) Lakshmi Ganapathy (…) Ganesha was given a third consort to improve his status in addition to his other two platonic consorts Buddhi and Siddhi. This third consort by name Vallabha does not appear to be satisfied by platonic love. »

Ganesh est devenu une divinité très puissante à partir du 10 ème siècle après J.C.. Les fidèles de Ganapathi ont

pris de l’importance par le culte des cinq Ganapathi. On lui a attribué une troisième épouse pour renforcer son statut. Ses deux premières épouses sont des épouses platoniques, Buddhi et Siddhi. Vallabha, ne semble pas se satisfaire d’amour platonique. Rankorath Karunakaran, The riddle of Ganesha / L’énigme de Ganesha, 1992, 1995, 2000, Book Quest publishers, Bombay, P 47.

74 Pierre sculptée et huilée représentant Shiva.

75 Le stapathi, responsable de l’équipe de silpis du temple remarque que ces dômes sont découpés de manière

peu académique. La découpe est normalement codifiée de façon que chaque niveau du toit représente une partie de la moitié supérieure du corps humain. Les piliers absents représenteraient les jambes.

76 Tanya Datta, journaliste à la BBC, cite le Mahatma Gandhi à propos du gourou : « One man cannot do right in

one departement of life while he is occupied in doing wrong in other department. Life is a whole indivisible thing. » Saï Baba serait aujourd’hui un homme spirituel complexe qui aurait souvent abusé de sa position. À voir : de Tanya Datta, « Secret Swami », British Broadcasting Corporation, Grande-Bretagne, 2004 : « Les secrets du gourou », version française diffusée sur « Planète » le 4 septembre 2006.

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une fresque peinte à la laque glycérophtalique par un artiste indien77. Elle représente respectivement de gauche à droite, Narada le musicien à l’arrière-plan, Ganesh78, Shiva,

Parvati et Muruga au premier plan. À droite de l’escalier qui monte vers le mandapa, se

trouve actuellement un bureau utilisé pour la gestion des recettes du temple. Le comité ayant obtenu un dégrèvement à 100% des donations effectuées pour la rénovation du temple, un reçu est délivré à cet endroit comme justificatif à fournir avec sa déclaration d’impôts. Au-dessus du bureau sont affichés les emplois du temps et les plans du futur gopuram79. Cet espace est un lieu de convivialité où discutent les prêtres entre eux aussi bien que les membres du bureau et les fidèles. C’est là que se transmettent les informations et les consignes de construction, de rituels et d’intendance… Au-dessus du bureau a été peinte une seconde fresque par le même artiste dans la même lignée picturale, représentant cette fois, à gauche

Lakshmi, à droite Sarasvati, et au centre Muruga, ses deux épouses80Valli et Dévanèy et sa

monture mayil, un paon, derrière lui.

De part et d’autre des quelques marches de l’escalier se trouvent deux têtes de lion en ciment armé peintes à la laque, chargées de garder l’entrée. À l’intérieur du mahamandapa, deux hommes en ciment81 et peints à la laque également, sont placés devant l’antarala82 ; ils occupent la même fonction mais gardent cette fois l’accès au garbha grugam ou

garbhagriha83.

Une fois entré dans le mahamandapa, on remarque que l’antarala ainsi que le garbagriha sont construits au centre de la pièce dans un petit édifice isolé des murs d’enceinte, un peu à la manière des anciennes caitya où une absyde entourait un dagoba contenant des reliques ou une statue de Bouddha. La peinture de cette petite construction est réalisée en « trompe l’œil » pour imiter le granit. Les fidèles pourraient comme dans les caitya creusées dans la roche effectuer la pradakshina84 autour de ce bâtiment mais j’ai remarqué que de manière générale, les dévots tournent plutôt à l’extérieur du temple lui-même. À l’arrière, et à l’extérieur du

garbhagriha, se trouve un minuscule jardin d’une dizaine de mètres carrés où l’on trouve

néanmoins les végétaux les plus utilisés dans l’hindouisme : le telpé pour tresser et décorer le

kodimaram dont la fonction est d’établir une connexion avec l’au-delà ; le cocotier pour ses

noix qui sont sacrifiées, et dont les feuilles sont utilisées pour la décoration, après différents tissages ; un bilvam, symbole du dieu Shiva, né d’un fruit provenant d’un grand arbre d’un temple dédié à Ayanar. Un plant de jasmin qui fournit des fleurs pour les puja ; il provient de la Mission Ramakrishna de Colombo.

77Peintures réalisées en1997, par K. Nataradjaramakrishnan, Tamil Nadu stapathi et financées par T.M.K.R.

Ramu Pillaï.

78 L’épisode représenté sur cette peinture murale est destiné à montrer la supériorité intellectuelle de Ganesh sur

son frère. Pour obtenir de leurs parents une seule mangue, Muruga et Ganesh eurent pour mission de faire le tour du monde le plus vite possible pour avoir le droit de manger le fruit, ce que fit Muruga aux qualités de guerrier.

Ganesh, plus gourmand et plus malin, fit le tour de ses parents en leur disant qu’ils représentaient tous deux ce

monde dont il devait faire le tour. Impressionnés par la malice de leur fils, et certainement aussi flattés, ils lui donnèrent la mangue…

79 Un gopuram désigne le portique d’entrée d’un espace sacré hindou (gopura en sanscrit). Dans la

représentation d’un corps humain couché, tel qu’on définit souvent le temple hindou, il représente les pieds.

80 Selon Swami Adwayananda, Muruga Dieu guerrier du Sud, appelé Skanda et Karttikéya dans le Nord, fait le

lien entre les Dravidiens et les Aryens, Valli est sombre et représente la Terre et les Dravidiens, Dévanèy est claire, et représente le Ciel et les Aryens.

81

Ce sont des bhudaganam ou dvarapalaka, gardiens du sanctum sanctorum. Quand il s’agit d’une déesse à protéger, on trouve au même endroit des gardiennes de porte, des dvarapalika.

82 Couloir dans lequel le prêtre range les objets de culte.

83 Cella sacrée dans laquelle se trouve la divinité principale et où seuls les prêtres ont le droit de pénétrer pour les

ablutions quotidiennes, bain et habillement de la statue et les puja, cérémonies d’adoration et d’offrande.

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La sculpture granitique qui fait l’objet de l’adoration des fidèles dans le

garbhagriha, « Mulasthanam Ganesh », la divinité principale, est posée sur un

parallélépipède rectangle recouvert d’une épaisse feuille d’argent repoussée. L’artiste qui a réalisé ce socle y a imprimé la forme en relief de Mushika,85 une souris qui représente traditionnellement la monture de Ganesh. Contre le mur de la façade nord se trouve trois autels dédiés à Sri Maha Lakshmi, Sri Maha Vishnu et Sri Subramaniar86. Ce sont des dessins à l’encre rouge sombre, réalisés sur des carreaux de céramique blanche, qui font office de représentations, provisoirement.87 En dessous, se trouve une représentation de Shiva sous la forme de deux piles de livres du shivaïsme88, Sri Sivagama sundhari, habillée d’une écharpe de voile, d’une fleur blanche de jasmin, et chaque volume honoré d’un point de koungon, de santal, ou de vibudhi, comme les statues des divinités le sont lors de l’abishegam89 matinal. Le temple est ouvert au public dès l’aube et jusqu’au coucher du soleil, heure à laquelle les équipes de travailleurs quittent le temple dans une camionnette pour rentrer ensemble au logement que l’association leur a prêté. Vers 7 heures, le chanteur officiel du temple, l’othuvar, D. Narayana Samy se produit pour les fidèles. Sa deuxième fonction est d’enregistrer les donations et de donner les reçus. Il semble qu’il doive aussi veiller à l’assiduité et au rendement des sculpteurs indiens. Deux gurukkal, officiants shivaïtes90

, se tiennent disponibles au temple pour mener toutes les puja. Sundaresan Gurukkal, le plus âgé des deux prêtres, et G. Karthik Gurukkal, le plus jeune.

2.2. Kumbabishegam, consécration du kovil

Le 20 janvier 2008, a eu lieu le kumbabishegam, la consécration, du kovil rénové, un rituel effectué suivant un cycle de douze ans. Plus précisément, ce fut la consécration d’une nouvelle tour de cinq étages, le rajagopuram, par lequel entrent les fidèles et les visiteurs depuis ce jour : « It’s the consecration of the newly constructed Five storey tower. » À cette occasion, le vice-président de l’île Maurice, Angidi Veeriah Chettiar s’est déplacé pour participer aux cérémonies. Le discours qu’il a adressé aux fidèles des Seychelles a été publié dans le journal « The Rising Sun » du mercredi 16 janvier 2008, dont voici la copie in extenso : « On this auspicious occasion of the kumbabishegam of the Arulmighu Navasakti

Vinayagar Kovil, I am pleased to bring my message of love, peace and prosperity to the Seychelles people and the tamil community of the Seychelles.

Since time immemorial, South India has had a tradition of temple building. That part of India is famous for its magnificent kovils built in majestic dravidian architecture. The splendor of its kovils reflects the religiousness of its god-fearing people.

85 Moochakam (The thoracic cavity in dravidian tamil), Mushika in sanskrit, enclosing the lungs and fleshy heart

is represented by the mouse as its symbol. (p 46) « Mooch » means the breath of life, « akam » means a room or closer. Moochakam therefore refers to the room or closer where the breath of life is tuned and conditioned for phenomenal manifestation.

Mouchakam (la cavité thoracique en tamoul dravidien), Mushika, en sanskrit, comprenant les poumons et le

cœur est représenté par la souris pour symbole. Mouch signifie le souffle de vie, akam désigne une pièce ou quelque chose de proche. Mouchakam par voie de conséquence fait référence à la chambre dans laquelle le souffle de vie est réglé, conditionné pour une manifestation phénoménale.

86 Autre nom désignant Muruga, dieu guerrier, frère de Ganesh.

87 De gauche à droite, sur dix carreaux de céramique blanche surmontés de tissus et d’une fleur de jasmin,

Nataraja, Vishnu & Lakshmi, Ganesh & Muruga & Bhairavana, Chandigeswarrar, Bhairava&a dog « gard of

security, keeps the key of the temple. ». Durga, Muruga, Shiva & Parvati or Sevagamy, MahaLakshmi &

MahaVishnu, un dessin du Rajagopuram en construction.

88 Ce sont des textes shivaïtes en tamoul qu’on pourrait appeler des Dravida Vedam qu’on lit parfois pendant les

rituels.

89

Bain quotidien de la statue et onction d’un mélange d’huile, de miel et de citron

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