• Aucun résultat trouvé

Régénération naturelle et sylviculture : propositions pour la forêt guadeloupéenne

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Régénération naturelle et sylviculture : propositions pour la forêt guadeloupéenne"

Copied!
11
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-02710069

https://hal.inrae.fr/hal-02710069

Submitted on 1 Jun 2020

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of

sci-entific research documents, whether they are

pub-lished or not. The documents may come from

teaching and research institutions in France or

abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est

destinée au dépôt et à la diffusion de documents

scientifiques de niveau recherche, publiés ou non,

émanant des établissements d’enseignement et de

recherche français ou étrangers, des laboratoires

publics ou privés.

Régénération naturelle et sylviculture : propositions

pour la forêt guadeloupéenne

Patrick Labbé, Laurent Voisin

To cite this version:

Patrick Labbé, Laurent Voisin. Régénération naturelle et sylviculture : propositions pour la forêt

guadeloupéenne. Revue forestière française, AgroParisTech, 1990, pp.445-454. �hal-02710069�

(2)

REGENERATION NATURELLE

ET SYLVICULTURE

PROPOSITIONS

POUR LA FORÊT GUADELOUPÉENNE

P. LABBÉ - L. VOISIN

Avant-propos

Cet article fait suite à celui de Messieurs Bariteau et Geoffroy paru dans le n° 4/1989 de la

Revue forestière française. Il concerne également des résultats observés par l'Institut national de

la Recherche agronomique (INRA) sur un dispositif expérimental en forêt tropicale, basé sur la régénération naturelle.

Les auteurs tiennent à remercier particulièrement tout le personnel de l'Office national des Forêts de la Guadeloupe dont la collaboration précieuse et soutenue a permis l'avancement de ces travaux.

DISPOSITIF EXPERIMENTAL

À la Guadeloupe, la quatrième série de l'aménagement forestier, dite d'« enrichissement natu-rel », recouvre en « Basse Terre » 4 500 hectares de forêt natunatu-relle hygrophile, riche et peu perturbée (Office national des Forêts, 1979). Les essences précieuses les plus représentées sont le Gommier [Dacryodes excelsa (Burseraceae)], le Bois rouge [Amanoa caribaea

(Euphorbia-ceae)], le Marbri [Richeria grandis (Euphorbiaceae)] et l'Acajou blanc [Simaruba amara (Simaru-baceae)].

En 1980, la station de recherches forestières de l'INRA, en collaboration avec l'Office national des Forêts, a débuté l'étude d'une régénération naturelle provoquée et assistée sur cette quatrième série (Ducrey et Labbé, 1985).

Le dispositif expérimental comporte quatre traitements sylvicoles obtenus en croisant deux intensités de la coupe d'ensemencement et deux rythmes de passage en coupe secondaire (tableau I, p. 447). Des travaux de dégagement ont été réalisés quand ils parurent nécessaires (cela signifie grossièrement un passage tous les 18 mois).

445

(3)

P. LABBE - L. VOISIN

Le dispositif est répété sur quatre blocs tous situés en forêt hygrophile sur la Côte Au Vent (figure 1, ci-dessous) :

— Choisy, 250 mètres d'altitude, commune de Sainte-Rose, — Jules, 230 mètres d'altitude, commune de Petit-Bourg, — Sarcelle, 270 mètres d'altitude, commune de Goyave, — La Digue, 450 mètres d'altitude, commune de Capesterre.

Chaque bloc est composé de quatre parcelles de 2 hectares et d'une parcelle témoin de 1 hectare. Chaque parcelle est entourée de zones tampons, dans lesquelles le traitement de la parcelle a été appliqué mais aucun dégagement n'a été effectué.

Une parcelle traitée est quadrillée par des layons délimitant 25 unités carrées de 28 mètres de côté.

Pour réaliser l'inventaire des régénérations, cent placettes permanentes par parcelle furent matérialisées sur le terrain. Leur centre est indiqué par une tige en fer (figure 2, p. 447). Des

CHOISY

BASSE-TERRE

5 km

X,

*-i^^> Grande Rivière / à Goyave Végétation d'altitude ] Forêt hygrophile j Forêt mésophile j j Forêt xérophile . JULES BOURG SARCELLES LA DIGUE Grande Rivière à Capesterre CAPESTERRE Limite de la forêt soumise Plantations forestières Culture de la banane Culture de la canne

Mangroveet arriène mangrove

Urbanisme

Figure 1

OCCUPATION DES SOLS ET FORMATIONS FORESTIÈRES

(d'après Ducrey et Labbé, 1985).

(4)

Technique et forêt E | t D O a D D D D D • D a a a a n D • D D D D a O D D D a a a a n o D a • a a n D a D a a a D n a a • a • a D a D D a a D D a D a a D D a a • D a D D a a a a • a D D a O G D • a n • D a • a n D n D D a D Figure 2

SCHÉMA D'UNE PARCELLE TYPE AVEC EMPLACEMENT DES CENT PLACEnES D'INVENTAIRE layon

n

D centre d'une placette \ \ \ \ \ N \ </

\y

Tableau I Calendrier des différentes coupes

Années 0 H 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Parcelle Sylviculture lente Coupe 7 % G Coupe 25 % G Coupe 40 % G Coupe 70 % G (définitive) 4 Sylviculture rapide Coupe 7 % G Coupe 25 % G Coupe 40 % G Coupe 70 % G (définitive) 3 Sylviculture lente Coupe 25 % G Coupe 40 % G Coupe 70 % G (définitive) 2 Sylviculture rapide Coupe 25 % G Coupe 40 % G Coupe 70 % G (définitive) 1

Remarque : une coupe à x % de G (G = surface terrière) est telle que, après coupe, le pourcentage de surface terrière enlevé depuis le début de l'expérience est égal à x.

Les premières coupes (jusqu'à 40 % de surface terrière prélevée) concernent l'exploitation des divers. La coupe définitive récolte le peuplement précieux au-dessus d'un diamètre d'exploitabilité qui peut varier suivant les essences.

447

(5)

P. LABBÉ - L VOISIN 4e série Jules moy. Sarcelle Gommier N G Bois rouge N G Marbri N G Acajou blanc N G 20,7 12,6 8,5 1,8 16,6 25,0 15,3 27,0 5,8 4,0 3,1 2,0 17,0 26,0 14,7 28,0 4,5 3,0 1,4 1,0 18,8 24,0 13,2 28,0 9,7 6,0 0,5 1,0 22,0 25,0 12,4 29,0 11,8 7,0 1,3 1,0 20,0 25,0 14,0 28,0 8,0 5,0 1,5 1,2 28,5 45,0 9,6 15,0 3,6 2,0 2,0 1,0 26,9 43,0 8,0 15,0 4,7 2,0 1,8 1,0 34,5 50,0 7,2 11,0 3,7 2,0 1,3 1,0 38,0 54,0 9,4 13,0 1,3 1,0 1,6 1,0

comptages furent réalisés par échantillonnage au taux de 1 % sur ces placettes (taux porté à 5 % pour l'étude des grands semis de plus de 1 m).

Une première étude réalisée sur les petits semis n'avait pas permis d'observer un effet du type de coupe sur leur densité. Par contre, la croissance en hauteur des semis variait, de façon significative, suivant le traitement appliqué (Ducrey et Labbé, 1986).

PRINCIPAUX RÉSULTATS

Le peuplement

L'inventaire du peuplement a pris en compte toutes les tiges de diamètre supérieur ou égal à 15 centimètres.

Les proportions en essences précieuses, avant traitement, sont indiquées tableau II (ci-dessus). Elles sont variables d'un bloc à l'autre. Le Gommier, notamment, représente de 5,5 % (Choisy, 4) jusqu'à 38 % (Sarcelle, 4) du nombre total de tiges. Il constitue l'essence la plus représentée dans le peuplement. Ensuite vient le Bois rouge, dont la proportion est variable, même à l'intérieur d'un bloc (La Digue, Choisy). Elle égale au plus, en nombre de tiges, celle du Gommier (Jules, 2 ; La Digue, 3 et 4). Le Marbri, toujours présent, ne dépasse pas en nombre 12 % du total des tiges. Comme le Gommier, il est plus rare à Choisy. Enfin l'Acajou blanc est partout présent sans excéder 4 % du total.

Des études de croissance sur le peuplement ont permis de classer les différentes essences en fonction de leur réaction à l'éclaircie. Elles quantifient également la croissance des peuplements naturels (croissance dans les témoins). Les croissances maximales sont observées dans les parcelles les plus éclairées (gain de 50 % environ par rapport au témoin). Les essences sont classées dans l'ordre suivant : Gommier, Bois rouge, Acajou blanc, Marbri ; ces deux dernières ayant la croissance la plus forte (tableau III, ci-contre).

La régénération

Les densités de grands semis, cinq ans après installation du dispositif, sont consignées tableau IV (ci-contre et p. 450).

• Comportement du Gommier

Les grands semis, même dans le cas le plus favorable, couvrent une surface réduite (25 % des placettes de 10 mètres carrés occupées à Choisy). Cette essence réagit bien aux traitements:

(6)

Technique et forêt 1 13,2 32,4 3,6 5,7 9,3 7,4 3,9 2,0 l 3 16,4 31,5 18,4 28,6 6,2 3,2 1,4 1,3 .a Digue 4 15,0 34,0 16,5 21,7 5,8 3,8 2,7 1,4 2 20,4 46,1 4,4 5,2 4,3 4,2 1,8 1,0 moy. 16,0 35,7 11,0 16,0 6,0 4,6 2,5 1,3 Choisy 2 22,1 36,0 8,4 16,0 1,9 1,0 1,6 1,0 1 9,5 22,0 3,7 6,0 0,4 0,4 0,7 1,0 3 10,2 32,0 0,0 0,0 0,9 0,4 0,2 0,1 4 5,5 17,0 4,9 13,0 3,1 2,0 1,1 1,0 moy. 11,0 27,0 4,0 9,0 1,6 1.0 0,9 0,8 Tableau II

Composition initiale des différentes parcelles expérimentales en espèces précieuses exprimées en pourcentage du nombre de tiges total (N) et en pourcentage de la surface terrière totale (G) de chaque parcelle

(d'après Ducrey et Labbé, 1985)

Tableau Croissance moyenne sur le diamètre (en cm/an) étudiée à Jules de mars 1983 à octobre 1988

Parcelle Gommier Bois rouge Marbri Acajou blanc

Moyenne par traite-ment toutes essences

Moyenne tous trai-tements 0,37 (123) 0,47 (134) 0,54 (146) 0,54 (106) Traits rapide (coupe initi 1 0,49 (163) 0,66 (189) 0,58 (166) 0,64 (125) 0,59 (155) ment lent île 25 % G) 2 0,37 (123) 0,44 (126) 0,66 (189) 0,57 (112) 0,51 (134) Traite rapide (coupe init 3 0,31 (103) 0,36 (103) 0,45 (122) 0,45 (88) 0,39 (103) ment lent aie 7 % G) 4 0,36 (120) 0,55 (157) 0,66 (178) 0,51 (100) 0,52 (137) Témoin 0,30 (100) 0,35 (100) 0,37 (100) 0,51 (100) 0,38 (100)

Les chiffres entre parenthèses sont des pourcentages par rapport au témoin.

Remarque : le résultat pour le traitement 3, « anormalement •> faible, peut s'expliquer par une surface terrière initiale très élevée dans cette parcelle. Dans ce cas, le travail, en pourcentage de surface terrière prélevé, fait que la coupe, faible au départ, laisse un peuplement très fermé, proche du témoin. C'est pourquoi la réaction à l'éclaircie, dans cette parcelle, ne s'est pas encore manifestée.

Tableau IV Densités moyennes en grands semis par essence et par traitement

cinq ans après installation (nombre de semis par hectare)

(d'après Voisin, 1988) Traitement 1. Fort rapide 2. Fort lent 3. Faible rapide 4. Faible lent 5. Témoin Moyenne Essence Gommier 188 145 127 99 0 112 Bois rouge 1 898 435 400 98 138 594 Marbri 125 107 32 42 21 66 Acajou blanc 219 170 112 40 2 109 449 Technique et forêt

(7)

P. LABBÉ - L. VOISIN

Tableau IV (suite)

Pourcentages de placettes non vides de grands semis cinq ans après installation

Traitement Jules „ . Sarcelle Gommier _. La Digue Choisy Jules _ . Sarcelle Bois rouge _. La Digue Choisy Jules Sarcelle Marbn La Digue Choisy Jules Sarcelle Acajou _. La Digue Choisy 1 0 18 4 27 39 76 11 11 14 13 25 1 20 8 49 16 2 2 5 13 27 9 34 8 28 12 12 17 2 14 13 28 16 3 1 1 4 29 4 37 26 3 4 5 13 0 4 7 28 16 4 0 0 3 13 11 3 12 8 4 1 7 0 C M C M C M C M

les témoins sont vides de grands semis. Par conséquent, elle ne peut être considérée comme nettement sciaphile. Une très sévère sélection a lieu sur les fortes densités de plantules qui apparaissent localement chaque année.

Nous avons pu mettre en évidence que les grands semis de cette essence se développent préférentiellement si le Gommier adulte le plus proche est à une distance supérieure à 7 mètres. Des causes de prédation ou d'ordre allélopathique sont à envisager.

Sa croissance relativement faible, aussi bien au stade semis qu'au stade adulte, laisse entrevoir pour cette espèce un cycle de régénération assez long. Elle s'installerait principalement dans des petites trouées ou à la périphérie des plus grandes.

• Comportement du Bois rouge

II réagit bien au traitement le plus dynamique. Si le résultat d'une fructification massive est mis en lumière par une coupe, des brosses de semis peuvent se développer. Autochore, il se disperse peu. Ainsi l'absence de semencier sur une parcelle exclut toute régénération. Cepen-dant, tous les adultes ne participent pas à une fructification. Autour des semenciers, une couronne de grands semis émerge des brosses de plantules. Nous supposons qu'il existe des phénomènes de prédation ou de concurrence au niveau des densités initiales les plus fortes. • Comportement du Marbn

Sa réaction est croissante avec l'intensité des traitements, ce qui confirme son caractère héliophile. Il ne se disperse pas sur de grandes distances.

Cette essence endémique, aux tiges très cassantes, pourrait profiter du passage des cyclones pour se régénérer, de manière accessoire, par des rejets dont la croissance est rapide. Très irrégulièrement répartie en forêt naturelle, cette espèce a certainement un cycle de régénération relativement court.

(8)

Technique et forêt

• Comportement de l'Acajou blanc

Cette essence se caractérise par sa forte dispersion. Les plantules qui en sont issues, clairse-mées sur toute la surface du sous-bois, ont un taux de survie nettement plus fort que celui des autres essences. Mais une mise en lumière brutale des grands semis est fatale à un grand nombre d'entre eux. Des cas de dépérissement consécutifs à une coupe sont aussi fréquemment observés parmi les adultes. Ainsi, au sein de notre dispositif, les passages en coupe successifs ont porté préjudice aux régénérations d'Acajou blanc. Ceci laisse présager des difficultés pour les sauvegarder dans une forêt exploitée de manière progressive.

Pourtant, cette espèce héliophile montre des cas de croissance spectaculaires. Nous avons observé des grands semis dont la hauteur s'est accrue de 5 mètres en une année. Cette essence est donc capable de prendre de vitesse la végétation héliophile concurrente.

CHOIX D'UNE SYLVICULTURE

Les difficultés liées au milieu

L'absence de débardage sur nos parcelles expérimentales (les grumes exploitées sont laissées sur place) a certainement favorisé la survie des régénérations. À la Guadeloupe, le relief souvent accidenté et la pluviométrie importante ne faciliteront pas les exploitations. Ces dernières auront inévitablement des conséquences néfastes. En particulier, le passage des engins de débusquage et de débardage provoque un tassement du sol. Or les types de sols rencontrés (ferrallitiques pour la plupart) réagiront vraisemblablement, comme cela a été mis en évidence à Sarcelle, par une sécheresse relative inhabituelle. Des « écotypes d'exploitation » ont été observés sur les surfaces altérées dans des cas semblables. Les semis précieux seront sans doute absents sur les surfaces affectées. Sur le dispositif sylvicole installé en Guyane, une étude qualitative et quantitative a été réalisée sur les dégâts dus aux exploitations. Elle montre que la surface dégradée est grossièrement proportionnelle au nombre de tiges exploitées (Bariteau et Geoffroy, 1989).

Enfin, nous ne savons rien des résultats du passage d'un cyclone sur cette forêt exploitée (1). La

forêt naturelle de la Dominique (située à moins de cent kilomètres au sud de la Guadeloupe) a subi, en 1979, le passage du cyclone David. L'étude des dégâts a montré que les formations riches en Gommier sont celles qui résistent le mieux (Lugo et al., 1981). Le Marbri est particulièrement fragile, un rapprochement étant à faire avec son aptitude spectaculaire à former des rejets à partir de tiges couchées ou de branches tombées.

Exploitation

Le dispositif expérimental ne permet pas de quantifier les dégâts sur la régénération dans le cadre d'une véritable exploitation. Sans doute seront-ils importants si les semenciers à exploiter sont conservés jusqu'à la « dernière coupe ». Par ailleurs, les semis ne se maintiennent que lorsque l'éclairement au sol devient suffisant. Il est donc raisonnable de penser qu'une coupe relativement forte dès le départ, exploitant les bois précieux sera la solution à retenir. L'ense-mencement, s'il n'est pas acquis au moment de la coupe, pourra d'ailleurs être réalisé par les semenciers restants, plus petits mais déjà fertiles.

Des coupes de type jardinatoire semblent être le mieux adaptées à cette forêt. Elles permettront

de concilier la présence de nombreuses essences de tempéraments différents. Cela exclut la cueillette incontrôlée faite par un exploitant. Les tiges devant être exploitées seront désignées au cours d'un martelage. Celui-ci devra s'adapter aux conditions locales très variables (pourcen-tage de bois précieux dans le peuplement, topographie).

(1) Cet article a été rédigé avant le passage du cyclone Hugo sur la Guadeloupe. Des études sont actuellement en cours qui permettront de mieux apprécier le phénomène.

451

(9)

P. LABBÉ - L. VOISIN

Les consignes seront bien sûr établies à partir des données, nécessaires, d'un inventaire

préalable.

L'intensité de l'éclaircie sera établie par le martelage. Le dispositif étudié ne permet pas de définir l'intensité optimale, réalisant la meilleure rentabilité tout en conservant un peuplement capable de produire une régénération de valeur. Nous pensons qu'une surface terrière enlevée à

l'hectare, atteignant 40 % (de la valeur initiale) est un maximum à respecter. D'après les résultats

obtenus (densité et croissance des régénérations, envahissement herbacé), 30 à 35 % serait une valeur convenable.

Ce choix permettra de fixer un diamètre d'exploitabilité raisonnable en fonction des résultats de l'inventaire. La richesse de la forêt fait qu'une telle exploitation, presque exclusivement orientée vers la récolte des bois précieux, ne provoquera pas un appauvrissement irréversible.

La fréquence des exploitations (une coupe par période) est définie par la croissance des peuplements. Une période de vingt années semble être souhaitable. La première coupe permet-trait de prélever une centaine de mètres cubes de bois précieux par hectare, les suivantes, une cinquantaine.

D'après notre étude, le peuplement de Gommier pourra subir, selon sa densité initiale, un prélèvement important, nous pensons même que ce prélèvement favorisera la régénération dans une certaine mesure (mise à distance des semenciers). Cependant, il existe des zones où le Gommier représente une part majoritaire du peuplement. Dans de telles situations, la condition limitative sera la valeur de la surface terrière à prélever. Une rotation plus courte pourra dans ce cas être envisagée. Il ne faudra pas perdre de vue le souci de limiter les dégâts d'exploitation lors du second passage en coupe. Des dispositions devront être prises en conséquence. Pour cela, il serait bon de mettre en place un réseau de pistes desservant au mieux la surface à exploiter.

Les tiges conservées sur pied devront être réparties de façon aussi régulière que possible sur le terrain. La structure actuelle des peuplements, variable localement, conduira parfois à réaliser une futaie irrégulière par parquets.

Il serait bon que des prélèvements à caractère sylvicole soient associés aux prélèvements de bois précieux de gros diamètre. Nous entendons par là que les gros « divers » devraient être

abattus, quitte à laisser les grumes sur place. Ils peuvent être également empoisonnés sur pied.

L'intérêt de cette mesure est modulé par les situations locales mais paraît évident si de jeunes tiges précieuses sont dominées par de gros divers tels les Châtaignier (Sloanea sp.), Côtelette noire (Tapura sp.) ou Mapou baril (Sterculia sp.).

Si une éclaircie purement sylvicole, effectuée à mi-rotation, peut être envisagée, elle sera très utile car elle permettra de limiter le développement des « divers >> et de contrôler la répartition en diamètre des tiges.

La sylviculture va favoriser une croissance plus rapide du peuplement précieux. Toutefois, nous ne pouvons présager de la qualité des bois obtenus comparativement à celle des bois issus de la forêt non perturbée.

Dégagement

Sur le dispositif étudié, l'importance des dégagements effectués est considérable. Cela a produit des conditions exceptionnellement favorables pour le développement des semis. Nous pouvons supposer en particulier que les fortes densités de Bois rouge ne seraient pas apparues sans les dégagements. D'ailleurs il est possible que, plus tard, ces fortes densités décroissent peu à peu et tendent vers les densités qui auraient été obtenues dans des situations moins favorables

(10)

Technique et forêt

(l'effet d'une concurrence interviendra un jour ou l'autre). Il faudra pour le vérifier poursuivre les observations.

Nous avons observé que l'apport bénéfique des dégagements est particulièrement net pour le Marbri, sans doute moins évident pour le Gommier.

La réalisation d'un dégagement contribuera à la réussite de la régénération. Cependant il devra être effectué assez tôt, c'est-à-dire dans les trois ans après l'exploitation, pour éviter de perdre une première génération de semis.

Le contrôle de la régénération

II nous paraît impérieusement nécessaire d'effectuer, entre cinq et dix ans après l'intervention sur le peuplement, une évaluation de l'état de la régénération. Ce contrôle devra concerner les tiges de diamètre inférieur à 5 ou 10 centimètres et de hauteur supérieure à 1,50 mètre, car les plus jeunes semis subissent une forte mortalité et ne garantissent pas l'avenir. Les techniques utilisées devront permettre d'estimer aussi bien les surfaces régénérées que les densités de grands semis. On utilisera, pour ce faire, l'inventaire le long de transects, à un taux de 1 %. Par ce moyen, on évaluera le risque d'une transformation de la composition spécifique du peuple-ment.

CONCLUSIONS

Les résultats obtenus permettent d'être relativement optimiste quant à la réussite de la régéné-ration de la forêt hygrophile à la Guadeloupe. Notons que cette forêt n'est pas représentative des autres forêts tropicales humides (surface réduite, richesse des peuplements), et que les moyens disponibles pour sa gestion sont supérieurs à ceux mis en œuvre dans la plupart des pays. Nos résultats ne sont pas définitifs, et un contrôle devra être poursuivi afin de diagnosti-quer l'état des régénérations des essences précieuses. De plus il ne faut pas oublier l'existence de nombreuses espèces de valeur dont nous n'avons pas parlé ici comme le Bois doux Chypre

(Phoebe elongata), le Palétuvier jaune {Symphonia globulifera), le Mauricif (Byrsonima sp.), ou le

Résolu (Chimarrhis cymosa). Ces essences risquent d'être peu favorisées par l'intervention des gestionnaires. C'est une raison supplémentaire en faveur du maintien d'une zone importante mise en réserve, et consacrée à la conservation du patrimoine naturel.

P. LABBE L. VOISIN

Responsable de la

Station de Recherches forestières INRA - CENTRE DES ANTILLES

Domaine Duclos 97170 PETIT-BOURG GUADELOUPE

BIBLIOGRAPHIE

BARITEAU (M.), GEOFFROY (J.). — Sylviculture et régénération en forêt guyanaise. — Revue forestière

française, vol. XLI, n° 4, 1989, pp. 309-323.

DUCREY (M.), LABBÉ (P.). — Étude de la régénération naturelle contrôlée en forêt tropicale humide de Guadeloupe. I - Revue bibliographique, milieu naturel et élaboration d'un protocole expérimental. —

Annales des Sciences forestières, vol. 42, n° 3, 1985, pp. 297-322.

453

(11)

P. LABBE - L. VOISIN

DUCREY (M.), LABBÉ (P.). — Étude de la régénération naturelle contrôlée en forêt tropicale humide de Guadeloupe. Il - Installation et croissance des semis après les coupes d'ensemencement. — Annales des

Sciences forestières, vol. 43, n° 3, 1986, pp. 299-326.

LUGO (A.E.) et al.. — The impact of Hurricane David on the forest of Dominica. — US Forest Service, 1981. (Manuscript).

OFFICE NATIONAL DES FORÊTS. — Aménagement de la forêt soumise de la Guadeloupe (1979-1990). — ONF, 1979.

VOISIN (L.). — La régénération naturelle sur le dispositif sylvicole en forêt tropicale humide à la Guadeloupe. — Mémoire 3e année ENITEF, 1988. — 41 p. + annexes.

LA GARONNE OUVERTE AUX POISSONS MIGRATEURS

Le numéro 122 (septembre/octobre 1989) de l'excellente revue Le Courrier de la Nature (éditée par la Société nationale de Protection de la Nature de France) est consacré à plusieurs articles (de G. Leynaud, H. Descamps, G. Tendron, M. Roguet) qui rendent compte d'un succès considérable dans la sauvegarde des espèces menacées. Depuis longtemps déjà, le grand axe de migration que constituent la Garonne et certains de ses grands affluents, était coupé, et les populations d'aloses, de saumons de l'Atlantique, e t c . étaient promises à une fatale extinction.

L'obstacle était parfois très ancien : telle, en plein cœur de Toulouse, la fameuse chaus-sée du Bazacle, interdisant (malgré un premier essai en 1960), tout passage depuis 1712, depuis donc presque 300 ans !

Voici que, depuis 1989, et après une action aussi prolongée que bien menée, la situation est magnifiquement redressée.

Ce fut d'abord l'obstacle de Beauregard, en amont d'Agen, qui fut levé. Puis un ascen-seur à poissons efficace fut construit en 1986 à la Centrale de Golfech, en aval de Toulouse ; la passe à poissons de l'usine du Ramier, à Toulouse, fut inaugurée en 1987. Enfin, dorénavant, depuis 1989, le multiséculaire obstacle de la Chaussée de Bazacle est levé à son tour : « pour la première fois depuis 300 ans, saumons, aloses, lamproies,

anguilles ont franchi Toulouse, et retrouvé leurs parcours millénaires vers le Tarn, l'Ariège et l'Aveyron ».

Les premiers résultats sont effectivement probants. On peut en effet compter — et voir — les poissons migrateurs qui franchissent les passes à poissons modernes.

«À la mi-1989, 30 000 aloses ont été comptabilisées à l'ascenseur de Golfech; au 17juillet, 13 200 ont franchi le Bazacle et 10 000 le Ramier».

Restent encore des obstacles secondaires à effacer ; reste aussi à reconstituer un stock bien adapté de géniteurs saumon. Mais les progrès déjà faits sont tels — et les actions toujours en cours si prometteuses — que l'avenir semble véritablement assuré.

J. PARDÉ

Figure

Tableau I Calendrier des différentes coupes
Tableau IV Densités moyennes en grands semis par essence et par traitement cinq ans après installation (nombre de semis par hectare)
Tableau IV (suite)

Références

Documents relatifs

Croissance et régénération des racines de semis de pins laricio et de pins noirs en chambre climatisée et in situ.. Arthur Riedacker,

Dans les deux sites, on observe une plus forte régénération dans les blocs sous couvert que dans ceux en trouée où les semenciers ne sont pas à l’aplomb mais situés

Cette saveur amère de l’aliment cuit, appréciée par certains consommateurs de la région côtière, conduit cependant une partie de la population à préférer le cœur de ravenala de

La callune semble en particulier moins défavorable à l’installation et la croissance des semis de pin que la molinie et la fougère aigle (en fonction de leur densité).. Les dégâts

L’élève met des automatismes en place, il reconnait des syllabes, des morphèmes, des mots-outils , des mots connus orthographiquement.. qu’il a stockés en

Les charrues à socs pour le travail du sol dans le massif landais sont beaucoup plus robustes que celles utilisées en agriculture : toutes les pièces sont renforcées de manière

Le plus grand nombre de semis naturels de chêne liège a été obtenu dans la classe intermédiaire (200 à 250/ha avec un recouvrement de 28% de la strate arbustive) où le taux

Le positionneme nt des transects au sein des parcelles exploitée s ne s'est pas fait au hasard au contraire, il a été nécessaire de les prévoir de telle sorte