Supplément au n° 671 du 13 septembre 2008
Plus que jamais
défendre le métier
D epuis 2004, c’est peu de dire que l’attitude des pouvoirs publics a été très négative à l’égard de notre catégorie. À coups de rapports, assénés tous les six mois, il s’agissait de préparer l’opinion à la disparition des CO-Psy et des CIO, accusés de tous les dysfonctionnements du système éducatif, présentés comme inutiles, « tire-au-flanc » et incontrôlables.
Dans le même temps, les textes officiels parus depuis cette date ignorent délibérément notre métier sur le champ même de ses missions.
Une sorte de « placardisation » diraient les psychologues du travail !
Pourtant la profession n’a pas renoncé. Le SNES a saisi toutes les occasions pour faire la clarté sur les enjeux de cette disparition du point de vue des inégalités sociales, de la défense du service public et de la déontologie.
Et les choses ont évolué dans le courant de l’année dernière. Les enseignants ne se sont pas précipités sur les heures supplémentaires et ne considèrent pas dans leur grande majorité qu’ils doivent remplacer les CO-Psy ; les parents sont très préoccupés par les questions de gratuité et de missions de l’École.
Ils voient avec inquiétude la progression des cabinets de coaching ; les étudiants partagent notre analyse sur les finalités de l’orientation active et l’utilité de l’apport des CO-Psy ; les lycéens réclament un accompagnement individualisé assuré par des personnels qualifiés. Bon nombre d’organisations, de forces syndicales, associatives ou politiques ont signé notre appel
dans ce sens (http://www.snes.edu/petition/).
Aujourd’hui, les grandes manœuvres autour de l’orientation tout au long de la vie vont se concrétiser. Elles vont se traduire par une réforme
de la formation professionnelle déjà bien entamée et par une réforme de l’orientation scolaire et professionnelle.
Le ministère de l’Éducation nationale semble avoir pris conscience
qu’il ne pouvait rester en retrait, ce qui implique de faire avec nous. Certes, sa stratégie n’est pas dénuée d’intentions ambivalentes pour la catégorie, mais c’est l’occasion d’une part de le pousser à les préciser, d’autre part de peser fortement sur les décisions qui se préparent, notamment au niveau interministériel
(1).
Si, comme le souhaite le cabinet du ministre, des discussions s’ouvrent afin d’aboutir à des propositions, le SNES sera d’autant plus fort pour porter la défense et la promotion du réseau des CIO dans l’Éducation nationale, la reconnaissance et la revalorisation du métier, et la qualification
de psychologue, si nous avons pu créer une mobilisation allant bien au-delà de la catégorie. C’est l’affaire des semaines qui viennent. La bataille sur les postes dans de nombreuses académies est une bonne entrée en matière ! Bonne rentrée à tous.
C. Remermier, M.-A. Monnier
1. B. de Saint Girons a été nommé nouveau directeur de la délégation interministérielle à l’orientation fin août.
S O M M A I R E
P AGES 2 ET 3
• Rapport du HCE : acharnement suspect !
P AGE 4
• Compte rendu
de l’audience du 21/08/08 avec le cabinet du ministre sur l’orientation
P AGE 5
• Propositions du SNES pour améliorer vraiment l’orientation !
• Une rentrée à la hauteur de nos craintes !
P AGE 6
• Politique et psychologie
• Une conférence éminemment politique
P AGE 7
• Réforme des lycées : l’espace des contradictions
P AGE 8
• Pouvoir d’achat : assez d’injustice !
CO-PSY
Pour nous contacter
www.snes.edu
8 pages réalisé
par le collectif CO-Psy
C O - P S Y
Rapport du HCE : acharnement suspect !
L a publication du rapport du HCE fait l’effet d’un bazooka que l’on aurait décidé d’utiliser pour éliminer une mouche irritante. Ce neuvième rapport n’apporte rien de plus que ses prédécesseurs, ni dans sa struc- ture, ni dans ses préconisations. Il est simplement plus brutal puisqu’il débouche ni plus ni moins sur la conclusion d’une mise en extinction du corps des CO-Psy et du transfert des CIO et des DCIO aux Régions
(1). On chercherait vainement une argu- mentation rigoureuse susceptible de justifier une décision aussi grave : qu’on en juge !
LES CONSTATS
Comme dans les huit rapports pré- cédents, qui ne sont nullement, rap- pelons-le, des études scientifiques, les auteurs passent en revue de manière plutôt lapidaire les dysfonc- tionnements du système éducatif : une orientation-répartition produi- sant trop d’exclusion et de ségréga- tion sociale ; des mécanismes d’auto- censure encore puissants dans les familles ouvrières ; un poids excessif accordé aux résultats scolaires, dans les prises de décision des conseils de classe et l’affectation (particuliè- rement ceux des disciplines « abs- traites où dominent l’intelligence déductive » alors que ces jeunes
« pourraient avoir des talents dans des matières nécessitant une intelli- gence plus inductive ou pratique ») ; des réorientations difficiles, des pas- serelles insuffisantes et des pour- suites d’études trop limitées pour les bacheliers technologiques ou pro- fessionnels ; une offre de formation déterminant largement l’orientation des élèves et leur niveau de qualifi- cation final, ce qui s’avère désastreux
« lorsque celle-ci demeure peu variée du point de vue des filières et des types d’enseignement car ne favori- sant pas la croissance régulière du nombre de bacheliers et s’accompa- gnant d’une augmentation du nombre de sorties sans diplômes, ni qualifi- cation ». Ces difficultés tiennent à la fois à l’organisation du système édu- catif ; au fonctionnement des procé- dures, au contenu des programmes et aux moyens pédagogiques mis en œuvre pour permettre aux élèves de
développer des modes diversifiés d’accès aux savoirs.
Le SNES a élaboré un ensemble de propositions pour y répondre (voir ci-après). On aurait pu s’attendre à ce que le HCE en fasse autant !
Au lieu de cela il en reste à des vœux pieux (« l’institution scolaire doit pro- gresser ») ou à des incantations (« le socle commun devrait permettre une meilleure évaluation de l’élève »). Par contre, s’il est un domaine où il choi- sit la précision c’est bien celui des CO-Psy et des CIO.
CATÉGORIE À ABATTRE
Car finalement, pour le HCE la cause ultime de tous ces maux réside dans les privilèges exorbitants dont béné- ficierait cette petite catégorie de per- sonnels ! Devenus psychologues « à la suite d’une réforme étrangère aux besoins de l’orientation scolaire », disposant d’un temps de travail « qui ne facilite pas les contacts avec les élèves et les familles » (...) « ce qui expliquerait que les conseillers sont trop peu présents dans les établisse- ments et les CIO », agents « dont l’horaire laissé à (leur) libre respon- sabilité aurait encore augmenté et continuerait à ne faire l’objet d’aucun contrôle », « titularisés automatique- ment dès leur sortie de formation ».
Toutes ces « dérogations » sont jugées inacceptables par les rapporteurs. Il fallait oser, après avoir consacré plus d’un an de travail à ce dossier, pas- ser sous silence l’ancrage du métier dans la psychologie depuis l’origine, rejeter sur les personnels l’insuffi- sance des recrutements pour expli- quer le manque de disponibilité et l’application du texte sur les 35 heures pour stigmatiser la pré- tendue faiblesse de leurs horaires ! D’autres « dérogations » auraient pu tout aussi bien indigner les rappor- teurs comme l’absence de hors-classe pour les CO-Psy, pourtant formés à Bac + 5 ; la non prise en compte des années d’auxiliariat dans le reclasse- ment des non-titulaires, l’absence de revalorisation des indemnités des directeurs, le non-remboursement des frais de déplacements, la limita- tion de la NBI de fait et non de droit à un par établissement, l’absence de
valorisation des CIO et l’insuffisance de leurs moyens !... Et la liste n’est pas complète !
QUE PROPOSE LE HCE ?
• Une mise en extinction du corps des CO-Psy et un transfert des directeurs aux Régions. « La fonction de conseil en orientation scolaire et professionnelle ne peut plus être l’exclusivité d’un corps spécialisé de fonctionnaires. » « Cette fonction demanderait une spécialisation au moyen d’une formation adaptée qui ne soit pas exclusivement ni même principalement axée sur la psycho- logie. » Le parallèle est fait avec d’autres pays européens où l’on rap- pelle que cette formation peut aller de quelques mois à quelques semaines (!)
• Une nomination des CO-Psy dans les établissements scolaires. « les conseillers exerceraient dans les éta- blissements scolaires sous la respon- sabilité des chefs d’établissements »,
« Quant aux actuels conseillers d’orientation-psychologues dont le recrutement ne serait pas poursuivi, ils travailleraient également dans les établissements pour y accomplir les mêmes missions que les nouveaux conseillers d’orientation. Les direc- teurs de CIO seraient transférés aux Régions. »
• Un transfert aux Régions de toutes les missions d’accueil et d’informa- tion sur l’orientation. Selon les rap- porteurs, l’État devrait garder « la res- ponsabilité d’indiquer les grandes tendances en matière d’emploi, d’assurer une égalité en veillant à fournir à tous les jeunes un socle minimum d’information notamment grâce aux portails internet ». Il devrait également donner l’exemple en dépassant les clivages entre les minis- tères et définir une politique d’orien- tation tout au long de la vie confor- mément aux directives européennes.
Les Régions quant à elles doivent
« prendre en charge totalement les
missions d’accueil et d’information
des jeunes qui ont à s’orienter ». Les
rapporteurs, au détour d’un para-
graphe s’interrogent sur la pertinence
actuelle d’une obligation pour le sys-
tème éducatif d’assurer la formation
professionnelle. On sait que la pro-
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position de confier aux Régions la mise en place de formations débou- chant sur des certifications de niveau V était déjà présente dans un rapport du Sénat.
QUI SERAIENT CES « NOUVEAUX CONSEILLERS » ?
• Des enseignants, « la fonction de conseil en orientation pourrait être exercée à temps partiel par des enseignants (c’est le cas dans plu- sieurs pays étrangers ou leur forma- tion dure quelques semaines à quelques mois ») ou permettre à cer- tains d’entre eux « une seconde car- rière ». Des professeurs référents qui auraient la responsabilité d’aider quelques élèves à construire leur projet d’orientation.
Les professeurs principaux qui se centreraient sur le suivi individualisé des élèves en difficulté.
• Des CPE « auraient un rôle pré- cieux à jouer moyennant la formation déjà mentionnée car ils sont au contact quotidien avec les élèves qu’ils connaissent bien » ou des pro- fessionnels de l’insertion ou de la formation continue ou des milieux professionnels.
• Des documentalistes dont on attend qu’ils s’impliquent dans la mise en place de l’EAO.
En résumé, pour remplacer les CO-Psy il y aurait au moins cinq ou six catégories de personnels avec
des profils divers et des volumes d’intervention variables ! Peut-on parler de clarification ?
On remplacerait ainsi un vrai métier correspondant à une identité professionnelle forte basée sur une formation de haut niveau par des fonctions temporaires exercées par n’importe quel type de personnel, assorti ou non d’une brève forma- tion. À qui voudrait-on faire croire que ceci représenterait un progrès pour les élèves ?
En quoi la suppression du titre de psychologue améliorerait-elle la qualité du conseil et le souci du res- pect des personnes et de la déonto- logie ?
En quoi la dilution des CIO dans des structures régionales d’accueil et d’information serait-elle béné- fique aux élèves et aux parents qui risquent de ne pas trouver leur place au milieu de services desti- nés aux demandeurs d’emploi et aux salariés ?
Comment soutenir que les résultats scolaires ont un poids excessif et prétendre confier tout l’accompa- gnement et le conseil aux ensei- gnants qui ont le plus de mal à s’en distancier ?
Comment prétendre vouloir lutter contre les mécanismes de repro- duction sociale et dans le même temps supprimer une catégorie de personnels capables de travailler
sur les représentations sociales et le rapport aux savoirs avec les ado- lescents et l’ensemble de l’équipe éducative ?
DES MOTIVATIONS PEU AVOUABLES
Le manque de cohérence de l’ensemble du rapport laisse penser que pour les auteurs, les vraies moti- vations sont ailleurs. Il s’agit de mettre en place une nouvelle poli- tique d’orientation plus conforme à un système éducatif assujetti à l’éco- nomie, où la régulation des flux deviendrait essentielle.
Nul besoin de faire appel à la voyance pour percevoir les consé- quences désastreuses de l’applica- tion du rapport du HCE :
• un désengagement de l’État dont le rôle serait réduit à l’affichage de vagues tendances en matières d’emploi et à l’instauration d’un socle minimum d’information pour l’orien- tation qui pourrait consister en un portail internet ;
• un plus grand poids donné aux Régions dans la détermination de l’offre de formation (qu’elles cher- cheront évidemment à rapprocher le plus possible de l’emploi local), et une maîtrise totale de l’accueil et de l’information de tous les jeunes en situation de devoir s’orienter ;
• dans un délai assez rapide peut être, un transfert aux régions des forma- tions professionnelles de niveau V ;
• une augmentation des inégalités sociales du fait de la réduction et de la territorialisation de l’offre de for- mation et de l’accroissement des phé- nomènes de reproduction sociale faute de psychologues qualifiés pour travailler l’articulation entre histoire sociale et singulière ;
• développement du coaching privé devant l’indigence de ce que propo- serait le service public.
Les mois à venir vont mettre l’orien- tation sur le devant de la scène. À nous d’en éclairer tous les enjeux et de convaincre qu’il y va de la démo- cratisation de l’accès aux études et de la justice sociale. ■
(1) Le SNES a d’ailleurs très rapidement émis deux communiqués de presse pour le commenter : communiqué du 21 juin
« Un rapport très orienté » et du 9 juillet
« Rapport du HCE : instruction à charge ».
C O - P S Y
L e nouveau directeur adjoint s’est déclaré très préoccupé par les critiques convergentes contenues dans les nom- breux rapports qu’il interprète davantage comme une faillite de la mission d’orien- tation de l’École, notamment dans la lutte contre les inégalités sociales, que comme une mise en cause d’une catégorie de personnels. Il n’a pas caché qu’un des points importants du dossier concernerait les relations avec les collectivités territo- riales et la part de subsidiarité État/Région.
Nous avons souligné l’attachement du SNES à ce que l’élaboration des projets d’avenir serve de levier de mobilisation pour que les enfants d’origine populaire s’engagent dans des études ambitieuses.
À cet égard, la réapparition de l’objectif des 80 % dans la circulaire sur le parcours de découverte des métiers peut être inter- prétée comme un signe positif. Mais nous avons fortement dénoncé les préconisa- tions contenues dans les différents rap- ports qui prétendent régler des problèmes de dysfonctionnements structurels et pédagogiques par la suppression du métier de CO-Psy et son remplacement par une fonction assurée par différents personnels. Nos interlocuteurs nous ont affirmé qu’ils n’avaient pas (plus ?!) d’intention mortifère concernant notre catégorie. Le rapport du HCE ne serait qu’un rapport ; T. Larzul a insisté sur la polysémie du terme orientation qui com- prend à la fois l’information, les procé- dures dont l’affectation et les choix, et mobilise des critiques d’ordre très diffé- rent. Les critiques virulentes de certains lycéens pouvant s’expliquer aussi selon lui par une attitude assez consumériste et par une confusion sur l’objet du débat.
Selon R. Jouve il faut distinguer entre avenir des CO-Psy et réussite des élèves :
« Dans le cadre de la réforme des lycées, le MEN souhaite faire de la seconde une vraie classe d’orientation et introduire plus de réversibilité dans les choix ».
Une discussion s’est engagée sur les pro- cessus mobilisés dans l’élaboration des projets (ce que nous n’avions pas vu depuis 2003) R. Jouve évoquant un désac- cord de fond sur le rôle des enseignants, qui pour lui sont tout à fait à même d’accompagner les élèves tandis que nous
avons développé le rôle particulier des CO-Psy, du fait de leur formation de psy- chologues, leur positionnement dans l’ins- titution et leurs missions. Certes les ensei- gnants ont un rôle à jouer mais il est complémentaire de celui des CO-Psy et il importe de prendre en compte le point de vue de l’élève qui ne se superpose pas nécessairement avec ce que l’enseignant pense avoir fait ou dit.
Pour le directeur de cabinet adjoint, l’expertise des CO-Psy doit être mieux uti- lisée. Il faudrait selon lui la recentrer sur les « élèves fragiles » socialement et sco- lairement, ceux qu’il faut pousser à avoir de l’ambition. Le public des élèves han- dicapés a également été évoqué. Pour les autres, le contact avec les CO-Psy ne serait pas impossible mais non priori- taire, les enseignants pouvant se char- ger d’un premier niveau d’information.
Les CO-Psy pourraient d’ailleurs contri- buer à leur formation.
Nous avons souligné qu’il ne convenait pas d’avoir une vision trop étroite de ce qu’on définit comme « élèves fragiles » ; certains élèves de lycée à certains moments perdent aussi le sens de ce qu’ils font à l’École et doutent ou ren- contrent des problèmes personnels. Mais manifestement pour le MEN ce sont des cas marginaux par rapport à l’urgence d’améliorer la qualification de tous les jeunes. Le MEN a semblé soucieux de s’engager dans un travail de réflexion proposant un groupe de travail assez vite. Nous avons réaffirmé que nous étions ouverts à la discussion dès lors que notre métier était reconnu comme un métier à part entière nécessitant une qua- lification de psychologue, et que le rôle des CIO était renforcé au sein de l’EN.
Nous avons lié cette discussion à l’indis- pensable revalorisation de la profession, laissée complètement pour compte alors que la mastérisation est déjà une réalité.
Le MEN n’a pas rejeté cette demande mais la conçoit comme une conséquence d’une réforme globale.
Nous sommes réintervenus fortement sur le rôle des CIO dans la prévention des abandons et des décrochages, le caractère d’extra-territorialité qui permet de mieux traiter certaine demandes que dans l’éta-
blissement scolaire, l’apport aux établis- sements et aux partenaires du district, notamment en terme de formation des enseignants et d’analyse du parcours des élèves. Il est clair que la question des CIO va être un point d’achoppement. Mani- festement le MEN cherche une voie de passage dans le cadre des mesures qui s’annoncent pour l’orientation tout au long de la vie. Plusieurs groupes de réflexion ont été créés sur ce thème par plusieurs ministères. L’Éducation nationale aurait donc finalement choisi de ne pas être en reste. Mais il faudra vraisembla- blement faire des concessions aux Régions, et la tentation est grande de laisser se diluer les CIO dans une grande structure régionale et de nommer les CO- Psy dans les établissements. Le directeur adjoint a insisté sur le manque de lisibi- lité des structures d’information et inter- rogé sur la responsabilité du fonc- tionnement du service de l’orientation ;
« Qui doit en assurer l’animation ? ». Pour lui il faut regarder les missions du point de vue de la plus-value qu’elles apportent à l’élève et des compétences qu’elles mobilisent. Tous les élèves n’ont pas les mêmes besoins et il faudrait des réponses différenciées.
Nos interlocuteurs semblent soucieux d’aboutir très vite à des propositions.
Notre affirmation de la reconnaissance du métier de CO-Psy comme un métier de psychologue, qu’il fallait cesser de voir comme un obstacle mais plutôt comme une ressource, et de l’importance des CIO n’a pas été contrée et même présentée par le MEN comme un grand pas qu’il ferait dans notre sens.
Nous avons été invités à transmettre des propositions d’ici 15 jours et le cabinet parallèlement nous communiquera les siennes. Nos interlocuteurs souhaitent pou- voir engager un groupe de travail sur la base d’un texte de départ. La perspective des annonces qui ne manqueront pas d’être faites à la suite de la conférence de Lyon et du conseil des ministres de l’Édu- cation en novembre va transformer le contexte et accélérer les prises de décision.
Les risques
• la disparition des CIO récupérés par les Régions ;
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Participaient à l’audience : pour le SNES - R. Hubert et C. Remermier
pour le MEN - T. Larzul, nouveau directeur adjoint de cabinet, R. Jouve, J.-M. Huart chargé
du dossier formation professionnelle et de l’orientation
• une très grande inquiétude sur le deve- nir des DCIO ;
• une extension du rôle des Régions dans l’information et l’orientation des jeunes avec des risques de manipulation ;
• une nomination des CO-Psy dans les établissements directement sous la coupe des chefs d’établissements (non dit expli- citement mais assez claire) ;
• un éventuel allongement du temps de service (non évoqué par nos interlocu- teurs) ;
• aucune garantie sur la reprise des recru- tements.
Les points positifs
• la reconnaissance du métier de CO-Psy comme un métier à part entière et non comme une fonction pouvant être exercée par tous types de personnels de manière temporaire ;
• le maintien de notre qualification de psychologue ;
• une centration de nos missions sur l’intervention auprès des élèves surtout
mais non exclusivement en difficulté ;
• une revalorisation financière ;
• une discussion sur la délimitation des rôles entre enseignants et CO-Psy.
Les perspectives d’évolution s’annoncent pleine de risques pour la profession. Les projets néfastes ne manquent malheu- reusement pas. Mais notre pugnacité a déjà fait quelque peu modifier le rap- port de force. Il faut continuer et faire pression sur les décisions qui ne man- queront pas d’être prises ! ■
Propositions du SNES pour améliorer vraiment l’orientation !
1. Réaffirmer avec force l’objectif d’augmenter à 80 % le pourcentage d’une classe d’âge obtenant le baccalauréat et y consacrer les moyens nécessaires en terme d’heures d’enseignement, d’amélioration des conditions d’études et de mise en place des dispositifs d’aides.
2. Maintenir des prérogatives fortes de l’État pour tout ce qui concerne la déter- mination de l’offre de formation sur tout le territoire (implantation, niveau de qualification et spécialités professionnelles). L’État ne peut se désengager en se repliant sur une politique du « droit opposable » et d’un socle minimum de formation et d’information sur l’orientation ! Il doit assurer l’égalité d’accès, dans toutes les académies à tous les diplômes de l’Éducation natio- nale afin de ne pas renforcer la ségrégation sociale et les disparités régionales.
3. Mettre en place une véritable culture commune permettant à tous les élèves de découvrir des contenus d’enseignement et des modes d’entrée dans les apprentissages avec lesquels ils ne sont pas familiers. C’est ainsi que pour- ront naître et se développer, tant au collège qu’au lycée, des centres d’inté- rêts diversifiés sur lesquels pourront ultérieurement s’appuyer des choix.
4. Multiplier les passerelles entre les voies de formation, et pas seulement des voies générales aux voies professionnelles, afin de favoriser les réorien- tations et de dédramatiser les enjeux de ces choix.
5. Développer les possibilités de poursuite d’études débouchant sur des diplômes nationaux reconnus, pour toutes les voies de formation, afin qu’aucun diplôme n’aboutisse à une impasse.
6. Respecter les vœux des élèves (options, enseignements de détermination, spécialités professionnelles) dans l’affectation.
7. Reconnaître l’aide à l’élaboration des projets scolaires et professionnels et la mise en œuvre des conditions de la réussite scolaire comme relevant d’un métier et d’une formation spécifique de psychologue. En faire une ressource pour le système éducatif et cesser de le considérer comme un obstacle. Ce qui suppose de ne pas considérer que n’importe qui peut s’improviser conseiller et contrôler les actions proposées par diverses asso- ciations dans ce domaine.
8. Revaloriser le réseau des CIO en leur donnant un statut mieux iden- tifié au sein de l’Éducation nationale et en en faisant un véritable appui pour le système éducatif en cohérence avec les missions des conseillers d’orientation-psychologues. Leur contribution à l’insertion des jeunes se centrant sur la remobilisation pour une formation, le suivi, l’accom- pagnement, l’information et le conseil sur la scolarité et l’orientation des jeunes en formation initiale.
9. Valoriser le corps des CO-Psy et des DCIO en tirant toutes les consé- quences sur le plan de leur carrière et de leurs rémunérations d’une forma- tion qui correspond déjà au Master II.
10. Établir un plan pluriannuel de recrutement des CO-Psy afin d’aboutir à un taux de prise en charge n’excédant pas 1 000 élèves de second degré comme première étape.
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