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GEOGRAPHIE RADICALE, GEOGRAPHIE CRITIQUE Généalogie et intérêt pour la géographie scolaire. G

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Academic year: 2021

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GEOGRAPHIE RADICALE, GEOGRAPHIE CRITIQUE Généalogie et intérêt pour la géographie scolaire.

G

ÉOGRAPHIECRITIQUEETRADICALE

: U

NEPRÉSENTATION

.

Deux géographes emblématiques de la géographie critique et radicale :

- Mike Davis, personnage atypique, ancien camionneur qui a repris des études pour se consacrer, entre autres, à des recherches en sociologie.

- David Harvey, enseignant à Baltimore.

Leurs ouvrages sont traduits en France dans les années 2000 provoquant un intérêt croissant pour la géographie critique et ouverture des champs de recherche universitaire. Ce sont deux géographes qui se consacrent à une critique du capitalisme dans ses implications spatiales.

La géographie critique et radicale est surtout anglophone. Différencier les deux n’est pas aisé. La chronologie de leur apparition permet en partie de le faire.

C’est la géo radicale qui apparaît en 1er au tournant des 60’s-70’s avec la création de la revue Antipode (1969). Pétrie de références marxistes, elle manifeste un souci de dévoiler des processus invisibles. Elle implique des syndicalistes, ou des personnalités qui ont participé à des mouvements de lutte. Quelques figures émergent : William Bunge (Detroit), géographe quantativiste qui investit ensuite le terrain des ségrégations spatiales du quartier de Fitzgerald à Détroit (il étudie et cartographie notamment les morsures de rats sur les bébés dans les quartiers de Fitzgerald). Il publie en 1971, Geography of a révolution. Pour en savoir plus sur W. Bunge se reporter à cet article du Monde Diplomatique.

Harvey est implanté à Baltimore. Il a publié Soial Justice and the city. Il tente de spatialiser la pensée

de Marx. Il effectue des recherches sur la valorisation du capital à l’échelle de la ville. Il travaille

également sur « l’accumulation par dépossession » c'est-à-dire cette pratique de vol et de pillage

qu’opère le capitalisme pour pouvoir sans cesse se régénérer.

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La géographie critique émerge dans les années 80. Elle va au-delà du marxisme en intégrant les mouvements féministes, post-coloniaux. Dorin Massey en est une des représentants. Elle a dirigé la revue Antipodes, ce qui permet d’établir une filiation entre géo critique et géo radicale. Mais elle a beaucoup critiqué Harvey qui par ses oppositions à la pensée post moderne, disqualifie l’approche par le genre. Globalement son mouvement critique le machisme, le chauvinisme, les impérialismes.

Ce courant se structure surtout dans les 90 ‘s, et s’internationalise. La géo critique est porteuse d’une demande de changement social et d’une opposition aux mécanismes d’oppression (race, genre, capital..).

2011 : conférence de géographie critique de Francfort (compte rendu en ligne). C’est un nouveau groupe de géographes critiques qui émerge ici. Il s’est affranchi de la RGS britannique (Royal geography Society) après avoir découvert le financement de cette institution par Shell. Il organise désormais des conférences dès que possible et fait donc les travaux de ce mouvement.

Pendant ce temps en France …

Il y a des géographes marxistes sans géographie marxiste : P. Georges, Gugglielmo, Tricart, Froment, Lacoste (beaucoup sont des anciens du PC). Ils publient une « géographie active » qui est au service de l’état.

On remarque aujourd’hui l’influence grandissante d’Elisée Reclus dont les travaux sont remis à l’ordre du jour par Federica Ferretti ou encore Philippe Pelletier. Hérodote contribue également à ce mouvement de pensée en s’intéressant à la géographie du sous développement. On peut consulter aussi les travaux de la géographie sociale des universitaires de l’ouest parisien, dont l’ouvrage de référence est la Géographie sociale des éditions Masson, et dont les chercheurs emblématiques sont A. Frémont, Hérin, J.Chevallier et J. Renard. Enfin Carnets de géographes est un site qui relaie le travail de la géographie critique en France.

On le voit la présence de ce courantd e pensée en France est encore assez marginale même si on constate un intérêt certain pour celui ci actuellement.

I

NTÉRÊTDECESAPPROCHESPOURENSEIGNER

.

Interroger les présupposés des programmes :

Ces approches permettent d’interroger les présupposés cachés des programmes c'est-à-dire le

vocabulaire aménagiste et de la compétitivité territoriale notamment, qui envahit tout. Il y a aussi un

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apport possible en matière de critique des représentations genrées (cf Magali Hardouin Quelle place pour le genre dans la géographie scolaire ? ) ou encore des représentations du « Sud » (à lier à la critique post coloniale) : ainsi, Jennifer Robinson dans Ordinary cities propose une critique de la lecture des villes du sud à l’aune du modèle de la ville du Nord.

Proposer d’autres objets d’étude :

On peut par exemple travailler sur les processus de domination (pour un étude sur la gentrification, on peut s ‘appuyer sur les travaux de Neil Smith), remettre les pratiques de l’espace au cœur des analyses (Henri Lefebvre, Le droit à la ville, la production de l’espace.) Lefebvre a été prof à Nanterre, et est une ancienne tête pensante de mai 68, il étudie la manière dont l’espace permet de faire se reproduire les processus de domination voire de les accentuer. C’est un penseur incontournable pour qui veut renouveler par une approche critique la géographie urbaine.

On peut aussi proposer de travailler sur les lieux invisibles auxquels la géo critique s’intéresse beaucoup : les prisons, les camps de rétention à la faveur de l ‘étude des aéroports par exemple, les lieux de prostitution, squats etc.

Les pratiques sécuritaires en ville sont aussi un objet d’étude intéressant. C’est un champ de recherche universitaire dont on trouve beaucoup de traces sur le site justice spatiale qui contient de nombreux articles sur différentes entrées.

La géographie un outil de lutte ?

Plusieurs pistes possibles :

Cartographie du monde diplo avec P. Rekacewicz qui mêle l’art à la géographie.

Article de Haeringer sur les grands projets inutiles, avec sans doute une étude de cas possible sur Notre Dame des Landes.

Réseau de géographes travaillant sur les squats européens.

Des débats proprement géographiques :

Travailler sur la déconstruction de discours politiques qui font de la géo une science réactionnaire

comme celui de Patrick Buisson dans le Figaro du 13/11/2012 développe une vision de la géographie

de la France et de la localisation de la pauvreté qui s’appuie sur les travaux de C. Guilluy (auteur de

Atlas des nouvelles fractures sociales chez Autrement). Alors que Guilluy fait apparaître la

précarisation des classes moyennes, et montre la sous représentation des populations périurbaines et

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rurales dans le débat public et géographique Buisson (Sarkozy également) instrumentalisent ces travaux pour monter les pauvres contre les pauvres. Il avance l’idée que la pauvreté de banlieue est amenuisée par les aides sociales alors que les vrais pauvres sont les territoires périphériques ruraux et périurbains. Ces idées irriguent la sphère politique et médiatique car il propose une lecture du vote FN (voir aussi sur les ploucs émissaires le site Atlantico qui se fait écho de ses idées).

LA vraie question reste de localiser la pauvreté en France, question qui n’irrigue absolument pas la géographie scolaire. Pour ce faire on peut choisir de partir des mouvements de contestation plutôt que des grands aménagements.

Conclusion :

La géographie peut être une science révolutionnaire si on opte pour une géographie sociale plutôt qu’une géographie DATAR comme le proposent les programmes. C’est aussi le choix de montrer que la géo est une science vivante dans laquelle il y a des débats, des courants des points de vue qui en se confrontant confèrent un certain dynamisme à la géographie.

On pourrait envisager de faire exploser les études de cas en ouvrant des plateformes de contre exemples pour une géographie dynamique

Ne pas hésiter à suivre les travaux qui se font à Nanterre qui est le fer de lance de la contestation, pour une géographie de la justice sociale avec le pôle de géographie sociale de Grenoble. Prise en compte des inégalités comme un processus dans lequel la géo peut poser un regard d’expert mais aussi apporter des solutions. La pauvreté ainsi n’est plus une fatalité mais un processus qu’il s’agit de révéler et d’étudier.

La géographie critique considère qu’il y a de la politique partout dans l’espace ou que l’espace est

partout dans le politique. Ce n’est as une géographie du « contre », en particulier lorsqu’on parle

d’aménagement mais elle se fixe pour objectif d’ouvrir le débat et rejette la géographie consensuelle

qui lisse tout et affadit la discipline.

Références

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