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Sur les modifications des spectres d'émission et d'absorption sous l'influence d'un champ magnétique et sur la question des électrons positifs - (Remarques au sujet d'un récent mémoire de M. A. Dufour)

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HAL Id: jpa-00242318

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Submitted on 1 Jan 1908

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sur la question des électrons positifs - (Remarques au sujet d’un récent mémoire de M. A. Dufour)

Jean Becquerel

To cite this version:

Jean Becquerel. Sur les modifications des spectres d’émission et d’absorption sous l’influence d’un champ magnétique et sur la question des électrons positifs - (Remarques au sujet d’un récent mémoire de M. A. Dufour). Radium (Paris), 1908, 5 (12), pp.356-361. �10.1051/radium:01908005012035600�.

�jpa-00242318�

(2)

Sur les modifications des spectres d’émission

et d’absorption sous l’influence d’un champ magnétique et sur la question des électrons positifs

(Remarques au sujet d’un récent mémoire de M. A. Dufour)

Par Jean BECQUEREL [Laboratoire de physique du Muséum.]

1

On sait que, jusqu’en 1906, l’action d’un champ magnétique sur les sources d’émission ou d’absorp-

tion de la lumière avait été observée seulement dans les corps à l’état gazeux. Dans toutes les manifcs’a- tions du phénomène de Zeeman on avait rcconnu que, si la lumière se propage dans la direction des lignes

de force, un champ magnétique augmente la fré- quence des vibrations circulaires de même sens que le courant magnétisant, et diminue la fréquence des

vibrations de sens opposé. D’après le sens, toujours

le même, de ce phénomène, et d’après l’ordre de

grandeur des changements de fréquence, les partisans

des (héories électroniques n’ont pas hésité à conclure que les raies d’émission et d’absorption des gaz et des vapeurs sont dues à des électrons négatifs.

J’ai alors observés 1 que les bandes d’absorption

d’un rninélYtf, le iénotime, sont varial)les dans un

champ magnétique. L’effet est de même nature que le phénomène de Zeeman, mais il s’en distingue par deux différences fondamentales

1° Les changements de période sont, pour de nom-

hreuses bandes, notahlclnent plus grands que ceux

qui avaient été observés avec les gaz.

20 Les bandes correspondant à l’absorption de

vibrations circulaires d’un sens déterminé sont dépla-

cées les unes d’un côté du spectre, les autres du côté opposé sous l’influence d’un même champ iiiagtié- tique.

Il existe donc un phénomène de sens contraire au phénomène que lI. Zeeman avait découvert dans les

spectres des vapeurs.

Dès la première observation de cet effet, j’ai émis

deux hypothèses 2 : la première suppose la formation de chantps internes de sens opposé au sens du chanlp

extérieur; la seconde admet l’existence d’électrons

positits.

1. JEAN BECQUEREL. C. R. 142, p. 775, 26 mars 1906; p. 874, 9 avril 1906.

2. JEAN BECQUEREL, C. IL, 242, p. 876, lignes 8 et suiv.

J’ai étendu les premières observations à d’autres minéraux, à de nombreux corps cristallisés ou dis-

sous, observant le phénomène toutes les fois que la

largeur des bandes d’absorption ne masque pas les

changements de période produils par le champ magné- tique.

J’ai montré comment l’emploi de très basses tem- pératures permet d’obtenir avec les cristaux ou avec

les solutions solidifiées, des bandes considérablement

plus nettes et plus fines qu’a la température ordinaire,

et facilite l’étude de ces questions, tout cn variant les conditions des expériences 1.

MM. du Bois et Elias ont poursuivi des recherches dans la voie que j’ai indiquée, en faisant usage des basses températures, et ont encore davantage géné-

ralisé ces phénomènes qu’ils ont observés avec le

rubis et avec divers sels de chrome 2.

Les expériences que j’ai réalisées en abaissant la tcmpérature des corps ahsorbants à

-

190", puis les

recherches 3 que M. Kamerlingh Onncs et moi avons entreprises au laboratoire cryogène de l’Université de

Lcide, avec l’hydeogène liquide nous avons observé les spectres jusqu’à 1 4 degrés absolus, ont montré

que les changeinents de fréquence des électrons absorbant la lumière sont indépendants de la tent- péralure, qu’il s’agisse de l’effet de même sens que le phénomène de Zeeman ou de l’effet de sens opposé.

J’ai établi que d’autres phénomènes magnéto- optiques déjà connus (polarisation rotatoire magné- tique) ou observés pour la prelnière fois dans les

corps solides (biréfringence magnétique) se rattachent

aux modifications subies par les bandes d’absorption et que les diverses particularités de ces phénomènes sont

des conséquences des l’aits nouveaux que j’ai observés.

1. JEAN BECQUEREL, Le Rccrlitcu, 4, p. 49, p. 107, p. 528, p. 383, 1907; 5, p. 5, p. 227, 1908.

,

2 Du Bois et Eu -Bs Versl. Kon. Akad. W et. Amsterdam, 16, p. 655, 749, 878, 1908. An na/en der Physili, 27. p. 233, 15 octobre 1908.

3. JE %N BECQUEREL et II. KAMERLINGH ONNES, Versl. Koji. A/iad.

Wet. Amst. 16, * p. 678, 1908. Le RadÙl1n, 5, p. 227, 1908.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:01908005012035600

(3)

pins en plus affirmée à adopter 1 hypothèse des élec-

trons positifs. M. Kamerlingh Onnes et 1110i avons considéré, non pas comme une preuve, mais comme

un fort argument en faveur de l’existence des élec- irons positifs l’invariabilité des changements de la fréquence à toute température. Si, en effet, lcs plcé-

nomènes magnéto-optiques actuellement connus ne

peuvent suffire à trancher la question. il n’en est pas moins vrai que les autres hypothèses soulèvent des difficultés considérables qui jusqu’à aujourd’hui n’ont

été surrnontécs par personne, et qui ont plutôt été

éludées par quelques physiciens.

Par exemple, si l’on admettait la formation de

champs intra-moléculaires sous l’influence du champ extérieur, il faudrait tout au moins comprendre com-

ment dans certaines régions ces champs sont de même

sens quc le champ extérieur, alors que dans d’autres

régions de la même molécule ils sont de sens opposé,

les champs d’un sens comme de l’autre pouvant atteindre des intensités près de dix fois supérieures a

l’intensité du champ extérieur (bandes 642,3; 643,4, 522,1 du xénotime) ; il faudrait surtout imaginer un

mécanismc montrant que ces champs sont indépen-

dants de la température quel que soit leur sens, aussi bien quand l’effet se produit dans le sens du diama- gnétisme, que lorsqu’il a lieu dans le sens du magné- tisle; il faudrait enfin montrer que ces champs, bien

que très variables d’une région à l’autre, sont néan-

moins assez uniformes pour justifier la netteté des com- posantes des bandes d’absorption.

D’un autre côté, les expériences que j’ai entreprises

dans une voie différente en étudiant les décharges

dans les gaz raréfiés 1, ont donné les résultats expéri-

mentaux slivants :

Si l’on superpose un faisceau de rayons canaux et

un faisceau de rayons cathodiques, on peut obtenir un

troisième faisceall parfaitement distinct des deux pre- miers. Ces nouveaux rayons sont attirés par une cathode secondaire; le sens de leur propagation ayant été déterminé d une façon certaine, on peut aff rmer qu’ils sont déviés par l’approche d’un aimant, norma-

lement aux lignes de force, en sens contraire des

rayons cathodiques qui se propagent dans le mêlne

sens. Les phénomènes observés sont identiques à ceux

que l’on peul prévoir pour un illux de cor’puscllles chargés positivement possédant une charge spécifique

e

du même ordre de grandeur que celle des électrons

m

négatifs.

J’ai chcrcllé à rendre compte de ces faits au moyen des rayonnements actucllelnent connus; j’ai pensé à cinq interprétatious différentes, mais j’ai montré

1. JE.%N BECQUEREL, C. R., 146, p. 1308-1908 ; 147, p. 121-1D08.

Le RadÍ1nn. 5 p. 195 et p. 529, 1908.

attribuer le nouveau faisceau n des électrons positifs.

II

Au commencement de cette année, M. A. Dufour a observe dans les spectres d’éluission de divers chlo-

rures et fluorures 1, ainsi que dans le second spectre

de l’hydrogène 2, des phénomènes semblables a ceux

que j’avais étudiés dans les spectres d’absorption des

cristaux et des solutions. Les expériences de M. Du-

four présentent un très grand intérêt; elles étendent

a l’émission par les gaz les phénomènes observes jus- qu’alors pour l’absorption par les solides; elles démon- trcnt que, contrairement à cc que l’on supposait, dans

les gaz certains spectres de bandes sont sensibles an

champ magnétique, enlin elles révèlent dans des con-

dilions particulièrement sin1ples (hydrogène), l’exis-

tence d’un effet magnéto-optique de sens opposé au

sens que faisaient prévoir les électrons négatifs.

Les recherches de M. Dufour vicnneni d’être expo- sées dans un important mémoire 3. L’auteur ayant a

plusieurs reprises cité mes expériences et discuté quelques-unes des idées que j’avais exprimées, il me paraît tout à fait nécessaire d’attirer de nouveau l’at-,

tention sur quelques-unes des questions soulevés par cet ensemhle de travaux.

1° M. Dufour a appelé phénomène nu) niaI le phé-

nomène de Zeeman se produisant dans le sens prévu

puur les électrons négatifs et phenomène anormal

l’effet de sens opposé. Cette dénomination présente,

U mon avis, un grave inconvénient; elle laisse croire que ce dernier effet est exceptionnel et en dehors des règles; or rien n’est moins exact quand il s’agit des

cristaux et dcs solutions où les deux effets de sens

contraires sont aussi fréquents l’un que l’autre et se rencontrent toujours simultanément dans le spectre d’un même corps. La seule dill’érence clui existe entre

les deux effets est lc sens du déplacement des bandes

pour les vibrations circulaires. J’ajouterai que lors-

qu’un phénomène nouveau se produit dans un sens

que les idées et les théories actuelles ne permettent

ni de prévoir ni d’expliquer, ce n’est pas une raison suffisante pour le considérer comme « anormal ».

2° Dans l’historique qui précède le mémoire de

M. 1)ufour, mes expériences sont ainsi résumées 4 :

cc Les spectres d’absorption des sels de métaux rares

à l’état cristallisé ou dissous contiennent des bandes

qui, ainsi que M. J. Becquerel l’a trouvé, présentent

un phénomène de Zeeman anormal suivant ces lignes

de force; M. J. Becquerel a signalé, comme on sait, parn1i ces bandes, quelques-unes donnant un phéno-

1. A. DuFouR, C. Tl., 146, p. 118. 20 janvier M08; p. 529.

5 février, p. 810,d5 avril 1008.

2. A. DUFOUR, C. li., 146, p. 651, 23 mars 1908.

5. A. DCForR, Le Radium. 5, p. t),91, od(Bhre 1908.

4. A. DCFOUR. Le Radium, 5, p. 291, 2,- col.. lignes J et suiv.

(4)

nlène de Îeeman beaucoup plus grand que celui au-

quel les raics d’émission nous avaient habitues. »

Ce ne sont pas seulement, comme le dit M. Dufour,

les bandes donnant un effet de sens contraire a l’effet

jus;lu’alors observé qui présentent ce gros phénomène.

Il me suffira de citcr les bandes 642,5 et 643,4 du xé-

notime qui dans un champ de 10 000 gauss donnent entre leurs composantes des écarts de 0uu, 35 et 0uu,51 l’effet ayant lieu dans le scns prévu pour les entrons négatifs 1.

5° Une observation très importante faite par M. Dufour est la suivante’ : (( les composantes qui présentent le phénomène de Zeeman longitudinal nor-

mal donnent des doublets magnétiques dont lcs pola-

risations circulaires sont complètes, et qu’on peut par

conséquent complètement séparer a l’aide d’tiii analy-

seur bicirculaire; au contraire, celles qui donnent le

phénomène longitudnal anormal forment des dou- blets à polarisations circulaires incomplètes )).

Les exemples de polarisation circulaire incomplète

sont fréquents dans les spectres des cristaux et j’avais

d’ailleurs signalé cet effet 5, mais il est nécessaire de faire remarquer ici que la règle énoncée par Il. Du- four pour les spectres cannelés des vapeurs ne peut

être étendue aux bandes ou raies des cristaux; la po- larisation circulaire complète ainsi que la polari-

sation incomplète s’observent sur des bandes de l’une

et de l’autre espèce. Par exemplc, dans lc xénotime

les bandes 642,5 et 645,4 (électrons négatifs)

donnent une polarisation incomplète, la bande 650,5 (phénomène inverse) présente une polarisation com- plète.

Comme M. Dufour, j’estime que ces observations

ont un grand intérêt, car la polarisation incomplète

est un fait inattendu dont la théorie devra rendre compte. Il serait bien intéressant de savoir si la règle

énoncée par M. Dufour pour les bccndes des corps con1.

posés est applicable aux raie3 du second spectre de 1 hydrogène. Sur les belles photographies publiées par M. 1)ufcur, la raic x (phot. 15) 4, qui est assez intense,

ne parait pas (du moins sur la figure) donner une po- larisation circulaire incomplète.

En tout cas, que le fait soit vrai ou non pour l’hy- drogène, il est bien établi que la polarisation circulaire incomplète ne caractérise jamais, pour les cristaux ou les solutions, le phénomène de sens inverse à celui que font prévoir les électrons négatifs.

4° Une question fondamentale, que j’aborde main-

tenant, est la suivante :

1. JEAN BECQUEREL, Le RadÙl1n, 4, p. 5J, 1907, voir le tableau.

2. A. DupouR, Le Radium. 5, p. 305,2e col., lignes 50 etsuiv.

5. JEAN BECQUEREL. C. R., 145p. 413, 19 aoùt 1907 Le Radium, 5, p 9, 2e col., lignes 55 et suiv.

JEAN BECQUEREL, et H. KAMERLINGH ONNES, Kon. Akad. Ams.

16, p. 685 § 9; Le RadÚun, 5, p. 235, § 9.

4. A, DuFOun, Le Radiuîît, 5, p. 304-1908.

1BL Dufour conclut 1 : (( En résume, si l’on s’en tient

aux résultats obtenus jusqu’ici, il semble bien que le

phénomène de Zeeman longitudinal anormal ne se pré-

sente, soit pour les spectrcs quc j’ai étudiés, soit pour les spectres d’absorption des terres rares, que dans les specli es de molécules ».

1B1. Dufour ajoute en notc : cc Les résultats obtenus par M. J. Bccquercl pour le spectre de l’yttrium ne

sont pas nécessairement en contradiction avec ce qui

est dit ici ; il n’est pas encore établi que le spectre qu’il décrit est dû à l’atome de ce métal ».

Cette dernière plirase, et surtout les mots « néces- silirelllent) )) et (( encore )) laissent croire que, dans

mon idée, l’effet que j’ai observé avec le spectre d’é-

tincelle de l’yttrium serait à l’atome de ce métal.

Or, j’étais tellement loin de cette pensée que voici la conclusion de la Note où j’ai décrit l’expérience en question, et dans laquelle j’émets l’hypothèse des

électrons positifs :

« Il est possible que les électrons positifs, qui n’ont

pu être séparés des atomes ni dans les décharges électriques, ni dans les phénomènes de radioactivité,

et qui paraissent par suite fortement liés aux atomes,

puissent néanmoins acquérir un degré de liberté suf-

fisant pour se manifester dans les phénomènes optiqucs, grâce aux actions qui s’exercent entre les atomes groupés dans une même molécule 2 »

Je souligne ici à dessein ces derniers mots. Je tiens

même, puisque l’occasion s’en présente, à indiquer

par quelle suite d’idées j’ai été amené à considérer ces

phénomènes comme dus à la molécule. M. Dufour,

dans une note antérieurement publiée, avait exprimé l’opinion que le phénomène de sens contraire au phé-

nomène de Zeeman était caractéristique des spectres

cle coniposés J. Peu de temps après M. R. W. Wood,

avait observé un phénomène de même nature dans le spectre d’absorption de la vapeur de sodium 4, et

1B1. Dufour avait retrouvé les mémes effets dans le second spectre de l’hydrogène o. Le second spectre de

l’hydrogène est-il du à un composé? on l’a cru long- temps, mais M. Dufour lui-mème avait montré que

ce spectre était vraisemblablement dû à la molé- cule de l’hydrogène. S’il cn était ainsi, il devenait

évident que l’idée preu1Îère de M. Dufour, tout en con-

servant une part de vérité, dcvait ètre modi6ée.

C’est pourquoi j’ai entrepris de rechercher si 1 effet

ne se produirait pas a une température où l’on consi- dère les composés comme dissociés. Il y avait d’ail- leurs, à d’autres points de vue que j’ai indiqués, un

intérèt à observer jusqu’aux plus hautes températures

les phénomènes que j’avais étudiés depuis la iempé-

’1. A. DUFOUR, Le liadium., 5, p. 306, lignes 50 et suiv. et

note.

2. JEAN BECQUEIiFI,, C. li.. 146, p. 685, lignes 28 et suiv.

5. A. DCFOUH, C. Il., 146, p. 231, lignes 1 et suiv.

4. R. W. WOOD, Phil. Mag., 15, p. 2?0, février 1908.

5. A. DUFOUR, C. li., 146, p. 634, 25 mars 1908.

(5)

l’expérience en question, ct .rai pensé, en interprétant

les phénomènes par l’hypothèse des électrons positifs,

que ces électrons ne peuvent peut-être pas se mani- fester dans les spectres d’atomes (phénomène de Zee-

man primitivement observé), mais que si plusieurs

atomes sont groupés pour former une molécule, les électrons positifs peuvent acquérir un degré de liberté

suffisant ponr donner lieu aux nouveaux phénomènes.

Ce n’est la, bien entendu, qu’une purc hypothèse,

et si je la rappelle ici c’est uniquement pour montrer que je suis d’autant plus éloigné de combattre l’idée .d’un effet du a la molécule que c’est moi-même qui

ai exprimé cette opinion, dans les termes textuelle-

ment cités plus haut.

h° M. Dufour rappelle quc j’ai préconisé, pour

expliquer le phénomène de sens inverse au phénomène

de Zeeman , l’hypothèse de l’existence d’électrons

positifs. (( Cette hypothèse, dit M. Dufour t, aura évi- demment plus de poids s’il existe dans les tubes à vide des électrons positifs analogues aux électrons négatifs, comme vient de l’annoncer M. J. Becquerel;

si cette découverte est établie d’une manière irréfutable,

il y aura peut-être lieu de tenir compte des électrons

positifs dans les théories. »

Il me paraît en cffet probable que si les électrons

positifs existent, il faut peut-être songer à leur attri- buer un rôle dans quelques phénomènes ; la ques-

tion est donc bien de savoir s’ils exist! nt. M. Dufour

ajoute en note : (( Il faudrait pour cela déterminer d’une manière directe et certaine le signe de la charge de

ces électrons et en outre mesurer au moins approxi-

mativement leur e m. Pour la détermination du signe

.

1n

de leur charge, après avoir séparé par un champ élec- trique ou magnétique les électrons des deux signes qui seraient mélangés, l’emploi du cylindre classique

de Faraday, est particulièrement recommandablc )).

J’accorde volontiers à M. Dufour que cette expé- rience, que des difficultés matérielles ne m’ont pas,

jusqu’ il présent, permis de réaliser, apporterait,

comme toute expérience nouvelle, unc contribution a l’étude de ces phénomènes. Mais doit-on, dans les présentes expériences, attribuer une importance pri-

mordiale à l’emploi du cylindre de Faraday? je ne le

pense pas.

Dans mes expériences, j’ai obtenu, ainsi que je l’ai rappelé plus haut, un faisceau distinct des rayons

cathodiques et distinct des rayons canaux. Le signe de

la charge des corpuscules formant ce nouveau faisceau

résulte du fait qu’ils sont attirés par une cathode secondaire. D’autre part, si l’on se reporte à mon mé- moire, on y trouve des observations fort simples qui

1. A. DUFOUR, Le Radium, 5, p. 506, 11c col. ligne", 49 t,t

suiv.

de ce faisceau, obtenue par rapproche d’un aimant,

est de sens contraire n celle que subissent des rayons

cathodiques se propageant dans le mcme sens, tandis que les rayons canaux restent sensiblement illlIT10- biles : c’est bien une preuve que le nouveau rayonnc-

ment n’est ni un rayon cathodique, ni un ra3 on canal ordinaire.

L’elnploi du cylindre de Faraday conduira à l’un

des trois résultats suivants : ou l’on recueillera des

charges positives, ou l’on recueillera des charges négative, ou l’on ne recucillera rien du tout.

Si l’on recueille des charges positives, est-ce une

raison pour que ce suient des électrons? ces charges

sont peut-être apportées par des ions ayant subi une

grande déviation par suite d’une action secondaire inconnue.

Si l’on trouve des charges négatives, on devra en conclure, non pas que le nouveau faisceau est formé de charges négatives, ce qui serait absurde étant

donnés le sens de son mouvement et le sens de sa

grande déviation magnétique, mais que l’expérience

est mal faite et que l’on n’a pas su se débarrasser de

phénomènes parasites.

Si enfin on ne recueille aucune charge, c’est égale-

ment que l’expérience est mal faite, car il n’est pas

possible qu’un faisceau attiré par une cathode et dévié par l’approchc d’un aimant ne soit pas électrisé.

Quel que soit le résultat ainsi obtenu, la question

sera-t-clle beaucoup plus avancée qu’actuellement?

L’expérience classique par laquelle M. Jean Perrin

a démontré l’électrisation des rayons cathodiques a joué un rôle fondamental parce qu’elle a établi pour la première fois d’une manière correcte l’existence d’un flux de corpuscules électrisés. Il s’agissait, à

cette époque, de décider entre l’hypothèse d’un mou-

vement vibratoire et celle d’une émission de cor-

puscules. La question n’est plus aujourd’hui :

nous savons que les rayons dévies par un aimant dans

un tube de Crookes ne sont pas des ondulations de l’éther.

D’autre part, l’expérience de M. Jean Perrin, com- plétéc par M. J.-J. Thomson, a pu être réalisée dans des conditions de simplicité qui ne laissent pas de doute sur l’interprétation. Dans un dispositif plus compliqué, sitôt que l’on a affaire à plusieurs rayonne-

ments, l’emploi du cylindre de Faraday ne présente plus la même sûreté. Je lne bornerai à rappeler a cc sujet les expériences de M. Villard sur la charge des

rayons canaux: M. Villard a en effet réussi à recon

naitre que le cylindre de Faraday se charge parfois

sous l’influence de phénomènes parasites 2.

1. Voir Le Radium, 5, p. 196, 2e cul. lignes 21 et suiv.

2. P. VILIARD, Les rivons cathodiques collection Srientia),

p. 101.

(6)

C’est pourquoi, j’estime que dans un cas complexe,

comme celui qui nous occupe, les résultats obtenus

avec le cylindre de Faraday peuvent tromper. Au con- traire, l’observation dc faits très simplus, tels que le

sens du mouvement d’un faisceau et le sens de sa

grande déviation quand on approche un aimant, ne risque pas de conduire a des erreurs d’experience.

M. Dufour estime qu’il faudrait mesurer « au moins

approxiffiati vemcnt » le rapport de la charge à la

masse des électrons positif. Il me semhle que j’ai pourtant été assez explicite â ce sujet : j’ai montré et répété à maintes reprises 1 que le nouveau faisceau

possède la même déviabilité 1nagnétique qu’un fais-

ceaic calhodicl2ce ayant franchi en sens inverse la

mênie chüte de polentiel. A moins clue les corpus- cules ne subissent une influence inconnue autre que les forces des champs électrique et magnétique au voi- sinage de la cathode secondaire qui les attire, ce résultat

établit que la charge spécifique e m est du même ordre

de grandeur pour les électrons positifs et pour les électrons négatifs.

Enfin je trouve dans le mémoire de M. Dufour la

phrase suivante 2: « Il y aurait là une différence de

propriétés difficile à admettre entre des électrons qui

ne sc distingueraient les uns des autres que par le

signe de leur charge )).

Voici ce clue j’avais dit à ce sujet dans mon mé-

moire 5 : (( Le fait que les électrons positifs et négatifs

ont un rapport de la charge à la masse du même ordre

de grandeur ne signifie nullement que ces deux sortes

d’électrons soient semblables. Nous n’avons en effet

aucune donnée sur la grandeur de la charge ou de la

masse d’un électron positif )). J’exprime ensuite quel-

ques idées, tout à fait hypothétiques d’ailleurs, d’après lesqnelles les charges des deux sortes d’électrons ne

seraient pas de même grandeur; ce sont précisément

les différences de propriétés, qui ont très justement frappé M. Dufour, qui m’ont empêché de considérer les électrons positifs, s’ils existent, comme ne différant

des électrons négatifs que par le signe de leur charge.

III

A quelle conclusion nous conduisent tous ces faits?

Les électrons positifs sont-ils une réalité Voici, à

mon sens, à quel point en ebt aujourd’hui la question.

Il y a quelques années, on connaissait les phéno-

mènes suivants :

10 On avait étudié dans les tubes de Crookes un

faisceau très déviable par l’aimant (rayons cathodiques) composé d’électrons négatifs et un faisceau très peu 1. JEAN BECQUEREL, C. R., 146, 22 juin 1908 ; Le Radiiini, 5, p. 195, 2e col., lignes 41 et suiv. 1re col. lignes 11 et suiv.

p. 199, 2° col. lignes 25 et suiv.

2. A. DUFOUR, Le Radium, 5, p. 306, 2e col. lignes 9 (.t suiv.

3. JEAN BECQUEREL, Le RadÚl1n, 5, p. 200, lignes 12 et suiv.

sensible à un champ magnétique (rayons canaux) furmépardes molécules-ions ou des atomes-ions positifs.

2° M. Zeeman, ut après lui de nombreux physiciens

avaicnt obtenu, sous l’action d’un champ magnétique,

un changement de période des raies spectrales. Ce phé- noménc, qui sc produisait toujours dans le même sens,

avait été attribué par tous les partisans dcs théories

électroniques à des électrons négatifs.

5° On avait observé dans les gaz des phénomènes

de polarisation rotatoire magnétique intimement liés

au phénomène de Zeernan, et dus aux changements de fréquence des vibrations des électrons négatifs. Dans

les solides, les effets très complexes au voisinage des

bandes d absorption étaient inexpliqués et avaient sou-

levé bien des controverses.

Depuis 1906, les faits suivants ont été établis:

1° J’ai obtenu dans un tuhe de Crookes à côté des rayons cathodiques et des rayons canaux un troisième faisceau qui possède une déviabilité magnétique du

même ordre de grandeur que celle d’un des faisceaux

cathodiques, mais de sens inverse par rapport au sens de propagation des corpuscules.

2° J’ai observé dans les spectres d’absorption des

cristaux et des solutions, un phénomène de même

nature que le phénomène de Zeeman et montré l’exis-

tence de deux effets de sens opposés. Ces observations ont été étendues par M. Duf’our à divers spectres d’émission de molécules de corps à l’état gazeux.

3° J’ai établi que dans les corps solides les phéno-

mènes de polarisation rotatoire magnétique auprès des

bandes, sont liées aux variations de ces bandes et se

produisent par conséquent, tantôt dans le sens prévu

pour les électrons négatifs, tantôt dans le sens opposé.

La superposition fréquente de rotations de sens con-

traires auprès des bandes complexes est la cause des

effets jusqu’alors inexpliqués.

Ainsi, à chacun des anciens phénomènes alti--ibités

aux élect)-ons négatifs, j’ai fait correspondre, expé- rimentalement, un phénoniène de même nature, mais de sens contrairel

Il est théoriquement possible d’attribuer tous les

phénomènes magnéto-optiques, quel que soit leur sens,

aux électrons négatifs, niais on rencontre alors des dif-

ficultés qui n’ont pu jusqu’à présent être résolues.

D’autre part, personne n’est parvenu à rendre compte, au moyen des phénomènes connus, des pro-

priétés du nouveau faisceau qui prend naissance par l’action des rayons cathodiques sur les rayons canaux.

Tous ces phénomènes s’expliquent simplement si

l’on suppose la matière constituée par des électrons

négatifs et des électrons positifs possédant des charges

spéciriques e m du même ordre de grandeur ; mais

l’existence de ces électrons positifs n’est pas démon-

trée, car on ne peut pas prouverclu’il n existe ’pas

d’autres interprétations.

(7)

hypothèses, il en est qui acquièrent un degré de vrai-

semblance de plus en plus grand; telle est l’hypothèse

des électrons négatifs. Depuis la découverte des rayons

cathodiques, les physiciens ont trouvé tout un ensem-

hle de faits, dans toutes les branches de la physique, qui se groupent de la façon le plus logique autour de

cette théorie, fails qu’on ne voit pas le moyen, non seulement d’interpréter individuellement, mais surtout

de relier d’une autre manière et c’est ce qui donne

tant de poids n la théorie électronique.

Peut-il en être de même aujourd’hui au sujet des

électrons positifs‘? Nous venons de voir quels sont les

faits qui peuvent être groupés au moyen de cette hypo- thèse, et il faut encore y joindre le vieux phénomène

de Ilall. Ce phénomène, dont le sens n’est pas tou-

jours le même, avait déjà donné lieu à l’idée des électrons positifs, que plusieurs physiciens avarient

même réussi à introduire dans les théories sans sou-

lever de trop grandes protestations. Le phénomène de

Hait était d’ailleurs parfaitement insuffisant pour jus-

tifier à lui seul une hypothèse aussi hardie, mais au- jourd’hui les faits auxquels on peut rattacler l’idée

des électrons positifs se sont bien étendus : toutefois,

ils sont loin d être aussi nombreux que ceux qui se rapportent aux électrons négatifs, et ils sont très

récents. L’avenir seul nous apprendra s’ils sont bien

attribuables à un second constituant de la matière,

Quelques savantes pensent que l’hypothèse des élec-

trons positifs- est une grande complication dans les

théories électroniques. Mais, pour ma part, je ne puis m’imagincr la matière commc fornlee unique-

ment par un assemblage de charge négatives. Les charges positives doivent bien se retrouver quelque part! Faut-il leur attribuer une essence mystérieuse?

N’est-il pas au contraire plus conforme aux idées de simplicité qui sont a la base même des théories mo-

dernes, de penser que les charges positives sont de

nature atomique, comme les charges négatives ? Mais

alors c’est admettre l’existence des électrons positifs,

et, s’ils existent, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne puissent jamais se manifester.

La conclusion sera la suivants : l’hypothèse des

électrons positifs nou seulemcnt suffit, mais par- vient seule actuellement à expliquer un ensemble de phénomènes. Il me semble donc qu’au moment même

où des faits nouveaux apportent à cette hypothèse une

vraisemblance de plus en plus grande, il ne convient guère, comme le font quelques physiciens, de mani-

fester contre elle une avcrsion souvent in,justifiée, quel- quefois fondée sur d’importantes idées théoriques,

mais dans tous les cas ne reposant sur aucune base

expérimentale.

[Reçu le 7 décenlbre 1908.]

MÉMOIRES TRADUITS

La production de l’hélium par l’uranium 1

Par F. SODDY

[Laboratoire de physique de l’Université de Glascow.]

Dans un travail publié dans le numéro d’octobre

1908 du Philosophical Magazine 2, j’ai donné l’exposé préliminaire des tentatives de recherche et de mesure

de la production d’hélium par les premiers corps radio- actifs, dont je m’occupe depuis 1905. Les résultats pré-

seutés étaient peu nombreux et se rapportaient principa-

lement au thorium. Les résultats ultérieurs qui suivent,

obtenus avec l’uranium depuis la publication de cette

note, apportent quelques faits nouveaux. La méthode

1. Note publiée dans IfatuJ’e, 79-1908-129.

2. Yoit’ Le Radium, 5-1908-348.

employée est décrite en détail dans la note citée. Grâcc

à des dispositions spéciales, les solutions des substances

employées peuvent être complètement débarrassées d’air

et maintenues indéfiniment dans cet état. Après une période quelconque, désirée, d’accumulation, les gaz

peuvent être complètement chassés par ébullition de la solution, par un courant de gaz produit par un volta- nlètre. Les gaz dégagés sont desséchés par congélation,

et sont alors soumis à l’action de la vapeur de calcium

dans un four spécial à vide, oil tous les gaz inertes

sont parfaitement absorbés. Après refroidissement le

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