République Algérienne Démocratique et Populaire
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université des Frères Mentouri, Constantine
Faculté des Sciences Exactes
Département de Mathématiques
N
0d’ordre : 176/DS/2018
Série : 08/MATH/2018
T H È S E
Pour obtenir le titre de
Docteur en Sciences
Mention : MATHÉMATIQUE
Option :
Analyse fonctionnelle & EDP
Présentée et soutenue par
Meneceur Bekkar
Intitulée:
Résolutions de quelques équations différentielles
fractionnaires sur l'espace d'Heisenberg
Jury:
Mr Dalah Mohamed Prof Université des Frères Mentouri Président
Mr Haouam Kamel Prof Université de Tébessa Rapporteur
Mr Berkane Abdelhak MCA
Université des Frères Mentouri Examinateur
Mr Rebiai Belgacem Prof Université de Tébessa Examinateur
Mr Mansour Abdelouahab Prof Université d'El‐Oued Examinateur
Mr M Salah Abdelouahab MCA Université de Mila Examinateur
Soutenue publiquement le 25/10/2018 à l'Université des Frères Mentouri, Constantine
لولح
ةّيرسكلا ةّيلضافتلا تلاداعملا ضعب
ءاضف ىلع
.غرابنزياھ
:
صخلم
هذھ ىنعت
ةحورطلأا
و تلاداعملا نم ةلمجل ةلماشلا لولحلا دوجو مدع ةلأسم ةساردب
ةيئزجلا ةيلضافتلا تلاداعملا مظن
ريغ
ةيطخلا
ّيرسك بتر تاذ
ة
ةبسنلاب
ىلع نمزلل
هرمز
غابنزياھ
,
زكترت ثيح
ةيرابتخلإا لاودلا ةقيرط ىلع اساسأ نيھاربلا تاينقت ةقيرط
نييعتل
.اتيجيف طمن نم ةجرحلا سلأا
:ةلاّدلا تارابعلا و ةيحاتفملا تاملكلا
غرانزياھ ةرمز
-تاقتشم
ةيرسك
-سلأا
ةجرحلا
-ةقيرط
عباوتلا
ةيرابتخلاا
-مدع
جو
دو
لولحلا
-. ةّيروطت (ةحجارتم) ةلداعم
Resolutions of some fractional
differential equations on the
Heisenberg space.
Abstract:
This thesis is devoted to the study of the non‐existence problems of global solutions for some PDEs and partial differential systems with fractional derivatives with respect to time, the basic idea of proofs is based on the method of the functions test for the determination of the Fujita type exponent.Key words and phrases:
Heisenberg group ‐ fractional derivative ‐ critical exponent ‐ test function method ‐ evolution equations (inequalities) ‐ non‐existence solutions.Résolutions de quelques équations
différentielles fractionnaires sur
l’espace d’Heisenberg.
Résumé
: Cette thèse est consacrée à l'étude des problèmes de la non‐existence des solutions globales pour certaines EDPs et systèmes des EDPs avec des dérivées fractionnaires par rapport au temps, l'idée de base des preuves repose sur la méthode des fonctions tests pour la détermination l'exposant critique de type Fujita.Mots‐clés et expressions:
Groupe d'Heisenberg ‐ dérivée fractionnaire ‐ exposant critique ‐ méthode des fonctions tests ‐ équations d'évolution (inégalités) ‐ non‐existence des solutions.Remerciement
J’ai exprime ma profonde gratitude à mon directeur de thèse, le professeur Haouam Ka-mel, qui a su me pendant ma thèse. Je le remercie pour l’aide compètent qu’il m’a apporté, pour sa grande patience et son encouragement à finir ce travail.
Je suie très honoré par la présence à mon jury de thèse de doctorat et que je remercie beaucoup :
• Professeur Dalah Mohamed, pour l’honneur qu’il m’a fait en acceptant d’être
pré-sident de mon jury de thèse, je tiens à l’assurer de ma profonde reconnaissance pour l’intérêt qu’ il porte à ce travail.
• Professeur Rebiai Belgacem, pour sa participation à mon jury de thèse en qualité
d’examinateur de mon travail et pour toutes ses remarques intéressantes.
• Docteur Berkane Abdelhak, pour sa participation à mon jury de thèse, pour le temps
consacré à la lecture de cette thèse et pour ses suggestions et ses remarques judicieuses.
• Docteur Mohamed Salah Abdelouahab, qui a bien voulu examiner ce travail et je
le remercie pour le temps consacré à la lecture de cette thèse ainsi que pour ses commentaires.
• Et spécialement je tiens à exprimer ma reconnaissance au professeur Mansour
Abde-louahab, pour son soutien permanent dans laboratoire de TOEDP.
Enfin je n’oublierai pas tous ceux qui m’ont encouragé pour terminer ce travail du loin ou du près à tous ceux-ci.
Table des matières
Remerciement i Introduction 1 1 Le groupe d’Heisenberg HN 6 1.1 Groupe de Lie . . . 6 1.1.1 L’application exponentielle . . . 8 1.2 Groupe de Carnot . . . 91.2.1 Groupe de Lie homogène . . . 9
1.2.2 Algèbre de Lie d’un Groupe de Lie homogène . . . 9
1.2.3 L’opérateur sous-Laplacien d’un groupe de Lie stratifié . . . 11
1.2.4 Distance de Carnot-Carathéodory . . . 11
1.3 Le groupe de Heisenberg HN . . . . 16
1.4 Puissances fractionnaires de sous-Laplacien d’un groupe de Lie stratifié . . . 17
2 Dérivées et intégrales fractionnaires 19 2.1 Fonctions spéciales liées au calcul fractionnaire . . . 19
2.1.1 La fonction Gamma. . . 19
2.1.2 La fonction Bêta . . . 20
2.1.3 La fonction Mittag-Leffler . . . 21
2.2 Dérivées fractionnaires au sens de Grünwald-Letnikov . . . 23
2.2.1 Dérivée fractionnaire de (t− a)α . . . . 24
2.2.2 Dérivée fractionnaire d’une constante . . . 25
2.2.3 Composition avec les dérivées d’ordre entier . . . 26
2.2.4 Composition des dérivées fractionnaires . . . 27
2.3 Intégrales et dérivées fractionnaires au sens de Riemann-Liouville . . . 27
2.3.1 Intégrales d’ordre arbitraire . . . 27
2.3.3 Compositions . . . 33
2.4 Dérivées fractionnaires au sens de Caputo . . . 38
2.4.1 Relation entre les dérivées fractionnaires au sens de Caputo et celles de Riemann-Liouville . . . 39
2.5 Propriétés des dérivées fractionnaires . . . 41
2.5.1 Linéarité . . . 41
2.5.2 Règle de Leibniz . . . 42
2.5.3 Intégration par parties . . . 43
2.6 Intégrales et dérivées fractionnaires partielles . . . 45
3 Systèmes d’inégalités d’évolution non linéaire avec dérivée fractionnaire temporelle sur le groupe d’Heisenberg 47 3.1 Introduction . . . 48
3.2 Notations et préliminaires . . . 49
3.3 Système de deux inégalités . . . 51
3.4 Système de m > 2 inégalités . . . 56
3.5 Cas d’une seule inégalité . . . 59
4 Non-existence de solution du système d’équations hyperboliques non li-néaire avec amortissement fractionnaire sur le groupe d’Heisenberg 64 4.1 Introduction . . . 65
4.2 Cas d’une seule équation . . . 66
4.3 Système de deux équations . . . 70
5 Non-existence de solution du système d’équations de réaction-diffusion fractionnaires non linéaires sur le groupe d’Heisenberg 76 5.1 Introduction . . . 77
5.2 Notations et préliminaires . . . 78
5.3 Cas d’une seule équation . . . 79
5.4 Système de deux équations . . . 83
Conclusion et perspectives 88 A Annexe 89 A.1 Inégalités utiles . . . 89
A.2 Quelques théorèmes de convergence . . . 89
Introduction
L
e calcul fractionnaire : ( calcul d’intégrales et dérivation de tout ordre arbitraire réel ou complexe) a vu une grande expansion durant les trois dernières décennies. Du fait qu’il a plusieurs applications dans beaucoup de domaines aussi bien des mathématiques, de la physique, que des sciences et de la technologie. Ce travail s’inscrit dans le cadre des équations différentielles fractionnaires sur le groupe d’Heisenberg. Rappelons que le groupe d’Heisenberg HN est le groupe R2N +1 muni d’une loi de multiplication non commutative(x, y, τ )◦ (x′, y′, τ′) = (x + x′, y + y′, τ + τ′ + 2(yx′− y′x)).
C’est un groupe de Lie homogène muni d’une structure de dilatations
δλ(x, y, τ ) = (λx, λy, λ2τ ), λ > 0, (1)
δλ = −δ|λ|, λ < 0.
dont la dimension homogène est égale à Q = 2N + 2. Le système de champs de vecteurs suivant
Xj = ∂xj + 2yj∂τ, Yj = ∂yj− 2xj∂τ, j = 1, ..., N. (2)
est invariant à gauche par rapport à la structure du groupe. L’algèbre de Lie de HN est
engendrée par ce système, et vérifie :
[Xj, Yj] =−4∂τ ≡ −4S, et [Xj, S] = [Yj, S] = 0, j = 1, ..., N
Le Laplacien du groupe d’Heisenberg ∆H s’écrit sous la forme ∆H = N ∑ j=1 ( Xj2+ Yj2) (3) La distance homogène de HN est donnée par
Introduction
où
ρ(x, y, τ ) =((|x|2+|y|2)2+ τ2 )1/4
. (4)
L’objectif principal de cette thèse est d’établir quelques résultats de non-existence de solution pour quelques EDPs non linéaires d’ordres fractionnaires sur le groupe d’Heisenberg. L’idée de base des preuves dans cette thèse repose sur la méthode des fonctions testes choisies convenablement à la recherche des exposants critiques de type Fujuta.
Cette thèse est organisée de la manière suivante. Le premier chapitre
Le groupe d’Heisenberg est un exemple particulier d’une large classe de groupes de Lie La première partie de ce chapitre rappelle quelques outils de base de groupe de Lie et de l’algèbre de Lie. Quant à la deuxième partie, elle se concentre plus particulièrement sur les groupes d’Heisenberg, aussi que sur certains éléments de base d’analyse sur le groupe d’Heisenberg.
Le deuxième chapitre
Dans ce chapitre, nous allons donner quelques définitions et résultats concernant le calcul intégrale et dérivée fractionnaire au sens de Riemann-Liouville et au sens de Caputo.
Le troisième chapitre
Dans ce chapitre, nous allons établir des résultats de non-existence de solution de système d’inégalités d’évolution fractionnaire non linéaire de type :
(F Sαm) :
Dα0/tui − ∆H(aiui)≥ | η |γi+1| ui+1 |pi+1
(η, t) ∈ HN×]0, +∞[, 1 ≤ i ≤ m
um+1 = u1 α∈ (1, 2)
(5)
où Dα
0/test la dérivée temporelle fractionnaire d’ordre α∈ (1, 2) au sens de Caputo, | η | est la
distance entre η et l’origine deHN, m≥ 2, pm+1 = p1, γm+1 = γ1, et ai ∈ L∞(HN×]0, +∞[), 1 ≤
i≤ m.
Nous allons montrer sous certaines conditions initiales, que le système (F Sm
α) n’admet pas
de solution faible non triviale surHN. Si α = 2 nous obtiendrons les résultats contenus dans [24, 25, 38]. Le travail effectué dans ce chapitre a fait l’objet d’une publication internatio-nale : Systems of semilinear evolution inequalities with temporal fractional derivative on the Heisenberg group, Advances in Dfference Equations, 2017 (2017)-12, 1-15. (voir [35]).
Introduction Théorème 0.1. Si Q < Q•α = 2 ( 1− 1 α ) + 1 p1p2− 1 max ((γ1+ 2) + p1(γ2 + 2), p2(γ1+ 2) + (γ2 + 2))
alors il n’y a pas de solution faible non triviale (u, v) de système (F Sα2). Et dans le cas de m > 2 inégalités, on aura le résultat suivant
Théorème 0.2. Supposons que
Q < Q•α = 2 ( 1− 1 α ) + max (X1, X2, ..., Xm)
alors le système (F Sαm) n’admet pas de solution faible non triviale où (X1, X2, ..., Xm)T la solution du système linéaire
−1 p1 0 . . . 0 0 −1 p2 . .. ... .. . . .. ... ... 0 0 0 . .. ... pm−1 pm 0 . . . 0 −1 X1 X2 .. . Xm−1 Xm = γ1+ 2 γ2+ 2 .. . γm−1+ 2 γm+ 2 (6)
Et dans le cas d’une seule inégalité, on aura le théorème suivant Théorème 0.3. Soit N ≥ 1 et p > 1 on suppose que :
γ >−2 et 1 < p < α(Q + γ) + 2
α(Q− 2) + 2 (7) alors le problème (F Iα)≡ (F Sα1) n’admet pas une solution faible globale autre que la solution
triviale.
Le quatrième chapitre
Dans ce chapitre, nous allons présenter certains résultats de non-existence de solution des problèmes hyperboliques non linéaire avec amortissement fractionnaire de type :
utt+ Dα0/tu− ∆H(au) = | u |
p
Introduction { utt+ Dα0/tu− ∆H(au) = | v |p vtt+ Dδ0/tv− ∆H(bv) = | u | q (9) dans HN × R+, où α, δ∈ (0, 1) et a, b ∈ L∞(HN × R+).
Dans le cas de l’équation (8) on aura le résultat suivant Théorème 0.4. Soit N ≥ 1 et p > 1 on suppose que :
γ >−2 et 1 < p < Q +
2
α + γ
Q + 2(α1 − 1) (10) alors l’équation (8) n’admet pas une solution faible globale autre que la solution triviale.
Si α = 1, nous retrouverons le résultat obtenu par B. Ahmad et al [4]. Et dans le cas du système (9), on aura le théorème suivant
Théorème 0.5. Supposons que
Q < Q∗e = max{Q1, Q2} , où Q1 = α ( 1 + 2qγ ) +δq ( 1 + 2pβ ) −(1− pq1 ) α 2q′ + δ 2p′q , Q2 = δ ( 1 + 2pβ ) + α p ( 1 + 2qγ ) −(1− 1 pq ) δ 2p′ + α 2q′p . (11)
alors le système (9) n’admet pas une solution faible globale (u, v) autre que la solution triviale.
Si α = δ = 1, nous obtiendrons le résultat de M. Boutefnouchet et M. Kirane [13].
Le dernier chapitre
Dans ce chapitre nous allons établir certains résultats de non-existence de solution des problèmes paraboliques non locales de réaction-diffusion fractionnaire de type :
(F RD)α,β : Dα0/tu + (−∆H)
β
Introduction (SF RD)α,β,δ : { Dα0/tu + (−∆H) β 2 u = | v |p, Dδ 0/tv + (−∆H) β 2 v = | u |q. (13) avec m est un entier strictement positif, α, δ ∈ (0, 1) et β ∈ (1, 2). Le travail effectué dans ce chapitre est un sujet d’une publication international : Non-existence of global solutions of non-linear non-local fractional evolution systems on the Heisenberg group (Envoyer)
Dans le cas scalaire on aura le résultat suivant
Théorème 0.6. Soit N ≥ 1 et p > 1 on suppose que : 1 < m < p < pm,α,β = m +
β
αQ, (14)
alors le preblème (12) n’admet pas une solution faible globale autre que la solution triviale.
Et dans le cas du système (13) on aura le théorème suivant Théorème 0.7. supposons que
Q < Q∗e = β
pq− 1max{pq(α − 1) + δp + 1, pq(δ − 1) + αq + 1} ,
Alors le système (13) n’admet pas une solution faible globale (u, v) autre que la solution triviale.
Si α = δ = 1 nous généraliserons et améliorerons les résultats obtenus dans [4, 13] pour les cas paraboliques.
Chapitre 1
Le groupe d’Heisenberg
H
N
1.1
Groupe de Lie
Définition 1.1. Un ensemble G est dit groupe de Lie si :
— G est une variété différentiable de classe C∞. — G munie d’une loi de groupe ◦ : G × G −→ G.
— Les applications suivantes (produit et inversion de G) (x, y) 7−→ x ◦ y et x 7−→ x−1 sont de classe C∞.
Exemples 1.1. :
1. (Rd, +).
2. LG(n,R) = {M ∈ Mn(R); detM ̸= 0} par rapport au produit des matrices.
3. O(n) ={A ∈ Mn(R); ATA = In}.
Définition 1.2. Soit a est un élément de G. Une translation à gauche sur le groupe de Lie G est le difféomorphisme défini par
La:G −→ G
g 7−→ Lag = a◦ g. (1.1)
Définition 1.3. Soit a est un élément de G. Une translation à droite sur le groupe de Lie G est le difféomorphisme défini par
Ra:G −→ G
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1
Remarques 1.1. Soient a et b deux éléments de G, alors on a
1. La◦ Lb = La◦b ∈ C∞.
2. Ra◦ Rb = Rb◦a ∈ C∞.
3. La◦ La−1 = Ra◦ Ra−1 = IG.
Définition 1.4. (Champs de vecteurs invariants à gauche)
Soient G est un groupe de Lie et La le difféomorphisme donné par (1.1). On note par d(La)
la différentielle de La définie par
d(La)(Xg) = (TgLa)(X), ∀a, g ∈ G,
où TgG est l’ensemble des vecteurs tangents au point g ∈ G. Un champ de vecteurs X est
invariant à gauche si
d(La)(Xg) = Xa◦g, ∀a, g ∈ G.
Définition 1.5. (algèbre de Lie)
Une algèbre de Lie g sur R est un espace vectoriel sur R muni d’une loi interne bilinéaire
[., .] : g× g −→ g, appelée le crochet de Lie tels pour tous X,Y et Z dans g on a :
1. [X, Y ] = −[Y, X] (antisymétrique).
2. [X, [Y, Z]] + [Y, [Z, X]] + [Z, [X, Y ]] = 0 (l’identité de Jacobi).
Proposition 1.1. Soient X et Y deux champs de vecteurs invariants à gauche. pour tous
a, g ∈ G et λ ∈ R, on a
1. d(La)(Xg+ λYg) = d(La)(Xg) + λd(La)(Yg) = Xa◦g+ λYa◦g = (X + λY )a◦g.
2. d(La)([X, Y ]g) = [d(La)(Xg), d(La)(Yg)] = [X, Y ]a◦g.
Définition 1.6. (algèbre de Lie d’un groupe de Lie)
Soit G un groupe de Lie. L’ensemble de tous les champs de vecteurs invariants à gauche de
G muni de l’opération crochet de Lie est une algèbre de Lie du groupe de Lie G, que l’on
note L(G).
Théorème 1.1. SoitG un groupe de Lie et L(G) son algèbre. Alors, l’application de L(G) −→
TeG définie par X 7−→ Xe est un isomorphisme entre L(G) et l’espace tangent TeG à G en
e. Donc dim(L(G)) = dim(TeG) = dim(G).
Démonstration. Soit e l’élément neutre de G. Pour tout Xe ∈ TeG, un champ vecteurs Xa
est définit par
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1
D’autre part on a pour tout g∈ G.
d(Lg)(Xa) = d(Lg)(d(La)(Xe)) = d(LgLa)(Xe) = d(Lg◦a)(Xe) = Xg◦a
Alors Xaest invariant à gauche par conséquent Xa ∈ L(G). Ainsi pour tout élément de L(G)
qui satisfait (1.3), on a isomorphisme entre L(G) et TeG.
1.1.1
L’application exponentielle
Définition 1.7. (La courbe exponentielle) : SoitG un groupe de Lie et L(G) son algèbre
de Lie. Soient X ∈ L(G) et γ(t) la courbe intégrale de X passant par l’élément neutre de G à l’instant t = 0 définie sur R. On définit l’application expX : R −→ G par expX(t) = γ(t)
et qui vérifie { expX(0) = e dtexpX (d dr|r=t ) = XexpX(t), ∀t ∈ R (1.4) Proposition 1.2. Soit (G, ◦) un groupe de Lie et L(G) son algèbre de Lie. Pour tout X ∈
L(G) on a
1. expX(t + s) = expX(t)◦ expX(s), ∀t, s ∈ R.
2. expX(−t) = (expX(t))−1,∀t ∈ R.
3. expX(0) = e
Définition 1.8. (L’application exponentielle) : Soient (G, ◦) un groupe de Lie et L(G)
son algèbre de Lie. L’application définie par
Exp : L(G) −→ G
X 7−→ expX(1) (1.5)
est appelée l’application exponentielle associée au groupe de Lie G.
Proposition 1.3. Soit (G, ◦) un groupe de Lie et L(G) son algèbre de Lie. Pour tout X ∈
L(G) on a
1. Exp(tX) = expX(t), ∀t ∈ R.
2. Exp((t + s)X) = Exp(tX)◦ Exp(sX) ∀t, s ∈ R. 3. Exp(−tX) = (Exp(tX))−1, ∀t ∈ R.
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1 Démonstration. Pour tout t∈ R. Considérons l’application définie par s 7−→ γ(s) ≡ expX(ts)
pour tout s ∈ R. Comme γ(0) = expX(0) = e et ˙γ(s) = tXexpX(ts) = tXγ(s), alors γ
la courbe intégrale de tX, d’après la définition 1.7 on a γ(s) = exptX(s). Par conséquent
expX(ts) = exptX(s), pour s = 1, on obtient expX(t) = exptX(s) = Exp(tX).
D’autre part, on a
Exp((t + s)X) = expX(t + s) = expX(t)◦ expX(s) = Exp(tX)◦ Exp(sX).
et
Exp(−tX) = expX(−t) = (expX(t))−1 = (Exp(tX))−1.
1.2
Groupe de Carnot
1.2.1
Groupe de Lie homogène
Définition 1.9. Un groupe de Lie G est dit homogène, s’il est muni d’une famille de
dilatations {δa}a>0 qui vérifie la propriété suivante : Il existe N entiers σ1, ..., σN où
1≤ σ1 ≤ ... ≤ σN tel que pour tout a > 0 l’application
δa:G −→ G, δa(x1, ..., xN)≡ (aσ1x1, ..., aσNxN) (1.6)
est un automorphisme de groupe.
Remarque 1.1. Si e l’élément neutre d’un groupe homogène G, alors δa(e) = e pour tout
a > 0, par conséquent e = 0.
Définition 1.10. Soit G un groupe de Lie homogène par rapport à la dilatation 1.6 La demension homogène Q de G par rapport à la dilatation 1.6 est donnée par la somme des exposants de la dilatation, c’est à dire Q =
N
∑
j=1
σj.
1.2.2
Algèbre de Lie d’un Groupe de Lie homogène
Soit G un groupe de Lie homogène par rapport à la dilatation δa, et L(G) son algèbre de
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1 poser n1 = σj pour 1≤ j ≤ N1 n2 = σj pour N1 < j≤ N1 + N2 .. . nr = σj pour N1+ ...Nr−1 < j ≤ N1+ ...Nr (1.7) tel que n1 < n2 < ... < nr, N1 + N2+ ... + Nr= N
soit {Z1, ..., ZN} une base de L(G) on définit les sous espaces vectoriels de L(G) par :
V1 = ⟨Zj, 1≤ j ≤ N1⟩ Vi = ⟨Zj, N1+ ...Ni−1 < j ≤ N1+ ...Ni⟩ pour i = 2, ..., r Alors L(G) = r ⊕ i=1 Vi.
Définition 1.11. Soit g une algèbre de Lie nous définissons la suite (Ci) par C0 = g et
Ci+1= [Ci, g] S’il existe un entier r tel que Cr+1 ={0}, on dit que g est nilpotente d’ordre r
(r le plus petit entier tel que Cr+1 ={0}).
Définitions 1.1. 1. Une algèbre de Lie g est dite admettant une stratification s’il existe r sous espaces vectoriels V1, ..., Vr de g tels que :
g = r ⊕ i=1 Vi et [V1, Vi−1] = Vi, 2≤ i ≤ r [V1, Vr] ={0}.
2. Un groupe de Lie G est dit stratifié s’il est connexe et simplement connexe, et son algèbre de Lie L(G) admet une stratification.
Remarque 1.2. toute algèbre de Lie admet une stratification est nilpotente.
Définition 1.12. SoitG un groupe de Lie et L(G) son algèbre de Lie, G un groupe de Carnot
si :
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1 2. L(G) admet une stratification.
Théorème 1.2. (voir [39]) Soit G un groupe de Carnot et L(G) son algèbre de Lie, alors L(G) un groupe de Lie isomorphe à G par l’application exponentielle.
Théorème 1.3. (voir [39]) Soit (G, ◦) un groupe de Carnot, alors il existe un groupe de Lie
(Rn, ⋆) qui est isomorphe à (G, ◦).
1.2.3
L’opérateur sous-Laplacien d’un groupe de Lie stratifié
Définition 1.13. Soient G un groupe de Lie stratifié et L(G) son algèbre de Lie. S’il existe
une stratification de L(G), i.e, L(G) = V1⊕ V2⊕ ... ⊕ Vr, où {Z1, Z2, ...Zm} est une base
de V1, alors l’opérateur différentiel d’ordre 2, L =
∑m j=1Z
2
j est appelé sous-Laplacien de G.
Définition 1.14. (Hypoellipticité)
On dit qu’un opérateur différentiel L défini sur un ouvert Ω ∈ RN est hypoelliptique dans Ω
si pour tout ouvert Ω′ ⊆ Ω et pour tout f ∈ C∞(Ω′,R), toute solution de l’équation Lu = f dans Ω′ (au sens faible) est de classe C∞(Ω′).
Théorème 1.4. (voir [10, 29])(Hörmander)
Soient Z1, ..., Zm des champs de vecteurs à coefficients de classe C∞ sur un ouvert Ω de
RN. Si
rang(Lie{Z1, ..., Zm}(x)) = N, ∀x ∈ Ω. (1.8)
l’opérateur L =∑mj=1Z2
j est hypoelliptique dans Ω.
1.2.4
Distance de Carnot-Carathéodory
Définition 1.15. Un système de champs de vecteurs X = (X1, ..., Xk) sur un ouvert Ω⊂ RN
est appelé un système de Hörmander si dimspan{Y (x)|Y ∈ Lie(X)} = N pour tout x ∈ Ω, où Lie(X) est l’algèbre de Lie générée par l’ensemble des champs de vecteurs X.
Remarque 1.3. Si (RN, ⋆) est un groupe de Carnot et
B =(X11, X21, ..., Xn11, X12, ..., Xn22, ..., X1r, ..., Xnrr)
est une base de g adaptée à la stratification, alors X =(X11, X21, ..., Xn11) est un système de Hörmander.
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1
Définition 1.16. Soit X = (X1, ..., Xk) est un système de Hörmander dans Ω ⊂ RN.
Une courbe X-subunitaire est une courbe absolument continue Γ : [0, T ]−→ Ω telle que
Γ′(t) =
k
∑
j=1
αj(t)Xj(Γ(t)),
pour certaines fonctions réelles αi avec
∑k
i=1(αi(t))
2 ≤ 1. Nous dénotons par S(x, y)
l’en-semble de toutes les courbes X-subunitaire joignant x et y.
Théorème 1.5. (Théorème de l’accessibilité de Chow [12]) Soit Ω un ouvert dans RN et X = (X1, ..., Xk) est un système de Hörmander sur Ω, alors pour chaque couple x, y ∈ Ω
il existe une courbe X-subunitaire Γ∈ S(x, y) rejoindre x et y.
Définition 1.17. Si Γ : [0, T ] −→ (RN, ⋆) est une courbe X-subunitaire par rapport à
X = (X11, X21, ..., Xn11), nous l’appelons courbe subunitaire horizontale et nous définissons sa longueur par l(Γ) = T .
Définition 1.18. (Distance de Carnot-Carathéodory) Nous définissons la distance de
Carnot-Carathéodory sur (RN, ⋆) par :
dCC = inf{l(Γ), Γ ∈ S(x, y)}
Proposition 1.4. Si d la distance de Carnot- Carathéodory surRN, on a pour tout x, y, g ∈
RN et λ > 0
d(Lg(x), Lg(y)) = d(x, y) (1.9)
d(δλ(x), δλ(y)) = λd(x, y) (1.10)
Démonstration.
• Il suffira de prouver que Γ : [0, T ] −→ RN appartient à S(x, y) si et seulement si
Lg◦ Γ : [0, T ] −→ G appartient à S(Lg(x), Lg(y). Depuis Lg est assez régulière alors Lg ◦ Γ
est absolument continue et il est évident que Lg ◦ Γ(0) = Lg(x) et Lg◦ Γ(T ) = Lg(y), donc
nous pouvons calculer
(Lg ◦ Γ)′(t) = (dLg) (Γ(t)) n1 ∑ j=1 αj(t)Xj(Γ(t)) = n1 ∑ j=1 αj(t) (dLg) (Γ(t)) Xj(Γ(t)) = n1 ∑ j=1 αj(t)Xj(Lg◦ Γ(t)) (1.11)
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1
où dans l’égalité (1.11) nous avons utilisé l’invariance à gauche de Xj.
• Pour la deuxième égalité, il suffira de prouver que Γ : [0, T ] −→ RN est une courbe
X-subunitaire si et seulement si Γλ : [0, λT ] −→ G, Γλ(t) = δλ
(
Γ(λt)) est une courbe X-subunitaire, d’une part on a
Γ′(t) = n1 ∑ j=1 αj(t)Xj(Γ(t)) = n1 ∑ j=1 αj(t) n ∑ i=1 ai,j(Γ(t)) ∂xi D’autre part Γ′λ(t) = n ∑ i=1 λdi−1 n1 ∑ j=1 αj ( t λ ) ai,j ( Γ ( t λ ) ) ) ∂i = n ∑ i=1 n1 ∑ j=1 αj ( t λ ) ai,j ( δλ◦ Γ ( t λ ) ) ) ∂i = n1 ∑ j=1 αj ( t λ ) Xj(Γλ(t))
car ai,j sont homogènes de degré di− 1.
Corollaire 1.1. Si d la distance de Carnot-Carathéodory sur RN, on a pour tout x, y∈ RN
d(x, y) = d(y−1◦ x, 0) (1.12)
d(x−1, 0) = d(x, 0) (1.13)
Démonstration. En remplaçant g par y−1 dans (1.9) on obtient
d(x, y) = d(Ly−1(x), Ly−1(y)) = d(y−1◦ x, y−1◦ y) = d(y−1◦, 0)
et on posant x = 0 dans (1.12), on obtient la deuxième égalité.
Théorème 1.6. (voir [12]) La distance de Carnot-Carathéodory est continue par rapport à la Topologie euclidienne
Définition 1.19. (Norme homogène) Une norme homogène (symétrique) sur (RN, ⋆) est une
fonction continue (par rapport à la topologie euclidienne) | |G :RN −→ [0, +∞[
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1 1. |x|G = 0⇐⇒ x = 0.
2. |δλ(x)|G= λ|x|G pour tout x ∈ RN et λ > 0.
3. |x−1|G =|x|G pour tout x ∈ RN.
Remarque 1.4. La distance de Carnot-Carathéodory définit une norme homogène de la
manière suivante
|x|CC = dCC(x, 0).
Lemme 1.1. Si | . |G est une norme homogène sur (RN, ⋆), Alors la balle
BG=
{
y∈ RN/|y|G= 1
}
, est compact (par rapport à la topologie euclidienne).
Démonstration. Considérons la fonction |.|S :RN −→ [0, +∞[ donnée par :
|x|S = N ∑ i=1 |xi| 1 di (1.14)
où di est le poids de la coordonnée i. De cette façon |.|S est une norme homogène. Nous
pouvons facilement voir que l’ensemble BS =
{
y∈ RN/|y| S = 1
}
, est compact par rapport à la topologie euclidienne car il est fermé et borné, de plus il ne contient pas 0, alors la fonction
| . |G atteint un minimum ν > 0 sur cet ensemble, donc
ν ≤ |y|G pour tout y∈ BS
D’après la propriété d’homogénéité que nous avons
ν ≤δ 1 |x|S(x) = |x|G |x|S pour tout x∈ RN
Cela implique que
BG = { y∈ RN/|y|G = 1 } ⊆{y∈ RN/|y|S ≤ 1 } donc BG est compact.
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1 Démonstration. Depuis dCCest continue d’après le Théorème1.6, et B =
{
y ∈ RN/|y|G = 1
} est compact d’après le Lemme1.1, il existe deux constantes positives m et M telles que
m≤ dCC(y, 0)≤ M pour tout y ∈ B
Grâce à l’homogénéité des dilatations1.10 nous avons
m ≤ dCC(x, 0) |x|G = dCC ( δ 1 |x|G, 0 ) ≤ M pour tout x ∈ RN donc m|x|G≤ |x|CC ≤ M|x|G pour tout x∈ RN
Proposition 1.6. La mesure de Lebesgue dx est la mesure de Hâar du groupe (RN, ⋆) (à
savoir il est invariante à gauche et à droite par rapport aux translations de groupe), de plus, nous avons
dx (δλ(A)) = λQdx(A) (1.15)
pour tout ensemble mesurable A et λ > 0.
Démonstration. D’une part nous devons prouver d’abord dx (Lg(A)) = dx(A) = dx (Rg(A))
pour tout ensemble mesurable A. D’après un changement de variables nous avons
dx (Lg(A)) = ∫ Lg(A) dx = ∫ A detJLg(x)dx = ∫ A dx = dx(A)
où la matrice jacobienne a la forme triangulaire inférieure suivante
JLg(x) = 1 0 0 . . . 0 a1.2(x) 1 0 . . . 0 a1.3(x) a2.3(x) 1 . . . 0 .. . . .. . .. . .. ... a1.n(x) a2.n(x) a3.n(x) . . . 1 Il en va de même pour la translation à droite de groupe.
D’autre part on voit bien que la matrice jacobienne de la dilatation δλ est une matrice
diagonale Jδλ = diag(λ, ...., λ, λ 2, ....λ2, ...., λr, ....λr) où λi = dim(V i), donc Jδλ = λ ∑r i=1idim(Vi)= λQ
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1
1.3
Le groupe de Heisenberg
H
NLe groupe d’Heisenberg HN de dimension (2N + 1) est l’espace R2N +1 ={η = (x, y, τ )∈ RN × RN × R}
muni de loi ′′◦′′ définie par :
η◦ eη =
(
x +ex, y + ey, τ + eτ − 2
N ∑ i=1 (xiyei− exiyi) ) (1.16) où η = (x, y, τ ) = (x1, x2, ..., xN, y1, y2, ..., yN, τ )
eη = (ex, ey, eτ) = (ex1,ex2, ...,exN,ey1,ey2, ...,eyN,eτ)
Cette loi de multiplication donne àHN une stucture de groupe de Lie. Le laplacien sous-elliptique surHN défini par :
∆H = N ∑ i=1 ( Xi2+ Yi2) (1.17) où Xi = ∂ ∂xi + 2yi ∂ ∂τ et Yi = ∂ ∂yi − 2xi ∂ ∂τ
avec un calcul simple on peut écrire :
∆H = N ∑ i=1 ( ∂2 ∂x2 i + ∂ 2 ∂y2 i + 4yi ∂2 ∂xi∂τ − 4xi ∂2 ∂yi∂τ + 4(x2i + y2i) ∂ 2 ∂τ2 )
L’opérateur ∆H est un opérateur elliptique dégénéré, il est stable par rapport à la multi-plication à gauche dansHN c’est à dire :
∆H(u(η◦ eη)) = (∆Hu) (η◦ eη) ∀(η, eη) ∈ HN × HN
La distance entre un point η et l’origine dansHN définie par :
|η|H = ( τ2 + N ∑ i=1 (x2i + yi2)2 )1/4
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1
L’application η → |η|H est homogène de degré un par rapport au groupe naturel des dilatations
δλ(η) =
(
λx, λy, λ2t) (1.18) On remarque aussi que l’opérateur ∆Hest homogène de dégré 2 par rapport à la dilataction
δλ définie dans (1.18), c’est à dire :
∆H = λ2δλ(∆H)
Il est facile de voir que l’action de ∆Hsur les fonctions u dépendant seulement de ρ =|η|H: ∆Hu(ρ) = a(η) ( d2u dρ2 + Q− 1 ρ du dρ ) où a(η) = N ∑ i=1 (x2 i + yi2) ρ2
Et Q = 2N + 2 est la dimension homogène de HN.
Nous identifions les points deHN avec ceux deR2N +1, Nous rappelons aussi que la mesure
naturelle de Hâar dans HN est identique à celle de Lebesgue dη = dxdydτ dans R2N +1.
1.4
Puissances fractionnaires de sous-Laplacien d’un groupe
de Lie stratifié
Dans ce qui suit (G, ◦) est un groupe de Lie stratifié et L l’opérateur sous-Laplacien de G
Définition 1.20. Si α∈ C. Nous appelons Kα un noyau de type α une distribution qui est
lisse à partir de 0 et G-homogène de degré α− Q.
Proposition 1.7. ( voir [18, 19]) Supposons que 0 < β < Q, et nous notons par h = h(t, x) la solution fondamentale de L + ∂/∂t (voir [19], Proposition 3.3). Alors l’intégrale
Rβ(x) = 1 Γ(β2) ∫ ∞ 0 tβ2−1h(t, x)dt
Le groupe d’Heisenberg chapitre 1
i R2 est la solution fondamentale de L
ii Si α∈ (0, 2) et u ∈ D(G), Alors
Lα
2u =Lu ∗ R2−α
iii Les noyaux Rα admettent la règle de convolution suivante : si α > 0 et β > 0 on a
Rα+β = Rα∗ Rβ
Remarque 1.5. (voir [18, 19]) Si β < 0 et β ̸∈ Z, Nous avons également
e Rβ(x) = β 2 Γ(β2) ∫ ∞ 0 tβ2−1h(t, x)dt
défini une fonction assez régulière dansG\{0}, et on a aussi t 7−→ h(t, x) d’ordre infini quand t−→ 0 si x ̸= 0, de plus eR est positif et G-homogène de degré β − Q.
Théorème 1.7. ( voir [18, 19]) L’opérateur L est un opérateur auto-adjoint positif sur le domaine WG2,2(G). Si {E(λ)} la résolution spectrale de L sur L2(G), alors si α > 0 on a
Lα 2 = ∫ ∞ 0 λα2dE(λ) avec le domaine WGα,2(G) = { u∈ L2(G) : ∫ ∞ 0 λαd⟨E(λ)u, u⟩ < ∞ }
Théorème 1.8. ( voir [18, 19]) Si u∈ S(G) et 0 < α < 2, alors Lα2u∈ L2(G), et on a
Lα
2u(x) =
∫
G
(u(x◦ y) − u(x) − χ(y)⟨∇Gu(x), y⟩) eR−α(y)dy = V.P
∫
G
(u(y)− u(x)) eR−α(y−1◦ x)dy
où χ est la fonction caractéristique de la boule unité Bρ(0, 1) où ρ(x) = R
1\(2−α−Q) 2−α .
et on se ramène aux références suivantes [15, 20, 28, 27, 39, 41, 42] pour plus de détails sur l’analyse dans le groupe d’Heisenberg.
Chapitre 2
Dérivées et intégrales fractionnaires
Ce chapitre est consacré pour les définitions des dérivées et intégrales fractionnaires au sens de Grünwald-Letnikov, Riemann-Liouville et Caputo et les liens entre ces dérivées avec quelques exemples et quelques propriétés complémentaires.
2.1
Fonctions spéciales liées au calcul fractionnaire
Dans cette section, nous présentons quelques fonctions qui constituent l’un des oulils de base dans la théorie du calcul fractionnaire.
2.1.1
La fonction Gamma
Définition 2.1. La fonction Γ(z) est définie par : Γ(z) =
∫ ∞
0
tz−1e−tdt (Re(z) > 0),
où tz−1 = e(z−1)log(t). Cette intégrale est convergente pour tout z∈ C, (Re(z) > 0)
Proposition 2.1. La fonction Gamma vérifie les propriétés suivantes :
1. Pour tout z ∈ R∗+ :
Γ(z + 1) = zΓ(z) (2.1)
2. En particulier, pour tout n∈ N
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2 Démonstration. D’une part en faisant une intégration par parties on a
Γ(z + 1) = ∫ ∞ 0 tze−tdt =[−tze−t]t=t=0∞+ z ∫ ∞ 0 tz−1e−tdt = zΓ(z)
D’autre part en utilisant (2.1) par récurrence on aura Γ(2) = 1.Γ(1) = 1!
Γ(3) = 2.Γ(2) = 2.1! = 2! Γ(4) = 3.Γ(3) = 3.2! = 3!
... ... ...
Γ(n + 1) = n.Γ(n) = n.(n− 1)! = n! (2.3) Remarque 2.1. D’après (2.1) par récurrence on déduit facilement que pour tout n∈ N
Γ(x) = Γ(x + α)
x(x + 1)...(x + n− 1)
. Cette relation permet de définir Γ(x) pour x négatif tel que −n < x < −n + 1.
Donc dans ce cas pour n = [α] + 1 nous avons 0 < n−α < 1, c’est à dire −n < −α < −n+1, alors
Γ(−α) = Γ(n− α)
(−α)(−α + 1)...(−α + n − 1)
. La fonction Γ(x) non définie pas quand x∈ Z−.
Proposition 2.2. (voir [37])(Représentation de la fonction Gamma sous forme d’une limite) La fonction Gamma peut être représentée par la limite :
Γ(z) = lim
n−→+∞
n!nz
z(z + 1)...(z + n) (2.4)
2.1.2
La fonction Bêta
Définition 2.2. Pour z, w∈ R tels que z > 0 et w > 0, la fonction Bêta est définie par :
B(z, w) =
∫ 1 0
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
Proposition 2.3. La relation entre la fonction Bêta d’Euler et Gamma d’Euler est donnée
par :
B(z, w) = Γ(z)Γ(w)
Γ(z + w) (2.6)
Démonstration. Considérons l’intégrale suivante hz,w(t) =
∫ t
0
τz−1(1− τ)w−1dτ (2.7)
on voit bien que hz,w = tz−1∗ (1 − t)w−1 (la convolution des fonctions tz−1 et (1− t)w−1), et
on a hz,w(1) = B(z, w) .
Comme la transformée de Laplace de convolution de deux fonctions est égale au produit de leurs transformées de Laplace, en aura :
L (hz,w, s) = L ( tz−1∗ (1 − t)w−1, s) = L (tz−1, s).L ((1 − t)w−1, s) = [∫ ∞ 0 tz−1e−stdt ] . [∫ ∞ 0 (1− t)w−1s−stdt ] = Γ(z) sz . Γ(w) sw = Γ(z)Γ(w) sz+w (2.8)
par la transformée de Laplace inverse du côté droit de (2.8) on a
hz,w(t) =
Γ(z)Γ(w) Γ(z + w)t
z+w+1
(2.9) pour t = 1, nous obtenons l’expression (2.6).
Remarque 2.2. On voit bien que la formule (2.6) est justifiée que la fonction Bêta est une fonction symétrique.
2.1.3
La fonction Mittag-Leffler
La fonction de Mittag-Leffer replonge naturellement l’exponentielle usuelle.
Définition 2.3. Pour tout x∈ R et α > 0, on appelle fonction de Mittag-Leffer la fonction
définie par Eα(x) = ∞ ∑ k=0 xk Γ(αk + 1) (2.10)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
Remarque 2.3. On voit bien que E1 est l’exponentielle usuelle car :
E1(x) = ∞ ∑ k=0 xk Γ(k + 1) = ∞ ∑ k=0 xk k! = e x
Dans la théorie du calcul fractionnaire, la fonction de Mittag-Leffer à deux paramètres, joue un rôle très important.
Définition 2.4. La fonction de Mittag-Leffer à deux paramètres est définie par
Eα,β(x) = ∞ ∑ k=0 xk Γ(αk + β) (2.11) pour tout x∈ R et α, β > 0. Exemples 2.1. 1. Eα,1(x) = ∞ ∑ k=0 xk Γ(αk + 1) = Eα (2.12) 2. E1,1(x) = ∞ ∑ k=0 xk Γ(k + 1) = ∞ ∑ k=0 xk k! = e x (2.13) 3. E1,2(x) = ∞ ∑ k=0 xk Γ(k + 2) = 1 x ∞ ∑ k=0 xk+1 (k + 1)! = ex− 1 x (2.14) 4. E1,3(x) = ∞ ∑ k=0 xk Γ(k + 3) = 1 x2 ∞ ∑ k=0 xk+2 (k + 2)! = ex− 1 − x x2 (2.15) et en général (2.16) 5. E1,p(x) = 1 xp−1 [ ex− p−2 ∑ k=0 xk k! ] (2.17) 6. E2,1(x2) = ∞ ∑ k=0 x2k Γ(2k + 1) = ∞ ∑ k=0 x2k 2k! = cosh(x) (2.18) 7. E2,2(x2) = ∞ ∑ k=0 x2k Γ(2k + 2) = 1 x ∞ ∑ k=0 x2k+1 (2k + 1)! = sinh(x) x (2.19)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
2.2
Dérivées fractionnaires au sens de Grünwald-Letnikov
L’idée principale de la dérivée fractionnaire de Grünwald-Letnikov est de donner une généralisation de la définition classique de la dérivation entière d’une fonction à des ordres arbitraires.
La dérivée classique (d’ordre 1) d’une fonction f au point t est définie par :
f′(t) = lim
h−→0
f (t)− f(t − h)
h (2.20)
Par dérivation successive de la fonction f , on obtient une généralisation de la formule (2.20) l’ordre n (n est un entier positif ou nul) de la forme :
f(n)(t) = lim h−→0 1 hn n ∑ k=0 (−1)k ( n k ) f (t− kh) (2.21) où ( n k ) = n! k!(n− k)! = n(n− 1)...(n − k + 1) k!
Si le entier n est positif, la formule (2.21) représente la dérivée d’ordre n, et si n est négatif représente l’intégrale répétée n fois.
D’après la propriété fondamentale Γ(n + 1) = n!, ∀n ∈ N, donc dans le cas où n est négatif ou nul peut être écrit
(−1)k ( n k ) = −n(1 − n)...(k − n − 1) k!
Définition 2.5. Si f est une fonction continue sur l’intervalle [a, t] les dérivées
fraction-naires d’ordre α et d’ordre (−α) au sens de Grünwald-Letnikov de la fonction f sont définies respectivement par : G aD α tf (t) = lim h−→0 1 hα ∞ ∑ k=0 Γ(k− α) Γ(k + 1)Γ(−α)f (t− kh) = 1 Γ(−α) ∫ t a (t− τ)−α−1f (τ )dτ (2.22) et G aD−αt f (t) = lim h−→0 1 h−α ∞ ∑ k=0 Γ(k + α) Γ(k + 1)Γ(α)f (t− kh) = 1 Γ(α) ∫ t a (t− τ)α−1f (τ )dτ (2.23)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
Remarque 2.4. Si f de classe Cm (où m la plus petite valeur entière vérifiant m− 1 < α < m), d’après des intégrations par parties de (2.22) et (2.23) nous obtenons
G aD α tf (t) = m∑−1 k=0 f(k)(a)(t− a)k−α Γ(k− α + 1) + 1 Γ(m− α) ∫ t a (t− τ)m−α−1f(m)(τ )dτ (2.24) et G aD−αt f (t) = m−1∑ k=0 f(k)(a)(t− a)k+α Γ(k + α + 1) + 1 Γ(m + α) ∫ t a (t− τ)m+α−1f(m)(τ )dτ (2.25)
2.2.1
Dérivée fractionnaire de (t
− a)
αProposition 2.4. La dérivée fractionnaire au sens de Grünwald-Letnikov d’ordre q de la
fonction polynômiale f (t) = (t− a)α est donnée par : G aD q t(t− a)α = Γ(α + 1) Γ(−q + α + 1)(t− a) α−q (2.26) avec (q < 0, α > −1) ou bien (0≤ m ≤ q < m + 1, α > m) Démonstration.
• D’une part si q < 0 et α > −1 d’après la formule (2.22) on a
G aD q t(t− a) α = 1 Γ(−q) ∫ t a (t− τ)−q−1(τ − a)αdτ (2.27) supposons α > −1 donc on a la convergence de l’intégrale située dans (2.27), d’après le changement de variable τ = a + ξ(t− a) et utilisant la définition (2.2) de fonction Bêta on obtient G aD q t(t− a)α = 1 Γ(−q)(t− a) α−q ∫ t a ξα(1− ξ)−q−1dξ = 1 Γ(−q)B(−q, α + 1)(t − a) α−q = Γ(α + 1) Γ(−q + α + 1)(t− a) α−q. (2.28)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2 • D’autre part si 0 ≤ m ≤ q < m + 1, d’après (2.24) on a besoin d’imposer α > m pour la convergence de l’intégrale dans (2.24). Alors
G aD q t(t− a)α = 1 Γ(−q + m + 1) ∫ t a (t− τ)m−qd m+1(τ − a)α dτm+1 dτ (2.29) Comme dm+1(τ − a)α dτm+1 = α(α− 1)....(α − m)(τ − a) α−m+1 = Γ(α + 1) α− 1 (τ − a) α−m+1
et en appliquant le changement de variable τ = a + ξ(t− a), Nous avons
G aD q t(t− a)α = Γ(α + 1) Γ(−m)Γ(−q + m + 1) ∫ t a (t− τ)m−q(τ − a)α−m−1dτ = Γ(α + 1)B(−q + m + 1, α − m) Γ(α− m)Γ(−q + m + 1) (t− a) α−q = Γ(α + 1) Γ(−q + α + 1)(t− a) α−q . (2.30)
2.2.2
Dérivée fractionnaire d’une constante
Proposition 2.5.
La dérivée fractionnaire de Grünwald-Letnikov d’ordre α d’une fonction constante f (t) = C est définie par :
G aDαtC = C Γ(1− α)(t− a) −α (2.31) Démonstration.
Si f (t) = C pour tout α non entier, on a fk(t) = 0 pour k = 1, 2, ....m donc d’après (2.24)
en aura G aD α tf (t) = m∑−1 k=0 f(k)(a)(t− a)k−α Γ(k− α + 1) + 1 Γ(m− α) ∫ t a (t− τ)m−α−1f(m)(τ )dτ = C Γ(1− α)(t− a) −α+ m∑−1 k=1 f(k)(a)(t− a)k−α Γ(k− α + 1) + 1 Γ(m− α) ∫ t a (t− τ)m−α−1f(m)(τ )dτ = C Γ(1− α)(t− a) −α
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
Remarque 2.5. La dérivée fractionnaire de Grünwald-Letnikov d’une fonction constante
n’est ni nulle, ni constante.
2.2.3
Composition avec les dérivées d’ordre entier
Proposition 2.6.
Soient m un entier strictement positif et q non entier. On a dm dtm (G aD q tf (t) ) =GaDm+qt f (t) (2.32) et G aD q t ( dm dtmf (t) ) =GaDm+qt f (t)− m∑−1 k=0 f(k)(a)(t− a)k−q−m Γ(k− q − m + 1) (2.33)
Démonstration. Pour n− 1 < q < n on a d’une part : dm dtm (G aD q tf (t) ) = n+m∑−1 k=0 f(k)(a)(t− a)k−(q+m) Γ(k− (q + m) + 1) + 1 Γ(n + m− (q + m)) ∫ t a (t− τ)n+m−(q+m)−1f(n+m)(τ )dτ d’après (2.24) donc dm dtm (G aD q tf (t) ) =GaDm+qt f (t) et d’autre part, G aD q t ( dm dtmf (t) ) = n−1 ∑ k=0 f(m+k)(a)(t− a)k−q Γ(k− q + 1) + 1 Γ(n− q) ∫ t a (t− τ)n−q−1f(n+m)(τ )dτ = n+m∑−1 k=0 f(k)(a)(t− a)k−(q+m) Γ(k− (q + m) + 1) + 1 Γ(n + m− (q + m) + 1) ∫ t a (t− τ)n+m−(q+m)−1f(n+m)(τ )dτ − n−1 ∑ k=0 f(k)(a)(t− a)k−q−m Γ(k− (q + m) + 1)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2 alors G aD q t ( dm dtmf (t) ) =GaDm+qt f (t)− m∑−1 k=0 f(k)(a)(t− a)k−q−m Γ(k− q − m + 1)
Remarque 2.6. la dérivation fractionnaire au sens de Grünwald-Letnikov et la dérivation
classique d’ordre m ne commutent que si f(k)(a) = 0 pour tout k = 0, 1, 2, ..., m− 1.
2.2.4
Composition des dérivées fractionnaires
Proposition 2.7. (voir [37]) Nous avons trois cas distincts : 1. Si q < 0 et ∀p ∈ R on a : G aD p t (G aD q tf (t) ) =GaDtp+qf (t)
2. Si 0 ≤ m < q < m + 1, p < 0 et la fonction f vérifie les conductions f(k)(a) = 0, pour tout k = 0, 1, ..., m− 1 alors : G aD p t (G aD q tf (t) ) =GaDtp+qf (t)
3. Si 0 ≤ m < q < m + 1, 0 ≤ n < p < n + 1 et la fonction f vérifie les conditions f(k)(a) = 0, pour tout k = 0, 1, ..., r− 1 où r = max(m, n) alors : G aD p t (G aD q tf (t) ) =aGDqt(GaDtpf (t))=GaDp+qt f (t)
2.3
Intégrales et dérivées fractionnaires au sens de
Riemann-Liouville
2.3.1
Intégrales d’ordre arbitraire
Si f est localement intégrable sur (c, +∞), puis la n-ième intégrale de f est donnée par :
D−nc/t[f ](t) = ∫ t c ds1 ∫ s1 c ds2.... ∫ sn−1 c f (sn)dsn = 1 (n− 1)! ∫ t c (t− s)n−1f (s)ds
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
Pour presque pas tout t où −∞ ≤ c < t < ∞ et n ∈ N, puisque Γ(n) = (n − 1)!. On a une généralisation immédiate qui est l’intégrale de f d’ordre fractionnaire α > 0,
Définitions 2.1. L’intégrale à gauche et l’intégrale à droite au sens de Riemann-Liouville
d’ordre α > 0 de la fonction f ∈ L1(a, b) sont définies par :
Ia/tα (f )(t) = 1 Γ(α) ∫ t a (t− τ)α−1f (τ )dτ, t ∈ (a, b], (2.34) et It/bα (f )(t) = 1 Γ(α) ∫ b t (τ − t)α−1f (τ )dτ, t ∈ [a, b), (2.35) respectivement
Remarque 2.7. Lorsque α = n∈ N, les définitions (2.34) et (2.35) sont identifiées respec-tivement avec les n-ième intégrales de la forme :
It/an (f )(t) = 1 (n− 1)! ∫ t a (t− τ)n−1f (τ )τ et It/bn (f )(t) = 1 (n− 1)! ∫ b t (τ − t)n−1f (τ )τ
Exemples 2.1. Considérons la fonction f (t) = (t− a)β. Alors
Ia/tα (t− a)β = 1 Γ(α)
∫ t a
(t− τ)α−1(τ − a)βdτ (2.36)
d’après le changement de variable τ = a + (t− a)s, en aura Ia/tα (t− a)β = (t− a) α+β Γ(α) ∫ 1 0 (1− s)α−1sβds = B(α, β + 1) Γ(α) (t− a) α+β = Γ(β + 1) Γ(β + α + 1)(t− a) α+β (2.37) Remarques 2.1.
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2 • On voit bien que c’est une généralisation du cas α = 1 car :
Ia/t1 (t− a)β = Γ(β + 1) Γ(β + 2)(t− a) β+1 = 1 (β + 1)(t− a) β+1
• La relation (2.37) justifie que l’intégrale fractionnaire au sens de Riemann-Liouville d’ordre α d’une constante est donnée par :
Ia/tα C = C
Γ(α + 1)(t− a)
α
(2.38) Proposition 2.8. Soient α et β deux nombres complexes et f continue sur [a, b]. Alors
i) Ia/tα
(
Ia/tβ f
)
= Ia/tα+βf, (Re(α > 0, Re(β > 0)) (2.39)
ii) d dt ( Ia/tα f)(t) = ( Ia/tα−1f ) (t), Re(α > 1) (2.40) iii) lim α−→0+ ( Ia/tα f)(t) = f (t), Re(α > 0) (2.41) Démonstration.
i) En utilisant le théorème de Fubini. On a
Ia/tα ( Ia/tβ f (t) ) = 1 Γ(α) ∫ t a (t− s)α−1 ( R aI β tf ) (s)ds = 1 Γ(α)Γ(β) ∫ t a ∫ s a (t− s)α−1(s− τ)β−1f (τ )dτ ds = 1 Γ(α)Γ(β) ∫ t a f (τ ) [∫ t τ (t− s)α−1(s− τ)β−1ds ] dτ.
D’après le changement de variable s = τ + (t− τ)u et la fonction Bêta d’Euler, on obtient ∫ t τ (t− s)α−1(s− τ)β−1ds = (t− τ)α+β−1 ∫ 1 0 (1− u)α−1uβ−1 = (t− τ)α+β−1Γ(α)Γ(β) Γ(α + β)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2 D’où Ia/tα ( Ia/tβ f (t) ) = 1 Γ(α + β) ∫ t a f (τ )(t− τ)α+β−1dτ = ( Ia/tα+βf ) (t).
ii) Il suffit en utilisant les théorèmes classiques de dérivation d’une intégrale dépendant d’un paramètre et la relation fondamentale de la fonction Gamma d’Euler Γ(α) = (α− 1)Γ(α− 1).
iii) D’après (2.38), si C = 1, on peut écrire : (
Ia/tα 1)(t) = (t− a)
α
Γ(α + 1) −→ 1 quand α −→ 0
+
Alors, pour tout t fixé on a (Ia/tα f)(t)− (t− a) α Γ(α + 1)f (t) = Γ(α)1 ∫at(t− τ)α−1f (τ )dτ − 1 Γ(α) ∫ t a (t− τ)α−1f (t)dτ ≤ 1 Γ(α) ∫ t a (t− τ)α−1|f(τ) − f(t)| dτ = 1 Γ(α) ∫ t−δ a (t− τ)α−1|f(τ) − f(t)| dτ + 1 Γ(α) ∫ t t−δ (t− τ)α−1|f(τ) − f(t)| dτ (2.42) D’une part, f est une fonction continue dans [a, b] donc
∀t, τ ∈ [a, b] ∀ε > 0, ∃δ > 0 : |τ − t| < δ =⇒ |f(τ) − f(t)| < ε ce qui entraîne ∫ t t−δ (t− τ)α−1|f(τ) − f(t)| dτ ≤ ε ∫ t t−δ (t− τ)α−1dτ = εδ α α (2.43) D’autre part, ∫ t−δ a (t− τ)α−1|f(τ) − f(t)| dτ ≤ ∫ t−δ a (t− τ)α−1|f(τ) + f(t)| dτ où M = sup ξ∈[a,t] |f(ξ)| ≤ 2M ∫ t−δ a (t− τ)α−1dτ = 2M ( (t− a)α α − δα α ) (2.44)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2 D’après (2.42),(2.43) et (2.44) on a (Ia/tα f)(t)− (t− a) α Γ(α + 1)f (t) ≤ αΓ(α)1 [εδα+ 2M ((t− a)α− δα)] = 1 Γ(α + 1)[εδ α+ 2M ((t− a)α− δα)] quand α−→ 0+, on obtient lim α−→0+ (Ia/tα f)(t)− (t− a) α Γ(α + 1)f (t) ≤ ε autrement dit limα−→0+ ( Ia/tα f)(t)− (t− a) α Γ(α + 1)f (t) ≤ ε, ∀ε > 0 c’est-à dire que :
lim
α−→0+
(
Ia/tα f)(t) = f (t)
2.3.2
Dérivées d’ordre arbitraire
Définitions 2.2. La dérivée à gauche et la dérivée à droite au sens de Riemann-Liouville
d’ordre α > 0 de la fonction f ∈ L1(0, T ) sont définies par :
R aD α t(f )(t) = dn dtn [ Ia/tn−αf ] (t) = 1 Γ(n− α) dn dtn (∫ t a (t− τ)n−α−1f (τ )dτ ) , n = [α] + 1 (2.45) et R tD α b(f )(t) = (−1) ndn dtn [ It/bn−αf ] (t) = (−1) n Γ(n− α) dn dtn (∫ b t (τ − t)n−α−1f (τ )dτ ) , n = [α] + 1 (2.46) respectivement
En particulier, quand α = n∈ N, alors
R aD 0 tf (t) = R tD 0 bf (t) = f (t) R aD n tf (t) = f (n)(t) et R tD n bf (t) = (−1) nf(n)(t)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
où f(n)(t) la dérivée classique de f (t) d’ordre n. Si 0 < α < 1 on a
R aD α t(f )(t) = 1 Γ(1− α) d dt (∫ t a (t− τ)−αf (τ )dτ ) , t > a (2.47) et R tD α b(f )(t) = −1 Γ(1− α) d dt (∫ b t (τ − t)−αf (τ )dτ ) , t < b (2.48) Remarques 2.2.
• Les deux opérateurs de l’intégration fractionnaire et la dérivation fractionnaire à gauche (resp-à droite) de Riemann-Liouville, sont utilisés dans le passé (resp-futur) de f .
• L’intégrale fractionnaire au sens de Riemann-Liouville d’ordre α > 0, c’est tout à fait la dérivée fractionnaire au sens de Riemann-Liouville d’ordre −α.
Exemples 2.2.
Considérons la fonction f (t) = (t− a)β. Alors la dérivée de Riemann-Liouville d’ordre
α > 0 de f est donné par :
R aDtα(t− a)β = 1 Γ(n− α) dn dtn (∫ t a (t− τ)n−α−1(τ − a)βdτ ) = d n dtn [ Γ(β + 1) Γ(β + 1 + n− α)(t− a) β+n−α ] = Γ(β + 1) Γ(β + 1 + n− α) dn dtn [ (t− a)β+n−α] (2.49) Comme : dn dtn [ (t− a)β+n−α] = (β + n− α)(β + n − α − 1)...(β − α + 1)(t − a)β−α (2.50)
En remplaçant (2.50)dans (2.49), on obtient :
R aD α t(t− a) β = Γ(β + 1)(β + n− α)(β + n − α − 1)...(β − α + 1) Γ(β + 1 + n− α) (t− a) β−α = Γ(β + 1)(β + n− α)(β + n − α − 1)...(β − α + 1) (β + n− α)(β + n − α − 1)...(β − α + 1) (t− a) β−α = Γ(β + 1) Γ(β− α + 1)(t− a) β−α (2.51)
Dérivées et intégrales fractionnaires chapitre 2
Remarques 2.3.
• On voit bien que c’est une généralisation du cas α = 1 car :
R aD 1 t(t− a) β = Γ(β + 1) Γ(β) (t− a) β−1 = β(t− a)β−1 = d dt(t− a) β (2.52)
• En remplaçant β = 0 dans (2.51), on obtient
R aD α t1 = (t− a)−α Γ(1− α)
c’est-à dire que la dérivée fractionnaire au sens de Riemann-Liouville d’ordre α d’une constante est donnée par :
R aD α tC = C Γ(1− α)(t− a) −α (2.53)
donc la dérivée fractionnaire au sens de Riemann-Liouville d’ordre α d’une constante n’est ni nulle, ni constante.
2.3.3
Compositions
Proposition 2.9. (Composition avec les intégrales fractionnaires)
Pour p > 0 et t > 0 on a : R aD p t (R aDt−pf (t) ) =RaDtp ( Ia/tp f (t) ) = f (t) (2.54)
c’est-à dire l’opérateur de dérivation fractionnaire au sens de Riemann-Liouville est un in-verse gauche de l’opérateur d’intégration fractionnaire au sens de Riemann-Liouville du même ordre.
Démonstration.
• D’une part si p = n ∈ N∗, donc R aD n t ( Ia/tn f (t)) = d n dtn ∫ t a (t− τ)n−1 (n− 1)! f (τ )dτ = d dt ∫ t a f (τ )τ = f (t) • D’autre part si n − 1 ≤ p < n en utilisant la règle (2.39), on a
Ia/tn f (t) = Ia/tn−p
(
Ia/tp f (t)