Visites culturelles de Roquebrune amitié
Hyères
24 mai 2013
Au programme, visite de la vieille ville de Hyères, la villa de Noailles, le site archéologique d’Olbia et les salins des Pesquiers
Guide : Fanny Varenne de Var’en el Sol (www.varenelsol.e-monsite.com)
Première partie : La vieille ville de Hyères
L’histoire de Hyères commence sans doute 350 ans av. JC avec la création d’un comptoir commercial par des marins grecs de Massalia, sur les rives de la Méditerranée, l'actuelle Olbia (Voir plus loin le résumé consacré à Olbia).
Ce comptoir fut repris par les romains et s’en suit une longue période dont on ne connaît presque rien jusqu’en 963 où Hyères est citée comme une possession de l’abbaye de Montmajour. Après l’expulsion des sarrazins en 972, le territoire fut donné aux seigneurs de Fos à charge pour eux de construire un château défensif.
Les ruines du château, la ville connut un certain développement d’où la construction plus bas d’une deuxième enceinte
Les seigneurs de Fos vont perdre leur territoire lors du rattachement au comté de Provence en 1257 au profit de Charles d’Anjou et le château après avoir été l’objet de luttes pendant les guerres de religion sera démantelé par Louis XIII.
Vue de Hyères à partir du château, on aperçoit les « vieux salins » qui ont été la base de la richesse de Hyères, dont le nom vient du latin « area » ou « aires » déformé par le temps. C’est pour cela qu’on parle du château des « aires ».
Et on descend la colline du château pour trouver La porte Saint Paul, entrée de la deuxième enceinte a été très remaniée à la renaissance
Ruines de la 2ème enceinte
Les maisons du XIIIème siècle étaient construites en encorbellement sur la rue.
La collégiale Saint Paul était autrefois adossée aux remparts de la 2ème enceinte, comme le montre le plan ci-après, la nef romane servant maintenant de portail après ajout de la partie gothique.
On remarque la qualité des claveaux du portail roman et l’inscription dans une pierre du mur. La collégiale est en réfection et ne se visite pas pour l’instant.
Avec le développement de la ville au XIVème siècle, il fallut construire une troisième enceinte au bas de la colline qui partait de la porte des gardes ou porte Massillon ou porte des salins car elle était en direction des vieux salins.
Cette porte donne sur la rue Massillon, rue très commerçante.
Elle conduit à la place Massillon qui comporte la tour des Templiers ou tour Saint Blaise qui atteste de la présence des Templiers du XIIème au XIVème siècle. Cette tour et la chapelle accolée faisaient partie d’une commanderie beaucoup plus vaste.
Certaines rues sont encore couvertes comme à la fin du moyen-âge.
Jean-Baptiste Massillon (1663-1742) est né à Hyères, très célèbre prédicateur, évêque de Clermont Ferrand, il a prononcé notamment plusieurs oraisons funèbres de princes et celle du roi Louis XIV.
Hyères à partir du XIXème siècle
Hyères va connaître une nouvelle renaissance à partir du XIXème siècle en devenant une station hivernale avec des hôtes prestigieux dont la reine Victoria qui attira notamment à sa suite la haute société britannique mais aussi française.
Deux témoins de cette époque : le castel Sainte Claire et la Villa de Noailles.
Le Castel Sainte Claire
C’est une villa construite par Olivier Voutier en 1849, le découvreur de la « Vénus de Milo » en 1820.
Elle s’appelle le « Castel Sainte Claire » en mémoire des Clarisses qui avaient un couvent dans ces lieux jusqu’à la révolution. Cette villa est construite dans un style pseudo-moyenâgeux.
Le castel Sainte Claire reçut également la romancière américaine Edith Warthon
Depuis le castel Sainte Claire on a une vue fabuleuse sur la baie d’Hyères
La villa de Noailles
Marie-Laure et Charles de Noailles
Marie-Laure (1902-1970) est née dans une famille riche, sa grand-mère, descendante du marquis de Sade, Laure de Chevigné a inspiré à Marcel Proust, par son esprit moderne, la duchesse de Guermantes, Charles de Noailles est le descendant d’une vieille famille de la noblesse. Tous les deux s’intéressent aux arts décoratifs et se rencontrent dans les salons du comte de Beaumont. Ils se marient à Grasse en 1923.
Ils commencent à décorer leur hôtel particulier de Paris , place des Etats-Unis puis décident de « réaliser une petite maison» à Hyères et font appel, après le refus de Le Corbusier, à l’architecte Robert Mallet- Stevens qui va inventer une nouvelle façon d’habiter…
Cette villa surprenante nous a frappé par sa modernité alors qu’elle a presque un siècle...
La villa, qui va être construite à partir de 1924, va connaître au fil du temps plusieurs extensions jusqu’en 1933, tout en gardant le principe très moderne pour l’époque d’un étirement des volumes sur une ligne horizontale et faire de la modeste villa de départ « un véritable paquebot » de 1800 m2.
Le parvis, dont les ouvertures sur la baie d’Hyères forment comme des cadres de tableaux, repose sur les salles voutées d’une construction précédente.
Le jardin cubiste de Gabriel Guevrékian aujourd’hui et la maquette de l’original.
Charles et Marie-Laure de Noailles ont été sans doute parmi les derniers grands mécènes. Ils aimaient le risque et la modernité. Ils ont soutenu en peinture, Salvator Dali, Mondrian, en sculpture, Giacometti, en musique, Georges Auric , Francis Poulenc, Igor Markevitch…pour la décoration, Djo-Bourgeois. Ils
s’enthousiasment pour le cinéma naissant et financent en 1929, « Les mystères du Château du Dé » de Man Ray tourné à la villa, « Le sang d’un poète » le premier film de Jean Cocteau en 1930. (Jean Cocteau a été le premier amour de Marie-Laure qui en restera amoureuse toute sa vie, Cocteau viendra souvent à la villa). Et le film de Luis Bunuel et Salvador Dali, « L’âge d’or » qui provoquera un scandale terrible et restera censuré jusqu’en 1981…Suite à ce scandale, leur action de mécènes sera plus discrète, mais Marie-Laure, sera un soutien important pour le cinéaste Pierre Clémenti…
Tous ces artistes et bien d’autres étaient reçus à la villa au grand dam des hyèrois choqués « ces fadas » qui vivaient presque nus, faisaient la fête, roulaient en automobiles et produisaient des œuvres
incompréhensibles….
En 1933, la villa possédait 15 chambres, toutes avec salle de bains, mais aussi une piscine couverte sur le toit, un gymnase et même une salle de squash….
La décoration intérieure est minimaliste, mais regorge d’astuces, comme les placards dans les murs, les portes en glace qui donnent du volume, les horloges de chaque pièce reliées à un système centralisé…
Ici la salle à manger avec sa table ronde et on voit les portes en glaces donnant sur une 2ème salle à manger.
Les lustres, tel celui-ci, composé de multiples fils reliés aux ampoules sont d’une grande modernité.
Le mobilier du à Djo-Bourgeois est minimaliste, les tapis d’Eileen Grey sont bien dans l’esprit « cubiste » ou « abstrait » de l’époque.
Dans cette chambre un bureau que ne renierait pas un designer contemporain, on voit que le seul autre mobilier était un lit.
Dans cette chambre on voit à gauche l’entrée de la salle de bain et sur le mur du fond les placards insérés dans le mur.
Le superbe plafond en verre du salon rose
Dans le salon rose, le décor « cubiste » est inscrit dans le mur…
Dans chaque pièce une horloge reliée à un système central…la maitresse de maison était à cheval sur la ponctualité.
Sur le toit, les grandes vitres qui donnent sur la piscine et au fond derrière la fresque, le gymnase.
Vue de la piscine qui est aujourd’hui sans eau et couverte de dalles de verre. A l’arrivée à la villa tous les invités recevaient le même maillot de bain comme on le voit sur la photo ci-dessous.
La salle de squash, qui sert aujourd’hui de salle d’exposition comme toute la villa qui a été rachetée par la municipalité d’Hyères en 1973 et qui est devenue un Centre d’art et d’architecture.
Une des salles voutées qui servent de lieu d’exposition et qui soutiennent le parvis..
La villa de Noailles en 1929, photo tirée du film de Man Ray « Les mystères du château de dé » projeté sur place et qu’il ne faut pas manquer…On reconnaît les ruines du château en arrière-plan.
Pour terminer un portrait de Marie-Laure et son visage par Giacometti….
Jean-Pierre Joudrier -1er juin 2013 – Photos : J.P. Hadet, A.M. et J.P. Joudrier
