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Sortir la géographie environnementale de sa torpeur pour instituer une Gaïagraphie

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Academic year: 2022

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99 | 2016 Varia

Sortir la géographie environnementale de sa torpeur pour instituer une Gaïagraphie

Mauve Létang et Zénaïde Dervieux

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/gc/4621 DOI : 10.4000/gc.4621

ISSN : 2267-6759 Éditeur

L’Harmattan Édition imprimée

Date de publication : 1 novembre 2016 Pagination : 274-277

ISBN : 978-2-343-12829-0 ISSN : 1165-0354 Référence électronique

Mauve Létang et Zénaïde Dervieux, « Sortir la géographie environnementale de sa torpeur pour instituer une Gaïagraphie », Géographie et cultures [En ligne], 99 | 2016, mis en ligne le 18 mai 2018, consulté le 27 novembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/gc/4621 ; DOI : https://doi.org/

10.4000/gc.4621

Ce document a été généré automatiquement le 27 novembre 2020.

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Sortir la géographie

environnementale de sa torpeur pour instituer une Gaïagraphie

Mauve Létang et Zénaïde Dervieux

RÉFÉRENCE

Denis Chartier et Estienne Rodary (dir.), 2016, Manifeste pour une géographie environnementale : géographie, écologie et politique, Paris, Les Presses de Sciences Po, séries : « Développement durable », 439 p.

1 Nous recensons l’ouvrage collectif dirigé par Denis Chartier et Estienne Rodary, Manifeste pour une géographie environnementale (2016), faisant suite au colloque international « Géographie, écologie, politique : un climat de changement » (2012) ainsi qu’à plusieurs publications des éditeurs (Rodary, 2003 ; Chartier et Rodary, 2007).

Poser les jalons d’une géographie environnementale

2 Cet ouvrage, qui se présente comme un manifeste, part du constat suivant : depuis les années 1970, on assiste à une montée en puissance des débats sur l’environnement dans les sphères scientifiques et politiques. Pourtant, la géographie française en est absente, alors même qu’elle consiste en « l’analyse de l’action humaine sur la Terre » (p. 60), et que la géographie anglophone, elle, a su se saisir des questions intégrant la Political Ecology, devenue une véritable sous-discipline dans certains pays.

3 Selon les auteurs, cette réticence de la géographie française à s’inscrire dans le débat environnemental se traduit de deux manières. (i) Par l’émergence d’un discours écolosceptique1, formalisé dans l’ouvrage Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête de la Société de Géographie (Brunel et Pitte, 2010) dont le ton pamphlétaire remet sérieusement en question la capacité de la géographie à prendre part scientifiquement aux réflexions menées actuellement sur les questions environnementales. (ii) Par la

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pratique d’une géographie apolitique, méfiante à aborder politiquement la question écologique, en considérant que la géographie a une « capacité de distanciation objectivante » que ne posséderait pas les autres disciplines scientifiques (p. 27).

4 À travers cet ouvrage, les auteurs engagent une réflexion sur la prise en compte de l’impact des sociétés humaines sur les systèmes écologiques de la planète et « plus spécifiquement les transformations scientifiques que cela génère » afin de « répondre aux évolutions et révolutions que ce champ [l’environnement] provoque dans la géographie » (p. 15). Partant, les éditeurs et contributeurs définissent les fondements théoriques2 d’une discipline nouvelle exempte de « militantisme » et d’« instrumentalisation politique » assimilés à tort par certains géographes à l’analyse des questions environnementales.

5 Le livre se divise en 3 parties et 16 chapitres. La première partie « Premières charges », en prolongement de l’introduction tente de poser les jalons aussi bien conceptuels que contextuels pour renouveler la géographie de l’environnement. La deuxième partie

« Histoire des occasions manquées », via une approche épistémologique ambitieuse présente les contributions de géographes précurseurs (entre autres Reclus (chapitre 3), Ratzel (chapitre 4) et Sauer (chapitre 8)) et revient sur les esquisses de rapprochements historiques entre écologie, géographie et politique à travers l’exposé des théories intellectuelles pionnières sur la relation entre sociétés humaines et environnement. La troisième partie « Mises en dialogues actuelles » présente un échantillon diversifié de contributions récentes montrant l’éventail des possibilités de renouvellement disciplinaire (Daugeard, 2016), traversant une multitude de géographies, de la géographie physique (chapitres 11 et 13) à la Political Ecology (chapitres 9, 10 et 12), en passant par la géographie du pouvoir (chapitres 14 et 15).

Une excellente approche heuristique, ce que la géographie doit à l’environnement

6 L’ouvrage permet – enfin ! – à la géographie française de se placer dans le contexte plus large des débats sur l’environnement en SHS3. L’initiative des éditeurs et contributeurs est à ce titre remarquable et se révèle essentielle tant la géographie – dont les approches sont valorisées par le « tournant spatial » en SHS – peut à la fois apprendre et dire sur les questions d’environnement.

7 L’ouvrage a le mérite de réunir un échantillon représentatif et diversifié de la discipline, allant de contributions réflexives se concentrant sur l’histoire de la géographie à des contributions plus politiques et novatrices comme celle de Gautreau (chapitre 14). Ces recensions, par leur pertinence et leur originalité, se démarquent de la géographie classique par l’élaboration conceptuelle d’une géographie environnementale qui dépasse les clivages internes à la discipline (i.e. géographie physique vs géographie humaine). Cet ouvrage atteste de la capacité de la géographie française à se saisir de l’objet « environnement » et ce en partie grâce à ses pratiques et ses méthodes plurielles.

Quelques manques à combler

8 La principale critique que l’on peut adresser réside dans le manque d’unité de l’ensemble de l’ouvrage et le choix des éditeurs de se soustraire à l’exercice de la conclusion générale. Cette décision déroute tant les contributions sont nombreuses et diversifiées, ce qui, sans mises en convergence explicites et propositions de

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perspectives communes, s’apparente à une addition de contributions individuelles plutôt qu’à une voix collective, et détourne de l’objectif initial et ambitieux du

« manifeste ».

9 Pour finir, des contributeurs de cet ouvrage ont évoqué – mais de façon trop laconique – quelques notions clés des débats actuels sur l’environnement. C’est le cas de Gautier et Pech qui utilisent la notion d’Anthropocène sans qu’elle ne soit davantage discutée dans ce chapitre ou même dans le reste de l’ouvrage4, ce qui est regrettable compte tenudu débat brûlant que le terme suscite actuellement au sein des SHS. La théorie des Acteurs Réseaux de Latour est également mobilisée par Blanchon (chapitre 10, p. 242-274) sans qu’elle ne soit là aussi concrètement appliquée à une étude géographique. Et enfin, le terme de Gaïa est lui aussi mentionné à plusieurs reprises (p.

31, p. 42-46, p. 79), hélas de façon trop peu explicite, malgré son apparition dans le titre du chapitre de Hautdidier (chapitre 2). Moins une critique qu’une proposition, il apparaît que ces termes, compte tenu de leur portée dans les débats actuels sur l’environnement, mériteraient que la géographie s’en saisisse et les questionne pleinement à sa façon plutôt que de les effleurer.

BIBLIOGRAPHIE

BRUNEL Sylvie, PITTE Jean-Robert (dir.), 2010, Le Ciel ne va pas nous tomber sur la tête, Paris, JC Lattès, 353 p.

CHARTIER Denis et RODARY Estienne, 2007, « Géographies de l’environnement, écologie politique et cosmopolitiques », L’espace politique, vol. 1, p. 37-46

DUGEARD Marion, 2016, « Pour une géographie environnementale. Compte-rendu de livre », HAL archives ouvertes. <halshs-01306520>

PETIT-BERGHEM Yves, 2016, « Manifeste pour une géographie environnementale. Géographie, écologie et politique », Lectures [en ligne], Reviews. <http://lectures.revues.org/21208>

RODARY Estienne, 2003, « Pour une géographie politique de l’environnement », Écologie et Politique, vol. 27, p. 91-111.

NOTES

1. Notamment ceux de Xavier de Planhol, dont le manque de rigueur scientifique et le fatalisme sont dénoncés par Benhammou (chapitre 5, p. 150, 152).

2. Ces sept piliers d'une géographie « cosmopolitique, postdéterministe, globale mais rugueuse, située, juste, sensible et relâchée » sont détaillés par Daugeard (2016).

3. Sa force vient notamment du recours à un corpus bibliographique large, de ses nombreuses références aux SHS, notamment aux ouvrages de Bonneuil, Fressoz, Latour et Guha etc.

4. Seule une note de bas de page développe la notion d’Anthropocène en introduction (p. 33‑34), signifiant rapidement au lecteur que la notion est aujourd’hui sujette à controverse.

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AUTEURS

MAUVE LÉTANG

UMR 8185 ENeC (Espaces, Nature et Culture) Université Paris-Sorbonne mauveletang1@gmail.com

ZÉNAÏDE DERVIEUX

UMR 8185 ENeC (Espaces, Nature et Culture) Université Paris-Sorbonne zenaide.dervieux@paris-sorbonne.fr

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