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Du même auteur : Le «royaume arabe» ou l'algérie sous Napoléon III, Institut de hautes études internationales de l'université de Genève, 1974.

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LE RADEAU

MAHOMET DE

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Du même auteur :

Le « royaume arabe » ou l'Algérie sous Napoléon III, Institut de hautes études internationales de l'université de Genève, 1974.

« Le Caire, neuf millions de villageois » in Cités géantes, ouvrage collectif, Fayard, 1978.

Assassinat d'un poète (l'affaire Jean Senac), Jeanne Laffitte, 1983.

A paraître :

Aux Éditions Lieu Commun : Une croix sur le Liban.

Nouvelles nouvelles orientales.

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JEAN-PIERRE/PÉRONCEL-HUGOZ

LE RADEAU MAHOMET DE

FLAMMARION

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© 1983, Les éditions LIEU COMMUN

© 1984, FLAMMARION, Paris

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Je dédie ces pages à ceux des habitants de l'Orient arabe qui ont eu le courage et la lucidité de s'opposer à la nouvelle Inquisition, et notamment aux plus illustres d'entre eux : Chenouda III, pape et patriarche d'Alexandrie, et Jihane El-Sadate, veuve du raïs.

L'Histoire ne pourra oublier qu'ils refusèrent, chacun à sa manière, une interprétation au ras du sol de la loi islamique.

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I

LES TURCS DE PROFESSION

« L'Europe, deux fois misérable, a combattu l'Orient lorsqu'il représen- tait une chance de splendeur. Elle lui cherche aujourd'hui des raisons pro- fondes alors qu'il donne le spectacle de la dégénérescence la plus sordide. »

GEORGES HENEIN

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Au début du XIX siècle, les marchands marseillais séjournant à leurs risques et périls dans la Régence d'Alger appelaient « Turcs de profession » les Euro- péens qui, pour se prémunir contre les sautes d'humeur dont les gaouris faisaient de temps à autre les frais, se convertissaient à l'islam.

On pourrait aujourd'hui appeler « musulmans de pro- fession », en Occident, la cohorte chaque jour plus longue des orientalistes (le mot est démonétisé, il faut dire : « spécialistes d'aire culturelle »...), vrais ou en toc, des universitaires, des politiciens, des prêtres, des jour- nalistes qui, depuis que la plupart des Etats arabes ont les moyens de consacrer un budget à leur propagande, naviguent aux frais de ces derniers, de réceptions en bourses d'études, de colloques en voyages, de sympo- siums en séminaires. Tous, loin de là, n'ont pas cru devoir prononcer devant un cheikh la chahada — La Ilaha illa Allah oua Mohamed rassoul Allah, « Il n'est de Dieu que Dieu et Mahomet est son messager » — I. Gaouri, mot du dialecte arabe algérien, venant du turc giaour, lui- même dérivé, selon le turcologue Robert Mantran, de l'arabe classique kafer (mécréant, infidèle), et toujours utilisé en Algérie pour désigner les chrétiens occidentaux avec une connotation légèrement péjorative. Un tableau de Delacroix, Le Giaour traversant un gué à la poursuite des ravisseurs de sa fiancée, se trouve au musée national des Beaux-Arts d'Alger.

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simple profession de foi qui vous fait musulman en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ; tous, loin de là aussi, ne sont pas des grimauds ou des imposteurs.

La plupart d'entre eux, en revanche, se croient obligés d'adopter, dans leurs écrits ou leurs propos concernant l'islamisme, l'Islam ou les Arabes, une atti- tude où l'excès de révérence, l'omission volontaire ou pis : le travestissement ou la complaisance, portent de mauvais coups à la vérité, à la science, et pour finir — c'est là le plus grave — à la connaissance mutuelle entre non-musulmans et musulmans. Sauf exception du type Kadhafi, les dirigeants politiques mahométans contemporains ne suggèrent ni ne demandent jamais aux islamologues européens ou américains d'embrasser la religion de Mahomet ou de présenter de celle-ci en Occident une version ad usum delphini. Les musul- mans aiment l'islam tel qu'il est. Ce qu'ils attendent de leurs « amis » occidentaux, savants, ecclésiastiques,

« hommes de dialogue », c'est qu'ils admettent et fas- sent admettre aux profanes d'Europe et d'Amérique qu'ils doivent s'accommoder de l'islamisme, y compris dans ses caractéristiques contraires à nos idéaux. Quant à l'existence de l'intégrisme théoriquement elle ne devrait pas être plus gênante pour le présentateur de l'Islam que ne l'est le goulag pour celui qui veut faire connaître la Russie et les Russes sans les confondre avec les aberrations du système soviétique. En fait, la 2. L'Islam avec un I majuscule désigne la civilisation, la communauté humaine, comme on dit la Chrétienté, l'Occident et aussi l'Eglise en tant qu'entité sociologique, tandis que l'islam avec un i minuscule (on devrait de préférence écrire l'islamisme) est la religion, la doctrine, comme on dit christianisme, judaïsme, etc.

3. Intégrisme islamique, fondamentalisme, mouvement islamiste, extré- misme mahométan, Frères musulmans... ces expressions, et d'autres encore sont utilisées, actuellement, en Occident, pour décrire le même phé- nomène. Les gouvernements arabes qui y sont en butte préfèrent, comme celui de l'Egypte, pour ne pas mettre directement en cause l'islam, parler d'« extrémisme religieux ». Laissant aux orientalistes le soin de trancher, cet ouvrage, par commodité de langage, usera surtout du terme courant d'« intégrisme » entendu en son sens islamique présent, c'est-à-dire sans comparaison possible avec les bénignes nostalgies de Mgr Lefebvre, le chef de file des catholiques opposés à l'aggiornamento du concile Vatican II (1962-1965).

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situation est un peu plus délicate car le communisme n'a pas, avec la nation russe, les rapports étroits et comme consubstantiels que les Arabes et la plupart des autres peuples islamisés ont avec la religion de Mahomet. Entre le fondamentalisme, incarné par les Frères musulmans et autres carbonaris du Croissant, d'une part, et le simple traditionalisme du musulman de la rue ou des vieux-turbans, du type ouléma de l'uni- versité-cathédrale El-Azhar d'autre part, il est souvent difficile de tracer une frontière précise. Les militants islamistes jouent naturellement à fond sur les imbrica- tions existant entre le simple conservatisme et l'inté- grisme proprement dit.

Il est, cependant, des vertus musulmanes perma- nentes et spécifiques : foi et confiance en Dieu, non- culpabilisation de la sensualité, don et goût de la poésie, stoïcisme devant l'adversité et la mort, qui devraient permettre de présenter l'Islam sous un jour aussi favo- rable que vrai, tout en ne cachant point sa tentation récurrente pour l'intégrisme.

Le meilleur moyen de respecter la « dignité » — mot qui vient sans cesse à la bouche ou sous la plume — des musulmans ne serait-il pas d'essayer de les présenter tels qu'ils sont et non pas tels qu'ils devraient être selon nos propres critères? Toujours est-il qu'à quelques illus- tres exceptions près — parmi les Français, citons notamment Maxime Rodinson qui a su, sans tour de passe-passe, ne renier ni son athéisme, ni son marxisme, ni son ascendance juive, tout en donnant de l'islamisme une vision à la fois forte et vraie, pleine de chaleur et de compréhension — les orientalistes modernes confon- dent souvent sympathie ou indulgence avec complai- sance. C'est le pire péché que puisse commettre un intellectuel, car il implique la falsification.

4. Théologien islamique.

5. Malgré l'absence d'originalité de son enseignement théologique et la médiocrité de ses études laïques, la millénaire El-Azhar — dont le nom,

« La plus fleurie », se veut un hommage à Fatima Zohra, fille du Pro- phète — conserve un prestige incomparable à travers le monde musulman, notamment en Afrique noire.

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Jacques Berque est l'un des orientalistes majeurs du siècle. Même si ce rang venait un jour à lui être contesté, on ne pourrait lui retirer sa qualité de maître de la langue française. Berque a même mis en vers, avec bonheur, ce Maghreb « où l'alfa s'échevelle sous la fusillade du ciel ». Mais pour le moment c'est comme arabologue qu'il est perçu. Dans son Egypte, impéria- lisme et révolution, près de 300 pages sont consacrées à la période 1925 - 1950 durant laquelle la «Sainte Confrérie » islamiste fit déjà trembler les colonnes du temple. Berque, pourtant si attentif à tous les autres courants des profondeurs égyptiennes, se contente, pour les Frères musulmans, d'une dizaine de cursives allu- sions. Cette lacune, que Berque justifie ainsi : « Les F.M. ont donné lieu à une abondante littérature, d'ordre "Sciences Po" ou même "histoire secrète", qui ne concerne pas notre propos », s'explique en fait par une erreur d'appréciation du savant, qui, écrivant après la terrible répression anti-islamiste de Nasser, a sans doute cru à une disparition des Frères musulmans de l'avenir arabo-islamique. Car il n'y avait pas et il n'y a toujours pas, dans aucune langue, d'« abondante littéra- ture » sur le fondamentalisme mahométan, même si la thèse soutenue à Paris, fin 1982, devant Maxime Rodinson et Bruno Etienne, par un tout jeune arabisant français, Gilles Kepel, a commencé à faire pénétrer la lumière dans le processus souterrain ayant conduit à l'assassinat de Sadate.

Là où il n'y a pas d'excuses, et en tout cas certaine- ment pas d'ignorance ou de jugement défectueux, c'est lorsque pas moins de quatorze chercheurs français publient une somme sur La Syrie d'aujourd'hui, fruit de plusieurs années d'enquêtes sur le terrain, durant la décennie 70, et où les Frères musulmans, pourtant en pleine germination d'Alep à Damas, depuis leur inter- diction par le gouvernement syrien en 1963, sont briève- ment cités sept fois, comme par raccroc, en près de 6. Esprit, septembre 1965.

7. Gallimard, 1967.

8. Centre national de la recherche scientifique, 1980.

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450 pages ! Cela peut se comparer à une étude sur l'Es- pagne actuelle qui négligerait le thème, épineux aussi il est vrai, de l'Opus Dei. Laissons ces chercheurs bien peu curieux à leurs calculs et peut-être, déjà, à leurs remords !

Alors qu'ils poursuivent un but inverse de celui de certains de leurs prédécesseurs de la période coloniale, qui voulaient, eux, noircir l'Islam, des auteurs contem- porains parviennent à un résultat identique : offrir, de cette religion et de ses fidèles, une image déformée, voire parfois caricaturale. Cet « islam à l'eau de rose » stigmatisé par l'islamologue algérien francophone Ali Mérad, peut finalement être plus pernicieux, la source de plus de malentendus encore que la démarche calom- nieuse d'un certain orientalisme d'hier préoccupé avant tout de justifier la colonisation.

Lorsqu'on découvre que Louis-Antoine Pavy, évêque d'Alger sous Napoléon III, lançait du haut de sa chaire : « Le Coran est une ineptie ! » ; quand on par- court L'Anti-Coran ou le mahométisme condamné par lui-même, de Jean-Marie Aarifi, « Turc converti », il suffit ensuite d'ouvrir le Livre saint de l'islam pour se convaincre que ce texte et la religion qui en est sortie sont grands, même si l'on n'admet pas, loin de là, tous les postulats de l'un et toutes les pratiques de l'autre.

En revanche, lorsque j'entends que « le dynamisme de l'Islam réside avant tout dans cette islamisation perma- nente, qui consiste à respecter l'esprit et non la lettre » (Marc Bergé, directeur de l'Institut d'études arabes et islamiques de Bordeaux-III), que « l'esprit de l'islam est fondamentalement démocratique » (Alexandra George, journaliste américaine, dans Le Monde diplomatique), que « les femmes arabes sont aussi libres que nous pou- vons l'être » (revue France-Pays arabes), que « la loi coranique est, à bien des égards, moins contraignante qu'on ne le croit » (idem), que « l'islam bien compris n'est pas, pour la femme, un facteur d'oppression, mais de promotion » (Michel Lelong, Père blanc), que l'islam

« ne s'est jamais, nulle part, imposé par la contrainte » 9. Editions Ernest Leroux, Paris, 1927.

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(Habib Chatty, ancien ministre tunisien des affaires Etrangères, secrétaire général de l'Organisation de la conférence islamique), « qu'il est inexact de dire que Banna est le fondateur d'un mouvement terroriste » (Olivier Carré, islamologue), que l'islam enfin est « pro- gressiste », qu'il est par excellence la religion de l'« effort personnel de réflexion », de l'« humanisme », de la « tolérance », de l'« égalité », du « changement », du « socialisme », bref le champion de tous nos fan- tasmes d'Occidentaux ; lorsque j'assiste (en juin 1982), à la télévision française, à une grande émission sur la traite des Noirs, où l'on ne souffle mot du rôle arabo- musulman dans le « plus grand génocide de l'Histoire » (Léopold Senghor) ; lorsque je prête l'oreille à cette fable consistant à sans cesse répéter, peut-être pour séduire nos derniers anticléricaux, que « l'islam est une religion sans prêtres » (« Il n'y a ni théologie ni clergé en islam », décrète même ex cathedra Eva de Vitray- Meyerovitch, vice-présidente de la section française de l'association Islam et Occident) ; lorsque je me mets tout cela en tête, puis que je découvre sur le terrain, en vivant leur quotidienneté avec les musulmans, que leurs docteurs de la foi et leurs politiciens donnent, jusqu'au tragique parfois, le pas à la lettre sur l'esprit du Coran (voir le superbe exemple de l'Iran, depuis la prise du pouvoir par les ayatollahs mais aussi l'Arabie waha- bite ou le Pakistan des militaires) ; que les éternels damnés de l'Orient arabe sont bel et bien les femmes, les paysans, les minorités religieuses ou ethniques ; que les cheikhs, muftis et autres oulémas, dans le sunnisme, et les mollahs, hodjatoleslams et ayatollahs, dans le chiisme, sont bien les équivalents de nos prêtres, évê- ques et théologiens, tandis que la théologie musulmane représente des kilomètres d'exégèse... (en revanche l'is- lamisme ne connaît pas de sacerdoce, du moins pas au sens chrétien du terme) ; que la plupart des régimes

« progressistes » islamiques sont sans équivoque possible

« une forme socialiste du malheur » (Jacques Berque), 10. L'Egyptien Hassan El-Banna fonda en 1928-1929 l'« association » des Frères musulmans. Voir p. 61.

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je commence à m'insurger, à ressentir l'impression que j'ai été floué. Mais par qui ?

On a observé plusieurs fois, chez de jeunes coopé- rants français venus servir au Maghreb ou au Machrek, pleins de bonnes dispositions pour les peuples de ces régions et n'ayant pour tout bagage à leur sujet que quelques petits livres ou articles en traçant un tableau idyllique, qu'au bout de quelques mois, après la décou- verte d'une réalité différente, ils éprouvaient un vif sen- timent de déception, d'hostilité même à l'égard des mahométans", comme si ceux-ci les avaient trompés.

En fait, ils l'ont été par ceux qui, à quelques milliers de kilomètres de là, dressent dans l'irréalité confortable de leur cabinet de travail des tableaux imaginaires de l'Islam, où le profil de cette communauté apparaît au mieux brouillé ou « arrangé ».

De même qu'il y a en France toute une intelligentsia, dans la presse écrite, parlée ou imagée, dans l'édition ou les ministères, qui, lors de chaque événement politique à analyser, de chaque livre ou article à publier concernant l'Etat hébreu, se demande d'abord : « Est-ce bon pour Israël ? Voyons comment présenter cela de manière à ne pas lui nuire », il y a chez nous tout un volant de plumes et de voix dont l'unique souci, lorsqu'il est ques- tion de l'Islam, est d'enjoliver, de transformer, d'avan- tager, de disculper, le tout au mépris de l'information.

A propos de Promesses de l'Islam, du philosophe II. Le terme de mahométan, formé jadis sans idée préconçue à partir du nom de Mahomet, comme l'avait été celui de chrétien à partir de Jésus- Christ, n'est plus en odeur de sainteté en France parmi les « amis de l'islam ». Il paraît qu'il implique que les musulmans « adorent » Mahomet, ce qui, en effet, n'est pas le cas, même s'ils l'invoquent. Le mot de maho- métan continuant à être utilisé en Orient arabe, dans les conversations et les écrits en français, y compris par des fidèles de la troisième grande reli- gion révélée, nous en ferons donc autant, ne serait-ce que pour ne pas appauvrir notre vocabulaire. De même, pour rester clair, nous ne rempla- cerons pas Mahomet par Mohamed (ou Muhammad), Moïse par Moussa ou Jésus par Aïssa (ou Yassou) ni même Alger par El-Djezaïr. A chaque langue sa transcription des noms étrangers ! Enfin nous emploierons juif et israélite sans les différencier ; et encore pied-noir, nègre, créole, métis, lais- sant refouler ces mots à ceux qui y mettent, consciemment ou non, un contenu dépréciatif. 12. Le Seuil, 1981.

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Roger Garaudy (adolescent protestant, adulte exclu du parti communiste, « militant chrétien », hôte choyé des Pahlavi, converti du troisième âge à l'islam à Genève en 1981 devant un imam algérien et pèlerin de luxe à La Mecque en 1983...), l'islamologue algérien francophone Mohamed Arkoun stigmatisait cette « littérature qui, sous couvert de générosité, de ferveur "spirituelle", de réaction contre les injustices du passé, prend en fait le relais de la littérature coloniale dont sont perpétués les errements intellectuels, le mépris (sans doute incons- cient ici) pour les attentes réelles du public musulman, la relation plus étroite, au contraire, avec les besoins du public occidental ». On est tombé d'un excès dans l'autre, mais les victimes restent les mêmes : l'Occi- dental abusé, l'Oriental caricaturé.

Quand, en mai 1981, un terroriste turc tente d'assas- siner le pape Jean-Paul II, à Rome, aussitôt toute une machinerie se met en place, dans certaines publications, certains instituts, certaines associations, pour qu'on ne mentionne pas que Méhémet Ali Agça est musulman, qu'il a notamment milité dans des mouvements isla- mistes turcs, qu'il a avancé des arguments intégristes islamiques pour justifier son crime. Et des radios, des journaux peuvent annoncer l'arrestation de l'auteur de l'attentat sans rien signaler de son arrière-plan sociolo- gique ! (D'autres, dans un but opposé et tout aussi inavouable, prétendirent, sans preuves, que le « papi- cide » était Palestinien.) Fait inouï, des bouches s'ou- vrent afin d'expliquer, naturellement mezza voce et avec force circonlocutions, qu'au fond le pontife romain avait bien cherché ce qui venait de lui arriver en effec- tuant un voyage « provocant » en novembre 1979 en Turquie ! Ce pays, nous dit-on, ne compte qu'un pour- centage infime de chrétiens (sans doute leur nombre serait-il plus élevé si on n'y avait pas massacré tant d'Arméniens, dont l'Anatolie était la patrie bien avant d'être celle des Turcs), et, dans la foulée, on « omet » de rappeler qu'Istanbul reste le siège du plus prestigieux des patriarcats orthodoxes, avec lequel le Vatican se 13. France-Pays arabes, n° 99. 1982.

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doit de multiplier les rapports, s'il veut développer le dialogue interchrétien, dont le but n'est pas, autant que l'on sache, de nuire à l'Islam.

On « oublie » en même temps de citer la lettre, si éclairante, si révélatrice des liens du criminel (même s'il a été utilisé à son insu par des forces athées, cette mani- pulation n'a été possible que grâce à ses convictions reli- gieuses) avec le courant fondamentaliste islamique, qu'Ali Agça, une fois évadé de la prison où il avait été enfermé après avoir abattu l'un de ses compatriotes journalistes, adressa au quotidien turc Milliyet, à l'oc- casion du séjour pontifical en Turquie : que venait faire en terre d'islam, interrogeait-il, ce « chef camouflé d'une croisade », « chef spirituel de l'Occident »? Il fal- lait le supprimer, ne serait-ce que pour « faire payer à quelqu'un la profanation de la mosquée de La Mecque organisée par les Etats-Unis et Israël ».

Motus, bouche cousue, stylos bloqués encore devant les déclarations si typiquement intégristes d'Ali Agça, après l'attentat de la place Saint-Pierre cette fois : « Je voulais aussi tuer le roi d'Angleterre et le président du parlement européen, mais je ne l'ai pas fait lorsque je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'une reine et d'une présidente, car, en tant que Turc et musulman, je ne tue pas de femmes ! »

Il ne s'agissait pas, à l'occasion de l'attentat du Vatican, de mettre l'Islam tout entier en accusation. Il s'agissait de montrer cet événement pour ce qu'il avait toutes les apparences d'être : la première manifestation, 14. Le 20 novembre 1979, un groupe insurrectionnel armé composé de quatre cents à six cents Séoudiens et musulmans d'autres nationalités, y compris des femmes et des enfants, s'enferma dans la grande mosquée de La Mecque - celle qui contient la Kaaba et la Pierre sacrée - et y soutint durant deux semaines un siège acharné contre les forces royales. Contrai- rement à une opinion répandue dans de nombreux cercles musulmans, ce n'était pas la première fois que les parages de la Kaaba étaient ensan- glantés. Au début de l'islamisme, des révoltés hostiles à la dynastie omeyyade de Damas soutinrent un siège de huit mois, avant de se rendre, à l'intérieur de la Mosquée des mosquées. En 931, les chiites qarmates (nom tiré de celui de leur fondateur, Hamdane Qarmat) prirent La Mecque, emportèrent la Pierre noire (donnée par l'archange Gabriel à Abraham, pensent les musulmans) et la conservèrent plusieurs années dans leur capi- tale de Mouaminieh (actuellement Houfouf, en Arabie orientale).

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hors du monde islamique, de la violence et de l'intolé- rance intégristes ou, si l'on préfère, de l'extrême-droite musulmane.

L'attitude la plus remarquable de nos néo-Turcs de profession est celle des prêtres ou religieux catholiques qui veulent à tout prix faire coïncider christianisme et islamisme, et qui pour cela sont prêts — alors que la plupart de leurs interlocuteurs mahométans ne le sou- haitent même pas — à couper dans la religion du Christ tout ce qui dépasse, tout ce qui est supposé pouvoir cha- griner leurs « frères musulmans », voire les Frères musulmans...

C'est le père dominicain Claude Geffré, pourtant réputé pour sa « pondération », qui, dans le climat euphorique du II Colloque islamo-chrétien de Tunis, en mai 1979, se laisse aller à proclamer : « La révélation dont Mohamed est le messager est une Parole de Dieu qui m'interpelle dans ma foi » — concession qui ne satisfait pas les musulmans, pour lesquels Mahomet a apporté « la » Parole divine et non pas « une » Parole, et qui, stricto sensu, contrevient au dogme chrétien. Deux ans auparavant, le père Michel Lelong, alors animateur (1974-1980) du Secrétariat de l'Eglise de France chargé des relations avec l'Islam, était allé encore plus loin, décrétant : « Pour les uns, c'est en Jésus-Christ, pour les autres dans le Coran que Dieu s'est fait connaître en plénitude. Mais tous (chrétiens et musul- mans) croient — avec leurs frères en judaïsme — qu'il a parlé par les prophètes. » Voilà qui, l'air de rien, esca- mote, dans une grande salade pseudo-œcuménique mais franchement syncrétique, le caractère divin de Jésus, point de foi essentiel pour tout chrétien ! Le Fils de Dieu se voit ramené au rang d'Envoyé de Dieu, ce que le Messie est en effet selon la doctrine islamique. Si des chrétiens pensent vraiment cela — et après tout pour- quoi pas ? — ils doivent être logiques avec eux-mêmes et embrasser l'islam. Ce sera mieux pour eux à tous égards que de devenir hérétiques sans s'en douter par désir pressant de « dialoguer » avec les mahométans. La 15. Le Monde, 27 avril 1979.

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différence fondamentale — que personne, dans ce milieu, ne cite jamais — entre le fondateur du christia- nisme et les apôtres, d'une part, et le fondateur de l'isla- misme et ses compagnons, d'autre part, c'est que les premiers ne pratiquèrent pas la violence physique ni ne recherchèrent le pouvoir temporel, tandis que les seconds...

Le véritable dialogue islamo-chrétien s'engagera néanmoins lorsque chacun aura admis l'Autre tel qu'il est. A partir de là, le plus urgent sera d'organiser, d'améliorer la convivance quotidienne partout où coexistent des musulmans et des chrétiens, et principa- lement au Proche-Orient. C'est cela et non point un hypothétique rapprochement doctrinal qui est impor- tant. Or, pour le moment, on en est encore à des discus- sions très abstraites dans le vase clos de salles de confé- rence coupées du reste du monde. Quel délice de se pen- cher, en 1981, sur « Les réveils spirituels : promesses et risques », dans « le cadre admirable qu'est l'abbaye de Sénanque » (Père Lelong), avec pour très lointaine toile de fond les folies des despotes islamistes de l'Orient !

« La sorte de culte que voue à l'islam » le Père Lelong est un cas connu ; cet excellent ecclésiastique, nommé en 1980 par le Vatican « consulteur » (expert ou conseiller auraient été des termes trop simples) pour les relations avec les religions non-chrétiennes, est d'une naïveté qui peut confiner à la férocité : « Je préférerais voir les chrétiens du Liban morts plutôt que de savoir qu'ils ont dû tuer leur prochain pour survivre », me disait-il, au début de 1982; il inonde d'articles et de placets enfiévrés journaux et institutions, ne ratant pas une de ces célébrations parisiennes où le « rapproche- ment entre croyants » entraîne au soutien de toute cause pourvu qu'elle soit « islamique », dans une atmosphère rappelant à la fois nos kermesses d'enfance, où l'on récoltait les papiers d'aluminium du chocolat « pour sauver les petits Chinois », et les hallucinations collec- tives des années 50 en l'honneur d'un Allah nommé Staline en ce temps-là.

16. Jeune Afrique, 1 décembre 1982.

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Mais le cas du Père Lelong n'est pas unique. Un autre Père blanc, Jacques Lanfry, alors du diocèse d'Alger, n'avait probablement jamais été effleuré non plus par l'idée de changer de foi ; cela ne l'empêcha pas, dans une vertigineuse envolée lyrique, lors du Sémi- naire du dialogue islamo-chrétien de Tripoli de Libye (du 1 au 6 février 1976), de se laisser aller à demander publiquement pardon, « du fond du cœur », aux musul- mans, de « tous les manques de respect et de toutes les incorrections, en paroles et en écrits, à l'égard de Mohamed, le prophète respecté de l'islam ».

Après tout, là, pourquoi pas ? Pourquoi ne pas recon- naître ce qui est ? Mahomet a été souvent caricaturé en Occident, on a surtout voulu voir son côté napoléonien

— amour des femmes, de la guerre et du pouvoir — au détriment de sa dimension spirituelle. Au beau milieu d'un siècle déférent pour l'islam, Voltaire donna Le Fanatisme ou Mahomet le prophète, tragédie en cinq actes qui nous apprend que :

Imposteur à La Mecque, et prophète à Médine, Il sait faire adorer à trente nations Tous ces mêmes forfaits qu'ici nous détestons.

La repentance du Père Lanfry était malheureuse- ment unilatérale. Elle fut naturellement accueillie avec transport dans un climat très marqué par la présence du colonel Kadhafi au congrès : diffusée à grand renfort de radios et de journaux dans toute l'aire islamique, elle apparut aux plus modérés des musulmans à la fois comme une reconnaissance des torts chrétiens à l'en- droit du Prophète et comme la preuve que l'Islam n'a rien à se reprocher à l'égard de la Chrétienté, puisque celle-ci n'avait rien exigé en échange d'une déclaration si inouïe. Le malheureux Père blanc a d'ailleurs bien mal été récompensé de ses efforts, puisque les autorités algériennes l'ont ensuite chassé de sa terre d'élection, la 17. Cette pièce composée en 1736, représentée pour la première fois à Lille en 1741, est aussi apparue comme une charge contre l'Eglise, d'au- tant plus que l'auteur l'adressa en 1745 à Benoît XIV avec un mot ambigu. Elle fut censurée en France par le cardinal Fleury.

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Kabylie, le soupçonnant de pouvoir apporter un soutien moral aux Berbères en lutte contre l'arabisation.

Mais quelle idée d'aller se réunir sous la houlette de ce militant du djihad — la guerre sainte — qu'est le colonel Kadhafi ! Pressentant le piège, le Conseil œcu- ménique des Eglises de Genève, plusieurs Eglises ortho- doxes, dont celle d'Egypte, et même la très tradition- nelle université islamique du Caire, El-Azhar, ne s'étaient pas fait représenter. La délégation catholique officielle ne comprenait, sur quatorze personnes, que deux Arabes, dont le Père Georges Anaouati, vieux savant dominicain égyptien, le seul de tous à être rompu au face-à-face avec l'Islam. Du côté de celui-ci, mis à part le cheikh sunnite Sobhi Saleh, vice-mufti du Liban, connu pour sa double culture arabe et française et sa relative liberté d'esprit, s'alignaient des bureau- crates acquis à Kadhafi ou des figures folkloriques : l'imam afghan de la mosquée de Copenhague, le prési- dent d'une association musulmane de Nairobi, etc... Les chrétiens furent remerciés de la belle manière pour leurs dispositions à la conciliation : le colonel-pré- sident vint en personne intimer aux participants de

« recommander la reconnaissance de Mahomet comme Prophète ». « Cette requête est dérisoire et anachro- nique », estima l'universitaire musulman moderniste qu'est Mohamed Arkoun Elle est surtout irrecevable car elle équivaudrait à un hara-kiri de l'Eglise. Les Kadhafi et autres activistes islamiques qui se plaignent des chrétiens en ces termes : « Nous reconnaissons le Messie alors qu'ils refusent obstinément de reconnaître le Prophète », savent pertinemment que leur argument est spécieux. Le Coran fait de Jésus un « envoyé de Dieu », comme Moïse ou Mahomet, et le professer n'est pas, pour un musulman, renier sa foi, au contraire.

Tandis que si un chrétien admet que Mahomet est un prophète, le dernier d'une série dont fait partie Jésus, qui dès lors n'est pas Fils de Dieu, il n'y a plus aucune raison pour qu'il ne prononce pas la chahada 18. Le Figaro, 22 février 1976.

19. Voir p. 11.

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Pour couronner le tout, les délégués du Saint-Siège, à qui l'on n'avait pas dû indiquer tel article du Bulletin du séminaire de Tripoli, assurant : « La défaite du Vatican est sûre, il cherche, à travers ce dialogue, une issue pour garder ce qui lui reste de croyants catholi- ques », se laissèrent aller, dans la lassitude de la fin des débats, à avaliser des propositions extrémistes de Kad- hafi concernant le règlement de la question israélo- palestinienne.

Le pape Paul VI dut désavouer ses représentants.

Une seule petite satisfaction pour les chrétiens fut l'adoption d'une recommandation, qui fit grimacer la camarilla du djihad au Proche-Orient, sur « la nécessité de proclamer et de défendre la liberté religieuse ». La vraie leçon qu'ils auraient dû tirer de ce congrès de dupes, outre qu'il ne sert à rien, quand il y a des torts des deux côtés, d'être seul à dire mea culpa, mea maxima culpa, c'est que le problème de l'Islam, face au dialogue avec la Chrétienté, est l'absence, chez l'intelli- gentsia musulmane, religieuse ou laïque, d'une recherche sur le christianisme, d'un « occidentalisme ».

Quant à la recherche française sur l'Islam elle existe, mais elle souffre, au départ, de la quasi-absence d'en- couragements officiels à l'apprentissage, dès le cycle secondaire, de la langue arabe. De même, nos orienta- listes, quoique souvent de qualité, manquent parfois d'audace, témoin le petit « incident » qui m'opposa, en novembre 1982, à l'Elysée, à l'estimable André Miquel, professeur au Collège de France, quand il se déclara hostile à ce qu'on incite des Français à étudier la loi islamique. Je m'en montrai, pour ma part, vigoureuse- ment partisan, ne serait-ce que parce que nous devons connaître le moteur de régimes et de mouvements de plus en plus nombreux se référant directement au Coran. Le président Mitterrand estima que Miquel voulait « du droit et non de la théologie ». Ce dernier opina, mais l'ennui c'est que, en Islam, qui étudie l'un touche à l'autre, et vice versa...

La presque totalité des penseurs musulmans contem- porains ont, sur le christianisme et les chrétiens, le savoir et les préjugés que devait avoir sur l'Islam le curé

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d'Ars. Il y a naturellement de lumineuses exceptions, ainsi les Tunisiens Abdelwahab Bouhdiba Mohamed Talbi et Hichem Djaït ; les Algériens Mohamed Arkoun et Ali Mérad ; le Syrien Osman Yahia ; l'Ira- nien Sayed Hussein Nasr ; les Egyptiens Mohamed Omara, Mohamed Khalafallah et Hassan El-Bakouri, et une poignée d'autres encore. Mais la portée de leur réflexion à tous est d'autant plus réduite dans le monde musulman que beaucoup, censurés ou incompris chez eux, sont contraints de publier à l'étranger (souvent en français), voire de s'exiler.

Marcel Boisard, secrétaire général (suisse) de l'asso- ciation internationale Islam et Occident, a découvert en 1981 que, « dans un pays européen », qu'il ne cite pas,

« le discours sur l'Islam et les musulmans n'avait changé ni dans sa substance ni dans sa forme depuis 1945 ». Cet ancien représentant de la Croix-Rouge en Egypte aurait pu, par la même occasion, rappeler que les clichés concernant les chrétiens n'ont guère varié, au Proche-Orient, depuis l'an mil... Faciliter par tous les moyens la naissance d'un « occidentalisme » en Islam devrait être l'impérieux devoir de tout chrétien en contact avec le monde islamique, même si l'universi- taire arabo-américain, Edward Saïd, dans un réflexe assimilable à celui du malade qui croit guérir sa plaie en la cachant, a rempli 350 pages pour démontrer que

« la réponse à l'orientalisme n'est pas l'occidentalisme ».

La tactique des professionnels du dialogue consiste donc à « mettre l'Islam en confiance » en fourrant, chaque fois que l'occasion se présente, les deux religions dans le même sac. L'inévitable Père Lelong nous apprend ainsi que « s'il est vrai que le christianisme et l'islam ont été trop souvent utilisés pour écraser la femme, il faut bien reconnaître qu'ils ont contribué aussi à améliorer son sort », etc. Et le tour est joué.

Celui qui ignore que même dans la pire des sociétés chrétiennes la situation des femmes a sans doute été 20. Auteur de cet ouvrage unique en son genre par sa lucidité et son cou- rage qu'est La Sexualité en Islam, Presses universitaires de France, 1975 et 1979.

21. L'Orientalisme : l'Orient créé par l'Occident, Le Seuil, 1980.

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plus douce que dans la meilleure des sociétés islami- ques fera son examen de conscience, n'osera plus jeter un œil réprobateur sur ceux qui privent la musulmane de sa liberté.

D'autres chrétiens pensent séduire les musulmans en s'indignant dès qu'il est question des croisades. Certes, celles-ci ne furent pas toutes saintes — il y en eut huit — mais chacune eut des croisés mus plus par la foi que par la soif de ducats ou de sceptres. Les mahomé- tans eux-mêmes ont à leur disposition ce mot de Mahomet qui, au pire, permettrait d'absoudre les Francs : « Un seul juste dans le pèlerinage rachète le reste des pèlerins. »

Mais non, il faut que nos croisades aient de bout en bout été abominables, injustifiables, alors que les mêmes accusateurs trouvent pleinement normal que des musulmans soient prêts à détruire Israël pour reprendre Jérusalem, qui n'est pourtant que leur troisième ville sainte après La Mecque ou Médine, ou à mener le djihad si ces dernières étaient occupées ou simplement menacées. Les chrétiens d'hier, en somme, étaient cou- pables de vouloir reprendre par la force le Saint Sépulcre aux musulmans, dont les descendants seraient, en revanche, parfaitement fondés à recourir aux armes pour récupérer le tombeau de Mahomet... L'ancien pré- sident algérien Ben Bella nous livre même « le fond de sa pensée » : « S'il n'y a pas d'autre solution, alors que cette guerre nucléaire ait lieu, et qu'on en finisse une fois pour toutes [avec Israël] ! »

Combien de fois, depuis le mémorable colloque de Tripoli en 1976, les catholiques en Orient n'ont-ils pas entendu des musulmans leur dire en toute bonne foi :

« Votre pape a reconnu que vous étiez fautifs envers nous » ! Impossible de faire comprendre que l'initiative, le zèle d'un simple prêtre en proie au vertige du dia- logue à tout prix, étaient purement individuels. Le Père Lanfry n'eut que le tort de ne pas proposer que son 22. Je renvoie ceux qui pourraient en douter à l'ouvrage de la doctoresse égyptienne islamophile, Naoual El-Saadaoui, La face cachée d 'Eve, Edi- tions des Femmes, 1982.

23. Revue Politique internationale, Paris, n° 16, été 1982.

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L'islam est devenu l'enjeu d'un combat sans merci entre un obscurantisme sans pitié et une vacillante moder- nité.

Sur la rive arabe de la Méditerranée, les confréries inté- gristes ont resurgi, absurdes et violentes, hors du temps.

Les chrétiens d'Orient ont été repris par leur millénaire angoisse. Les musulmans modérés se taisent.

Mais en Occident les "Turcs de profession", orienta- listes complaisants ou abusés, se sont donné pour tâche de présenter un "islam à l'eau de rose", à l'heure même où des musulmans de France sont confrontés, eux aussi, à la tentation fondamentaliste.

Jean-Pierre Péroncel-Hugoz

Journaliste au Monde depuis 1969,J.-P. P.-H. aété corres-

pondant de ce journal à Alger et au Caire, d'où il fut

expulsé en 1981 par Sadate pour avoir révélé que des

intégristes noyautaient l'armée égyptienne.

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