Article original
Essais d’amélioration sylvicole de la croissance
et de la régénération de taillis traditionnels de bouleau (Betula pubescens Ehrh) et de robinier
(Robinia pseudacacia L). Premiers résultats
A Cabanettes L Bouvarel, L Pagès’
INRA, station de sylviculture et unité d’expérimentation biomasse forestière, Ardon, 45160 Olivet, France
(Reçu le 6 novembre 1989; accepté le 14 mars 1990)
Résumé — Deux essais ont été installés en 1982 et 1983 dans 2 taillis simples, de bouleau (Betula pubescens Ehrh) et de robinier (Robinia pseudacacia L), localisés respectivement en
Sologne
etdans l’Orléanais, dans le but d’améliorer leur croissance et l’efficacité de leur régénération. Les tech-
niques utilisées ont consisté à augmenter l’ensouchement (plantation intercalaire, augmentation des semis de bouleau ou du
drageonnement
durobinier)
et à stimuler la croissance(fertilisation,
travaildu sol). Les premiers résultats montrent que la
réponse
despeuplements
est relativement limitée, probablement à cause de sols souvent très pauvres, de la compétitionjuvénile
intense et de sys- tèmes racinaires vieillis. On note enparticulier
une interaction antagoniste entre l’effet de la fertilisa- tion et la forte compétitionintracépée,
ainsi qu’une tendance au retour aux fertilités relatives initiales dès 4-6 ansaprès l’application
des traitements. Des recommandations sont néanmoins fournies pour obtenir des résultats optimums.taillis / croissance / amélioration sylvicole / Betula pubescens Ehrh / Robinia pseudocacia L
Summary — Sylvicultural improvement experiments
on the growth and regeneration of birch and Black locust tree in a traditionalcoppice. Preliminary
results. Twoexperiments
were car-ried out on 2
simple
coppice stands(table
I) located inSologne
and Orléanais (CentralFrance) to
in-crease growth and to
improve
regeneration afterclear-cutting. Techniques
forincreasing
the root-stock and
stimulating
growth were as follows :establishing plantations
between stumps,increasing
the sowing
density
of birch (Betula pubescens Ehrb) and thesuckering
of Black locust tree (Robinia pseudacacia L), the addition of fertilizerand ploughing
(table II).The initial results are limited,
showing:
a negative effect forploughing
chiefly on the height growthof birch sprouts
(fig
1), an antagonist interaction between the influence of fertilization andhigh
sprout competition (fig 1), a short-lived stimulation on sowing installation (fig 4 and table V) and on sucker-ing
(fig 3). These results are probably due to very poor soils, intensivejuvenile
competition, and oldroot systems. A return to the initial fertility classification was observed 4-6 yr after treatment (table IV). Recommendations are given for
obtaining
optimum results.coppice / growth / sylvicultural
improvement
/ Betula pubescens Ehrh / Robinia pseudaca-cia L
*
Correspondance
et tirés à part. Adresse actuelle : INRA, station de recherches forestières, do-maine de
l’Hermitage,
Pierroton, 33610 Cestas, France** Adresse actuelle : INRA, station d’agronomie, domaine Saint-Paul, BP 91, 84140 Montfavet,
France
INTRODUCTION
Les taillis
simples
sont despeuplements
forestiers se
régénérant
presque ex- clusivement parrejets
de souche ou pardrageons.
Ilsreprésentent
environ 20 %de la surface
productive
de la forêt fran-çaise.
Ils sont caractérisés par une crois-sance
juvénile
annuelle en biomasse to-tale très forte culminant très
précocement,
par
exemple
dès 3-5 ans chez le châtai-gnier (Castanea
sativaL)
et le robinier(Pagès,
1986;Bédéneau, 1988), puis
dé-clinant
rapidement
ensuite. Cettecapacité juvénile
de croissance est à mettre en pa- rallèle avec l’existence d’unsystème
raci-naire
quasi permanent
et d’une souche riche en réserves nutritives surlaquelle
setrouvent de nombreux
bourgeons
dor-mants.
Malgré
cespotentialités
apriori posi- tives,
cespeuplements
montrent actuelle-ment, en France, une croissance et une
production
relativementfaibles,
liées sur-tout à leur localisation et à leur mode de
gestion.
Différents auteurs ont relevé les facteurs défavorables à la croissance et à larégénération
des taillis : ensouchement insuffisantet(ou) trop
vieux, rotationstrop longues,
sols médiocres,espèces
peu per-formantes et, dans une moindre mesure, modalités de coupe
non-optimales (Ma- they,
1931;Pardé,
1979;Riedacker,
1979;Blake et Raitanen, 1981; Riedacker et
al, 1985).
Le vieillissement des souches re-couvre un ensemble de
phénomènes
liésà
l’âge
de l’ensouchement et aux modali- tés de coupe :remplacement
des racinesmères par des racines adventives à cha- que
recépage (Kazarjan, 1969), perte
d’ef- ficacité desbourgeons
dormants(forte multiplication,
tendance auregroupement, plus
faible durée de vie :Kauppi
etal, 1988),
accumulation d’inhibiteursphénoli-
ques de la croissance
(Blake
et Raitanen,1981). II
en résulte uneaugmentation
dela mortalité des
souches,
et une diminutionde la croissance et du nombre de
rejets.
En ce
qui
concerne la durée de rotation, elle conditionne laproduction
moyenne ob- tenue en fin de rotation, selon des lois de croissance propres au taillis, avec des maximaspouvant
culminer dès 10 anschez le robinier
(Pagès, 1986)
et le châtai-gnier (Bédéneau, 1988).
Elle conditionneégalement
lespossibilités
d’installation dessemis, aptes
à renouveler l’ensouchement.D’autre
part, l’espèce joue
ungrand
rôlepar sa
capacité
àrejeter,
àdrageonner
età fructifier
(Parade,
1860;Mathey, 1931).
Enfin,
la fertilité du sol semble bien influersur la
production
des tailllis au niveau ré-gional (Sabatier-Tarrago,
1989;Pagès,
1986; de
Champs, 1972),
mais selon des modalitésqui
restent à définir au niveaunational pour ce traitement forestier
(Bédé-
neau,
1988).
Différentes méthodes
sylvicoles
d’amé-lioration des taillis ont été
expérimentées,
mais ces essais sont peu nombreux. Si l’on
excepte
les transformations et les conversions enfutaie, qui
sortent du cadre de cetteétude,
les essais lesplus
fré-quents
concernent l’influence de la fertilisa- tion du sol surla production (Dubois,
1977;Mroz
et al,
1985; Evans,1986).
Le rôle dela saison de coupe est surtout utilisé pour éliminer le taillis
(Wenger, 1953).
L’effet dela durée de rotation, souvent étudié en re-
lation avec la densité de
plantation
dansles taillis à courte rotation, est, par contre, peu connu chez les taillis à vieil ensouche- ment
(Riedacker
etal,
1985; Rullier-Bréval, 1985).
Bien que de nombreux au-teurs mentionnent la nécessité de renou- veler l’ensouchement des
taillis,
parexemple
parplantation
ou semis(Parade,
1860;Mathey, 1931), et
que cespratiques puissent
encore exister de nosjours (mar- cottage :
Evans,1984),
elles ne semblentpas avoir été
scientifiquement expérimen-
tées. Il existe par contre des essais de dé-pressage visant à
augmenter
laproduction
par diminution de la
compétition juvénile (Dubois,
1977;Hocker, 1982).
Les essais que nous
présentons
iciconcernent plus précisément
l’étudeexpé-
rimentale des
possibilités d’augmentation
de la croissance et de la
production
ainsique d’amélioration de la
régénération
destaillis
traditionnels,
en demeurant dans le cadre durégime
forestier dutaillis;
ils ex-cluent donc les
préocupations
d’améliora- tionspécifique
de laqualité
de laproduc- tion,
comme lebalivage (Hubert, 1983)
oula transformation directe en futaie
(Lanier, 1986).
Ils ont été construits de manière àagir
sur les facteurs de la croissance et les mécanismes de fonctionnement du taillisjugés majeurs
à la lumière des connais- sances actuelles. Le contexte favorableaux recherches sur les sources
d’énergie
renouvelable des années 1979-1985
(Chartier, 1987)
apermis
d’en assurer lapromotion
du fait del’enjeu
quereprésen-
taient alors ces
peuplements
dans les res-sources
bois-énergie (Pardé,
1979;Rie- dacker, 1979).
Ce contexte nous a ame-nés à retenir des solutions
sylvicoles simples
et peu coûteusescompatibles
avec les limites
économiques
de la pro-priété privée
où se trouve la presque totali- té des taillissimples.
MATÉRIELS
ETMÉTHODES
Matériel
végétal
Nous nous sommes intéressés à 2 types de taillis simples couramment répandus en région
Centre : un taillis de bouleau de
Sologne
(dispo-sitif 1 ) et un taillis de robinier de l’Orléanais (dis-
positif
2). Les caractéristiques initiales de cespeuplements
sontindiquées
dans le tableau I.Les interventions ont
porté
sur la repousse du taillis après coupe à blanc dupeuplement
initial.Dispositifs
Les types de
techniques
utilisées :plantation
in-tercalaire, fertilisation/amendement et travail du sol, décrits ci-dessous, ont été
appliqués sépa-
rément dans les 2
dispositifs
installés, selon di-verses modalités, comme
indiqué
dans le ta-bleau II. Les
répétitions
sont organisées enblocs
agronomiques complets
non-éclatés, à raison de 2 blocs(dispositif
1) ou de un seulbloc
(dispositif
2) parparcelle
forestière homo-gène.
Dans le cas dudispositif
n°1, lespla-
ceaux unitaires sont
séparés
par des bandes neutralisées larges de 10 m. La croissance aété suivie durant 2 ans
(dispositif
2) à 6 ans(dispositif 1) après
lerecépage
initial. Du fait del’exploitation
tardive(août
82) de la moitié Norddu
dispositif
1, on y a considérél’âge
de la re-pousse inférieure de 1 an à celui de la moitié Sud, et les traitements y ont été effectués 1 an
plus
tard.Techniques sylvicoles
Trois techniques différentes
d’augmentation
dela densité des
peuplements, adaptées
auxparti-
cularités des
espèces,
ont étéexpérimentées.
Tout d’abord, l’installation de
plants
entre lessouches
après
lerecépage (dispositif
1) a eupour
objectif
d’obtenir une densitéglobale
(cé-pées
+plants
destinés à êtrerecépés) optimale
de l’ordre de 2 500 à 3 500 individus/ha, densité observée dans les meilleurs taillis de moins de 20 ans (Mathey, 1931). Nous avons ainsi instal- lé des plançons d’un même clône de Populus tri- chocarpa, var Fritzy Pauley à raison de 1 000/
ha, l’année de la repousse du taillis; ils ont été
complétés
2 ansplus
tard par desplants
d’unemême provenance de Quercus rubra L, à raison de 1 000/ha; les
plants
ont bénéficié d’une pro-tection vis-à-vis du
gibier
dès laplantation :
gaine spirale plastique
autour desplançons
depeuplier (Populus
trichocarpa FritzyPauley),
ré-pulsifs puis fourreaux grillagés (1 m de diamètre et 1,50 m de
hauteur)
autour des chênes rouges(Quercus
rubra L). Leur croissance aégalement
été favorisée par
recépage
des plançons austade 1 an dans les blocs 3 et 4 et apport d’en- grais retard : 10
g/plant
de N-P-K(7-14-10)
au pied des chênes rouges. D’autre part, le travail superficiel du sol au rouleau landais de 1,1 t(dispositif
1 ) a visé à favoriser l’installation et la survie de semis (bouleau). Enfin, la stimulation du drageonnement (dispositif 2) a été tentée d’une part en travaillant le sol entre les souches à 10-30 cm de profondeur, soit uniformément(traitement labour) soit seulement sur une cou- ronne à 30 cm autour des souches
(traitement pioche)
defaçon
à induire undrageonnement
du robinier par blessure des racines
(Vaulot,
1914; Mattoon, 1930); et d’autre part en recou-vrant les étocs à l’aide d’une bâche
plastique
verte, afin de limiter ledéveloppement
des re- jets de souche.L’amélioration des caractéristiques du sol du
dispositif 1 a été réalisée par ailleurs à l’aide d’un apport de phosphate
calcique
permettant à la fois de remonter le pH et d’augmenter la quantité de phosphore, caractéristiques presquetoujours limitantes dans les sols forestiers (Du- chaufour, 1970), et peu coûteuses à améliorer.
Un apport de nitrate potassique a
également
étéeffectué à titre de
complément.
Les doses etépoques d’épandage
ont été les suivantes : 200 U/haP 2 O 5
fin avril 1982 (Sud) ou 1983(Nord)
46 U/ha N + 164 U/ha
K 2 O
en mars 1983(Sud
ou 1984 (Nord)
Mesures
Le suivi de la croissance et de la
production
dela jeune repousse de bouleau a été effectué selon la méthode décrite par Cabanettes
(1989) :
surchaque placeau
unitaire, mesure dunombre de rejets et de la hauteur du
plus
grandrejet
(oumaître-rejet)
de chaque cépée, mesuredu diamètre et de la
longueur
de tous lesrejets
d’une dizaine de
cépées
échantillons, etprélè-
vement destructif d’échantillons sur zone de pro- tection
périphérique
permettant d’établir des ta-rifs biomasse au niveau rejet. Pour le taillis de robinier, compte tenu du drageonnement, la to-
talité des tiges a dû être mesurée (Pagès, 1986).
Les prélèvements foliaires, destinés à contrô- ler
l’absorption
des éléments minérauxapportés
dans le dispositif n° 1, ont été effectués en 1985 selon le protocole recommandé par Bonneau
(1988) :
échantillonnage
effectué fin août sur une dizaine de cépées de croissance moyenne tirées au hasard pour chaque placeau; lesfeuilles ont été recueillies dans le tiers supérieur
de
rejets
dominants ou codominants. Les ana-lyses
minérales (élémentsmajeurs)
ont été réali-sées par le laboratoire agréé
Sicagro
sur échan-tillons de feuilles
broyées
et séchées à 65 °C.Analyse
des donnéesLa comparaison
statistique
des traitements aété effectuée par analyse de variance ou ana-
lyse de régression. Du fait de la non-normalité vérifiée des variables, nous avons utilisé l’ana-
lyse de variance non-paramétrique de Friedman
(Dagnélie, 1970); la comparaison individuelle d’un traitement au témoin a été effectuée à l’aide d’un test unilatéral
non-paramétrique
(Dacunha-Castelle et Tomassone, 1975). L’ana- lyse de régression a été réalisée lorsqu’une co-variable X utile a pu être identifiée : on a alors réduit la variabilité
indépendante
des traite- ments en analysant l’effet de ces derniers sur la valeur desparamètres
desrégressions
reliant lavariable
principale
Y à X. Ceci a pu être réalisé pour les relations entre nombres derejets
parcépée
à desâges
différents, ainsi qu’entre lalongueur
et le diamètre desrejets
à unâge
donné. Le modèle de régression non-linéaire re- tenu est du type :
Nous avons utilisé le
logiciel
Genstat(Astier
et al, 1982) pour le paramétrage du modèle (1)
selon les traitements, le test F (Snedecor et Co- chran, 1957) pour la comparaison globale des
modèles et sous-modèles, et le test t de Student corrigé pour la comparaison individuelle des
pentes.
RÉSULTATS
Effets de l’amendement-fertilisation
(dispositif
n°1)
Effets sur la croissance
Nous constatons surtout une influence de la fertilisation sur le nombre de
rejets
deBouleau
pubescent
parcépée :
lafigure
1montre une tendance à un retard de mor-
talité des
rejets
entre 2 et 4 ans sur lesplaceaux
fertilisés(différences
non statisti-quement significatives
au seuil de 5%),
etsurtout un accroissement de cette mortali- té entre 4 et 6 ans. Ce dernier résultat est confirmé par
l’analyse
de larégression
dunombre des
rejets
parcépée
à 6 ans surcelui des
rejets
à 4 ans : la différenceglo-
balement
significative
est vérifiée dans 3blocs sur 4, et ne
dépend
donc pas du nombre initial derejets
à 4 ans. Pour lacroissance en diamètre et en
longueur
desrejets, l’analyse
est délicate car les cé-pées-échantillons
choisies diffèrent d’un in- ventaire à l’autre. Siglobalement
lespla-
ceaux
plantés
et fertilisés ont les dia- mètres et leslongueurs significativement
les
plus élevés,
il existe une forte interac- tion avec le bloc(c’est
le cas pour 2 blocssur
4)
et surtout avec les diamètresmoyens du
peuplement
initial. En re-vanche, la
pente
de larégression
de la lon-gueur des
rejets
sur leur diamètre est si-gnificativement supérieure
à 2 ans dansles
placeaux
fertilisés(c’est
le cas dans les4
blocs);
mais cette différence finit par s’annuler à 6 ans(tableau III).
Autotal,
la fertilisation n’a pasaugmenté significative-
ment la
production globale,
et nous assis-tons
plutôt
à un retourprogressif
au das-sement initial des
fertilités,
comme entémoigne
le tableau IV pourplusieurs
ac-croissements moyens annuels
(évolution
du coefficient de corrélation vers des va-
leurs de
plus
enplus positives);
lafigure
5montre en
particulier
une tendance à unretour au classement initial des
allonge-
ments moyens des
rejets.
Analyses
foliaires(fig 2)
Les teneurs en éléments
majeurs
du bou-leau
pubescent
sont situées dans les four- chettesoptimales
fournies pour les feuillus peuexigeants
par Bonneau(1988)
et sontcomparables
aux valeurs citées par Ferm et Markkola(1985)
pour la mêmeespèce
au même
âge
traitée en taillis. Suite àl’ap- port
de P et Capuis
N etK,
nous consta-tons
qu’après
1-3 ans, seule la concentra- tion enpotassium
estsupérieure
dans lesplaceaux
fertilisés parrapport
à celle desplaceaux témoins,
de 28% en moyenne.Pour le
phosphore
etl’azote,
ce n’est lecas que sur une moitié du
dispositif (diffé-
rente pour P et pour
N),
la concentrationen calcium étant relativement constante.
Effets du travail du sol
(dispositifs
n° 1et 2)
Effets sur la croissance du taillis Nous voyons sur la
figure
1 que le travail du sol dans ledispositif
n° 1 a nettementdéprimé
la croissance en hauteur desmaîtres-rejets
entre 2 et 6 ans, cet effettendant à s’accroître au cours du
temps (la
diminution de l’accroissement passe de 37% à
56%).
Bien que l’influence de ce traitement soitglobalement significative
sur cette variable entre 2 et 6 ans, elle est surtout nette dans les blocs 3 et 4 où le rouleau landais est
passé
sur les souches(pour
les blocs 1 et 2, le sol n’a été tra- vailléqu’entre
lessouches).
D’autrepart,
lerapport
parplaceau
du nombre decépées
vivantes de bouleau
après
la coupe au nombre detiges
de bouleau dupeuple-
ment initial est minimal dans les blocs 3 et 4 pour les
placeaux travaillés,
et inférieur de 20% à 23% à celui duplaceau
témoin.Le
regroupement
destiges
initiales en cé-pées pouvant
être considéré comme indé-pendant
duplaceau
d’un mêmebloc,
ce résultat tend à montrer un effet du travail du sol sur la mortalité des souches de bou- leau. Autotal,
à 6 ans, laproduction
enbiomasse de bouleau des
placeaux
tra-vaillés est inférieure à celle des
placeaux témoins;
cette différence estsignificative
à5% pour les blocs 3 et 4.
Dans le
dispositif
n° 2, les traitementspioche
et surtout labour ontprovoqué
uneforte
augmentation
du nombre derejets
dès la
première
année(+
43% à 99% res-pectivement
par rapport autémoin).
Cephénomène
tend ensuite àdisparaître
aucours du
temps (-
8% à + 20% à 4ans).
En termes de
production
en biomasse, lastimulation initiale est
comparable (+
63%à +
92%),
mais elle se maintient un peu mieux pour le traitement labour(+
40% à 4ans).
La modalité bâche a un effetplutôt négatif
sur laproduction.
Pour le bloc 1,où le
peuplement
initial était leplus jeune (8 ans)
et la densité initialeplus
élevée(6 600 tiges/ha
contre 6 000tiges/ha
enbloc
2),
la stimulation dudrageonnement,
tant en nombre de
rejets qu’en production,
a été
plus importante
que dans le bloc 2, surtout pour la modalité labour. A 4 ans, le bloc 1 se caractérise par le maintien d’une forteproduction
dedrageons,
liée surtoutà leurs
dimensions,
dans le traitement la- bour.Effets sur l’installation des semis
(dispositif n° 1)
L’estimation et le suivi de la
quantité
desemis ont fait
l’objet
d’une notation semi-quantitative
à 5 niveaux(absence, pré-
sence, et 3 niveaux d’abondance crois-
sante)
effectuée par carrés de 3 m x 3 msur la totalité de la surface de
chaque pla-
ceau durant les étés 1983 et 1985. Les ré- sultats concernant le taux de
présence (rapport
du nombre de carrés où il y a dessemis au nombre total de
carrés)
sont mentionnés sur lafigure
4. Le tableau V montre l’évolutioncomparée
du pourcen-tage
de carrés où les semis de bouleausont abondants ou seulement
présents.
En1983,
le taux deprésence
estplus
élevésur les
placeaux
travaillés(+ 10%);
pour lebouleau,
la différence se situe essentielle- ment au niveau du nombre de carrés où les semis sontprésents
mais non-abondants,
cequi indique davantage
uneffet du travail du sol sur une meilleure ré-
partition
des semis que sur leurquantité.
Entre 1983 et 1985, il y a une forte diminu- tion de la
présence
des semis(- 45%) qui
concerne
davantage
lesplaceaux
tra-vaillés et, dans
ceux-ci, plus particulière-
ment le
pourcentage
de carrés où les semis de bouleau sontprésents
mais non-abondants
(-30%).
Cephénomène
montreque ce sont surtout les semis de bouleau relativement isolés
qui disparaissent, parti-
culièrement ceuxqui
avaient pu s’installer initialementgrâce
au travail du sol. Les observations de terrainprécisent
en outreque l’installation et la survie des semis sont très favorisées par l’humidité locale du
sol, caractéristique
du microsite et/oucorrélée avec le micro-relief
préexistant
(billonnage);
la survie est par contre trèscompromise partout
où lavégétation
basse
(graminées, bruyère
oufougère)
re-prend
avecvigueur.
Plantations intercalaires
(dispositif n° 1)
La forte mortalité des
peupliers
a conduit àeffectuer leur
recépage partiel (blocs
3 et4)
et uneplantation complémentaire
dechênes rouges.
Après
5 ansd’installation,
nous avons noté
globalement plus
de 90%de
peupliers
morts, sauf dans le bloc 2(33%).
Pour les chênes rouges, la mortali- té totale a étécomprise
entre 20 et 30%durant les 4
premières
années d’installa- tion àl’exception
du bloc 2 :1%),
et lenombre de nouveaux
plants
morts tend ac-tuellement à devenir très faible.
Toutefois,
dans les blocs 3 et 4, où l’ensouchement est
plus
dense, undépressage
descépées
de bouleau a été nécessaire à 6 ans pour éviter une
trop
forte concurrence(hauteur
des
rejets :
4 m; hauteur desplants :
1m).
DISCUSSION
Les 2 essais installés ont livré une pre- mière série de résultats mettant en évi- dence l’influence ou l’absence d’influence des
techniques expérimentées
sur les pa-ramètres de la croissance et de la
régéné-
ration de taillis traditionnels.
Les
apports
minéraux ont été diverse- ment retrouvés au niveau foliaire 1 à 3 ansaprès
leur introduction. Ces résultats peu- vent être attribués aucomportement parti-
culier de
l’espèce
et(ou)
à desphéno-
mènes de limitation de la
part
du milieu,comme l’ont
déjà
observé Mroz et al(1985)
et Evans(1986).
Le sol du taillis de bouleau était en effetparticulièrement
pauvre et peu
profond.
Sa teneur enpotas-
sium
(0,05
meq pour 100g)
étaitproche
du seuil de carence, ce
qui pourrait expli-
quer
l’absorption
nette etgénérale
de cetélément dans ce
dispositif,
etégalement
sa nécessité. Les différences constatées entre blocs
peuvent
être liées aux années différentes de fertilisation. Maisl’apport
d’azote semble être
plus
efficace dans lesblocs 3 et 4 du
dispositif
1, où laquantité
d’azote du sol est
davantage
limitante(0,15‰
contre0,5‰
dans les blocs 1 et2).
Le faible effet
global
de l’amendement- fertilisationpourrait
être dû à unrapport
N/K des
apports légèrement
insuffisant.L’effet le
plus
net est celuiqui
concerne lenombre de
rejets
parcépée
de Bouleau. Ilappelle plusieurs
remarques. Toutd’abord,
ce
phénomène
n’a pas été observé sur d’autresespèces
dans des conditions ex-périmentales
voisines(Mroz
etal, 1985).
Les 2
phases
successives de ralentisse- mentpuis
d’accélération de la mortalité peuvent être mises enparallèle
avec les 2phases d’apports minéraux,
décalées d’1an
(P-Ca puis N-K).
Ilpeut également s’agir
del’expression
de mécanismesphy- siologiques
liés àl’absorption minérale,
à la structure et au fonctionnement des souches et de leurappareil
racinaire :phé-
nomène
d’épuisement
del’apport minéral,
et
(ou)
d’intensification de lacompétition
entre les
rejets
d’une mêmecépée.
Entout état de cause, il
apparaît
une interac-tion entre la fertilisation et la
compétition
entre
rejets,
cette interactionpouvant
contribuer à masquer d’autres effetsposi-
tifs de la
fertilisation,
notamment sur la croissance en diamètre et en hauteur desrejets
comme l’ont observé d’autres au-teurs
(Czapowskyj
et Safford, 1979; Her-bert,
1983; Fermet al, 1982).
La diminu-tion du
rapport longueur/diamètre
desrejets
desplaceaux
fertilisés au cours dutemps
traduitpeut-être
un effet de la fertili- sation sur la forme desrejets,
avec une stimulationplus importante
de l’accroisse- ment en diamètre. Herbert(1983)
a obser-vé un
phénomène
semblable sureucalyp-
tus,
principalement
sous l’effet d’unapport
d’azote. Mais ce
phénomène pourrait
aussi être lié à l’évolution de la
mortalité,
les très
petits rejets qui
tendent àdispa-
raître étant caractérisés par unrapport
lon-gueur/diamètre plus
élevé.La reconstitution du classement des vi- gueurs initiales 4-6 ans
après
lerecépage
initial s’observe
particulièrement
pour leclassement des blocs
(fig 5),
maiségale-
ment pour celui des
placeaux
à l’intérieur dechaque
bloc pour 3 blocs sur 4. Ils’agit
très certainement là d’une influence déter- minante des variations du
milieu,
ou dugé- notype, qui
aparticipé
à réduire l’effet et ladurée des traitements
appliqués.
L’augmentation
de la mortalité dessouches de bouleau sous l’effet du rouleau landais
s’explique
par le traumatisme im-portant
causé sur la surface aérienne des souches, avec arrachement de l’écorce,susceptible
d’éliminer lesbourgeons
dor-mants. Ce résultat est à
relativiser, compte
tenu de la
fragilité
des souches de bou-leau,
peu«longévives».
En cequi
concerne la limitation de la croissance en
hauteur des
cépées,
nous pouvons penser à un traumatisme del’appareil
racinaireprovoqué
par le rouleau landais : chez uneespèce
dont le renouvellement des racines est peumarqué (Bédéneau
etPagès, 1984),
ce traumatismepourrait
entraînerune diminution du volume de sol
exploité.
Les observations de terrain
suggèrent
par ailleurs l’interventionpossible
d’un effet in- direct du rouleau landais : nous assistons à un envahissementprogressif
despla-
ceaux travaillés par la
bruyère (Erica
cine-rea, Calluna
vulgaris), susceptible
deconcurrencer le bouleau vis-à-vis de l’eau du sol.
Pour l’installation des semis de bouleau entre les
souches,
ilapparaît qu’un
travailmoins uniforme du sol est
préférable,
afinde favoriser le
développement
deplages
de semis dans de bonnes conditions
hydri-
ques; il est nécessaire
d’y associer,
aumoins dans ce
type
demilieu,
un traite-ment herbicide sélectif
permettant
d’élimi-ner la
compétition
de lavégétation
basse.L’effet du travail du sol sur le
drageon-
nement du robinier montre
qu’outre
l’inter- action avec la fortecompétition juvénile, qui
annulerapidement l’augmentation
dunombre des
drageons,
nous pouvons obte- nir une améliorationplus
durable de leur croissance individuelle. Nous pouvons penser que les blessuresracinaires, qui
in-duisent la formation de racines
adventives,
ont amélioré l’alimentation des
drageons
par
augmentation
du nombre des racines actives et(ou)
par réduction des distancestige-racine.
Parailleurs,
les différences observées entre les intensités de réaction despeuplements
des 2 blocspourraient
in-diquer l’importance
du rôle del’âge
du peu-plement initial,
et donc de sonsystème
ra-cinaire. Le travail du sol autour des
souches a donné de moins bons résultats dans
l’ensemble,
cequi peut
êtreinterpré-
té comme l’effet de la
compétition
interne àla couronne de
drageons
résultants ou de la concurrence desrejets
de lacépée qu’ils
entourent.Pour les
plantations intercalaires,
leprincipal problème
rencontré est dû à la sécheresse estivale : la forte mortalité despeupliers
et la meilleure survie desplants
et
plançons
dans le bloc 2,plus humide,
en attestent nettement. L’ensouchement est suffisamment faible pour que les cé-
pées
ne concurrencent pastrop
lesplants;
il assure même sans doute un abri climati- que,
compte
tenu des faibles mortalités en-registrées.
CONCLUSION
Ce
premier
bilan de tentatives d’améliora- tion de la croissance et de larégénération
de taillis traditionnels fournit dans l’en- semble des résultats soit
négatifs (effet
du passage d’un rouleau landais sur la crois-sance du
bouleau)
soit deportée
limitéeen intensité
(amendement-fertilisation)
ouen durée
(installation
dessemis, drageon- nement).
Le rôle desplantations
interca-laires n’a pu encore être
quantitativement défini,
lerecépage
desplants
étant encoreprématuré :
les modalitéssylvicoles
à ap-pliquer
ultérieurement restent en effet à définir(âge
dupremier recépage
desplants,
en tenantcompte
des caractéristi- quesbiologiques
desespèces
enpré- sence).
Il mériterait d’êtreprécisé
par lapoursuite
des mesures,compte
tenu des bonnesperformances
desplants
de chênerouge. Ces résultats seront
complétés
ulté-rieurement par ceux d’essais
plus
récem-ment installés
(1984
et1986)
concernantl’étude de l’influence de la durée de rota- tion sur la croissance d’un taillis de châtai-
gnier (Castanea
sativaMill),
et la re-cherche de densités
optimales
deplants
en
plantation
intercalaire dans un taillis de charme(Carpinus
betulusL).
Les
principales
difficultés rencontrées ont été tout d’abord lagrande
variabilité initiale du milieu et despeuplements,
en-traînant l’existence de blocs demeurant encore très
hétérogènes, malgré
lespré-
cautions
prises.
Ensuite, les caractèresdéfavorables à la croissance de la
plupart
dessols,
tant en termes minérauxqu’hydriques,
ontprobablement
constituédes facteurs limitant les
réponses
de crois-sance aux traitements
expérimentés.
Ainsipour le
dispositif
n°1,
nous assistons à unimportant
déficithydrique
enété,
lié au ca-ractère très sableux et
superficiel
dusol;
par ailleurs, la montée de la nappe
phréati-
que en hiver favorise
probablement
l’enra-cinement à faible
profondeur,
et lerégime
du taillis accentue encore cet état de fait
car les nouvelles racines y sont souvent latérales et
superficielles.
Nous avons ob-servé d’autre
part
desphénomènes
inat-tendus d’interaction entre l’enrichissement minéral du sol et la mortalité
juvénile
in-tense des
rejets. Enfin,
il n’a pas été pos- sibletechniquement
de suivre individuelle- ment lescépées
au moment durecépage initial,
cequi
a limité lescomparaisons
entre repousse et
peuplement
initial et n’apas
permis
uneségrégation optimale
del’effet des traitements vis-à-vis de la varia- bilité initiale.
Toutefois,
nous avons pu observer dans ledispositif
n° 1 une ten-dance de la repousse à reconstituer les variations initiales 6 années
après
le recé-page; cette
observation
confirme leshypo-
thèses sur l’existence de facteurs limitants.
Ces
premiers
résultatspermettent
tou- tefois dedégager quelques
recommanda- tions pour de futurs essais de même na-ture. Le travail du sol avec passage
d’engins
sur les souches est àproscrire,
sauf
peut-être
chez lesespèces drageon-
nantes. Dans ce dernier cas, il semble
pré-
férable d’effectuer
l’opération
àpartir
d’unpeuplement
assezjeune,
dont lesystème
racinaire est
plus
réactif. Le bénéfice à at- tendre est de courtedurée,
et convient donc surtout pour des rotations de 3-5 ans parexemple.
Lesapports minéraux,
mêmeen
quantités
notoirement suffisantes(sauf peut-être
pourl’azote), peuvent interagir
avec la forte mortalité
juvénile,
tout aumoins chez les
espèces
àgrand
nombreinitial de
rejets
parcépée,
avec l’efficacité del’appareil racinaire,
et avec le déficithy- drique
ou la faible rétention du sol. Il ne faut donc les conseillerqu’en
cas de ca-rence évidente
(analyse foliaire)
et sur dessols pas
trop dégradés.
Lesproblèmes hy- driques
rencontrés(sécheresse d’été,
montée de la nappe
phréatique l’hiver)
ten-draient à
suggérer, particulièrement
en So-logne, l’irrigation
estivale et ledrainage
hi-vernal afin de
permettre
ausystème
racinaire de descendre et
d’augmenter
ainsi la réserve utile à la souche; mais il
s’agit
là detechniques
coûteuses sans rap-port
avec la valeur commerciale de cestaillis. Au total, la combinaison d’une tech-
nique d’augmentation
de l’ensouchement(plantation
ousemis)
avec l’utilisation d’une durée de rotationoptimale,
donc re- lativement courte maisadaptée
àl’espèce
et au
sol,
semble constituer le meilleur moyend’augmenter
la croissance et la pro- ductiontotale,
dans les limites économi- ques de la forêtprivée française
et dans lecadre du
régime
du taillissimple.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier vivement les équipes techniques de la station de sylviculture et de
l’UEBF de l’INRA d’Orléans ainsi que l’Agence
française
pour la maîtrise de l’énergie, qui ontpermis
techniquement et financièrement l’instal- lation et le suivi des essais. Les antennes lo- cales des CRPF et de l’ONF, particulièrementMM Formery et Raoul, nous ont