NOTIONS DE BASE D’ANTHROPOLOGIE, ETHNOLOGIE ET CULTURES EN LIEN AVEC LES SOINS
Prosper MOUYOULA Socio-anthropologue, juriste
III. LES PARTICULARITÉS DES DIFFÉRENTES CULTURES
La rencontre des cultures dans le soin : approche interculturelle de Margalit Cohen-Emerique
1. Incidences culturelles et représentations et
perceptions de la maladie
2. Incidences culturelles sur la perception de la
douleur
3. Réflexions sur la rencontre des cultures dans le soin : approche interculturelle de
Margalit Cohen-Emerique
2. Incidences culturelles:
représentations et perceptions
de la maladie
Sommaire:
Cas 1
=> Le cas du peuple BARIBA du nord du Bénin et du Nigeria
Cas 2
=>Les peuples DATOGA du sud-ouest de la Tanzanie
Cas 3
=>La femme béninoise (FON)
Cas clinique n°1 :
Le cas du peuple BARIBA du nord du Bénin et du Nigeria
Une étudiante en IFSI, en stage à l’étranger raconte :
Que ce soit lors d’un accouchement, à la suite d’une profonde entaille ou d’une simple égratignure, un « vrai » Bariba ne ressent ou plutôt n’exprime pas sa
douleur…
Celle-ci révèle que chez les peuples Bariba, manifester une quelconque preuve de souffrance est un signe de lâcheté et suscite la honte.
En cas de blessure grave ou d’accident, le meilleur comportement est l’indifférence, l’absence manifeste de réaction… là bas les femmes accouchent seules et ne
peuvent manifester aucun signe de gêne ou de malaise.
Le cas du peuple BARIBA du nord du Bénin et du Nigeria => Décryptage
Douleur
Manifester la souffrance
Ne pas manifester sa douleur
Signe de lâcheté Signe de honte
=> exclusion
Signe de courage et d’appartenance
=> inclusion
Le rapport à la douleur est conditionné par la Tradition
Cas clinique n°2 :
Le peuple DATOGA du sud-ouest de la Tanzanie
Une étudiante en IFSI, en stage en Tanzanie raconte que dans cette culture, une femme sachant qu’elle possède une trousse de secours lui amène son enfant pour un léger «bobo» au pied.
La mère, comme l’enfant, ne semblent pas considérer la blessure avec gravité.
Lorsque l’infirmière délie le bandage de l’enfant, il découvre avec stupéfaction que l’on aperçoit l’os.
Plus tard, on l’appelle au chevet d’une petite fille souffrante d’une constipation.
Le peuple DATOGA du sud-ouest de la Tanzanie =>Décryptage Blessure grave Simple « bobo »
Constipation Action de sorcellerie
✓ Ce dernier cas (la constipation), banal à nos yeux,
✓ est considéré comme très grave par les membres de cette société,
✓ car la constipation peut être due à une action malveillante, par exemple celle d’un sorcier.
Le rapport à certains symptômes est conditionné par la culture
Cas clinique n°3 : La femme béninoise (culture fon)
Une étudiante en IFSI, en stage au Bénin a vécu une situation clinique particulière :
« Il s'agit d'une jeune femme béninoise qui accouche dans une maternité provinciale. On lui pratique une péridurale.
Le lendemain, elle refuse de se lever et demeure repliée sur elle-même, déclarant
"souffrir de sa péridurale ".
Mise en confiance, elle parle alors des accouchements des femmes de son village, et notamment de ceux vécus par sa mère ou ses tantes.
Toujours, elle a vu naître les enfants dans la douleur nécessaire de la femme.
➢
Cas clinique n°3 : La femme béninoise=>Décryptage
(..) elle a vu naître les enfants dans la douleur nécessaire de la femme (…)
La douleur comme signe d’appartenance
L'anesthésie/péridurale
Perte de repère
Exclusion de l’histoire collective
Nécessité de… s'enquérir des conceptions de la personne avant de plaquer un modèle de soin sur un patient
Dans la culture fon, la douleur, critère de filiation et d’affiliation
✓ La péridurale l’a dépouillée de son affiliation à sa mère et aux autres femmes de sa lignée.
✓ L'anesthésie l'a privée d'un repère essentiel,
✓ L’anesthésie a dé-réalisé l'expérience qui inscrit cet événement dans une histoire collective »
3.Réflexions sur la rencontre des cultures dans le soin : approche interculturelle de Margalit Cohen-
Emerique