INTÉRÊT DU TEMPS TOTAL DE TRAITE POUR LA SÉLECTION DES VACHES
SUR LA VITESSE DE TRAITE
II. - 1,A SÉLECTION DES FEMELLES
J.-J. COLLEAU
Station de Génétique quantitative et appliqu-’e,
Centve national de Recherches zootechniques, I.N.R.A., ., 78-J ouy-en-J osas
RÉSUMÉ
Dans le but de préciser les possibilités d’une sélection des femelles sur le temps total de traite recueilli par les contrôleurs laitiers, on a étudié les coefficients d’héritabilité de ce critère sur 939
couples mère-fille de races frisonne, montbéliarde et normande, ainsi que l’efficacité d’une correc- tion de l’effet étable par une méthode simple.
Il semble réalisable, dans le cadre du contrôle laitier, de connaître la valeur génétique d’une
vache avec une précision de 40 p. 100, à la condition d’effectuer 4 mesures. Nous estimons par ailleurs, que dans les conditions françaises actuelles, d’autres mesures plus précises reviendraient
plus cher, car elles ne pourraient pas être prises en charge par les contrôleurs laitiers. L’affectation d’une somme donnée au contrôle de quatre temps totaux par vache plutôt qu’au contrôle d’un critère plus précis mais plus coûteux, est plus intéressante dans le cas de la sélection massale des femelles et même dans celui des « mères à taureaux n quand le schéma de sélection global impose d’en prospecter beaucoup. En pratique, nous préconisons la mesure du temps total deux fois par lactation, en première et en deuxième lactation.
INTRODUCTION
Dans une
publication précédente (CO LLE A U ,
BOUGLER etD ERV EAUX, 1971),
nous avons montré l’intérêt du
temps
total de traite pour letestage
des taureaux d’insémination artificielle. Nous nous proposons de voir àprésent
si ce critèrepeut
êtreégalement
utilisé pour la sélection des femelles. Dans ce cas, le nombre de contrôles par animal nepeut
pas être trèsgrand,
cequi implique
de connaître defaçon
assezprécise
la valeur du coefficient d’héritabilité. D’autrepart,
les différents contrôles d’une vache donnée sontsusceptibles
d’être biaisés par certains facteursnon
génétiques,
tel le facteur atroupeau
n(qui
est àl’origine
de 30 p. 100 de la variancetotale, d’après
nosprécédents calculs),
alors que ces biais ont moins d’influence sur la moyenne des contrôles pour les filles d’un taureau. Ceci rendplus
souhaitable l’élimination de ces facteurs non
génétiques.
Nous avons tenu à ce que l’information nécessaire à l’étude des deux
questions évoquées
ci-dessus soit recueillie par les contrôleurslaitiers,
parcequ’à
l’issue denotre
première étude,
nous avonspréconisé
la mesure dutemps
total de traite dans le cadre desopérations
normales du contrôle laitier. Bienqu’ici
le travail demandéaux contrôleurs laitiers ait été
précisément
en dehors de cecadre,
nous pensons que les mesures recueillies serapprochent
de cellesqu’ils
obtiendraient dans le schéma que nous avonsprécédemment proposé.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
i. - .Ma!’f!’!
La collecte des données de temps total de traite a été organisée par le Comité Fédératif
Nattonal de Contrôle Laitier et effectuée par les contrôleurs laitiers de 26 organismes départemen-
taux entre Février et Juin 1969. Elle a porté sur un total de 1225 couples mère-fille de race a fran- çaise frisonne pie-noire », a montbéliarde », normande », situés dans 849 élevages.
Le temps total (intervalle de temps entre la pose et la dépose du troisième gobelet mesuré
avec une montre à trotteuse centrale) et la quantité de lait à la traite correspondante, ont été
mesurés une seule fois, sur la mère et la fille, au cours du même passage du contrôleur laitier. Ce dernier notait de plus l’intervalle de temps séparant la pose des gobelets pour la première vache
et la dépose des gobelets pour la dernière vache (I), le nombre de vaches traites (n), le nombre
de postes (p), ces trois variables étant destinées à fournir une estimation du temps de traite moyen de l’étable à l’aide de la relation
TE = IP .
n Enfin, le contrôleur calculait la quantité de.laitmoyenne du troupeau à la traite considérée.
Le protocole prévoyait de ne contrôler que les couples mère-fille répondant aux conditions
suivantes :
- fille en première ou en seconde lactation, sans exigence spéciale sur le numéro de la lacta- tion de la mère, qui est par conséquent élevé en moyenne (5, 7);
- mère et fille entre le 2e et le 6econtrôle dans la lactation;
- quantité de lait à la traite au moins égale à 4 kg pour la mère et la fille.
Un certain nombre de couples contrôlés ne répondant pas à la totalité de ces conditions, nous disposons en définitive d’un total de 939 couples : 512 en race frisonne, 255 en race montbéliarde, 172 en race normande. Le nombre d’étables d’origine est alors de 651 (348, 182, 121).
2
. - Méthodes ’
a) Estimation de l’héritabilité du temps total.
Nous avons préféré estimer le coefficient d’héritabilité à partir du coeflleient de corrélation entre performances des mères et des filles, et non à partir du coefficient de régression de la perfor-
mance de la fille sur celle de sa mère, parce que nous avons constaté que les variances sont signi-
ficativement inférieures chez les filles. La valeur brute de ce coefficient ne peut pas être utilisée pour le calcul de l’héritabilité : la covariance entre mère et fille n’est pas uniquement de nature génétique, car en particulier elles sont dans la même étable. Il s’agit donc de calculer intra étable
ce coefficient de corrélation entre mère et fille. Dans ce but, nous avons posé le modèle suivant :
TM
ijet TF,, sont respectivement les temps totaux de la mère et de la fille correspondant au jme couple de la ime étable.
EM&dquo; EF, représente l’effet aléatoire de l’étable i sur le temps de traite de la mère et de la fille, respectivement. RMij, RFV sont des variables résiduelles aléatoires. Une estimée non biaisée de l’héritabilité est donnée par l’expression :
Étant donné qu’il n’y a en moyenne qu’un peu plus d’un couple par étable, l’application
directe du modèle (1) conduirait à des estimations peu précises de la covariance intra-étable.
On peut toutefois tourner la difüculté, si l’on connaît déjà sans erreurs d’estimation les rapports
e M
=
cr 2 E &dquo; 2 et
eF =6 2 FF ,
obtenus en dehors de cet échantillon, et si l’on suppose que le coefficient° 6 TiYI Q TF
de corrélation entre EM et EF est connu et égal , en particulier à 1. On a alors :
b) Estimation de l’héritabilité du temps total corrigé pour la quantité de lait.
Les temps de traite ont été corrigés pour la quantité de lait par régression linéaire, séparément
pour les mères et les filles, car les quantités de lait moyennes ainsi que les coefficients de régression
du temps total sur la quantité de lait ne sont pas les mêmes chez les mères et les filles. Sur ces temps corrigés, on a ensuite utilisé la formule (2).
c) Tests statistiques.
Les variances des mères et des filles ont été comparées en calculant la probabilité de l’erreur de première espèce de la variable F de Fisher-Snédécor suivant l’approximation de KErrDm.L (1958). Les coefficients de corrélation ont été comparés après transformation en variables z de Fisher, qui suivent approximativement une loi normale. Pour tester l’homogénéité de k coefficients de régression dans une population totale de N, on a calculé la valeur de la variable définie par U
LMO(1960), qui suit une loi de F k-I,N-2kà condition que la variance de l’erreur au modèle linéaire soit constante dans les k sous-échantillons.
P,ÉSULTATS
ET DISCUSSIONI
. -
Moyennes et écart-types
Il est
important
de savoir s’il existe dans notre cas, des différences entredépar-
tements. Nous avons effectué une
analyse
de variance dutemps
total de traite pour chacune des trois races, en considérant les filles enpremière,
en seconde lactationet les mères. Dans tous les cas, sauf pour les deuxièmes lactations en race montbé-
liarde,
nous n’avons pas trouvé de différencessignificatives
entredéparten l ents.
En
conséquence,
les données del’enquête
ont étéanalysées globalement.
Les valeurs moyennes de
temps
de traite sont du même ordre que celles obser- vées dans la zone de CaARlvloyqui
s’étend sur lesdépartements
de l’I’onne et du Loiret(C OLLEAU ,
BOUGLER et DERVËAux,1971 ).
On constate que letemps
de traiteaugmente
depremière
en deuxième lactation dans toutes les races(tabl. i).
1,’écart-type
de ce critère est toutefois le même pour chacune des lactations consi-dérées,
alorsqu’il
est nettementplus important
pour les lactations des mères. Surl’échantillon dont nous
disposons,
nous n’observons pas degrandes
différences entre races pour letemps
de traite. Si l’on tientcompte
desquantités
delait,
il semblenéanmoins que la race normande soit moins
rapide
à la traite que les races montbé- liarde ettrisonne.
Le résultat de lacomparaison
entre les races normande ettrisonne
est
analogue
à celui que nous avons obtenu dans la zone de CHARMOY.La variable
TE, temps
de traite estimé del’étable,
est en moyennesupérieure
de
plus
de 3 mn autemps
de traite réel moyen des animaux de l’étable : 10, 19 mn parrapport
à6, 92
mn si l’on admet que la moyenne des mères et des filles estidentique
à celles destroupeaux
dont ellesproviennent.
Cette différence traduitl’importance
destemps
morts dans lesopérations
de traite. Les moyennes par race pour cette variable TE sontremarquablement
constantes, alorsqu’à
l’intérieur d’une race il existe degrandes
variations(a(TE)
> 2,5mn).
2
. - Facteurs de variation non
génétiques
2 . 1
. -
Quantité de
lait à la traiteI,es coefficients de corrélation entre le
temps
total de traite et laquantité
delait sont tous
significatifs,
sauf en race normande(tabl. 2 ).
Enpremière lactation,
iln’y
a pas de différencessignificatives
entre races : le coefficient de corrélationmoyen intra race est alors de
o,i8q.
Pour les autres classesd’âge,
les valeurs du coefficient de corrélation différentsignificativement
suivant la race. D’une manièregénérale,
les valeurs des corrélations à tous lesâges
ont tendance à êtrefaibles, particulièrement
chez les mères. Les valeurs que nous avons trouvées pour les racesfrisonne
et normande dans la zone de CHARMOY sont en effet de o,20-0,25; cettesupériorité provient
essentiellement d’une covarianceplus
élevée entretemps
de traite etquantité
de lait. Il faut toutefois noterqu’ici,
il y a eu un seuljour
decontrôle de traite par étable et non 2,5 comme dans l’échantillon de
C HARMOY ,
ce
qui
a contribué àaugmenter
lapart
de la covariance « entre étables » dans la covariance totale : cette covariance « entre étable » étantpratiquement nulle,
le coefficient de corrélation totale est apriori plus
faible.Les coefficients de
régression
dutemps
total sur laquantité
de lait à la traiteobtenus pour chacun des trois groupes ne varient pas
significativement
d’une raceà l’autre. Les estimées communes sont de o,2gq.; o,z52; 0,129
kg/mn
par ordred’âge
croissant. Les deuxpremiers
coefficients sontsignificativement
différents.Le troisième n’a pas été
comparé
aux deuxpremiers
parce que la variance dutemps
totalcorrigé
estsignificativement supérieure
chez lesmères,
cequi
biaiserait les résultats du test utilisé. Sur les données deC HARMOY ,
nous avionsdéjà
observécette
diminution, quoique
de manièrebeaucoup
moins nette. ODEGARD( 19 66
et19
6 7
)
semble trouver uneaugmentation
du coefficient derégression
dequantité
de lait à 2 mn sur la
quantité
lait totale(o,16
enpremière lactation;
0,19 en 2-3eelactation;
0,23 en4 -5 e
lactation et 0,17 de la 6e à lag e ) qui correspondrait
à une diminution du coefficient derégression
dutemps
total sur laquantité
de lait.RITTER
(1964)
et ANDREAE( 19 6 4 )
ne trouvent toutefois pas que le coefficient derégression
du débit moyen a tendance àaugmenter
avecl’âge. Compte
tenu de l’amélioration avecl’âge
de l’extensibilité dusphincter
des trayons montrée parJ OH A N SS
ON
et MALVEN(ig6o),
ANDREAE( 19 6 4 )
onpourrait plutôt
attendre unediminution corrélative du
temps
nécessaire à la traite d’un kilo de laitsupplémentaire.
Quoiqu’il
ensoit,
les différencessignificatives
que nous avons trouvées nous ont amené àcorriger
letemps
total au moyen de coefficients différents suivantqu’il s’agissait
des mères ou des filles.2 . 2
. -
Temps de
traite moyen. estimé de l’étable.La variable TE est
toujours
en liaisonsignificative
avec lestemps
de traite individuels(tabl. 2 )
mais il existe unehétérogénéité significative
entre les 9 coeffi- cients de corrélation de ce tableau. Cette dernièreprovient
de différences entre races et non de différences entreâges
à l’intérieur d’une même race. Les estimées des coefficients de corrélation par race sontégales
ào,26;
0,35; 0,47pour les racesfrisonne,
montbéliarde et normanderespectivement.
Ces estimées différent au seuil de i p. 100.Nous avons
pensé
d’abord que ces différencespouvaient s’expliquer
par des différences d’effectif partroupeau
et(ou)
d’utilisation de salles de traite. Eneffet,
les effectifs moyens partroupeau
sont de 2r,3;z8,5; 1 8, 7
pour les trois races dans le même ordre queprécédemment;
d’autrepart
lespourcentages
de données obte-nus dans des étables
équipées
deplus
de deuxpostes,
cequi
avec une tonne ap-proximation correspond
à des salles detraite,
sontrespectivement
de 45 p. 100, 5i p. 100, 35 p. 100. Enfait,
l’effectif ne semble pasjouer
de rôle car si l’on classe les étables frisonnes par effectif croissant en trois groupeségalement importants,
on remarque que les coefficients de corrélation n’ont pas tendance à diminuer
( 0 , 2
6;
0,33;0 , 23 ).
Si deplus
on effectue les calculs en considérant seulement les étables munies de deuxpostes,
les différences entre races pour les coefficients de corrélation subsistenttoujours (r
= 0,27; 0,42;0 ,56
en citant les races dans le mêmeordre).
Commel’origine
du faible coefficient en race frisonneprovient
essentiellement d’une diminution de covariance entre les
temps
individuels et lestemps
étableestimés,
onpeut
encore essayerd’expliquer
cette diminution par la faiblesse relative de la « variance entre étable » en racetrisonne
et(ou)
par unecovariance moins
élevée,
et mêmenégative,
entre étables pour lestemps
de traite réels et lestemps
morts. Lapremière hypothèse
est peuvraisemblable,
car dans lazone de
CmARMO y ,
nous avons montré que la variance entre étables était aussiimportante
en racefrisonne qu’en
race zaormande. Laseconde,
que nous ne pouvons tester avec nosdonnées,
est difficile àinterpréter
aupoint
de vuezootechnique.
Les coefficients de
régression
dutemps
de traite sur letemps
estimé de l’établene varient pas
significativement
entre race enpremière
et en seconde lactation.Les estimées communes sont
respectivement
de 0,273et de o,3oq.. Iln’y
a donc pas de différences suivant le numéro de lactation. Pour les mèrescependant,
il existedes différences
significatives
entre races,qui proviennent probablement
de la valeurélevée du coefficient de
régression
en race normande( 0 , 553 ).
Ce résultat est liéaux différences entre races pour les coefficients de corrélation.
2.
3
. -
Quantité
de lait de l’étable.Comme dans le cas des données recueillies à
C HARMOY ,
iln’y
a pas de relation entre letemps
de traite réel moyen pour untroupeau
et laquantité
de lait moyenneà la traite : en
effet,
le coefficient de corrélation entre cettequantité
moyenne et lestemps
individuels ou letemps
de traite estimé dutroupeau
ont été calculéset sont tous nuls.
Le tableau 3 montre bien que la
prise
en considération de laquantité
de laitmoyenne pour l’étable
n’augmente
pas le coefficient de corrélationmultiple
dutemps
de traite individuel obtenu enprenant
comme variablesindépendantes
laquantité
de lait individuelle et letemps
moyen estimé de l’étable. De cefait,
cette variable neprésente
pas d’intérêt.3
. -
Coefficients
d’hévitabilité.I,es coefficients de corrélation bruts entre les
temps
de traite des mères et des filles ainsi que les coefficients d’héritabilitécorrespondants figurant
au tableau 4.Pour
effectuer le passage des uns aux autres, nous avonssupposé
quel’expression
V e M e
F
étaitégale
à 0,35.V
IGNON
(ig 7 o)
recueillant des données detemps
total de traite sur 134couples
mère-fille de race
irisonne
dans 24troupeaux,
remarque que la valeurV e M e F
estpratiquement égale
à lapart
de variance due à l’étable sur l’ensemble des vaches(mères
etfilles).
Or nous avons trouvé dans la zone de CHARMOY sur des donnéesnombreuses,
que 30 p. 100 de la variance totaleprovenaient
de différences entreétables, quelle
que soit la race etquel
que soit le critère de vitesse de traiteconsidéré, temps
de traite brut oucorrigé
pour laquantité
de lait. Nous avonspréféré prendre
ici une valeur de 35p. 100étant donné que dans l’échantillon
précédent,
les étables ont été contrôléesplusieurs
fois et que DESVIGNES et PouTous( 19 63)
ont montrél’existence d’un effet date de contrôle intra
étable,
rendantcompte
de r3 p. 100 de la variance intra étable. Enfait,
nous avons des raisons de penser que cette valeur de 35 p. 100 estprobablement trop
élevée : eneffet,
dans deuxenquêtes
récentes concernant les
temps
totaux de traite en race,frisonne
dans lesdéparte-
ments du Noid
( 24
étables : VrGNOn,1970 )
et de Meurthe-et-Moselle(85 étables),
lepourcentage
de variance due au facteur étable a étéégal
à 25, alors quechaque
étable n’avait été contrôlée
qu’une
seule fois. Enconséquence,
les valeurs d’hérita- bilité surlesquelles
nous discuterons par lasuite,
seraientplutôt
sous-estimées.Les coefficients d’héritabilité en race normande sont
plus
faibles que dans les autres ra.ces : la différence estsignificative
enpremière
lactation. Les moyennes etécart-types
pour lestemps
de traite individuels et moyens par étable ne semblentpourtant
pasindiquer
que la surtraite soitplus importante
dans les étables nor-mandes et
(ou)
que la duréed’égouttage
soitplus longue
et doncplus susceptible
de diminuer l’héritabilité de la durée totale. Dans notre
précédent article,
nousavions
déjà
trouvé une héritabilité nulle enpremière
lactation pour cette race,mais non
négligeable
en deuxièmelactation,
cequi
tend à serépéter
ici.Cependant
dans les deux cas, les effectifs considérés sont faibles. Il est
indispensable
par la suite de savoir si letemps
total de traite est réellement peu efficace pour la sélection des vaches normandes surl’aptitude
à la traite et pourquelles
raisons.Sachant que le cas de la race normande n’est
apparemment
pasrésolu,
il s’avèrequ’il
estpossible d’analyser
les coefficients d’héritabilité en considérant l’ensemble des racesirisonne
et montbéliarde car elles neprésentent
pas de diffé-rences
significatives
à cetégard.
Enpremière lactation,
l’estimée commune estde 0,32 dans le cas du
temps
total et de 0,34 dans celui dutemps
totalcorrigé.
Les intervalles de confiance ont pour limites inférieures
0 , 1 8
et 0,20. La valeur de0 ,
20 que nous avons
pris
dans notre articleprécédent
pour élaborer un schéma detestage
des taureaux, est donc tout à faitacceptable.
En deuxièmelactation,
les coefficients d’héritabilité ont tendance à baisser : 0,22 pour letemps
total et0 ,
20pour le
temps
totalcorrigé,
mais ils sont suffisammentimportants
pourqu’on puisse envisager
le recueil dutemps
total en deuxième lactation pour la sélection des femelles.- Utilisation des résultats
Pour
la sélection 4. 1
. - Sélection sur le
temps
total de traite 4.m. Sélection des
femelles.
-- Dans notreprécédent article,
nous avons établi unparallèle
entre la sélection sur la vitesse de traite et la sélection sur laproduction
laitière. Nous avons alors estimé que, dans les conditionsprésentes,
lapremière
n’est pasprioritaire
parrapport
à la seconde et que de ce fait il n’est pasindispensable
que laprécision
de cettepremière
sélection soitsupérieure.
Un coefficient de détermination de 0,4 pour la vitesse de
traite, équivaut
à laprécision
fournie par la connaissance de deux lactations en cequi
concerne laproduction
laitière. De cefait,
il nousparaît
constituer une base raisonnable pour le choix des femelles. Ce coefficientpeut
être obtenu en effectuant deux contiôles par vache si l’effettroupeau
est totalement éliminé et un nombre très élevé de contrôles s’iln’y
a aucune correction pour l’effettroupeau (coefficient
d’héritabilité= 0 , 20
; coefficient de
répétabilité =
0,50;part
de variance entre étables =0 , 30 ).
La correction des données pour l’effet
troupeau
s’avère doncindispensable
pour la sélection des femelles. Il est évidemment exclus que cette correction soit totale car cela
impliquerait
le contrôle de toutes les vaches de l’étable. Si la correc-tion
permet
d’éliminer la moitié de la variance entre étable(soit
15 p. 100 de lavariance
totale), quatre
contrôles par animal sont nécessaires mais cette valeur s’élève à 10, si l’on nepeut
éliminer que le tiers de la variance entre étables(soit
10 p. 100 de la variance
totale).
Cette constatation nous amène àpréconiser
unecorrection suffisamment
efficace,
car le nombre dequatre
contrôles estdéjà
rela-tivement élevé.
Les résultats que nous avons obtenus pour les races montbéliarde et normande tendraient à montrer que la correction recherchée
peut
être effectuée en utilisantsimplement
la variable TE.Cependant, d’après
les résultats obtenus en racefrisonne
pour cette même variable. il semble
préférable
de ne pas l’utiliser seule pour la correction de l’effettroupeau
mais de tenircompte également
desperformances
obtenues par les animaux de l’étable
pendant
une certainepériode
avant lecontrôle de traite considéré.
En
théorie,
il estplus
intéressant d’effectuer lesquatre
contrôles par vache enpremière
lactation car les résultats sans douteplus précis (l’héritabilité
étant alorsprobablement supérieure
à0 , 20 )
et d’obtention certainementplus rapide, point
très
important
pour l’éleveur et le centre d’insémination artificielle.Cependant,
si nous
préconisons
la mesure destemps
de traite par le contrôleur laitier pour tou- tes lesgénisses quatre
fois entre le 2e et le 6econtrôle,
nous pouvons nous attendre à obtenir des données défectueuses oumanquantes
dans certains cas(salles
detraite
équipées
de nombreuxpostes,
contrôle laitieralterné).
Pour cetteraison,
il est souhaitable derépartir
les contrôles enpremière
et deuxième lactation.4 . 12
.
Testage
des mâles. - La valeur de l’héritabilité dutemps
total de traiteen
première
lactation est trèsprobablement
au moinségale
à o,20. Nous obtenonsici une valeur de o,3o
qui
estpeut-être
sous-estimée. Enconséquence,
nous pensons que le schéma detestage
que nous avonsproposé précédemment
devrait avoir l’efficacité que nous lui avons attribué. Nous avionsproposé
la correction des données pour l’effettroupeau
en utilisant la variableTE,
correctionqui
étaitcensée éliminer 2o p. 100 de la variance totale alors que ce n’est pas
toujours
lecas dans notre
présente analyse.
Dans leparagraphe précédent,
nous avons toute- foispréconisé
une autre méthode de correctionpermettant
d’obtenir ce résultat.4 . 2
. - Sélection sur d’autres critères.
q.
2
i. Sélection des
femelles.
- Leprincipal
défaut dutemps
total de traite estsa faible
précision, comparée
à celle d’autrescritères,
cequi peut paraître gênant
au niveau de la sélection des femelles et
particulièrement
des mères à taureaux.Son
principal avantage
est sa facilité de mesure et derecueil; ainsi,
la sélectionsur la vitesse de traite serait d’un faible
prix
de revient etpourrait
s’étendrerapidement
à bon nombre derégions
laitières. Nous essaierons donc depréciser
ces deux
points
et de comparer l’efficacité dutemps
total en sélection à celle d’autres critères.Le
temps
total de traite étant affecté par les durées de surtraite etd’égouttage,
dont la variation n’est
pratiquement
pashéréditaire,
il n’est pas étonnant de constater que ce critère est l’un des moins héritables(tableau 5).
Ilimporte
deremarquer que l’infériorité de l’héritabilité de ce critère n’est pas aussi
marquée qu’on pourrait
le penser. Enopérant
dans les conditions bienstandardisées,
il estpossible
néanmoins avec des critères comme le débit maximum ou letemps
d’écou- lement réel du lait d’obtenir des héritabilités élevées. Eneffet,
POLITIEK(ig6g)
calcule par cette méthode une héritabilité de
o,6
pour le débit maximum.Nous ne
disposons
que d’estimationsapproximatives
pour leprix
de revientde la mesure du
temps
total dans le cadre du schéma que nous avonsproposé.
Seule son
application
àgrande
échellepermettrait d’apporter
une évaluationprécise.
En cequi
concerne d’autres critères de vitesse detraite, plus précis
maisnécessitant l’utilisation d’un contrôleur de traite
spécialisé,
lesprix
de revient peu- vent varier suivantl’appareillage utilisé, cependant
étant donné que lescharges
de main d’oeuvre
représentent
l’essentiel descharges
totales(I,!vAr,!,ozs
etDuru y , 1970
),
la variation estprobablement
faible.Aussi avons-nous considéré comme
prix
de revient d’une mesure de vitesse de traite par un contrôleurspécialisé,
la valeur calculée en France par LEVALLOISet DuPUy
( 1970 ),
pour un contrôle à l’aide d’une machine à traire parquartiers.
Dans ces
conditions,
lerapport :
q
prix
de revient de la mesure d’un critère de traite(contrôle spécialisé)
q =
prix
de revient de la mesure d’untemps
total(contrôle laitier)
devrait se situer entre 50 et 100.
Il
importe
àprésent
d’évaluer leprogrès génétique qu’on peut
obtenir à coûtégal
sur letemps
de traite considéré commeobjectif
desélection,
suivantqu’on
sélectionne les femelles sur une moyenne
de q temps
totaux ou sur un autrecritère,
dont le coefficient d’héritabilité estégal
ào,6
etqui présente
une corrélationgénétique
de i avec untemps
de traite. Cessuppositions représentent probable-
ment un maximum et de ce
fait,
nous ne favorisons passpécialement
letemps
total.. Le
progrès génétique
obtenu dans lepremier
cas estégal
àDG l --- i l r GIl6a .
il
= intensité desélection,
en unitéd’écart-type, permise
en conservant uneproportion
s des femelles(taux
desélection).
r
all = coefficient de corrélation entre la valeur
génétique
G et l’indexh,
ici unemoyenne
de 4 contrôles.
o c
, =
écart-type génétique
dutemps
total de traite.Dans le deuxième cas on a :
avec r! = corrélation
génétique
entre les deux critères de vitesse de traite soitpour r G
= i.
I,e
rapport
des deuxprogrès
estégal
à :1
«
es taux de
sélection s, et s 2 possibles
pour un même coût sont liés entre eux :I ,
e tableau 6 montre les valeurs du
rapport DG l 2 X
100 en fonction deDG!
2plusieurs
valeursde q et
de s2, taux de sélection sur le critère a indirect o. Ilapparaît
que le
progrès génétique
sur l’ensemble des femelles est bienplus important
avecune sélection directe
quand
la valeurde q est
entre 5o et 100, mêmequand
le tauxde sélection sur le critère indirect est de 20p. 100. On
peut objecter
que l’essentiel duprogrès génétique
à l’échelon d’unepopulation
nepeut
pas être obtenu par unesélection massale des
femelles,
car les causes de réforme sontdéjà
nombreuses-Aussi est-il
plus approprié
de comparer les deux méthodes se sélection pour le choix des femelles mères des taureaux de lagénération suivante,
dites « mères à taureau ».Ces femelles sont choisies d’abord sur la
production
laitière : dans notre schéma où l’on contrôle toutes les femelles enpremière
et en secondelactation,
leprix
derevient d’un contrôle de traite pour une « mère à taureau » est d’autant
plus
élevéque la sélection laitière est
plus
élevée alors que ce n’est pas le cas si un assistantspécialisé
de traite contrôleuniquement
les vaches sélectionnées. Dans la zone deCharmoy,
parexemple,
les « mères à taureau sont choisies sur laproduction
laitièreparmi
les 7 p. 100supérieurs,
cequi équivaut
àmultiplier
la valeurde
q par o,07. Celajustifie
l’introduction dans le tableau 6 de valeurs inférieures à 50; avec nos estimationsprécédentes,
q varierait dans ce cas entre 4 et 8. Pour cette zone, leprogrès génétique
obtenu en utilisant letemps
totaléquivaut
à 8o-ioo p. 100 duprogrès
obtenu avec le critère « indirect », avec un taux de conservation dez / 5
seulement sur ce dernier critère. On remarque que le taux de « mères à taureau »
potentielles
citéplus
haut estélevé,
cela est laconséquence
de la sélectionsupplé-
mentaire exercée sur les mâles en station de
performance-test (P OU T OUS , 19 68).
Quand
aucunepression
de sélection n’est exercée sur les mâles avant letestage
lai-tier,
le taux de mères à taureaupotentielles peut
être inférieure à i p. 100, même siune forte sélection est exercée pour la vitesse de traite. Il
apparaît
que dans ce dernier schéma desélection,
il estplus
efficace aupoint
de vue tinancier de necontrôler que le
petit
nombre defemelles,
mères à taureaupotentielles,
sur uncritère
précis.
Enconclusion,
la méthodeoptimale
de choix des mères à taureau pour la vitesse detraite, dépend
du schémaglobal
de sélection. Il ne nous emble paspossible
toutefois d’exclure apriori
l’utilisation dutemps
total de traite pour cechoix.
4
.zz.
Testage
des mâles. - En cequi
concerr.e letestage
des taureaux d’insé-mination
artificielle,
le choix entre les deux méthodes(sélection
« directe » ou«
indirecte »)
est en un certain sensplus simple.
Eneffet,
dans les deux cas, tous les taureauxpourront
être testés et onpeut
raisonnablement estimer que la méthode dejugement
des taureaux n’aura que peu d’influence sur lapression
de sélectionexercée par les éleveurs et les centres. Le
rapport
desprogrès génétiques
obtenuspour un même coût ne
dépend plus
alors que de laprécision
dutestage
et du para- mètre q.Le
testage
sur letemps
total de traite que nouspréconisons
repose,rappelons le,
sur deux contrôles pargénisse.
Onpeut
ne faire aucune correction pour l’effettroupeau,
ou en faire une, cequi
rendpréférable
le contrôle de toutes lesgénisses,
filles de taureaux en
testage
etdéjà testés,
comme nous l’avons vuprécédemment.
Le
testage
« indirect » repose sur le contrôle d’un critère dont l’héritabilité est de0
,6 :
celacorrespond
exactement autestage
sur le débit maximum selon la méthode hollandaise(P OLITIEK , ig68). Soient n l
et n2 le nombre de filles contrôlées par les deux méthodes. Si letemps
total n’est pascorrigé
pour l’effettroupeau,
la moyenne de deuxtemps
totaux a pour héritabilité 0,25. Les taureaux sontjugés
avec lamême
précision
si!1- -
!2
cequi implique
nl = 2,5 n2. Letestage
surnW5 - n 2 +6
le