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La purification du cœur Par Cheikh Mohammed Minta

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Texte intégral

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

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La purification du cœur

Par Cheikh Mohammed Minta

*

* *

Chers frères et sœurs, assalamou alaykoum wa rahmatoullahi wa barakatouh,

A propos de la purification du cœur, il faut savoir que le cœur est le lieu et l’endroit du regard en l’homme. C’est ce que Dieu regarde en nous. C’est ce qui intéresse Dieu dans l’homme : le cœur.

Le cœur est le réceptacle de la foi, de la piété et de l’amour reçu, comme c’est aussi l’endroit, le lieu de la perversion, de la mécréance et de l’hypocrisie, d’où l’importance de prendre soin de son cœur.

Veiller à l’état de son cœur est le souci permanent des itinérants, de ceux qui cherchent à s’acheminer vers Dieu (Glorifié soit-Il), ceux qui vont en quête de la proximité de Dieu. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) nous dit dans un hadith rapporté par l’imam Mouslim : « Certes Dieu ne regarde pas vos formes, vos images, vos aspects visibles, ni vos richesses, mais ce que Dieu regarde en vous ce sont vos cœurs et vos actes ».

Et aussi, le Prophète (sur lui la paix et le salut) nous dit dans un autre hadith : « Il y a dans le corps un morceau de chair. Si ce morceau est sain, il rendra tout le corps sain. Mais, si ce morceau est mauvais et corrompu, il rendra tout le corps mauvais et corrompu ». Rapporté par Boukhari et Mouslim

Le cœur occupe donc une importance capitale. Notre salut, notre dernière délivrance demain devant Dieu (Glorifié soit-Il) dépend de l’état de notre cœur.

Le Coran évoque l'épreuve du Prophète Ibrahim (sur lui le salut) devant l'attitude de son père et de ses concitoyens qui refusent de croire. C'est alors qu'il s'adresse à Dieu (subhan Allah taala) et qu’il dit dans ses invocations : «... Accorde Ton pardon à mon père qui était du nombre des égarés et ne me couvre pas d’ignominie le jour où ils seront ressuscités, le jour où ni la richesse, ni les enfants ne seront d’aucune utilité à part celui qui vient à Dieu avec un cœur sain ». (C. 26/87-89) Un cœur sain, c'est-à-dire un cœur pur.

Lorsque l’on parle de purifier le cœur, il faut savoir qu’il existe des dimensions ou des niveaux de purification du cœur.

Vous savez que Dieu ne nous a créés que pour Son adoration. L’adoration est fondée sur des piliers essentiels sans lesquels nous ne serons pas comptés au nombre des adorateurs. Le premier d’entre ces piliers, c’est l’amour.

L’amour est le premier pilier, un amour sans limite, infini. Cheikh Al Islam Ibn Taymiyya dit que les deux piliers sur lesquels repose l’adoration sont l’amour sans limite et une soumission sans condition.

Il dit également que celui qui adore Dieu sans L’aimer, c'est-à-dire celui qui se soumet à Dieu sans L’aimer, est un hypocrite, et que celui qui L’aime ou prétend L’aimer, sans se soumettre à Lui, est un hérétique.

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Le vrai adorateur de Dieu est celui qui L’aime, qui L’adore et qui se soumet à Lui ; cet Amour de Dieu prend place dans le cœur. Mais Dieu est jaloux du cœur de Son serviteur. Dieu veut que ce cœur soit exclusivement voué à Lui. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Dieu est pur et n’accepte que ce qui est pur ». Rapporté par Mouslim.

Pour que l’Amour de Dieu puisse s’installer dans le cœur du croyant, il faut qu’il purifie son cœur.

Purifier le cœur de quoi ? Purifier le cœur de toute attache à autre chose que Dieu car l’être humain a des penchants naturels vers certaines choses qu’il aime naturellement : la demeure qu’il a construite, l’épouse, les enfants, la richesse.

Dieu dit : « On a embelli aux gens l’amour des choses qu’ils désirent : femmes, enfants, trésors thésaurisés d’or et d’argent, chevaux marqués, bétails et champs, tout cela est l’objet de jouissance pour la vie présente, alors que c’est auprès de Dieu qu’il y a un bon retour. » (C. 3/14) Certes on peut aimer ces choses-là, mais l’amour de Dieu doit dominer tout autre amour que l’on peut éprouver.

Pour que l’amour de Dieu puisse s’installer dans notre cœur, il faut donc se détacher de tout autre chose et que l’on soit attaché à Dieu uniquement.

Il faut que l’on sache que nul ne peut nous apporter des profits ou du bien ; nul ne peut nous causer du tort ou nous faire du mal à part Lui. C’est Dieu qui détient le pouvoir sur toute chose. Donc, à partir du moment où l’on a acquis cette certitude, on arrive à se détacher de toute autre chose que Lui et on va s’attacher fermement à Lui.

Ainsi, la première dimension de la purification du cœur consiste à purifier son cœur de toutes formes d’idolâtrie. Aujourd’hui, il ne faut pas imaginer l’idolâtrie comme dans les temps anciens, où les gens s’inclinaient et se prosternaient devant des idoles qu’ils avaient taillées de leurs propres mains.

L’idolâtrie peut être l’amour excessif de l’argent, du pouvoir, des belles demeures, de ce bas monde.

Et quand un cœur est habité par ce genre d’attaches, Dieu ne regarde pas ce cœur. L’Amour de Dieu n’aura pas de place dans ce cœur. Dieu nous dit dans un hadith qoudsi : « …Quiconque fait une œuvre à travers laquelle il M’associe une autre chose, Je le délaisse lui et son associé ». Rapporté par Mouslim.

Donc, Dieu veut un cœur pur, un cœur voué exclusivement à Lui. C’est ce cœur exclusivement tourné vers Lui qui peut être habité par l’Amour de Dieu par le fait de placer sa confiance en Lui, de ne compter que sur Lui. Donc, il faut purifier son cœur pour qu’il puisse être habité par l’Amour de Dieu.

Concernant le Prophète Ibrahim (sur lui la paix) – quand Dieu lui demande d’éloigner sa femme et son enfant de lui, alors qu’il a attendu cet enfant des décennies et des décennies – certains savants disent, à propos de l’épreuve à laquelle il a été soumis, que ce serait par jalousie, car Dieu est jaloux du cœur de Son serviteur, puisqu’Il a choisi Ibrahim comme Son ami intime. Lorsque Dieu lui a donné l’enfant et qu’il a aimé cet enfant – certes, c’est un amour naturel que Dieu a mis en nous – Il a voulu éprouver Son ami intime pour voir dans son cœur lequel des deux amours serait le plus intense, le plus fort : l’amour de Dieu ou l’amour de l’enfant. Il lui a donc demandé d’éloigner son enfant, et le prophète Ibrahim – sans aucune hésitation puisque l’amour de Dieu est celui qui remplit son cœur – va éloigner son enfant de lui.

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Parce que notre relation avec Dieu – notre religiosité – est une relation verticale et une relation horizontale, dans cette relation, nous avons besoin de purifier notre cœur pour que l’Amour de Dieu et la foi puissent habiter dans ce cœur.

En outre, la relation que nous entretenons avec Dieu, cette quête permanente de proximité avec Lui, doit aussi se traduire dans notre relation avec nos semblables. Nous devons aimer les serviteurs de Dieu, et nous devons être compatissants et miséricordieux à leur égard.

Nous avons purifié nos cœurs pour aimer Dieu, nous avons purifié nos cœurs pour avoir confiance en Dieu, nous avons purifié nos cœurs pour ne compter que sur Lui, nous avons purifié nos cœurs pour que Dieu soit aimé de nous plus que tout autre chose que ce que l’on aime dans cette vie.

Nous devons purifier notre cœur pour parvenir à la sincérité de l’acte dans l’adoration. C'est-à-dire que tout ce que l’on entreprend, doit être accompli en recherchant Sa proximité et Sa satisfaction.

La condition essentielle pour que les œuvres et les actes que nous accomplissons soient acceptés par Dieu réside dans le fait que l’œuvre soit exclusivement vouée à Lui.

De même nous devons purifier nos cœurs de sorte qu’ils ne soient pas infectés par les maladies comme l’amour pour ce bas-monde, la jalousie, la haine, la rancœur et tout ce qui va dans ce sens. Ce sont les maladies qui peuvent infecter le cœur. Nous devons purifier nos cœurs vis-à-vis de Dieu, et également vis-à-vis de nos semblables.

Un hadith rapporté par Ibn Mâjah rapporte que l’on a interrogé le Messager de Dieu (sur lui la paix et le salut) en lui demandant lequel des gens a le plus de mérite auprès de Dieu. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a répondu que c’était celui qui a le cœur « makhmoum » et la langue véridique. Les compagnons ont dit : « Nous comprenons ce que veut dire avoir une langue véridique mais que veut dire avoir le cœur « makhmoum » ? » Le Prophète dit que c’est le cœur qui est pieux, pur et qui ne contient pas de péché, ni d’agressivité, ni de rancœur, ni de haine.

Celui qui a ce cœur pieux, qui a cette proximité avec Dieu, a su être habité par l’amour, par la piété et par la crainte de Dieu ; il a donc a été purifié vis-à-vis de Dieu. Et c’est ce cœur qui est pur et net, qui ne contient pas de péché, ni d’agressivité, ni de rancœur, ni de haine : c’est donc un cœur purifié vis-à- vis des Hommes.

Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit que c’est celui qui est le meilleur, qui a le plus de mérites auprès de Dieu, qui a donc un cœur sain.

L’imam Ibn al Qayyim (que Dieu lui fasse miséricorde) classifie le cœur en trois catégories :

1) Le cœur sain, c’est le cœur qui est préservé de toute passion, de toute envie, de tout désir allant à l’encontre de ce que Dieu nous ordonne et de ce que Dieu nous interdit, un cœur qui n’est pas attaché à autre chose que Dieu.

2) Le cœur malade, c’est un cœur qui contient à la fois, l’Amour de Dieu, mais qui est aussi infecté par des maladies comme l’amour de ce bas-monde, l’ostentation, la jalousie et la haine. Ce cœur est entre les deux. Si la partie saine est la plus forte alors l’homme ira vers sa sainteté. Mais si c’est la partie atteinte par la maladie, les infections qui est la plus forte, alors l’homme penchera vers cela.

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

3) Le cœur mort, c’est le cœur qui ne connaît ni la foi, ni la crainte, ni l’amour, qui ne reconnaît pas Dieu, qui n’est guidé que par ses envies, ses passions, ses désirs. Donc ce qui le guide, ce sont ses passions, ses envies et ses désirs.

Dieu nous avertit que le jour où nous allons Le rencontrer, ni la richesse, ni les enfants, ni quoi que ce soit des biens matériels de ce monde ne nous seront utiles, sauf celui qui viendra, celui qui Le rencontrera avec un cœur sain. Pour cette raison, nous avons l’obligation et le devoir de veiller à la santé de notre cœur.

Certes, on voit dans cette société les gens qui, chaque année, ou d’un moment à l’autre, font un examen, un bilan de leur santé. Ils vont faire ausculter leur cœur pour voir s’ils ne sont pas malades.

C’est le cœur physique, si on peut s’exprimer ainsi.

Mais le cœur spirituel, réceptacle de la foi, de la croyance, doit aussi être ausculté. Nous devons en prendre soin, vérifier si son état de santé est bon ou non.

Certes, un certain nombre de facteurs – qui sont la cause de sa maladie – peuvent infecter le cœur.

Parmi ses choses, figurent le fait d’être attaché à autre chose que Dieu, comme l’amour de ce bas- monde et ses faux brillants, l’amour du pouvoir, l’amour de la richesse, l’amour du prestige et de la renommée. Ce sont des maladies qui infectent gravement le cœur, voire même qui peuvent le tuer.

Dieu, dans le Coran, nous met en garde contre le fait de nous laisser tromper par ce bas-monde et ses faux brillants : « Ô vous les Hommes ! La promesse d’Allah est véridique. Que la vie d’ici-bas ne vous trompe pas et que le grand trompeur (Satan) ne vous trompe pas au sujet de Dieu. » (C.

35/5)

Donc, l’amour de ce bas-monde (dounia) peut infecter le cœur, le détourner de Dieu et le rendre aveugle. La personne atteinte par ce genre de maladie ne va œuvrer que pour répondre aux envies, aux désirs, aux plaisirs de son âme. Cet amour de ce bas-monde fait tomber l’individu dans ce qu’on appelle « al ghafla » l’insouciance.

L’insouciance, l’oubli de la mort, l’oubli du jugement, l’oubli de la comparution devant Dieu est l’une des causes principales qui conduit les gens à leur perte. Dieu nous avertit : « Nous avons certes destiné beaucoup de djinns et beaucoup d’hommes à l’enfer. Ils ont un cœur avec lesquels ils ne comprennent pas. Ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas. Ils ont des oreilles avec lesquelles ils n’entendent pas. Ceux-là sont comme des bestiaux, même plus égarés encore. Ceux- là sont les insouciants. » (C. 7/179)

Vous savez que Dieu, dans toute chose qui nous entoure, nous envoie un signe, un rappel. Mais ce signe et ce rappel pour les voir et les comprendre, il faut avoir un cœur sain. Sinon, les signes qu’Il nous envoie pour nous interpeller, pour nous orienter, nous ne les comprenons pas, nous n’arrivons pas à les décoder.

Donc, quand on parle des signes de Dieu, les savants disent qu’il y a des signes lisibles dans le Coran et des signes visibles déployés dans l’Univers.

Mais ces gens ne les voient pas, ne les entendent pas.

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Dieu dit qu’ils sont comme des bestiaux puisqu’ils sont tombés dans l’insouciance. C’est pour cette raison que le Prophète (sur lui la paix et le salut), pour se prémunir contre cette maladie qui peut infecter le cœur, a dit « Souvenez-vous beaucoup de celle qui détruit tous les plaisirs. » Ici, il s’agit de la mort.

Elle met fin à toutes les jouissances, à tous les plaisirs. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) incitait ses compagnons à se rappeler, à se souvenir de la mort pour ne pas tomber dans l’insouciance, dans l’oubli, pour prémunir leur cœur par le rappel et le souvenir de Dieu, c’est ce qui redonne la vie, qui fait revivre le cœur.

Donc, il est recommandé au musulman de pratiquer abondamment le rappel, le souvenir de Dieu pour ne pas sombrer dans l’insouciance et dans l’oubli, pour ne pas laisser son cœur dominé par Satan.

Certes, le meilleur du rappel, c’est le Coran que Dieu appelle le dhikr : le rappel par excellence. Dieu dit :

«En vérité, c’est Nous qui avons fait descendre le rappel (le Coran) et c’est Nous qui en sommes gardien » (C. 15/9)

Il est important de lire le Coran avec méditation et compréhension. Dieu a fait descendre le Coran pour que nous le méditions, pour que nous le comprenions, pour que nous le mettions en application. Car le Coran est un rappel qui redonne la vie au cœur. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) compare celui qui se souvient de son Seigneur, qui pratique le rappel et celui qui ne le pratique pas, au vivant et au mort. Celui qui se souvient de Dieu est comparable à un être vivant, tandis que celui qui vit dans l’oubli est comparable à un être mort. C’est cet oubli qui va faire que le cœur va devenir une proie facile pour Satan qui s’en emparera.

Le Prophète (sur lui la paix et le salut) dit que lorsque nous sommes occupés par le rappel, attachés au souvenir de Dieu, Satan s’éloigne de nous. Par contre lorsque l’on est dans l’oubli de Dieu, l’oubli de Son souvenir, alors Satan s’empare du cœur oublieux.

Dieu nous parle des alliés de Satan dans le Coran et Il dit « Satan les a dominés et leur a fait oublier le rappel de Dieu. Ceux-là sont les partisans de Satan. Certes les partisans de Satan sont les perdants » (C. 58/19).

Pour prémunir son cœur, ne pas le laisser tomber dans les maladies, ne pas être infecté, il faut prendre garde de ne pas sombrer dans l’insouciance, dans l’oubli. Il faut pratiquer le rappel, dans le sens large du terme, le rappel par le Coran, par l’invocation et l’évocation, le rappel avec le cœur, par la méditation, le rappel aussi par la pratique, parce que la pratique est aussi une forme de rappel. Donc pour ne pas sombrer, pour ne pas laisser son cœur infecté par la maladie, il faut faire attention.

Dans la vie, nous côtoyons toutes sortes de gens et notre cœur va être touché soit par le bien, soit par le mal. En effet, nous allons rencontrer des gens qui vont nous faire un rappel du fait de leur sincérité, de leur foi, de leur bonne volonté, qui vont nous motiver, nous encourager, nous donner envie de faire le bien.

Mais il nous arrive aussi de côtoyer des gens paresseux ou plongés dans l’oubli, dans l’insouciance et cela peut infecter les cœurs. Parfois les relations, les échanges que nous avons avec ce type de personne peuvent nous toucher et nous faire du mal.

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Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Il faut savoir que le cœur est comme un vase de cristal, si vous le laissez à la poussière, elle se dépose dessus, mais si vous le nettoyez aussitôt, il pourra retrouver facilement son éclat. Par contre, si vous laissez la poussière s’accumuler dessus, quand vous voudrez le nettoyer, il va falloir le frotter fort.

Vous allez peut-être y laisser des rayures, y laisser des traces qui seront difficiles à enlever.

Par exemple, lors de vos relations avec les gens, si quelque chose vous fait mal au cœur ou vous touche, il faut tout de suite y remédier, essayer d’enlever les traces que vous ressentez dans le cœur. Si quelqu’un nous dit un mot qui fait mal, soit il faut aller vers la personne et lui dire qu’il nous a blessé ; si c’est un musulman sincère, il va s’excuser : « Mon frère, ma sœur, excuse-moi, ce n’était pas mon intention… ».

Mais si vous laissez la trace s’accumuler petit à petit avec d’autres traces, sans que vous vous en rendiez compte, vous allez ressentir de la colère, de la haine, de la rancœur à l’égard de la personne.

Certes, cette colère, cette rancœur que vous avez à l’égard de cette personne vous fera encore beaucoup plus de mal que ce qu’elle vous a fait ou vous a dit. Par contre, si vous l’enlevez, vous allez trouver réellement la paix et la tranquillité. Il est très important d’arriver à avoir un cœur net vis-à-vis des Hommes.

Parfois, ce qui nous pousse à faire du mal, c’est la jalousie, la colère, la haine, c’est l’amour de la vengeance, autant de sentiments négatifs qui poussent les gens à faire du mal. C’est ce mal qui nous conduit à notre perte.

C’est pour cette raison que le Prophète (sur lui le salut et la paix) conseilla à Anas Ibn Malik qui a été élevé chez lui : « Ô mon fils, si tu peux chaque jour, au moment où tu vas te mettre au lit, n’avoir rien dans ton cœur à l’égard de qui que ce soit parmi les croyants, fais-le car ceci est de ma tradition ». Rapporté par at Tirmidhi. C'est-à-dire : Avoir un cœur pur, net envers les gens.

Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Celui qui fait vivre ma tradition (sunna), celui qui m’a aimé et celui qui m’aime sera avec moi au Paradis ». Il recommande donc à Anas d’avoir un cœur net pour suivre sa tradition.

Et le fait d’avoir ce cœur net est l’un des facteurs les plus importants qui nous permettra l’accès facile au Paradis.

Dans un hadith, l’imam Ahmad rapporte qu’un jour, le Prophète (sur lui la paix et le salut) était avec ses compagnons dans la mosquée. Il leur dit qu’un homme destiné au Paradis allait rentrer par telle porte. Abdoullah Ibn Amr Ibn al As raconte alors qu’un homme des Ansars (habitants de Médine) entra. Il venait juste de finir de faire ses ablutions, sa barbe gouttait d’eau, il portait ses chaussures dans la main gauche. Un autre jour, le Prophète redit de nouveau à ses compagnons qu’un homme destiné au Paradis allait rentrer par cette même porte. Abdoullah ibn Amr ibn al As témoigna encore qu’il s’agissait du même homme et qu’il était entré dans le même état que la dernière fois. Le troisième jour, le Prophète tint la même parole sur l’homme destiné au Paradis, et voilà que ce fut une fois encore le même homme qui rentra par la porte.

Nous savons que les compagnons rivalisaient entre eux, chacun pour être meilleur que l’autre, mais dans le bien.

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Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Quand le Prophète (sur lui la paix et le salut) dit à trois reprises qu’un homme allait rentrer et que le même homme rentra les trois fois, Abdoullah Ibn Amr Ibn al As se dit qu’il aimerait bien savoir ce que cet homme accomplit. Il l’a donc suivi. Il lui dit « Oncle (*) ! ».

Il lui dit « Je me suis disputé avec mon père et j’ai juré de ne pas rentrer chez moi pendant trois jours.

Afin que je ne viole pas mon serment, est-ce que tu peux m’héberger chez toi pendant ces trois jours

? » L’homme lui dit : « Bien sûr, tu es le bienvenu chez moi ». Donc, Abdoullah ibn Amr ibn al As va suivre l’homme et passer trois nuits chez lui. Son intention était d’observer l’homme pour voir sa manière de vivre.

Il expliqua : « Pendant que je passais la nuit chez lui, à part le fait qu’à chaque fois qu’il se réveillait la nuit ou quand il se tournait dans son lit, il invoquait Dieu, je n’ai rien vu d’extraordinaire, au point que j’ai failli mépriser cet homme. Je me suis dit qu’il ne faisait pas grand-chose, qu’il ne faisait pas plus que moi ».

Abdoullah Ibn Amr Ibn al As s’attendait peut-être à ce que cet homme jeûne tous les jours, veille toute la nuit en prière et récite le Coran et fasse du dhikr.

Au bout de trois jours, quand le moment de partir est venu, Abdoullah ibn Amr ibn al As lui dit : « En fait mon oncle, je ne me suis pas disputé avec mon père. Nous étions auprès du Prophète (sur lui la paix et le salut) quand il nous a dit pendant trois jours de suite, qu’un homme destiné au Paradis allait rentrer par la porte. Et à chaque fois, c’est toi qui es rentré. Alors je voulais savoir ce que tu faisais de particulier chez toi. L’homme lui répondit : « Rien d’autre que ce que tu as vu faire ».

Abdoullah ibn Amr ibn al As commença à partir, alors l’homme lui dit : « Viens, je vais te dire une chose : Je n’ai jamais passé une nuit en ayant quelque chose dans mon cœur à l’égard de qui que ce soit parmi les croyants. Dès l’instant où je me mets au lit, mon cœur est pur et net ». Abdoullah ibn Amr ibn al As lui répliqua alors : « C’est par là que tu nous as dépassés car c’est ce que nous n’arrivons pas à faire ».

Ainsi, le fait d’avoir ce cœur pur et net est très important. Souvent, quand on parle de la purification du cœur, on parle de la purification vis-à-vis de Dieu. Certes, c’est très important puisque c’est la base de la foi et la croyance.

Mais en même temps, le fait d’avoir un cœur pur et net à l’égard des gens, de ne pas être rancunier, ni jaloux, ni envieux envers les croyants et envers tous ceux qui nous entourent est aussi important que de purifier son cœur de toute forme d’idolâtrie, de toute forme d’attachement à autre chose que Dieu.

Donc, quand on arrive à purifier ainsi son cœur, que l’Amour de Dieu y est dominant, et qu’en même temps, on ne porte que de l’amour, de la bienveillance, du bien à l’égard des gens, ce cœur est un cœur sain.

Que Dieu nous aide à purifier nos cœurs et y mette Son Amour et l’amour du bien qui nous rapproche de Lui. Amin.

(*) Note : Dans les sociétés occidentales, les gens disent « oncle » à quelqu’un qui est vraiment de la famille alors que les compagnons du Prophète (sur lui la paix et le salut), qui étaient bien éduqués, n’appelaient pas par le prénom quelqu’un de l’âge de leur père. C’était impoli.

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Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

QUESTIONS…

Q. Que signifie « œil du cœur », expression qu’utilisent certains musulmans ? Est-ce que l’œil est un miroir qu’il faut polir afin qu’il reflète les « noms » divins ?

R. Ce que les spirituels musulmans désignent par « œil du cœur », c’est la lumière, la clairvoyance que Dieu nous donne. Pour voir, il faut qu’il y ait une lumière.

L’œil « physique » doit, pour voir, viser un objet sur lequel il y a de la lumière. Si l’objet est dans les ténèbres – et même si on a de la lumière dans l’œil – on ne pourra pas voir l’objet. Donc, pour voir, il faut qu’il y ait cette lumière qui nous permet de voir.

C’est cette lumière que Dieu met dans le cœur du croyant qui lui permet d’être clairvoyant, qui lui permet de comprendre les choses clairement.

Il existe plusieurs façons de voir. Par exemple, si l’on est ensemble dans la rue, et qu’un évènement se produit, chacun aura un regard différent sur l’évènement, en fonction du degré de clairvoyance que Dieu a mis dans son cœur.

En effet, imaginons une personne qui trébuche dans la rue, tombe et se brise la jambe : chacun de ceux qui vont assister à cet accident vont en faire une interprétation différente, selon leur degré de clairvoyance et leur capacité d’interprétation.

Ainsi, lorsque Dieu dit : « Ils ont des yeux avec lesquels ils ne voient pas, des oreilles avec lesquelles ils n’entendent pas », cela ne veut pas dire qu’ils sont aveugles ni sourds, ils voient, ils entendent, mais ils ne comprennent pas et ne tirent pas la leçon de ce qu’ils voient ni de ce qu’ils entendent.

Il faut une lumière dans le cœur, une lumière dans les yeux, une lumière dans les oreilles, pour voir, comprendre et tirer la leçon des évènements.

Le Prophète (sur lui la paix et le salut) demandait à Dieu : « Mets de la lumière dans mon cœur, mets de la lumière dans mes yeux, mets de la lumière dans mes oreilles… » C’est cette lumière que l’on appelle « œil du cœur » qui permet d’être clairvoyant et de comprendre.

C’est pour cette raison que Dieu, dans le Coran, dit :

« Ce ne sont pas les yeux qui sont aveugles, mais plutôt les cœurs qui sont dans les poitrines ».

L’aveugle n’est pas celui qui est malvoyant, mais celui dont le cœur est aveugle. Que Dieu nous préserve d’avoir des cœurs aveugles.

Donc le cœur est comme un miroir qui reflète ce qui s’y trouve imprégné. Ainsi, concernant celui qui est rempli de l’amour et de la crainte de Dieu et de piété, cela se reflétera au travers de ses propos, de ses actes et de ses agissements.

Et concernant celui dont le cœur est dominé par autre chose que l’amour et la crainte de Dieu et par la piété, cela va se refléter à travers ses actes et ses comportements.

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Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Q. Le Prophète a enseigné que les cœurs doivent être purs envers les croyants. Qu’en est-il à l’égard des non-croyants ?

R. En ce qui concerne les croyants, il faut savoir que Dieu dit : « L’Islam est une miséricorde pour l’univers ».

Donc, chaque musulman est porteur de cette miséricorde qui nous a été offerte par Lui ; mais Il n’a pas dit que cette miséricorde est seulement pour le croyant, mais pour l’univers.

Donc, toute chose qui m’entoure doit bénéficier de cette miséricorde dont je suis le porteur, et tout être humain – même s’il n’est pas croyant – est en droit d’attendre que je sois miséricordieux envers lui.

Etre miséricordieux envers les non-croyants signifie vouloir les sauver ; vous ne pouvez pas dire que vous êtes compatissants envers quelqu’un dont la maison est incendiée, si vous dites : « tant pis pour lui, qu’il meure dans le feu ! ».

Si l’on agit ainsi, on n’est pas porteur de miséricorde. Le musulman, dans le regard qu’il porte envers celui qui est ainsi victime, doit avoir de la pitié, de la compassion pour lui. J’ai de la miséricorde pour celui dont je crains qu’il meurt dans la mécréance. Donc, je dois tout faire pour essayer de le sauver.

C’est ce que le Prophète (sur lui la paix et le salut) nous a enseigné.

Dieu dans le Coran dit :

« Dieu ne vous interdit pas d’être bienveillants, bienfaisants à l’égard de ceux qui ne vous ont pas combattus pour votre religion et qui ne vous ont pas expulsés de vos maisons ». (C.60/8)

« Bienveillant, bienfaisant », Dieu a choisi d’utiliser le mot « Birr’ » dont la signification est le

« summum de la bienveillance et de la bienséance ».

Ce terme, dans le Coran, est précisément réservé à l’attitude envers les parents : « La bienveillance et la bienséance envers les parents »… et Dieu utilise dans le Coran le même mot à l’égard des non- musulmans qui ne nous combattent pas.

Donc, Dieu ne nous interdit pas d’être bienveillants et bienfaisants à leur égard et d’être équitables, car Il aime ceux qui sont équitables.

« … Que l’aversion que vous éprouvez pour certaines personnes ne vous incite pas à commettre des injustices. Soyez équitables vous n’en serez que plus proches de la piété. Craignez Dieu ! Dieu est si bien informé de ce que vous faites ». (C. 5/8)

Le musulman doit donc avoir un cœur pur à l’égard des musulmans et aussi des non-musulmans qui ne nous combattent pas en raison de notre religion et ne nous sont pas hostiles. Au contraire, il nous faut être bienveillants et miséricordieux, les aimer et tenter de les sauver.

Q. A propos de la rancœur. Comment savoir si nous éprouvons de la rancœur envers un être humain et surtout comment y remédier ?

R. La rancœur est un sentiment de colère à l’égard de quelqu’un qui nous a blessé, on a envie de se venger de lui, de lui faire du mal parce qu’il nous a fait du mal.

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Il est certes naturel, lorsque quelqu’un nous a fait du mal, qu’il nous a insulté ou frappé, d’être en colère et d’avoir envie de nous venger !

« Ceux qui répondent à une injustice n’encourent aucune peine » (C. 42/41)

Mais Dieu nous recommande de nous maîtriser. Lorsque l’on a subi une agression, on est en droit de rendre le mal qui nous a été fait, mais Dieu nous dit : « Ceux qui maîtrisent leur colère, ceux qui pardonnent... » (C. 3/134)

Donc, non seulement on ne répond pas à ce mal, mais on fait l’effort d’effacer ce que l’on ressent dans son cœur à l’égard de cette personne.

Et si on fait l’effort d’effacer, d’oublier ce qui nous a été fait, Dieu sera satisfait car Il nous recommande la maîtrise de la colère envers celui qui nous a fait un mal, et même de faire du bien à cette personne (cf. Coran 42/37 – 2/109 – 3/134)

Et faire du bien à cette personne, c’est précisément ce qui va effacer la trace qui pouvait subsister dans le cœur. En outre, ce qui peut nous pousser à oublier, c’est le fait que l’on se rend compte que nous sommes tous des fautifs, des pécheurs, que nous commettons des péchés jour et nuit, et si ce n’était la grâce et le pardon de Dieu, nous ne serions pas sauvés.

Nous aimerions bien que Dieu efface nos fautes, nous aimerions bien qu’Il nous pardonne ; il faut donc que nous aussi nous sachions pardonner aux gens. Et si nous pardonnons aux gens, Dieu nous pardonnera !

Dans le Coran, un verset a été révélé concernant Abu Bakr au moment où les hypocrites ont lancé une calomnie contre notre mère Aïsha (que Dieu soit satisfait d’elle). Certains croyants sincères en ont parlé et, parmi eux, un proche d’Abu Bakr (un de ses cousins qu’il avait pris en charge). Lorsqu’un étranger te fait du mal, cela fait mal, mais lorsque c’est un proche, cela fait beaucoup plus mal.

Donc, Abu Bakr a ressenti ce mal et était très fâché contre son cousin à tel point qu’il jura de ne plus faire de dépenses pour lui. Mais Dieu a révélé ce verset :

« Que ceux d’entre vous qui sont détenteurs de la grâce et de l’aisance ne jurent pas de ne plus dépenser pour les proches, pour les besogneux ou les émigrés dans le sentier de Dieu. Qu’ils pardonnent et qu’ils effacent ce qu’ils ressentent. N’aimeriez-vous pas que Dieu vous pardonne ? » (C. 24/22)

Puisque Dieu pardonne, il faut savoir pardonner.

« N’aimeriez-vous pas que Dieu vous pardonne ? », lorsque le Prophète a récité ce verset à Abu Bakr, ce dernier a pardonné et a expié son serment puis il a continué à dépenser pour son cousin et a oublié ce qu’il avait fait.

Si l’on sent que l’on a des difficultés à oublier le mal qui nous a été fait par une personne, il faut faire des invocations pour cette personne, en demandant à Dieu de lui pardonner, et cela va aussi nous aider à effacer ce que l’on peut encore ressentir dans le cœur.

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Q. Pouvez-vous nous parler de l’image donnée par un savant qui évoquait un pigeon blanc et un pigeon noir ?

R. Il s’agit de Tierno Bokar, un savant de XIX et XX siècle du Mali, qui a subi à un moment donné, dans sa propre ville, les avanies de gens qui se sont ligués contre lui. Il était d’une grande sagesse et d’une haute spiritualité et certains dans sa ville sont devenus jaloux de lui ; ils ont comploté contre lui et lui ont fait beaucoup de mal.

Extrait du livre « Vie et enseignement de Tierno Bokar : Le sage de Bandiagara » d’Amadou Hampâté Bâ :

« Non seulement, Tierno Bokar s'abstenait de juger autrui, mais encore il essayait de nous faire comprendre qu'une bonne pensée est toujours préférable à une mauvaise, même lorsqu'il s'agit de ceux que nous considérons comme nos ennemis. Il n'était pas toujours facile de nous convaincre, comme le montre l'anecdote suivante où il fut amené à nous parler des oiseaux blancs et des oiseaux noirs.

[…]

- Les hommes, dit-il, sont les uns par rapport aux autres, comparables à des murs situés face à face. Chaque mur est percé d'une multitude de petits trous où nichent des oiseaux blancs et des oiseaux noirs. Les oiseaux noirs, ce sont les mauvaises pensées et les mauvaises paroles. Les oiseaux blancs, ce sont les bonnes pensées et les bonnes paroles. Les oiseaux blancs, en raison de leur forme, ne peuvent entrer que dans des trous d'oiseaux blancs et il en va de même pour les oiseaux noirs qui ne peuvent nicher que dans des trous d'oiseaux noirs.

Maintenant, imaginons deux hommes qui se croient ennemis l'un de l'autre. Appelons-les Youssouf et Ali. Un jour, Youssouf, persuadé qu’Ali lui veut du mal, se sent empli de colère à son égard et lui envoie une très mauvaise pensée. Ce faisant, il lâche un oiseau noir et, du même coup, libère un trou correspondant. Son oiseau noir s'envole vers Ali et cherche, pour y nicher, un trou vide adapté à sa forme.

Si, de son côté, Ali n'a pas envoyé d'oiseau noir vers Youssouf, c'est-à-dire s'il n'a émis aucune mauvaise pensée, aucun de ses trous noirs ne sera vide. Ne trouvant pas où se loger, l'oiseau noir de Youssouf sera obligé de revenir vers son nid d'origine, ramenant avec lui le mal dont il était chargé, mal qui finira par ronger et détruire Youssouf lui-même.

Mais imaginons qu'Ali a, lui aussi, émis une mauvaise pensée. Ce faisant, il a libéré un trou où l'oiseau noir de Youssouf pourra entrer afin d'y déposer une partie de son mal et y accomplir sa mission de destruction. Pendant ce temps, l'oiseau noir d'Ali volera vers Youssouf et viendra loger dans le trou libéré par l'oiseau noir de ce dernier. Ainsi les deux oiseaux noirs auront atteint leur but et travailleront à détruire l'homme auquel ils étaient destinés.

Mais une fois leur tâche accomplie, ils reviendront chacun à son nid d'origine car, est-il dit : Toute chose retourne à sa source. Le mal dont ils étaient chargés n'étant pas épuisé, ce mal se retournera contre leurs auteurs et achèvera de les détruire.

L'auteur d'une mauvaise pensée, d'un mauvais souhait, d'une malédiction est donc atteint à la fois par l'oiseau noir de son ennemi et par son propre oiseau noir lorsque celui-ci revient vers lui.

La même chose se produit avec les oiseaux blancs. Si nous n'émettons que de bonnes pensées envers notre ennemi alors que celui-ci ne nous adresse que de mauvaises pensées, ses oiseaux noirs ne trouveront pas de place où loger chez nous et retourneront à leur expéditeur. Quant aux oiseaux blancs porteurs de bonnes pensées que nous lui aurons envoyés, s'ils ne trouvent aucune place libre chez notre ennemi, ils nous reviendront chargés de toute l'énergie bénéfique dont ils étaient porteurs.

Ainsi, si nous n'émettons que de bonnes pensées, aucun mal, aucune malédiction ne pourront jamais nous atteindre dans notre être. C'est pourquoi il faut toujours bénir et ses amis et ses ennemis. Non seulement la bénédiction va vers son objectif pour y accomplir sa mission d'apaisement, mais encore elle revient vers nous, un jour ou l'autre, avec tout le bien dont elle était chargée. »

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Q. A propos de la satisfaction. Doit-on se satisfaire de ce que l’on a ? Quelle est la place du contentement dans la purification du cœur ?

R. Le contentement est quelque chose de très important. Savoir se contenter de ce que Dieu nous donne, cela vient de la clairvoyance et de la bonne compréhension.

Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « L’esprit sain m’a inspiré qu’aucune âme ne mourra avant d’avoir épuisé le délai de vie accordé par Dieu, ni les dons accordés par Lui. Craignez Dieu et cherchez votre subsistance de la meilleure façon. »

Pour chacun de nous, avant même de venir au monde, Dieu a déjà défini notre durée de vie : Nous ne vivrons ni une seconde de plus ni une seconde de moins que le temps qui nous est imparti par Dieu, et nous n’obtiendrons pas un centime de plus ou de moins que ce que Dieu nous destine.

Nous ne mourrons pas avant d’avoir épuisé le délai de vie qui nous est imparti par Dieu, ni avant d’avoir épuisé les dons qu’Il nous a destinés.

A partir de là, je sais que je n’obtiendrai rien de plus et que je dois m’en contenter. Cela ne signifie pas que je doive rester les bras croisés sans rien faire, je dois rechercher des moyens, mais de façon licite.

Certains ne pensent qu’à courir derrière les choses de cette vie, non seulement toutes leurs préoccupations, tous leurs soucis consistent à chercher à obtenir le plus, ils sont même parfois prêts à voler, mentir, tricher, en pensant qu’ainsi ils vont obtenir le plus ! Ils se trompent car ils n’obtiendront pas davantage que ce que Dieu leur a destiné.

Pour comprendre cela, reportons-nous à l’histoire qui est arrivée à l’imam Ali. Un jour il s’est rendu à la mosquée sur une monture avec dix dirhams dans sa poche. Arrivé devant la mosquée, il a confié les rênes de sa monture à un homme qui était là : « Garde ma monture le temps que j’accomplisse ma prière ».

Tandis qu’il était à l’intérieur, l’homme a détaché les rênes de la monture et est parti les vendre au marché. Lorsque l’imam Ali est ressorti, il a trouvé sa monture sans les rênes et sans l’homme.

L’imam Ali a alors remis les dix dirhams à quelqu’un pour qu’il aille lui acheter une corde pour sa monture. En arrivant sur le marché, l’homme qu’il a envoyé se trouve en face du voleur qui propose les rênes à la vente : « Combien vends-tu ces rênes » lui demande l’homme. « Dix dirhams » répond le voleur. L’homme mandaté par l’imam Ali achète donc les rênes et les rapporte à l’Imam Ali, qui reconnaît celles qui attachaient sa monture !

Il dit alors qu’il avait l’intention de donner dix dirhams à celui auquel il avait confié sa monture pour l’avoir gardée… Cette somme lui était donc destinée, et s’il avait patienté, il l’aurait obtenue de façon licite. Mais comme il s’est précipité, il a obtenu cet argent de façon illicite !

Il est vrai qu’aujourd’hui, dans la vie d’ici-bas, certains imaginent que grâce à leurs « magouillages » ils peuvent obtenir certaines choses : mais s’ils l’obtiennent, c’est de façon illicite, alors que s’ils cherchaient de façon licite, ils pourraient l’obtenir de manière licite.

Donc, le contentement, c’est se satisfaire de ce que Dieu nous a destiné, ne pas être avide, ni envieux de ce que possèdent les autres, ne pas chercher le plus par des voies tortueuses.

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Savoir que l’on obtiendra ce qui nous est destiné appartient au fait de « faire confiance à Dieu » et cela procure la satisfaction.

C’est pour cela que le Prophète (sur lui la paix et le salut), a dit :

« Concernant les biens de ce monde, il faut regarder ceux qui sont en-dessous de nous, et en matière de religion, de foi, il faut regarder ceux qui sont au-dessus de nous ».

Lorsque l’on regarde ceux qui sont au-dessus de nous, cela nous encourage, nous motive davantage pour les imiter ; tandis que lorsque l’on regarde ceux qui sont en-dessous de nous en matière de

« dounia », de biens de ce monde, cela nous permet de ne pas mépriser ce que Dieu nous a octroyé et de nous en contenter.

Lorsque Dieu dit : « L’homme est ingrat avec Son Seigneur… », nombreux sont ceux qui pensent qu’ils ne sont pas ingrats ; alors que chacun de nous est ingrat et dit souvent « Si j’avais ceci… Si j’avais cela… », et il est rare que nous disions « Dieu nous a donné ceci » « Dieu nous a donné cela ».

On énumère plus souvent ce qui nous manque que ce que l’on a, et cela est une ingratitude.

Q. Dans plusieurs versets, Dieu dit : « Craignez-Moi ». Quelle est la part de la crainte dans l’adoration de Dieu et le fait de rester dans le droit chemin ?

R. On traduit souvent par « crainte » le mot « At taqwa », mais aussi « Al khachiyya » et « Al khawf ».

Il faut faire la différence entre les diverses significations de ces mots en arabe.

Pour le mot « At taqwa » je préfère lui donner le sens de « conscience de Dieu », mais cette conscience de Dieu engendre des sentiments essentiels.

Le premier sentiment de la conscience de Dieu c’est de savoir qu’Il me voit, qu’Il est avec moi ; on trouve ce sentiment chez celui qui est conduit à craindre de transgresser Ses limites, à craindre de perdre Son estime, d’être éloigné de Lui, de Le décevoir et d’encourir Son courroux.

Le deuxième sentiment de la conscience de Dieu, c’est d’être rassuré, c’est-à-dire de savoir que Dieu est avec moi, qu’Il me voit, qu’Il m’entend. Je ne crains rien s’Il est avec moi.

Moïse, au moment de la sortie d’Egypte avec son peuple, dit à ces derniers qui criaient « ils vont nous rattraper ! » : « Non ! Dieu est avec moi ».

Le fait que Dieu soit avec moi, proche de moi, me rassure. « At taqwa » c’est être conscient de Dieu et craindre d’être éloigné de Lui, de perdre Son estime, de perdre Son amour.

« Al khawf » c’est plus spécialement la crainte. Lorsque Dieu dit dans le Coran :

« C’est Moi plutôt que vous devez craindre »

« Ne les craignez pas. Craignez-Moi si vous êtes croyants ».

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Ibn Qayyim al Jawziyya (un savant musulman du VIIIème siècle de l’Hégire) – dans son commentaire des « Sentiers des Itinérants » d’Al Ansari – assimile le cheminement spirituel à un oiseau. Il dit que la tête de cet oiseau c’est l’Amour et que les deux ailes – qui lui permettent de voler – sont l’espoir et la crainte.

Si la tête de l’oiseau est coupée, l’oiseau est mort. Si c’est l’une ou l’autre des deux ailes qui est brisée, l’oiseau ne peut pas voler et devient une proie facile pour les prédateurs. Pour qu’il puisse voler, il lui faut la tête et les ailes.

En ce qui concerne le croyant, pour lui permettre de cheminer vers Dieu, il lui faut l’Amour pour Dieu et la crainte et l’espoir. Nous craignons de perdre Son Amour, d’être éloigné de Lui, et, en même temps, on a de l’espoir en Sa miséricorde, en Son pardon et Sa bienveillance. Et cela nous stimule pour œuvrer.

Sans ces deux sentiments, on ne peut pas cheminer vers Lui : celui qui n’a pas d’espoir n’attend rien et ne fera aucun effort. Et celui dont le cœur n’est pas dominé par la crainte peut être poussé au désespoir. Il est donc essentiel d’être en équilibre entre la crainte et l’espoir, facteurs indispensables pour le cheminement vers Dieu.

Q. A propos de l’amour que l’on porte à nos proches, nos familles et des versets du Coran qui nous mettent en garde : « Vos familles et vos biens sont des tentations… ») et le fait que cela peut présenter un obstacle au rapprochement familial.

R. Dieu dit dans le Coran : « On a embelli pour vous l’amour des plaisirs, des désirs, des femmes enfants argent chevaux … » (C. 3/14) toutes ces choses qui nous ont été données.

« Certes parmi vos épouses et vos enfants, certains sont des ennemis pour vous… » (C. 64/14-15) Cela signifie que si l’amour pour le mari, pour l’épouse, pour les enfants, pour les richesses et les biens de ce monde, si cet amour-là devient un obstacle à notre amour pour Dieu ou qu’il nous fait dévier du droit chemin, cet amour-là représente un ennemi qui nous conduit à notre perte. Cependant, il est tout à fait normal d’aimer ses proches.

Mais l’amour pour Dieu et pour Son Envoyé doit dominer tout l’amour que nous pouvons éprouver à l’égard de tout autre.

C’est la raison pour laquelle, dans la sourate du repentir (At tawba), nous lisons ce verset :

« Dis : Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, les clans, les biens que vous gagnez, le négoce… vous sont plus chers que Dieu, alors attendez-vous que Dieu fasse venir son châtiment (commandement). Dieu ne guide pas un peuple pervers. » (C. 9/24)

Il dit bien « Si ces choses sont plus aimées de vous que Dieu », mais il est normal d’aimer ses parents, ses frères et sœurs, d’aimer les biens que l’on a acquis par son travail, cela est naturel ; mais l’Amour pour Dieu doit être le plus fort.

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Conférence Cheikh Minta – La purification du cœur

Séminaire « Lumière d’Islam en Occident » du 7 mars 2010

Si l’on est dans cette situation, on n’est pas en danger, mais si l’amour de la famille et des biens est plus fort que l’Amour pour Dieu, on est perdant, d’autant que dans ces conditions, cela devient de l’idolâtrie.

Q. On a évoqué l’Amour de Dieu. Quelle est la place de l’amour que l’on doit porter au Prophète.

Est-ce que cet amour nous rapproche de Dieu ?

R. L’Amour du Prophète découle de notre Amour pour Dieu. Si l’on aime Dieu, on doit aussi aimer notre Prophète, sincèrement, car c’est par la grâce de Dieu et par notre Prophète (sur lui la paix et le salut), que nous avons connu Dieu, que nous avons connu notre religion.

Ibn Qayyim a dit : « Tout amour et toute vénération pour un être n’est pas permis, seulement si cet amour et cette vénération découlent de l’Amour de Dieu et de l’Amour de Son Prophète » donc, pour cette raison, cet amour est toléré.

D’ailleurs, le Prophète a dit : « Aimez Dieu pour Ses bienfaits dont Il vous a comblés ».

Cheikh al Bouti a dit, dans l’une de ses interventions, que si l’on prend le temps de réfléchir et de méditer à travers toutes les grâces et les bienfaits dont Dieu nous a comblés, cela doit nous pousser à être reconnaissants et notre reconnaissance doit nous pousser à L’aimer.

Le Prophète a dit : « Aimez Dieu pour Ses bienfaits et aimez-moi pour votre Amour pour Dieu et aimez ma famille par amour pour moi ».

Si nous aimons Dieu, nous devons aimer le Prophète (que le salut et la paix soient sur lui) et si l’on aime le Prophète, nous devons aimer la famille du Prophète.

En conclusion, celui que le croyant doit aimer le plus c’est Dieu, puis, après Lui, le Prophète (sur lui la paix et le salut), et ce, plus que tout autre chose.

« Aucun de vous ne sera véritablement croyant tant que je ne serai pas plus aimé par lui que son père, son fils et tous les gens. »

Donc il doit occuper une place plus importante que tout autre.

« Dis-leur : Si vous aimez Dieu réellement, suivez-moi et Dieu vous aimera et vous pardonnera vos péchés. Dieu est Indulgent et Miséricordieux ». (C.3.31)

Dieu est le Plus Savant

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