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KÉBÉ SUR CHAISE ROULANTE

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Devoir

Le ISSN 0850-5500 édité par GMT Pile à l’heure !

NOUVELLE FORMULE–ÉDITION DU LUNDI 08 NOVEMBRE 2021

Wardini Wardini

prend prend la porte la porte

Page 4

Page 3

Agressé

au tournevis

KÉBÉ SUR CHAISE ROULANTE

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Le Devoir nouvelle formule v Édition du lundi 08 novembre 2021 CONTRIBUTION 2

Par El Hadj KASSÉ

Une élection n’est gagnée, certes, qu’après la proclamation définitive des résultats. Mais une stratégie, c’est toujours une bonne part de calcul et d’expérience. Le passé ne se répète pas. Il est juste un détour qui nous permet d’envisager l’ave- nir d’un « long regard » et en toute confiance.

La grande coalition de la majorité présidentielle, principalement Ben- no Bokk Yaakar renforcée, en 2020, par de nouvelles forces, dont Rew- mi, le Parti des libéraux démocrates/

And Suqali, Osez l’avenir, et d’autres organisations citoyennes, s’appuie sur des atouts au nombre de quatre pour accentuer son hégémonie po- litique dans les collectivités territo- riales.

1. Une majorité incontestable à l’épreuve du temps, lors de toutes les élections, de 2012 à 2019, fon- dant une tradition de victoire et une expérience en matière d’organisa- tion et de mobilisation optimale de nos électorats. Inaugurale, la prési- dentielle de mars 2012 a consacré la rupture avec 65,8%.

Sept ans après, en dépit de la forte cristallisation du fait du parrainage, notre candidat s’est largement dé- taché. Les législatives de 2012, les locales de 2014, le référendum de 2016 et les législatives de 2017 tra- duisent bien cette performance ex- ceptionnelle. Nous avons développé, à travers toutes ces expériences, une forte intelligence des conditions de victoire à une élection.

2. Une coalition raffermie, ayant développé une culture de gestion et de résolution des contradictions (toujours considérées comme des contradictions au sein du peuple, donc non antagoniques), qui se renforcée de nouvelles adhésions politiques et citoyennes. Beaucoup d’observateurs et d’analystes poli- tiques ont trop souvent et hâtive- ment rangé Benno Bokk Yaakaar dans le registre des antiquités poli- tiques. A l’approche de chaque élec- tion, la conclusion est la même : la majorité présidentielle va exploser à l’épreuve des ambitions plurielles.

Et pourtant ! Les organisations développent aussi leur propre méca- nisme de gestion des crises, qu’elles soient d’ordre pathologique ou né- vrotique. La méthode des trois C, à savoir la consultation, la concerta- tion et le consensus, a été systéma- tiquement utilisée par le Président Sall pour atténuer les contradictions au sein de son parti et avec ses alliés, pour circonscrire les démons de la division et reconstituer, toujours sur de nouvelles bases, l’unité essen- tielle des forces vives de la nation. Si la majorité présidentielle continue de vivre contre les vents de prévi- sions pessimistes et les marées des augures sinistres, c’est bien parce que cette méthode efficace a permis la coexistence au sein de la vaste majorité présidentielle aux diverses idéologies.

3. Une expérience pertinente de gestion des collectivités territoriales en dépit des difficultés qu’explique un déficit de moyens. Notre gouver- nance a enregistré des réalisations tangibles au point de changer le vi- sage de nombreuses localités à tra- vers le pays.

Les programmes d’urgence pour corriger les inégalités sociales et ter- ritoriales ont impacté positivement et de manière incontestable la vie de nos concitoyens, notamment du monde rural.

Dans les domaines de la santé, de l’accès à l’eau potable et à l’électrici- té, du désenclavement, de la protec- tion sociale, une véritable révolution s’est opérée.

Plus éloquents que toutes les dé- monstrations, les témoignages des populations des quatre coins du pays suffisent pour preuve de nos performances.

La meilleure manière de rendre visibles les bonds qualitatifs, qui se situent certes dans la continuité de l’Etat du Sénégal, est de considérer les trois grandes séquences de notre gouvernance : de 1960 à 2000, soit 40 ans; de 2000 à 2012, soit 12 ans et de 2011 à 2021, soit 9 ans. Dressons le tableau : dans l’axe horizontal, les séquences et dans l’axe vertical les domaines d’action. Dans tous les secteurs et dans tous les domaines, le changement d’échelle est net et se passe de commentaires.

Le Président Sall a toujours consi- déré, le principe d’humilité chevillé à l’intelligence de l’Etat, qu’une na- tion est une succession d’héritages et non l’exclusion au nom de la vaine quête de l’originalité.

4. Des réalisations exceptionnelles du pouvoir central dont le coefficient du chef rejaillit sur celui de nos listes dans les différentes collectivités ter- ritoriales. Si nous considérons les trois séquences temporelles dans la gouvernance de notre pays, on peut convenir aisément que les 9 ans (de 2012 à 2021) ont été marqués par des progrès exceptionnels de notre pays. Cela est d’autant plus vrai que l’opposition ne s’est jamais hasardée à attaquer notre bilan, mis à part les campagnes vaines de fake news et de dénigrement.

Les bases objectives d’une vic- toire large et incontestable sont donc réunies. Il reste à développer les conditions subjectives, celles qui dépendent de nous et qui nous donnent les clés de l’avenir.

Je rappelle que le Président de Benno Bokk Yaakaar et de notre grande coalition de la majorité pré- sidentielle, M. Macky Sall, a partagé,

lors de la Conférence des leaders, le 25 août 2021, les cinq principes et valeurs qui doivent guider notre action et nous accompagner vers la victoire à la bataille de janvier : « pri- mauté de l’intérêt général, solidarité, unité, discipline, mobilisation ».

Nous venons de sortir globale- ment en rangs serrés de la zone de tempêtes : les investitures ont été ardues mais, sur la base de critères retenus et de la confiance au leader de notre coalition, le seuil de contes- tation est plutôt satisfaisant.

Il faut féliciter tous les prota- gonistes, ceux qui ont été choisis comme têtes liste comme ceux qui ne l’ont pas été. L’esprit de respon- sabilité qui a prévalu, dans la plupart des cas, doit se poursuivre : par la solidarité active de tous, mais sur- tout par l’humilité des têtes de listes qui doivent fédérer, rassembler et mobiliser autour de notre projet de ville.

Nous aurons alors conjugué les conditions objectives et subjectives d’une large victoire le 23 janvier 2022.

El Hadj Hamidou KASSÉ Militant Benno

Bokk Yaakaar

PS: Alors que j’écrivais cet article, la nouvelle est tombée du décès de notre ami et camarade Abdou- rahmane Ndiaye. Militant pionnier

de l’APR, compagnon constant du Président Macky Sall, Ndiaye fut à la fois solaire et exemplaire dans le

village pas toujours apaisant de la politique. Je salue ici, dans le « sou- venir poussiéreux » du politique, de l’intellectuel et de l’écrivain, notre

défunt compagnon et présente mes condoléances à sa famille, au

Président Macky Sall, dont il était un Conseiller spécial, et à tous les camarades de l’APR et de Benno

Bokk Yaakaar

Parcelles Assainies, Unité 10–276, Dakar

77 595 21 61 Directeur de publication

Pathé MBODJE Rédaction Pathé MBODJE,

Mass NIANG Charles SENGHOR,

Habib KA Fanny ARDANT Khadidiatou GUEYE

Sadany SOW Tidiane SÈNE Infographiste Alioune Khalil KANE

Metteur en page Laay Gooto

Web

medhamo@hotmail.com (Design)

Administration Tchalys

Devoir

ISSN 0850-5500 édité par GMT Pile à l’heure !

Le

Les quatre atouts de la majorité

présidentielle

LA BATAILLE DE JANVIER

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Le Devoir nouvelle formule v Édition du lundi 08 novembre 2021

ACTUALITÉ 3

C

hoisir Soham El Wardini candidate de Yewwi Askan wi pour Dakar aurait relevé de l’inceste : membre de la mouvance pré- sidentielle pour son appartenance à l’Alliance des Forces de Progrès de Moustapha Niass, sa proximité avec Khalifa Sall qu’elle a remplacé à la mairie de Dakar était une gêne pour le pou- voir et sa coalition Benno Bokk Yakaar ; Soham El Wardini était-elle avec eux tout en étant contre, rejetant l’emprisonnement de Khalifa Sall pour pratique indue qu’elle reprendra même à son compte, d’après le journal Les Échos cité le Premier octobre dernier ? « Cette année, nous l’avons utilisée (NDLR : la caisse d’avance) dans la gestion de la Covid parce que nous n’avions pas de quoi acheter du riz. Nous l’avons toujours votée, mais jamais utilisée. Parce que quand j’ai demandé au président de la République de nous la donner, il a répondu non. Nous y avons tou- ché parce que simplement il y avait cas de force majeure», a révélé Soham Wardini ». Exposant le débat entre caisse d’avance et dèpenses di- verses.

Soham El Wardini aurait ansi réactivé la caisse d’avance pour acheter du riz distribué aux 19 communes d’arrondissement en pleine pandé- mie.

Si le président a fermé les yeux sur l’affaire, Khalifa Sall et Yewwi pouvaient-ils être des sup- plétifs de Benno et désigner Soham el Wardini à la place de Benno ? Pouvaient-ils créer une situation bâtarde pour une candidature qui ne serait ni du Benno ni tout à fait de Yewwi ?

Le drame de la maire de Dakar a été de ne pas comprendre le litige qu’elle infligeait à la coali- tion de l’opposition et de n’avoir pas été consé- quente en comprenant la majorité â laquelle elle appartenait de facto. Barthélémy Diass n’a pas mis les gants pour se faire comprendre, lui dont la candidature était attendue depuis les louvoie- ments et l’absence sur le terrain de Khalifa Sall après son élargissement de Rebeuss.

À l’analyse, le choix logique de la Toussaint 2021 a pu sauver les apparences pour un Khalifa Sall : Soham el Wardini aurait pu paraître comme une pièce commune du puzzle que construisent le président Mack Sall et son ancien président.

En prenant la porte, elle met fin à une situation assez simple qui n’aurait jamais dû entraîner la poussée de fièvre vécue entre Taxawu Dakar, Yewwi Askan Wi et Soham El Wardini.

P. MBODJE

Par Habib KÂ,

Chef du bureau régional de Matam, Thilogne

C’est fait ! Soham El Wardini participera aux élections locales de 2022 sous la bannière de l’Union Citoyenne Bunt Bi, mouvement politique dirigé par le député Théodore Chérif Monteil de la majorité présidentielle.

Sa candidature n’aurait en principe suscité autant de problèmes, de passion si madame était socialiste ou pastefienne.

Il n’a jamais été fait référence de l’apparte- nance de cette élégante femme au discours courtois et pondéré, 1ère adjointe au maire de la ville de Dakar tant qu’elle officiait fidèlement et loyalement auprès de Khalifa Ababacar Sall dans une parfaite osmose de pratiques démo- cratiques et d’engagement républicain.

Dame Wardini, militante de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) de Moustapha Niass, vouait un attachement personnel au patron de Dakar au point que les citoyens de la ville ar- rivaient difficilement à identifier les lignes de démarcation de son esprit de parti d’avec son adhérence aux combats de son chef accusé de détournement de derniers publics.

Khalifa Sall y a contribué pour beaucou aussi à cette ambiance bon enfant, pour avoir su créer une équipe soudée, en dépit des différences de chapelles, une atmosphère de cordialité de fra- ternité, de complémentarité ou seuls le travail et l’efficacité constituaient le fil d’Ariane.

Les élections locales du 23 janvier 2022 in- terviennent dans un contexte politique très critique : Macky Sall qui termine deux mandats

présidentiels successifs et qui tient à faire des élections locales un laboratoire de vérification et de prise d’élan pour un 3 ème mandat, la conquête de la ville de Dakar comme gage de sa popularité entamée depuis les sinistres événe- ments de mars 2021,

l’ex-maire de Dakar gracié suite à une condam- nation pour un détournement de 1,8 milliard de francs cfa et quelques mois de prison. Son statut n’étant toujours pas clair, si Khalifa Sall ne bénéficie pas d’une loi d’amnistie, il se voit condamné à renoncer définitivement à la poli- tique. Sa candidature à la Presidentielle de 2024 appuyée par Barthélemy Dias lui servira de le- vier pour fermenter (?) le débat national comme celui de Karim Wade, Ousmane Sonko frappés d’une incapacité civile d’élire et de se faire élire.

Trancher les tiraillements Wardini-Dias fils permet de conserver l’électorat socialiste déjà entamé par le soutien de l’aile officielle à la majorité présidentielle. La logique mieux vaut perdre une alliée, surtout très fidèle que de jeunes et bouillant socialistes de la tempe de Barthélémy qui lui rendront la politesse (?) au rendez-vous de 2024.

Barthélémy Dias maintenant le flambeau al- lumé durant tout le temps que Khalifa Sall est incarcéré a su trouver en Ousmane Sonko et Pastef des plages de convergence dans le com- bat quotidien pour la démocratie et la défense des causes politiques et l’agitation qui s’en suit

; pour lui, poser sa candidature pour la ville de Dakar est un choix politique stratégique d’im- portance majeure, un programme minimal qui lui ouvre les portes de 2024 et l’héritage du socialisme senghorien dans la course à la prési- dence au cas où la candidature de Khalifa Aba-

bacar Sall ne passerait pas et la candidature de Barth en était la solution.

Au final Yewwi Askan Wi ne pouvait parrainer la candidature de Soham El wardini, considérée comme une candidature de collaboration et de compromission avec le pouvoir de Macky Sall.

En effet, il est prêté à Wardini d’être en conni- vence avec le régime depuis l’intrusion de flair de Khalifa Ababacar Sall en atomes crochus avec le président Macky Sall.

Ainsi s’expliquent des batailles et des guerres de tranchées non étalées au grand jour avec ses tiraillements avec le maire de Mermoz Sa-

cré-Coeur avec qui les relations étaient pourtant au beau fixe dans l’équipe du maire.

Khalifa Sall en prison, Soham El Wardini a continué de jouer le rôle de second et la fidélité chevillée au corps, se rendait régulièrement à la prison de Rebeuss rendre compte à son pa- tron du travail, lui faire signer les documents et prendre de nouvelles instructions et directives.

Quel esprit républicain, quel engagement, quel esprit de grandeur et de noblesse !

Au même moment, un autre que lui penserait à l’enfoncer davantage pour prendre sa place.

SOHAM EL WARDINI-LE POIDS DE L’AFP, LE CHOC DES AMBITIONS

SOHAM EL WARDINI

La Benno de Yewwi prend

finalement la porte

Saham El Wardini est finalement sortie par la grande porte pour se maintenir dans la course pour la mairie de Dakar ; ballottée entre son appartenance à la majorité et mal payée en retour pour sa solidarité oppositionnelle, elle entrouvre la porte avec Bunt bi : elle est en effet tête de liste du parti Union citoyenne /Bunt bi.

La clé de la porte

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Le Devoir nouvelle formule v Édition du lundi 08 novembre 2021 SOCIÉTÉ

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Par Khadidiatou GUÈYE Fall

Dans la vie, une situation peut changer voire bouleverser l’existence de la personne.

Mais certains arrivent à y faire face ; ils trouvent dans la situation un atout au lieu de voir un l’aspect négatif. Le handicap est l’une des situations qui surprennent le plus quand cela n’est pas inné. Beaucoup de personnes ont vu un jour leur mobilité réduite par ac- cident ou par dame nature. Quand cela est inné, les conséquences sont moins dévas- tatrices. Par contre, les personnes victimes d’un quelconque imprévu causant une mo- bilité réduite au courant de leur vie peinent énormément à se relever de la situation imprévisible. La mobilité réduite est contex- tuelle ou situationnelle pour un certain Ma- madou Kébé.

Agé de 33 ans, cet homme sur la chaise dégage un charisme inouï. De son vrai nom Mamadou Kébé, il répond le plus souvent par son nom de famille. Kébé est un jeune à qui le handicap a été une fatalité. Un ac- cident hasardeux lui a arraché la sensibilité des membres inférieurs. En effet, en 2005, un samedi soir alors qu’il faisait 00h, Kébé se baladait dans les rues des Parcelles Assainies avec un groupe d’amis et soudainement une association de bandits les a attaqués. Dans l’affrontement, il se retrouva poignardé dans le dos avec un tournevis. Cet instrument qui lui a été infligé avait de suite touché le nerf sciatique et automatique. C’est ainsi qu’il a perdu la sensibilité de mes membres infé- rieurs.

Brilliant cursus

Pourtant Kébé a suivi un cursus brillant et normal jusqu’en 2005 quand il obtint son Bfem avant de perdre l’usage de ses jambes.

Cet accident lui a coûté 7 ans de convales- cence, sans accès aux études. En 2013, il se fait un challenge d’obtenir le baccalauréat en déposant sa candidature libre. Il réussit le haut la main mais fit partie des premiers étu- diants orientés à l’université virtuelle du Sé- négal en sociologie. Parallèlement, il s’inscrit dans une université privée pour suivre une formation professionnelle en administration des affaires.

De nature ambitieux, Kébé arrive à mettre en place l’association des personnes vivant avec un handicap en 2014. Le but de cette organisation était de défendre les droits et le bien -être des personnes en situation de handicap. Tout en concentrant sur ses deux formations, Kébé devint membre de Handi-

cap international sur des projets d’insertion socioprofessionnelle et sur l’éducation inclu- sive. Sa soif d’intégrer le milieu professionnel pousse Mamadou Kébé à devenir technicien en vidéo surveillance à partir de 2019 puis responsable des opérateurs vidéo jusqu’en 2021.

Aujourd’hui, Mamadou Kébé occupe le poste d’assistant administratif dans un hô- tel de la place. Pour renforcer ses chances d’avoir la vie professionnelle longtemps convoitée, il amasse un master en manage- ment et gestion de projets dans une autre école de formation privée en 2020. Dans ses propos, Kébé campe sur son objectif qui est de faire du Sénégal une société inclusive : « Changer la perception que la société a sur les personnes à mobilité réduite afin que ces dernières puissent bénéficier de leur droit à tout point de vue ». Loin de déceler une quel- conque déception dans sa vie, il cible plutôt dans ambitions et des objectifs. Pour Kébé, il est assez jeune pour énumérer ses temps de regrets car rien n’est encore acquis pour être perdu. Avec sa détermination, il ne voit aucun obstacle à réaliser ses rêves de fon- der une famille, d’amener ses parents à La Mecque et de servir sa communauté.

C’est avec philosophie que le sociologue vie son handicap. Il se dit qu’en tant que croyant, on ne peut qu’accepter le destin., raison pour laquelle il prend son handicap comme une bénédiction car dans une cer- taine manière il lui a permis de développer d’autres ressources intérieures. Son regret est le regard négatif que la société porte sur la personne handicapée.

Débordant d’ambitions et de projets, Kébé s’est engagé dans un cabinet conçu pour l’in- sertion des personnes.

Après plusieurs années de plaidoyer avec les membres de son organisation, la direction générale de l’action sociale leur a affecté un Cprs dont la mission principale était de facili- ter la réinsertion sociale des groupes vulné- rables. Kébé porte le poids du président de l’association des personnes avec un handicap dans la commune des Parcelles Assainies en étant également coordonnateur de team handicap for development.

Sensible, le futur sociologue accorde faci- lement confiance chose que ses proches lui reprochent. Quant sa modestie, sa sociabi- lité et son optimisme, ses proches n’en dis- conviennent pas.

Khadidiatou Gueye Fall

PORTRAIT

KÉBÉ, UN HOMME ENVAHI D’AMBITIONS SUR SA CHAISE ROULANTE

Une agression lui a arraché la mobilité de ses jambes

La vie est pleine de surprises. C’est que révèle l’histoire de

Mamadou Kébé, un homme qui a traversé des moments tra-

giques. Son handicap vient d’une agression. Malgré son inca-

pacité d’utiliser ses membres inférieurs, il demeure déterminé

et plein d’ambition. Sa mobilité réduite est pour lui une béné-

diction.

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Le Devoir nouvelle formule v Édition du lundi 08 novembre 2021

POLITIQUE 5

Benno Bokk Yakaar veut réussir partout le coup de Matam pour gagner sans coup férir ; à vaincre sans gloire cependant, la coa- lition majoritaire va jeter le discrédit sur les Locales 2023.

C’est Me Khoureychi Bâ, conseil de Barthélé- my Dias, qui a dèvoilé la stratégie pour écarter son remuant client de la course à la mairie de Dakar en mettant à jour l’affaire Ndiaga Diouf pour laquelle la tête de liste pour les Locales à Dakar est attendu devant la cour ce 10 no- vembre ; cette épée de Damoclès est toujours suspendue sur la tête du maire de Mermoz comme pour le tenir en respect ; il assigné pour l’audience du 10 novembre de la 3ème Chambre de la Cour d’appel de Dakar,

date du dernier renvoi du procès en Appel décidé le 7 juillet 2021.

La bande des 13 (Barthélemy Dias et 12 autres) avait été jugée pour «coups mortels, coups et blessures volontaires, détention d’arme sans autorisation administrative, entre autres mo- tifs. Des nervis supposés envoyés par le parti au pouvoir d’alors, le Pds, avaient attaqué la mairie de Mermoz-Sacré Cœur en décembre 2011 et le maire avait tiré ; on relèvera un décès, le lutteur Ndiaga Diouf.

Le jugement de Cour qui rend blanc ou noir n’est pas le seul moyen pour barrer la route :

Benno est également de la danse, appuyée cu- rieusement par Pastef pour essayer cette fois-ci de liquider la liste déposée par Barthélémy Dias au principe qu’il aurait outrepassé la loi : tête de liste certes mais non délégataire, Barthélémy Dias n’aurait pas le droit de déposer lui-même la liste des candidats Yewwi Askan Wi pour Dakar ; aux récriminations de Pastef s’ajoute le recours en annulation introduit ce jeudi par Benno pour déclarer l’acte du maire de Mermoz comme nul et de nul effet. Et pour enfoncer le bouchon,

Benno demande également l’annulation pure et simple de certaines autres listes, en dehors des réserves émises pour les Parcelles assainies et Biscuiterie. À Grand-Yoff, Benno a rué dans les brancards, souvent à cause de logo et de couleur proches de ceux l’Alliance pour la République majoritaire dans la coalition et pouvant prêter à équivoque.

Ces recours en annulation le 04 novembre pour la quasi-totalité des listes adverses à Da- kar, à Biscuiterie, à Grand-Yoff, aux Parcelles as-

sainies, etc complète le même manège observé à Matam où le mandataire de Yewwi Askan Wi a rejoint la coalition majoritaire après le dépôt des listes Yewwi et le refus du préfet du dépar- tement de Matam de reconnaître les nouveaux représentants désignés par Yaw pour finalement écarter la liste.

Benno entend donc vaincre sans péril en écar- tant ses adversaires sous couvert de la voie lé- gale et/ou administrative.

Décès d’un candidat

Les mesures administratives prises seront plus délicates si le candidat qui est décédé a été mis en candidature pour une élection dans laquelle le nom de chaque candidat apparaît individuellement sur le bulletin. Lorsque seules des listes de parti ou de groupe apparaissent sur le bulletin et qu’un candidat décédé est élu, les systèmes électoraux équitables permettent le remplacement de ce candidat par un autre can- didat provenant de la liste de parti ou de groupe.

L’incidence sur l’administration des opérations de vote du décès d’un candidat dont le bulletin de présentation a été accepté dépend du mo- ment du décès. Les mesures à prendre varient selon le moment du décès : avant le moment fixé pour la clôture des mises en candidature ou la présentation de listes de parti ou de groupe;

entre la clôture des mises en candidature et le jour du vote; le ou après le jour du vote.

Décès avant la clôture des mises en candidature

Lorsqu’un candidat décède avant la clôture des mises en candidature, les systèmes électo- raux équitables prévoient la possibilité d’accep-

ter une nouvelle candidature pour assurer que les électeurs éventuels ne seront pas privés d’un choix. Conformément à la loi et aux règlements, les administrateurs électoraux devraient s’assu- rer que les mesures suivantes sont mises à exé- cution :

que le bulletin de présentation pertinent soit annoté pour indiquer que le candidat est décé- dé, l’heure et la date du décès et les mesures prises relativement à la caution;

- que toute nouvelle liste des candidatures ac- ceptées, que le travail de préparation pour l’im- pression des bulletins et autres documents de votation et que les systèmes soient vérifiés mi- nutieusement et modifiés pour enlever les ren- seignements qui concernent le candidat décédé afin qu’ils n’apparaissent pas par erreur dans les processus à venir;

- que la personne ayant présenté le candidat ou le représentant d’un candidat indépendant ou d’un candidat endossé par un parti ou un groupe soient informés des mesures qu’ils doivent prendre pour présenter un remplaçant.

Décès entre la clôture des mises en candidature et le jour du vote

Dans les systèmes de liste de parti ou de groupe, le décès d’un candidat entre la clôture des mises en candidature et le jour du vote peut être traité efficacement si la loi ou les règle- ments prévoit une méthode de substitution sur la liste du parti ou du groupe en question au cas où le candidat décédé est élu.

La situation se complique si le candidat dont le nom apparaît individuellement sur le bulletin décède entre la clôture des mises en candida- ture et le jour du vote. Il faut tenir compte de deux objectifs contradictoires :

protéger la gamme de choix des électeurs et maintenir l’équité parmi les candidats qui se font la lutte;

maintenir les rapports coûts-efficacité.

Les options de base sont :

s’assurer que la loi électorale ou les règle- ments prévoient qu’en des cas semblables l’élec- tion dans la circonscription pertinente doit être annulée et qu’il faut reprendre le processus des mises en candidature;

permettre la continuation du processus élec- toral avec les autres candidats;

permettre la candidature d’un candidat de remplacement.

Si l’on adopte la première méthode, le choix de l’électeur est protégé. Cette méthode coûte- ra généralement plus cher puisqu’il faut réviser les documents de vote et que l’ensemble du processus peut être retardé. Les administrateurs électoraux doivent alors :

s’assurer que tout le matériel électoral est re- tiré et conservé dans un endroit sûr jusqu’à ce qu’on en dispose;

réviser et modifier les besoins en matière de ressources électorales, plus particulièrement dans les circonscriptions où une élection a échoué mais que des élections se tiennent tout de même à d’autres paliers de représentation;

initier la planification de la nouvelle élection.

Des plans généraux de rechange devraient être en place pour faire face à toute éventualité.

Si l’élection se poursuit pour les candidats qui demeurent sur le bulletin, il se peut que les élec- teurs soient privés du choix qu’ils voudraient faire. L’organisme électoral doit s’assurer, par l’entremise des médias d’information et par la modification du matériel de vote, que le nom du candidat décédé soit retiré afin que les électeurs ne votent pas pour lui. Cette situation peut dé- concerter les électeurs et retarder la production de documents essentiels.

Dans les systèmes électoraux où les électeurs ont le choix de voter pour une liste de parti ou de groupe ou d’inscrire leur choix parmi les in- dividus qui figurent sur cette liste, on peut pro- céder à l’élection après le décès d’un candidat entre la clôture des mises en candidature et le jour du vote. Dans de tels cas, on peut choisir une des options suivantes :

tous les votes déposés en faveur du candidat décédé sont ignorés lors du dépouillement des

LOCALES-BENNO VEUT GAGNER PAR TAPIS VERT

À vaincre sans péril, ...

Dispositions législatives

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Il est essentiel de définir dans la loi ou les règlements les devoirs de l’administration électorale en cas de décès ou de désistement d’un candidat, qu’il s’agisse d’un candidat indépendant ou d’un candidat d’une liste de parti ou de groupe. Si l’on ne traite pas correc- tement et uniformément les cas de décès ou de désis- tement de candidats (p. ex. en n’enlevant pas le nom du candidat des documents officiels de vote alors que

la loi l’exige), les résultats de l’élection seront proba- blement contestés.

L’administration électorale doit communiquer for-

mellement toute décision consécutive au décès ou au

désistement d’un candidat à tous les autres candidats,

groupes ou partis dont les candidatures ont été ac-

ceptées pour l’élection en cours.

(6)

Le Devoir nouvelle formule v Édition du lundi 08 novembre 2021 POLITIQUE

6

Lors de son passage à Kaffrine, dans le cadre de sa tournée économique, le président Macky Sall avait prévenu qu’il ne tolérerait pas de liste parallèle dans la coalition Benno Bokk Yakaar.

Dans le Fouta, devant l’adversité béante de ses partisans, Macky Sall a encore lancé qu’il ne ser- vait à rien de se chamailler ; il avait promis qu’au moment opportun, il choisirait les bonnes per- sonnes pour représenter sa majorité aux élec- tions locales et territoriales.

Mais, visiblement Macky Sall n’a aucun contrôle de ses troupes. De nombreux respon- sables ont passé outre ses consignes.

À Dakar, véritable enjeu de ces élections, un de ses plus proches collaborateurs, en l’occur- rence Mame Mbaye Niang, a déposé sa candi- dature. Sa bannière « Horizon 2035 » porte des candidatures dans les communes de Dakar-Pla- teau et de Yoff.

Mame Boye Diao, frustré d’avoir été ignoré malgré le tintamarre avec ses cahiers, y est allé de sa liste. Estimant que sa candidature est une demande sociale.

À Ziguinchor, Aminata Angélique Manga a fait le grand déménagement. Avec armes et bagages, la ministre conseil du président de la République a rejoint Abdoulaye Baldé. Le maire sortant vient pourtant de lâcher le mentor de l’ancienne employée de la Radio-télévision du Sénégal. Un vrai défi que le président Macky Sall a visiblement du mal à maitriser.

Cette situation de défiance n’est pas l’apa- nage de la coalition de la majorité présidentielle.

Khalifa Sall et Ousmane Sonko ont également du mal à mettre de l’ordre chez eux. Lancée en grande pompe en septembre dernier, la coali- tion Yewwi askan wi est aussi en train de vivre des moments très difficiles avec des cassures, liées aux frustrations.

À Dakar, la maire sortante, Soham Wardini n’a pas voulu s’aligner après la désignation du maire sortant de Sicap Sicap Sacré-Cœur Mermoz, Bar- thélémy Dias. Elle va se présenter sur une autre

bannière. Celle de l’Union citoyenne Bunt-bi d’El hadji Ibrahima Mbow. La même situation s’est produite à Thiès : laissè sur la touche au profit de Babacar Diop, leader des Forces démocra- tiques du Sénégal/Guelewaar, le chef de file de l’Alliance démocratique/Penco va conduire sa propre liste sous la bannière de « Pencoo and Liguey ».

À Matam, Yewwi askan wi a connu le pire avec un de ses membres partis rejoindre le camp ad- verse en sabotant ses investitures.

Dans une moindre mesure, la « grande coa- lition « Wallu Senegaal » a connu le départ de Pape Diop, leader de la coalition libérale/bokk gis gis pour divergence de point de vue. L’ancien président de l’Assemblée nationale, candidat à la mairie de Dakar, a mis en place une liste aux couleurs de son parti.

Les différents responsables ont totalement perdu le contrôle de leurs coalitions. Vivement le 23 janvier 2022 pour voir ce que ces compor- tements vont donner. Si les partis de l’opposi- tion n’auront pas de moyens de punir les récal- citrants, le président Macky Sall pourrait, pour sa part, sévir.

Sergio RAMOS

votes; il faut alors fournir des instructions pré- cises en ce sens à tous les endroits de dépouil- lement;

le nom du candidat décédé est enlevé du bul- letin de vote, par surimpression ou tout autre moyen, ce qui peut déconcerter les électeurs et retarder la production de documents essentiels.

Le fait de permettre la candidature d’un rem- plaçant peut causer des difficultés administra- tives, surtout s’il faut modifier les bulletins de vote. On connaîtra des difficultés supplémen- taires si le vote par anticipation est permis.

Décès le ou après le jour du vote

Lorsqu’un candidat décède le ou après le jour du vote, le dépouillement se poursuit normale- ment tel que prévu à l’origine. Si le candidat dé- cédé est élu à la suite de l’annonce des résultats, les administrateurs électoraux devront :

aviser les candidats, partis et groupes qui ont

participé à l’élection des procédures à suivre;

préparer le processus de remplacement du candidat élu décédé.

Les mesures varient selon le système électoral et le cadre législatif. Par exemple :

lorsque les candidats nomment un candi- dat suppléant ou un remplaçant, il faut entre- prendre les mesures qui s’imposent pour le dé- clarer élu;

lorsqu’une nouvelle élection doit avoir lieu dans la circonscription pertinente, comme cela se fait normalement dans une circonscription uninominale, il faut annoncer la date de l’élec- tion complémentaire et planifier le début de l’élection;

lorsque le candidat décédé peut être rempla- cé sur nomination d’un représentant par le parti ou le groupe, il faut entamer les procédures de remplacement;

lorsque le cadre législatif exige un recomp- tage des votes dans la circonscription pertinente (en excluant le nom du candidat décédé) pour déterminer le remplaçant du représentant élu

décédé, il faut établir des mécanismes pour ré- viser les données de vote pertinentes.

Désistement d’un candidat

Certains systèmes électoraux permettent le désistement d’un candidat. Il n’est cependant pas très pratique de permettre le désistement d’un candidat après la clôture des mises en candidature et cela peut inviter à l’intimidation de certains candidats. Il arrive cependant que certaines administrations accordent une courte période de temps après la clôture des mises en candidature, surtout au niveau du gouverne- ment local.

Toute demande de désistement doit être une déclaration écrite du candidat qui se désiste, devant témoins (voir forms: nomination wit- hdrawal–namibia et withdrawal of consent to nomination–australia, 1996). Les mesures de base que devraient entreprendre les administra- teurs électoraux sont les suivantes :

vérifier auprès du candidat la véracité de la demande de désistement;

examiner la demande dans le but de détermi- ner si elle satisfait aux exigences légales et pro- cédurales de désistement;

informer officiellement le candidat de l’ac- ceptation ou du refus de sa demande de désis- tement.

Si la demande de désistement est acceptée, il faut :

annoter le bulletin de présentation pour indi- quer que le candidat s’est désisté, la date du dé- sistement et les mesures qui ont été prises par rapport à la caution;

vérifier minutieusement toute nouvelle liste des candidatures acceptées, le travail de prépa- ration pour l’impression des bulletins et autres documents de votation et les systèmes pour en- lever les renseignements qui concernent le can- didat qui s’est désisté afin qu’il n’apparaisse pas par erreur dans les processus à venir;

informer la personne ayant présenté le can- didat ou le représentant d’un candidat indépen- dant ou d’un candidat endossé par un parti ou un groupe des mesures qu’ils doivent prendre pour présenter un remplaçant.

Source : aceproject.org

Après le dépôt des candidatures, l’heure est au bi- lan. De nombreux responsables dans les différentes coalitions ont franchi le Rubicon, défiant leurs men- tors avec des listes parallèles.

La perte de contrôle totale des leaders de coalition

INVESTITURES POUR LES LOCALES ET TERRITORIALES 2022

Dispositions législatives (suite)

Mame Mbaye Niang

Aminata Angélique Manga

Mame Boye Diao

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Le Devoir nouvelle formule v Édition du lundi 08 novembre 2021

CULTURE 7

17 octobre 1961, le massacre des Algériens à Paris.

Soixante ans après la répression meurtrière, les médias ont évoqué des bilans très variables, allant de «plusieurs dizaines» de tués, à «plu- sieurs centaines». Le reflet de la controverse historique qui a longtemps prévalu. Mais aussi, souvent, le fruit d’erreurs de journalistes.

Libération, par Elsa de La Roche Saint-André et Cédric Mathiot,

octobre 2021

Plusieurs dizaines de morts» selon l’AFP ou France Info, «au moins 120» selon le Monde, la Croix ou le JDD (et encore bien d’autres), et

«200» pour Libé. Quel est le bilan, ou plutôt les bilans, du massacre par la police, le 17 octobre 1961, à Paris, de manifestants algériens venus à Paris, à l’appel de la Fédération de France du FLN (Front de libération nationale) ?

Il a fallu le travail de plusieurs militants et his- toriens pour sortir d’un long déni sur les exac- tions commises ce jour-là. En 2012, François Hollande a reconnu «une sanglante répression».

Cette année, Emmanuel Macron est allé plus loin en dénonçant des «crimes inexcusables pour la République» commis «sous l’autorité» du préfet de l’époque, sans faire remonter explicitement au-dessus la responsabilité de ce que d’aucuns voudraient voir qualifier de crime d’Etat. Il est largement acquis, depuis des décennies déjà, que le premier bilan officiel, trois morts, fut ri- diculement minimisé. Mais le sujet de l’ampleur du vrai bilan a été l’objet d’une longue contro- verse historique.

Les différentes estimations évoquées par les médias sont, d’abord, le reflet de cette contro- verse. Mais certains chiffres qu’on a pu lire ce week-end du 18 octobre traduisent aussi, sou- vent, des fautes ou raccourcis. Une erreur a ainsi conduit de très nombreux médias à confondre le décompte des tués de la seule nuit du 17 octobre avec le recensement des victimes algé- riennes des violences policières sur l’ensemble des mois de septembre et octobre 1961.

L’AFP et France Info évoquent

«plusieurs dizaines de morts»

L’AFP évoque «plusieurs dizaines de tués».

C’est aussi le décompte que cite France Info dans ses articles. Et accessoirement la formule reprise par l’Elysée. Selon les différents histo- riens que nous avons joints, cette formulation, pour imprécise qu’elle soit, est aujourd’hui celle qui semble faire consensus.

Le rapport Mandelkern, du nom du conseiller d’Etat chargé de la mission, commandée sous Lionel Jospin et par Jean-Pierre Chevènement, avait abouti, en 1998, à cet ordre d’idée. Dieu- donné Mandelkern avait ainsi déclaré, à l’issue de son travail : «On peut arriver jusqu’à 40, voire 50 victimes, sans doute pas plus.» Le rapport, remis en janvier 1998, est souvent cité comme établissant qu’il y a eu «32 victimes». Ce qui est un raccourci. Partant de l’idée que nombreux corps n’avaient pu être trouvés immédiatement, les auteurs du rapport, pour aller au-delà du bi- lan officiel de sept morts, avaient entrepris de décompter les corps de Nord-africains (des FMA – Français musulmans d’Algérie – pour la plupart) entrés à l’institut médico-légal entre le 17 et le 31 octobre. Sur un total de 88 corps comptabi- lisés, ils en avaient retenu 25, non considérés dans le bilan officiel, et pour lesquels «la date présumée de la mort ou ses circonstances, telles qu’elles ressortent du registre d’entrée, complé- té, le cas échéant, par les enquêtes de la police judiciaire, ne permettent pas d’exclure tout lien avec les manifestations». Le rapport notait certes que 22 de ces 25 cadavres «avaient fait, à l’époque, l’objet d’enquêtes judiciaires, mais aucune d’entre elles n’a conclu à une relation avec les événements de la mi-octobre», mais concluait : «Il n’en reste pas moins troublant que, dans quelques cas, la date du décès ou de la disparition coïncide avec la date des manifes- tations.» Le rapport n’affirme ainsi nullement que ces 25 cas doivent être ajoutés aux sept offi- ciellement reconnus. Sans pour autant l’écarter…

Le document suggère toutefois bien un bilan se comptant en dizaines : «Mais à supposer même que l’on ajoute au bilan officiel de sept morts la totalité des vingt-cinq cas, et que l’on considère que les facteurs d’incertitude, et notamment ceux qui tiennent aux limites géographiques de l’étude, justifient une certaine majoration, on reste au niveau des dizaines, ce qui est considé- rable, mais très inférieur aux quelques centaines de victimes dont il a parfois été question.»

L’allusion aux plusieurs centaines de morts porte ici, notamment, sur Jean-Luc Einaudi, in- fatigable militant de la mémoire du 17 octobre 1961. Dans son livre publié en 1991 (La Bataille de Paris, 17 octobre 1961), Einaudi évoquait 200 morts lors de la répression d’octobre. Avant de proposer en 2001 (dans Octobre 1961. Un mas- sacre à Paris) un autre décompte : 393 morts et disparus en septembre et octobre 1961, dont 159 à partir du 17 octobre. Si son rôle d’éclaireur a été salué (il gagnera en 1999 son procès contre Maurice Papon, qui l’avait accusé de diffamation pour avoir écrit qu’un «massacre» avait été per- pétré «sous les ordres de Maurice Papon»), ses chiffres ont en revanche été souvent contestés.

MASSACRE DU 17 OCTOBRE 1961 PASSÉ-PRÉSENT

Pourquoi le

nombre de morts diffère-t-il tant

selon les médias ?

LE 17 OCTOBRE 1961 VU PAR UN ÉCRIVAIN NOIR

Qui est borgne ?

Le tout premier livre à évoquer le massacre des Algériens en

1961 date de 1963. Il paraît pour la toute première fois en

français

Peu avant le 17 octobre 1961 qui verra près de 200 Algériens se faire massacrer et des milliers d’autres parqués dans des centres de tri, Hossein-l’Algérien interpelle Simeon-l’Afro-américain : “Ça te fait quoi, d’être le Blanc pour changer ?”

Il aurait ainsi fallu attendre 23 ans pour qu’un premier roman s’affronte au 17 octobre 1961.

C’est-à-dire à la répression violente que la police parisienne a opposée, un mardi d’automne hu- mide dans la huitième année de la guerre d’Algérie, à la manifestation illicite organisée par le FLN contre le couvre-feu auquel venaient d’être assignés les Algériens en Ile-de-France. Vingt-trois ans de silence ? C’est du moins ce qu’on a longtemps cru, de ce côté-ci de l’Atlantique. À tort. Car, bien avant 1984 et « Meurtres pour mémoire » de Didier Daeninckx à qui l’on doit quelques mises au point pionnières et décisives vers le décillement sur cet épisode de la Guerre d’Algérie, un roman- cier avait bien publié un livre. Deux ans à peine après les faits. Mais aux États-Unis, et en langue anglaise exclusivement.

Cet auteur américain, méconnu en France où pourtant il vivait encore à sa mort au milieu des années 70, s’appelait William Gardner Smith. Et c’est son roman, le seul des siens encore à n’avoir jamais été ni traduit ni publié en France, qui sort ce mois d’octobre, chez Christian Bourgois, à l’oc- casion des 60 ans du 17 octobre 1961.

Lorsque paraît Le Visage de pierre–ou plutôt, The Stone face, en 1963 aux Etats-Unis, lui-même alors est vraiment le premier romancier à s’emparer des faits. Son récit d’un épisode à la bru- talité encore tiède ne traversera pas l’Atlantique : en France, un silence ra- pide et tenace ensevelira à la va-vite le 17 octobre 1961. Dès le lendemain, Le Figaro titrait en Une sur “deux morts et quarante-quatre blessés graves”, et aussi

“7.500 Nord-africains arrêtés”.

Sommairement, le bilan officiel sera tout juste infléchi quelque temps plus tard… à 6 morts. Puis restera, intact, jusqu’à la fin des années 1990, lorsque la responsabilité de Maurice Papon se posera au tribunal : il était ce jour-là l’ul- time des forces de l’ordre dans la capitale, puisque le préfet de police à Paris alors, c’était lui. Aujourd’hui, même les esti- mations les plus modestes considèrent qu’ils furent au moins une centaine, au bas mot, à trouver la mort ce jour-là dans la capitale, parmi ces manifestants qui parfois étaient venus en famille. Mais à l’unisson avec Jean-Luc Einaudi qui avait rectifié l’ampleur des faits à l’occasion du procès de Maurice Papon en 1997, des historiens comme Jim House et Neil MacMaster (dont le livre, Paris 1961, re- paraît, actualisé, en Folio cet automne 2021 avec une préface inédite) estiment bien plus clairvoyant d’envisager plutôt un bilan de l’ordre de deux cents morts a minima.

France Culture

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Le Devoir nouvelle formule v Édition du lundi 08 novembre 2021 LA DER

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Le roman narre l’histoire d’un jeune ivoirien dégourdi, victime d’une atroce trahison amou- reuse qui a failli le rendre dépressif. Après un long recroquevillement, il décide de reprendre sa vie et son travail dans un autre pays , le Bur- kina Faso, à Ouagadougou même. En prenant l’avion, il ne s’imagine pas voir voler ses désil- lusions une fois qu’il rencontre Khadija, la seule femme capable de lui définir l’amour. Ensemble, ils devront faire face aux caprices inattendus et parfois cruels du destin.

Dès le premier et deuxième chapitre, l’auteur informe sur la souffrance que peut causer une trahison amoureuse. Investir sur une femme qui souffre de la précarité de la vie mais qui n’hésite pas à te remplacer avec un autre plus riche, il n’y a pas plus grande déception. L’auteur, dans un verbe non frigorifié, réussit à faire ressentir aux lecteurs le chagrin du personnage principal, Joshep Hili.

Ce brave homme à qui la vie réserve une agréable surprise dans le début du troisième chapitre d’où il fait la rencontre d’un homme d’affaire burkinabè qui lui offre un emploi pour un poste d’animateur.

Du cinquième jusqu’au onzième chapitre, l’auteur développe talentueusement l’ensemble des mots clés qui rendent une vie harmonieuse : l’amour pur, l’éthique dans le travail, le bon choix, la chance bien saisie, l’humilité, le par- tage, l’honnêteté, la grandeur, la solidarité et la foi. Toujours dans ces longs, captivants et pas- sionnants chapitres, il raconte la nouvelle vie de Joshep et Khadija qui vivent un peu comme le suggère un certain Subra chuard. Pour lui, l’amour véritable à deux c’est chercher à gué- rir de ses propres blessures et ne pas puiser en l’autre son armure. Les deux personnages ont écouté ce discours. Chacun, voyait en l’autre la pièce manquante. Khadija, représente une femme intelligente, culturelle et sensée. Ça été prouvé à la page 69 toujours dans le cinquième chapitre lorsqu’elle a tenu un discours franc et impressionnant sur les valeurs de la femme africaine : « Tu vois Joseph, la culture occiden- tale a un côté bien positif. Elle a aussi une part négative. Il nous appartient, nous femmes afri- caines, de faire le bon choix sans renier notre culture. Aujourd’hui, on va jusqu’à légaliser le fait que l’homme et la femme soient au même titre chefs de famille. C’est absurde. Il ne peut y avoir deux capitaines dans un même bateau. En conséquence, l’homme n’a plus de pouvoir dans sa famille. Les parents n’ont plus d’autorité sur les enfants. La finalité est que l’harmonie de la famille et l’équilibre social sont brisés(...) »

C’est avec ces discours qu’elle a ébahi et conquis le cœur de ce jeune homme qui avait perdu goût à l’amour. Chacun, après avoir avoué à l’autre comment il a fait pour surmonter ses déceptions amoureuses, voit en l’autre sa pièce manquante.

Le douzième, treize et quatorzième chapitre fut marqué par la mort brusque de Khadija après un terrifiant accident de voiture. Là en- core, l’auteur a su décrire l’amertume, la souf- france de perdre un être cher, mais aussi la foi d’accepter la volonté divine. C’est avec pléni- tude que le lecteur apprend sur l’éphémérité de la vie et apprend à reconnaître ses erreurs

et à se repentir. Oui en effet, c’est élucidé dans le chapitre 15 à la page 210, par la lettre de Julie. Le premier amour de Joshep qui a eu ka- rma après sa trahison : perdre sa mère et son fils, être une femme battue et expulsée, retom- ber dans la misère. À travers sa lessive, elle a présenté ses excuses et a sollicité une seconde chance. En qualité de gentleman, le jeune ivoi- rien, dans sa réponse, lui a accordé son pardon, assigné ses vérités : « Pour finir, il m’est impos- sible de me remettre avec toi, surtout parce que j’en aime déjà une autre. Cette dernière m’aime autant que je l’aime. Elle ne m’a jamais trahi.

Elle n’a jamais trahi personne. Avec elle, nous avions bâti notre monde d’amour immatériel et éternel. Elle n’est plus de ce monde certes, mais elle est et demeure ma femme. Elle est avec moi, elle vit en moi. Je l’aime et je l’aimerai, quelle que soient les conditions de température et de pression, jusqu’à mon dernier souffle de vie. Elle, c’est Khadija. »

Le sixième chapitre boucle le roman. La foi, la loyauté et fidélité de Joshef a payé. Il apprend par le biais du directeur de l’hôpital Yalgado, que sa bien aimé Khadija n’est pas morte. Plongée dans un coma profond, elle a été prise pour une autre Khadija, elle aussi morte des suites d’un accident de circulation. C’était la plus grande nouvelle que Joseph n’ait jamais apprise. Mélan- gé entre plusieurs émotions, les unes plus fortes que les autres, Joseph tremblait de désir, d’im- patience, à voir son véritable amour. Ensemble, ils se réitèrent leur amour.

Je découvre avec un grand respect Tofangui Guy-Roland Koné à travers son deuxième ou- vrage, Khadija. Un roman, imprimé de richesse, qu’il faut absolument feuilleter. Le style péda- gogique de l’auteur hypnotise n’importe quel lecteur. En tant que passionnée de lecture, j’ai trouvé le thème du livre très intéressant et ac- tuel : l’amour immatériel. Nous rêvons tous de le vivre. Écouter, dans une interview, Tofangui, lui-même revenir sur l’objectif de ce roman m’a encore plus chatouillé l’intelligence. « Il ne faut pas désespérer de l’amour, même après une sé- paration douloureuse ».

Oh qu’il a raison ! L’amour est un sentiment enfoui, indéfinissable qui se reconnait dans son contraste. Le reconnaître fera d’une per- sonne une passionnée. À travers ce roman, on apprend beaucoup des sujets tels que les rêves et ambitions des jeunes, l’éducation des filles, les mœurs, le mauvais positionnement de la jeunesse entre les valeurs culturelles et le mo- dernisme... traités dans le but de sensibiliser le monde, la jeunesse surtout. La grandeur des personnages principaux m’a le plus marqué.

Khadija, femme intègre, crédible et attachante, elle devrait ravir le public féminin. Joseph, un fervent croyant qui puise sa beaugossité à tra- vers ses gestes nobles et effacés. Je ne saurais finir, sans citer le passage qui m’a le plus mar- qué dans ce roman. À la page 197 du chapitre 14 lorsque Joseph a exposé à son oncle sa dé- cision d’épouser traditionnellement Khadija : « Non, tonton, je ne suis pas fou, lui répondis-je.

J’ai promis à Khadija de ne jamais trahir notre amour. J’avais ce projet de mariage avant son décès. Je veux aller jusqu’au bout ».

Merci Tofangui d’avoir partagé avec une volonté esthétique, les valeurs africaines aux-

quelles vous semblez tant tenir. Merci aussi pour ce passage qui donne espoir, qui inspire, qui éduque, qui éveille et qui rappelle l’éphémèri- té de la vie, laquelle nous devons profiter pour

avoir de beaux souvenirs avec les personnes que nous aimons. Parce qu’au bout du compte, ce n’est pas nous qui choisissons lesquels on garde.

Chérifa Sadany Ibou Daba SOW

Les caprices du Destin NOTES DE LECTURE-TOFANGUI GUY-ROLAND KONÉ : KHADIJA, HARMATTAN, 2017, 237 PAGES, 16 CHAPITRES.

L’auteur

Tofangui Guy-Roland Koné. Né à Katiola en Côte-d’Ivoire.

C’est un spécialiste en ingénierie de la formation et en technologie éducative. En même temps cadre supérieur à la BCEAO.

Khadija est son deuxième ouvrage après « Champ de mil », un recueil de poèmes paru en 2016.

Lux Mea Lex

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Projet lumière réa-

lisé d’après une idée

de Vovo Bombyx.

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