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Application du cadre des interfaces écologiques au domaine de la stratégie financière

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Application du cadre des interfaces écologiques au domaine de la stratégie financière

Hélène Billet, Thierry Morineau

To cite this version:

Hélène Billet, Thierry Morineau. Application du cadre des interfaces écologiques au domaine de la

stratégie financière. MajecSTIC 2005 : Manifestation des Jeunes Chercheurs francophones dans les

domaines des STIC, IRISA – IETR – LTSI, Nov 2005, Rennes, pp.308-315. �inria-00000727�

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Application du cadre de travail des interfaces écologiques au domaine de la stratégie financière.

Billet Hélène, Morineau Thierry

Laboratoire du GESTIC, Université de Bretagne-Sud, campus de Tohannic, 56 000 Vannes helene.billet@univ-ubs.fr

thierry.morineau@univ-ubs.fr

Résumé : Le cadre des interfaces écologiques (IE) proposé par Vicente & Rasmussen (1992) a été développé en vue d’apporter une aide aux opérateurs en charge de la surveillance et de la régulation de processus. Ces interfaces sont élaborées selon des principes s’appuyant sur la taxonomie SRK de Rasmussen (1986) et une analyse du domaine de travail sous forme de hiérarchie d’abstraction (HA). La taxonomie SRK modélise le traitement de l’information en situation dynamique, et la hiérarchie d’abstraction est un bon support externe pour les tâches de résolution de problème. Ce cadre de travail a été éprouvé pour des domaines dynamiques, ou correspondants selon la classification de Vicente (1990), comme la régulation d’un processus thermo-hydraulique ou la surveillance de l’état d’un patient en soins intensifs. On peut toutefois se demander quels seraient les apports d’une telle interface à un domaine de travail dirigé par la théorie de la cohérence, i.e. qui n’est pas soumis à des contraintes externes. Notre étude, soutenue par une entreprise, s’intéresse à la stratégie financière, domaine de type cohérent. Nous avons donc élaboré une hiérarchie d’abstraction dont nous exposerons le contenu ainsi que les particularités après avoir présenté le cadre de travail des interfaces écologiques.

Mots Clés : Interfaces écologiques, hiérarchie d’abstraction, domaine cohérent, diagnostic, stratégie, finances.

1 INTRODUCTION

Dans le domaine de la conception de logiciels, il est à présent communément admis que l’utilisateur doit être au centre du processus de conception. Pour cela on s’appuie classiquement sur des listes de scénarios, des guides de recommandations ou sur des méthodes de conceptions centrées sur l’utilisateur [Norman, 1986]. Si ces méthodes se révèlent satisfaisantes pour des interfaces grand public, les interfaces destinées à des tâches spécialisées de type surveillance et régulation de processus ne peuvent s’en contenter. Les méthodes d’observations classiques permettent en effet de repérer des événements courants mais ne donnent pas une liste exhaustive des évènements auxquels un opérateur est confronté, ce qui peut avoir des conséquences catastrophiques dans le cadre de systèmes complexes du

type réacteurs nucléaires. Vicente et Rasmussen s’inspirant des travaux de la psychologie écologique ont pris le contre-pied de ces méthodes classiques et ont proposé le cadre de travail des interfaces écologiques (IE) [Vicente, 1992].

Ce cadre de travail consiste à décrire dans un premier temps le domaine de travail auquel on s’intéresse afin de définir le contenu de l’interface. Le terme domaine fait référence ici au système qui est contrôlé, indépendamment de tout opérateur, automate, évènement, tâche ou outil. Il s’agit donc de l’espace problème dans lequel l’opérateur agit. On utilise une hiérarchie d’abstraction (HA) comme outil de formalisation des éléments du domaine de travail. Les niveaux de cette hiérarchie sont organisés selon des relations de type fin-moyen.

Une fois ce travail effectué, la question qui se pose est de savoir comment communiquer ces informations de manière efficace à l’opérateur. Une connaissance des mécanismes en jeu dans le traitement de l’information est nécessaire. Pour cela, les IE s’appuient sur la taxonomie SRK (Skill, Rules, Knowledge) de Rasmussen qui modélise le traitement de l’information par l’humain [Rasmussen, 1986], voir figure 1.

Niveau Perception de Type de

traitement Caractéristiques

du traitement Sollicité lors de situations…

S Signaux

R Signes

Perception - action

Rapide, sans efforts, procède

en parallèle. familières K Symboles Résolution de

problèmes analytiques

Lent, laborieux, procède en

série nouvelles

Figure 1 : Tableau résumant les propriétés de la taxonomie SRK de Rasmussen (1986).

Cette taxonomie constitue un guide pour présenter l’information sous une forme compatible avec les propriétés cognitives et perceptives de l’humain. Les principes sur lesquels sont construites les IE sont les suivants : une IE doit favoriser le couplage action- perception pour soutenir le niveau des habiletés de l’opérateur ou de l’utilisateur, les signes ou indices fournis par l’interface doivent être consistants avec les contraintes du domaine de travail (niveau des règles ou Rules) et la représentation du domaine de travail sous

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forme de HA servira de support à l’utilisateur confronté à une résolution de problème nécessitant de faire appel au niveau des connaissances.

Les domaines d’application de ce cadre sont multiples.

Mais si celui-ci semble bien adapté à certains domaines, d’autres en revanche n’en tirent pas bénéfice ou n’ont pas été explorés, ce que nous exposerons brièvement dans un premier temps. Notre étude s’intéresse à l’application du cadre de travail des interfaces écologiques à un domaine de travail de type cohérent, la stratégie financière. Nous présenterons dans cet article la classification de Vicente [Vicente, 1990] qui distingue les domaines de travail correspondants et cohérents, puis la hiérarchie d’abstraction que nous avons élaborée pour le domaine de la stratégie financière ainsi que ses particularités. Nous terminerons par une expérience visant à évaluer une interface basée sur la HA.

2 DOMAINES D’APPLICATION DES INTERFACES ECOLOGIQUES

De nombreux travaux montrent que l’utilisation d’une IE conduit à de meilleures performances en comparaison d’une interface classique. Ham et Yoon rappellent que l’efficacité du cadre écologique a été évaluée largement et positivement dans de nombreux domaines [Ham, 2001]. Ainsi Watanabe et al ont travaillé sur le micro- monde DURESS modifié (DUal REservior System Simulation) qui s’intéresse au contrôle de processus thermo-hydraulique [Watanabe, 1995], Christoffersen et al sur DURESS II, une seconde version de DURESS [Christoffersen, 1996]; Effken et al sur des unités de soins intensifs [Effken, 1997], Terrier et Cellier sur un réacteur à eau pressurisé [Terrier, 1999], Xu et al sur la conception ergonomique basée sur des informations hypertextes [Xu, 1999].

Un des débats relatif au cadre des IE est la question de son application à des systèmes intentionnels, i.e. basés sur l’activité humaine et dont l’issue ne peut être prédite par les lois de la nature mais par l’intention individuelle.

En effet, de par le but de ce cadre de travail qui était d’apporter une aide aux opérateurs en charge de tâches de surveillance et de régulation de processus, les premiers domaines d’applications étaient causaux, i.e.

régis par les lois de la nature. Wong, qui s’est intéressé à la gestion de la répartition d’ambulances, conclue que le cadre des IE n’est pas adapté à ce type de domaines [Wong, 1998]. Notons toutefois que la tâche de l’opérateur chargé de répartir les ambulances n’est pas une tâche de détection de faute ou de diagnostic qui justifiait initialement l’emploi de la hiérarchie d’abstraction comme support d’analyse du domaine de travail. En revanche, Elliot et al. ont élaboré une hiérarchie d’abstraction pour un domaine identique à celui de Wong : la recherche et le secours de civils (civilian Search and Rescue) [Elliot, 2001]. Leur intention était non pas d’élaborer une interface pour les pilotes chargés de récupérer les civils mais d’améliorer la qualité de ce service. Dans ce cas, il s’agit bien d’une tâche de diagnostic et la HA se montre tout à fait appropriée.

Par ailleurs, on trouve dans la littérature d’autres travaux portant sur le domaine des finances, domaine intentionnel par excellence, et qui se sont révélés plutôt fructueux. Achonu et Jamieson se sont intéressés à la gestion de portefeuilles boursiers [Achonu, 2003].

L’analyse du domaine de travail qu’ils ont menée a permis de conclure à l’inadéquation des outils utilisés par les financiers. Cela dit, aucune interface n’a été construite sur la base de cette hiérarchie d’abstraction.

Dainoff, lui, a créé une interface écologique s’intéressant également au domaine boursier mais n’ont pas soumis son interface à des tests utilisateurs [Dainoff, 2004].

Sur la base de cette revue de la littérature, nous observons qu’il est donc possible d’appliquer les principes des interfaces écologiques à des domaines intentionnels à condition de rester dans le cadre de tâche de type diagnostic. Le domaine de la finance en particulier semble pouvoir tirer parti de ce concept. Nous nous sommes également employés à tester le concept d’IE au domaine des finances mais à la différence de la finance boursière, notre domaine d’application est de type cohérent, notion que nous allons expliciter dans le chapitre suivant.

3 APPLICATION DE L’APPROCHE ECOLOGIQUE A UN DOMAINE DE TYPE COHERENT

3.1 Domaines cohérents vs domaines correspondants

On l’a vu, les interfaces écologiques ont été conçues pour des activités de type régulation de processus, donc pour des domaines dynamiques. On entend par

‘dynamique’ la capacité du domaine à évoluer indépendamment de toute intervention humaine. On peut citer en exemple de domaines dynamiques causaux les travaux de [Vicente,1992] sur le processus thermo- hydraulique DURESS, ceux de [Ham, 2001] sur les réacteurs nucléaires sous pression et ceux de [Effken, 1997] sur les unités de soins intensifs.

Les domaines intentionnels évoqués auparavant sont également dynamiques. Ainsi dans la gestion de portefeuille, la valeur des actions évolue en permanence au gré des ventes et achats.

Vicente [Vicente, 1990] propose une classification des domaines de travail qui tient compte de leurs caractéristiques dynamiques et causales. Il s’agit d’une métaphore empruntée aux travaux philosophiques sur la notion de Vérité.

On trouve deux courants philosophiques opposés et néanmoins complémentaires sur la Vérité. Les partisans de la théorie de la correspondance soutiennent qu’une proposition logique est vraie si elle décrit précisément l’état du monde quel que soit la perspective adoptée. Les partisans de la théorie de la cohérence considèrent eux qu’une proposition est vraie si elle est cohérente avec un ensemble de propositions considérées comme vraies. On ne se préoccupe donc pas de savoir si la proposition correspond bien à la réalité.

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Vicente a utilisé cette distinction entre théorie de la correspondance et de la cohérence pour classifier les domaines de travail. Pour lui, un domaine de travail dirigé par la théorie de la correspondance implique une réalité objective qui contraint l’interaction homme- ordinateur. Un domaine de travail est dirigé par la théorie de la correspondance s’il existe des contraintes dynamiques externes (i.e. dépendantes du temps) pertinentes pour le but de l’opérateur. Ainsi pour un pilote d’avion, il existe des contraintes dynamiques hors de la limite pilote - cockpit qui doivent être prises en compte si l’on veut que l’objectif du système soit atteint.

(la position d’antennes radios ou de tours par exemple).

La finance boursière évoquée plus haut est donc un domaine de ce type puisque les financiers doivent tenir compte des fluctuations des indices boursiers par exemple.

A l’inverse, selon Vicente, pour un domaine de travail dirigé par la théorie de la cohérence il n’y aura pas de contraintes dynamiques externes à la dyade homme- machine pertinentes pour le but de l’utilisateur. Pour lui, seules des contraintes statiques externes à cette dyade existent. Puisque ces contraintes sont statiques, elles peuvent être considérées comme des conditions initiales lors du processus de conception. Il n’est donc plus utile d’en tenir compte par la suite puisque leur état ne change pas.

Figure 2 : Schéma illustrant la différence entre domaines de travail de type correspondants et cohérents

[Vicente, 1990].

Vicente illustre ses propos par le jeu d’échec. Dans le jeu d’échec les joueurs tiennent compte d’un ensemble de règles préétablies qui n’ont pas de réalité hors du jeu.

Les actions du joueur ont un sens dans le cadre du jeu mais pas au delà. D’autre part lorsqu’un joueur joue avec un ordinateur, il n’a pas d’éléments externes à prendre en compte.

La figure 2 illustre la distinction entre domaines de travail guidés par la théorie de la cohérence et ceux guidés par la théorie de la correspondance. Pour des raisons de souplesse d’écriture nous parlerons

dorénavant de domaine de travail correspondant et de domaine de travail cohérent.

La théorie de la correspondance sous-entend une causalité des systèmes au sens où l’homme se situe dans un environnement où il est contraint par les lois de la nature. En revanche, dans un système de type cohérent, seule l’intentionnalité de l’humain entre en compte puisqu’il établit un ensemble de règles artificielles. La classification de Vicente fait donc sens relativement aux travaux cités précédemment. On peut toutefois soulever que l’exemple du jeu d’échec n’est pas forcément comparable aux exemples illustrant les domaines de type correspondant puisqu’il ne s’agit pas d’un domaine de travail complexe.

A la différence du jeu d’échec, la tâche d’élaboration d’un plan pluriannuel d’investissement, décrite plus loin, est une situation de résolution de problème relativement complexe qui suit un modèle mathématique possédant des boucles de rétroactions. Cette tâche nécessite de tenir compte d’une multiplicité de règles et de variables afin d’obtenir un résultat satisfaisant. Contrairement à ce que dit Vicente, ces contraintes ne peuvent être implémentées une fois pour toute au départ du processus. Du fait des boucles de rétroaction, lorsque l’on touche à la valeur d’une variable, la valeur des autres change également. Il est difficile pour l’utilisateur de garder en tête l’ensemble du modèle mathématique et, de fait, de pouvoir apprécier les conséquences de ses actions sur les autres variables.

Vicente [Vicente, 1990] cherche à démontrer dans son papier que les approches de conception centrées sur l’utilisateur [Norman, 1986] conviennent aux domaines cohérents et que les approches de conception « orientées système », comme le cadre des IE, conviennent mieux aux domaines de type correspondant.

On peut toutefois se demander dans quelle mesure le cadre de travail des interfaces écologiques peut être utile à l’élaboration d’interfaces destinées à des domaines cohérents impliquant une tâche de diagnostic. Il n’existe pas à l’heure actuelle de recherches dans ce sens. Nos travaux visent à vérifier si le cadre de travail des interfaces écologiques est pertinent pour des domaines de type cohérent.

3.2 Le domaine de la Stratégie Financière

Comme nous l’avons déjà évoqué auparavant, le domaine financier sur lequel nous nous penchons concerne la stratégie financière, et plus particulièrement la tâche d’élaboration d’un plan pluriannuel d’investissement (PPI). Toute entreprise ou un établissement public a pour souci de prévoir ses dépenses à plus ou moins long terme afin de connaître ses besoins en financement sur une certaine période.

L’objectif de cette activité est de gérer au mieux les ressources propres dont dispose l’entreprise ou l’établissement et si nécessaire prévoir des recours à des financements extérieurs.

Notre étude s’effectue en collaboration avec une entreprise qui a développé un outil de simulation de stratégie financière dédié aux établissements hospitaliers. Au sein des établissements hospitaliers, la

Modèle mental de l’agent

Représentation du domaine sur l’ordinateur

Contraintes dynamiques pertinentes pour le but.

Dyade homme-ordinateur

Modèle mental de l’agent

Représentation du domaine sur l’ordinateur Dyade homme-ordinateur domaine de type correspondant. domaine de type cohérent

Réalité objective

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tâche d’élaboration d’un PPI revient au service financier de l’établissement et les décisions concernant les projets ainsi que les financements à utiliser sont prises par le directeur financier. Cette tâche correspond à une résolution de problème, consistant dans un premier temps à porter un diagnostic sur la situation financière de l’établissement sur la base de multiples variables et indicateurs, et dans un second temps à rechercher l’équilibre des sections d’exploitation et d’investissement (ou un état que l’on juge acceptable) par des moyens de financements comme l’emprunt.

Les seules modifications possibles sur ce système sont celles apportées par l’utilisateur, il n’existe pas de contraintes externes dynamiques, ce qui correspond à la définition d’un domaine de travail de type cohérent.

3.3 Le logiciel actuel

L’outil proposé par l’entreprise avec laquelle nous travaillons est composé de tableurs pré-formattés.

Autrement dit, l’utilisateur n’aura pas à élaborer son propre modèle financier, celui-ci lui est fournit dans l’application. En cas de besoin, le modèle générique peut toutefois être adapté.

Figure 3 : Exemple de tableau du logiciel SOFI et zoom.

On distingue dans cette application deux parties essentielles. La première permet de saisir la situation initiale et de voir le plan de financement, autrement dit le résultat du PPI; elle comporte en outre divers tableaux de synthèse. La seconde partie permet de saisir les projets prévus ainsi que leurs caractéristiques.

La figure 3 donne un aperçu de l’interface du logiciel actuel. Elle illustre la profusion de lignes de chiffres pénibles à la lecture. On compte au minimum une trentaine de tableaux dans ce logiciel. On peut également pointer du doigt la taille parfois conséquente de ces tableaux qui peut dépasser deux écrans, forçant l’utilisateur à manipuler les ascenseurs fréquemment.

En plus de ces problèmes d’utilisabilité, l’utilité est également à revoir puisque les personnes chargées de la formation des clients ont indiqué que certaines fonctions proposées ne sont pas utilisées par les utilisateurs et ne sont pas utiles pour la tâche d’élaboration d’un PPI.

Il est bon de préciser que la plupart des outils proposés aux financiers actuellement sont basés sur ce type de format. Dans ces outils la boucle action-perception n’est pas favorisée. Lorsque l’utilisateur modifie la valeur d’une variable, la conséquence de cette modification n’est pas immédiatement visible. Les interfaces sont donc relativement pauvres actuellement.

De par les principes de base sur lesquels les interfaces écologiques sont élaborées, s’appuyer sur ce cadre de travail, en l’adaptant si nécessaire, devrait conduire à une interaction plus fluide avec l’outil, à une amélioration de la satisfaction des utilisateurs et de leurs performances.

4 UNE HIERARCHIE

D’ABSTRACTION POUR LA TACHE D’ELABORATION D’UN PPI

Comme nous avons pu le voir précédemment, l’élaboration d’une interface écologique a pour préambule une analyse du domaine de travail que l’on présente sous forme d’une hiérarchie d’abstraction (HA).

4.1 Construction de la HA du PPI

L’examen des documents de l’entreprise décrivant les principes financiers sur lesquels reposent l’élaboration d’un PPI, les supports documentaires utilisés par les formateurs au logiciel ainsi que des interviews non- structurés nous ont permis d’avoir a priori une idée globale du contenu des différents niveaux de la HA.

Nous distinguons quatre niveaux.

Le premier niveau de notre hiérarchie correspond aux Buts du domaine. Pour élaborer correctement leur PPI, les financiers doivent chercher à équilibrer conjointement leur section d’investissement et d’exploitation et à financer totalement leur projet.

Le second niveau appelé Fonctions abstraites correspond aux flux financiers et montre le jeu des recettes et des dépenses permettant d’atteindre les équilibres de section d’investissement et d’exploitation et le financement des projets en niveau 1.

Le troisième niveau appelé Leviers décrit les divers moyens financiers qui permettent de mettre en œuvre le

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jeu des recettes et des dépenses comme par exemple les amortissements, les emprunts ciblés ou globaux, les crédits ARH (Agence Régionale de l’Hospitalisation).

Le dernier niveau appelé Conditions décrit les variables qui conditionnent la possibilité d’utilisation ou non d’un des leviers financiers répertoriés dans le niveau 3.

4.2 La HA du PPI détaillée

Afin de déterminer les nœuds de notre HA, c’est à dire les éléments de la HA (voir exemple figure 5), nous avons demandé à des experts d’élaborer des plans pluriannuels d’investissements sur la base de données réelles confiées par les hôpitaux clients à l’entreprise.

Parmi l’ensemble des bases de données que l’entreprise possède, seules celles pour lesquelles l’antériorité était renseignée (c’est à dire l’état financier de l’établissement avant introduction de nouveaux projets) ainsi que des projets prévus ont été sélectionnées.

Niveau

hiérarchie Verbalisations

1 Donc y’a pas d’investissement sur le A, il n’y a pas d’investissement sur le E, donc il y a que des investissements sur le budget H.

2 Je vais regarder total dépenses opérations, d’accord

…Donc euh, c’est une base plutôt simple…

3 Je vais regarder le G4 détaillé pour voir s’ils ont pas anticipé des, des prises en charges par la tutelle. A priori non.

4 Donc là, les marges de manœuvres du budget H permettent de couvrir les frais financiers de l’emprunt à réaliser.

Figure 4 : Extrait du codage des verbalisations.

Deux experts qui sont régulièrement en contact avec les clients de l’entreprise et possédant une bonne maîtrise du logiciel classique (SOFI Stratégie Financière) ont participé. SOFI a été utilisé pour présenter les bases de données aux experts auxquels on a demandé d’examiner chacun cinq bases de données différentes tirées au hasard. La consigne donnée était de porter un diagnostic sur la situation financière de l’hôpital et de donner les moyens de l’améliorer.

Les verbalisations ont été enregistrées et un codage de ces verbalisations basé sur les niveaux de la hiérarchie d’abstraction a permis de relever les nœuds de la hiérarchie. Un extrait du codage des verbalisations est présenté dans le tableau de la figure 4. Une vue complète de la HA du PPI est présentée figure 5, donnant une idée du nombre d’éléments qui la constituent. La figure 6 montre un extrait de cette même hiérarchie, simplifiée pour en faciliter la lecture.

Ainsi, si le financier constate un déséquilibre au niveau de l’exploitation, il pourra augmenter les recettes et/ou diminuer les dépenses d’exploitation. Pour augmenter les recettes d’exploitation il peut ré-affecter la marge de

manœuvre d’un des budgets de l’établissement qui est excédentaire à un autre budget qui lui est déficitaire. Il lui faudra donc vérifier le solde de l’ensemble des budgets pour mettre en œuvre ce levier financier.

Afin de valider le contenu de la HA, nous l’avons présentée aux experts en leur demandant de la compléter si nécessaire. Les experts n’ont pas ajouté d’éléments à la HA lors de cette étape.

Figure 5 : Vue complète de la HA du PPI

Abréviations utilisées : n : année, E : Exploitation, G4 : jargon financier désignant l’exploitation, MdM : Marge de manœuvre.

Figure 6 : Extrait simplifié de la hiérarchie montrant les nœuds de la HA relatifs au but d’équilibre de la section

d’exploitation.

Exemples de nœuds de la HA.

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4.3 Particularité de la HA du PPI

Dans la HA du PPI, on peut constater une redondance des informations. On retrouve en effet une même information à plusieurs niveaux. Ainsi l’équilibre d’exploitation constitue un but, un levier financier ou une condition d’application d’un levier financier. On note d’ailleurs que le nom qui lui est donné varie mais que l’information chiffrée reste la même. On parle

‘d’équilibre d’exploitation’, de ‘marge de manœuvre’ ou de ‘solde d’exploitation’. Mais ces différentes désignations concernent bien la même information chiffrée. Cette particularité distingue notre hiérarchie des autres pour lesquelles chaque niveau de la hiérarchie constitue une description particulière du système considéré. Dans notre cas, chaque strate constitue bien une description particulière du système mais certains éléments peuvent se retrouver à plusieurs niveaux. C’est l’aspect pragmatique de l’information qui est différent du point de vue de l’utilisateur. Dans l’interface, l’utilisateur ira donc consulter le même objet pour des raisons différentes.

4.4 Application de l’analyse à la conception d’une interface

4.4.1 Maquette d’interface écologique

Nous avons construit une maquette d’interface écologique (IE) sur la base de cette hiérarchie d’abstraction. A la différence de l’interface classique, les informations sont présentées sous forme graphique. Ce format de présentation a été choisi afin de favoriser un traitement perceptif de l’information.

Notre maquette (voir figure 8) utilise le logiciel PowerPoint et des macros implémentées en Visual Basic. On peut distinguer cinq grandes zones dans cette maquette. La première (en haut au milieu) est une classification des projets par budget. La seconde zone (en haut à gauche) est une classification des projets les uns par rapport aux autres sur la base d’un indicateur combinant des variables d’exploitation et d’investissement afin de donner une idée du poids de chaque projet. La troisième zone (à gauche), nommée

‘Projet’ montre les divers moyens de financement d’un projet permettant d’établir un diagnostic et d’engager une action correctrice sur le projet. La quatrième est destinée aux équilibres (ou soldes): on y trouve donc les soldes des section d’exploitation et d’investissement ainsi que la somme des recettes et dépenses de chaque section. La cinquième zone (à droite) contient des variables ayant un impact global sur les équilibres (ex : l’emprunt global).

4.4.2 Test de la maquette

Des tests ont été entrepris comparant l’interface classique (SOFI) à la maquette d’IE. La tâche consistait en un diagnostic de la situation financière d’un hôpital.

L’entreprise possède des PPI plus ou moins complets de leurs hôpitaux clients, habituellement désignés sous le nom de base. Deux bases possédant des données d’antériorité ainsi qu’une liste de projets ont été sélectionnées. La première base de données assez simple (un budget et trois projets) nous a servi de scénario pour

présenter le logiciel. La seconde base a été utilisée pour l’expérimentation elle-même. Pour ces expériences nous avons utilisé un portable Dell Latitude ayant un écran 15 pouce.

Des experts de l’entreprise ont accepté de participer au test. Deux groupes ont été constitués. Le premier groupe (3 sujets) devait commencer le test sur l’IE et le second (2 sujets) sur SOFI.

La consigne donnée à chaque sujet était d’effectuer le diagnostic de la base présentée et de proposer des solutions afin d’obtenir une PPI satisfaisant, et ce dans un délai de 20 min. Le sujet devait faire part de son raisonnement à haute voix afin que l’on puisse enregistrer ses propos. Cet exercice terminé, l’interface concurrente était à nouveau présentée au sujet et il devait dire si cette dernière lui permettait de compléter son premier diagnostic. Les verbalisations ont été enregistrées puis transcrites sur papier.

La variable indépendante testée est le type d’interface (SOFI SF ou IE). Les leviers proposés par chacun des sujets et leur pertinence, l’impression sur la situation globale de l’établissement et la complétion ou non du diagnostic sur l’interface concurrente constituent les variables dépendantes. Nous avons également relevé les commentaires des sujets durant ce test.

4.4.3 Résultats

L’analyse des résultats de ces tests est en cours actuellement. On peut toutefois noter que certains sujets demandent des informations supplémentaires pour compléter leur diagnostic (figure 7).

« Le coût de l’opération sur le G4 n’est pas apparent.»

« Les utilisateurs aiment bien aller voir le détail de l’exploitation »

« Il faudrait pouvoir voir la part des opérations antérieures et la part des opérations nouvelles »

« Ce qui est difficile à voir sur l’IE c’est l’information du tableau des amortissements, le poids de chaque fiche dans les amortissements. Cela permet de visualiser immédiatement quel est le projet qui a le plus de poids d’un point de vue de l’amortissement et donc de savoir où l’on va changer les durées d’amortissement »

« Il faudrait pouvoir voir à la limite la sous-part d’amortissement et les intérêts au niveau du G4…»

Figure 7 : Exemples de commentaires qui ont été relevés durant le test de diagnostic.

4.4.4 Discussion

Ces commentaires indiquent a priori qu’il manque des éléments dans notre hiérarchie. Les raisons possibles à cela sont les suivantes :

les bases de données choisies ne permettaient pas d’explorer l’ensemble des situations possibles,

les experts n’ont pas mentionné l’ensemble des informations qu’ils consultaient durant l’exercice,

Lors de la phase d’évaluation de la HA, il était difficile pour les experts de juger de

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l’exhaustivité du modèle sans le support de bases de données.

Nous allons donc compléter notre HA sur la base des commentaires des experts et enrichir la seconde version de notre interface de ces nouveaux éléments.

5 CONCLUSION GENERALE

Nos travaux s’intéressent à l’application du cadre des interfaces écologiques à un domaine de type cohérent : la stratégie financière, plus précisément la tâche d’élaboration du PPI. Nous avons construit la hiérarchie d’abstraction du PPI et nous avons montré que notre hiérarchie présente une redondance des informations au sens où une même information peut appartenir à différents niveaux, ce qui la distingue des hiérarchies habituelles. Par conséquent on peut se demander si la hiérarchie d’abstraction est véritablement adéquate pour modéliser ce type de domaines de travail.

Nous avons élaboré une maquette sur la base de notre HA. Les commentaires des sujets que nous avons relevés durant le test de diagnostic indiquent que notre HA n’est pas complète. Nous allons donc ajouter ces éléments à la HA et les introduire dans la seconde version de l’interface.

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Applying the Abstraction Hierarchy to Intentional Domains”. The Eighth Australian Conference on Computer-Human Interaction OzCHI'98, P. Calder and B. Thomas Eds., IEEE Computer Society Press, p.144- 151, Adelaide, Australia (1998)

[Xu, 1999] Xu, W., Dainoff, M.J., Mark L.S. :

“Facilitate Complex Search Tasks in Hypertext by Externalizing Functional Properties of a Work Domain”.

International Journal of Human-Computer Interaction, LEA, Vol. 11, N°3, p. 200-229.

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Figure 8 : Maquette d’interface écologique élaborée sur la base de la hiérarchie d’abstraction du PPI. Tous les niveaux de la HA sont représentés.

Informations de niveau 4 de la HA Histogramme rouge : dépenses relatives à un projet

Histogramme vert : amortissement du projet sur la période considérée.

Zone de classement des projets par budgets

Informations de niveau 2 de la HA

Matérialisation des flux financiers par des connecteurs dont l’épaisseur traduit l’importance du flux. Un appui sur le bouton affiche les connecteurs correspondants.

Ex : l’appui sur le bouton rouge à droite (correspond aux dépenses d’investissement) affiche les variables qui lui sont relatives : dépenses du projet affiché et remboursement des emprunts pour ce projet.

Informations de niveau 4 de la HA :

Classement des projets les uns par rapport aux autres selon un indicateur qui tient compte de variables d’exploitation et d’investissement.

Informations de niveau 1 et 4 de la HA Courbe bleue : Equilibre d’investissement en haut, d’exploitation en bas (niveau 1), marge de manœuvre (niveau 4)

Histogrammes vert : recettes Histogrammes rouge : dépenses

Informations de niveau 3 de la HA

Sont consignés ici les moyens pour équilibrer l’exploitation et l’investissement : les emprunts, les subventions, l’autofinancement et des crédits ciblés. Les histogrammes donnent une idée de l’évolution des variables sur la période considérée.

Les camemberts donnent une idée de la part de chaque type de financement sur le total.

Ex : Le projet considéré ici est financé majoritairement par autofinancement et par emprunt.

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