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Sur le ralentissement des ions lourds dans la matière :
sur le ralentissement des ions lourds dans la matiere :
application à la rupture de l’uranium
Peter Havas
To cite this version:
SUR LE RALENTISSEMENT DES
IONS
LOURDS DANS LAMATIÈRE :
SUR LE RALENTISSEMENT DES IONS LOURDS DANS LA MATIERE :APPLICATION A LA RUPTURE DE L’URANIUM. Par M. PETER HAVAS,
Institut de
Physique atomique,
Faculté des Sciences deLyon.
Sommaire. 2014 Le but de ce travail est de
discuter les processus intervenant dans le ralentissement des ions lourds de grande vitesse traversant une couche de matière. Après une discussion du sort de la couche électronique à la suite d’un processus de choc ou de rupture nucléaire (§ 2), nous constatons,
que la capture radiative d’électrons K est suffisamment probable, pour être observable dans le cas des
produits de la rupture de l’uranium (§ 3). Cependant, le processus de ralentissement est principalement
sous la dépendance des processus de capture non radiatifs (§§ 4, 5). La neutralisation de l’ion lourd par
ces phénomènes donne lieu à des formules de ralentissement qualitativement différentes de celles valables pour des rayons 03B1 ou H (§§ 6, 7) et conduisent à un straggling très considérable ( § 8). Nos formules fournissent une explication des observations de MM. J. Thibaud et Moussa et M. F. Joliot
sur les parcours des particules lourdes.
1
1. Introduction. -- Le
phénomène
de larupture
nucléaire,
sous l’influence des rayonsneutroniques,
a conduit à l’observation d’ionslourds,
hautementchargés,
dont la vitesseappartient
au mêmedomaine,
que celle desparticules
a radioactives[1, 2].
Tandisque le ralentissement des
particules légères
estconnu, dans ce domaine de
vitesse,
avec unegrande
précision,
desexpériences
récentesindiquent
que,dans le cas des ions
lourds,
le ralentissement seproduit
d’unefaçon
qualitativement
différente de celle des rayons oc ou H. Cette différence a étéremarquée
par MM. J. Thibaud et A.Moussa,
qui
ont
signalé
unstraggling
très considérable desparcours des ions lourds
[3],
et elle a été mise en évidence par des clichés de Wilson obtenus par M. F. Joliot[4].
Il est donc
indispensable,
de mettre en évidence lesphénomènes responsables
descomportements
différents des deux
types
d’ions étudiés. Nous verronsplus
loin,
qu’il
estpossible
d’arriver à des formules de ralentissement pour les ionslourds,
en tenantcompte
de la neutralisationrapide
de cesparticules,
par lacapture
d’électrons. Cesformules,
qui
contien-nent une constante
supplémentaire
y,représentant
laprobabilité
moyenne decapture,
ont étésignalées
récemment par M. G. Beck et l’auteur[5].
Nous désirons discuter ici en détail les différentsproblèmes
relatifs au processus de ralentissement des ions lourds et nous nous proposons enparticulier
d’établir d’unefaçon
plus
exacte lasignification physique
de la constante ~y.Nous verrons que la constante y
représente
laprobabilité
des processus decapture
non radiatifs. Ces mêmes processus ontdéjà
été discutés dans lecas du passage des
particules
a au travers d’unecouche de matière
[6, 7].
Bienqu’il s’agisse
ici dephénomènes
assezfréquents,
leur influence sur leralentissement des ions
légers
estnégligeable :
eneffet,
les électronscapturés
par cesparticules
sontfaiblement liés et
seront,
parconséquent,
presque immédiatement arrachés à l’ion par l’une descollisions
subséquentes
avec une molécule de la matière traversée. Dans notre cas, aucontraire,
la
plupart
des électronscapturés
sont si fortementliés à
l’ion,
qu’ils
nepeuvent
plus
être arrachéset
compenseront,
parconséquent,
presque entiè-rement lacharge
initiale de l’ion.La neutralisation
rapide
de nos ions lourds a pourconséquence,
qu’un
tel ion n’estplus
ralenti par ionisationjusqu’au
repos, maisqu’il
estcapable
deparcourir
une distance considérable àgrande
vitesse,
après
avoirperdu
laplus grande partie
de sacharge
initiale.Ainsi,
unepartie
seulement du parcours sera décelable par une forte ionisation.Étant
données les fluctuations considérables de lacapture
desélectrons,
le parcours ionisantprésen-tera lui-même de fortes fluctuations. De
même,
la fractiond’énergie perdue
par ionisation parl’ion,
ne sera
plus
aussi nettement déterminée que dans le cas desparticules
a, maisprésentera
unedistri-bution
statistique.
2.
Charge
initiale d’un ion lourd. - Lapremière
question
à discuter serapporte
au sort de la coucheélectronique
d’un atome, dont le noyau est affecté par un choc ou par unerupture,
telle celle du noyaud’uranium.
La solution exacte de ce
problème
étant inacces-sible aux méthodes connues, nous nous contenteronsde discuter les deux cas
limites,
où lechangement
de
position
du noyau seproduit
instantanément(cas a)
et où cechangement
peut
être considéré commeadiabatique (cas b).
a. Le cas a est
réalisé,
si la vitessenucléaire,
après
un choc ouaprès
unerupture,
est sigrande,
que le
temps
nécessaire pour traverser la coucheélectronique
se trouve inférieur à lapériode
desélectrons
atomiques.
Ce cas est, parexemple,
réalisé,
147 si un noyau d’un élément
léger
subit un choc parcollision avec une
particule
ce. Dans ce cas, lesparti-cules nucléaires s’envoleront sans entraîner avec
elles aucun électron. La couche
atomique
restera,par
inertie,
surplace
et ses électrons sedisperseront
ensuite dans toutes les
directions,
avec une distri-bution continue de vitesses. Pour obtenir cettedistribution,
nous n’avonsqu’à
développer
lâ fonc-tion propreinitiale, y r
en série deFourier,
suivant des ondes
planes,
où k est le vecteur d’onde de de
Broglie :
-.et la fonction propre décrivant l’électron à
n’importe
quel
temps
subséquent
sera .1.
Pour l’état fondamental 1 s,
x =
rayon de Bohr
réciproque,
nous obtenonsfacilement
et le nombre d’électrons
compris
dans l’intervalle dk seraPour un électron 2 s, nous obtenons
, ,
La distribution
dzfdk représentée
par(2)
est donnée par lafigure
i. Ellereprésente
unspectre
d’énergies
continu,
s’étendant entre zéro et uneénergie
de l’ordre del’énergie
de liaison de l’électron enquestion.
Les
énergies
quereçoivent
ainsi les électronsato-miques
des atomeslégers
seront donctrop
faiblespour être facilement observées.
Cependant,
cesénergies
peuvent,
dans le cas d’élémentslourds,
s’élever
jusqu’à
Ioo ooo eV.b. Dans le cas b les noyaux se
déplacent
trèslentement,
emportant
avec eux les électronsato-miques.
Dans le cas d’unerupture
symétrique
d’un noyau, larépartition
des électrons sur les deux atomesrésultant de la
rupture peut
être obtenue àpartir
du schéma de Hund
[8], reproduit
dans lafigure
2.Fig. 1.
c. Il reste à chercher
lequel
des deux cas se trouveréalisé lors de la
rupture
d’un noyau d’uranium. Sinous
considérons,
parexemple,
larupture
(l’un
des cas derupture
lesplus dissymétriques) :
le noyau de brome
prend
la vitesse Do ~ 2.1 ogcm/sec,
tandis que pour le lanthanecm/sec.
Letemps réciproque, pendant lequel
le noyau de bromeFig. 2.
traverse la couche K de l’uranium est donc de l’ordre 3. 1 ol 9
sec-’,
cequi
est du même ordre degrandeur
que lafréquence
d’un électronK,
li rv F . 1019 sec-1. La
probabilité,
que l’ion bromeemporte
un électron de la couche K del’uranium,
sera donc
comparable
à celle que cet électron soitlibéré
pendant
le processus de larupture
et s’envole avec une distributiond’énergies
dutype
de lafigure
~.Pour les couches
électroniques plus
extérieures del’uranium,
les conditions serapprochent
deplus
à ce que la
charge
initialeZo
de l’ion brome soittrès
élevé,
voisine de sacharge
nucléaire,
sans doutecomprise
entre Z = 35 et Z = 30. Toutefois nous devons nous rendrecompte,
que même cettegran-deur pourra
présenter
des fluctuations deplusieurs
unités.Le second
produit
derupture
del’uranium,
leplus
lourd(57 La)
emportera
engénéral
un nombreplus
élevé d’électrons des couches del’uranium,
puisque
sa vitesse initiale est inférieure à celle dubrome.
Cependant,
étant donné quel’énergie
initiale du 57La n’est que la moitié de celle dubrome,
nous pouvons supposer que le parcours ionisantsubsé-quent
de l’ionplus
lourd sera considérablement inférieur à celui de lacomposante
plus légère.
Lesconsidérations
subséquentes
serapporteront
doncen
premier
lieu à l’ion de brome.3.
Capture
radiative d’électrons. - Pourdéter- ’
miner le nombre d’électrons
capturés
par un processus radiatif par un ion de brome traversant avec la vitesse vo une couche dematière,
nous introduirons unsystème
de coordonnées danslequel
notre ionse trouvera au repos.
Ainsi,
nous pourrons consi-dérer les électrons de lamatière,
dont la densité par centimètre cubeest p
=(N
= nombred’atomes par centimètre
cube,
Z’ nombre d’électrons paratome),
comme un courant d’électronslibres,
passant
avec la vitesse vo sur notre ion.Puisqu’il s’agit
d’unphénomène
nonrelativiste,
letemps
decapture
(Abklingzeit)
peut
êtreexprimé
par les éléments de matrice des coordonnées
avec
etc. sont les éléments de
matrice,
correspondants
à une transition de l’état initial En = un état
final
E,~
de l’atome de brome. Si nous supposons que le courant desélectrons, p .
direction de l’axe z, nous concluons immédiatement que seule lacompo-sante z des éléments de matrice est différente de
zéro,
c’est-à-dire que la radiation émise
peut
être attribuéeà un
dipôle
de direction z. Pour le calcul des élémentsde
matrice,
nous pouvons utiliser les formules données par Gordon[g].
Nous
exprimons
tout d’abord l’ondeplane,
décri-vant les électrons
incidents,
en série deRayleigh-Gordon
et nous calculons toutes les transitions
possibles
de cette
onde,
vers un état donné de l’atome de(1) Les notations sont celles de G. Beck, dans Frank-Mises : DieDifierential- und Iptegralgleichungen der Mechanik und Physik, Bd. II, Braunschweig, 1935, p.
brome,
compatibles
avec lesrègles
desélec-tion m == m’ ==
0, l’
= 1 ± i :L’évaluation
numérique
de(3)
et(4)
pour lacapture
radiative dansl’air,
p 1"-1 2.1020cm-3,
~=2.10~
cm/sec,
conduit aux valeurs contenuesdans le Tableau I.
TABLEAU I.
149
à une
capture
d’un électronpendant
letrajet
del’ion
considéré,
excepté
la transition vers l’état s.Toutefois nous notons que, dans le cas d’un ion
lourd,
les processus radiatifspeuvent
atteindre unordre de
grandeur
voisin de celui des processus nonradiatifs,
cequi
n’estjamais
le cas pour les ionslégers.
4.
Capture
non radiative. - Nousenvisagerons
maintenant le cas danslequel
un électron incidentest
capturé
en transmettantl’énergie
ainsi libéréeà une seconde
particule
voisine. Cette secondeparti-cule
peut
être ou bien un second électron de lamolécule rencontrée par l’ion
considéré,
ou bien unnoyau de la même molécule.
Oppenheimer [7]
estime que, dans le cas desparticules
oc, ce sontprincipalement
les noyauxqui
emportent
l’énergie
libérée par la
capture.
Cependant,
la méthode deOppenheimer
n’est pas directementapplicable
à notre cas, si nousremplaçons
laparticule
oc par unnoyau d’une
charge
aussi élevée que celle dubrome, .
et nous verrons que les conclusions de
Oppenheimer
seront
quelque
peu modifiées par nos calculs. Nous considérons tout d’abord un électron incidentavec la vitesse Po dans le
champ
du noyau du brome.Toutefois,
pour arriver à des formulesmaniables,
nous sommes
obligé
denégliger
la diffusion de nosélectrons par le
champ
de Coulomb et de les décrirepar une onde
plane,
Il est connu que cetteapproxi-mation est admissible
qualitativement,
maisqu’elle
peut
déjà
introduire une erreur d’un facteurnumé-rique
de l’ordre unité.Ensuite,
nous tenonscompte
du fait quechaque
électron se trouve dans levoisi-nage d’une autre
particule (noyau
ou secondélectron)
aveclaquelle
il estcouplé
par des forces coulom-biennes. La fonction d’onde initialepeut
donc êtreécrite
où x, est la distance
réciproque
moyenne entre les deuxparticules,
M la masse de la secondeparti---
+-cule, k
et K les deux vecteurs d’ondes. S’ils’agit
de deuxélectrons,
nous devons poser m =M,
-
K=K
L’énergie
deperturbation
estavec Z’ = i pour deux électrons et
Z’ = 7
si la secondeparticule
est, dansl’air,
un noyau d’azote.L’état final sera donné par la fonction d’onde
qui indique
que l’électron estcapturé
dans unétat o
(;2)’
tandis que la secondeparticule
s’envole
-avec un vecteur d’ondes
Kl,
dont lagrandeur
est déterminée par la conservationd’énergie
E, = énergie de liaison de l’électron dans l’atome
initial,
énergie
de liaison dans l’état de capture.Avec ces
notations,
laprobabilité
decapture
estdonnée par
où s
indique
la sommation sur toutes les directions+
du vecteur
K1.
Introduisant les
expressions
(5)
et(6), l’intégrale
de
(7)
peut
être écrite-Cette
intégrale
peut
êtrerigoureusement
évaluée de lafaçon
suivante :Nous introduisons les séries de Fourier
et nous obtenons pour
(8)
ce
qui
conduitd’après
le théorème de Fourier àavec
Si,
parexemple,
l’électron estcapturé
dans l’état 1 s, Ck" est donné par(1),
nous obtenons immédiatement pour
(7)
L’expression (10)
contient la solution de notreproblème.
Ellepeut
être évaluée aussi bien dans le+
,
cas où le vecteur K se
rapporte
à uneparticule
nucléaire que pour celui où un second électron du
type
Auger
se trouve émis.Il est facile de montrer que la masse 1B1 n’entre pas dans
l’expression
résultant de(10),
et nousobtenons des résultats
analogues
pour les deux cas. Apart
quelques
facteursnumériques,
la seule diffé-rence essentielle se trouve être que, dans le cas oùl’énergie
libérée par lacapture
est transférée surun noyau, la
probabilité (10)
estproportionnelle
à
Z’2,
puisque
lecouplage
entre noyau et électronest
plus
fortqu’entre
deux électrons. Cette diffé-rence est,cependant,
enpartie
compensée
par lefait,
quechaque
électron estcouplé
à un seul noyau,mais à Z’ -1
électrons,
et que la distance entre lenoyau et
l’électron,
au moment de lacapture,
setrouve considérablement
agrandie
par l’influence duchamp
de l’ion lourd. Lesprobabilités
decapture
par les deuxtypes
de processus seront donc à peuprès
du même ordre degrandeur.
Cependant,
les détails du processus decapture
dupremier
type
présentent
peu d’intérêt pour nous, même s’ils se trouvaient un peuplus probables
que les autres, parce que lapetite
accélération d’un noyau par unecapture
ne sembleguère
observable. C’estpourquoi
nous nous contenterons ici de discuter en détail le cas où un second électron est émis lors de lacapture,
et nous verrons que l’ordre degrandeur
de la
probabilité
de ces processus est en accord avec les observations obtenuesjusqu’ici.
Nous posons donc
et nous
obtenons,
au lieu de(10),
avec Z’ ~ 1De la même
façon
nous pouvons obtenir la proba-bilité pour les transitions decapture
vers unétat 2 s, etc. du brome.
Pour calculer à
partir
de nos formules lapériode
decapture
pour le passage de notre ion dansl’air,
nous introduirons dans
(11)
les valeursnumériques
selon le cas où ces électrons
proviennent
de la couche K ou de la couche L de l’azote(ou
del’oxy-gène)
de l’air.Cependant,
pour arriver aux valeursnumériques
dey ~ ~,
nous devons nousrappeler,
que(10)
et(11)
ne serapportent
qu’à
unepaire
departicules
par atome. Parconséquent,
les valeursrésultant de nos formules doivent encore être
multi-pliées
par le nombre depossibilités
dues audiffé-rentes combinaisons des électrons
agissants,
à savoirpar 3o pour les électrons LL -[- LK et par 2 pour
les électrons KK des atomes de l’air.
Le résultat du calcul
numérique
est donné dans le Tableau II.TABLEAU 11.
Nos formules
permettent
également
l’applica-tion à la
capture
des électrons par uneparticule
a, sil’énergie
libérée est transmise à un second électron. Pour une vitessecm/sec
nous obtenons dans l’air :TABLEAU III.
D’après
(11)
laprobabilité
decapture
varieforte-ment avec la
vitesse,
avec unepuissance
de vcomprise
entre
v),
pour despetites
vitesses,
et pour desvitesses très élevées.
5. Discussion. - Les valeurs du Tableau III
montrent que nos processus
peuvent
rendrecompte
également
de l’ordre degrandeur
des observations de Rutherford[6]
pour lacapture
des électrons par desparticules
oc. Ce résultat n’est pas en accord avec les estimations faites parOppenheimer,
d’après
les calculs de Fowler. Laprécision
de nos formules nepermet
pas,cependant,
d’exclure lapossibilité,
que les processus decapture,
considérés parOppen-heimer,
avec transfert del’énergie
libérée sur uneparticule
nucléaire,
soient aussiimportants
oumême un peu
plus probables
que les processus discutés ici.De même, nous verrons
plus
bas,
que les valeurs du TableauII,
bienqu’elles
nepuissent
pas êtreconsidérées comme très
précises
en vue de noshypothèses
schématiques,
sont de l’ordre degrandeur
correct, demandé par les
expériences.
Le Tableau IIindique
que ce sontprincipalement
les électronsK,
151
lourd,
par suite du fait, que pour ces électrons lecouplage
estplus
fort que pour les électronsexté-rieurs. Ces électrons étant
principalement capturés
dans un état excité de l’ion
lourd,
la radiationcaracté-ristique
des ions lourds devrait être observable.Fig.3.
Nos formules
permettent
également
d’obtenir la distributionangulaire
des électrons émis par leprocessus de
capture,
la distributionangulaire
étantFig. 4.
directement donnée par
l’expression comprise
sousl’intégrale
de(11)
en fonction de 3.Cependant,
nous devons nous
rappeler
que nos calculs serappor-tent au
système
decoordonnées,
danslequel
l’ionlourd se trouve au repos.
L’angle 0
dusystème
del’observateur
s’exprime
en fonction de B par larelation
-La distribution
angulaire
en fonction de 0 estdonnée sur la
figure
3 pour le cas d’uneparticule
aet sur la
figure 4
pour un ion de brome. Nous obser-vons, . enparticulier,
que ces électrons sontprinci-palement
émis souspetit
angle
dans la directionopposée
à celle de l’ionincident,
cequi
permet
deles
distinguer
des électronsprojetés
parchoc,
élas-tique. L’énergie
de ces électrons est de 23o eV pour le cas d’uneparticule
a, cequi
rend l’observationextrêmement difficile. Dans le cas d’un ion
lourd,
tel que celui du
brome,
l’énergie
peut
atteindredans le cas le
plus
favorable 10 ooo eV etpourrait
être observée sur un cliché de Wilson.
6. Les formules de ralentissement. - Nous
con-sidérerons maintenant l’influence de la
capture
d’élec-trons sur les formules de ralentissement d’un ion
lourd. La théorie de Bohr
[1o]
et de Bethe[1 1
]
permet
de calculer le ralentissement d’uneparticule
de
charge
constante parionisation,
mais elleconduit,
en
général,
à une loi assezcompliquée, qui
se réduità la loi de
Geiger
pour un domaine de vitessescomprises
entre i et ~ . ~ 09cm/sec,
avec G N IO-2~
sec3/em2
et lVl =poids
atomique
de l’ion.
Étant
donné le fait que nos ions lourdsont des vitesses
appartenant
à cedomaine,
nouspouvons baser nos calculs sur
(12)
avec uneprécision
suffisante. Pour tenircompte
de lacapture
d’élec-trons, nous devons poser
ou Y
est une valeur moyenne desprobabilités
calculéesdans le Tableau II. En introduisant
(13)
dans(12)
et en observant que dR = v .
dt,
nous arrivons aux relationsdont
l’intégration
nous fournit immédiatement les formules de ralentissement.La seconde
égalité
de(14)
nous donneimmédia-tement la vitesse en fonction du
temps,
et, enexprimant
ensuite e2Yi en fonctionde ry
nous arrivons à uneéquation
différentielle entre R et v.Nous devons
distinguer
les deux casoù vo est la vitesse initiale de notre ion et
L’intégration
de la secondepartie
de(14)
fournit alorsoù to
est letemps
après lequel
l’ion est ralentijus-qu’au
repos.to peut
êtreexprimé
par la vitesseinitiale et
R o
de telle sorte que
avec l’abréviation
D’après
(14),
(16)
et(17)
et,
parintégration,
entre v =v o et v = o,
Pour y 2013~ o
(19)
se réduit à la loi deGeiger
(15);
pour des valeursplus grandes
de y, Raugmente
parrapport
àRo
et atteint la valeur3Ro
si y =20132013’
a»
Dans ce cas
(14)
conduit d’abord àc’est-à-dire que notre ion n’est
plus
ralentijusqu’au
repos, maistend,
pour t vers une vitesse limite v~,qui
peut
êtreexprimée
en fonction de lavitesse initiale
Pour le parcours, il résulte de
(14)
et(20)
Cette formule
signifie
que notre ionperd
très vite sacharge
entière parcapture,
avantqu’il
soit ralentijusqu’au
repos, etqu’il
s’envoleensuite,
sans ioni-sationsensible,
à l’infini avec lavitesse v g
donnée par(21).
Pour illustrer les formules
(19)
et(23),
nous avonstracé sur la
figure
5 le parcours x(l)/Ro
en fonctiondu
temps,
pour différentes valeurs de y.Fig. 5.
Nos formules
(18)
et(22)
nouspermettent
immé-diatement de déterminer l’ionisation linéairedE/dx
en fonction de la vitesseLe sens de ces formules est,
cependant,
mieuxvisible,
si nousreprésentons
dE
en fonction du parcoursdx
comme nous l’avons fait sur la
figure
6. Pour despetites
valeurs de ~~vo /6.Ro ),
l’ionisationaugmente
avec la distance x et tend vers l’infini sur la fin du parcours, commed’après
les formules connues. Si y estcompris
entreRa et
Ro,
l’ionisation diminued’abord,
atteint un minimumet
augmente
vers la fin du parcours,lorsque
laparti-cule est ralentie
jusqu’au
repos. Nous obtenons uncomportement
différent,
si y >Ro.
Dans ce cas, l’ion n’estplus
ralentijusqu’au
repos etl’ioni-sation diminue
progressivement
avec le parcours et tend vers zéro.Il convient ici de définir ce que l’on
appellera
le parcours
ionisant,
de telle sortequ’il
mesure la153
supérieure
à une ;valeurdonnée,
disonssupérieure
à celleproduite
par unecharge
Z =q. Pour
déter-miner le parcours ionisant Rl
(q),
nous devonsFig. 6.
intégrer (22)
de v 0 jusqu’à
une vitesse v~, pourlaquelle
Z =q,
, , . ,
et nous obtenons
ce que
donne,
avec uneapproximation
suffisante,
La
figure 7 représente
le parcours ionisant en fonction de y pourplusieurs
valeurs de q.7. Discussion des formules de ralentissement.
- Pour
appliquer
les formules duparagraphe
6 au passage des ions lourds au travers d’une couche dematière,
nous devons tout d’abord tenircompte
du fait
qu’en
réalité un ion degrande
vitesse nepeut
jamais
être neutraliséentièrement,
puisque
les électrons extérieurs d’un atome
peuvent
aisément être arrachés par des collisionssubséquentes
à unecapture.
Nos formules seront donc seulementvalables,
jusqu’à
ce que l’ion lourd ait atteint une certainecharge,
disons q,qui
sera maintenue commeéquilibre
entre des processus de
capture
et d’arrachement.Il est difflcile de calculer la
grandeur
q, mais nouspouvons supposer que cette
charge comprendra
seulement unepartie
dessept
électrons extérieursdu brome. Notre ion lourd ne s’envolera donc pas vers
l’infini,
sanscharge,
mais ilpoursuivra
satrajectoire, après
avoir atteint lacharge
q, faiblement ionisante. Nous remarquonsqu’un
ion d’uneénergie
de 60 MeV et d’une masse M .- 80, même avec
une
charge
aussi élevéeque Z
=;~,
peut
parcourir
5 cm d’air.Il est évident que le cas a du
paragraphe
6 est réalisé pour des ionslégers :
pour desparticules
a ouH,
nous devons poser y = o. Ilsemble,
aucontraire,
que pour les ions lourds c’est le cas b
qui
seprésente.
Fig. 7.
Le
premier
argument
que nous pouvonsinvoquer
est
l’aspect
du cliché deWilson,
obtenu par M. F. Joliot[4].
Ilsemblerait,
d’après
cecliché,
que la densité d’ionisation diminue
progressivement
lelong
du parcours, cequi, d’après
lafigure
6,
indique
Dans le cascontraire,
la fin, 0
du parcours devrait être très nettement
marquée
par une ionisation très forte.
Le second
argument
en faveur de notrehypo-thèse
peut
être tiré du fait que les déterminationsd’énergie
par ionisation conduisent engénéral
à desvaleurs considérablement inférieures à celles obtenues à
partir
des défauts de masse[12],
même si noustenons
compte
de lapossibilité qu’une partie
del’énergie
derupture
soit utilisée pour exciter les noyaux formés.semble
représenter
les observations d’unefaçon
satisfaisante,
si nous posons, pour l’ion brome,v 0 = 2 . T 09
cm/sec, Ro
=o, 64
cm. Cette valeur estcompatible
avec les valeursthéoriques
du Tableau II. Ellesignifie, d’après
(21),
que l’ion lourdperd
parionisation à peu
près
5o pour 100 de sonénergie
initiale(qui
est ainsi réduit de 150 à75 MeV).
D’après
lafigure
7, le parcours ionisant de l’ion lourd sera inférieur à 2 cmd’air, si,
comme nousle devons supposer, la
charge
q estsupérieure
à 2.Ce parcours est en accord avec les valeurs
signalées
par MM. Thibaud et Moussa
[i]
et par M. Frisch[2].
D’autrepart,
notre mécanismepermet
decomprendre
qu’il
soitpossible
derecueillir,
cependant,
desnoyaux activés encore à 3 cm de la source
[4], après
avoir parcouru unepartie
du parcours sans ou avec faible ionisation.On
pourrait
fairel’objection
queparfois
desénergies
d’ionisationsupérieures
à 80 MeV ont étéenregistrées.
Nousdevons,
cependant,
tenircompte
du fait que les valeurs calculées ici sont des valeursmoyennes, et que nous devons nous attendre à des fluctuations considérables
(§8).
Quant
aux ions lourds tels que lelanthane,
nousne
disposons
actuellement pas de donnéesexpéri-mentales. Avec I . ~ 09
cm/sec,
M -160,
Zorv
4o,
nous obtenons
Nous ne pouvons pas dire si le cas a ou b est
réalisé,
puisque d’après (10)
et(11) y
augmente
pour despetites
vitesses.Cependant,
il estprobable,
que leparcours ionisant de ces
particules
soit voisin à3 . R o
=o, 3 cm.
8. Les fluctuations. - Nous laisserons de côté
les fluctuations
provenant
du caractèrestatistique
des processus d’ionisation(straggling), qui
sontinsignifiantes
encomparaison
de celles dues aux fluctuations de lacharge
des ions lourds.En
premier
lieu,
comme nous l’avonsindiqué plus
haut,
lacharge
initialeZo
de l’ion est elle-même unegrandeur
aléatoire. Il est difficile d’estimerthéori-quement
les fluctuations deZo,
mais,
même si nous admettons queZo
puisse
varier entre les valeurs 35et
25,
Zo
= 3oT 5,
nous concluons de nos formulesque les fluctuations du parcours ionisant
(25)
nedépasseront guère
± z o pour 100.Les fluctuations les
plus importantes proviennent,
cependant,
du caractère aléatoire de lacapture.
En admettant la loi(13),
nous pouvons facilement calculer laprobabilité
Wz
(t)
qui indique
laproba-bilité pour
qu’au
moment 1 notre ion ait lacharge
Z,
, TI . r rr a
Fig. 8.
La
figure
8indique
les valeursWz (t)
en fonction de t. On voit facilement que, pour depetites
valeursde t, et,
parconséquent,
au début du parcours, lacharge
de l’ion sera très exactementdéfinie,
de telle sortequ’à chaque
instant ou àchaque position
ne
correspond qu’un
petit
intervalle decharges
possibles.
Aucontraire,
il existe uneprobabilité
considérable que l’ion soit rencontré avec une
charge
peuélevée,
disons Z =4,
àn’importe quelle
distancecomprise
entre 11 et 18 mm de la source.Pour estimer l’ordre de
grandeur
des fluctuationsà
attendre,
nous observerons que,d’après (26)
etd’après
lafigure
8,
la neutralisation de lacharge
de l’ionvarie,
comme si la valeur y de(13) présentait
des fluctuations de ± 3 o pour 100. Lafigure 7
etl’équation
(20)
nousapprennent,
qu’en
ce casRi
etl’énergie perdue
par ionisation ne serontégalement
déterminés par nos formules
qu’à
± 3o pour 100près.
L’auteur désire
exprimer
toute sagratitude
à M. J.Thibaud,
Directeur de l’ Institut dePhysique
atomique,
pour lapermission
de travailler dans son laboratoire et pour lui avoirposé
leproblème
de cetravail. Il remercie
également
M. G. Beck pour ses conseils etencouragements
au cours du travail.Manuscrit reçu le 3o juillet 1939. BIBLIOGRAPHIE.
[1] J. THIBAUD et A. MOUSSA, C. R. Acad. Sc., 1939, 208, p. 652 et 744.
[2] O. FRISCH, Nature, 1939, 143, p. 276.
[3] J. THIBAUD et A. MOUSSA, Rev. scient., 1939, n° 3,
p. 182; J. de Physique, 1939, X, p. 388.
[4] F. JOLIOT, C. R. Acad. Sc., 1939, 208, p. 341 et 647.
[5] G. BECK et P. HAVAS, C. R. Acad. Sc., 1939, 208, p. 1643.
[6] E. RUTHERFORD, Phil. Mag., 1924, 47, p. 277.
[7] J. R. OPPENHEIMER, Phys. Rev., 1928, 31, p. 349. [8] F. HUND, Zeit. für Phys., 1930, 63, p. 728.
[9] W. GORDON, Ann. der Physik, 1929, 2, p. 1052. [10] N. BOHR, Phil. Mag., 1915, 30, p. 581.
[11] H. BETHE, Ann. der Physik, 1930, 5, p. 325.