Calcul tensoriel et Opérateurs di¤érentiels
J.SAAB
ISSAE - Cnam Liban 17 juin 2019
Résumé
Dans ce article on introduit la notion de calcul tensoriel et calcul ex- térieur tout en présentant un point de vue mathématique et physique.
Les opérateurs di¤érentiels sont calculés selon le type de repère dé…ni au voisinage d’un point, on présente le cas d’un repère global et le cas d’un repère local mais orthonormé. Le chagement de repère permet d’étudier le lien entre les paramètres tensoriels dans les deux repères.
1 Dérivée Directionnelle
Soit f : Rn ! Rn une fonction de classe C1. Soit (p; v) 2 Rn Rn un vecteur tangent enpàRn c’est à dire tangent enpà une courbe cdeRn:
c: ] "; "[ !Rn; p=c(0) La dérivée directionnelle def dans la direction devp est
vp(f) = Xn i=1
vi:@f
@xijp
Noter qu’en cours de géométrie on omet d’utiliser le symboleP
pour désigner la somme lorsque nous avons la somme des produits et on met à sa place l’indice de l’un en haut et de l’autre en bas, par exempleai:biouai:1
bi désigne la somme.
Attention : La dérivée directionnelle de f dans la direction de vp n’est autre que la dérivée def le long d’une courbe intégrale devp et cette dérivée ne dépend pas du choix de la courbe. En e¤et, soit(c)une courbe intégrale de vp c’est à dire (c)est une courbe de classeC1qui véri…e
c(0) = p c0(0) = vp
Observons cette application composée
c: ] "; "[ ! Rn t ! (c1(t); ; cn(t))
# f R Nous avons
d(f c)
dt j0 = @f
@xijp:dci dtj0
= vi:@f
@xijp
= vp(f) Exemple 1 Soit
f : R2 ! R
(x; y) ! x2y y2+x p= (1;1); vp= (1; 1) =~i ~j:Nous avons :
vp(f) = @f
@xjp:v1+@f
@yjp:v2
= (2xy+ 1)p (x2 2y)p
= 4
Nous proposons de refaire ce calcul autrement : cherchons une courbe intégrale devp:
c: R ! R2
t ! (X(t); Y(t)) telle que
c(0) = p c0(0) = vp Nous obtenons
8<
:
dX
dt = 1
dY
dt = 1
donc X = t+a
Y = t+b
Aussi,(X; Y)(0)=p= (1;1) donc(a; b) = (1;1) et la courbe intégrale devp est X = t+ 1
Y = t+ 1
D’autre partf c(t) = t3 2t+ 4t+ 1 et(f c)0(0)= 4:
Remarque 2 La dérivée de f(x; y) dans la direction de~i = (1;0) n’est autre que @f@x et dans la direction de~j= (0;1) est @f@y:
2 Champ de vecteurs
L’espace tangent enpàRn est notéTpRn=f vecteurs tangents enpà une courbe deRngdonc cet espace n’est autre queRn:L’espace tangent àRn noté TRn est :
TRn =f(p; vp)= p2Rn; vp2TpRng donc c’est espace n’est autre queRn Rn=R2n:
Dé…nition 3 On appelle champ de vecteurs de classecr, une application cr : X: Rn ! TRn=R2n= [
p2RnTpRn p ! Xp2TpRn=Rn
L’ensemble des champs de vecteurs qui sontC1 sur Rn est noté par (Rn):
Remarque 4 un champX2 (Rn)peut être vu comme un opéateur di¤ érentiel X : C1(Rn) ! C1(Rn)
f ! X(f)
avec
X(f) : Rn ! R p ! Xp(f)
c’est à dire la dérivée directionnelle def dans la direction de Xp: Exemple 5 Soit le champ surR2:
X: R2 ! R4
(x; y) ! ((x; y);2x2y ~i (x+y)~j) et soitf(x; y) = ln(xy): Nous avons :
X(f) = 2x2y@f
@x (x+y)@f
@y
= 2xy x+y y pour tout (x; y)6= (0;0):
Remarque 6 Un point ptel queXp=~0 est dit point singulier deX
Notation 7 Nous citons deux raisons pour exprimer un vecteur tangent ou un champ de vecteurs sous la forme
vp = ai: @
@xijp; ai2R X = Xi(x) @
@xi; x2Rn etXi(x)2C1(Rn)
au lieu de les exprimer comme il est de coutume par
vp = ai:ei; ai 2R;feigla base canonique de Rn X = Xi(x):ei; x2Rn et Xi(x)2C1(Rn)
d’abord parce qu’un vecteur tangent enpest vu comme un opérateur di¤ érentiel au pointpet le champ est un opérateur di¤ érentiel en un point génériquex2Rn mais aussi parce que cela dépend du système de coordonnées utilisé et qui fait changer la base deRn. Nous allons expliquer plus tard les lignes de coordonnées mais nous proposons d’éclaircir ceci maintenant en donnant un exemple surR2: LorsqueR2 est muni de ses coordonnées catrésiennes (x; y) alors en …xantxet varianty nous obtenons une droite verticale passant par le point M(x; y)et en
…xanty et variant xnous obtenons une droite horizontale passant parM(x; y):
Ces lignes sont dites les lignes de coordonnées et si vous cherchez une tangente sur chacune de ces lignes vous allez trouver les vecteurs constants(1;0)et(0;1):
Ces vecteurs sont obtenus comme suivant : OM! = x ~i+y ~j
@OM!
@x = ~iet @OM!
@y =~j Ainsi !
OM =x @x@ jM+y @y@ jM:
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
0.1 0.2 0.3 0.4
x y
M
Lorsque nous munissons R2 aux coordonnées polaires (r; ) alors à r …xé et variable nous obtenons des arcs et à …xé etrvariables nous obtenons des demi droites issues de l’origine et ces lignes (arcs et demi droites) sont les lignes de
coordonnées. Le plan tangent en un point M à R2 est porté par les vecteurs tangents à cette demi droite [OM]et à cet arc d’angle qui dé…nit le point M ainsi une base deT(r; )R2 est f@r@ jM; @@ jMg
En résumé un champ de vecteurs s’exprime en coordonnées cartésiennes par X =X1(x; y):ex+X2(x; y):ey
et en coordonnées polaires
X =X1(r; ):er+X2(r; ):e mais le plus légitime c’est :
X = X1(x; y): @
@x+X2(x; y): @
@y X = X1(r; ): @
@r+X2(r; ):@
@
3 Changement de variable
Si f :Rn !Rn est une appliactionC1 dont le jacobien au point pest de déterminant non nul alorsf est dit changement de variable local, dans le sens quef est inversible au voisinage dep:Si ce déterminant est non nul pour tout p2Rn alorsf est un changement de variable global.
Si f est un changement de variable local au voisinageU depalorsf induit une application linéaire
f : (U) ! (f(U)) telle quef X= (@fi
@xj):X; la matrice(@fi
@xj)i; j=1 n est le jacobien def:
Exemple 8 Nous considérons le champ X =x@x@ +y@y@ 2 (R2)et soit l’ap- plication
': ]0;+1[ ]0;2 [ ! R2
(r; ) ! (x=rcos ; y=rsin ) 1. Montrer que 'est un chamgement de variable
2. ExprimerX en coordonnées polaires Solution 9 1. Nous avons
jD'(r; )j= cos rsin
sin rcos =r6= 0
donc'représente un changement de variable deR2privé du demi axeox sur R2
2. Soit Y =a(r; )@
@r+b(r; )@
@ tel que' Y =X:Nous avons cos rsin
sin rcos
a
b = x
y Nous trouvons
a = rcos 2
b = 0
et parsuiteX en coordonnées polaires estX=rcos(2 )@
@r:
Remarque 10 Sif est un changement de coordonnées local autour dep2Rn et si fe1; ; eng est une base de TpRn alors ff ;pe1; ; f ;peng est une base deTf(p)Rn:
On rappelle quelques évidences de l’algèbre linéaire, siV 2TpRn =Rnmuni de la base canonique
V =V1e1+ +Vnen
Les composantes(V1; ; Vn)sont les coordonnées deV dans la base feig: Si on change de repère (base) alors les composantes deV dans cette nouvelle base sont
V0 =P 1V oùP est la matrice de passage defeig àff eig:
A…n de bien insister sur ce point on propose d’exprimer le champ de gradient en coordonnées polaires : On considère le champ de vecteurs
rf = gradf =@f
@x
@ x+@f
@y
@
@y
le champ de gradient associé à une fonction scalairef(x; y)et exprimer en coor- données cartésiennes(x; y)deR2:En e¤et, soit 'l’application de changement de variable
'(r; ) = (x=rcos ; y=rsin ) On a
' er=' (@
@r) = cos rsin sin rcos
1
0 = cos
sin c’est à dire
' ( @
@r) = cos @
@x + sin @
@y et
' e =' (@
@ ) = cos rsin sin rcos
0
1 = rsin rcos donc
' (@
@ ) = rsin @
@x+rcos @
@y et pour avoir une base orthonormée deT(r; )R2 on pose
er = ' (@r@ )
jj' (@r@ )jj = cos @
@x + sin @
@y e = ' (@@ )
jj' (@@ )jj = sin @
@x+ cos @
@y
Il est claire que< er; e >= 0:Le matrice de passage defex; eygà fer; e gest
P= cos sin
sin cos et son inverse
P 1= cos sin sin cos
ainsi 8
>>
<
>>
:
ex = P 1 1
0 = cos er sin e ey = P 1 0
1 = sin er+ cos e
Soitg(r; ) =f(rcos ; rsin ) =f '(r; ): Par la règle de chaîne on a 8>
<
>:
@g
@r = cos @f@x+ sin @f@y
@g
@ = rsin @f@x+rcos @f@y
donc 8
><
>:
@f
@x = 1r[rcos @g@r sin @g@ ]
@f
@y = 1r[rsin @g@r + cos @g@ ]
et …nalement
rf = @f
@xex+@f
@yey =@g
@rer+1 r
@g
@ e :
4 Tenseurs covariants - Produit tensoriel
Dé…nition 11 SoitEun e.v,E est l’e.v dual. On appellep tenseur covariant ou 0
p tenseur surE, toute application multilinéaire
t:E E
pfois
| {z }
!R
L’ensemble des tenseurs 0
p sur E se note par 0pE;ainsi 01E=E et par convention 00E=R:Le triplet( 0pE;+; :)est unR-e.v pour les lois
(t1+t2)(X1; ; Xp) = t1(X1; ; Xp) +t2(X1; ; Xp) ( :t)(X1; ; Xp) = :t(X1; ; Xp)
Dé…nition 12 (Produit tensoriel) Soits2 0pEett2 0qEon dé…nit le produit tensoriel des ett comme étant un élément de 0p+qE donné par
(s t)(X1; ; Xp; Y1; ; Yq) =s(X1; ; Xp):t(Y1; ; Yq) Remarque 13 1. ( ) = ( )
2. 6=
3. ( + ) = +
4. ( + ) = +
4.1 Base et dimension de
0pE :
Soit fe1; ; eng une base de E et soit f 1; ; ng la base duale de E , c’est à dire i(ej) = ij. Il en vient que si
X = Xn i=1
Xi:ei 2E
alors j(X) =Xj:Pour éviter de s’embrouiller avec les indices, nous proposons de chercher une base de 0pElorsque p= 2:Soitt2 02E ;nous avons
t(X; Y) = t(Xiei; Yjej)
= XiYjti j
oùti j=t(ei; ej)2Rpour tousietj: Ainsi
t(X; Y) = ti j i(X): j(Y)
= (ti j i j
)(X; Y) D’où
t=ti j i j
et la famillef i jgi; j=1 n engendre 02E: D’autre part, si ti j i j = 0 alors pour tousX; Y on a(ti j i j)(X; Y) = 0:En prenant X =ei, Y =ej nous obtenonsti j = 0pour tousi et j, doncf i jgi; j=1 n est une famille libre et pasuite c’est une base de 02Eet dim 02E=n2:
Proposition 14 La famille f 1 pg1 i n est une base de 0pE et dim 0pE=np:
4.2 Changement de base :
Soitf :E !E un isomorphisme d’e.v et soientfeiget f"i =f(eiggdeux bases deE. Considérons le case oùt2 02E c’est à dire
t:E E !R
une application bilinéaire avect(ei; ej) = ti j: La matrice associée à t dans la basefeig est
T = 0 B@
t11 t1n
... . .. ... tn1 tnn
1 CA
On sait que t(X; Y) =t X:T:Y: Soit t("i; "j) = t"i j dont la matrice dans la base f"ig est notée T": On voudrait exprimer T" en fonction de T pour voir le changement de coè¢ cients du tenseur t avec le changement de base : Soit X 2E; X =Xi:ei =X0i:"i et soitP =Pei!"i la matrice de passage de feig à f"ig:Nous avons
X0 =P 1X Il en vient que
t(X; Y) = tX:T:Y = tX0:T":Y0
= t(P X0):T:P:Y0
= tX0:tP:T:P:Y0
et par comparaison avec la première ligne, nous trouvons que T"= tP:T:P
Exercice 15 Véri…er que lorsquep= 1alorsT"=T:P:
4.3 Tenseur de métrique
En physique, on rencontre l’expressionx y; x; y2E. En faitx y2 02E et les physiciens s’intéressent à la matrice des coè¢ cientsxi:yj
x y: E E ! R
( ; ) ! x y( ; ) =x( ):y( )
sachant queei( j) = ji c’est à direx=xiei; y=yjej alorsx y=xiyjei ej etx y( i; j) =xiyj ainsi la matrice des coè¢ cients
X Y =
0 B@
x1 y1 x1 yn ... . .. ... xn y1 xn yn
1 CA
On noteE E=fx y = x; y2Eg:
Un tenseur particulier est la métriqueg surE:
Dé…nition 16 On appelle métrique sur E un tenseur g 2 02E qui est sy- métrique dé…ni positif (c’est à dire dont les valeurs propores sont strictement positives)
Soitgi j =g(ei; ej)oùfeigest une base deE:La matrice
G= 0 B@
g11 g1n
... . .. ... gn1 gnn
1 CA
est symétrique.g(X; Y) =< X; Y >=tX:G:Y est un produit scalaire. Le tenseur gest dit métrique car il induit une distance surE dé…nie par
d(X; Y) =p
< X Y; X Y >=jj(X Y)jj oùjjZjj=p
< Z; Z >:
Exemple 17 DansR2la norme euclidienne (distance euclidienne) est une dis- tance provenant du produit scalaire canonique
< X; Y >=x1y1+x2y2 On ajjXjj=p
x21+x22 etd(X; Y) =p
(x1 y1)2+ (x2 y2)2 Soit le changement de coordonnées
f : E ! E
x= (x1; ; xn) ! (y1(x); ; yn(x))
On va noter parB=fex1; ; exngouf@x@1; ;@x@
ngetB0 =fey1; ; eyngou f@y@1; ;@y@
ng les bases deEpour chacun des systèmes de coordonnées. Pour toutxi; exi se décompose surB0 par
exi = 0 B@
@y1
@x1
@y1
@xn
... . .. ...
@yn
@x1
@yn
@xn
1 CA
0 BB BB BB BB
@ 0
... 1 0 ... 0
1 CC CC CC CC A
iièm e
c’est à dire exi = (@y@x1
i;@y@x2
i; ;@y@xn
i) = @yj
@xi
eyj: Soit (gi j) la matrice de la métriqueg dans la baseB et(gi j0 )celle degdans la baseB0:On a
gi j = g(exi; exj) = g(@yl
@xi
eyl;@yk
@xj
eyk)
= @yl
@xi
@yk
@xj
g(eyl; eyk) = @yl
@xi
@yk
@xj
g0l k Exemple 18 Soit la fonction de changement sphérique
f : ]0;+1[ ]0;2 [ ]0; [ ! R3
(x1=r; x2= ; x3=') ! (y1=rcos sin'; y2=rsin sin'; y3=rcos') On sait que la métrique canonique surR3 estgi j0 = ji :
g011=g220 =g330 = 1et g0i j= 0; 8i6=j Soit(gi j) la métrique relative à(r; ; '), on a
g11 = @y1
@x1
@y1
@x1
g011+@y2
@x1
@y2
@x1
g022+@y3
@x1
@y3
@x1
g330 g12 = @y1
@x1
@y1
@x2
g011+@y2
@x1
@y2
@x2
g022+@y3
@x1
@y3
@x2
g330
... ... ...
On trouve 8
>>
>>
<
>>
>>
:
g11 = 1
g12=g21 = 0 g13=g31 = 0
g22 = r2sin2'
g33 = r2
Soitg(r; ; ') = 0
@ 1 0 0
0 r2sin2' 0
0 0 r2
1 A:
5 Formes extérieures sur un e.v.
Dé…nition 19 On dit que! est une p-forme extérieure sur E si ! 2 0pE et
! est alternée, c’est à dire
!(X1; ; Xp) = 0
chaque fois que deux éléments de la suiteX1; ; Xp sont égaux.
Remarque 20 Il est facile de véri…er qu’une forme ! est alternée si et seule- ment si
!(X1; ; Xi; ; Xj; ; Xp) = !(X1; ; Xj; ; Xi; ; Xp) On véri…e facilement la proposition suivante :
Proposition 21 Si est une permutation deSp =f1;2; ; pg et"( )est sa signature alors
!(X (1); ; X (p)) ="( )!(X1; ; Xp)
L’ensemble desp-formes extérieures est un s.e.v de 0pEet se note par^pE : On a ^0E = R; ^1E = 01E = E : On montre facilement les propriètés suivantes :
1. Si!2 ^pE etfX1; ; Xpgest une famille liée deEalors!(X1; ; Xp) = 0
2. ^pE =f0gpourp > n= dimE:
5.1 Produit extérieur :
Soitt2 0pE:
Dé…nition 22 On dé…nit l’antisymétrisé det par Ant(t)(X1; ; Xp) = X
2Sp
"( )t(X (1); ; X (p))
Exemple 23 Pourt2 02E; Ant(t)(X; Y) =t(X; Y) t(Y; X) Pour t2 03E
Ant(X; Y; Z) = t(X; Y; Z) +t(Y; Z; X) +t(Z; X; Y) t(X; Z; Y) t(Z; Y; X) t(Y; X; Z)
Dé…nition 24 Si 2 ^pE et 2 ^qE , on dé…nit alors le produit extérieur
^ comme étant un élément de ^p+qE donné par
^ = 1
p!q!Ant( )
Exemple 25 Pour ; 2 ^1E , on a ^ (X; Y) = (X) (Y) (Y) (X) Pour 2 ^1E et 2 ^2E , on a
^ (X; Y; Z) = (X) (Y; Z) + (Y) (Z; X) + (Z) (X; Y) On cite les propiètés suivantes du produit extérieur
1. ^est associatif et distributif par rapport à+
2. ^n’est pas commutatif et ^ = ( 1)p:q ^ pour 2 ^pE et 2 ^qE , en particulier ^ = 0pout tout 2 ^2k+1E :
Proposition 26 La famille desp-formes surE,f i1^ ^ ipg1 i1<i2< <ip n
est une base de^pE et dim^pE =Cnp:
Exemple 27 f 1^ 2; 1^ 3; 2^ 3g est une base de^2E lorsquen= 3:
Proposition 28 1. soit !1; ; !k 2 ^1E . La famille f!1; ; !kg est libre si et seulement si !1^ ^!k6= 0
2. Sif 2End(E); !2 ^nE alors
!(f(X1); ; f(Xn)) = det(f):!(X1; ; Xn)
6 Champ de tenseurs
Soit(x; U)un système de coordonnées locales autour dep2E:On noteEp
l’e.v.E muni de ce système de coordonnées. SoitEs= t
p2EEp
Dé…nition 29 Un champ de tenseurst de type 0
k sur un ouvertV deE est une application
t: V ! 0kEs=pt
2V 0 kEp
q ! tq2 0kEq Le champt s’ecrit surV :t=ti1 ik(x)( i1 ik)(x)
De même, un champ de k-formes surV :
!: V ! ^kEs= t
p2V ^kEp q ! !q 2 ^kEq
Le champ! s’ecrit sur V : != P
1 i1< <ik n
!i1 ik(x)( i1^ ^ ik)(x) Si f :E !E est un chamgement de variable, on dé…nit alors la fonction cotangentef :^kEs ! ^kEs0 telle que si!2 ^kEs0 alorsf !2 ^kEs:
(f !)p(X1; ; Xk) =!f(p)(f ;pX1; ; f ;pXk) pour tousX1; ; Xk2 (Es)
Dé…nition 30 Un tenseurpcovariant et q contravariant surE est une appli- cation
t: (E E
|{z}p
) (E E )
|{z}q
! R
(X1 Xp;!1 !q) ! t(X; !) multilinéaire. L’ensemble des tels tenseurs se note qpE
Remarque 31 Un tenseur t; p covariant, q contravariant sur E peut être identi…é à une application multilinéairet0 :
t0 : E E
|{z}p
! 0qE X = (X1 Xq) ! t0(X1 Xq) avec
t0(X1 Xq) : E E )
|{z}q
! R
!= (!1 !q) ! t(X; !)
Par exemple un champ de tenseurs de type 11 peut être vu comme t : (E) ^1E !C1(E)bilinéaire ou aussi commet0 : (E) ! (E) linéaire telle que
t0(X)(!) =t(X; !)
7 Opérateurs di¤érentiels dans une base globale
Soit E un e.v. muni d’une base globale B = fe1 eng: On note par O l’origine deE:SoitB0 =f"1 "ng une nouvelle base deE:On a
"l = ail:ei
OM! = xi:ei=Xl:"l
Il en vient que
xi=Xl:ail
Le vecteurOM!2 10E = 01E est un1-tenseur contravariant
OM!: E ! R
! ! !(OM!)
Un champ est un mot utilisé en physique pour désigner une grandeur qui change selon la position où elle est mésurée. Il peut être vectoriel (champ éléctrique, accélération...) ou scalaire (pression, température,....). On désigne parV~(M)un champ vectoriel en un point M et par f(M) un champ scalaire en un point M: Dans ce paragraphe, on utilise des champs intrinsèques c’est à dire dont
la valeur ne dépend pas du système de coordonnées choisi, pour cela on utilise V~(xi)ouf(xi)avec(xi)sont les coordonnées deM selon une certaine base de E:
On dit qu’un champ scalaire f : U E ! R est dérivable en un point M si @f
@xi(M)existe8 i:Si on change de paramètres(X1 Xn)à la place de (x1 xn), on peut parler de la di¤érentielle d’un champOM!
dM!=dxiei=dXl"l
avec
dXl=blidxiet dxi=aildXl où(bli) = (ail) 1:
Remarque 32 La vraie dé…nition de la di¤ érentielledxi est que c’est la base duale de @
@xi
dxi( @
@xj) = ij; @
@xi 2 (E); dxi2 ^1E
En physique on regarde à dxi comme un déplacement in…nitésimal intrin- sèque. On a
df= @f
@xidxi= @f
@XldXl
où @f
@Xl = @f
@xi
@xi
@Xl = @f
@xi:ail ; 8l aussi
@f
@xi =bil @f
@Xl On va écrire@l=ail@i:
Dé…nition 33 SoitV~ un champ de vecteursV~(x) =vi(x)~ei:On dit que V~ est dérivable si ses composantes admettent des dérivées partielles de premier ordre.
Suite à un changement de base on a
@l(VJ) =ail@i(bJjv j)
Comme les deux bases sont …xes c’est à direbJj est constant alors
@l(VJ) =ail bJj @i(v j)
7.1 Divergence de V ~ ; gradient de f ; rotationnel de V ~ et laolacien de f :
1. divV~ =@ivi
2. !
grad f =gi j(@j f)~ei avecgi j =g(ei; ej)et (gi j) = (gi j) 1:Pour une base orthonormée(gi j) =In = (gi j)et
grad!f =@i f ~ei
3. SoitA=Ai ~ei; i= 1;2;3 (E =R3):On va dé…nir un tenseur antisymé- trique
!=!12 e1^e2+!13 e1^e3+!23e2^e3
bien sûr!i i = 0et!i j = !j i:
On pose!12=A3; !13=A2et!23=A1;ainsi on a dé…ni un tenseur an- tisymétrique (une2-forme) à partir d’un champ de vecteursA:La matrice de cette2-forme est
!= 0
@ 0 A3 A2 A3 0 A1 A2 A1 0
1 A
Dé…nition 34 Le rotationnel du champAest le champ de vecteur rotA=V1 e1+V2e2+V3 e3
avec Vi= @
@xj(!i j)
4. Le laplacien d’un champ scalairef dans une base globale (indépendantes des coordonnées) est le champ scalaire f :
f = div(grad f) =@i(gi j @j f) =gi j@i@jf et si la base est orthonormée alors
f = @2
@x2if
Remarque 35 Lorsque la base est globale alors les coè¢ cients de la métrique g sont constants.
8 Opérateurs di¤érentiels dans un système de coordonnées local
On considèreR3muni des coordonnées(q1; q2; q3) :cela peut être(x; y; z)le repère cartésien ou(r; ; z)le repère cylindrique ou(r; ; ')le repère sphsérique
ou d’autres repères. Soitp(q1; q2; q3)2R3 et considérons le point in…nitésima- lement voisin, (p+dp)(q1+dq1; q2+dq2; q3+dq3): Soit ds la distance entre pet p+dp: Cette distance s’écrit dans un système de coordonnées orthogonal (cartésien, cylindrique, sphérique..)
ds2=h21dq12+h22dq22+h23dq23
les hi dépendent des qj; on les appelle les éléments du tenseur métrique. On avait vu que dans un système de coordonnées cartésien(x; y; z)la métrique
g=I3= 0
@ 1 0 0 0 1 0 0 0 1
1 A et donc
ds2=dx2+dy2+dz2 En fait ds2 = jjdpjj2 =< dp; dp > où dp = dq1: @
@q1
+dq2: @
@q2
+dq3: @
@q3:
Si le système de coordonnées choisi (q1; q2; q3) est orthogonale pa rapport à une
´
metriquehalors h=
0
@ h11 0 0 0 h22 0 0 0 h33
1 A=
0
@ h21 0 0 0 h22 0 0 0 h23
1 A
< @
@qi
; @
@qj
>=h( @
@qi
; @
@qj
) = 0 pouri6=j et jj @
@q1jj= r
< @
@q1
; @
@q1
>=h1; jj @
@q2jj= r
< @
@q2
; @
@q2
>=h2;jj @
@q3jj= r
< @
@q1
; @
@q1
>=h3: Remarque 36 dx2 n’est autre que le tenseur 02 :dx dx
En coordonnées sphériques g=
0
@ 1 0 0
0 r2sin2' 0
0 0 r2
1 A et donc
ds2=dr2+r2sin2'(d )2+r2(d')2
et on véri…e que la métrique euclidienne est donnée en coordonnées cylindriques par
g= 0
@ 1 0 0 0 r2 0 0 0 1
1 A c’est à dire
ds2=dr2+r2d 2+dz2
Dans la suite, on va apprendre à exprimer les opérateurs di¤érentiels dans n’im- porte quel système de coordonnées orthogonal
8.1 Gradient d’un champ scalaire
Soit la fonction f(p)qui à chaque point pde l’espace associe une quantité (champ scalaire), comme un champ de densités, potentiels....On est intéressé par savoir de combien cette fonction change si on passe du pointpau pointp+dp:
Le gradient mésure cette quantité physique
df=f(p+dp) f(p) = (gradf):(dp) (1) Le champ de vecteursgradf se note aussirf, c’est donc un vecteur "(rf)(p)"dont le produit scalaire avec le déplacementdp(dq1; dq2; dq3)donne la variation def:
Noter qu’une quantité physique ne doit pas dépendre du système de coordonnées choisi. On propose de calculerrf dans un système de coordonnées orthogonal (q1; q2; q3) :En e¤et, la di¤érence de valeurs def entre le point(q1; q2; q3)et le point(q1+dq1; q2; q3)est
df =f(q1+dq1; q2; q3) f(q1; q2; q3) = @f
@q1
dq1
et en comparaison avec(1)on trouve (rf)1:h11dq1= @f
@q1dq1 et donc (rf)1= 1
h11
@f
@q1
De même pour les autres composantes, on déduit que rf = 1
h1
@f
@q1eq1+ 1 h2
@f
@q2eq2+ 1 h3
@f
@q3eq3
où
eqi=
@
@qi
jj@q@ijj; feqig est la base orthonormalisée def @
@qig
Ceci rejoint notre travail dans le paragraphe précédent, par exemple pour les coordonnées cartésiennes où(gi j) =I3donch1=h2=h3= 1on a
rf =@f
@xex+@f
@yey+@f
@zez et en coordonnées cylindriques où la métrique est
(gi j) = 0
@ 1 0 0 0 r2 0 0 0 1
1 A
c’est à direh1=h3= 1eth2=r;on a rf = @f
@rer+1 r
@f
@ e +@f
@zez
8.2 Rotationnel d’un champ de vecteurs
Avant de parler du rotationnel, on va donner des exemples sur les champs de vecteurs et leurs courbes intégrales : Soit le champ
X : U R2 ! R2
(x; y) ! ( y; x)
-5 -4 -3 -2 -1 1 2 3 4 5
-5 -4 -3 -2 -1 1 2 3 4 5
x y
Les courbes intégrales deX sont des courbes c(t) = (x(t); y(t))telles que
dx
dt = y
dy
dt = x et c(0) = (x; y)
il en vient quex00(t) +x(t) = 0et doncx(t) =acost+bsintcommey= x0(t) alors y(t) = asint bcost: La condition initiale donne a = x et b = y e parsuite
c(t)(x;y)= (xcost ysint; xsint+ycost)
On remarque queX(c)2 +Y(c)2 =x2+y2 c’est donc un cercle de centre oet qui passe par(x; y)donc de rayonp
x2+y2:
-5 -4 -3 -2 -1 1 2 3 4 5
-5 -4 -3 -2 -1 1 2 3 4 5
x y
De même lorsqu’on cherche les courbes intégrales deX(x; y) =xex+yey
-5 -4 -3 -2 -1 1 2 3 4 5
-5 -4 -3 -2 -1 1 2 3 4 5
x y
On trouve que les courbes intégrales sont
c(t)(x;y)= (xet; yet)
ce sont des demi droites issues d’un voisinage in…nitésimal deo:Yc(t)=yxXc(t): La di¤érence entre les deux …gures est la suivante : dans la première on remarque que les courbes intégrales se referment sur elles même tandisque dans
la seconde, les courbes sont comme provenant d’une source à l’opposé de la première …gure où aucune source ne saute aux yeux. C’est cela que le rotationnel mésure :
Soit X un champ de vecteurs, (c) un contour fermé entourant une region plane d’aireA; nétant un normal unitaire àA: On dé…nit le rotationnel deX notérotX oucurlX de sorte que
n:rotX = lim
A!0
1 A
Z
c
X:dM (2)
où l’orientation de(c)est compatible avec le choix den
SoitR3 muni des coordonnées(q1; q2; q3)et soit le champ X(q1;q2;q3)=X(q)1 eq1+X(q)2 eq2+X(q)3 eq3
Soit(c) un circuit plan di¤érentiable par morceaux, autour d’un point pdans le plans< q2; q3>et considérons la …gure suivante
Le circuit(c)est joint les pointsp; A; B; C; pavecp(q2; q3); A(q2+a; q3); B(q2+ a; q3+b); C(q2; q3+b):On a
R
(pA)XdM = R
(pA)X1dq1+X2dq2+X3dq3
=
Z a 0
X2(q2; q3)h2(q2; q3)dt
= X2(q2; q3)h2(q2; q3)a
Noter que le chemin(p; A)a pour équation :(q1= 0; q2=t; q3= 0);On a dq2=jjdtjj=p
< dt:eq2; dt:eq2>=h2(q2; q3)dt:
De même R
(BC)XdM =
Z 0 a
X2(q2; q3+b)h2(q2; q3+b)dt
= X2(q2; q3+b)h2(q2; q3+b)a de sorte que poura; bin…niment petits, on a :
R
(pA)XdM+R
(BC)XdM = a[X2(q2; q3)h2(q2; q3) X2(q2; q3+b)h2(q2; q3+b)]
= ab (X2h2)(q2;q3+b) (X2h2)((q2;q3) b
= ab @
@q3
(X2h2) De la même façon, on trouve que
Z
(AB)
XdM+ Z
(CD)
XdM=ab @
@q2(X3h3) L’aire de la surface limitée par le contour est
A2 = jjpAjj2jjpCjj2
= < pA; pA > : < pC; pC >
= < aq2; aq2>< bq3; bq3>
= a2b2h22h23 D’où
A=abh2h3:
Ainsi, poura; bsu¢ semment petits, et d’après(2)on a rotX: q1
jjq1jj = 1 abh2h3
ab @
@q3
(X2h2) +ab @
@q2
(X3h3)
(rotX)1 = 1
h2h3
@
@q2
(X3h3) @
@q3
(X2h2)
(3)
De même pour les autres composantes, il su¢ t de faire une permutation circu- laire.
(rotX)2 = 1 h1h3
@
@q3
(X1h1) @
@q1
(X3h3) (rotX)3 = 1
h2h1
@
@q1
(X2h2) @
@q2
(X1h1)
APPLICATION :
1. En coordonnées cartésiennes :h1=h2=h3= 1 rotX = @X3
@y
@X2
@z ex
@X3
@x
@X1
@z ey+ @X2
@x
@X1
@y ez
2. En coordonnées cylindriques :h1=h3= 1; h2=r rotX =1
r
@X3
@
@(rX2)
@z er+ @X1
@z
@X3
@r e + @(rX2)
@r
@X1
@ ez 3. En coordonnées sphériques :
rotX =1 r
@X3
@
@(rX2)
@' er+ @X1
@'
@X3
@r e +1 r
@(rX2)
@r
@X1
@ e'
8.3 La divergence
Le travail d’un comptable est de faire le bilan des sommes dépensées et gagnées par son entreprise. C’est exactement ce travail qu’e¤ectue l’opérateur divergence.
Considérons une surface in…nitésimale fermée donnée par un cube élémen- taire, autour d’un pointp:Quel est le bilan d’un ‡ux d’un champX à travers
?Ce bilan est donné par
dV:div(X) = Z
Xd
où dV = abch1h2h3 est l’élément de volume du domaine limité par : Les
normales aux faces sont par convention orientées sortantes.
On rappelle que si
H =P(x; y; z)~i+Q(x; y; z)~j+R(x; y; z)~k un champ de vecteurs et
: 8<
:
x = x(u; v) y = y(u; v) z = z(u; v) une surface paramétrée, alors
Z
H:~ !ds= Z Z
Du;v
(P:D(y; z)
D(u; v)+Q:D(z; x)
D(u; v)+R:D(x; y) D(u; v))dudv Soit 1=la faceABCD; 2=la facepEF G:On a
Z
1
Xd = bch2(q1+a; q2; q3)h3(q1+a; q2; q3)X1(q1+a; q2; q3) Z
2
Xd = bch2(q1; q2; q3)h3(q1; q2; q3)X1(q1; q2; q3) et la somme de deux intégrales donne
@
@q1(h2h3X1)abc
De même pour les autres faces opposées, on obtient div(X) = 1
h1h2h3
@
@q1
(h2h3X1) + @
@q2
(h3h1X2) + @
@q3
(h1h2X3) Par exemple, en coordonnées cylindrique
div(X) =1 r
@
@r(rX1) + @
@ (X2) + @
@z(rX3)
8.4 Le Laplacien
Le laplacien d’un champ scalairef noté f est tout simplement f = div(grad f)
f = 1
h1h2h3
@
@q1(h2h3@f
@q1) +@q@
2(h3h1@f
@q2) +@q@
3(h1h2@f
@q3)