Pour ce numéro très spécial, la rédaction a invité des spécialistes à se pencher sur les évolutions qu'ont connues les sciences du vivant depuis le numéro 1 de Biofutur, en mars 1982. À chacun d'entre eux, nous avons demandé de réagir et de commenter un article tout droit sorti des années 1980, que nous vous livrons ici en partie ou en totalité. Une façon de regarder en arrière pour mieux se projeter dans l’avenir…
BIOFUTUR 300 • JUIN 2009 26
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Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur biofutur.revuesonline.com
BIOFUTUR 300 • JUIN 200927 Il y a 27 ans, en mars 1982, avait lieu, en présence de
diverses personnalités du monde scientifique et industriel, le lancement du premier numéro de Biofutur. La petite cérémonie officielle qui marqua l’événement se déroula au Palais de la Découverte. J’assumais alors la présidence du Comité de parrainage. Ce qui m’y avait conduit fut sans doute lié au fait que, quelques années auparavant, François Jacob, le regretté Pierre Royer et moi, dans un rapport au Président de la République, avions attiré l’at- tention sur l’importance des biotechnologies dont le monde commençait à prendre conscience. On y évoquait en quelque sorte « l’entrée des biotechnologies dans la modernité scientifique »…, celle de la génétique molé- culaire, des enzymes immobilisés, des anticorps mono- clonaux ou des nouveaux procédés de sélection de souches microbiennes capables de grandes performances méta- boliques… Une autre raison, sans doute plus directe en l’occurrence, était l’amitié qui nous liait, Jacques Robin, Michel Darmon, Joël de Rosnay, Daniel Thomas et moi, convaincus que nous étions de la nécessité qu’il
« fallait faire quelque chose » pour promouvoir les biotechnologies en Europe !
À l’époque du tout premier éditorial de Biofutur commencent en effet à apparaître, un peu partout, mais surtout aux États-Unis, les premières start-up, les socié- tés de capital-risque, préludes à des programmes indus- triels de grande envergure. Le gouvernement d’alors vient de lancer les premiers « programmes mobilisateurs », dont celui des biotechnologies (qu’animeront Pierre Dou- zou, Gilbert Durand…). Mais il faut réaliser qu’en cette même année 1982, la génomique est balbutiante. L’ana- lyse des transcriptomes et des protéomes n’est pas encore accessible ; on est loin de soupçonner l’importance du monde de l’ARN dans la régulation génétique. Le domaine des cellules souches est confiné aux recherches sur la souris. On ignore presque tout des prions, et l’on commence tout juste à explorer les bases moléculaires des maladies génétiques. Le sida apparaît, il va causer ses ravages et, à sa suite, de nombreux virus émergents.
L’immunologie, les neurosciences (et notamment l’ima- gerie cérébrale) n’ont pas encore donné toute leur mesure.
Quant aux « molécules phares » des biotechnologies, elles demeurent peu nombreuses.
Aussi les premiers fondateurs de Biofutur sont-ils conscients du caractère encore incertain des enjeux.
Quel avenir pour un mensuel européen dévolu aux biotechnologies ? Mais il y a là, précisément un vrai défi à relever, un défi exaltant.
ont depuis lors jalonné le parcours des biotech- nologies… Parcours parfois difficile, car en Europe singulièrement, les réserves à caractère écologique ou éthique (OGM, cellules souches) ou liées au scepticisme de certains investisseurs n’ont pas manqué, freinant dans certains cas les initiatives. Parcours non moins exaltant car lié aux progrès mêmes des sciences de la vie. Ainsi, même si, dans leur progression, elles ont encore connu certaines phases de désillusion, déjouant des prévisions économiques parfois trop optimistes, les biotechnologies sont aujourd’hui puissamment ancrées dans les industries de bioconversion, dans le secteur pharmaceutique, avec la conception de nouvelles molé- cules douées d’activité thérapeutique ou intervenant dans le diagnostic, mais aussi dans l’agroalimentaire, dans la bioremédiation et la protection de l’environne- ment, dans le secteur de l’énergétique moderne.
Des liens étroits se sont tissés avec l’informatique, la physique, la chimie, les mathématiques. L’avenir s’annonce donc plein de promesses…
Pendant plus d’un quart de siècle, Biofutur aura su donner au lecteur une information diversifiée, objec- tive, impartiale, et non moins captivante, sur tout ce qu’il y a de saillant dans le domaine des biosciences, de leurs retombées concrètes, effectives ou prévisibles, sans négliger pour autant les aspects éthicaux-sociaux ou économiques, ni l’évolution des politiques de recherche ou d’innovation.
En cela, la revue a vraiment répondu, je crois, et bien au-delà, à tout ce que le lecteur pouvait en attendre. Elle est bien partie pour un nouveau et passionnant périple.
Bon vent donc à toute l’équipe en charge…
Un jour de mars 1982…
300 numéros de Biofutur
FRANÇOIS GROS (2eà gauche, lors du baptême deBiofutur en 1982) Président du Comité de parrainage de Biofutur à sa création, en 1982, Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des sciences, Ancien directeur de l’Institut Pasteur 26-27- intro 300 19/05/09 11:06 Page 27
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