• Aucun résultat trouvé

Les anticorps anti CCP sont ils associés avec un âge de début précoce de la polyarthrite rhumatoïde ?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Les anticorps anti CCP sont ils associés avec un âge de début précoce de la polyarthrite rhumatoïde ?"

Copied!
5
0
0

Texte intégral

(1)

Les anticorps anti CCP sont ils associés avec un âge de début précoce de la polyarthrite rhumatoïde ?

Are anti-CCP antibodies associated with early age at onset of rheumatoid arthritis ?

Rachid Farah, Abdelaziz Ajrinija, Yassine Lemrhari, Imane El Bouchti

Service de Rhumatologie, Hôpital Arrazi, CHU Mohamed VI, Marrakech - Maroc.

Résumé

Objectifs : Déterminer les facteurs influençant l’âge de début de la polyarthrite rhumatoïde (PR), notamment la présence des anticorps anti CCP (ACPA).

Méthodes : Nous avons étudié un échantillon de 122 patients atteints de PR, suivis au service de rhumatologie du centre hospitalier universitaire de Marrakech sur une période de 10 ans (2005- 2015). Pour évaluer la relation entre l’âge de début de la PR et les ACPA positifs, nous avons utilisé des modèles de régression de Cox avec une analyse univariée et multivariée.

Résultats : La présence d’anticorps anti-CCP était associée avec une augmentation du risque de survenue d’un début précoce de la PR (OR = 5,33 ; IC95 % : 1,5–18,9 ; p : 0,01). Après ajustement pour les ACPA, les variables suivantes n’avaient pas d’influence significative sur l’âge de début de la PR : sexe, tabagisme, antécédent familial de PR, présence du facteur rhumatoïde.

Conclusion : Les anticorps anti-CCP influencent l’âge de début de la PR. Ainsi, la positivité des ACPA est associée à un âge de début précoce de la PR.

Mots clés :

Polyarthrite rhumatoïde; Age de début; Anticorps anti CCP.

Abstract

Objectives : To determine factors influencing the age at onset of rheumatoid arthritis (RA), including the presence of anti CCP antibodies.

Methods : A sample of 122 Moroccan patients was investigated. To evaluate the relationship between age of onset of RA and positive anti CCP antibodies, we used Cox regression models with univariate and multivariate analysis.

Results : Positive anti-CCP antibodies were associated with an increased risk of early RA onset (OR=5,33; 95 % confidence interval: 1,5-18,9 ; p:

0,01). After controlling for anti-CCP antibodies, the following variables did not influence significantly the age at RA onset: gender, ever cigarette smoking, family RA history, and the presence of rheumatoid factor.

Conclusion : Anti-CCP antibodies influence the age of onset of RA.

Key words :

Arthritis rheumtoid; Age of onset;

Anti CCP antibodies.

Rev Mar Rhum 2016; 38:44-8

Les facteurs génétiques [1], hormonaux [2], immunologiques et environnementaux influencent l’âge de début de la polyarthrite rhumatoïde (PR) [3].

Les anticorps anti-peptides cycliques citrullinés (ACPA) représentent une aide au diagnostic de PR car ils ont une spécificité élevée et plus importante que celle du facteur rhumatoïde (FR) [4]. Ils peuvent être détectés à des stades très précoces de la maladie avant même la symptomatologie clinique et peuvent servir de facteurs

prédictifs de l’évolution et du pronostic [5]. Le but de cette étude a été d’évaluer les effets des caractéristiques démographiques, environnementaux et surtout immunologiques sur l’âge de survenue de la PR.

PATIENTs ET MéThODEs

Nous avons réalisé une étude rétrospective portant sur 122 patients marocains ayant une PR et suivis au service de rhumatologie du centre hospitalier universitaire de

(2)

Marrakech, sur une période de 10 ans (2005-2015).

Tous les patients étaient atteints de PR répondant aux critères de classification de l’American College of Rheumatology 1987. Nous avons exclu de l’étude tout dossier médical ne comportant pas les informations sur l’âge de début de la PR et sur le profil des ACPA. Les données démographiques, cliniques, et biologiques ont été recueillies et collectées. L’âge de début de la PR a été défini comme l’âge auquel les patients ont commencé à souffrir de douleurs, de raideur matinale, ou d’une inflammation cliniquement confirmée des articulations des mains et ou des pieds.

Nous avons utilisé le logiciel SPSS 16.0 pour l’étude statistique qualitative et quantitative. Les variables continues sont rapportées en médiane avec le minimum et le maximum. Les variables catégoricielles sont rapportées en nombre absolu et en pourcentage.

Pour évaluer la relation entre l’âge de début de la PR et les ACPA positifs, nous avons utilisé un test de régression logistique dans le modèle de Cox avec une analyse univariée et multivariée du paramètre ACPA positif et des différents variables confondants : sexe, notion de PR dans la famille, tabagisme, facteur rhumatoïde (FR) positif. Les valeurs d’Odds-ratio (OR) et des intervalles de confiance à 95% ont été ainsi calculées. Les résultats ayant une valeur de p inférieure à 0,05 ont été considérés comme significatifs.

RésuLTATs

Nous avons colligé 122 patients avec une prédominance féminine (87% des patients étaient de sexe féminin).

L’âge moyen de nos patients était de 47 ±14 ans (16- 85). L’âge moyen de début de la PR était de 40.8±13.9 ans (moyenne±écart-type). La polyarthrite chronique bilatérale symétrique était le mode d’installation le plus fréquent chez nos patients (85,2 % des cas), l’antécédent de tabagisme et la notion de PR dans la famille ont été retrouvés respectivement chez 5% et 3,3% de nos patients. Le bilan immunologique a montré un facteur rhumatoïde positif chez 92 % des cas alors que les ACPA étaient positifs chez 78 % des patients (Tableau 1). Les caractéristiques cliniques et immunologiques des patients de l’étude selon le statut des ACPA sont présentées dans le tableau 2. L’âge de début de la PR chez le groupe possédant les ACPA était significativement plus bas que celui du groupe n’ayant pas les ACPA [Test t :-5,34 ; ddl : 120 ; p < 0,001].

Les résultats de l’analyse univariée et multivariée des

différentes variables pouvant influencer l’âge de début de la PR sont présentés dans le tableau 3.

L’analyse univariée et l’analyse multivariée ont objectivé que ce résultat n’était pas influencé par les autres variables comme le sexe, l’antécédent de tabagisme, la notion de PR dans la famille et le facteur rhumatoïde positif [p : 0,020 ; OR : 5,81 ; IC95% :1,31-25,7]

(tableau 3).

L’ancienneté moyenne (± écart-type) de la PR au moment du bilan immunologique était de 5±5,9 ans, l’analyse a montré que l’ancienneté de la PR au moment du bilan immunologique est inversement liée avec l’âge de début de la PR [p : 0,001]. Cependant, après ajustement pour l’ancienneté de la PR au moment du bilan immunologique, l’analyse multivariée a montré la persistance de l’association significative entre les ACPA positifs et l’âge de début précoce de la PR (tableau 3).

DIsCussION

Le principal résultat de notre étude est le suivant : les patients atteints de PR et possédant des anticorps anti- CCP ont débuté leur PR à un âge plus jeune que ceux ne possédant pas ces anticorps. Toutefois, Francisco J.

Diaz [6] avait objectivé une association statistiquement significative entre la présence des anticorps anti-CCP et un plus jeune âge de début de la PR dans une population de 152 patients colombiens chez lesquels la prévalence des anti-CCP était de 78 %. Kokkonen H [7]

avait objectivé également cette association significative entre l’âge de début précoce de la PR et la positivité des anti-corps anti CCP chez une population de 468 patients suédois atteints de PR et chez lesquels la prévalence des ACPA était de 67,9%.

Dans une population de 411 patients espagnols, où la prévalence des anti-CCP était de 54 %, il avait été observé une tendance à l’association entre les anti-CCP et l’âge précoce de survenue de la PR, mais cette tendance disparaissait après prise en compte de l’ancienneté de la PR [8]. Par contre notre étude et l’étude Francisco J. Diaz [6] ont montré que l’ancienneté de la PR au moment du bilan immunologique n’avait aucune influence sur la relation entre l’âge précoce de début de la PR et la présence des ACPA.

Même s’il existe d’importantes différences de caractéristiques entre les populations rapportées dans la littérature, ainsi que dans les valeurs seuils qui ont été utilisées pour définir la positivité des anti-CCP,

(3)

Tableau 1 : Caractéristiques cliniques et immunologiques des patients.

Fréquence Pourcentage (%) Sexe :

• Masculin

• Féminin

16/122 106/122

13%

87%

Mode d’installation :

- Polyarthrite chronique bilatérale symétrique - polyarthralgies

- polyarthrite aigue - monoarthrite chronique

104 14

3 1

85,2 % 11,5 % 2,5 % 0,81%

PR dans la famille 4/122 3,3%

Tabagisme 6/122 5%

Facteur rhumatoïde positif 103/112 92%

ACPA positifs 95/112 78%

Tableau 2 : Caractéristiques cliniques et immunologiques des patients selon le statut des ACPA

ACPA positifs (n : 95) ACPA négatifs (n : 27) Valeur de p

Age moyen des patients 44,29 ± 12,94 ans 57,9 ± 13 ans

Age moyen de début de la PR 37,63 ± 12 ans 52,33 ± 14,34 < 0,001

Ancienneté moyenne de la PR au

moment du bilan immunologique 5,2 ± 5,84 ans 4,6 ± 6 ans 0,699

Sexe féminin 87,4%( 83/95) 85,2% (23/27) 0,767

PR dans la famille 3,2% (3/95) 3,7% (1/27) 0,888

Tabagisme 4,2% (4/95) 7,4% (2/27) 0,498

Facteur rhumatoïde positif 95,3% (82/86) 80,8% (21/26) 0,017

la recherche d’anti-CCP est particulièrement utile au diagnostic de PR et sa positivité est très spécifique [9].

Habituellement, les anti-CCP sont présents avant le début des symptômes de la PR suggérant ainsi une rupture précoce de la tolérance vis-à-vis des molécules citrullinées au cours de la PR [10]. Des études récentes suggèrent que

les PR avec anti-CCP et les PR séronégatives pourraient avoir une physiopathologie différente [11].

Si les sujets ayant un antécédent familial de PR ou notion de tabagisme sont considérés comme étant à haut risque de développer une PR à un âge précoce [12-14], notre

(4)

Tableau 3 : Analyse multivariée de la relation entre l’âge précoce de début de la PR (moins de 34 ans) et les variables ACPA positifs, sexe, PR dans la famille, Tabagisme, FR positif, ancienneté de la PR au moment du bilan immunologique

Age de début de la PR < ou = à 34 ans

(n : 41)

Age de début de la PR > à 34 ans

(n : 81)

OR IC 95% Valeur

de p

ACPA positifs n(%) 38(92,68%) 57 (70,37%) 5,811 [1,31-25,70] 0,020

Sexe féminin : n(%) 38/41 (92,68%) 68/81 (83,95%) 1,053 [0,21-5,16] 0,949

PR dans la famille: n(%) 0 4/81 (4,93%) 0 0,999

Tabagisme : n(%) 1/41 (2,43%) 5/81 (6,17%) 0,644 [0,04-8,71] 0,740

Facteur rhumatoïde positif :

n(%) 34/36 (94,44%) 69/76 (90,78%) 1,048 [0,15-7,19] 0,962

Ancienneté de la PR au moment du bilan immunologique

7,86 ± 7,74 ans 3,65 ± 4,05 0,987 [0,98-0,99] <0,001

étude et l’étude colombienne menée par Francisco et al n’ont pas retrouvé d’association entre ces facteurs et un âge de début précoce de la PR.

Enfin, notre étude a prouvé que la relation significative entre la présence des ACPA et l’âge précoce de survenue de la PR chez nos patients n’était pas influencé par le sexe, ni par la notion de la PR dans la famille, ni par la notion de facteur rhumatoïde positif et ni par l’ancienneté de la PR au moment du bilan immunologique.

CONCLusION

Cette étude a fournit des données concernant la relation entre les paramètres cliniques et immunologiques et l’âge de début de la PR au niveau du CHU de Marrakech. Elle illustre l’association significative entre les ACPA positifs et l’âge de début précoce de la PR. Cependant, les autres variables : sexe, PR dans la famille, tabagisme, FR positif et ancienneté de la PR au moment du bilan immunologique n’influencent pas l’âge de survenue de la PR. Des études prospectives sont nécessaires pour analyser si cette observation peut être utile pour prédire la survenue précoce de la PR chez des patients génétiquement prédisposés, ainsi que pour concevoir des stratégies de prévention de l’apparition de la PR.

DéCLARATION D’INTéRêT

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt.

RéféRENCEs

1. MacGregor A, Ollier W, Thomson W, et al. HLA-

DRB1*0401/0404 genotype and rheumatoid arthritis : increased association in men, young age at onset, and disease severity. J Rheumatol 1995 ;22 :1032-6.

2. Goemaere S, Ackerman C, Goethals K, et al. Onset of symptoms of rheumatoid arthritis in relation to age, sex and menopausal transition. J Rheumatol 1990 ;17 :1620-2.

3. Hutchinson D, Lynch MP, Moots RJ, et al. The influence of current cigarette smoking on the age at onset of rheumatoid arthritis (RA) in individuals with sporadic and familial RA. Rheumatology (Oxford) 2001;40:1068–70.

4. Caro-Oleas JL, Fernández-Suárez A, Reneses Cesteros S, et al. Evaluation of third generation anti-CCP antibodies in the diagnosis of rheumatoid arthritis from undifferentiated polyarthritis after 4 years of follow-up. Clin Exp Rheumatol 2008 ;26 :461-3.

5. Rojas-Villarraga A, Diaz FJ, Calvo-Páramo E, et al. Familial disease, the HLADRB1 shared epitope and anti-CCP antibodies influence time at appearance of substantial joint damage in rheumatoid arthritis. J Autoimmun 2009;32:64–9

6. Francisco J. Diaz, Adriana Rojas-Villarraga, Juan C. Salazar et al. Les anticorps anti-CCP sont associés avec un âge de début précoce de la polyarthrite rhumatoïde. Revue du rhumatisme 2011 ;78:151–154

7. Kokkonen H, Johansson M, Innala L, et al. The PTPN22 1858C/T

(5)

polymorphism is associated with anti-cyclic citrullinated peptide antibody-positive early rheumatoid arthritis in northern Sweden.

Arthritis Res Ther 2007;9:R56.

8. Varadé J, Loza-Santamaría E, Fernández-Arquero M, et al.

Shared epitope and anti-cyclic citrullinated peptide antibodies:

relationship with age at onset and duration of disease in rheumatoid arthritis. J Rheumatol 2009;36:1085–6.

9. Avouac J, Gossec L, Dougados M. Diagnostic and predictive value of anti-cyclic citrullinated protein antibodies in rheumatoid arthritis: a systematic literature review. Ann Rheum Dis

2006;65:845–51.

10. Nielen MM, van Schaardenburg D, Reesink HW, et al. Specific autoantibodies precede the symptoms of rheumatoid arthritis: a study of serial measurements in blood donors. Arthritis Rheum 2004;50:380–6.

11. Van Oosterhout M, Bajema I, Levarht EW, et al. Differences in

synovial tissue infiltrates between anti-cyclic citrullinated peptide- positive rheumatoid arthritis and anti-cyclic citrullinated peptide- negative rheumatoid arthritis. Arthritis Rheum 2008;58:53–60.

12. Gregersen PK, Silver J, Winchester RJ. The shared epitope hypothesis. An approach to understanding the molecular genetics of susceptibility to rheumatoid arthritis Arthritis Rheum 1987;30:1205–13.

13. Lin JP, Cash JM, Doyle SZ, et al. Familial clustering of

rheumatoid arthritis with other autoimmune diseases. Hum Genet 1998;103:475–82.

14. Hutchinson D, Lynch MP, Moots RJ, et al. The influence of current cigarette smoking on the age at onset of rheumatoid arthritis (RA) in individuals with sporadic and familial RA. Rheumatology (Oxford) 2001;40:1068–70.

Références

Documents relatifs

À l’intérieur de l’enceinte, il est possible que des habitations s’alignaient le long de trois rues dessinant approximativement un triangle tandis que d’autres maisons

Conclusion : La durée de la raideur matinale, l’atteinte des grosses articulations, l’atteinte du rachis cervical (0,038), la présence de déformations,

So at each time period, the activities belonging to a new cycle of innovation remain blocked for a while at that upper level of the urban hierarchy, then diffuse among other cities,

Au cours du V e siècle, les grandes invasions et la mise en place de multiples royaumes barbares en Gaule – les Francs au nord, les Burgondes à l’est, les Wisigoths dans le sud et

Le facteur rhumatoïde le plus rechercher en routine pour le diagnostic d’une polyarthrite rhumatoïde est l’IgM, les IgG et IgA sont aussi présents dans le sérum des

This hypothesis has been substantiated by numerous investigations in experimental rodent models demonstrating the emergence of altered fetal brain development and multiple

Les anomalies du sourire sont traitées par la modification des rapports entre la lèvre supérieure et l’arcade dentaire maxillaire grâce au repositionnement tridimensionnel

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des