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Submitted on 1 Jun 2020
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Bernard Breton, Edwige Quillet, Bernard Jalabert
To cite this version:
Bernard Breton, Edwige Quillet, Bernard Jalabert. Contrôle de la reproduction et du sexe chez les
poissons d’élevage. Productions animales, Institut National de la Recherche Agronomique, 1996, HS,
pp.17-26. �hal-02697527�
B. BRETON, E. QUILLET *, B. JALABERT
INRA Laboratoire de Physiologie des Poissons, Campus de Beaulieu 35042 Rennes Cedex
* INRA Laboratoire de GŽnŽtique des Poissons 78352 Jouy-en-Josas Cedex
Contr™le
de la reproduction et du sexe
chez les poissons dÕŽlevage
La reproduction des poissons en Žlevage pose une grande variŽtŽ de probl•mes, plus ou moins bien rŽsolus selon les esp•ces et leur niveau de domestication. Le tableau 1 rŽcapi- tule ces probl•mes, leurs causes les plus vrai- semblables, ainsi que les solutions qui ont pu
•tre proposŽes par la recherche. Nous Žvoque- rons en introduction chacun de ces probl•mes, avant dÕaborder plus prŽcisŽment lÕaction de lÕINRA vis-ˆ-vis de 2 dÕentre eux.
Le probl•me le plus difficile est lÕabsence de maturation sexuelle, ou une maturation anor- male ou incompl•te. Des situations de ce genre se rencontrent frŽquemment chez diverses esp•ces qui prŽsentent un intŽr•t Žconomique, et dont on essaie dÕobtenir la reproduction en captivitŽ ˆ partir dÕanimaux capturŽs dans le milieu naturel. Les causes possibles sont multiples et peuvent dÕailleurs
se conjuguer : alimentation inadaptŽe, inadŽ- quation des facteurs du milieu dÕŽlevage, stress de confinement, etc. Dans ce cas, m•me si une dŽmarche empirique fondŽe sur des t‰tonnements successifs a pu permettre dÕaboutir ˆ certains rŽsultats, il est gŽnŽrale- ment souhaitable de fonder la dŽfinition des param•tres dÕŽlevage sur de solides recherches sur lÕŽcologie de lÕesp•ce et le r™le des facteurs externes dans le contr™le des diffŽrentes Žtapes de la gamŽtogen•se m‰le et femelle, afin de dŽterminer les facteurs essentiels ˆ contr™ler en toute connaissance de cause. Au-delˆ, comme nous le verrons, la connaissance du mŽcanisme dÕaction de ces facteurs externes par lÕintermŽdiaire du sys- t•me neuro-endocrinien peut aussi dŽboucher sur des mŽthodes de contr™le susceptibles de
Tableau 1. Principaux problèmes rencontrés pour la reproduction des poissons en élevage et solutions apportées par la Recherche (en caractères gras, les exemples développés dans cet article).
Les probl•mes Les causes Les solutions
Maturation sexuelle anormale ou incompl•te
(facteurs dÕŽlevage) : - qualitŽ de lÕalimentation - facteurs externes inadŽquats - stress
- contr™le des facteurs externes - induction de ponte
- sŽlection de souches mieux adaptŽes au milieu dÕŽlevage
Absence de fraie en captivitŽ - dŽfaut des facteurs
et stimuli externes indispensables au comportement sexuel
- insŽmination artificielle
Reproduction saisonni•re - caractŽristiques gŽnŽtiques dŽterminant la rŽponse aux facteurs externes synchroniseurs
- contr™le par les facteurs externes - sŽlection de souches en fonction de leur date de maturitŽ
- cryoprŽservation du sperme Ovulations non synchrones - variabilitŽ gŽnŽtique - induction de ponte DŽcalage de maturitŽ entre m‰les
et femelles en Žlevage
- facteurs dÕŽlevage - cryoprŽservation du sperme
- caractŽristiques gŽnŽtiques - facteurs dÕŽlevage
- sŽlection pour une pubertŽ tardive - monosexage exploitant le dimorphisme sexuel - stŽrilisation
INRA Prod. Anim.
Hors sŽrie 1996, 17-26
Maturation sexuelle
indŽsirable ou trop prŽcoce
Fraie spontanŽe indŽsirable
pallier le dŽfaut de certains de ces facteurs en Žlevage.
Un autre type de probl•mes rencontrŽs chez la plupart des poissons, et en particulier chez les esp•ces de nos rŽgions septentrionales, tient au caract•re saisonnier de la reproduc- tion. Celle-ci se dŽroule ˆ une Žpoque de lÕan- nŽe qui prŽc•de plus ou moins la pŽriode la plus favorable ˆ lÕalimentation des alevins dans le milieu naturel. Le dŽveloppement des gonades suit donc un cycle saisonnier liŽ ˆ lÕŽvolution de certains facteurs externes, notamment la tempŽrature et la photopŽ- riode. Dans le cas des esp•ces dÕŽlevage, ce phŽnom•ne se traduit par des fluctuations saisonni•res dans lÕoccupation des structures dÕŽlevage, dans les besoins en main dÕÏuvre, et enfin dans la production finale de poissons de taille commerciale, ce qui est peu compa- tible avec les contraintes du marchŽ. Chez la truite arc-en-ciel, par exemple, la durŽe requise de lÕÏuf ˆ la taille Ç portion È de 250 g est en moyenne de lÕordre de 14 ˆ 18 mois selon les conditions dÕŽlevage. Une reproduc- tion autrefois concentrŽe ˆ la fin de lÕautomne aboutissait donc ˆ une surproduction avant lÕŽtŽ, particuli•rement dramatique dans les rŽgions ˆ faible dŽbit dÕŽtiage o• il est difficile de maintenir de fortes biomasses en ŽtŽ. Cer- taines solutions ont ŽtŽ mises en Ïuvre par les producteurs eux-m•mes, mais prŽsentent de nombreux inconvŽnients : lÕimportation dÕÏufs de souches Žtrang•res ˆ saison de ponte dŽcalŽe, qui comporte beaucoup dÕincer- titudes sur la fiabilitŽ et la qualitŽ de ces approvisionnements, et la modulation de la vitesse de croissance en jouant notamment sur le rationnement. DÕautres solutions sont issues de travaux de recherche menŽs notam- ment ˆ lÕINRA, comme le contr™le photopŽrio- dique de la date de ponte (voir Maisse et Bre- ton 1996), ou la sŽlection de souches ˆ date de reproduction dŽcalŽe.
Au caract•re saisonnier de la reproduction sÕajoutent les probl•me liŽs ˆ la variabilitŽ individuelle dans la date dÕovulation ou de spermiation. Ainsi par exemple, pour une souche de truite arc-en-ciel ˆ reproduction automnale, les dates individuelles dÕovulation peuvent se situer approximativement entre le 15 octobre et le 15 dŽcembre selon une courbe de probabilitŽ centrŽe sur le 15 novembre.
Compte tenu des risques de vieillissement des ovules apr•s lÕovulation, cette variabilitŽ impose une manutention rŽguli•re des gŽni- teurs pour vŽrifier leur Žtat de maturitŽ en vue de rŽaliser lÕinsŽmination artificielle, entra”nant donc des contraintes de main dÕÏuvre et de gestion des installations dÕŽclo- serie. Comme nous le verrons, les travaux de recherche de lÕINRA ont dŽbouchŽ sur des techniques de synchronisation des pontes qui peuvent permettre de lever ces contraintes chez diverses esp•ces.
Enfin, les phŽnom•nes liŽs ˆ la reproduc- tion peuvent sÕavŽrer indŽsirables en Žlevage lorsquÕil sÕagit de produire des animaux de chair et non des Ïufs. Chez les poissons, le dŽveloppement des gonades mobilise gŽnŽra-
lement des ressources mŽtaboliques impor- tantes au dŽtriment de la croissance et de la qualitŽ de la chair. Il peut donc •tre avanta- geux dÕinhiber ou de retarder ce dŽveloppe- ment. Diverses esp•ces prŽsentent en outre un dimorphisme sexuel de la vitesse de crois- sance et/ou de lÕ‰ge de premi•re maturitŽ sexuelle qui peut conduire ˆ privilŽgier lÕŽle- vage de lÕun des sexes. CÕest le cas chez les salmonidŽs : les m‰les prŽsentent en gŽnŽral une pubertŽ plus prŽcoce dÕun an en moyenne par rapport aux femelles, et on cherchera donc ˆ rŽaliser des Žlevages monosexes femelles. Chez les tilapias au contraire, esp•ces tropicales dont la stratŽgie de repro- duction est tellement robuste quÕelle peut aboutir ˆ une prolifŽration dŽsastreuse de ces poissons en Žtangs au dŽtriment de la crois- sance individuelle, on privilŽgiera la rŽalisa- tion dÕŽlevages monosexes m‰les pour prŽve- nir les reproductions spontanŽes et valoriser le dimorphisme de croissance favorable au sexe m‰le chez ces esp•ces (Baroiller et Jala- bert 1989).
Les recherches menŽes dans les domaines de la gŽnŽtique et de la reproduction des pois- sons, notamment ˆ lÕINRA, ont dŽjˆ contribuŽ ˆ proposer des solutions ˆ la plupart de ces probl•mes et se poursuivent pour en amŽlio- rer certaines ou en proposer de nouvelles.
Nous dŽvelopperons particuli•rement ici les travaux de lÕINRA qui ont dŽbouchŽ sur des apports majeurs dans deux domaines : dÕune part les travaux sur la physiologie de la reproduction en vue de la mise au point de traitements dÕinduction et de synchronisation des pontes applicables ˆ un grand nombre dÕesp•ces, dÕautre part le monosexage et la stŽrilisation par voie gŽnŽtique chez les sal- monidŽs.
Traitements dÕinduction et de synchronisation des pontes
Des travaux anciens avaient montrŽ la pos-
sibilitŽ de provoquer la ponte de femelles gar-
dŽes en captivitŽ, gr‰ce ˆ lÕinjection dÕextraits
hypophysaires. Cette technique dite Ç dÕhypo-
physation È a ŽtŽ appliquŽe avec plus ou
moins de succ•s ˆ de nombreuses esp•ces de
poissons tout en restant relativement empi-
rique. Sa mise en Ïuvre posait en effet de
nombreux probl•mes : approvisionnement en
hypophyses de poissons, dont la qualitŽ et la
charge gonadotrope pouvaient •tre extr•me-
ment variables selon les sources ; spŽcificitŽ
zoologique des facteurs gonadotropes hypo-
physaires (Breton et al 1972), qui ne sont
pleinement efficaces que pour induire la
ponte de la m•me esp•ce ou dÕune esp•ce tr•s
voisine ; rŽaction immunitaire des gŽniteurs,
traitŽs plusieurs fois, entra”nant une baisse
dÕefficacitŽ du traitement ; absence de cri-
t•res fiables pour dŽterminer la sensibilitŽ
des gŽniteurs en fonction de leur Žtat de
maturitŽ. Les travaux rŽalisŽs ˆ lÕINRA ont
permis de purifier la premi•re gonadotropine de truite (Breton et al 1976) gr‰ce ˆ un test de dosage biologique prŽalablement mis au point, fondŽ sur la possibilitŽ de provoquer la maturation in vitro dÕovocytes de truite incu- bŽs dans leur follicule. Ils ont permis Žgale- ment de quantifier cette rŽponse (Jalabert et al 1974). Cette gonadotropine, dŽnommŽe ultŽrieurement gonadotropine Ç maturante È ou GtH2, Žtant alors ainsi disponible, les recherches ont pu se dŽvelopper dans deux directions : dÕune part lÕŽtude de son mŽca- nisme dÕaction sur le follicule ovarien, dÕautre part lÕŽtude des facteurs rŽgulant sa sŽcrŽtion par lÕhypophyse.
Application des travaux sur le mŽcanisme dÕaction
de la GtH2 sur le follicule ovarien
Ces travaux ont notamment permis de dŽcouvrir le r™le mŽdiateur dÕune hormone stŽro•de, dŽrivŽ hydroxylŽ de la progestŽrone, la DHP (Fostier et al 1973). La DHP est natu- rellement sŽcrŽtŽe par les enveloppes follicu- laires en rŽponse ˆ lÕaugmentation de la sŽcrŽtion hypophysaire de GtH2, et atteint des concentrations importantes dans le sang des salmonidŽs en cours de maturation (Fos- tier et al 1981). Ce stŽro•de est directement responsable de lÕinitiation de la maturation ovocytaire chez la truite (Jalabert 1976), ainsi que chez quelques autres esp•ces de poissons tŽlŽostŽens, comme cela a ŽtŽ dŽmontrŽ par la suite (revue de Jalabert et al 1991). Il permet aussi la prŽparation du folli- cule ˆ lÕovulation, ou maturation folliculaire, qui se manifeste par le dŽcollement entre lÕovocyte et les cellules folliculaires. Enfin, la DHP et son dŽrivŽ sulfatŽ semblent jouer un r™le dans la communication chimique lors du comportement sexuel chez certaines esp•ces, notamment les cyprinidŽs (Stacey et al 1989).
La connaissance du r™le de la DHP a per- mis de proposer un traitement dÕinduction de ponte associant une injection de sensibilisa- tion par une tr•s faible dose dÕextrait hypo- physaire. Ce traitement est sans effet appa- rent sur la maturation, il est Žconome en extraits hypophysaires et sÕest rŽvŽlŽ efficace chez les salmonidŽs, le brochet et la carpe commune. Dans cette derni•re esp•ce, il prŽ- sente lÕintŽr•t dÕ•tre actif ˆ tempŽrature plus basse que lÕhypophysation classique. Son effi- cacitŽ dŽpend toutefois dÕune apprŽciation rigoureuse du stade de maturitŽ des animaux ˆ traiter.
Applications des travaux sur lÕŽtude des facteurs de rŽgulation de la sŽcrŽtion hypophysaire
D•s 1971 nous avons pu disposer dÕune hor- mone gonadotrope purifiŽe ˆ partir dÕhypo- physe de carpe, qui a conduit ˆ la mise au point de son dosage par radio-immunologie.
Un dosage Žquivalent a ŽtŽ dŽveloppŽ pour la GtH2 de salmonidŽ apr•s la purification de
cette hormone chez la truite arc-en-ciel. Ces dosages ont ŽtŽ les seuls disponibles chez les poissons jusquÕen 1980 et ont permis de mon- trer que, chez les cyprinidŽs et les salmoni- dŽs, la maturation et lÕovulation sont prŽcŽ- dŽes dÕune augmentation importante des niveaux plasmatiques de cette hormone, cor- respondant au pic prŽ-ovulatoire de LH chez les mammif•res. Chez les vertŽbrŽs supŽ- rieurs, il Žtait clairement dŽmontrŽ que la sŽcrŽtion de LH par lÕhypophyse Žtait sous le contr™le dÕune hormone hypothalamique, la gonadolibŽrine ou LHRH. Il sÕagit dÕun dŽca- peptide dont la substitution des acides ami- nŽs en position 6 et 10 donne des molŽcules analogues prŽsentant une superactivitŽ par rapport au LHRH du fait de leur rŽsistance ˆ la dŽgradation par les endopeptidases. LÕexis- tence dÕun facteur hypothalamique stimulant la sŽcrŽtion de gonadotropine in vitro et in vivo ainsi que lÕaction du LHRH de synth•se ont pu •tre dŽmontrŽes chez la carpe, de m•me que lÕabsence de spŽcificitŽ biologique entre esp•ces relativement ŽloignŽes. Bien que nos travaux aient montrŽ son apparte- nance ˆ la famille des gonadolibŽrines (GnRH), le manque dÕŽquipement analytique ne nous a pas permis dÕŽlucider sa structure qui a ŽtŽ dŽterminŽe chez le saumon par Sherwood et al (1983). Des travaux du labora- toire de Physiologie des Poissons de lÕINRA et dÕŽquipes canadiennes ont montrŽ que les analogues du LHRH prŽsentent chez les pois- sons la m•me superactivitŽ que chez les mammif•res sur la stimulation de la sŽcrŽ- tion gonadotrope, et des analogues plus spŽci- fiques du GnRH de saumon ont ŽtŽ synthŽti- sŽs (pour revues Peter et al 1986, Breton et al 1993).
Chez les mammif•res, lÕutilisation des ana- logues agonistes du GnRH pour lÕinduction de lÕovulation sÕest rŽvŽlŽe dŽcevante. En effet, leur occupation prolongŽe des rŽcep- teurs hypophysaires et leur action de dŽsen- sibilisation de lÕhypophyse rŽsultent en une diminution de la rŽponse hypophysaire liŽe ˆ la nature pulsatile de la sŽcrŽtion gonado- trope. Par ailleurs, des effets antagonistes secondaires apparaissent parfois ˆ fortes doses. Au contraire, chez les poissons, nous avons pu montrer, in vitro comme in vivo, que les analogues du GnRH induisent des stimulations prolongŽes de la sŽcrŽtion hypo- physaire, sans dŽsensibilisation de lÕhypo- physe apr•s traitements rŽpŽtŽs, ce qui per- met son utilisation pour lÕinduction de lÕovulation. Les traitements par des ana- logues de GnRH, (GnRHa), se sont effective- ment rŽvŽlŽs tr•s actifs sur lÕinduction de la ponte dans de nombreuses esp•ces de pois- sons ˆ des doses variant de 5 ˆ 50 µg/kg.
Chez certaines dÕentre elles, lÕefficacitŽ des GnRHa a pu •tre amŽliorŽe en combinant leur action ˆ celle de bloqueurs des rŽcep- teurs dopaminergiques. CÕest le cas chez les cyprinidŽs, o• la dopamine exerce un effet inhibiteur important sur lÕaction du GnRH sur lÕhypophyse. LÕadministration conjointe dÕun antagoniste dopaminergique permet de INRA Productions Animales, Hors-sŽrie 1996
Reproduction et gŽnŽtique des poissons / 19
lever cette inhibition (Sokolowska et al 1985).
Bien que les traitements dÕinduction par les GnRHa soient de plus en plus couramment employŽs, et devraient remplacer ˆ terme les techniques dÕhypophysation, plusieurs fac- teurs limitent encore leur utilisation. LÕinjec- tion unique entra”ne en effet une stimulation aigu‘ de la sŽcrŽtion gonadotrope dont lÕeffi- cacitŽ reste limitŽe ˆ quelques heures. Dans ces conditions, seuls les animaux ayant atteint un stade de maturitŽ suffisant avant le traitement rŽpondent par lÕovulation.
Quelle que soit la nature du traitement, la plupart des interventions thŽrapeutiques chez les poissons nŽcessitent des captures et des anesthŽsies souvent rŽpŽtŽes, opŽrations stressantes pouvant entra”ner des dŽsordres physiologiques comme le blocage dŽfinitif de lÕovulation, ainsi que des consŽquences patho- logiques. En outre, le nombre dÕindividus ˆ traiter simultanŽment est gŽnŽralement important. Nous avons donc cherchŽ ˆ pallier ces inconvŽnients par le dŽveloppement de formes dÕadministration autorisant, par une action prolongŽe des GnRHa, lÕinduction et la synchronisation des ovulations quel que soit le stade de maturitŽ initial (figure 1), et la mise au point de formules dÕadministration par voie orale sans capture des animaux. Un procŽdŽ de micrÏncapsulation et une formu- lation de microcapsules contenant Žgalement des stimulateurs de lÕabsorption intestinale et des facteurs de protection contre la protŽo- lyse ont ŽtŽ dŽveloppŽs. AdministrŽes par voie orale, les microcapsules permettent dÕob- tenir une stimulation prolongŽe de la sŽcrŽ- tion gonadotrope et dÕinduire lÕovulation avec la m•me efficacitŽ et aux m•mes doses que des traitements aigus par injection ou sous forme retard en implants. Cette formulation (brevet en cours) sera valorisŽe dans le cadre dÕun programme europŽen de valorisation des rŽsultats de la recherche (VALUE) en relation avec un opŽrateur industriel. Au-delˆ de la
stricte application ˆ lÕinduction hormonale de la ponte, elle devrait permettre lÕadministra- tion dÕautres composŽs simplifiant les modes dÕintervention pour le traitement de cheptels importants de poissons.
Perspectives
Quelle que soit la technique dÕinduction uti- lisŽe, la cause majeure dÕŽchec reste la mŽconnaissance ou la mauvaise Žvaluation du stade de maturitŽ des animaux ˆ traiter.
La principale difficultŽ est lÕabsence de cri- t•re fiable permettant dÕŽvaluer lÕŽtat de dŽveloppement des follicules ovariens. En effet les seuls crit•res actuellement utilisŽs, taille du follicule et/ou position de la vŽsicule germinative dans les ovocytes, prŽsentent une grande variabilitŽ. La recherche de mar- queurs de maturitŽ du follicule est donc une prioritŽ.
Sur un plan plus gŽnŽral, la qualitŽ des Ïufs dŽpend aussi beaucoup des conditions de dŽroulement de la vitellogŽn•se, au cours de laquelle sont accumulŽes les rŽserves de lÕovocyte, nŽcessaires au dŽveloppement ultŽ- rieur de lÕembryon. Les travaux sur la nature et le mode dÕaction des facteurs impliquŽs dans le contr™le du dŽroulement de la vitello- gŽn•se constitue une autre prioritŽ parmi les recherches poursuivies sur la reproduction des poissons.
Monosexage et stŽrilisation par voie gŽnŽtique
Des travaux anciens sur les Amphibiens (comme ceux de J. Rostand) avaient montrŽ quÕil Žtait possible de modifier le stock chro- mosomique des embryons ˆ lÕaide dÕinterven- tions simples sur les gam•tes ou les Ïufs fŽcondŽs. Ils sont ˆ lÕorigine des mŽthodes mises au point pour le contr™le du sexe et de la reproduction chez les poissons dÕŽlevage.
La figure 2 prŽsente les diverses interven- tions possibles et les principaux groupes quÕelles permettent dÕobtenir.
La stŽrilisation par triplo•disation
La triplo•disation a tr•s vite ŽtŽ tentŽe chez les poissons en vue de leur stŽrilisation, la prŽsence dÕun jeu chromosomique surnumŽ- raire Žtant de nature ˆ perturber le dŽroule- ment normal de la mŽiose chez les animaux triplo•des. Il en est ainsi non seulement chez les Amphibiens, mais aussi chez les plantes, o• de nombreuses variŽtŽs sans pŽpin ont ŽtŽ obtenues selon ce principe. De plus, contrai- rement ˆ ce qui est observŽ chez les VertŽbrŽs supŽrieurs, la triplo•die semblait viable chez les VertŽbrŽs infŽrieurs, en particulier les poissons : certaines esp•ces comprennent des populations naturellement triplo•des, et des individus adultes spontanŽment triplo•des ont ŽtŽ dŽcrits ˆ plusieurs reprises dans des populations normalement diplo•des.
Figure 1. Pourcentages cumulés d’ovulation après administration d’un analogue de gonadolibérine de saumon à des truites arc-en-ciel : effets de différentes formes d’administration.
25 20 15 10 5 0 0 0 20 40 60 80 100
Témoin Injection Implant
% cumulés
d'ovulations
INRA Productions Animales, Hors-sŽrie 1996
Reproduction et gŽnŽtique des poissons / 21
Témoin diploïde
A - Destruction du génome paternel
Gynogénétique haploïde (non viable)
B - Inhibition de la 2ème division de méiose, par rétention du second globule polaire
C - Blocage de la première mitose embryonnaire
Gynogénétique diploïde méiotique
Gynogénétique diploïde mitotique
Triploïde
Tétraploïde
Androgénétique diploïde
globule polaire